Les meilleures expos à découvrir en galeries à Paris (2024)

Des dessins inédits de Cocteau

De ces traits si particuliers, l’amateur d’art en déduira l’auteur au premier coup d’œil. Créés il y a presqu’un siècle, une quinzaine de dessins du poète Jean Cocteau, jamais exposés ni publiés, refont pour la première fois surface dans un accrochage exceptionnel à la galerie Bert à Paris. En 1924, Jean Cocteau, 35ans, sort son premier livre de dessins chez Stock où figurent une centaine d’illustrations, en particulier d’iconiques allégories et de ses amis non moins mémorables, tels Picasso ou la comtesse de Noailles. À l’époque, Cocteau vient de perdre son ami l’écrivain Raymond Radiguet, emporté par une fièvre typhoïde. Émouvante découverte donc que ces dessins retrouvés, auxquels s’ajoutent une dizaine d’autres œuvres sur papier.

Horacio Garcia Rossi sous les projecteurs

«Un samedi après-midi de cette première exposition, nous avons eu une panne de courant… et la surprise de constater que les tableaux vivaient de leur lumière propre.» C’est ainsi que la galeriste Lélia Mordoch se souvient de la première fois où elle a exposé le lumineux argentin Horacio Garcia Rossi. C’était en 1992, autant dire au siècle dernier, du temps où le sculpteur de lumière, ami de Julio Le Parc et de François Morellet, était encore de ce monde. Disparu il y a dix printemps maintenant, l’artiste revient sous les feux des projecteurs à Paris avec une sélection de «Boîtes à lumière» des années 1960, de «Sphères cinétiques» des années 1970, mais aussi ses peintures qui jouent de la «couleur lumière», son sujet de prédilection.

H Gallery se dévoile dans un nouvel espace

Elle a quitté le quartier de République pour s’installer au cœur du Marais, dans la rue Chapon où une vingtaine de galeries sont maintenant présentes. Dans son immeuble en pierres de taille, à deux pas du Centre Pompidou, H Gallery promet d’ouvrir encore plus grand ses portes à la création contemporaine. Pour son inauguration, le lieu a choisi de se «dé-voiler» (titre de l’exposition) en exposant des peintures et des dessins d’artistes représentés par la galerie, mais aussi des invités, tels Stéphane Pencréac’h ou Nazanin Pouyandeh.

La parade animalière de Karen Knorr

La dernière fois qu’on l’a laissée au musée Carnavalet, à Paris, elle posait dans le corridor un lièvre, une tortue et un renard… Merveilleuse fabuliste qu’elle est, la photographe Karen Knorr ouvre depuis plusieurs années les portes de musées et de palais chargés d’histoire pour y laisser entrer des mœurs sauvages ou des nuées d’oiseaux exotiques. C’est comme ça qu’un tigre blanc se retrouve alangui sur un tapis du palais de Jaipur au Rajasthan, en Inde… Ou qu’un paon déambule sous les fresques de la villa Farnèse, à Rome. Dès les années 1980, la photographe anglo-américaine a laissé le noir et blanc pour produire des monuments aux couleurs volontiers saturées, décors de ses mises en scène d’animaux naturalisés plus vivants que nature. Comme des tableaux orientalistes bien léchés qui cachent en réalité un regard sur la condition humaine et une critique de la notion d’héritage culturel post-colonial. La galerie Les filles du Calvaire dresse un panorama de ce travail plus subversif qu’il n’y paraît en 30 œuvres.

Les couleurs de Chagall

Au centre d’une grande exposition immersive à l’Atelier des Lumières à Paris, les couleurs de Marc Chagall étalent aussi leur belle palette à l’Opera Gallery. Au fil des années, la galerie a en effet constitué l’une des plus importantes collections privées au monde (lithographies, gravures, illustrations…), réunissant des œuvres des années 1930jusqu’au décès de Chagall en 1985 à Saint-Paul-de-Vence. Une vingtaine sont aujourd’hui révélées au public autour des thèmes favoris de l’artiste: Bella son amour, la musique, les animaux, les fleurs, les jeux du cirque… Sans oublier l’exil qui rythma la vie du déraciné de Vitebsk, dans une Europe marquée par les pogroms, la guerre et la Shoah. «Si toute vie va inévitablement vers sa fin, disait Chagall, nous devons durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et d’espoir.»