Dictionnaire de la Bible/Tome 5.2.d THOMAS-ZUZIM - Wikisource (2024)

Fulcran Vigouroux

Dictionnaire de la Bible

(Volume V,p.2197-2198-2549-2550).

Tome 5.2.c SOEUR-THOLUCK

Tome I.1.a A-ALVAREZ

1. THOMAS (Nouveau Testament, Su>(iàt), un desdouze Apôtres (fig. 487), saint Jean, xi, 16; xxi, 2, explique son nom araméen comme signifiant «jumeau», i Xe-fo^evoî AiSu^oç. Les auteurs des anciens livresapocryphes chrétiens, à cause de cette circonstance, ontimaginé diverses fables pour savoir quel était sonjumeau. On lui donna pour sœur jumelle Lysia ouLydia. Voir Chronic. pasch., IX, t. xcil, col. 1076. LesHomélies clémentines, hom. ii, 1, Pair, gr., t. ii, col. 77, disent que Thomas avait un frère jumeau quiest appelé Éliézer. Dans les Actes apocryphes qui portentson nom, ainsi que dans la Doctrina Apostolorum,

il est appelé lui-même (t Judas Thomas». Eusèbe, II. E., i, 6, t. xx, col. 126, dans l’histoire d’Abgard’Édesse, cite un fragment où il est désigné ainsi: ’Io — j5aç ô xoci 0w|j.âç.

Les synoptiques se contentent de mentionner saintThomas dans le catalogue apostolique. Matth., x, 3; Marc, iii, 18; Luc, vi, 15; Ac’t., i, 3. Saint Jean nousa conservé trois épisodes qui mettent en plein relief

487. — Saint Thomas. D’après Raphaël.

Dans les représentations de cet apôtre qui ne sont pas antérieuresau XIIIe siècle, il a l’équerre pour attribut, parce qu’ilest le patron des architectes et des maçons. Mrs Jameson, Sacred and legendary art, in-8°, Londres, 1850, p. 147.

son caractère: 1° Quand les autres Apôtres s’efforcenten vain de dissuader Jésus d’aller à Béthanie: «Allonsaussi et mourons avec lui,» Joa., xi, 16, leur dit-il, montrant ainsi son dévouement au divin Maître. —2° Il voulait se rendre compte de l’enseignement duSauveur et le bien comprendre. Aussi, quand, à la dernièreCène, Jésus dit aux siens qu’il va leur préparer uneplace auprès de son Père et qu’ils en connaissent lechemin, Thomas l’interrompt: «Seigneur, nous nesavons pas où vous allez, comment pouvons-nous connaîtrele chemin?» Joa., xv, 14. — 3° La passion futpour lui un coup terrible. Il ne se sépara point desautres Apôtres, Joa., xx, 25, mais quand ils lui racontèrentqu’ils avaient vii, en son absence, Jésus ressuscité, ꝟ. 24, il ne se rendit pas à leur témoignage et déclaraque, pour être convaincu, il lui faudrait toucherlui-même les plaies du Crucifié. Il devait fournir ainsiaux générations à venir une preuve incontestable de la

réalité de la résurrection. Huit jours après, le Sauveurapparut de nouveau aux disciples assemblés et, cettefois, Thomas était présent. Jésus entra au milieud’eux, les portes fermées, et, s’adressant à Thomas, illui dit, en lui montrant ses mains percées, et en répondantmot pour mot aux paroles de l’apôtre incrédule: «Introduis ton doigt ici et vois mes mains; approcheaussi ta main et mets-la dans mon côté; et ne sois pasincrédule, mais fidèle.» Thomas toucha-t-il les cicatricesdu Sauveur? Le texte sacré ne le dit pas, maisl’apôtre, rempli d’admiration et de foi, s’écrie: «Mon Seigneur et mon Dieu!» Le divin Maître tira laconclusion de cette scène: «Parce que tu m’as vii, Thomas, tu as cru: heureux ceux qui n’ont pas vu etqui ont cru!» Joa., xx, 26-29. Plus nobis Thomse infidelitasad (idem, quam fides credentium discipulorumprofuit, dit saint Grégoire le Grand, Rom. xxvi inEvang., 1, t. lxxvi, col. 1201.

Après cette scène, le nom de saint Thomas n’apparaîtplus que deux fois dans le Nouveau Testament: 1° dans le récit de la pêche miraculeuse, à laquelle ilprit part avec Pierre, Nathanaël, les fils de Zébédée, etdeux autres disciples, Joa., xxl, 2, et 2° dans l’énumérationdes Apôtres réunis au Cénacle, après l’Ascensionde Notre-Seigneur. Act., i, 13.

Après la dispersion des Apôtres, saint Thomas portal’Évangile chez les Parthes, d’après Eusèbe, H. E.,

III, 1, t. xx, col. 216; Socrate, H. E., i, 19, t. lxvii, col. 125; Recognit., ix, 29, Pair, gr., t. i, col. 1415, et aussi en Perse, d’après saint Jérôme, De vit. Apostol., 5, t. xxiii, col. 721. Il fut enterré à Édesse.Rufin, H. E., iii, 5, t. xxi, col. 513; Socrate, H. E.,

IV, 18, t. lxvii, col. 504. Saint Jean Chrysostome, tiom. xxvi in Heb., 2, t. lxiii, col. 179, mentionneson tombeau comme l’une des quatre tombes apostoliquesconnues, les trois autres étant celles de saintPierre, de saint Paul et de saint Jean. Une autre traditionlui fait prêcher ]a foi et souffrir le martyredans l’Inde. S. Grégoire de Nazianze, Orat. xxxm adArian., 11, t. xxxvi, col. 228; Pseudo-Dorothée de Tyr, Patr. gr., t. xcii, 7, col. 1072; Nicéphore, H.E., ii, 40, t. cxlv, col. 851. L’apostolat de saint Thomas dansl’Inde est mentionné dans une inscription d’Oodeypure, près de Sagur, dans l’Inde orientale. Voir Beilage zurAllgemeinen Zeitung, 8 janvier 1900, p. 7. Les chrétiensde l’Inde, connus sous le nom de chrétiens de saintThomas, qui habitent le Malabar et appartiennent àl’Église syrienne, considèrent cet apôtre comme leurfondateur, mais ils paraissent tirer leur origine d’unmissionnaire nestorien appeléThomas. — L’Église latinecélèbre la fête desaintThomasle21 décembre et l’Églisegrecque, le 6 octobre. Le Bréviaire romain, au 21 décembre, le fait mourir martyr dans l’Inde, à Calamine. —Plusieurs écrits apocryphes portent son nom ou racontentses actes. Voir Acta Thomæ (llpaÇet; , De miraculisB. Thomas, Passio S. Thomse), recensuit Max Bonnet, in-8°, Leipzig, 1883; W. Wrgiht, Apoci-yphal Acts ofthe Apostles, from Syriac manuscripts, 2 in-8°, Londres, 1871; S. C. Malan, The con/licts of the holyApostles, an apocryphal book of the early EasternChurch, in-18, Londres, 1871; R. A. Lipsius, Die ApokryphenAposielgeschichlen, in-8°, Brunswick, 18831890, t. i, p. 225-347. F. Vigouroux.

2. THOMAS (ACTES DE SAINT). Voir Actes apocryphesdes Apôtres, 1. 1, col. 160-161.

3. THOMAS (APOCALYPSE DE SAINT). Voir APO-CALYPSESAPOCRYPHES, 6, t. i, col. 766.

4. THOMAS (ÉVANGILE DE SAINT). Sur cet évangileapocryphe, voir Évangiles apocryphes, 4, t. ii, col. 2116.

    1. THOPHEL##

THOPHEL (hébreu: Tôfél; Septante.: Toçé).), localitésituée à l’est de la Palestine. Voir carte du paysde Moab, t. iv, col. 1146. Elle est nommée, Deut., i, 1, pour déterminer l’endroit où Moïse résuma dans undiscours l’histoire d’Israël au désert. C’est le Tafiléhactuel, situé sur l’ouadi du même nom, qui coule dansla direction nord-ouest, vers le Ghôr, au sud-est de lamer Morte. Ed. Robinson, Biblical researches in Palestine, 2e édit., 1856, t. ii, p. 167. Thophel est dans unerégion très fertile et bien arrosée, où abondent les arbresfruitiers. L’identification de Thophel avec Tafiléh n’estcependant pas universellement acceptée.

    1. THOPO##

THOPO (grec: Ts: pwv), ville fortifiée par Bacchide, pendant les guerres contre les Machabées. I Mach., IX, 50. Elle était située en Judée, avec les autres villes quisont nommées en même temps. C’est peut-être Beththaphua, aujourd’hui Taffouh, à cinq kilomètres à l’ouestd’Hébron. Voir Beththaphua, t. i, col. 1750.

    1. THORA##

THORA, nom hébreu du livre de la loi de Moïse.Voir Pentateuque, col. 51.

TH OS AiTE (hébreu: fial-Tisî; Septante: ô ®w<rai’).I Par., XI, 45. Joha, fils de Samri, et frère de Jédihel, un des vaillants soldats de David, est appelé le Thosaïte.On ne saurait déterminer si ce qualificatif désignesa famille ou sa patrie, l’une et l’autre étant égalementinconnues.

THOÙ (hébreu: Tô’û; Septante: ©ovoJ, Il Sam.(Reg.), viii, 9-10; dans I Par., xviii, 9-10, Jô’û; &u>i), roi d’Émath, sur l’Oronte. Il avait été en guerre avecAdarézer, roi de Soba, et quand David eut battu cedernier, Thoû envoya ses félicitations au roi d’Israëlpar son fils Joram ou Adoram, avec des vases d’or, d’argent et d’airain qu’il lui offrit en présents.

    1. THRACE##

THRACE (grec: ®p3£), originaire de la Thrace.Un cavalier thrace est mentionné dans II Mach., xii, 35, comme ayant sauvé la’vie du gouverneur de l’Idumée, Gorgias, dans une bataille contre Judas Machabée, vers163 avant notre ère, sous le régne du roi de SyrieAntiochus IV Épiphane. La Thrace, à cette époque, comprenaitla Bulgarie et la Roumélie de nos jours.

    1. THUBAL##

THUBAL (hébreu: Tûbal, Tubal; Septante: ©6ês)i), fils de Japhet. Gen., x, 2; I Par., i, 5. De luidescendirent les Tibaréniens, peuple dont nous trouvonsle nom dans Hérodote, iii, 94; vii, 78, et quihabitait à l’est de Thermodon, dans les montagnes dusud-est de la mer Noire. Il est plusieurs fois mentionnédans les inscriptions assyriennes. Eb. Schrader, Keilinschriften und Geschichtsforschung, p. 155.Isaïe, lxvi, 19, 1e nomme, avecMèsech et Javan, parmiles peuples éloignés. Ézéchiel, xxvii, 13, le montrecomme faisant avec Tyr le commerce des esclaves etdes vases de cuivre; xxxii, 26, il signale les adversitésqui l’ont frappé; xxxviii, 2, 3, et xxxix, 1, il l’énumèreparmi les alliés de Gog.

THiIMMI M (hébreu: Tummîm; Septante: SïJJ.oktlç; Vulgate: doctrina). Exod., xxviii, 30. Voir Urim etThummim.

    1. THUYA##

THUYA (Apoc.: |ii).ov Sdt’vov; Vulgate: lignum thyinum), bois précieux.

I. Description. — C’est le bois de Citre des anciensRomains, qui l’employaient à fabriquer des objetsd’ébénisterie de luxe; il est formé par une conifère del’Afrique septentrionale, le Thuya articulata, devenuCallitris quadrivalvis de Ventenat (fig. 488). Ce nouveaugenre diffère surtout par les écailles de son fruit,

qui sont verticillées parqualre, au lieu d’être opposées.Les feuilles sont aplanies etsubulées sur les jeunes rameaux; plus tard, sur les branches adultes, elles deviennentfortement apprimées-soudées et squamiformes, paraissant verticillées, mais réellement opposées-décusséeset inégales deux à deux. Le fruit est un strobilepointu, de la grosseur d’une noisette, formé par quatreécailles cordiformes, un peu inégales, concaves endehors, brièvement mucronulées au-dessous du sommet, recouvrant six graines irrégulièrement coniques, bordéesde chaque côté d’une aile membraneuse.

L’arbre atteint rarement plus de six mètres de hauteur, ramifié dès la base, puis formant une cime pyramidaleou même dilatée en parasol. Les ramules terminauxsont articulés, comprimés et presque dichotomes. Ilforme un élément très important des massifs boisés del’Algérie, sur les coteaux d’altitude moyenne. De végétationlente, il a un bois dense, blanc dans l’aubier,

488. — Thuya articulata.

rouge-brun vers le cœur, doué d’une odeur caractéristique, et imprégné de résine sandaraque. Son grain finet hom*ogène, lourd et presque indestructible, le rendpropre à une foule d’usages: il fournit en outre uncharbon de bonne qualité. Mais ce sont surtout lesbroussins souterrains, provoqués sur les souches parles incendies dus aux pasteurs arabes, qui fournissentà l’ébénisterie un bois de placage de nuances riches etfinement moucheté (fig. 489). F. Hv.

II. Exégèse. — Le £û).ov 615ïvov, lignum thyinum, n’est mentionné que dans l’Apocalypse, xviii, 12. Ilfigure parmi les produits précieux que la Babylonesymbolique ou Rome recevait de l’étranger: à côté desmarchandises d’or, d’argent, de pourpre, on voit lebois de thuya. Les auteurs grecs et latins parlent souventde ce bois, qu’ils appellent titre. Pline, dans sonH. N., xui, 29, 30, donne une longue description dece bois, de ses qualités, de ses emplois. Il cite lestables les plus célèbres, fabriquées avec ses racines. «On conserve encore aujourd’hui la table de Cicéron, payée malgré sa fortune médiocre un million de sesterces(210000 fr.). On cite aussi celle d’Asinius Gallus, qui coûta 1100000 sesterces (231000 fr.). Un incendiea consumé récemment une table qui venait de Céthéguset qui fut vendue 1400000 sesterces (294000 fr.).La plus grande table qu’on eût encore vue est celle dePtolémée, roi de Mauritanie: elle était faite de deux

demi-circonférences réunies ensemble; elle avait quatrepieds et demi de diamètre et trois pouces d’épaisseur; et l’art, en cachant la jointure, avait rendu cette tableplus belle que si elle avait été naturellement d’une seulepièce. La plus grande d’une seule pièce est la table deNomius, affranchi de l’empereur Tibère: elle a quatre

439. — Coupe de bois.

pieds moins trois quarts de pouce, et elle est épaissede six pouces environ. Ce qui sert à faire les tables estun nœud de la racine; on estime surtout les nœuds quiont été tout entiers sous la terre… Le principal méritede ces tables, c’est d’avoir des veines disposées en cheveuxcrêpés ou en petit* tourbillons. Dans la premièredisposition, les veines courent en long: tables tigrées; dans la seconde, elles reviennent surelles-mèmes: tablespanthérines. Il y en a encore à ondulations crêpées, recherchéessurtout si elles imitent les yeux de la queue dupaon… Pour toutes, la qualité prééminente est la nuance; la nuance de vin miellé avec des veines brillantes est aupremier rang. Après la couleur, c’est Ja grandeur qu’onprise: on veut des troncs entiers et plus d’un dansune seule table.» Pline, H. N., xiii, 29, 30. Le boisest très odorant. On faisait venir ce bois de la régionde l’Atlas, ou encore de la province de Grenade, Strabon, XVI, iii, 4; 0. Celsius, Hierobotanicon, in-8°, Amsterdam, 1748, t. ii, p. 22-29. — La Vulgate, dans III Keg., x, 11, 12, et dans le passage parallèle, II Par., IX, 10, 11, traduit par thuya le mot hébreu algûmîm. Il s’agit dubois de Santal. Voir t. v, col. 1468.

E. Levesque.

    1. THYATIRE##

THYATIRE (Nouveau Testament: ©udtTeipa), villede Lydie (fig. 490), aujourd’hui.A fc Hissar dans la vallée

490. — Monnaie de Ttayatïre.

Néron lauré à droite. NEPQN KAAVd KAIcAP CEBA. r). Hache

bipenne. erATEIPHNQN.

du Lycus. —. 1° Séleucus Nicator, roi de Syrie, y établitune colonie de Macédoniens entre 301 et 281 avant notreère. La ville existait sans doute auparavant, mais c’estalors qu’elle commença à prendre de l’importanceet à devenir le centre d’un commerce florissant. Ellerendait un culte au soleil, npoxxrcop 8eoç "HXioç IIûOioçT-jptp.vaîo; ’AnoXXwv (Clerc, De rébus Thyat., 1893, p. 71), comme on le voit par ses inscriptions et parses monnaies. Les colons macédoniens, sous les rois

Séleucides, puis les rois de Pergame et les Romainss’appliquèrent à en faire une cité commerçante et riche.Elle est en plaine, ce qui est une exception assez raredans ces contrées, et cette plaine se distingue par safertilité. Elle produit de riches moissons et on y cultivela vigne. Deux bosquets de cyprès encadrent Thyatireà l’est et à l’ouest (fig. 491). On n’y voit point deruines d’anciens monuments, mais on y trouve encoreles industries anciennes qui l’avaient enrichie, en particulierla tannerie et la teinturerie. La teinturerie desétoffes en rouge se faisait au moyen de la garance. Ladécouverte de l’aniline fait disparaître cette industried’Ak Hissar. CXerc, De reb. Thyatir., p. 93. Une desprechristianisme mêlé d’éléments disparates et idolâtriques.Les nombreuses inscriptions qu’on a trouvées à Thyatiremontrent que la population de cette ville étaittrès mélangée, Latins, Grecs, Orientaux, et la nouvelleJézabel, qui se donnait pour prophétesse, aurait altéréla foi en la dénaturant par des éléments idolâtriques.

— Voir de Peysonnel, consul de France à Smyme, Observations historiques et géographiques sur lespeuples barbares qui ont habité sur les bords du Danubeet du Pont-Euxin, suivies d’un voyage à Magnésie, à Thyatire, etc., Paris, 1675; Ferd. Stosch, AntiquitatumThyatirenarum libri duo, Zwollse, 1763; M. Clerc, De rébus Thyatirenorum commentatio

491. — Thyatire, d’après une photographie.

mières chrétiennes de Thyatire, Lydie, que saint Paulconvertit à Philippes, Act., xvi, 14, 40, était wopçvipôictoXi; , «marchande de pourpre». Voir Lydie 1, t. iv, col. 447. Ce fut elle peut-être qui, de retour dans sapatrie, y travailla à la propagation du christianisme.

2° Lorsque saint Jean écrivit son Apocalypse, quelquesannées plus tard, le nombre des chrétiens s’était multipliéà Thyatire. L’apôtre loue leurs œuvres et leurfoi, mais il leur reproche d’écouter Jézabel, qui sedonne pour prophétesse et qui les entraîne à la fornicationet à l’usage des viandes consacrées aux idoles, et il les menace de châtiments. Apoc, ii, 18-25. Onadmet généralement que le nom de Jézabel esl icisymbolique, par allusion à l’impie Jézabel, femmed’Achab, roi d’Israël. D’après les uns, c’est la sibylleSambatha, qui avait en dehors de la ville un sanctuairedont l’enceinte s’appelait «le péribole du Chaldéen», et qui était d’origine chaldëenne, perse oujuive. Suidas, voce Sambatha; alien, Hist. var., xii, 36. Dans ce cas, elle serait la personnification d’unesecte analogue à celle des nicolaïtes. D’après d’autres, c’était un personnage individuel, qui enseignait un

epigraphica, in-8°, Paris, 1893; E. Schùrer, DieProphetin Isabel in Thyatira, dans les TheologischeAbhandlungen, "in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1892, p. 39-57.

    1. THYRSE##

THYRSE (grec: Mpo-oç; Vulgate: thyrsus), bâtonsurmonté d’une pomme de pin, ou d’un bouquet delierre ou de feuilles de vigne, que l’on portait dansles fêtes de Bacchus (fig. 492). Cf. Horace, Od., ii, 19, 8; Stace, Theb., ix, 614. C’était primitivement unelance dont la pointe était entourée d’une pomme depin’ou de feuillages. — À une fête célébrée pour remplacercelle des Tabernacles, les Juifs compagnons deJudas Machabée portaient des thyrses, des rameauxverts et des palmes. II Mach., x, 7. Les thyrses désignentici le lûlâbou le’étrôg (cédrat), t. ii, fig. 117, col. 373, qu’on tenait en main pendant les fêtes desTabernacles. Voir Tabernacles (Fête des), col. 1961.Dans sa description de la fête juive, Plutarque, Sympos., IV, VI, 2, parle aussi de Oupuoçôpta, «port dethyrses», parce qu’il ne connaissait pas les termes hébreux

correspondants..

H. Lesêtre.

    1. TIARE##

TIARE (hébreu: iebûlîm, misnéféf, pe'êr, sânîf; Septante: xiêapit, pfrpa; Vulgate: liara, mitra, cidaris, diadema, corona, vitta), espèce de coiffure. —1° La tiare est la coiffure d’Aaron. Elle est faite de lin.Exod., xxviii, 4, 39; xxix, 6; xxxix, 28. Elle avait laforme d’une espèce de turban. Voir t. III, fig. 64, col. 296. Elle est appelée misnéféf ou pe'êr. Zacharie, m, 5, lui donne le nom de sânîf. — 2° Le princed’Israël porte aussi le misnéfép. Ezsch., xxi, 31. Lepe'êr est encore le (urban des Israélites, Ezech., xxiv,

492, — Thyrses romains.Celui de gauche porte un bouquet de feuilles de vigne; celuidu milieu, une pomme de pin; celui de droite, des feuille» delierre.

17, 23, celui du fiancé, Is., lxi, 10, et la coiffure desfemmes élégantes. Is., iii, 20. Ces dernières mettentaussi le sdnîf, Is., iii, 23, et les nomades le portaientau désert. Job, xxix, 14. Les turbans que coiffaient lesChaldéens s’appelaient des tebûlîm. Ezech., xxiii, 15.Les versions donnent le nom de «tiare» au pelas, quise portait à Babjlone et était une pièce de vêtementplutôt qu’une coiffure. Dan., iii, 21. Les mêmes nomsservent ainsi à désigner des coiffures analogues deforme, mais sans doute différentes par la richesse etles ornements. Voir Mitre, t. iv, col. 1135.

H. Lesêtre.

Tl BÈRE (grec: Tt61pioc), le second empereur romain. Il régna seul de l’an 14 à l’an 37 de notre ère, mais il avait été associé par Auguste au gouvernement

dans l'Évangile, Luc, iii, 1, mais il est désigné plusieurs fois indirectement. C’est sous son gouvernementque Notre-Seigneur accomplit son ministère public etque les Apôtres commencèrent à prêcher le christianisme en Palestine. Jean-Baptiste inaugura son ministère «sous Tibère César, la quinzième année de songouvernement.» Luc, iii, 1. De savants chronologistespensent que, dans cette date de la quinzième année deson règne, lévangéliste compte les années pendantlesquelles Tibère fut associé à Auguste dans l’administration de l’empire. Tibère n’exerça seul le pouvoir quel’an 14, mais il avait été appelé à partager l’autoritéavec le mari de sa mère quelque temps auparavant, à

493. — Monnaie de Tibère.

Tibère lauré, à droite, ti. cæsar divi aug. ꝟ. avgvstvs.

r^. Livie assise tenant une palme, maxim. pontif.

de l’empire, quelque temps auparavant, à une époquedont la date précise est incertaine. Sa mère était Livie, qui l’avait eu de son premier mari, Tibère ClaudiusNéron. Elle épousa plus tard l’empereur Auguste etc’est grâce à ce' mariage que son fils devint empereur.Il était né à Rome, lel6 novembre de l’an 45 avant l'èrechrétienne et il avait 55 ans quand il devint empereur(fig. 493). Il s'était déjà distingué dans plusieursguerres, Horace avait célébré ses exploits et ceux deson frère Drusus, Carrn., IV, 4, 14, et il s'était acquis laréputation d’un orateur de mérite et d’un administrateur de talent. Toutes ses qualités s'éclipsèrent dèsqu’il eut atteint le pouvoir suprême; il se montra dissolu, cruel, despotique, dissimulé, et abandonna legouvernement aux mains des plus indignes favoris. Ilmourut à 78 ans, après un règne de vingt-trois.Tibère (fig. 494) n’est nommé qu’une fois par son nom

494. — Buste de l’empereur Tibère. Musée du Louvre.

une époque qui n’est pas certaine, en l’an 11, disentles uns, en l’an 13, disent les autres. Sur ses monnaies, son règne date de Tan 765 de Rome, an 12 de notreère. Il est le César auquel font allusion les passages desaint Matthieu, XX, 17, 21; de saint Marc, xii, 14, 16, 17; de saint Luc, xx, 22, 24, 25; xxiii, 2; de saint Jean, xix, 12, 15. II était encore à la tête de l’empire, lorsque eut lieula conversion de saint Paul et le commencement de saprédication.' C’est lui qui avait nommé Ponce-Pilateprocurateur de la Judée. Son ami Hérode Antipas bâtiten son honneur Sa ville à laquelle il donna Je nom deTibériade.

1. TIBÉRIADE (Nouveau Testament: Ti’geptiç), ville de Palestine (fig. 495), sur les bords du lac auquelelle a donné son nom.

1° Elle fut fondée par Hérode Antipas, qui lui donnace nom en l’honneur de l’empereur Tibère, entre Tan20 et l’an 30 de notre ère, à peu de distance, un milleenviron, au nord des bains chauds d’Emmaiïs, leHammath de Josué, xix, 35. Il fallut déplacer une nécropole, probablement celle de Hammath, pour avoirlargement la place nécessaire à la construction de la 405. — Vue de TiberUde.

2209

TIBÉRIADE — TIBÉRIADE (LAC DE)

2210

nouvelle ville, et pour ne pas exposer les habitants auximpuretés légales que pouvait leur faire contracterla présence de ces tombeaux. Cette circonstance éloignad’abord les Juifs de la cité naissante. «Elle fut peupléed’abord, dit Josèphe, Ant, jud., XVIII, ii, 3, au moyende toutes sortes d’étrangers et aussi d’un grand nombrede Galiléens. Beaucoup d’habitants de la contrée appartenantà Hérode y furent également transplantés de force.Parmi ceux-ci, quelques-uns étaient revêtus de dignités.Mais il admit pareillement avec eux un ramassis depauvres et même de gens dont la condition libre n’étaitpas suffisamment établie. Il leur accorda des immunitéset les combla de bienfaits. Il leur fit construire desmaisons à ses frais et leur donna des terres, à la conditionde ne jamais quitter Tibériade, car il savait qu’ilrépugnait aux Juifs d’habiter cette ville, parce qu’onavait dû enlever beaucoup de tombeaux sur l’emplacementoù on la bâtit, ce qui, d’après nos lois, rendaitceux qui devaient l’occuper impurs pendant sept jours.» Cette répugnance ne persévéra pas et, dans la suite, elle devint pour les Juifs une ville privilégiée. HérodeAntipas l’embellit avec soin et y résida lui-même dansun palais, qu’il orna de représentations animées, contrairementà la loi mosaïque, et qui fut livré plus tard auxflammes. Josèphe, Vita, 12. —Au moment de la révoltecontre la domination romaine, Tibériade ouvrit sesportes à Vespasien. Les Juifs, après la ruine de Jérusalem, obtinrent l’autorisation d’y résider et reçurentmême certains privilèges, ayant seuls le droit d’habiterla ville, à l’exclusion des païens, des Samaritains et deschrétiens. Le grand sanhédrin, après avoir séjournéquelque temps à Jamnia, puis à Sepphoris, s’établit àTibériade, et il s’y fonda une école talmudique célèbre, qui fut illustrée par plusieurs rabbins de grande réputation.C’est là que fut rédigée la Mischna du Talmudde Jérusalem et élaborée la Massore. Le rabbin quiaida saint Jérôme à traduire les Paralipomènes était deTibériade. Pair, lat., Vita, ix, 3, t. xxii, col. 30.

2° Notre-Seigueur n’entra jamais à Tibériade; dumoins les Évangiles ne le disent pas. Une grande partiede sa vie publique se passa à l’extrémité septentrionaledu lac et il le traversa souvent, mais c’est à peine si laville est nommée trois fois dans saint Jean, vi, 1, 23; xxi, 1, deux fois, non à cause d’elle-même, mais commedonnant son nom au lac, et une fois, xvi, 23, ponrmarquer l’endroit d’où sont parties les barques qui arriventprès du lieu où s’est opéré le miracle de la multiplicationdes pains. Les autres Évangélistes désignentle lac sous le nom de mer de Génésareth ou mer de Galilée.Voir Tibériade (Lac de) 2. On s’est demandépourquoi le Sauveur avait ainsi évité la ville de Tibériade.C’est sans doute parce qu’elle était considéréecomme impure par les Juifs fidèles et aussi parce qu’elleétait le séjour ordinaire d’Hérode, le meurtrier de saintJean-Baptiste. Saint Luc, xxiii, 8, nous apprend quece roi, malgré son désir, n’avait jamais vu Jésus, avantque Pilate le lui eût envoyé.

2. TIBÉRIADE (LAC OK) (grec: r, MAtmn ttjc T16tptâîoç), lac de Palestine. Saint Jean, xxi, 1; cf. vi, 1, est le seul écrivain sacré qui ait désigné celac, ou, comme il l’appelle, cette «mer», sous le nomde Tibériade, sans doute parce que, écrivant loin de la. Palestine, ce nom était plus familier que le nom indigèneà ceux qui n’habitaient pas la Terre Sainte, àl’époqne où il écrivait. Saint Luc l’appelle «lac», luv rewïjaapift, v, 1, 2; cf. vni, 23, tandis que tousles autres auteurs sacrés le désignent par l’appellationsémitique de «mer». Voir Lac, t. iv, col. 7. Il estaussi le seul qui le nomme «de Génésareth». L’auteurde I Mach., xi, 67, emploie la dénomination analoguexo û$up rtvvrpâç, aqua Genesar. Saint Matthieu, iv, 18; saint Marc, vii, 31; cf. Joa., vi, i, l’appellent «mer

DtCT. OR LA BIBI E

de Galilée». Dans les Nombres, xxxiv, 11, et Josu é, xiii, 27, c’est «la mer de Cènéreth» ou «de Cénéroth «.Jos., xii, 3. Voir Cènéreth 2, t. ii, col. 420.

1° Description. — Le lac de Tibdriade (voir carte, t. iii, col. 88) forme un ovale long de 21 kilomètres dunord au sud et large de 9 kilomètres et demi. L’extrémiténord est un peu plus arrondie que celle du sud.Son niveau est de 212 mètres au-dessous de la Méditerranée.En hiver et au printemps, les pluies peuventle faire élever de plus de deux mètres. Le bassin dulac paraît avoir été formé par la rupture nord-sud quis’est produite dans les couches crétacées formant lesmontagnes environnantes, au moment où se sont soulevésles filons de basalte de la rive occidentale et lesmasses volcaniques du Ojolan, vers la fin de l’époquetertiaire. Vu des hauteurs qui le dominent en venantde Nazareth, le lac apparaît scintillant au soleil commeune immense coupe d’argent liquide; vue de près, l’eaudu lac est ordinairement d’un beau bleu. Pendant lesorages, qui n’y sont pas très rares et sont fort dangereux, l’eau prend une couleur violet foncé. Le soir ellereflète le bleu du ciel et a l’éclat du saphir. La profondeurdu lac est en moyenne de 50 à 70 mètres; à l’entréedu lac, on voit les indigènes passer à pied d’unerive à l’autre, à la barre qui s’est produite à la rencontredes eaux du fleuve avec celles du lac. Vers lemilieu du grand bassin nord, la profondeur est de plusde 250 mètres. On ne trouve dans le fond ni algues niconferves, mais un grand nombre de diatomées. Lespoissons y abondent et servent à l’alimentation des gensde Tibériade, et même de Nazareth, où on les transporte, surtout au moment des pèlerinages. On les prendsurtout à l’épervier, à l’embouchure du Jourdain, aunord du lac, et à Ain Tabagha, à l’endroit où le Ain sejette dans le lac, d’après le témoignage des indigènesqui jettent là leurs filets pour faire jouir les pèlerins duspectacle. Le lac est si peuplé qu’on y prend fréquemmentdes poissons par milliers. Quelques-uns sont trèsremarquables, comme le Clarias macracanthus qui setraîne comme un serpent, le Chromi» Simonis, ou poissonde saint Pierre. Voir Poisson, fig. 113, 114, col. 486, 497. «c L’eau du lac de Tibériade est désagréable À boirea cause de son odeur marécageuse; elle est fade, quoiqu’ellelaisse cependant dans la gorge un arrière-goûtlégèrement saumâtre.» L. Lortet, La Syrie, p. 512.

2 «Le lac de Tibériade dan» l’Écriture, — Il occupepeu de place dans l’Ancien Testament, où il n’estguère nommé qu’en passant, pour marquer une limite, Num., xxxiv, 11; Jos., xii, 3; xiii, 27, et l’endroit oùcampa une fois Jonathas Machabée. I Mach., xi, 67.Mais l’Évangile lui a donné un reiletde gloire incomparable: c’est le lac de Noire-Seigneur, le lac qu’il asillonné bien des fois avec ses Apôtres, où il semblequ’on le voit encore, comme un reste de lui-même, qu’ilnous a laissé, relique précieuse, après son ascension.C’est là qu’il a travaillé à la formation et a l’instructionde ses disciples, c’est là qu’il a opéré des miracles etcalmé d’un mot ses dangereux orages qui soufflentavec violence des gorges occidentales d’Arbèle et soulèventles flots avec fureur. Matlh., viii, 24; xiv, 24; Marc, iv, 37; vi, 48; Luc, viii, 23; Jm., vi, 18. Wilson, Recovery of Jérusalem, in-8 4, Londres, 1871, p. 340, décrit ainsi une de ces tempêtes: «Des tempêtes soudaines, comme celles mentionnées dans le NouveauTestament, ne sont pas rares. J’eus une excellenteoccasion d’observer l’une d’entre elles, des ruines deGamala, sur les collines orientales. La matinée était délicieuse; une brise agréable soufflait de l’est; pas lemoindre nuage dans le ciel ne faisait prévoir ce quiallait arriver. Soudain, vers midi, éclata un coup detonnerre lointain, et un petit nuage, «pas plus grand «qu’une main d’homme,» se leva sur les hauteurs deLubiéh à l’occident. En très peu de temps, le nuage

V. - 70

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    1. TIBÉRIADE##

TIBÉRIADE (LAC DE) — TIGRE

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grandit et roula en grandes masses noires, descendantdes collines vers le lac, et plongeant dans une obscuritécomplète le Thabor et Hattin. À ce moment, la brisecessa; il y eut quelques minutes de calme complet, pendant lequelle soleil brilla, éclatant, et la surface dulac fut égale et unie comme un miroir; Tibériade, Medjdel et d’autres constructions se dessinaient enplein relief en avant du fond ténébreux qui s’étendaitderrière, mais elles disparurent bientôt au regard quandles grondements du tonnerre les dépassèrent et que latempête, s’avançant rapidement sur le lac, transformases eaux tranquilles en une nappe blanche d’écume.Elle atteignit promptement les ruines, me chassant avecmon compagnon et nous obligeant de nous réfugierdans une citerne, où nous fûmes emprisonnés pendantprès d’une heure, entendant les grondements roulantsdu tonnerre et des torrents de pluie. La moitié du lacétait tranquille et en repos, pendant que l’autre étaittoute bouleversée de façon sauvage et offrait un spectaclesaisissant. Malheur à la barque légère qui auraitété surprise au milieu du lac par cette tourmente. Nousne pouvions nous empêcher dépenser à cet événementmémorable où la tempête est décrite d’une façon sivivante, comme «tombant» sur le lac.» Matth. viii, 24-26.

Le lac de Tibériade, par sa situation et la dépressionde terrain où il se trouve, était isolé des grandes voiesde communication de l’antiquité. Les Égyptiens quand ilsallaient en Syrie ou dans l’Asie antérieure, les Assyro-Chaldéensquand ils descendaient sur les bords du Nil, longeaient la Méditerranée. On ne voit que le Moharégyptien qui, au xive siècle avant notre ère, ait visitéle Jourdain. F. Ghabas, Voyage d’un Égyptien en Syrie, en Palestine, in-f», Chalon-sur-Saône, 1860, p. 206. Cen’est que vers les commencements de l’ère chrétiennequ’il a vu des Romains et des étrangers visiter sesbords, où florissaient alors des villes dont le nom revientsouvent dans l’Évangile, Capharnaùm, Bethsaïde, Corozaïn, Magdala. Voir ces noms.

F. Vigouroux.

    1. TICHON##

TICHON (MAISON DE) (hébreu: ftâsêr Hat-Tîkôn; Septante: au M; toû Sauviv), localité inconnue quise trouvait sur les frontières duHauran(Auran).Ézech., xlvii, 16. Domum autem sive atrium Thicon, Symmachusinterpretatur atrium médium, quod pergit adterminas Auran, dit saint Jérôme, In Ezech., xlvii, t. xxv, col. 477.

    1. TICHONIUS ou TYCHONIUS##

TICHONIUS ou TYCHONIUS, écrivain africain, de la secte des donatistes, entre 380 et 420. Il paraitn’avoir été que simple laïque, mais il avait le goût et laconnaissance des choses théologiques. Saint Augustinparle souvent de lui dans ses écrits et, dans sa Doctrinachristiania, iii, 30-37, t. xxxiv, col. 81-90, il expose etcommente les sept règles célèbres de cet auteur pourl’intelligence des Saintes Écritures. Le Livre des Règlesse trouve dans la Bibliotheca Patrum, Cologne, 1522, t. xv; Lyon, 1677, t. vi; Pitra, Spicilegiurn Solesmense, t. iii, p. 397. Tichonius avait aussi commenté l’Apocalypse, dans un sens spirituel. Le commentaire qui avaitété publié comme étant celui de Tichonius n’est pasle sien, mais emprunté à divers auteurs, dont Tichonius.Il est reproduit dans Migne, t. xxxv, à la fin dut. m des œuvres de saint Augustin, col. 2415-2452.

1. TIGRE (hébreu: ïiiddéqéï; Septante: Tiypi; ), fleuve d’Assyrie et de Babylonie. Strabon, XI, xiv, 8, etPline, H. N., vi, 27 (qui l’appelle Diglit), disent queson nom lui vient de la rapidité de son cours, qui égalecelui d’une flèche, Tigra signifiant flèche en médo-perse.

I. «Le Tigre, le moins long des deux fleuves qui vonts’unir au golfe Persique par les bouches du Chat-el-Arab, naît dans le voisinage de l’Euphrate (voir la carte,

t. ii, fig. 623, col. 2047). Près des mines de Sivan, lessources principales, dites Outchgôl (les Trois Lacs), jaillissent à un millier de mètres à peine de la cluseprofonde où coule le Mourad, et le torrent qu’ellesforment se dirige au sud-ouest comme s’il allait se jeterdans l’Euphrate, à sa sortie des montagnes. Mais unautre cours d’eau, qui prend aussi son origine dansune haute vallée proche de l’Euphrate, vient à sa rencontreet l’entraîne dans la direction du sud-ouest etdu sud: c’est le Didjlé, que l’on considère comme labranche maîtresse du Tigre, d’où son nom de Chat ou «Fleuve» par excellence. Il coule d’abord dans larégion péninsulaire qui limite l’Euphrate en décrivantune longue série de méandres, au nord, puis à l’ouestet au sud des hautes plaines de Eharpout; né àquelques kilomètres seulement d’un angle brusque del’Euphrate, le Didjlé commence par chercher sa voiepour sortir du cercle immense que le fleuve rival traceautour de lui. Un petit lac d’eau saumâtre, le Gôldjuk, Gôldjik ou Gôlendjik, occupe, à une petite distance aunord et à 200 mètres plus haut, une cavité du plateaudont le rebord circulaire envoie des ruisseaux au Tigreaussi bien qu’à l’Euphrate. Récemment, à la suited’années pluvieuses, le lac, élevant peu à peu sonniveau comme la mer de Van, a fini par atteindre unebrèche de rochers à son extrémité sud-orientale et parépancher son trop-plein dans le Tigre: on a mêmeentrepris le creusem*nt d’une tranchée pour régulariserl’écoulement du lac et en faire une source constantedu fleuve. Ainsi se rapprochent les deux bassins fluviaux, au point de s’entremêler en apparence, commepour donner raison aux descriptions des anciensauteurs. D’après une légende locale, la source du Tigreaurait été visitée par Alexandre; on la désigne commele «Fleuve aux deux cornes»… Arrivé dans la plainede Diarbékir, le «Fleuve» grossit rapidement par lesaffluents que lui envoient les montagnes du nord. LeBatman-sou, l’un des plus abondants, est un autreTigre par la violence de ses eaux, et son bassin, commecelui du Didjlé, commence dans le voisinage même duhaut Euphrate, sur le revers méridional des montagnesde Mouch. Puis viennent l’Arzen-sou et un autre Chat, le Botan-sou, dans lequel se jette la rivière de Bitlis, née dans le massif de faible élévation qui limite ausud-ouest le réservoir du lac de Van; ce beau torrent deBitlis est probablement le cours d’eau qui a donné lieuaux fables, répétées par Strabon et Pline, sur le passagedu Tigre à travers un lac qui ne renfermerait qu’uneseule espèce de poisson; on voyait dans les eaux duBitlis l’écoulement souterrain du lac de Van, mais lecourant du Bitlis prend son origine à un niveau plusélevé que le lac et son eau n’est pas saline et chargéede soude comme celle du réservoir fermé: c’est par lacomposition de l’eau que l’on pourra reconnaître s’ilexiste vraiment, parmi les affluents du haut Tigre, unruisseau issu du lac d’Arménie par des galeries souterraines. «En aval de la jonction des deux Chat, Didjlé ou Tigreoccidental, Botan Ou Tigre oriental, le fleuve, qui déjàroule la moitié de la masse liquide que son courantinférieur porte à la mer, tourne au sud-est pour s’engagerdans une série de cluses ouvertes à traversd’âpres montagnes. Sur un espace d’environ 75 kilomètres, les sentiers abandonnent les rives et gravissent, soit à l’ouest, soit à l’est, les escarpements qui resserrentle courant; çà et là, du haut des promontoires, on aperçoitles eaux glissant à la base de parois calcaires oude colonnades basaltiques. En aval de cette percée, oùn’osèrent pénétrer les Dix mille de Xénophon, s’ouvreune large plaine, et le fleuve serpente à son gré dansles terres alluviales; mais bientôt après, le couranttraverse d’autres remparts, et là encore ses bords sontimpraticables. Les falaises et les éboulis de calcaires,

d’argiles, de conglomérats sont baignés par le flot; lessentiers, évitant le fleuve par de grands détours, s’éloignent même de la partie inférieure des affluents, qui coulent tous à 15 mètres de profondeur entre deuxmurs d’argile.

Dans la série de défilés qui commence au confluentdu Botan-sou et qui se termine en amont de Mossoul, le fleuve garde la direction normale qu’il suit jusqu’àl’Euphrate, parallèlement aux chaînes bordières du plateaud’Iran. Dans cette partie de son cours, comme dansla région des sources, le Tigre ne reçoit de grandsaffluents que sur la rive gauche; le versant de la rivedroite n’est qu’une mince lisière de terrain et c’est ducôté de l’Euphrate que coulent presque toutes les eauxdu faîte de partage; les nuages pluvieux qui viennentde la Méditerranée et de la mer des Indes se déchirentaux versants méridionaux des hauteurs du Kourdistan, et tandis que les pluies tombées sur les avant-monts, immédiatement au nord du désert, s’écoulent versl’Euphrate, l’humidité que les vents du ciel apportentsur les hautes montagnes de Van et de la Perse occidentalerevient en torrents vers le Tigre. Parmi cestorrents, il en est qui ont un bassin considérable: telest le Grand Zab ou Zarb (Zarb et Kebir), dont lesrivières supérieures égouttent la région comprise entreles deux lacs de Van et d’Ourmiah. Le Petit Zab (ZarbSaghir) roule aussi beaucoup d’eau, dont une partielui vient du territoire persan. De même, la Diyalah, qui rejoint le Tigre en aval de Bagdad, reçoit de laPerse un grand nombre de ruisseaux, nés dans les dépressionsparallèles des chaînes bordières. Les affluents, comme le Tigre lui-même, ont à traverser des rempartsde montagnes parallèles avant d’échapper à leursanciennes cavités lacustres pour entrer dans la plainede la Mésopotamie. Le Grand Zab, issu des hautesvallées du pays kourde, vient se heurter, à l’est deMossoul, contre des massifs de conglomérat, qu’ilperce d’un large lit, ayant en certains endroits unkilomètre de rive à rive. Le petit Zab gagne aussi leTigre en passant successivement par des cluses de montagnes.Au sud-est d’une «Porte duTigre», une entaille, dont les parois verticales ont 50 à 70 mètres de hauteur, ouvre un passage aux eaux de la Diyalah à travers lesassises de grès rouge du Hamrin; pendant la saisondes pluies, les eaux s’accumulent en lac temporairedans la plaine de Kizilrobat, située en amont de la cluse.Un autre affluent du Tigre, l’Adhim, né sur les pentesd’un mont sacré, le PirOmar Goudroun (2500 mètres), forme un marais permanent au-dessus de la «Porte deFer» ou Demir-Kapou, qui le sépare des plaines alluvialesde la Mésopotamie. En aval de toutes les rivièresaffluentes, le Tigre déborde en plusieurs parties de soncours et projette à l’orient un rameau marécageux, leHadd, qui va s’unir à la Kerkha, la rivière du Louristan.En hiver, toute la plaine qui s’étend du Tigre inférieuraux avant-monts persans est une mer intérieure, appelée souvent par ironie Oumm el-Bak ou la «mèredes Moustiques»; en été, il reste un réseau de sinueusescoulées, que des bateaux parcourent facilement, du Tigreà la Kerkha, sur plus de 150 kilomètres de distance.Layard, Ninereh and Babylon, dans le Journal of theGeographical Society, 1846. «Au confluent avec l’Euphrate, à Korna, le Tigre est, contrairement à ce que disait Strabon, le fleuve le plusabondant (débit moyen du Tigre à Bagdad, d’aprèsRennie: 4656 mètres cubes par seconde; de l’Euphrate, à Hit: 2065). La rivière occidentale se perd dans sonflot sans paraître l’augmenter: de là, peut-être le nomde «Tigre sans eau», Didjlat-el-Aoura, que l’on donnaitjadis aux fleuves unis, comme pour indiquer la disparitionapparente de l’Euphrate. Le développement totaldu Tigre, entre la source du «Fleuve aux deux cornes» «t son entrée dans le Chat-el-Arab, est d’environ

2 000 kilomètres, deux fois moins que l’Euphrate, etl’étendue de son bassin est aussi très inférieure; mais, au lieu de serpenter dans le désert comme l’Euphrateà la sortie du Taurus, il ne cesse de longer la base desmontagnes qui lui envoient leurs eaux de neige et depluie. Naissant à plusieurs centaines de mètres au-dessusde la vallée de l’Euphrate et suivant dans la directiondu golfe Persique une vallée moins sinueuse, le Tigrea sa pente beaucoup plus inclinée; il fuit rapidemententre ses rives, d’où son vieux nom persan de Tigreou de «Flèche» remplaçant l’appellation assyriennede Hiddekel (Idiklat) ou «Fleuve aux bords élevés» (Frd. Delitzsch, Wo lag dasParadiesf), qui se retrouvedans l’arménien Dikla et dans l’arabe Didjlé. Gourantplus vite, le Tigre perd moins d’eau par l’évaporationet se répand dans les campagnes riveraines en moinsd’étangs et de marécages. Des bateaux à vapeur d’unfaible tirant le remontent jusqu’à Bagdad, et pourraientmême atteindre Tekrit, à près de 1 000 kilomètres dela mer; en amont, jusqu’à Mossoul et Diarbekir, leseul véhicule flottant est le kellek (voir t. IV, fig. 396, col. 1459), ou plancher soutenu par des outres.» EliséeReclus, Nouvelle Géographie universelle, t. ix, Asieantérieure, 1884, p. 387-391.

II. Le Tigre dans l’Écriture. — 1° Le Tigre estnommé pour la première fois au commencement mêmede la Genèse, ii, 14, comme le troisième fleuve duParadis terrestre, «qui coule à l’est de l’Assyrie.» C’estdans son voisinage que l’Euphrate prend aussi sa source, ainsi que plusieurs des affluents des deux grands fleuves.Voir fig. 272, 1. 1, col. 1003. Le Phison et le Géhon, lesdeux autres fleuves de l’Éden, nommés avant le Tigre etl’Euphrate, sont-ils deux des affluents qu’on voit là denos jours? On ne saurait le dire avec certitude.il a puse produire sur la terre, depuis la’création de l’homme, des révolutions qui ont modifié et changé l’aspect deslieux où fut créé le premier homme, mais on comprendsans peine que l’opinion qui place en Arménie le paradisterrestre, à la source des grands fleuves, ait eu et comptetoujours des partisans, parce que c’est celle qui s’accordele plus naturellement avec le texte sacré (voirParadis terrestre, iii, t. iv, col. 2133), en admettantqu’il n’y a pas eu un bouleversem*nt complet du premierberceau de l’humanité.

2° Le Tigre n’est plus nommé dans l’Écriture jusqu’àl’époque de la captivité. Mais le prophète Nahum, enannonçant la chute de la grande ville, fait allusion àl’inondation du fleuve qui, après avoir contribué à sagrandeur, devait en ouvrir les portes à ses ennemis. «Les portes des fleuves (le Tigre et le Khasr, son affluent)sont ouvertes; son palais s’écroule.» Nahum, iii, 6. Ces «portes» sont des digues, d’après les uns, mais plusvraisemblablement, d’après les autres, les portes de laville, qui étaient fortifiées et qui furent renversées parl’inondation aux endroits par où entraient et sortaient leTigre et le Khasr. Diodore de Sicile, ii, 27, qui ne connaissaitpas la prophétie de Nahum, nous en a raconté àson insu l’accomplissem*nt. Depuis deux ans, écrit-il, l’armée des Médo-Babyloniens réunis assiégeait Ninive, sans pouvoir réussir à faire brèche dans les rempartsextrêmement solides et épais. De violents oragessuppléèrent à leur impuissance: ils produisirent undébordement du Tigre qui inonda une partie de la villeet en renversa les murailles sur une longueur de 20stades (5700 mètres). Les ennemis y pénétrèrent par làsans difficulté. Le roi de Ninive, désespéré, s’enfermadans son palais, y mit le feu et périt dans l’incendie.Le fleuve qui avait fait la gloire et la force delà capitalede l’Assyrie venait de consommer sa ruine.

3° Quelques années avant cette catastrophe, Tobieavait été emmené captif à Ninive. Quand il envoya sonfils auprès de Gabélus pour recouvrer l’argent qu’il luiavait prêté, c’est sur les bords du Tigre que le jeune voyageur prit le poisson qui devait lui servir plus tardà rendre la vue à son père aveugle. Tob., vi, 1-9. Onne peut déterminer avec certitude de quelle espèceétait ce poisson. Le fleuve abonde en poissons dediverses espèces et quelques-uns sont de dimensionsconsidérables. Strabon, XI, xiv, 8. Voir Tobie.

4° Le Tigre est mentionné dans Judith, I, 6, maissimplement comme une des limites géographiques dela plaine de Ragaû.

5° L’Ecclésiastique, rappelant les fleuves du paradisterrestre, dit, xxiv, 35, que Dieu répand sa sagessecomme le Tigre répand ses eaux aux jours des nouveauxfruits, c’est-à-dire au moment de son inondationannuelle. Au mois de mars, à l’époque de la fonte desneiges, il croit rapidement, roulant ses eaux rapides ettroubles, et grossit jusqu’à la première ou secondesemaine de mai, où il atteint sa plus grande hauteur.Vers le milieu de mai, il commence à décroître. Aumilieu.de l’été, il reprend son niveau ordinaire. Unenouvelle crue a lieu en octobre et en novembre, à lasuite des pluies d’automne, mais elle est insignifianterelativement à la crue du printemps.

6° Le Tigre apparaît pour la dernière fois dans l’Ecrituredans les visions de Daniel. C’est sur ses bordsqu’il eut quelques-unes des plus importantes. Dan., x-xii.Il l’appelle han-nâhâr hag-gâdôl, «le grand fleuve», x, 4. Voir Daniel, t. ii, col. 1276.

2. TIGRE (Vulgate: tigris), carnassier de la familledes félidés, à peu près de la même taille que le lion, mais plus fort et plus féroce. Il vit surtout dans l’Asieméridionale et les îles de la Sonde. Il n’en est pasquestion dans la Bible. C’est à tort que la Vulgate atraduit par «tigre» le mot layîs, qui est un des nomsdu lion. Job, IV, 11. Voir Lion, t. iv, col. 267. LesSeptante s’éloignent encore plus du vrai sens en traduisantparjj.upu.-r, xo).éo)v, «fourmilion».

H. Lesêtre.

TIMÉE (grec: Tijjaioç), père de l’aveugle Bartimée, à qui Notre-Seigneur rendit la vue à Jéricho. Marc, x, 46. Voir Bartimée, t. i, col. 1474.


TIMIDITÉ (Septante: oXt-rouy.ia; Vulgate: pusillanimitas), manque de courage en face du danger oudu devoir. Le timide est appelé hârêd, yârê’, nimhar, rak lêbab, «chancelant de cœur», SetXô; , oXiyôil’u^oç, ipoêoûfisvo; , àTîsiOûv, timidus, pavidus, trepidus, formidolosus, pusillanimis.

En face du danger.

La Loi prescrivait de signifieraux timides et aux peureux de se retirer de l’arméeavant la bataille, de peur que leur exemple n’entraînâtles autres. Deut., XX, 3, 8. — Israël infidèle, disperséparmi les nations, y gardera un cœur tremblant.Deut., xxviii, 65. — Avant de livrer bataille, Gédéondut écarter de son armée 22000 hommes qui avaientpeur et tremblaient. Jud., vii, 3. — Judas Mæhabéerenvoya de même chez eux, «selon la Loi», tous ceuxqui avaient peur de combattre. I Mach., iii, 56. —Ézéchiel, xxi, 12, décrit la peur qu’excite en tous l’approchede l’épée de Nabuchodonosor: les cœurs sefondent, les mains faiblissent, les esprits se troublent, les genoux fléchissent. — Les écrivains sacrés donnentplusieurs fois le nom de «femmes» à ceux quimanquent d’énergie dans le danger. Is., iii, 12; XIX, 16; Jer., li, 30; Nah., iii, 13. Ils exhortent à n’avoirpas peur devant l’ennemi. Is., vii, 4; Jer., li, 46. Il nefaut pas s’adresser à un timide pour le consulter surla guerre. Eccli., xxxvii, 12. — Quand les méchantscomparaîtront au tribunal du souverain Juge, la timiditésuccédera à leur arrogance. Sap., iv, 20. — Notre-Seigneurreproche aux apôtres leur timidité et leurmanque de foi, pendant la tempête sur le lac. Matth., xiii, 26; Marc, iv, 40. — Le vent impétueux, ritahso’âh, devient dans les versions àXiyotyvyJz, pusillanimitasspiritus. Ps. lv (liv), 19.

En face du devoir.

Roboam se montra timide, quand il eût fallu faire acle d’énergie pour rallier à luitout son peuple. II Par., xiii, 7. Le cœur de Josias futintimidé par les menaces que contenait le Deutéronome.IV Reg., xxii, 19. Il y a une timidité recommandableet qui se résout en crainte de mal faire. Prov., xviii, 14. Mais il ne faut pas être timide dans le service deDieu, Is., xxxv, 4, ni dans la prière. Eccli., vii, 9. Ondoit encourager et consoler les timides. Is., xxxv, 4;

I Thés., v, 14. Quant à ceux qui sont timides et lâchesdans l’accomplissem*nt du devoir, ils auront un jourle même sort que les pires pécheurs. Apoc, xxi, 8.

H. Lesêtre.


TIMON (grec: Tl’h&iv), le cinquième des septdiacres choisis par les Apôtres pour s’occuper du soindes veuves. Act., vi, 5. Son nom est grec et il étaitprobablement un Juif helléniste, comme les autresdiacres qui devaient veiller à ce que les veuves desconvertis non palestiniens fussent traitées convenablement.Le texte sacré ne nous apprend rien que sonnom. D’après la Synopsis de vita et morte Prophetarum, Apostolorum et DiscipulorumDoniini, du pseudo-Dorothée, Patr. gr., t. xcii, col. 1001, c’était un dessoixante-douze disciples, et il devint évêque de Bostra, où il subit le martyre du feu. Voir Acta sanctorum, 19 avril, aprilis t. ii, p. 619.


TIMOTHÉE (grec: Ttfj.68eo; ), nom de deux étrangersqui combattirent contre les Machabées et d’undisciple de saint Paul.

1. TIMOTHÉE, chef ammonite, qui fut battu à plusieursreprises par Judas Mæhabée. Quelques commentateurssupposent, à cause de son nom, qu’il était grecd’origine. Judas Mæhabée, ayant pénétré en Ammonitide, y livra plusieurs combats dans lesquels il battitTimothée, le chef des Ammonites. 1 Mach., v, 6. Maisce dernier porta, quelque temps après, les armes enGalaad, où il fit beaucoup de mal. À la demande desgens du pays, Judas et son frère Simon marchèrent àleur secours. Timothée s’enfuit à leur approche; lesJuifs parvinrent à atteindre son armée et à lui infligerune sanglante défaite. I Mach., v, 11, 20, 24-34, 37-44.Timothée lui-même tomba entre les mains de Dosithéeet de Sosipater, qui consentirent à lui laisser la viesauve. II Mach., xii, 2-25.

2. TIMOTHÉE, général syrien, qui est le même quele précédent d’après les uns, différent d’après lesautres. Il faisait partie de l’armée de Nicanor contreJudas Mæhabée. II Mach., viii, 30. On ne peut conclurede la similitude des noms à l’identité des personnes, car les Timothée étaient nombreux parmi les Grecs.Si les passages II Mach., viii, 30; IX, 3, ne donnentaucun détail particulier, et ne suffisent pas pour trancherla question de non-identité, quoiqu’il n’apparaissepas comme général ammonite, il n’en est plus de mêmedu récit, x, 24-37. Après avoir été battu une premièrefois avec Bacchide par Judas Mæhabée, viii, 30, défaite "qu’Ântiochus Épiphane avait apprise en Perse, x, 3, Timothée, postérieurement à la mort de ce roi, pourvenger son échec, rentra en Judée à la tête d’unearmée formidable. Judas, avec le secours d’en-haut, remporta contre son ennemi une éclatante victoire.Timothée s’enfuit à Gazara (Gazer). Les Juifs allèrentl’y assiéger, emportèrent la place et le mirent à mortquand ils l’eurent découvert dans une cachette.

II Mach., x, 24-37. Ce fut plus tard, après la mort deTimothée, le général syrien, que Judas Mæhabée battitdéfinitivement Timothée 1, qui commandait auxAmmonites à l’est du Jourdain, et dont la vie futépar-

gnée. I Mach., v, 37-44; II Mach., xii, 2-25. VoirPatrizzi, De consensu utriusque libri Machabseorum, in-4°, Rome, 1856, p. 259.

3. TIMOTHÉE (Ttjj.69soç), le plus fidèle et le plus aimédes disciples de saint Paul, celui qu’il appelle sonvrai fils, 1 Tim., i, 2, son très cher fils, II Tim., i, 2, son filsbien-aimé et fidèle dans le Seigneur, I Cor., iv, 17, le copartageant de son esprit, Phil., v, 20, de sestravaux dans le Seigneur, I Cor., XVI, 10, son collaborateur, Rom., xvi, 21, son frère et ministre de Dieu, I Thess., iii, 2, l’esclave de Jésus-Christ, Phil., i, 1, dévoué à la cause du Christ, ii, 21, l’imitateur parfaitdes vertus de son maître, initié à ses méthodes d’apostolat.II Tim., iii, 10; I Cor., xvi, 10. L’Apôtre l’avaitconverti à la foi, I Cor., IV, 14-17, avec sa mère etson aïeule, II Tim., i, 5, lors de la première missionen Lycaonie. Etait-il de Lystres ou de Derbé? Lestextes, Act., xvi, 1, 2; xx, 4, sans dirimer absolument lacontroverse, semblent indiquer plutôt Lystres. Peut-êtreTimothée a-t-il habité successivement ces deux villes.En tout cas, il était avantageusem*nt connu à Lystres età Icône, Act., xvi, 2, c’est-à-dire dans toute la région dela Lycaonie. Il était né d’un mariage mixte, son père étaitpaïen et sa mère juive ou du moins prosélyte dessynagogues. Act., xvi, 3; II Tim., 1, 5. Aussi reçut-il, à sa naissance, un nom très usité chez les Grecs, I Mach., v, 6; IIMach., viii, 3, et, en même temps, facileà se faire accepter des Juifs. L’enfant grandit entredeux pieuses femmes, sa mère Eunice et son aïeulenommée Loïde; elles relevèrent dans la crainte deDieu et l’étude des Écritures. II Tim., iv, 15. Le pèrede Timothée devait être mort quand Paul et Rarnabéarrivèrent dans ces parages. Act., xvi, 3. Le jeuneadolescent fut témoin des souffrances et des travauxdes deux vaillants missionnaires. II Tim., iii, 10, 11; Act, xiv, 22. À son second voyage, l’Apôtre se l’attachecomme disciple et compagnon d’apostolat à la place deJean-Marc, ayant déjà substitué Silas à Barnabe.Act., xv, 40. D’après divers passages des Épitres pastorales, I Tim., i, 18; iv, 24; II Tim., i, 6, ce futl’Esprit qui le désigna, dans quelque assemblée liturgique, à la fonction d’apôtre, ou peut-être d’évangéliste, Il Tim., iv, 5, par la voix des prophètes de cesÉglises. Paul, Silas et les presbytres de l’endroit luiimposèrent les mains. Act., xiii, 3; II Tim-, i, 6.

Dès ce moment, il est presque toujours, sauf derares intervalles, aux côtés de l’Apôtre, lui servant desecrétaire dans la rédaction de la plupart de sesÉpitres. Afin de faciliter son ministère auprès des Juifs, Paul le circoncit de sa propre main. Act., xvi, 3. Sacarrière apostolique se confond, en général, avec cellede son maître. À peine s’il s’en sépare, de temps entemps, pour des mission spéciales, absences courtes etrapides auxquelles l’un et l’autre ne consentaientqu’avec peine. Timothée a de la sorte travaillé avecl’Apôtre à la fondation des principales Églises, Philippes, Thessalonique, Bérée, Corinthe, Ephèse. Lorsde la seconde mission, il collabora, d’une façon particulière, à l’établissem*nt et au développement des communautésde Macédoine. Il resta quelque temps à Thessaloniqueaprès l’expulsion violente de Paul et de Silas, Act., xvil, 10, les rejoignit à Bérée, xvii, 14, et retournaà Thessalonique pour y porter aux fidèles persécutésles encouragements et les instructions de son maître.I Thess., iii, 1, 2. De là il revint sans doute à Bérée, où était resté Silas, et, en sa compagnie, se dirigeavers Corinthe. Leur arrivée marque, depuis l’activitéapostolique de Paul, un redoublement de zèle. Act., xvill, 5. Les trois ouvriers évangélistes séjournèrentau moins dix-huit mois dans la capitale de l’Achaïe.

Silas dut quitter saint Paul vers la fin du secondvoyage pour rester à Jérusalem, son r, glise d’origine.

Act., xv, 22. Timothée, au contraire, prit part autroisième voyage. Durant les trois ans du séjour dePaul à Éphèse, il ne s’éloigne de la métropole d’Asieque pour une mission en Macédoine avec Éraste etplusieurs frères, Act., xix, 22, puis, de là, à Corinthe, I Cor., xvi, 11; iv, 17, où il était chargé de rétablirl’ordre. Il semble qu’il ait échoué dans cette entreprise.D’un naturel doux et timide, I Cor., xvi, 10, il était peu fait pour la lutte. Il ne parvint pas, sansdoute, à apaiser les désordres entre les divers parti» en présence, I Cor., i, 12, et il dut retournera Éphèseou peut-être en Macédoine; c’est là qu’il se trouve aumoment où saint Paul écrit sa seconde Épître aux Corinthiens.II Cor., 1, 1. Il le suit dans sa troisième visite àCorinthe et figure dans l’Épitre aux Romains parmiceux qui envoient leurs saluts fraternels à cette Église.Rom., xvi, 21. Quand l’Apôtre quitte Corinthe pourJérusalem, il fait partie de la caravane qui s’acheminevers la Palestine. Act., xx, 4, 5.

A partir de ce moment, les Actes se taisent sur le restede la carrière de l’illustre disciple. Mais les Épitres dela captivité suppléent, en partie, à ce brusque silence.On peut affirmer, sans doute possible, que Timothéesuivit saint Paul à Jérusalem, puis à Césarée, s’embarquaavec lui vers l’Italie, l’assista dans sa prison. Sonnom se lit dans l’adresse des Épitres aux Colossiens, i, 1, à Philémon, i, 1, aux Philippiens i, 1. Saint Pauldit même formellement, dans cette dernière Épître, qu’il espère envoyer «Timothée» vers eux, ii, 19-24.Durant la période qui suivit la première captivité, ilaccompagna l’Apôtre à Éphèse et y resla encore quelquetemps après que celui-ci se fut acheminé de nouveauvers Rome en passant par la Macédoine, l’Achaïe etl’Épire. I Tim., i, 3. L’Apôtre le chargea de gouvernerl’Église d’Éphèse et lui adressa, à cette occasion, une lettre (la première) pleine de sages conseils. Timothéeresta en Asie jusqu’au moment où Paul, à laveille d’une condamnation certaine, l’appela en toutehâte pour qu’il assistât sans doute à ses derniers momentset recueillit, en dépôt, le précieux héritage deson zèle et de ses suprêmes enseignements. II Tim., IV, 21. Par l’Épître aux Hébreux on apprend que ledisciple fut lui-même emprisonné, puis relâché, xiii, 23. Le reste de son existence et de son activité sembles’être passé à Éphèse, où il sera retourné après sasortie de prison. Suivantla tradition, Const. Apost., vii, 46, 1. 1, col. 1063; Eusèbe, H. E., n i, 44, t. xx, col. 220, il aurait été martyrisé dans cette ville, sous Donatienou Nerva, en voulant s’opposer à certaines réjouissancespopulaires qui tournaient à l’orgie et à la cruauté.Ses ossem*nts ont été transportés plus tard, sous Constance, à Constantinople, Acta sanctorum, januar, t. iii, p. 562-569; Lipsius, Die apocryphen Aposlelgesch., t. ii, 372-400. Les Églises grecques et arméniennes célèbrentsa fête le 22 janvier, l’Église copte, le 23, l’Église latineet l’Église maronite, le 24 du même mois, bien que lespremiers calendriers latins l’aient placée le27 septembre, peut-être pour faire suite au jour de la commémorationde saint Jean, qui avait exercé son apostolat àÉphèse. Lipsius, op. cit., p. 392; Nilles, Kalendariummanuale utriusque Ecclçsise, Inspruck, 1896. D’aprèsplusieurs savants, c’est à lui que s’adresse, commeévêque d’Ephèse, le message de l’Apocalypse, II, 1-7.On ne sait rien de certain sur ce point. — "VoirH. Usener, Acta sancti Timothei, par Polycrate, in-4°Bonn, 1877. C. Toussaint.

4. TIMOTHÉE (PREMIÈRE EPITRE A). — 1° Importance.— Cet écrit appartient au groupe des trois lettresque la critique appelle, depuis plus d’un siècle Épitrespastorales. L’appellation se rencontre, pour la premièrefois, dans un commentaire de P. Anton, Exeget. Abh.Der Pastoralbriefe S. Pauli, 2 Theile. Halle, 1753, 1755,

puis chez Wegscheider (1810), Eichhorn(1812), nom quicaractérise avec assez d’à-propos (surtout pour la I re àTimothée et l’Épitre à Tite) leur objet commun: tracerà Timothée et à Tite les devoirs de leur charge. À ellesseules, ces trois Épitres forment un code parfait àl’usage des pasteurs et des dignitaires de l’Eglise, unvéritable traité sur l’art de gouverner les communautéschrétiennes. Le Canon de Muratori, voir Canon, t. ii, col. 170, en avait déjà perçu l’utilité pratique quandil les mentionnait avec cette remarque: in honoretamen Ecclesiie catholicse in ordinatione ecclesiasticsedisciplinscsanctificatse sunt (lignes 61-62). Lesprincipesdu droit public de l’Église se trouvent en germe dansces écrits et spécialement dans cette première Épitre àTimothée. On y voit le pouvoir souverain émaner, nonde l’assemblée des fidèles, mais de l’autorité apostoliquetransmise par le rite de l’ordination. Épiscopes, prêtres, diacres tiennent leurs fonctions non de la communauté, mais d’une transmission remontant plus ou moinsdirectement aux Apôtres ou à leurs délégués. L’épiscopatapparaît déjà comme le futur héritier des pouvoirs apostoliques, le sommet et le pivot de la hiérarchie. I Tim., m; Tit., i. À côté de cette esquisse de la constitutionde l’Église trouvent place des règles de discipline, ondirait presque de législation canonique. On y traceles devoirs de l’évêque. Il doit être le modèle de sessubordonnés, irrépréhensible aux yeux des fidèles et deceux du dehors. I Tim., iv, 12; Tit., ii, 6-8. Une listed’irrégularités règle les choix des délégués de l’Apôtre.Tit., I. 7. L’apparition des hérésies et des doctrinesd’erreur invite l’auteur à tracer la ligne moyenne del’orthodoxie et le soin que l’on doit apporter à se préserverdes nouveautés dangereuses. ITim., i, 33-10; vi, 320. Les fonctions des membres de la hiérarchie sontdélimitées et réglementée s: cellesde l’évêque, du diacre, des veuves attachées au service de l’Église. On entre, avec ces détails, dans la vie intime des communautéschrétiennes, telles qu’elles étaient vers la fin de l’âgeapostolique. Le livre qui se rapproche le plus, dans soncontenu, de ces trois précieuses lettres et qui s’en est leplus largement inspiré, sont les Constitutions apostoliques.On peut aussi en saisir l’influence dans leIlepi ispw<rûv/)c de saint Jean Chrysostome, le De officiisministrorum de saint Ambroise et le De pastorali curade saint Grégoire.

2° Authenticité. — Depuis que la critique rationalisterejette en bloc les Épitres dites pastorales, on s’est habitué, dans l’autre camp, à les défendre toutes ensemble.Leur sort est, en effet, si étroitement lié qu’on ne sauraitles disjoindre. On suivra donc ce plan, réservantnéanmoins, à chacune d’elles, les raisons spéciales qu’ily a lieu de faire valoir. Un premier fait à noter c’estqu’au point de vue des témoignages anciens ce groupede lettres se trouve aussi favorisé que les autres Épitrespauliniennes. À peine deux ou trois voix discordantesdans l’antiquité: encore ces quelques exceptionss’expliquent-elles sans difficulté. L’absence de ceslettres dans l’Apostolicon de Marcion peut venir de cequ’il a ignoré leur existence, ces écrits n’étant pas adressésà des Églises, peut-être aussi, comme le pense saintJérôme, en raison de la façon élogieuse dont ces Ëpttresparlent de l’Ancien Testament, de la Loi, des œuvres.Pour le même motif, Basilide et Tatien ne voulaientpas y reconnaître la main de saint Paul. «Je veux parler, écrit saint Jérôme dans sa Préface du Commentairede l’Épitre de Tite, t. xxvi, col. 555, de Marcion et deBasilide, qui ont retranché des autres Épitres ce quiétait contraire à leur dogme, et qui ont même cru pouvoirrejeter quelques Épitres tout entières, à savoirles deux à Timothée, celle aux Hébreux et celle à Tite.Toutefois, Tatien, le patriarche des Éncratites, qui, luiaussi, a rejeté quelques Épitres de Paul, a cru devoiraffirmer tout particulièrement la composition de celle

à Tite par l’Apôtre, n’attachait aucun poids à l’opinionde Marcion et de ceux qui sont d’accord avec lui sur cepoint.» Sauf ces contradictions intéressées, les Épitrespastorales ont été unanimement admises et fort souventcitées. Leur affinité d’idées, de tournures, d’expressionsavec la lettre de Clément de Rome est indéniable.Comparer, à cet effet, Clem., lv, 3 = II Tim., ii, 1; Clem., xliii, 1; ii, 3 = II Tim., iii, 8; Clem., xxxv, 2; lv, 6; lxi, 2 = 1 Tim., i, 17; Clem., xxxvii, 1 =I Tim., i, 18; II Tim., ii, 3; Clém., i, 1; xlvii, 7 =I Tim., vi, 1. Mêmes termes caractéristiques: npooSextov, àitôSextov; iriaTt; àyaôr, , XaTpeûe’.v èv xaOapôc<Tvve18r)ffei I tiaiêna, àvaÇtomipecv, àytoY^itKjTwBsîç, etc.; même ordre d’idées, Clem., ii, 1 = I Tim., vi, 8; Clem., i, 3, xliv, 4— ITim., v, 17; Clem., xlii, 4 =I Tim., iii, 10; Clem., liv, 3 = 1 Tim., iii, 13; Clem., i, 3 — I Tim., ii, 9; Tite, ii, 4; Clem., xxix, 1 =ITim., ii, 8; Clem., ii, 2; xxxii, 3 = II Tim., i, 9; Tite, iii, 5-7; Clem., ii, 7 = Tite, iii, 1; Clem., lxi, 1= Tite, iii, 1; I Tim., Il, 2. L’Épître à Barnabe offre, àson tour, plusieurs points de contact: v, 6, xaTapyeïvibvBàvaTov, détruire lamort, semble venir de II Tim., i, 10; IV, 6, âm<7(ûps’jeivte<; taï; àfjuxpuat; , accumulant lespéchés, de II Tim., iii, 6; çavepto6r|vai èv aâpxi, êtremanifesté en chair, de ITim., iii, 16; surtout, xiv, 6, XuTpaxjâjxevov tj^lcIç èx toO <jx6touç lioinàjou êauTûJ Xaôvâyiov, nous ayant rachetés des ténèbres pour se préparerun peuple saint, de Tite, ii, 14. Point d’allusionsdans la Didaché ni dans le Pasteur d’Hermas, mais, en revanche, de frappantes analogies avec les lettres desaint Ignace et de saint Polycarpe (pour le détail, voirTexte und Untersuchungen, XII, iii, p. 107-118, 186194) telles que avaÇo)Trjp£Îv, àva’Vj’/^î £T£po318a<r/.aXsrv, xaTâdTV]fia, le Christ appelé-q èXm’î ï][j.à)v. Lettre desaint Ignace ad Tull., ad Magn., 8; ad Polyc, 3 t. v, col. 543 sq.). Dans l’Épitre de Polycarpe, IV, v, viii, IX, xii, les recommandations aux veuves, aux diacres, auxpresbytres sont à peu près toutes tirées des Pastorales.Von Soden reconnaît qu’à partir d’Ignace et de Polycarpe, la priorité littéraire, douteuse pour Clément etl’Épitre à Barnabe, appartient certainement aux Pastorales.Saint Justin a textuellement emprunté une phrasede l’Épitre à Tite, iii, 4, quand il dit, Dial., c. xlvii, t. vi, col. 575: «Car la bonté et la philanthropie de Dieu enversles hommes…» Une influence de I Tim., iii, 16, seremarque aussi dans ce passage de YEpître à Diognète, c. v, t. ii, col. 1173: Prêché par les Apôtres, il a étécru par les païens. On rencontre de semblables empruntsdans Hégésippe, Eusèbe, H.E., III, xxxii, t. xx, col. 284, dans la II a Clementis, chez Athénagore, Théophile, la Lettre des Eglises de Vienne et de Lyon, t. v, col. 1401; Eusèbe, H. E., v, 1, t. xx, col. 407; le Testamentdes douze Patriarches, t. ix, col. 1025. Enfin l’insertionde ces lettres dans les versions syriaque et latineainsi que leur mention dans le Canon de Muratori prouventqu’elles faisaient partie, dès le spcond siècle, ducanon des Églises de Syrie et d’Occident. D’autre part, saint Irénée, Adv. hser., II, xiv, 7; IV, xvi, 3; III, xiv, 1, t. vii, col. 755, 914, 1017; Tertullien, De presser., c. vi, xxv, t. ii, col. 18, 37; Clément d’Alexandrie, Strom., II, xi, t. viii, col. 990, les attribuent formellementà saint Paul. En résumé, ces trois Kpitres offrent, du côté des preuves de tradition, autant de garantiesque celles dont on ne songe pas à contester l’authenticité.Pourtant, la majorité des critiques la leur refuseencore à cause d’arguments internes dont on discuteraplus loin la valeur. Les premiers doutes remontent àSchleiermacher, qui, à propos d& quelques objectionsde J. E. B. Schmidt sur l’authenticité de la 1° àTimothée, se mit à faire ressortir le manque de liaisondes idées, les tournures de style étrangères à Paul, la

j difficulté de situer cet écrit dans la vie de l’Apôtre.’Ueber den sog. erslen Brief des Paulen an den Tim.,

1807. Il en concluait que la première Épitre à Timothéeavait été composée par un plagiaire à l’aide des deuxautres Épitres pastorales. À son opinion se rallièrentplus tard Usteri, Lûcke, Bleek, Neander, tandis quePlanck (1808), Beckhaus (1810) et Wegscheider (1810)entreprirent la défense de l'Épitre incriminée. Cesapologistes faisaient observer que les raisons alléguéescontre la première Épitre à Timothée pouvaient, aumême titre, être apportées contre les deux autres.Eichhorn (1812) souscrivit à ce raisonnement, mais pourle retourner contre les trois lettres ensemble; toutefoisil Jes rattachait encore à l’Apôtre par un lien, enl’attribuant à un de ses disciples qui aurait consignélà les directions de son maître. Pendant une vingtained’années, les mêmes conclusions sont défendues parde Wette, Schrader, Mayerhoff, combattues par Hug, Bertholdt et Feilmoser. Mais Baur, en 1835, ne se contenta pas de nier l’authenticité des Pastorales, il chercha, dans son Die sog. Pastoralbriefe des ApostelsPaulus, les motifs de cette composition apocryphe etcrut les découvrir dans l’intention qu’aurait eue l’auteurde combattre, sous le nom et l’autorité de Paul, leserreurs gnostiques, surtout celles de Marcion et deValentin. Ces lettres ne seraient alors que de la moitiédu second siècle. À peu de choses près, telle est l’opinion de Schwegler, Bruno Bauer, Hilgenfeld, Mangold, Meyer, Schenkel, Hausrath, Weizsàcker, Davidson, Harnack, Scholten, Beyschlag, Sabatier, Von Soden.Quelques critiques (Lôftler, Usteri, Lûcke, Bleek, Neander, Ritsehl et Krauss) acceptent la IIe à Timothée et l'Épitre à Tite mais repoussent obstinémentla première à Timothée. Du côté des défenseurs desPastorales se rencontrent, outre les commentateurs catholiques, bon nombre d’exégètes protestants, surtoutparmi ceux qui ont écrit des commentaires ex professe). On peut leur adjoindre Otto, Kôlling, B. Weiss, dans son Introduction et dans Meyer, 5e édit., 1886; Bertrand, Essai critique sur V authenticité des Épitrespastorales, 1888; Bourquin, Étude critique surl’authenticité des Ep. past., 1890. D’autres n’osent seprononcer: Rolle, De authentia epist. pastoralium, 1841; Scharling, Dieneuesten Untersuchungen ùberdiesog. Pastoralbriefe, 1846. De nos jours, on est revenu, dans le camp critique, à l’hypothèse admise dès 1836par Credner et l’on reconnaît, dans les Pastorales, aumoins dans le IIe à Timothée et l'épître à Tite, un noyaupaulinien amplifié, vers la fin du I er siècle, parquelque disciple de Paul à l’aide des autres écrits del’Apôtre. Chacun varie dans la part à faire aux élémentsauthentiques. Ainsi Hausrath (1865) trouve les restesd’une lettre de Paul dans II Tim., i, 1, 2, 15-18; IV, 918; Krenkel (Paulus, 1869), Tit., iii, 12, 13 + II Tim., iv, 19-21, 9-18; i, 16, 18; Grau pense que Tite et Timothée ont eux-mêmes développé, à l’aide de leurs souvenirs personnels, des billets qu’ils avaient reçus del’Apôtre. Ménégoz (1872) reconnaît le caractère paulinien des trois lettres, mais, en même temps, il découvreles traces d’interpolations certaines, postérieures à lamort de l’Apôtre. Renan (1869), Beyschlag (1874) etSabatier (1881) admettaient l’existence de billets authentiques adressés à Tite et à Timothée, puis amplifiésplus tard pour appuyer le mouvement des Églises versla hiérarchie et la discipline ecclésiastique.

D’après Hesse (1889), la I re à Timothée comprend ellemême des passages de source paulinienne, par exemple, le premier et le sixième chapitre; la seconde est composée de deux lettres, l’une apocryphe, l’autre à partiesauthentiques, i, 16-18; IV, 9-22. La lettre à Tite seraitégalement de Paul, au moins quant au passage relatifaux hérétiques, emprunté d’ailleurs à la I re à Timothée. On aurait opéré ces fusions et ces amplificationsd'épîtres pour donner aux évéques une sorte de manuelde discipline ecclésiastique. Ces écrits précéderaient

de peu d’années les lettres de saint Ignace. Telles sont, en général, les positions de la critique, à l'égard dece dernier groupe d'épîtres pauliniennes. Voici maintenant les principaux arguments qu’elle a fait valoir, et les réponses qu’on leur a opposées.

I. La situation historique. — On objecte l’impossibilité absolue de faire entrer nos trois lettres dans lacontexture historique de la vie de saint Paul, tellequ’elle résulte des données prises dans les Actes etcomplétées par les Épitres certaines. Ni la première nila seconde Épitre à Timothée ni l'Épître à Tite ne peuvent trouver place dans les Actes. Ainsi, en ce quiregarde la I™ à Timothée, aucune des deux hypothèsesimaginées à cet effet ne paraît donner satisfaction.Celle qui, par exemple, essaie de dater cette lettredu voyage que Paul fit en Macédoine après son séjourde trois ans à Éphèse, Act., XX, 1, ne s’adapte pas auxcirconstances de cette partie de la vie de saint Paul.Mais bien des raisons rendent cette supposition inadmissible. En effet, d’après les Actes eux-mêmes, xix, 22, Timothée avait devancé son maître en Macédoine, où Paul le rejoignit peu après et d’où il écrivit la seconde lettre aux Corinthiens. II Cor., i, 1. De plus, quand Paul quitta Éphèse, après son long séjour detrois ans, il avait l’intention de gagner Jérusalem sansrepasser parl’Asie. Act., xiv, 21; xx, 1, 3, 16; ICor., xvi, 4; II Cor., 1, 16. Or, dans cette Épitre, il annonce l’intentionde revenir à Éphèse. Imagine-t-on, d’autre part, l’opportunité des recommandations de l’Apôtre s’il ne s’agit, pour Timothée, que de prolonger son séjour de quelques semaines ou même de quelques mois? Dira-t-on, pour écarter ces objections, qu’il est ici question, I Tim., i, 3, d’un voyage non raconté dans les Actes, voyage que Paul aurait fait durant ses trois ans de séjour à Éphèse? En soi, il est vrai, cette supposition neserait pas inadmissible, car les Actes passent soussilence nombre de faits importants dans la biographiede l’Apôtre. Elle aurait même l’avantage, si l’on prolonge l’itinéraire de Paul jusqu’en Crète, de rattacherà cette période de la vie de Paul l'Épitre à Tite. Seulement, le fatal verset I Tim., 1, 3, estlà pour s’opposer àtoute idée d’un séjour prolongé à Éphèse, permettant, tout au plus, une courte visite. Au surplus, il ne fautpas multiplier, au delà de toute mesure, les allées etvenues de l’Apôtre pendant son séjour dans la métropoled’Asie. Quand on a intercalé, durant cette période, unvoyage à Corinthe, pour se mettre d’accord avec lateneur des deux Épitres adressées aux fidèles de cetteÉglise, c’est assez. L’activité de Paul se déploya plutôtdu côté de l’Orient et l’on conçoit mal une interruption de ses travaux apostoliques en Asie, pour un autremotif que celui de parer à la situation critique survenuetout à coup à Corinthe. Qu’on ajoute. à ces raisons lesdifférences de style et d’idées qui séparent cetteI re Épitre à Timothée, comme les autres pastorales, ducycle des grandes Épitres, le genre d’hérésies dont elleparle, l’organisation de la hiérarchie à Éphèse, touteschoses qui ne conviennent guère au temps de la troisième mission. Avec la deuxième Épitre à Timothée lesdifficultés sont encore plus grandes. La lettre seraitécrite durant la première captivité de Paul à Rome.Or, les traits épars, dans cette Épitre, ne s’accordentpas avec les données fournies par les Actes et les autresépîtres de la captivité. D’après la seconde Épitre à Timothée, en effet, l’Apôtre est en prison, à Rome sansdoute (i, 8, 12, 16, 17; ii, 9-10), Timothée, à Éphèse. Ondonne, comme récent, un voyage de saint Paul à travers l’Archipel: à Milet, il a laissé Trophime malade, iv, 20; à Troade, il a laissé son manteau et des noteschez Carpus, iv, 13; Éraste est resté à Corinthe, iv, 20: l’Apôtre y a donc fait escale. Puis on donne des indications sur la marche du procès. Tous ces détails ne sauraient concorder avec ce que les Actes disent du voya ge

de Paul captif. Paul ne traversa pas l’Archipel; il neput aller ni à Milet, ni à Troade, ni à Corinthe, latempête ayant poussé le navire vers la Crète, puis surMalte. Quant au* Épitres certaines de la captivité deRome, celles aux Colossiens et aux Éphésiens, à Philémon, aux Philippiens, rien ne cadre entre la situationqu’elles reflètent et celle que suppose la seconde Épitreà Tiraothée. Essaiera-t-on avec plus de succès uneconciliation enlre les Actes et l’Épitre à Tite? Mêmesimpossibilités. Selon les Actes, saint Paul ne fait quetoucher la Crète, en naufragé et en prisonnier, non enfondateur d’Églises. La lettre, d’ailleurs, n’aurait puêtre écrite qu’à Rome, en captivité. Comment Paulpourrait-il écrire qu’il a l’intention d’aller passerl’hiver à Nicopolis, voir iii, 12? Pourquoi ne fait-il aucuneallusion à son état de prisonnier? Ces incohérencesobligent donc les défenseurs de l’authenticité à rejeterces Épîtres en dehors du cadre des Actes. On a renoncéaux essais tentés par quelques exégètes, Bartlet, Apostolicâge, p. 179-182; Bowen, The dates of the PastoralEpistles, Londres, 1900, pour intercaler les Pastoralesdans la trame du livre des Actes. La seule voiepossible paraît être de reporter la rédaction de cestrois écrits dans un période de la vie de Paul placée endehors des Actes. L’Apôtre, après deux ans de captivité, aurait comparu devant Néron, aurait été acquitté etaurait repris, du côté de l’Orient, peut-être même del’Occident, ses courses évangéliques. C’est durant cetteère de liberté qu’il aurait visité l’Archipel, revu Éphèse, la Macédoine, l’Achaïe, l’Épire. La première lettre àTimothée et celle à Tite dateraient de ce voyage. Revenuà Rome, Paul aurait été de nouveau incarcéré; là, il aurait écrit sa seconde missive à Timothée et aurait, peu de temps après, subi le dernier supplice. L’historicitédes Pastorales se trouve ainsi liée à la question dela seconde captivité de saint Paul, point d’histoire difficileà établir, il est vrai, mais ayant pour lui un ensemblede conjectures assez vraisemblables sans qu’ilsoit nécessaire, comme le pense B. Weiss, de tournerdans un cercle vicieux et de prouver l’authenticité denos trois lettres par le second emprisonnement de saintPaul, et la réalité de celui-ci par l’existence de celle-là.Il faut, avant tout, convenir que la mention d’une secondepériode active de saint Paul, au delà des Actes, n’est attestée formellement par aucun auteur antérieurau iv «siècle. Eusèbe de Césarée, H. E., II, xxii, 2, xx, col. 194, est le premier à parler en termes explicitesd’une seconde captivité à Rome, en alléguant deuxpassages de la seconde Épitre à Timothée, iv, 6, 16-18.Puis viennent les témoignages divers de saint Jérôme.Le premier, où le voyage en Espagne est vaguement enveloppédans l’expression: in Occidentis partibus^ Devir. ill., 5, t. xxiii, col. 615; le second, où l’auteurrapporte l’opinion des Nazaréens sur la prédication desaint Paul, In ls., viii, 23; ix, 1, t. xxiv, col. 123, 125; in terminos gentium et viam universi maris Christievangeliumsplendu.it; le troisième, où, parlant d’aprèsses propres idées, il dit, In ls., xi, t. xxiv, col..151: Hicltaliam quoqueel, ut ipse scribit, ad H ispanias alienigenarmnportalus est navibus; le quatrième, Tract, dePs. LXXXIU, Anecd. Maredsol., iii, 2, 805: dsinde dicitquod de urbe Ronia ierit ad Hispaniam. Voici, parordre, les indices d’après lesquels on peut conjecturer, faute de textes catégoriques, une seconde captivitéde saint Paul à Rome: 1° Les espoirs de délivranceprochaine qui se font jour dans plusieurs Epîtresde la première captivité, notamment dans l’Épitreà Philémon, ꝟ. 22, surtout dans l’Épître aux Philippiens, i, 19, 25; ii, 21, espoirs qui ne paraissent pasêtre de simples désirs mais des conclusions sur lamarche du procès. Les Actes, xxv, 25; xxvi, 32, laissentdéjà entrevoir cette issue, en montrant combien Festusétait favorable à l’Apôtre. Nul doute que son rapport à

l’empereur, pièce capitale de l’affaire en cours, n’aitconclu à l’innocence du prisonnier, xxvi, 32, aucunfait nouveau n’étant survenu, ni aucune nouvelle intriguedu côté de Jérusalem. Act., xxviii, 20. Le sanhédrinavait d’ailleurs suffisamment de difficultés, àce moment-là, avec l’autorité romaine, pour perdre devue son adversaire. On était proche des troubles quiamenèrent la guerre de Judée.

2° La tradition romaine d’un voyage de saint Paul enEspagne. Cette tradition semble attestée par le passagecélèbre mais tant discuté (c. v) dans lequel Clément deRome écrit: «Paul aussi a reçu le prix de la patience, ayant porté sept fois les chaînes, ayant été fugitif, lapidé, après avoir prêché la justice en Orient et en Occident, il a obtenu la noble renommée de sa foi. Aprèsavoir instruit le monde entier dans la justice et êtrearrivé au terme de l’Occident (rlpy.* xïjç S-Jtr£t «>c)et avoir rendu témoignage devant les chefs, il a étéretiré de ce monde et s’en est allé dans le saint lieu, étant devenu le plus grand modèle de constance.» Or, l’expression-tipua Trjç 8-j<te «; , chez les auteurs grecs(Strabon, II, i; Philostrate, Vilavpoll., , iv; Appien, Proœm., 3; Hispan., 1; Eusèbe, Vila Const., i, viii, 2-4), servit à désigner l’Espagne. On objecte sans doutequ’en prenant Jérusalem pour point de départ de l’apostolatde Paul, Clément peut, se permettre une hyperboleoratoire, placer Rome aux confins de l’Occident, afin d’achever sa comparaison et assimiler la marchede l’Apôtre à celle du soleil. L’Occident, pour lesLatins, commençait à la mer Adriatique et à la merIonienne. Appien, liell.civ., V, 64; Mommsen, iîes n’esta?Augusti, p. 118. De la sorte on pouvait dire, à la rigueur, que Paul avait prêché dans les deux mondes, même s’il n’avait pas dépassé l’Italie. Mais, en regardantde plus près, dans son contexte, la valeur dumotxépua, il est difficile de ne pas lui laisser son acception première.L’intention de l’auteur, en l’adoptant, paraît êtred’avoir voulu préciser la locution précédente «le mondeentier» et marquer ainsi que la tâche de Paul avait atteint, avanlson martyre, une limite qu’elle ne pouvaitdépasser. Le programme apostolique comportait d’ailleurs, comme l’indique l’Épître aux Romains, x, 18, complétée parxv, 24, 28, et II Cor., x, 16, l’évangélisationde l’Espagne, point terminus du monde connu. Onconçoit mal que Clément de Rome, qui avait su les projetsde l’Apôtre, eût osé dire que Paul avait instruit lemonde entier et touché le terme de l’Occident, si enréalité les événements s’étaient opposés à l’exécution dece dessein. Il faut songer que les lignes émanent d’untémoin oculaire et sont écrites trente ans aprèsla mort de saint Paul, et à des gens qui avaient connul’Apôtre et étaient au courant de sa vie et de ses travaux.Quelques auteurs, voir Zahn, Einleit., 3e édit., 1906, p. 449, insistent, en outre, pour établir uneseconde captivité romaine, sur les sept emprisonnementsmentionnés dans le même passage de la lettrede Clément, le 1 er à Philippes, le 2 «à Jérusalem, le 3e àCésarée, sous Félix, le 4e sous Feslus, le 5e en mer, le6e à Rome (l re captivité), le 7e de nouveau à Rome(seconde captivité). Mais il y a suffisamment de partiessolides dans la thèse exposée sans recourir à ces énumérationssubtiles et un peu arbitraires. Beaucoupmeilleur est l’appoint fourni par la phrase incorrecteet mutilée du Fragment de Muratori, ligne 37, que l’onpeut traduire: «Comme Luc le montre lui-même avecévidence en omettant la passion de Pierre et aussi ledépart de Paul pour l’Espagne.» L’auteur a voulu direpour expliquer, sans doute, la fin si brusque des Actes, que saint Luc n’avait voulu raconter que des faitsqui s’étaient passés en sa présence, raison inexacte, il est vrai, mais précieuse par la tradition dont elle sefait l’écho. On tenait donc pour certain à Rome, vers lafin du IIe siècle, le voyage de Paul en Espagne, ce qui

précise et corrobore le document de Clément Romain.Trente ans plus tard, les Actes de Pierre, écrits d’originegnostique, attestent que Paul est allé prêcher enEspagne, à la suite d’une vision. Pendant son absencede la Ville sainte, qui n’a duré qu’une année, Pierrevint de Jérusalem à Rome pour combattre Simon leMagicien et mourut avant le retour de l’Apôtre. LesActes de Xantippe et de Polyxène, Apocr. aned., édit.James, 4893, i, 58-85, si étroitement apparentés auxActes de Pierre, font également émigrer Paul de Romevers l’Espagne pendant quelques mois, comme pourdonnera Pierre le temps de venir d’Orientluttercontreson adversaire traditionnel, Simon de Samarie. Il n’estpas sûr qu’Origène, xiii, In Gen., t. xii, col. 233, aitparlé du voyage de Paul en Espagne, mais on en trouveune mention formelle dans saint Cyrille de Jérusalem, Cal., xvii, 26; xxviii, 9, t. xxxiii, col. 597; saint Épiphane, Hser., xxvii, 6, t. xli, col. 373, saint Éphrem, Expos, ev. concord., 286: Paulus ab urbe Jérusalemusque ad Hispaniam [prxdicavit]; saint Chrysostomequi avait lu de confiance les Actes de Paul, In Epist.Il adTim., Boni., x, 3, t. lxii, col. 659; etc.; Théodoret, In Phil., i, 25, t. lxiii, col. 568.

Toutes ces dépositions venues de points si divers nesauraient, du moins avec facilité, trouver leur raisonsuffisante dans l’exégèse du passage si connu, xv, 21, 28, de l’Épitre aux Romains, où l’Apôtre forme le projetd’aller en Espagne. Cela apparaîtra encore mieux sil’on observe qu’Eusèbe de Césarée, le premier auteurqui, dans l’antiquité, ait explicitement parlé des deuxcaptivités de saint Paul, ne dit rien et ne paraît riensavoir de ce voyage oulre-monts. Même silence chezEuthalius (vers 350), qui compte dix ans entre les deuxcaptivités. Il semble donc résulter des variantes mêmesde Ja tradition une donnée constante et apparemmentsolide, celle d’un intervalle plus ou moins long entreles deux captivités de l’Apôtre.

Peut-on, avec nombre d’auteurs, apporter à l’appuide cette conclusion la fin si brusque du livre des Actes?Il est à craindre que ce nouvel argument n’ajoute pasgrande lumière, soit que l’on suppose avec assez d’invraisemblance, il faut en convenir, que saint Luc aiteu l’idée de composer un troisième livre pour raconterlu suite de la vie de son héros (Ramsay, Saint Paul, p. 309; Spilta, Vie Apostelgeschickle, p. 318), soit qu’onplace la rédaction des.Actes avant la mort de saintPaul. On peut croire, en effet, que ce silence — il y ena bien d’autres dans ce livre et non moins étonnants

— vient, comme les précédents, du plan même de l’ouvragequi, tout en narrant les exploits apostoliques desApôtres, n’avait cependant pas l’intention de faire desbiographies, mais d’exposer la diffusion rapide de l’Évangileà travers le monde sous l’action divine de l’Esprit.S’il n’est pas fait mention de la mort de Paul, ce pouvaitêtre parce que cet événement ne servait en rienà la thèse posée et que chacun avait dans la mémoirela façon dont s’était terminée cette vie incomparable-Enrésumé, tout compte fait, entre les deux opinionsadverses sur les dernières années de l’Apôtre, on nepeut traiter de manifestement improbable celle qui, recueillantles divers échos du passé, croit y démêlerl’attestation d’une activité postérieure au premier emprisonnementet pouvants’adapter à la situation historiquedes Pastorales. L’hypothèse du voyage de saintPaul en Espagne n’y contredit pas: elle aide plutôt àétablir qu’on avait gardé à Rome le souvenir d’unepériode d’évangélisation entre les deux captivités.Quand même l’Apôtre aurait abandonné à Rome sondessein primitif de prêcher aux confins de la terre, réservant la fin de ses travaux aux Eglises d’Orient, ilresterait, de cette persistance à imaginer son action enEspagne, le fait qu’on ne pouvait terminer par uneseule captivité la fin d’une existence si active et limiter

à Rome ses derniers travaux apostoliques. Qu’on supposemaintenant, dans le même milieu, la certitudeabsolue de la façon dont Paul avait terminé sa vie, enl’expliquant par une exécution capitale, suite naturellede son procès devant César, on aura à chercher l’originecommune de ces traditions.

II. Hérésies. — Les erreurs signalées par l’auteur desPastorales ont exercé, dès le début, l’art divinatoire dela critique. Le terrain sur lequel se rejoignent toutesles conjectures imaginées dans ces derniers temps, c’est le fond de gnosticisme plus ou moins caractériséque l’on s’accorde à identifier avec ces rêveries fantastiques.Les divergences — et ceia influe naturellementsur la date et l’origine des Épîtres controversées —portent sur les diverses formes de gnosticisme auxquellesrépondent les indications que nous fournissentces mêmes Épitres. Baur, Paulus, p. 110, essaya deprouver qu’on y trouvait les doctrines gnostiques dusecond siècle, particulièrement celles de Marcion. Ilvoyait dans l’expression J/EuSwvûftoy yvcôusmc, I Tim., VI, 20, l’appellation quasi officielle des théories marcioniteset croyait découvrir jusque dans le terme àvT18£<j£iç, I Tim., vi, 20, le titre de l’ouvrage de Marcion sur lescontradictions entre l’Ancien et le Nouveau Testament.D’autre part, les [niOoi xa YsvEaXoyfai, I Tim., IV, 7, rappelaientles doctrines émana tistes de la gnose. Déjà saintIrénée, Adv. hser., Prsef., i, t. vii, col. 23; Tertullien, Presser., 7, 16, 33, t. ii, col. 19, 29, 46; Adv. Valent., 3, col. 545; De anima, 18, t. iii, col. 678, et saintÉpiphane, Hxres., xxxiii, 8, t. xli, col. 587, avaient pensé, en lisantces passages, soit à Marcion soit à Valentin; ils ytrouvaient longtemps écrite à l’avance, par l’Apôtre, lacondamnation de ces dangereux hérétiques. L’objectioncapitale qui se présente comme d’elle-même en face decette opinion, c’est le caractère judaïque de ces erreurs.Comment transformer Marcion et Valentin en scribeset en partisans de la Loi (vou.oS181<xxa).oi), des ennemisaussi déclarés.du mosaïsme? Plleiderer et Holtzmann, pour parer l’argument, disent que le faussaire, afin demieux couvrir sa pieuse fraude, aurait prêté à ses doctrinesune couleur de judaïsme, Paul ayant forcémentgardé quelque chose de sa lutte avec les judaïsanls, solutionbien subtile et fort au-dessus de la moyenne desauteurs d’ouvrages apocryphes. Le sentiment de Baurest néanmoins adopté, avec des variantes, par de Wette, Zeller, Volkmar, Scholten, Pfleiderer, Krenkel. AinsiHilgenfeld et Davidson quittent Marcion et Valentinpour Saturnin et pour les marcosiens; Lipsius etSchenkel ont songé aux Ophites; Mayerhoff. à Cérinthe; Michaëlis et Mangold, à des Esséniens christianisés; Wieseler, à des néopythagoriciens; Reuss et Néander, à des judaïsants influencés par le gnosticisme latentqui germait en Orient dès l’apparition du christianisme; Otto et Doehne, au judaïsme alexandrin, nourrides idées de Philon et échafaudant, sur tes généalogiesde la Genèse, des allégories spirituelles de toutessortes. Suivant Godet, qui reprend à son compte l’hypothèsed’anciens critiques comme Grotius, Herder, Baumgarten, on aurait, dans les Pastorales, un spécimenanticipé de cette philosophie juive Bi étrange etsi fantastique qui s’est développée si longtemps à côtéde la Loi et qui n’a été fixée par écrit que beaucoupplus tard, sous le nom de Cabbale. Un choix ferme, parmi tant de divergences, est chose bien difficile. Etcela, pour deux raisons capitales: la première, c’esque les origines du gnosticisme sont très obscures; laseconde, c’est que les erreurs désignées-là ne sont passuffisamment caractérisées pour qu’on puisse les identifieravec tel ou tel système d’hérésie nettement connu.i Ne pourrait-on pas dire, avec Renan, qu’<c au lieu derejeter l’authenticité des passages du Nouveau Testamentoù f’on a trouvé des traces de gnosticisme, il fautquelquefois raisonner à l’inverse et chercher dans ces

passages l’origine des idées gnostiques qui prévalurentau second siècle?» On sait, en effet, que le gnosticisme, qui a pris une si grande extension durant l’âgepostapostolique, ne peut être localisé dans un seulpays d’origine ni dans une époque déterminée. Sesracines se prolongent jusqu’à l’ère apostolique. Onobserve, d’autre part, que le danger qu’offraient lesfaux docteurs ici en cause était plutôt d’ordre moral(itovïjpoi avBptoTtoi, cf. II Tim., iv, 3; II, 25; iii, 2-7; I Tim., vi, 4) que d’ordre dogmatique. Aussi l’auteurdes susdites Épîtres ne se perd-il pas contre eux endiscussions théoriques. Il flagelle leurs vices et leursdérèglements. Aux membres de l’Église, il trace, pourles mettre en garde contre de tels exemples, une règlede conduite à l’opposé de ces lamentables excès. De là, ces conseils de tempérance, de modération, de justice, de chasteté, de modestie, de désintéressem*nt, d’honnêteté, qui constituent la partie marquante de ce groupede lettres.

Au point de vue de l’enseignement doctrinal, voiciles traits fondamentaux qu’on a pu recueillir. Lesfausses théories contre lesquelles l’auteur met en gardeses disciples et leur ordonne de combattre présententdiverses faces. D’abord elles sont essentiellement juivesd’origine et de tendance. Ceux qui les exposent sepaient du titre de vouoSiSâaxaXoi, I Tim., i, 7; ilsappartiennent au parti de la circoncision, Tit., i, 10; ils aiment les disputes de la casuistique d’école, [i.â-/aivou.ixaî, Tit., iii, 9, discutent sur les mythes juifs, ’IouSaïxol nûôoi, les traditions rabbiniques, èvroXaiàvOptûiTwv, Tit., i, 14; ce sont des ennemis déclarés desaint Paul; ils nient ou mettent en doute son apostolat.I Tim., i, 1, 20; ii, 7. Ce judéo-christianisme n’est pascelui que l’Apôtre a combattu dans ses grandes Épltres, c’est-à-dire le pharisaïsme légal; ce n’est pas non plusl’essénisme asiatique et mystique des Épîtres aux Colossienset aux Éphésiens; c’est une forme de judaïsmequi affecte une tournure puérile et fait penser auxfables et aux extravagantes histoires du Talmud. Cesont des contes de vieilles femmes, |j.û801 ^patiSs^, I Tim., iv, 7, des fables profanes péérjXot des généalogiesinterminables, YsveaXoyiat àirépavtoi, des disputesvides de sens, tiwpai ÇïjTï|<j-etç- ITim., ii, 23; Tit., iii, 9, des batailles de mots, XoYO|/.ax! ’a'- I Tim., vi, 4. Onpeut avoir un exemple de ce fatras de mythes et delégendes dans le livre d’Enoch, le livre des Jubilés etle traité d’Antiquités bibliques attribué à Philon. Hort, Judaïstic christianity, p. 130-146. L’histoire des patriarchesy est la base habituelle des contes les plusfantastiques. À ces vaines et creuses spéculations semêlait un ascétisme exagéré, imposant des abstinences, I Tim., iv, 1-4, établissant de rigoureuses distinctionsentre les choses pures et impures, condamnant lemariage, I Tim., i, 4, 6, 7; iv, 3, 4, 7; II Tim., iii, 1-9, et favorisant, par contre, une licence de mœurs révoltante.C’est de ce côté surtout que l’affinité serait plusapparente avec le gnosticisme. Cf. Clément d’Alex., Stron)., Hl, 3; t. viii, col. 1114; Tertullien, Adv.Marc, 1, 14, t. ii, col. 262; S.Irénée, fîœr., i, 28, t. vii, col. 690.Le but pratique de ces théories malsaines, c’est ungain sordide, Tit., i, 11, ala-/po-j xipSouc "/ «P’v, ’I Tim., VI, 5, voeuÇovtmv Tropurp-bv gtvai ttjv eùtréëeiav; c’estmême la débauche, pénétrant domos et captivasduc*nt mulierculas oneratas peccatis. II Tim., iii, 6.Bien que l’apparition de ces faux docteurs semble êtreréservée à un avenir plus ou moins éloigné, en cequ’elle est mise en rapport avec des prédictions relativesaux derniers temps, ï(s%cnai riu-spai, II Tim., iii, 1; êv ierrâpotç xaipoîç, I Tim., iv, 11, il n’est pas nécessairede croire ici à une pure prédiction, mais àune conjecture fondée sur l’état de choses actuel, quel’imminence de la Parousie ne peut qu’aggraver, puisquealors doivent paraître tant de faux prophètes.

Matth., xxii, 24. Il n’y a donc en résumé, dans l’analysedes erreurs qui viennent d’être examinées, aucun motifabsolu de chercher les personnes ou les tendancescombattues dans ces Épîtres à une grande distance del’époque apostolique proprement dite, et, en particulier, parmi les divers systèmes gnostiques du n «siècle.L’opinion qu’on se forme là-dessus résulte, d’ordinaire, de celle qu’on a déjà sur l’authenticité de ces Épîtres.Dans ce large syncrétisme d’idées juives, grecques, orientales, esséniennes, gnostiques qui faisaient lefond de ces doctrines étranges, il y a place pour tousles rapprochements, pour toutes les analogies, pourtoutes les suppositions.

III. Organisation ecclésiastique. — Les progrès qui, d’après les Epîtres pastorales, se sont accomplis parl’Église dans la discipline et la hiérarchie, fournissentaux adversaires de l’authenticité un de leurs plus spécieuxarguments. Ils commencent par faire observerque les idées de l’âge apostolique sur la proximité dela Parousie paraissent mal s’harmoniser avec des règlesdestinées à assurer l’avenir des Églises après la mortde Paul. Ces préoccupations, disent-ils, se comprennentmieux sur le seuil du second siècle, alors que les espérancessur la fin du monde et la grande apparitionmessianique s’éloignaient. L’Église dut alors songer às’organiser pour durer. On sentit le besoin d’institulionsstables et de lois proprement dites, condition essentiellede vie pour toute société humaine. Pour leurdonner plus de crédit on s’imagina qu’elles avaient étéétablies par les Apôtres. Toute une littérature s’employaà fortifier cette idée dans les esprits. On en retrouveles principaux fragments, remaniés et délayés dans lesConstitutions apostoliques, les canons des Apôtres, leslettres d’Ignace. Or, les Épitres pastorales ont avec cesdivers écrits une affinité tangible de fond et de forme.Il suffit, pour les saisir, de mettre sur une même page, les prescriptions des Pastorales et de la Didascalie desApôtres, relatives à la hiérarchie ecclésiastique. LesÉpltres à Tite et la première à Timothée auront étécomposées pour couvrir de l’autorité de Paul le mouvementvers la hiérarchie et l’épiscopat unitaire qui, sous la poussée des hérésies, devenait, pour l’Église, laseule garantie de vivre. Pour le prouver, on compareles mots et les idées de l’Apôtre touchant l’Église etses institutions hiérarchiques d’après les lipitres certaines, I Cor., xii-xiv; xvi, 16; Rom., xii, 8; IThess., v, 12, 13, et d’après les Pastorales, d’où il ressort unediversité de conceptions nettement tranchée. Cf. sur cepoint Holtzmann, Einleit., p. 290 sq. On fait, en outre, observer que ces écrits se rapprochent plutôt des lettresde saint Ignace, dont le thème invariable porte, commeles Épîtres à Tite et à Timothée, sur le choix des prêtreset des évêques.

La croyance à l’approche de la Parousie n’a pas empêchéles Apôtres de donner, dès le commencement, aux communautés nouvelles une organisation locale.Ainsi, dans leur première mission, Paul et Barnabe, au témoignage des Actes, xiv, 23 (grec), établirent, partout où ils avaient réussi à fonder un noyau decroyants, des collèges d’anciens ou d’épiscopes. Aucunesociété, même purement démocratique, ne sauraitd’ailleurs subsister sans une organisation et sans hiérarchie.Qu’il y ait eu, sur la lin de l’âge apostolique, une légère modification dans les formes et les conditionsd’exercice de ces autorités locales, nul ne songeà le mettre en doute. Dans les sociétés comma dansles individus, la tête suit les progrès des autres partiesdu corps. Avec l’expérience et le temps — celle de saintPaul atteint avec les Pastorales une durée de presquetrente ans — certaines mesures s’imposaient pour legouvernement des Églises. L’autorité personnelle dePaul sur les communautés de son ressort ne pouvaitplus s’exercer de la même manière, à la fin de sa vie

qu’au commencement de ses missions. À mesure quele nombre des Églises augmentait, il devait laisser auxautorités locales une plus grande part d’initiative etde responsabilité. L’éloignement, par le fait de sa captivitéà Rome, dut encore élargir les pouvoirs de cescollèges de prêtres ou épiscopes. Enfin quand l’Apôtre, à la veille de son martyre, eut à régler le sort de seschères Églises, il dut se préoccuper de la consolidationde son œuvre et, particulièrement, de la transmissionde son autorité apostolique à ses deux principaux disciples, I Tim., vi, 20; II Tim., i, 12, 14, et aux chefspréposés aux centres de croyants. Tout cela explique, dans une grande mesure, les nuances qu’on signale aupoint de vue hiérarchie et discipline ecclésiastique, entre les premières et les dernières Epitres de saintPaul. Que le progrès de la hiérarchie soit en raisoninverse de celui des charismes, cela n’a rien d’étonnantpour qui sait comprendre que ces dons spirituels ontdû, pour ne pas devenir un danger, se discipliner peu àpeu et céder le pas à l’autorité des pasteurs. À Gorinthe, Paul esquisse déjà ce mouvement. Les charismes sontpour lui un phénomène transitoire qu’il faut toujourssubordonner à l’utilité générale de l’Église. Il est à observerqu’à la période de diffusion de l’Évangile dansles principaux centres de l’Empire romain, a dû succéderune période d’organisation. Le personnel itinérant etmissionnaire, apôtres, prophètes, évangélistes, didascales, s’est fixé dans certaines Églises et y a occupé desfonctions hiérarchiques. On pourrait se faire une idéede cette transformation progressive dans ce qui se passeencore aujourd’hui, lorsqu’un vicariat apostolique, enpays de mission, se change en diocèse régulier et enacquiert les cadres et les organes essentiels. Dans lesPastorales, la hiérarchie n’a pas encore le développementqui se remarque dans les Constitutions apostoliques nimême dans la Didascalie des Apôtres, où l’on parle déjàdu lecteur et du sous-diacre. Les termes désignant lesprincipales fonctions ecclésiastiques, ’ETct’eraowoc, izpeoëûrspoc, ôiàxovo; , sont dans les Épitres antérieures desaint Paul avec le même sens et la même portée. Ceslettres précèdent donc l’époque où s’est formée la terminologiehiérarchique. Cf. Prat, La théologie de saintPaul, t. i, p. 488.

IV. Circonstances invraisemblables. — On relève, dans le contenu des Pastorales, une foule de détails quisemblent incompatibles soit par rapport à l’auteursupposé, soit par rapport aux personnages auxquelsil est censé avoir écrit ces diverses Épîtres. On signale, notamment, les inscriptions solennelles de ces Épitres, qui contrastent si fort avec celle de la lettre àPhilémon, quoique pourtant Paul ait été moins intime avecPhilémon qu’avec Tite et Timothée, on s’étonne desdéveloppements dans lesquels entre saint Paul touchantson apostolat, I Tim., i, n; ii, 7, comme si Timothéeavait besoin, pour croire à la mission de son maître, d’une attestation de ce genre. On se demande pourquoicette énumération de vertus, II Tim., iii, 10, 11, sousla plume de l’Apôtre, avec un ton de panégyriqueauquel on n’était pas habitué. Phil., iii, 12. Onn’est pas moins surpris de le voir si assuré du salutfinal, II Tim., IV, 8, alors qu’auparavant, I Cor., IV, 3, 4; ix, 27, il redoutait les jugements de Dieu; on nes’explique pas sa bienveillance pour les autoritésromaines, I Tim., ii, 2, qui n’a vraiment pas de senssi on l’applique aux dernières années de Néron. À remarqueraussi la citation empruntée au troisièmeÉvangile et prise sur le même pied d’autorité et decanonicité que les paroles mêmes du Deutéronome, -ITim., v, 18; Luc, x, 7; la doctrine sur le mariage, I Tim., 11, 15; iv, 3; v, 41, contraire aux principeshabituels de Paul en cette matière, I Cor., vii, 8; lemanque de salutations personnelles pour les Éphésiensparmi lesquels il comptait tant d’amis!

Le titre d’ «Apôtre» mis en tête des trois Épitres etrevendiqué quelques versets plus loin, ITim., ii, 7; II Tim., i, 11, sous la foi du serment, étonne sans doutequand on songe que Timothée était bien le dernier deshommes qui pût en douter, lui qui, depuis près dequinze ans, partageait les travaux de saint Paul. Seulement, on a peut-être tort de voir toujours une intentionapologétique dans l’emploi d’un mot qui, à force d’êtrerépété dans les lettres, était devenu comme inséparablede ses correspondances. II n’y a pas lieu non plusd’être choqué des soi-disant louanges que l’Apôtre estcensé se donner à lui-même. Ne lui était-il pas permisici, comme dans ses précédentes lettres, II Cor., vi, 416; Phil., iii, 17; iv, 8, 9, de rappeler ses lettres et sestravaux? Ne s’était-il pas déjà proposé ailleurs commeun modèle à suivre? I Cor., xi, 1. On connaît, au reste, le correctif d’humilité qu’il ajoute, d’ordinaire, à cegenre de déclarations. I Cor., xv, 10. La certitude où ilse trouve sur la fin de sa carrière, par rapport au salut, n’a rien qui doive surprendre. Cette confiance pouvaitlui venir, à la veille de sa mort, d’un coup d’œil gêné raiembrassant toute sa vie apostolique. L’historien n’aqu’à enregistrer l’aveu de Paul sans le révoquer endoute.

L’avis de prier pour ceux qui détiennent l’autoritésouveraine ne fait que confirmer l’attitude de l’Apôtreenvers le pouvoir civil, quel qu’il soit. Ses principes, à cet égard, ne dépendaient en aucune manière de laconduite des gouvernants. Il voyait en eux des dépositairesde l’autorité divine, Rom., xiii, 6; cela lui suffisaitpour établir des règles de respect, de gratitudeenvers eux. La vue des désordres et des cruautés quimarquèrent la fin du règne de Néron ne pouvait rienchangera cette manière de voir, pas plus que le souvenirdes folies sacrilèges de Caligula n’avait pas empêchéd’écrire le chap. xm de l’Épître aux Romains.La maxime que l’auteur de la I re Épltre à Timothée (v, 18) place à la suite d’une citation du Deutéronomen’est pas nécessairement tirée du troisième Évangile: elle pouvait faire partie de ces paroles de Jésus que latradition gardait avec un soin jaloux et qui allaient êtrebientôt fixées par écrit, si elles ne l’étaient déjà enbonne partie. Le même fait s’observe dans I Cor., IX, 14. Dans les deux cas, le mot ypatpr) ne s’applique qu’àl’Ancien Testament, nullement aux sentences parallèlesempruntées au Sauveur Jésus. On ne saurait sérieusem*ntopposer les enseignements de saint Paul sur lemariage, tels qu’ils se rencontrent dans les Pastorales, I Tim., ii, 15, avec la doctrine de I Cor., vu. Les circonstancessont, en effet, tout à fait différentes. Ici, oncompare le mariage et le célibat, là on oppose au désirfrivole d’enseigner qui tourmente certaines femmes lesgraves devoirs de la vie domestique qu’impose à chacuned’elles la nature de son sexe.

L’absence des salutations pour les principaux membresde l’Église d’Éphèse vient probablement du caractèreintime et privé de la lettre tout entière, qui ne devaitpas être lue en public. Si l’Epître à Tite, au contraire, se termine par une salutation aux Églises deCrète, c’est parce que les directions apostoliquesqu’elle renfermait visaient plutôt la conduite des membresde la communauté que celle de Tite lui-même.

V. Divergences doctrinales. — Les idées théologiquesdes Pastorales représentent, d’après la majoritédes critiques, un système doctrinal très différent decelui des autres Épitres pauliniennes. Cela est particulièrementsensible dans les points de dogme qui sontcommuns à ces deux sortes d’écrits, ce qui témoignequ’ils ne peuvent être sortis d’une seule et mêmeplume. Ainsi la «foi» qui, dans les précédentes lettresde Paul, désignait presque toujours un sentiment subjjectif, prend désormais le sens objectif, c’est-à-dire cequ’il faut croire. Ce n’est plus la foi qui croit, mais celle

qui est crue: c’est la foi de l’Église, condensée sousforme d’enseignement réglé, imposé par l’autorité hiérarchique.Aussi s’appelle-t-elle indiféremment iifo-riç, àXï|8eia, ê18aaxaXt<x, XôfOi tîjç ihVtewç, nnaafir i Y.r„ ûytaîvouffa618a<TxocXta, i xoiv7j t «<ttiç; de là, encore les composéssuivants: èv-kIgtei Çrjv, etvo», ctt^xeev, expressionsqui impliquent toutes, d’une façon plus ou moins directe, une règle de foi, un centre catholique, uneorthodoxie en exercice. On remarque, en outre, qu’unepart plus considérable est faite, dans la vie chrétienne, aux bonnes œuvres. Au mot «justice» se substitue, presque partout, celui de «piété» qui englobe l’exercicede toutes les vertus. L’idéal du chrétien est la8so<7£ëeia Si’ïpytav àya8wv, synonymisantavecl’eûiréëeia.Ce genre de préoccupation, succédant aux thèses de lajustification par la foi, ne peut appartenir qu’à uneépoque où l’Église était déjà une société complète, toutabsorbée par son gouvernement intérieur, sa discipline, sa vie morale, ce qui n’est pas le fait de la premièregénération chrétienne, mais plutôt celle de la secondeet de la troisième. D’autre part, les espérances relativesà la Parousie, si vives dans l’âme de Paul, fontplace à une résignation tranquille qui confine presqueà l’indifférence. Comparer, par exemple, I Tim., vi, 14, avec Act., i, 7; II Petr., ii, 12. L’auteur semble ajournerindéfiniment ce qui a été le mobile central de toutesa vie apostolique. On dirait qu’il ne partage plusl’espoir immense qui a été si vif durant la première générationchrétienne. Ses préoccupations vont maintenantvers l’organisation d’une société qui doit vivre.Il n’est pas seul à renoncer à l’avènement prochain duroyaume de Dieu. Autour de lui, il y a des esprits quirelèguent dans le domaine de la métaphore l’annoncede la Parousie et des phénomènes connexes qu’on yattachait. II Tim.. ii, 18. Autre symptôme. La théodicéechrétienne commence, dans ces écrits, à faire des empruntsà la philosophie grecque. Elle exalte, en Dieu, son unité, I Tim., i, 17; ii, 5; vi, 15, son invisibilité, i, 17; vi, 16, sa vie, iii, 15; iv, 10, sa puissance, i, 17; vi, 15, sa véracité, Tite, i, 2; II Tim., ii, 13, son immortalité, ITim., i, 17; vi, 16, sa félicité, vi, 15. Ce progrèsphilosophique ne peut évidemment dater des dernièresannées de Paul. Il est également difficile de concevoirqu’une plume chrétienne ait pu, avant l’an 70, traiterle judaïsme, avec ses prescriptions légales, de fable etd’invention humaine. Tit., i. 10. En tout cas, Paul n’ajamais rien dit de pareil, même au plus fort de la lutteavec les judaïsants.

A ces diverses difficultés on peut répondre, en les reprenantpar ordre, que l’emploi prépondérant et presqueexclusif du mot foi, au sens objectif, n’est pas absolumentinconnu aux autres écrits de saint Paul; il setrouvé ici, il est vrai, dans la proportion de 9 à 3, maison comprend cette inégalité quand on songe qu’un desbuts principaux des ÉpHres à Timothée et à Tite est detracer à ces pasteurs modèles les devoirs de leur charge, au premier rang desquels se place, tout naturellement, le soin de veiller à la pureté de l’Évangile. Il n’est doncpas nécessaire, pour justifier le point de vue où se placel’auteur et les expressions dont il se sert, de songer àune autre forme de doctrine qu’à ce type d’enseignement(tôwoç ffn Siôax’lCt Rom., vi, 17), que l’Apôtre, en l’an 58, félicitait les Romains d’avoir pour règle deleur nouvelle croyance. L’insistance avec laquelleces dernières Épîtres reviennent si souvent sur la «saine doctrine», provient des erreurs nombreuses qui, à ce moment, faisaient invasion dans l’Église, même duvivant des Apôtres. S’il est souvent question des bonnesœuvres, I Tim., ii, 10; v, 10; vi, 18; Tite, i, 16; ii, 7, 14; iii, 1, 5, 8, 14, c’est qu’on ne saurait jamais assezexiger de ceux qu’on veut mettre à la tête des Églises, qu’ils prouvent, par leur conduite, qu’ils sont dignes decet honneur, afin que leur exemple exerce une salutaire influence sur les fidèles dont ils ont la charge. Lemot «piété» résume heureusem*nt la somme des devoirsde celui qui est, par état, «l’homme de Dieu».I Tim., vi, 11; II Tim., iii, 17. Tout en partageant avecses contemporains l’espoir d’un prochain retour duChrist, saint Paul a parfois entrevu la possibilité demourir avant la grande apparition finale. Dans sa secondecaptivité cette possibilité devenait certitude, presque un fait réalisé. Il était alors très naturel, pourl’Apôtre, de pourvoir à l’avenir des Églises en donnant àses disciples des règles de conduite pour conserver lefruit de ses travaux. — Les erreurs d’Hyménée et dePhilète ne reflètent pas l’opinion commune du milieuoù vit l’auteur des Pastorales: d’ailleurs, le dogme de larésurrection avait trouvé de bonne heure, parmi lesGrecs, d’ardents contradicteurs. I Cor., xv, 12. — Aucundes attributs donnés à Dieu, par ces trois lettres, nedépasse le monothéisme de l’Ancien Testament. Il sepeut, toutefois, que la forme quasi technique sous laquelleils se présentent se ressente quelque peu ducontact avec les esprits grecs, mais on sait que l’Apôtrea commencé lui-même ce travail d’adaptation qui, end’autres mains, ira en se perfectionnant. — Le judaïsmecontre lequel s’élèvent les Pastorales n’est pasle judaïsme palestinien des premières Épitres, mais cemélange de vieilles théogonies de cabbale, de pratiquesthéurgiques dont sortirent plus tard les diverses formesdu gnosticisme. Aucune épithète ne pouvait assez énergiquementflétrir cesélucubrations malsaines, si dangereuses, dont le foyer paraît avoir été en Asie Mineure.VI. Style. — La langue des Pastorales est sensiblementdifférente de celle des Épttres précédentes.D’abord, au point de vue du vocabulaire. D’après lescalculs de Holtzmann, on compte, sur les 897 mots deces trois lettres, une moyenne de 171 âitaÇ ^eyôp-eva, dont 74 dans la I ie à Timothée, 46 dans la seconde, 28dans l’Épître à Tite. Certains verbes fournissent demultiples dérivés inconnus à la plume de Paul, telsque (TMçppoviU qui donne au>ippovtai.6f, <jo>çpc5va>5, aâxppwv; StSiuxsiv avec tous ses composés, StSâcrxaXoç, SiSseirxaXi’a, StSayrj, SiSaxTey.o; , vo|j.o8: 8dc<rxaXo; , xâXo81SâoxocXoç, ârspoSiSaaxor.Xeîv; oîxeïv et les mots qui enviennent, olxoç, oixia, otxaioç, oïxovop.ta, oixoSeffuoTetv, o’t ovôp.o «et olxoupY<5; . On pourrait y joindre les mots formésavec fiâpmp, <pfXoç avec des procédés de dérivationinusités chez Paul. Demême, deslocutionsentièresoudesassociations d’images en dehors de ses habitudes littéraires: s-ja-sêtài; Ç7JV, II Tim., iii, 12; Tit., ii, 22; Siwxsivêixaioerjvïiv, I Tim., VI, 12; II Tim., Il, 22; çuXiaæivxtjv TCapa6v; xrjv, I Tim., VI, 20; II Tim., i, 12, 14; itapaxo-Xouôeîvtîj SiSa<jxaXfat, ITim., IV, 6; II Tim., iii, 10; tôvxaXôv àyâia àfwvi^eofiat, I Tim., VI, 12; II Tim., IV, 7; puis la phraséologie spéciale contre les faux docteurset leurs doctrines, gé8/)Xoi pûSot, I Tim., iv, 7; (Sêgï]Xoixevoçwvi’cu, I Tim., VI, 20; II Tim., Il, 16; ( «opai Kwr<rei; , II Tim., 11, 23; Tit., iii, 9; Çr^iec; xoc XoTona/cai, ITim., VI, 4; Àoyo^a/siv, II Tim., Il, 14; (jaTaioXoyia, I Tim., i, 6; u.aTaioXoYoç, I Tit., i, 10; en oppositionavec Xoyoç Oyir,?, Tit., ii, 8; ùfiahoycEi Xôyot, I Tim., vi, 3; II Tim., i, 13; ûytalveiv t^ iziarsi, Tit., i, 13; -fl vifiaîvouOTt 818a<xxaXîa, I Tim., i, 10; II Tim., iv, 3; Tit., 1, 9; ii, 1; des expressions comme av8pMi: oi xiteç-Ôotppiévot, II Tim., iii, 8; 8tecp6ap|Aévot, I Tim., vi, 5; xXav(ip.£voi, II Tim., iii, 13; Tit., iii, 3; ôtv6p<oiîo; ©soû, ITim., VI, 11; II Tim., iii, 17; icoyic toû ôiaêdXou, I Tim., Hl, 7; II Tim., II, 26; xittôç 6 Xôyo; , I Tim., i, 15, iii, l, iv, 9; II Tim., ii, 11; Tit., iii, 8; des motsplus ou moins grecs tels que à<ff)a.pafa, èitejiven, alûvE(, eyaiSeia, awypofrjvT); ou au contraire, du plus purhéllénisme, ypxûôric, <TU|jiarixr| yj(i.va<r: a, yutivâîTEiv, àvx^uTtupeiv, e’.XavSpojfti’a, mais peu ou point d’hébraïsmes; à peine une citation de l’Ancien Testament, I Tim., v, 18, 19 On note pareillement l’absence de

presque tous les mots favoris de l’Apôtre: aStxo; , àxï9aa<rta, ày.poêuTTÏa, i%oiTçtaiai<: , yvtupiZeiv, SiaôrjxYj, Sixacoojvv], ô'.naiwij.a, Soxsïv, Iv.oktto; , eSUffriv, spY a vô|iou, xàyti, xaTepYâÇEaôai, xpsîouMV, (asiÇcuv, picxpô; , [itopîa, o[j.oioOv, 6510tto(ia, ôuocioç, opxv, o’jpavoç, TrapàSoticç, îcapa).a[iêâvetv, îtEtôeiv, rceiTOtôévac, 7re7toi'9r É (riç, 7CEp17raTeiv, olnoXXot, o7cXâYxva, TOMretvô; , 'jio6c<y! a, uîô; toô 0eo3, <pù<nç, xapfÇeaOoet, xP’I’tocLa syntaxe des Pastorales s'éloignefort de celle des écrits pauliniens. Le style y est lâche, terne, prolixe, sans vigueur et sans vie. Plus de penséesbrillantes ni de vigoureuses antithèses. Aucun développement dialectique. On dirait que l’on a évité systématiquement tout ce qui caractérise la manière littéraire de l’Apôtre.

Cette diversité de style est indéniable et beaucoup plustranchée qu’ailleurs. Mais doit-on en conclure rigoureusem*nt à une diversité d’auteur? Le problème estdélicat, sans pour cela rester insoluble. N’y a-til pas àfaire valoir les circonstances toutes particulières danslesquelles ces trois lettres ont été composées? D’abordla similitude de langue qu’on remarque entre elless’explique par cela qu’elles ont été écrites pour un butà peu près identique et dans un laps de temps très court.Si, au contraire, elles diffèrent notablement, sur cepoint, de celle des autres Épltres, c’est que, par leurobjet, elles s'écartent d’un façon notable du thèmeordinaire qu’on y traite. Saint Paul n’avait pas à entamer ici des controverses dogmatiques sur la justification avec ses deux disciples préférés ou à revenir sursa lutte avec les judaïsants des premières missions. Deplus, ses lettres étaient adressées généralement à descommunautés et s’adaptaient à des situations d’ensemble, à des nécessités d’ordre général; dans le cas présent, il s’agit de lettres privées et de conseils paternels.La lettre à Philémon n’est-elle pas d’une facture toutautre que celle des Épltres aux Colossiens et aux Éphésiens, encore qu’elle ait été écrite à la même époque etportée par le même courrier? Les hapax legomena nesontpas un critérium infaillible pour solutionner la question d’auteur. «Quand on songe, dit Reuss, combienpeu de pages nous avons de l’apôtre Paul, sur combiend’années elles se répartissent, combien de sujets différents il y traite et combien il fait preuve de liberté, d’adresse, de génie même, dans le maniement d’unelangue très riche par elle-même, et qu’il s’agissaitmaintenant de façonner pour le service d’un cercled’idées toutes nouvelles, on serait en droit de s'étonners’il y avait là une monotone uniformité et si son vocabulaire était moins riche. Si ce premier argument(celui des hapax) devait être considéré comme démontrant la diversité des auteurs, il n’y aurait pas deux detoutes ces Épîtres qui ne dussent finir par être attribuées à des plumes différentes.» Les locutions nouvelles peuvent être une conséquence du changementqui s'était opéré dans la vie de l’Apôtre et dans l'Égliseelle-même. Certains latinismes: x*P tv ïz ctv > gratiamhabere; 81' îjv aîti’av, quam ob rem; xaxoûp-foç, maleficus; itpôxptjia, preejudicium, étaient d’usage courantet pouvaient résulter d’un long séjour à Rome. Le manquede discussion dialectique vient de ce que l’Apôtre neveut que signaler à ses disciples les erreurs à évitersans entrer avec elles en discussion. Tite et Timothéen’avaient pas besoin, pour être persuadés, de cegenre de démonstration. La dépression générale qui semanifeste dans le style et les idées de l'écrivain estpeut-être un effet de l'âge. Paul était alors plus quesexagénaire. Quoi qu’il en soit, ces pages refroidies, dernier reste «d’une voix qui tombe et d’une ardeurqui s'éteint,» laissent encore loin derrière elles leslongues amplifications de Clément de Rome et les pagesplus ou moins colorées des écrivains postapostoliques.

VII. Classem*nt. — Certains critiques, tels que vonSoden, Handc, p. 159; Moffatt, Histor. N. T., p. 560;

MacGiffert, Apost. âge, p. 413, d’ailleurs hostiles à l’authenticité des Pastorales, ont interverti l’ordre traditionnel suivant lequel on les trouve rangées dans laBible. D’après eux, notre seconde Épître à Timothéeserait, en réalité, la première en date, puis viendraitl'Épître à Tite et enfin la première Épitre à Timothée.Les preuves sur lesquelles ils s’appuient sont les suivantes: l’auteur, dans la II" à Timothée, insiste moinssur les faux docteurs que dans les deux autres lettres: leurs doctrines paraissent aussi moins bien caractérisées et ne préoccupent pas si vivement l’Apôtre que dansla I re à Timothée. D’autre part, l’organisation ecclésiastique, qui se laisse à peine deviner dans la IIe àTimothée, fait en grande partie le thème des deux autresÉpltres pastorales, signe évident que celles-ci sont d’unedate postérieure. Aureste, le rapprochement de II Tim., IV, 9-22, avec les finales des Épltres aux Colossiens età Philémon prouve qu'à peu d’exceptions près, c’est lemême entourage qui se trouve autour de l’Apôtre, cequi fait penser à la première captivité, celle dontparlent les Actes. Enfin, la preuve décisive sembledonnée par le fait de deux personnages, l’un nomméHyménée, l’autre Philète qui, d’après II Tim., ii, 17, continuent à troubler l'Église, alors que dans I Tim., i, 20, on les donne déjà comme excommuniés. — On répondà ces difficultés que les avis sur la conduite à tenirà l'égard des hérétiques devaient, au contraire, êtreplus longuement développés et plus minutieusem*ntcirconstanciés dans une lettre écrite à Timothée, àÉphèse, où il demeure pour gérer, pendant quelquetemps, la place de son maître. Là surtout, au centremême de l’erreur, il importait d’avoir des règles fermeset très explicites pour préserver la communauté chrétienne des fausses doctrines qui menaçaient de l’envahir.Act., xx, 29. Les mêmes explications n'étaient plusnécessaires dans une lettre — c’est le cas de notreIIe à Timothée — où saint Paul ordonnait à son disciplede quitter Éphèse pour se rendre à Rome auprès delui, II Tim., iv, 21. Quant aux longs développements dela I re à Timothée et de l'Épître à Tite, relativement àla hiérarchie et à la discipline ecclésiastique, la raisonen est dans le but, les circonstances de ces deux Épîtres.Toutes deux, en effet, visent des situations analogues.La I re à Timothée avait en vue le gouvernement del'Église d'Éphèse; l’Epître à Tite, l’organisation descommunautés de Crète. Cela ne pouvait se faire, on lecomprend, sans qu’il soit question des divers degrésde la hiérarchie ecclésiastique. Tout autre est l’idéeprincipale de la IIe à Timothée, qui est un messagede rappel et un testament. Rien d'étonnant non plus àce que ce soit à peu près le même personnel d’amisqu'à la fin de la première captivité romaine qui entourel’Apôtre lors de son second emprisonnement. Les deuxévénements ne sont d’ailleurs séparés que par unintervalle de deux à trois années à peine. Il n’y a doncrien de péremptoire dans l’argument qu’on prétendtirer des deux Éphésiens, Hyménée et Philète. Mêmeaprès leur bannissem*nt de l'Église, ils pouvaient continuer à exciter des troubles et devenir un danger parleurs doctrines perverses et leur prosélytisme. Laseconde à Timothée signale l’habileté avec laquelle leserreurs de ces deux hérétiques se glissaient parmi lesfidèles, ce qui n’implique pas qu’ils lissent encore partiede l'Église. Au total, la seconde Épître à Timothée renferme quantité de détails qui ne permettent pas de lareporter à l'époque de la première captivité. Commentexpliquer, par exemple, le manteau et les livres laissésà Troade, la maladie de Trophime laissé à Milet, levoyage dans l’Archipel? Toutes ces circonstances necadrent pas avec le récit des Actes rapportant, escalepar escale, et presque jour par jour, la traversée dePaul prisonnier. Ainsi, pour se borner à un seul faitcomment l’Apôtre peut-il dire qu’il vient de laisser

Trophime à Milet, s’il s’agit du voyage de la troisièmemission, quand on voit plus loin, dans les Actes, xxi, 29, que Trophime accompagne Paul à Jérusalem? Onne voit pas non plus, si Paul n’est pas repassé à Troadedepuis l’an 58, pourquoi il redemande des livres et unmanteau laissés depuis près de huit ans chez Carpus.Est-il explicable que, parmi tant de messagers venusd’Asie Mineure ou de Macédoine, aucun n’ait eu l’occasionde les lui rapporter?

VIII. Situation historique. — D’après le contenu dela lettre, Paul, allant en Macédoine, vient de passerquelque temps à Éphèse, en compagnie de Timothée, qu’il laisse à la tête de la communauté, avec missionde s’opposer aux diverses erreurs qui commencent às’y glisser, i, 3. À peu d’intervalle de là, lui arrivent, de la métropole d’Asie, des nouvelles très fâcheuses.Timothée, avec son naturel timide, iv, 12, et un état desanté des plus précaires, rencontrait, dans l’exercice desa charge, toutes sortes de difficultés. Paul lui écritalors, pour le guider et le soutenir au milieu del’épreuve, cette première lettre où il lui rappelle lesdirections qu’il lui a précédemment données. L’idéecentrale de ces quelques pages est tout entière dans leꝟ. 15 du chap. m: l’va EtSvjç ir<5; Stï èv oîxo> ©eoO àvxsTpé<pss6ai.

IX. Temps et lieu de la rédaction. — L’opinionsur ces deux points dépend, en grande partie, decelle que l’on adopte par rapport à l’authenticité del’Épître elle-même. Or, d’après ce qui a été établi plushaut, il faut placer cette première lettre vers l’année64 ou 65, c’est-à-dire dans la période d’activité apostoliquequi sépare les deux captivités de l’Apôtre. On peutdonc conjecturer qu’elle a été écrite en Macédoine, pendant la tournée pastorale qu’y fit Paul au sortir deson premier emprisonnement, 1, 3.

X. Intégrité. — Aucun soupçon ne s’est jamaisélevé autrefois à cet égard. Les doutes ne commencentqu’avec la mise en cause de l’authenticité. Ceux quicherchent à trouver dans ces lettres des billets authentiquesadressés par saint Paul à Timothée distinguent, d’une façon plus ou moins arbitraire, les parties dues àla plume de l’Apôtre et celles qui ont été ajoutées, beaucoup plus tard, par une main étrangère. Le travaille plus original et le plus complet, à ce point de vue, est celui de Knoke, Comm. in den Past., 1889, quicroit avoir retrouvé des éléments primitifs de cettepremière lettre dans trois lettres antérieures, dont deuxde Paul à Timothée et la troisième due à un auteurinconnu du IIe siècle, qui aurait fondu ensemble cestrois écrits, dans le but de mettre sous le patronagevénéré d’un Apôtre bien connu les institutions ecclésiastiquesqui commençaient à fleurir dans les communautéschrétiennes de l’Asie. Harnack, Chron., p. 482, 484, pense que iii, 1-13; v, 17-20, sont des fragmentsqui ne peuvent être antérieurs à l’an 138. Ce ne sontque des affirmations sans preuves.

XI. Analyse du contenu. — r. prologue, i, 1-2. —L’en-tête de cette lettre’est simple, bref et sans phrase, comme on pouvait l’attendre d’un maître écrivant à undisciple et à un collaborateur de tous les instants. Letitre d’Apôtre se trouve associé au nom de Paul nondans un but apologétique, mais uniquement pourrappeler à Timothée à quel titre il doit recevoir cetensemble de règles et de mesures administratives, surtout de quelle source dérive l’autorité qu’il lui adéléguée. Le Christ est appelé «notre espérance» pourécarter sans doute les fausses perspectives de ceux qui, amusant les fidèles avec des rêveries extravagantes, leur faisaient perdre de vue les grandes vérités duchristianisme.

il. corps se l’épure, i, 3- vi, 19. — Sans prétendreenfermer les idées de la lettre dans un cadre trop rigide, il semble qu’on peut cependant y distinguer deux

parties principales qui s’appellent et se répondent.Dans l’une, il est surtout question de ce que Timothéedoit faire sur-le-champ, à Éphèse, au nom de l’Apôtreet comme son délégué; dans l’autre sont indiqués lesdevoirs habituels du même Timothée comme pasteurd’âmes.

A) 1° partie. — Le mandat confié à Timothée, i, 3m, 16. — 1° S’opposer aux fausses doctrines, i, 3-20.

— Les ordres à exécuter, de la part de saint Paul, ontété dictés par la situation grave où se trouvait l’Églised’Éphèse au moment où l’Apôtre se rendait en Macédoine.Les sombres pressentiments dont il avait faitpart aux anciens, dans son discours de Milet, Act., xv, 29-30, ne s’étaient que trop réalisés. Des doctrinesétranges circulaient dans la communauté. Il était detoute nécessité de s’opposer à leur diffusion. Timothéereçut donc comme première tâche de dénoncer le périlde ces nouveautés malsaines, dont le danger est ici, avant tout, d’ordre moral. Le reproche à leur faireest de volatiliser en chimères puériles la vertu sanctifiantede l’Évangile. En effet, elles s’éloignent de l’enseignementreçu dans l’Église (éTe ?o818aoxa), E! v), seperdent en mythes et en généalogies interminables, peut-être au sujet de certains personnages ou de certainsfaits de l’histoire sacrée; ce sont des légendesrabbiniques, dans le genre de celles du Talmud; ellesprovoquent des discussions stériles (ÇriTTi<reiç), détournentla doctrine évangélique de son vrai but, qui est depromouvoir l’œuvre de Dieu, exaltent à tort et à traversla Loi ancienne, obscurcissent l’éclat de l’Évangile.Aussi l’Apôtre enjoint-il à son disciple, au nom même dela consécration solennelle qui l’a voué au saintministère, de combattre ces erreurs pernicieuses et depoursuivre l’œuvre de préservation qu’il a lui-mêmeinaugurée en rejetant de l’Église les deux principauxfauteurs de ces doctrines, Hyménée et Alexandre.

2° Veiller à la célébration du culte, ii, 1-15. — Dela doctrine l’Apôtre passe à la réglementation du servicereligieux. Là encore il y avait à reprendre et à corriger.Une première recommandation semble s’inspirer descirconstances politiques du moment. Si l’on prescrit deprier pour les autorités romaines, c’est qu’on a pourcela, quelque part, des répugnances spéciales. On està la veille de la guerre de Judée et au lendemain desmassacres de Néron. Paul base son conseil sur lesprincipes de son universalisme: l’unité de Dieu etl’unité du Sauveur. Si Dieu veut le salut de tous leshommes, des bons comme des méchants, des justescomme des pécheurs, nous n’avons pas à nous montrerplus sévères que lui. Il est prescrit aux hommesde n’élever vers le ciel que des mains pures, exemptesde souillure morale, ef de ne s’approcher de Dieu qu’avecdes sentiments pacifiques, allusion discrète à desquerelles intestines dans l’Église d’Éphèse. Aux femmessont données des prescriptions qui rappellent, surquelques points, celles qui avaient été adressées auxCorinthiens, I Cor., xi, 3-15, relativement à la tenueextérieure dans les assemblées liturgiques.

3° S’appliquer à bien choisir le personnel ecclésiastique, m, 1-13. — À cet effet, l’Apôtre trace la listed’irrégularités qui doit servir d’indication à Timothéepour écarter les indignes des fonctions saintes. Lesrègles qu’il donne visent d’abord l’évêque (m, 1-7) qui, en raison de la grandeur de sa charge, doit être, pourtous, un modèle de perfection. Il doit avoir non seulementles qualités d’un pasteur d’âmes, mais aussi cellesd’un intendant temporel. Celui qui brigue une si bellefonction doit être irrépréhensible tant aux yeux desfidèles qu’à ceux du dehors, n’avoir été marié qu’uneseule fois, être sobre, chaste, aimable, hospitalier, capable d’enseigner. Il ne doit pas être violent mais, au contraire, se montrer doux, pacifique, désintéressé, exempt d’avarice. Sa famille doit être grave comme lui;

ses fils, soumis, respectueux, à l’abri de tout soupçon.Pas d’évêques néophytes, mais des hommes éprouvésdepuis longtemps. L’Apôtre ne se montre pas moinssévère pour l’élection des diacres. On n’est admis àcette fonction délicate qu’après une sérieuse épreuve.Le passé du candidat doit être irréprochable. Aveccela, une grande dignité de vie; pas de duplicité dansses rapports avec les membres de l’Église, une tempéranceexemplaire, une conscience scrupuleuse enaffaires, la haine de l’erreur et du mal. Des veuvesdiaconesses on exigera une vie honnête, de la réservedans les conversations, de la sobriété’et de la fidélitéà s’acquitter de leur ministère.

B) Seconde partie. — Les devoirs professionnels deTimolhée comme serviteur de l’Église, iii, 14-vi, 19.

— La pensée qui domine cette nouvelle série de conseilsest toujours le danger des faux docteurs. On peutles classer ainsi:

1° Devoirs envers la vérité, iii, 15-iv, 16. — Lemorceau débute par une sorte de vision phrophétiquesur l’avenir de l’Église d’Éphèse. L’Apôtre voit, dansce qui arrive en Asie, l’image de ce qui se reproduiraplus tard, un peu partout, quand il aura disparu: d’uncôté, l’Église de Dieu, dépositaire officielle de la vérité, faisant briller aux yeux de tous le trésor dont elle a lagarde; de l’autre, les efforts des prophètes de mensonge, qui essaient de renverser la colonne brillanted’où rayonnent les bienfaisantes clartés de l’Évangile.En face d’une pareille situation, le devoir du pasteurd’âmes est tout tracé. Il doit garantir le troupeau dela contagion, lutter par tous les moyens contre l’erreur, faire resplendir, par l’enseignement de la parole et del’exemple, la vérité qui lui a été confiée. Les obligationspastorales sont, pour ainsi dire, contenues dans lanotion de l’Église. L’Apôtre les résume en deux points: la parole et l’exemple. Par le premier moyen, Timothéeinculquera aux fidèles les vrais enseignements de lafoi. Il ne prêtera pas l’oreille aux inepties doctrinaleset aux pratiques ridicules des faux docteurs. Il utiliserason temps d’une façon beaucoup plus profitable, en selivrant à la piété. Puis, pour fortifier dans les cœursl’effet de sa parole, Timothée s’efforcera d’inspirer àtous, même aux plus anciens, le respect dû à sa dignité, suppléant au défaut de l’âge par la gravité d’une vie oùtout deviendra exemple: paroles, conduite, charité, foi, intégrité morale. En même temps, il vaquera, jusqu’au retour de Paul, aux fonctions normales duministère: lectures publiques, exhortations, didascalie.Pour remplir avec succès ces divers offices, le disciplen’a qu’à mettre en exercice le charisme qui est en lui etqui lui a été communiqué, à la voix des prophètes, lorsque les anciens de Lystres lui imposèrent les mains.

2° Devoirs envers les différents membres de l’Église.v-vi, 3. — Dans l’art de gouverner, il faut savoirs’adapter aux diverses catégories de personnes qu’ona sous ses ordres. De là, les avis données à Timothéequant à ses relations: — a) Avec les hommes, v, 1.Ménager les vieillards, surtout s’il faut les réprimander: exhorter plutôt que reprendre. S’il s’agit des jeunesgens, les traiter comme des frères. — b) Avec lesfemmes, v, 2. Se comporter envers elles, si ellessont avancées en âge, comme avec une mère, et, si ellessont jeunes, comme avec des sœurs, en toute pureté. —c) Avec les veuves. 3-15. L’auteur distingue, danscette classe, deux catégories: la vraie veuve, celle quin’a ni enfants, ni parents pour la recueillir, qui meten Dieu son espoir et passe sa vie en veilles saintes, en prières continuelles. À celle-là est due naturellementune part des aumônes recueillies par l’Église. Timothéeveillera à ce que la communauté acquitte avecfidélité cette dette d’honneur. Il ne permettra pas, aucontraire, qu’on laisseà la charge de l’Église les veuvesqui ont encore des parents. Quant à la veuve consolée

qui vit dans les plaisirs, c’est la seconde sorte deveuves. L’Église n’a aucun devoir envers elle, d’ailleurselle est morte au point de vue spirituel.

A partir du ꝟ. 9, l’Apôtre passe à un autre ordred’idées. Des veuves assistées il en vient aux veuveschargées dans l’Église d’un ministère de charité. Ilexige que la veuve élue à cette fonction n’ait pas moinsde soixante ans, qu’elle n’ait été qu’une fois mariée etqu’elle soit recommandable par ses bonnes œuvres, par la manière dont elle a élevé ses enfants, par lezèle qu’elle a mis à exercer l’hospitalité, à laver lespieds des saints, à soulager les affligés, à faire le biensous toutes ses formes. Les jeunes veuves doivent êtreécartées de ces fonctions; car, au bout de quelque tempsdonné au Christ, leur nouvel époux, elles sont exposéesà lui être infidèles et à ne plus penser qu’à se remarier.

d) Avec les presbytres. v, 17-22. — Faire en sorte quel’Église sache reconnaître par de larges offrandes lesbons services de ses chefs, surtout lorsqu’ils joignentà leurs fonctions administratives le travail de la paroleet de l’enseignement. Si quelqu’un de ces presbytres vientà être soupçonné ou convaincu de quelque grave délit, la première règle sera de ne pas prêter trop facilementl’oreille aux dénonciations. C’est pour eux surtoutqu’il faut impliquer les principes de procédure indiquéspar le Deutéronome, xiv, 15. Timothée ne devradonc recevoir l’accusation que si elle s’appuie sur deuxou trois témoignages. Mais si la preuve est faite, lecoupable doit être repris devant tous ses collègues. Ilva sans dire que le jugement doit être impartial. Pouréviter autant que possible d’admettre, dans le collègedes anciens, des hommes indignes ou incapables, nepas faire de choix précipité.

e) Avec les esclaves, vi, 1-2. — L’auteur signale ledanger qu’il y aurait si l’adhésion à la foi chrétiennerendait les esclaves enclins à la rébellion ou même àla négligence dans leur service habituel. En conséquence, Timothée les persuadera, si leur maître estpaïen, de redoubler de respect, pour éviter qu’on neblasphème le nom de Dieu et la foi qu’ils professent; quant à ceux qui ont un maître chrétien, il leur conseillerade n’être pas moins vigilants à s’acquitter deleur service.

3° Désintéressem*nt, vi, 3-19. — Ce paragraphe donneà saint Paul l’occasion de revenir sur les faux docteurspour peindre leur cupidité. L’amour de l’argentest, au fond, le mobile de ce pseudo-ascétisme. Aussila conduite de Timothée doit-elle contraster avec cetamour effréné des biens de la terre. Simple en sa vie, se contentant de peu, l’homme de Dieu ne se mettrapas en peine d’amasser des richesses, mais il rechercherala justice et la piété, la foi, la charité, la constanceet la douceur. Les jl. 17 et 19 s’adressent auxriches de la communauté d’Ephèse pour leur recommanderl’humilité, la confiance en Dieu seul et unelarge libéralité.

ni. épilogue, 20, 21. — Ces deux derniers versetsrésument toute l’Épltre. C’est le mot d’ordre du chefà un subordonné qui est sous les armes, aux prises avecl’ennemi, et qui défend avec courage un trésor qui luia été confié.

XII. Bibliographie. — «Au sujet de l’authenticitédes Pastorales. — En dehors des catholiques, elle estdéfendue intégralement par les protestants conservateurset par presque tous les commentateurs jusqu’àB. Weiss dans Meyer, 5e édit., 1886; plus tard, le mêmeauteur a changé d’opinion et se tient plutôt vers lenon liquet; par la plupart des anglicans. Godet, Introd., 1. 1, p. 628 sq.; Zahn, Einl. in das N. T., 4e édit., 1906, p. 402 sq.; Bertrand, Essai critique sur l’authenticitédes Epîtres pastorales, Paris, 1888; Salmon, Introd. to the N. T., p. xx; Findlay, dans son appen

dice à la traduction anglaise de l’ouvrage de Sabatier, The Apostle Paul, 1891; Lightfoot, Biblicalessaya, en. xi, xm. Ont admis une authenticité demipaulinienne: Eichhorn, Credner (1836), Ewald, Hitzig, Hausrath, Pfleiderer, Hesse, Die Austehung derneutest.Hirtenbriefe, Halle, 1889; Knoke, Comment., Gœttingue, 1889; Harnack, Die Chronologie, 1897, p. 480-485; Renan, Saint Paul, p. xlix; Beyschlag, Die christlicheGemeindeverfassung im Zeitalter des N. T., 1874; Sabatier, Encyclopédie des sciences religieuses, t. x, 1881, p. 250; Clemen, Paulus, sein Leben und Werken, Giessen, 1904, p. 146; Von Soden, Handcom., 1893; Bovon, La théolog. du N. T., 1905, p. 327-339. DepuisBaur, toute l’école de Tubingue a rejeté’authenticitédes Pastorales. Consulter sur ce point le travail approfondide H. Holtzmann, Die Pastoralbriefe krilischund exegetisch behandelt, 1880; Reuss, Les epîtresPauliniennes (en exceptant la IIe à Timothée dont ilreconnaît l’authenticité); Mac Giffert, Hist. of christ, in tlie Apostolic âge, p. 398; Jûlicher, Einl., 1901, p. 136-146; Moflatt, dans Encycl. biblica, Timothyand Titus, col. 5079-5096.

2° Commentaires. — Dans l’antiquité, spécialementceux de saint Jean Chrysostome, de l’uéodore deMopsueste, de Théodoret, de l’Ambrosiaster; plus prèsde nous, Wegscheider (1 Tim.), 1810; Heydemeich, 1826-28; Mack, 1836-1841; Léo, 1837-1850; Mathias, 1848; Wiesinger (Gomm. d’Olshausen), 1850; Ellicott, 1865; Fairbairn, 1874; Kôlling, 1882; Meyer, XI, 6° éd., 1893; von Soden, Handc, 1893; Walter Lock, The PastoralEpistles, dans The lntern. crit. Comm.; A. E.Humphrey, dans Canib. Bible for schools, 1897.

3° Travaux particuliers. — Schleïermacher, Ueberden sogen. ersten Brief des Paulus an den Timotheus, 1807; Planck, Bemerkungen ûber den ersten Brief anTimoth., Gœttingue, 1808; Bœhl, Ueber die Zeit derAbfassung und den paulin. Charakter der Briefe anTimoth. und Titus, 1829; Ad. Curtius, De temporequo prior ad Timoth. exarata sit, 1828; Baur, Diesogen., Pastoralbriefe, 1835; Baumgarten, Die Aechtheitder Pastoralbriefe, 1837; Rolle, De authentid ep.pastor., 1841; Scharling, Die neusten Untersuchungenûber die sogen. Pastoralbriefe, 1846; Good, Authenticitédes Epîtres pastorales, Montauban, 1848; Saintes, Etudes critiques sur les lettres pastorales attribuéesà saint Paul, Paris, 1852; Rudow, De argumentishistoricisquibus épis t. pastoralium origopaulina impugnataest, Gœttingue, 1852; Dubois, Étude critiquesur l’authenticité de la première Épître à Timothée, Strasbourg, 1856; Mangold, Die Irrlehrer der Pastoralbriefe, 1856; Otto, Die geschichtlichen Verhâltnisseder Pastoralbriefe, 1860; Ruffet, Saint Paul, sadcublecaptivité à Rome, 1860; Ginella, De authencia ep.Pauli pastoralium, 1865; Plitt, Die Pastoralbriefe, 1872; Herzog, Ueber die Abfassungzeit der Pastoralbriefe, 1872; Pierre Bordier, Les Épîtres pastorales, 1872; Lemme, Dos echte Ermahnungsschr. d. Ap. P.an Tim., 1882; Eylau, Zwr Chronol. der Pastoralbriefe, 1884; Spitta, Zur Gesch. und Litt. d. Urchrist., 1893, p. 35, 49; l’article de B. Weiss dans American journalof theology, avril 1897. Voir F. Prat, sur l’état actuelde la critique indépendante, dans Théologje de saintPaul, 1908, p. 467.

5. TIMOTHEE (DEUXIÈME ÉPITRE A). — 1° Situationhistorique. — L’Apôtre est à Rome, en prison, I, 8, 12, 16, 17; ii, 9, 10, pour la cause du Christ, tandis que Timothéeest à Éphèse, i, 16, 18; ii, 17; iv, 14, 15, 19, oùles mauvaises doctrines continuent à pulluler, du faitd’Hyménée et de Philète, iii, 17. Il n’y a pas longtempsque Paul est à Rome et en prison, puisqu’il donne àTimothée, comme des nouvelles, certains détails surune tournée qu’il vient de faire dans l’Archipel; à

Milet, il a laissé Trophime malade, iv, 20; à Troade, il a laissé un manteau et des livres chez Carpus, ii, 13; Éraste est resté à Corinthe, iv, 20. Paul a donc traversérécemment l’Asie Mineure et la Grèce, en compagnied’un groupe de disciples, Tit., iii, 15, asseznombreux (oî fier’Èjioy TtâvTEç), parmi lesquels on comptaitsans doute, outre ceux qui viennent d’être cités, Tite, Démas, Crescent, Tychique et un certain nombred’Éphésiens. À Rome, les Asiates, entre autres Phigelleet Hermogène, l’ont abandonné, i, 15. Un autre Éphésien, au contraire, Onésiphore, un de ses anciens amis, étant venu à Rome, l’a cherché, l’a trouvé et l’a soignédans sa captivité, i, 16, 18. L’Apôtre est plein du pressentimentde sa fin prochaine, iv, 6-8, il craint, pourson second procès, une issue fatale. À mesure qu’approchele dénouement, il sent le vide autour de lui.Ses disciples sont loin de lui. Démas, peu fait àl’épreuve, vient de le quitter pour suivre des intérêtspérissables; il est retourné à Thessalonique, iv, 10(texte grec); Crescent est allé en Galilée, Titus enDalmatie, IV, 10. Tychique n’est pas encore revenu d’Ephèse, où Paul lui-même l’a envoyé, lv, 12, en sorte quel’Apôtre n’a que Luc auprès de lui. Dans l’intervalle, ses adversaires exploitent son isolement. Un certainAlexandre, ouvrier en cuivre, originaire d’Ephèse, luia fait beaucoup de peine et une vive opposition; cetAlexandre est maintenant de retour en Asie, IV, 14, 15.Par rapport au procès en cours, voici où en sont leschoses: Paul a déjà comparu devant l’autorité romaine; dans cette comparution, personne ne l’a assisté, lv, 16, mais Dieu l’a aidé et l’a arraché de la gueule du lion, iv, 17. Dans le cas, malheureusem*nt trop probable, oùla seconde audience se terminerait par une condamnation, il désire avoir, près de lui, ses plus chersdisciples. En conséquence, il prie Timothée de veniravant l’hiver, iv, 9, 21, et d’amener Marc avec lui, iv, 11. Le voyage devra, vraisemblablement, s’effectuer enrepassant par la Macédoine et la Grèce, puisque l’ordreest de passer par Troade. Là, Timothée prendra lapénule, les livres et les feuillets de parchemin que sonmaître a laissés chez Carpus, iv, 13. Mais, avant dequitter Ephèse, le disciple fidèle ne manquera pas desaluer Aquila et Priseille, ainsi que la maison d’Onésiphore, iv, 19. En lui faisant cette dernière recommandation, Paul lui envoie les saluts des plus notableschrétiens de Rome, tels qu’Eubule, Pudens, Linus, Claudia, et les vœux de tous les autres frères. Tel est l’ensembledes choses qui ressort de la lettre elle-même.2° Emprunts littéraires. — Le ton général del’Épîtreétant celui de l’intimité, non celui de l’argumentation, il s’ensuit que les citations sont peu nombreuses. Onn’en trouve même aucune qui soit explicite. À peinede vagues réminiscences, par exemple, ii, 13 =xvi, 5; Is., xxvi, 13; ii, 20 = Sap., xv, 7; ii, 24, 26 =Is., xlii, 1-3; lv, 14 = Ps. lxii (hébr.); iv, 14, 17, 18= Ps. xxii (hébr.). Quelques-unes ne nous arriventqu’à travers les paroles de Matth., vii, 23, 24; Luc, xiii, 25-27. Saint Paul a-t-il, en revanche, usé ici de latradition juive? Un seul mot pourrait y faire penser, m, 8-9, là où il est question de Jannès et de Mambrés.On croit aussi reconnaître, dans un autre passage decette lettre, ii, 11-13, des fragments d’un hymne chrétienavec des pensées reproduites dans divers écritsdu Nouveau Testament. Rom., vi, 8; viii, 17; Matth., x, 33; Luc, XII, 9. Il y a peut-être des traces d’un Credoprimitif au ii, 8. Burn, Introd. to the Creeds, p. 27-30.Certaines paroles, ii, 8; II, 19, ont aussi l’air d’êtreempruntées à quelque proverbe alors en vogue dans lesÉglises du temps. On soupçonne, en outre, la bellesentence, iv, 8, d’être tirée d’un âf po ?ov du Seigneur.Enfin, la doxologie finale, iv, 18, semble imiter la dernièreprière de Jésus. Les points de contact avec lesautres Epîtres sont assez nombreux, spécialement avec

l’Épltre aux Romains. On pourra s’en rendre comptepar le tableau suivant: i, 3 = Rom., i, 8; i, 7 = Rom., vin, 15; i, 8 = Rom., i, 16; Eph., iv, 1; i, 9 = Rom, , xvi, 25; Eph., i, 4; ii, 8; i, 11 = I Tim., ii, 7; i, 14 =Rom., viii, 11; ii, 4-6 = I Cor., ix, 7; ii, 11. 13 =Rom., vi, 8; viii, 7; ii, 16 = Tit., iii, 9; ii, 22 = ITim., vi, 11; iii, 5 = TH., i, 16; iii, 7 = Tit., i, 16; iii, 1; iv, 6 = Phil., i, 23; ii, 17.

3° Authenticité. — Du côté de la critique interne, laseconde Épître à Timothée se trouve bien plus favoriséeque les deux autres Pastorales. On y sent davantage leton, les manières, les sentiments de saint Paul; saprofonde affection pour ses compagnons d’apostolat, satendresse paternelle pour Timothée, sa délicate sensibilité.Avec cela, sa haute idée de l’apostolat, soninsistance à rappeler, à tout propos, son enseignementet ses souffrances, le même beau mépris de la mort, lemême dévouement pour la cause de l’Église, la mêmepromptitude à donner son sang comme libation pourassurer le sacrifice de foi des fidèles, la même assurancepar rapport à la protection divine. On retrouve, aussi, dans ces pages, l’amour de l’Apôtre pour sesanciens coreligionnaires, i, 3; Phil., iii, 5, sa hauteestime, son culte pour les écrits de l’Ancien Testament, ni, 16, 17, son respect des traditions juives, IV, 8.Mêmes affinités avec les doctrines des grandes Épîtres: la prédestination, la grâce, la victoire sur la mort, larésurrection du Christ, base de notre espérance, lanécessité de souffrir, le courage chrétien, les épreuvesde la foi. Aussi, dans toutes les parties, il n’y a rienqui ne rappelle, d’une façon ou d’une autre, la plumedu grand Apôtre. Ajoutons que, dans le détail, les faitsrépondent, sans trop d’effort, à l’état de choses généralqui ressort de l’ensemble de la lettre ou qui résulte desautres données de l’histoire. «On peut même dire, ditReuss, qu’aucune autre, parmi les Épîtres pauliniennes, ne lui est comparable à cet égard. Le fait que le ton ychange plusieurs fois, selon que l’auteur est dominémomentanément par l’idée de sa fin prochaine ou qu’ilse dégage de cette préoccupation pour ne songer qu’àla cause qu’il défend, ce fait n’est qu’une preuve deplus que nous avons là des épanchements naturels quidoivent provoquer la sympathie et désarmer la critique.C’est à dessein, continue le même auteur, que nousavons écrit cette dernière phrase. Car, de nos jours, lamajorité des savants qui se sont occupés de l’histoirede la littérature apostolique ont exprimé la convictionque les deux Épîtres à Timothée et celle à Tite sontune production postiche du second siècle et ne sauraientêtre attribuées à l’apôtre Paul. Nous ne nous tromponspas en disant que, si celle que nous avons devant nous, en ce moment, existait seule, et que nous ne possédionsplus les deux autres, il est peu probable que depareils doutes eussent jamais surgi. Car, à y regarderde près, les arguments produits par la critique àl’appui de sa manière de voir sont empruntés, à bienpeu d’exceptions prés, au texte de ces dernières. Laraison pour laquelle la deuxième à Timothée a étécomprise dans le même arrêt de réprobation, c’estqu’on leur a trouvé à toutes les trois une certainephysionomie commune, laquelle cependant, si l’on veutrester dans les limites du positif, se réduit à bien peude chose.» Les Épîtres Pauliniennes, t. ii, p. 219.Renan a été si frappé de l’accent sincère de certainsversets de cette Epître que, tout en tenant l’écrit entier, sous sa forme actuelle, pour une sorte de romanhistorique, il ne peut s’empêcher d’admirer avec quellehabileté l’auteur a su conserver le sentiment très justede la situation de Paul à ses derniers moments. Aussine trouve-t-il pas impossible qu’on se soit servi, pourla rédaction des Épîtres pastorales, de billets authentiquesadressés à Tite et à Timothée, qu’on auraitdélayés dans un sens conforme aux idées du temps et


avec l’intention de prêter l’autorité de l’Apôtre auxdéveloppements que prenait la hiérarchie ecclésiastique.Saint Paul, Introd., p. xlviii. La plus sérieuse diffl-.culte contre l’authenticité de cette jipttre vient doncde ses attaches littéraires avec les deux autres Pastorales, surtout de cette forte proportion d’Hapax legomena(il y en a 41) et d’expressions stéréotypées qu’ellea en commun avec ces deux écrits, et qui font soupçonnerune main étrangère. Son sort est ainsi hé àcelui des deux autres Épîtres et en partage les vicissitudes.

4° Intégrité. — Les hypothèses imaginées, dans cesderniers temps, pour faire de cette Épître le résultatd’un amalgame de lettres ou de billets pauliniens n’ontd’autre appui théorique que des hypothèses de critiqueinterne. Les manuscrits ne portent trace d’altérationni de juxtaposition d’aucune sorte. On allègue donccontre l’unité du présent morceau diverses considérationstirées du contenu de la lettre. Il semble, observentcertains critiques, que l’Épître poursuit simultanémentdeux buts contradictoires, les premiers chapitresdonnant des instructions à Timothée, commes’il devait continuer son ministère, à Ephèse, les derniers, au contraire, le pressant de venir à Rome. Il y a, d’autre part, des détails, dans certaines parties de lalettre, qui contredisent d’autres passages du mêmeécrit, par exemple, iii, 6=n, 17; iv, 11; iv, 21. Enfin, plusieurs passages portent l’empreinte de Paul alorsque d’autres, par exemple, ii, 14-nr, 9, ne sont que devagues généralités ou peuvent facilement se détacherdu contexte, I, 15-18. De là, les deux essais tentés, il ya quelque temps, pour reconstituer, sous leur formeprimitive, les lettres ou billets qui ont servi à composercette unique Epître. Le premier essai retrouveles fragments des deux lettres: l’une, I, l-iv, 8 + IV, 19-21 et 22, écrite par Paul lors de sa seconde captivité; l’autre, iv, 9, 18 + iv, 22, datant de la prison deCésarée ou bien de la première captivité à Rome. Dansla seconde tentative de reconstitution, on suppose que, vers le règne de Domitien, un disciple de Paul recueillitdes fragments de lettres authentiques et en fit une seulelettre. Son but était de soutenir le courage des fidèlesen face de la persécution et de les mettre en gardecontre certaines nouveautés doctrinales. Plusieurs critiquesvont jusqu’à préciser les divers morceaux quiont été mis à contribution. L’auteur, d’après eux, auraitd’abord utilisé une lettre très courte écrite par Pauldans le cours de la troisième mission, et ayant pourobjet de rappeler Timothée auprès de lui, lettre comprenantiv, 9-15 + 19; 21 + 22 a, puis il aurait inséré uneautre missive dans laquelle, sur la fin de la captivitéde Rome, l’Apôtre encourageait le même disciple àbien s’acquitter de sa tâche, i, 1 + ii, 13 + iii, 10 + IV, 8 + iv, 16, 18; enfin, il aurait ajouté de son proprechef, tout un passage, ii, 14 + iii, 9. Voir, pour plusde détails, Clemen, DieEinheitlickkeitder Paul. Briefe, p. 142-156; Mac Giffert, The apostolic âge, p. 404-414; Moffatt, The hist. N. T., p. 700-704. Une exégèse attentiveà faire ressortir, dans cette lettre, la liaison desidées, leur harmonie parfaite avec la situation donnée, leur couleur nettement paulinienne, sera le moyen dedémonstration le plus efficace pour montrer ce quevalent ces diverses suppositions. *

5° Importance. — Cette lettre n’ajoute que peu dechose à la théologie de saint Paul. En fait de doctrine, elle se borne à affirmer l’inspiration de l’Ancien Testament, son utilité pour la prédication chrétienne; elle insinue peut-être une formule de prière pour lesmorts, 1, 18, déjà en usage chez les fidèles; elle montrela force qu’on peut puiser dans le dogme de la Résurrectiondu Christ, pour affronter la mort et les supplices.Comme ecclésiologie, rien d’original. Avec la premièreà Timothée, cette seconde lettre atteste la signification

V. — 71

qu’on attachait déjà à l’imposition des mains: on yvoyait le signe de la transmission de l’autorité apostolique; elle fait constater, en même temps, commentcette sorte d’hérédité spirituelle, remontant aux Apôtresen ligne continue, a été créée pour être la sauvegardedu dépôt de la foi. Au point de vue historique, laseconde à Timothée complète les Actes, fait connaîtreles derniers instants de la vie de saint Paul, son secondemprisonnement à Rome, sa réconciliation avecJean Marc, le nom de quelques compagnons d’apostolatdont ne parlaient pas les autres Épîtres.

6° Analyse du contenu. — I. Prologue, i, 1-5. —Dans l’adresse, ꝟ. 1-2, Paul se déclare apôtre par lavolonté de Dieu pour prêcher aux hommes la vie queDieu promet à ceux qui croient en Jésus. L’action degrâces, ꝟ. 3-5, rappelle, en termes émus, les bienfaitsde Dieu envers Timothée, manière délicate de faire sonéloge.

II. Corps de l’ÉpItre. i, 6-iv, 8.— Cette lettre est enréalité le testament de saint Paul à Timothée, son filschéri. L’Apôtre y trace ses derniers conseils, en prévisiond’une mort prochaine. On peut les résumer en deuxgrands devoirs, imposés à l’ouvrier évangélique dansces temps de trouble.

A) i™ partie. — Le courage. 1-6, iii, 14. Le principaldanger, pour les disciples de Paul, après la mortde leur maître, était de se laisser envahir par lesimpressions de tristesse, d’abattement, d’inquiétudequi se dégageaient de la marche générale des événementsdepuis que l’Église était entrée dans l’ère despersécutions. Déjà, le vide avait commencé à se faireautour de l’Apôtre dans sa seconde captivité. Rien nes’adaptait donc mieux aux circonstances présentesqu’une vive exhortation à la vaillance. Point de faiblesseà cette heure critique. Et d’abord ne pas rougir de ladoctrine du Christ ni des chaînes de Paul. L’ouvrierévangélique, Timothée en particulier, n’a, pour faireface aux événements, qu’à mettre en exercice la forcedivine contenue dans le charisme d’évangéliste, ꝟ. 7.Trois idées inspireront son courage: 1° L’énergiesurnaturelle renfermée dans le charisme d’ordination, ꝟ. 6-10; 2° la certitude du succès final, j. 12-13; 3° l’action de l’Esprit-Saint. Pour appuyer sa doctrinepar des exemples, l’Apôtre met en parallèle les Asiatesqui ont rougi de sa chaîne et l’excellent Onésiphore, d’Éphèse, dont la visite lui a fait tant de bien! Enforme de conclusion, l’Apôtre réitère à Timothée despressantes exhortations pour lutter vaillamment. À ceteffet, il présente tour à tour l’ouvrier de l’Évangilecomme un soldat enrôlé dans la milice du Christ, unathlète qui, pour gagner le |3pa6Etov, se soumet aurégime sévère de l’athlétique, un laboureur prodiguantsans compter, à ses humbles travaux, ses peines et sessueurs. Timothée comprendra la leçon contenue dansces allégories. Le Seigneur, au reste, l’aidera à en faireson profit. La grande pensée qui sera, pour le disciple, comme elle l’a été pour le maître, le soutien de soncourage, sera l’espoir de vivre et de régner avec leChrist, espoir basé sur la Résurrection du Christ etsur le lien de mystique solidarité qui associe le croyantaux destinées du Sauveur, à sa mort, à sa résurrection, à sa gloire dans le ciel.

B) 2 S partie. — La lutte contre l’erreur, ii, 14-iv, 8. — L’auteur distingue deux catégories d’erreurs: celles d’aujourd’hui et celles de demain. Quant auxpremières, ii, 14-26, Timothée devra conjurer devantle Seigneur, c’est-à-dire par les plus graves attestations, ceux qui sont chargés d’enseigner de ne point entreren discussion avec les faux docteurs. Ces controversesseraient plus dangereuses qu’utiles, ꝟ. 14. Il faudraemployer, pour enrayer le mal, la parole et l’exemple.A l’égard de ceux qui se sont laissés surprendre debonne foi par les doctrines erronées, supporter tout en

patience et reprendre avec douceur. Dans les casextrêmes, c’est-à-dire lorsqu’on n’a rien à attendre dela clémence, mais qu’on se trouve en face d’hommespervers, décidés à ruiner l’Église, il n’y a qu’unemesure à prendre, se séparer d’eux, les éviter, aubesoin les livrer à Satan comme Paul l’avait fait lui-mêmepour Hyménée et Alexandre. Par rapport auxerreurs futures, iii, 1-iv, 8, Paul trace un tableau trèssombre des pseudo-prophètes de l’avenir. Il en faitdes hommes profondément égoïstes, avides d’argent, vaniteux, hautains, insolents, ingrats, impies, sansaffection, insociables, enclins à la calomnie, à l’intempérance, à la cruauté, à la débauche. Ils ont tous lesvices. Cependant, il n’y a pas à s’en effrayer _ outremesure. Timothée est dans les meilleures conditionspossibles pour leur tenir tête. Il a d’abord l’avantageexceptionnel d’avoir été formé par Paul lui-même et ilsait, par l’exemple de son maître, comment Dieu arracheses apôtres aux plus fortes épreuves. Timothée n’auraqu’à rester fidèle aux enseignements de son maître.

III. Épilogue, iv, 8-22. — L’Apôtre presse son disciplede venir avant l’hiver, saison peu propice auxvoyages par mer. Il a d’autant plus besoin de lui qu’ilse trouve presque seul, soit par l’abandon de certainsdisciples, soit par l’éloignement des autres. Il luidonne des nouvelles de son procès. Sa première comparutionn’a pas donné lieu à une condamnation, maisil n’en sera pas de même de la seconde. Aussi seprépare-t-il à la mort. Suivent des saluts pour Aquilaet Priscille et pour la famille d’Onésiphore, qui sansdoute était mort. Paul, en terminant, présente àTimothée les salutations des frères de la Ville éternelle: Eubule, Pudens, Claudia, Linus.

Pour la Bibliographie, voir la I re à Timothée, col. 2238.

C. Toussaint.

    1. TIRIN Jacques##

TIRIN Jacques, commentateur belge, né à Anvers, le 16 septembre 1580, mort dans cette ville le 14 juillet1636. Il entra dans la Compagnie de Jésus et yremplit diverses fonctions, entre autres, celle de professeurd’Écriture Sainte. On a de lui: Commentariusin Vêtus et Novum Testamentum, tomis tribuscomprehensus (avec le texte de la Vulgate), 3 in-f°, Anvers, 1632. Ce commentaire a été très répandu et aeu de nombreuses éditions. Voir E. Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t. viii, 1898, col. 49-52.

    1. TISCHENDORF Lobegott Friedrich Constantin##

TISCHENDORF Lobegott Friedrich Constantin, théologien allemand, né le 18 janvier 1815, à Lengenfeld, en Saxe, mort à Leipzig, le 7 décembre 1874. Ilcommença en 1839 à préparer une édition critique duNouveau Testament. En 1840, #1 partit pour Paris etpassa plus de quatre ans en France, en Angleterre, enItalie et en Orient. Il revint à Paris, à Londres et àOxford en 1849. En 1853, il visita pour la seconde foisle mont Sinaï, et en 1859, il s’y rendit une troisièmefois; après quoi, il alla en Russie et de nouveau enItalie, toujours en quête de découvertes littéraires. Sapremière publication importante fut le Codex Ephrsemirescriptus, manuscrit palimpseste de la Bibliothèquenationale de Paris, dont le Nouveau Testament paruten 1843 et l’Ancien en 1845. Voir t. ii, col. 1872.

Il avait préparé en même temps l’édition du CodexClaromontanus, mais il ne put la faire paraître qu’en1852. En 1846, il avait mis au jour les Monumentasacra inedita et le Codex Friderico-Augustanus contenant43 feuillets du Codex Sinailicus, qu’il avait découvertsau monastère grec de Sainte-Catherine aumont Sinaï. Un nouveau voyage au mont Sinaï en 1859lui fit découvrir le reste presque complet du Codex, qu’il y avait cherché en vain en 1853. Voir Tischendorf, Novum Testamentum grsece, édit. vm* critica major, t. iii, p. 345-354. Le Codex Sinaiticus parut en 1862,

4 in-f°. Le Nouveau Testament fut publié séparémenten 1863. Voir Sinaiticus (Codex), col. 1783. Le CodexPalalinus des Évangiles latins parut en 1847, le CodexAmiatinus en 1850, le Codex Claromontanus desÉpîtres de saint Paul, grec-latin, en 1852. Il donna en1855 un volume d’Anecdota sacra et, de 1855 à 1870, septvolumes de Monumenta sacra; De evangeliorum apocryphorumorigine et usu, in-8°, La Haye, 1851; DeIsrælitarum per mareRubrum transitu, in-8°, Leipzig, 1847; Synopsis Evangelica, in-8°, Leipzig, 1851; ActaApostolorum apocrypha ex XXX anliquis codicibusgrsecis, in-8°, Leipzig, 1851; Apocalypses apocryphse, 1866; Wann wurden unsere Evangelien verfasst 9 in-8°, Leipzig, 1865, publication populaire qui fut vendue àdesmilliers d’exemplaires et traduite dans la plupart deslangues européennes (traduction française par L. Durand, A quelle époque nosÉvangiles furent-ils com posés?in-8°, Paris, 1866: et De la date de nos Évangilesin-12, Toulouse, 1867); huit éditions du Nouveau Testamentgrec, Leipzig, 1841, une protestante et une catholique, Paris, 1842; 4e, Leipzig, 1849; 5°, 1850; 6e, 1854; 7e (major et minor), 8e (major et minor), 1869; cettedernière est la meilleure. On aune traduction françaisede sa Terre Sainte, avec les souvenirs de S. A. I. legrand-ducConstantin, in-8°, Paris, 1868. Voir G. R. Gre, gory, Allgemeine deutsche Biographie, t. xxxviii, 1894, p. 371.

    1. TISCHRI##

TISCHRI, septième mois de l’année juive. Il estappelé Ethanim, III Reg., vi, 38. Voir Éthanim, t. ii, col. 2005. D’après les Talmudistes, c’est dans le moisde tischri, qu’on dit venir de arvii, «commencer», que

le monde fut créé et que naquirent et moururent les patriarches.Cependant, R. Josua place ces événements aumois de nisan. Voir J. Levy, Chaldâisches Wôrlerbuchûber die Targumin, 2 in-4°, Leipzig, 1866-1868, t. ii, p. 565.

    1. TISON##

TISON (hébreu: ’ûd; Septante: SaXô; ; Vulgate: titio, torris), morceau de bois dont une extrémité estencore en feu. — Isaïe, vii, 4, appelle «deux bouts detisons fumants» Rasin de Syrie et Phacée d’Israël, conjurés contre Juda. Us ont beau se rapprocher, ils nerallumeront pas l’incendie, car ils ne produisent plusque de la fumée. — Samarie a été bouleversée commeSodome et Gomorrhe et, bien que devenue semblable àun tison tiré du feu, elle ne s’est pas convertie. Am., îv, 11. — Les Israélites revenus de captivité sont aussicomme ci un tison arraché du feu.» Zach., iii, 2.

II. Lesètre.

    1. TISSERAND##

TISSERAND (hébreu: ’orêg; Septante: û ?ivT-r, ç, èpYaî°! AÉvo; ; Vulgate: teœens), celui qui tisse des étoffes. «Tisser» se dit’ârag, cf. à ?iyyr, le nom de l’araignée, et sôkêh, ifxlim, texere, ordiri. Le «tissu», produitde ce travail, s’appelle’érég, niisbesôt, û: pao-[iévo’/, ’[otoç, textura, opus textile ou textrinum. — Pourtisser, l’ouvrier se sert d’un métier composé d’un cadrede bois, sur lequel sont disposés en haut et en bas deuxrouleaux ou ensouples. Sur ces rouleaux, on tend desfils parallèles appelés chaîne, de manière que les filspairs puissent être écartés des fils impairs au moyend’un dispositif placé au bas de la chaîne. Quand ils sontséparés angulairement, on fait passer entre eux horizontalementun autre fil appelé trame, qu’on lance àl’aide d’une navette sur laquelle il est enroulé, voirNavette, t. iv, fig.402, col. 1493, et qu’on serre contrela trame précédente au moyen d’un sorte de peigne.A mesure que le tissu avance, on l’enroule sur l’ensouplesupérieure et on déroule la chaîne inférieure, jusqu’à ce que la pièce entière soit achevée. Les anciensÉgyptiens savaient se servir du métier à tisser.Deux femmes s’accroupissaient aux côtés d’un métierhorizontal, se lançaient mutuellement la trame et la serraient ensuite au moyen d’une barre pressée par un effortcommun. Voir t. iv, fig.80, col.261. Quelquefois, au lieud’employer une ensouple inférieure, on se contentait detendrelesfils de la chalneeny attachant des poids (fig.496).Dans une caverne troglodyte de Chanaan, on a retrouvéune collection de poidsde tisserandsoud’autresélémentsde métier à tisser. Ces poids sont formés par de petit*disques ou des cônes d’argile ou de pierre perforés.A une époque assez reculée, au moins dès les premièresinvasions sémitiques, les Chanacéens savaient doncutiliser plus ou moins habilement le poil de leurs chèvreset la laine de leurs brebis pour se fabriquer desétoffes grossières. Cf. H. Vincent, Canaan, Paris, 1907, p. 214, 405, 406. — L’usage du métier était familieiaux Hébreux; ils s’en servaient pour fabriquer différentesespèces de tissus. Voir Étoffes, t. ii, col. 2035.Les patriarches nomades se procuraient vraisemblablementdes étoffes toutes faites. Mais, dès le désert, on

5 ?e

496.Métier grec. Torsion des fils de ta chaîneau moyen de poids.

D’après Rich, Diction, des antiquités grecq. et rom., p. 634.

voit les Hébreux en fabriquer eux-mêmes, spécialementpour l’usage du Tabernacle et pour les vêtementsdes prêtres. Exod., xxviii, 32; xx’xv, 35; Eccli., xlv, 12; etc. Il leur futdéfendu de se faire pour eux-mêmesdes étoffes dans lesquelles se mélangeraient des fils dedifférentes espèces. Lev., xix, 19. Cette prohibitiontendait sans doute à signifier aux Hébreux qu’ils nedevaient pas se mêler eux-mêmes à des races étrangères.Job, vii, 6, fait allusion au métier, quand il ditque ses jours passent plus vite que la navette. Il compareson corps à un tissu d’os et de nerfs composé parDieu. Job, x, 11. Un Psalmiste reprend la même idée, quand il dit (dans le texte hébreu) que Dieu l’a tissédès le sein de sa mère. Ps. cxxxix (cxxxviii), 13. —Samson suggéra à Dalila l’idée de lui tisser les cheveuxen même temps que sa toile. Elle les fixa en effetavec la cheville de son métier; mais, en se réveillant, Samson arracha la cheville et le tissu. Jud., xvi, 13-14.Il est plusieurs fois question de 1’ «ensouple de tisserands», menôr’orgîm, nio-a/.Xov ûsaivôvriav, liciatoriumtexenlium, à laquelle on compare la hampe de lalance d’un géant. IReg., xvii, 7; II Reg., xxi, 19; I Par., XI, 23; xx, 5. — Les tisserands savaient mêler des filsd’or à leur ouvrage. Ps. xlv (xliv), 14. — Des maisonsde prostituées avaient été ménagées dans le Templepar Manassé, et les femmes y tissaient des tentes pour

Astarthé, IV Reg., xxiii, 7, sans doute en étoffes précieuses.— Isaïe, xix, 9, parle de ceux qui, en Egypte, travaillent le lin peigné avec une carde (fig. 497), et tissentle coton. — Ézéchias, déplorant sa mort prochaine, dit que Dieu l’ôte de la trame pendant que, commeun tisserand, il enroulait le tissu de sa vie. Is., xxxviii, 12. Le prophète compare encore l’œuvre des méchantsà celle que tissent les araignées. Is., lix, 5. — Anne, femme de Tobie, travaillait à gages, yipcôsûero, pourgagner sa vie; la Vulgate ajoute qu’elle allait tous lesjours tisser de la toile. Tob., ii, 19. — Ontissaitle byssusà Beth-Aschbéa. I Par., iv, 21. Voir Aschbéa, 1. 1, col. 1073.

497. — Carde égyptienne pour peigner le lin.

D’après Wilkinson, Manners and customs of the ancient

Egyptians, 2- édit., t. ii, p. 174.

A l’époque évangélique, il y avait dans le quartier neuf deJérusalem des marchands de laine et un marché auxhabits. Cf. Josèphe, Bell.jud., V, viii, 1. L’industrie deslainages y florissait, Erubin, x, 9; Baba kamma, x, 9, demême que celle des tissus de lin à Scythopolis, en Galilée.Cꝟ. 1er. Kidduschin, ii, 5; Mùller, Geographi gr. min., 31, t. ii, p. 513; Edict. Dioci., 26-28. Voir Tarse, col. 2012.

H. Lesêtre.

    1. TITAN##

TITAN (FILS DE) (Septante: Uol Ti-révwv), géantsdans la mythologie grecque. La version des Septante, àlaquelle la Vulgate a emprunté cette expression, Judith, xvi, 8, a traduit vraisemblablement ainsi dans un sensfiguré l’hébreu gibbôrîm, «. forts», de même qu’elle arendu refa’îm par ysyavrec, «géants». D’après lamythologie hellénique, les Titans étaient fils d’Uranus, «le Ciel», et de Gaia, «la Terre». Ils furent vaincuspar les dieux de l’Olympe et Zeus (Jupiter) les condamnaà demeurer dans le Tartare. Les poètes latins, Horace, Od, , iii, 4, 42, etc., les confondirent avec lesgéants. Dans l’usage, ces expressions étaient devenuessynonymes de «forts, valeureux». Les Septante rendirentl’hébreu Refa’îm par ily» Yteç, Gen., xiv, 5; Jos., xii, 4, etc. Saint Jérôme conserva le mot hébreuet le transcrivit par Raphaïm, dans plusieurs passages; dans d’autres, il le rendit par giganles. Voir Raphaïm 1, col. 976. Le mot Titan ne se lit dans la Vulgate queJudith, xvi, 8.

1. TITE (grec Tréoç), l’un des plus chers et des plusdévoués collaborateurs de saint Paul, qui l’a plusieursfois mentionné dans ses Epitres, Gal., ii, 1, 2; II Cor., n, 13; vii, 6, 13; viii, 6, 16, 23; xii, 18; II Tim., iv, 16; Tit., i, 4. Le silence des Actes à son égard a faitconjecturer, par plusieurs critiques fWieseler, Chron., p. 204), queTite était le n.om d’emprunt d’un des compagnonsde saint Paul et on a cherché tour à tour àl’identifier soit avec Timothée, soit avec Silas, soit avecTitus Justus. Act., xviii, 7. Aucune de ces suppositionsne mérite créance. La forme latine de ce nom ne donneaucune indication sur l’origine ou le pays du disciple

en question. On ignore son lieu de naissance. Cependantdiverses légendes le placent en Crète, saintChrysostome à Corinthe, les Actes de Thècle, c. ii, àIcône. Quelques-uns le mettent à Antioche parce quec’est là qu’il semble avoir fait connaissance avecl’Apôtre et s’être attaché à lui. Ce qu’on peut affirmer, c’est qu’il était d’origine païenne, Gal., ii, 3, et qu’il fut probablement converti par saint Paul(l’vijdccp tsxvco, Tit., i, 4). L’Apôtre se rendit avec lui àla conférence de Jérusalem, le présenta aux Apôtres etaux anciens et s’opposa avec énergie aux injonctionsdes judaïsants, qui voulaient qu’il fût circoncis. Gal., n, 3. À la troisième mission, Tite paraît avoir pris laplace de Silas et, dès ce moment, avoir suivi partoutl’Apôtre dans ses courses évangéliques et ses fondations.Il devait être du nombre de ceux dont parle l’Épitreaux Galates, ot aùv ly.oi, i, 2. On suppose qu’il séjournalongtemps à Éphèse avec son maître. C’est sans doutede là qu’il se rendit à Corinthe pour remplacer Timothée, calmer les esprits, organiser la collecte. Dans cesdiverses tâches il déploya tant de zèle, de courage etd’intelligence qu’il rétablit la paix dans l’Église deCorinthe, se conciliant les sympathies de tous. II Cor., vu, 13. Inquiet sur l’issue de sa mission, l’Apôtren’eut de repos que lorsqu’il vit son disciple le rejoindreen Macédoine et lui apporter de consolantes nouvelles.II Cor., ii, 14; vii, 11, 15. Il l’envoya de nouveau àCorinthe, en avant-garde, avec deux frères de Macédoinechoisis par les Églises, II Cor., viii, 23, afind’achever la collecte pour les Saints de Jérusalem. Iln’est plus question de Tite qu’après la première captivitéromaine. Cette omission, par saint Luc, d’un collaborateurde Paul aussi important est, dans les Actes, un des points les plus obscurs. Sans les Pastorales, onaurait complètement perdu la trace d’un des ouvriersévangéliques les plus en vue du Nouveau Testament.L’Épitre à Tite nous apprend, en particulier, qu’aprèssa libération l’Apôtre se rendit en Crète, évangélisaplusieurs villes de cette contrée (xatà ttiSaiv, i, 5), etlaissa Tite continuer l’œuvre commencée, avec missiond’organiser les, nouvelles communautés. Le zélé disciplerencontra dans l’île de vraies résistances, surtoutde la part des Juifs, qui y étaient nombreux. Tite, 1, 10.Ce n’est pas sans raison qu’on associe d’ordinaire lesnoms de Tile et de Timothée. Tous deux semblentavoir été les deux disciples préférés par l’Apôtre.Chacun d’eux avait pourtant son individualité à part.En comparant 1 Tim., iii, 12, avec Tit., ii, 15, on peutconclure que Tite était plus âgé que Timothée, avecplus d’expérience et de fermeté. I Cor., xv, 10; II Cor., vu, 15. Il était surtout apprécié par les Églises oùdominait l’élément d’origine païenne. II Cor., vii, 15.Comme Timothée, il marche dans les voies de l’Apôtre, II Cor., xii, 18, il est son fils chéri, Tit., i, 4, son frèrebien aimé, II Cor., ii, 13, son précieux collaborateur.Il Cor., viii, 23. On ignore l’histoire de ses dernièresannées. La seconde Épitre à Timothée, IV, 10, indiquequ’il est en Dalmatie, peu de temps avant la mort desaint Paul. Les écrivains ecclésiastiques le font vivre etmourir en Crète. Eusèbe, H. E., III, iv, 6; t. xx, col. 220; Const. Apost., vii, 46, t. i, col. 1053. Cf. Lipsius, Die Apokryph. Àpostelgeschichte, t. ii, p. 401406. André de Crète en a fait un panégyrique, Orat.xvi; Pair, gr., t. xcvii, col. 1141-1169. Le corps deTite a été conservé à Gortyne pendant plusieurs siècles, puis transféré à l’église de Saint-Marc, à Venise.L’Église latine célèbre sa fête le 6 février; les Églisesgrecques, syriaque et maronite, le 25 août.

C. Toussaint.

2. TITE (épître A). — I. Introduction. — 1° Situationhistorique. — Comme dans les lettres à Timothée, on n’a pour se renseigner que ce que suggère l’Épitreelle-même. Voici les faits. qu’elle suppose. Quand saint 2249

TITE [ÉPÎTRE A)

2250

Paul écrit à Tite, celui-ci est dans l'île de Crète, i, 5.L’Apôtre, qui vient de visiter ce pays, y a laissé sondisciple pour achever l’organisation des Églises et pouraller de ville en ville établir des presbytres et desépiscopes, i, 5. Certains détails laissent entendre quele christianisme était relativement assez ancien dansl’ile, i, 10. Les erreurs dont on signale la présencedans les Églises de cette contrée ne peuvent se concevoir, en effet, qu’après un temps plus ou moins long, depuis la première prédication évangélique. On a doncessayé de rattacher l’implantation de la foi chrétiennedans cette contrée soit à la présence de quelques Juifsou prosélytes crétois convertis par les prodiges de laPentecôte, Act., ii, 11, soit à une période de la vie dePaul relatée par les Actes. Mais ces deux hypothèsesrencontrent les mêmes difficultés, disonsimpossibilités.Selon les Actes, en effet, Paul ne touche la Crète qu’unefois, et cela lors de son naufrage; il n’y fait qu’un trèscourt séjour, et durant ce séjour, il est captif. Ce n’estsûrement pas à ce moment-là que Paul a pu fonder desÉglises dans l'île. De même, si le christianisme existelà depuis près de trente ans, comment se fait-il que lesfrères ne viennent pas, comme ceux d’Italie, Act., xxviii, 15, au-devant de l’Apôtre, qu’ils ne lui prêtent pas secours? L’auteur des Actes, si cela fût arrivé, n’aurait pasmanqué de le dire. S’il se tait, c’est que la foi nouvelleétait, à cette époque, ignorée ou peu connue des Crétois. L'évangélisation de l'île est donc probablementpostérieure au premier passage de Paul. Ce qu’il estpermis de conjecturer, c’est que, peu de temps après, c’est-à-dire pendant sa captivité à Rome, l’Apôtre eupeut-être l’idée d’envoyer là quelqu’un de ses disciples, Tite, par exemple, avec l’intention de le rejoindre aussitôtaprès sa libération. Effectivement Paul y aurait fait uncourt séjour avant de gagner Éphèse, confiant à Titele soin de poursuivre l'œuvre commencée. Il sembleque ce dernier ait été, lui aussi, aux prises avec desdifficultés assez analogues à celles où se trouvait alorsTimothée. Les mêmes fausses doctrines se glissaient detoutes parts dans les Églises d’Orient, les mêmes abuss’y produisaient, les mêmes dangers s’y faisaient jour.Paul venait à peine d’envoyer sa première lettre àTimothée qu’il apprit, on ne sait comment, la situationprécaire des Églises de Crète. Il se mit aussitôt àrédiger quelques avis pour Tite. Il n’eut guère pourcela qu'à répéter ce qu’il venait d'écrire à Éphèse.Apollos, qui était auprès de lui, reçut, avec un ancienscribe nommé Zénas, la mission de porter ce messageà son destinataire. On comptait beaucoup sur l'éloquence du docteur alexandrin pour réduire au silencel’opposition juive ou judaïsante. Act., xviii, 27, 28. Enoutre, Paul promettait à Tite de lui envoyer bientôtArtémas et Tychique qui, sans doute, devaient l’aiderdans ses travaux et le remplacer momentanément. Ilprie, en effet, son disciple de venir, dès qu’il aurareçu ces deux frères, le rejoindre à Nicopolis, où ilcompte passer l’hiver, iii, 12. Enfin, il recommande, en terminant, de faire la conduite à Zénas et à Apollosqui ne devaient guère que passer, et d’avoir grand soind’eux, iii, 13.

2° Emprunts littéraires. — On a relevé, dans cetteÉpitre, un certain nombre d’expressions, parfois mêmedes phrases entières, prises de divers côtés. Il y ad’abord un vers d'Épiménide, i, 13, peu flatteur pourles Crétois; puis une sorte de proverbe reçu dans lesmilieux chrétiens du temps, iii, 8. Bien que l’auteurne cite jamais expressément l'Écriture, il est pourtantvisible qu’il s’en inspire en maints endroits, i, 14 =Isaïe, xxix, 13; ii, 5 = Is., lii, 5; ii, 14 = Ps. cxxx, 8; Deut., xiv, 2; Ézéch-., xxxvii, 23; iii, 6= Joël, iii, 1.On s’aperçoit, en outre, par nombre de réminiscenceset d’allusions, qu’il connaît les discours du Seigneur, mais il n’y a pas trace, dans ce qu’il en rapporte, de

sources écrites ou d’emprunts directs aux Évangilescanoniques, i, 15= Marc, vii, 9; Luc, xi, 41; iii, 5 =Joa., iii, 5; iii, 10= Matth., xviii, 15-17. Aurait-il subil’influence delà Ia Pétri? Plusieurs critiques l’ont cru, tant les points de contact entre les deux Épîtres sontfrappants, i, 5-9=1 Pet., v, 1-4; iii, 1 = 1 Pet., ii, 13; iii, 4-7=1 Pet., i, 3-5. Plus nombreuses, on peutmême dire plus littérales sont les ressemblances avecles autres écrits pauliniens: I, 1-4= Rom., i, 1; XVI, 25-27; 1, 15= Rom., xiv, 20; ii, 14= Gal., i, 4; iii, 1 =Rom., xiii, 1; iii, 3= Eph., ii, 3; I Cor., vi, 9-11; iii, 5= Eph., ii, 8, v, 26, surtout avec la première àTimothée. Ici, la similitude touche presque à l’identité.Dans plusieurs passages, les deux lettres ont l’air de secopier. L’entrée en matière est tout à fait pareille, Tit., i, 5= I Tim., i, 3, le but général, le plan dans sonensemble, la teneur des avis, la forme du langage ellemême ne diffèrent point: Tit., i, 4= I Tim., i, 1, 2; i, 5-9= iii, 1, 7; i, 11 = iii, 9; ii, 1, 6= v, 1-2; ii, 7=iv, 12; ii, 9-10= vi, 1; ii, 14= ii, 6; ii, 15= iv, 12; m, 5=1, 9; iii, 9= iv, 7. Cette analogie rappelle cellequi existe entre l'Épître aux Colossiens et l'Épître auxÉphésiens.

3° Temps et lieu de la composition. — De ce quiprécède^ il découle que l'Épître à Tite et la première àTimothée ont été écrites à peu près vers le même temps, à peu de distance l’une de l’autre. Toute hypothèsequi mettrait entre elles un intervalle de plus d’un oudeux mois devrait être repoussée. On serait même tentéde les dater du même jour. S’il faut, pourtant, en reporter la rédaction à des périodes différentes, la prioritéde temps semble être en faveur delà lettre à Timothée.Le projet d’aller hiverner à Nicopolis paraît, en effet, modifier les premières intentions de Paul, qui se proposait d’abord de retourner sous peu à Éphèse, I Tim., ni, 14; iv, 13. Maintenant, s’il parle d’aller en Épire, c’est qu’il a changé d’itinéraire. On objectera peut-êtrequ’il s’agit de Nicopolis, en Thrace, sur le Nestus, près des frontières de Macédoine; mais la présence deTite en Dalmatie, à peu de temps de là, II Tim., iv.10, rend fort improbable cette supposition. C’est biendans la Nicopolis d'Épire, l’ancienne Actium, bâtie parAuguste en souvenir de sa victoire, que Paul a desseinde passer l’hiver, en compagnie de Tite. On sait quepar une singulière coïncidence, Josèphe, Act., XVI, v, 3, Hérode le Grand avait largement contribué à la construction de cette ville. La seule raison qu’on pourraitalléguer contre l’antériorité de l'Épître à Timothée, c’estque l’organisation ecclésiastique y paraît plus complèteet plus avancée que dans l'Épître à Tite. Mais l’obstacledisparaît si l’on veut songer, un instant, à la différenced'âge des Églises dans lesquelles travaillait chacun desdeux disciples. La communauté d’Jtphèse existaitdepuis près de dix ans quand la Crète recevait à peineles premiers germes de l'Évangile. S’il fallait en croirela suscription des manuscrits grecs, Paul aurait écritde Nicopolis en Macédoine. Mais il n’y a là qu’uneglose de copiste fondée, sans doute, sur l’interprétationde iii, 12. On croit généralement que la lettre a étécomposée dans quelque Église de Macédoine, Philippes, Bérée ou Thessalonique, peu de temps avant le voyagede Paul en Épire. L’Apôtre presse le départ de sondisciple, ffTto-jSxcrov êÀŒïv, parce que l’hiver approcheet que la navigation va devenir difficile. On peut supposer qu’il lui fit indiquer, de vive voix, par Apollos, le port où il l’attendait avant de prendre ensemble lechemin de l’Occident. En tenant compte de toutesces circonstances, l'Épître devrait être datée du moisde septembre ou, au plus tard, de fin octobre, l’an 65.

4° Authenticité. — Sans vouloir revenir sur un problème déjà traité (voir Épître [Première] a Timothée), il n’est pas cependant sans intérêt de grouper quelquesuns des traits particuliers de cette Épître qui en con

Brmen l’origine paulinienne. Car non seulement il n’ya. rien, ni comme doctrine, ni comme circonstancespersonnelles, ni comme ton épistolaire, qui sorte, dans cet écrit, du tour d’esprit propre à l’Apôtre ou quirépugne soit aux données de l’histoire, soit aux conjectures qu’elle peut autoriser, mais encore on saisit, ici et là, des particularités difficiles à expliquer, si l’onadmet que ces lignes sont d’une plume étrangère. Entout cas, il faudrait conclure à une imitation extrêmement habile. Sans doute, on pouvait, avec les autresÉpltres, mettre en circulation des idées semblables àcelles de Paul, mais ce qui n'était guère possible, c'était de les adapter, sans aucun heurt, à une situationcréée de toutes pièces, en dehors de la vie historiquequ’on met en scène, tout en gardant dans l’ensemblele ton et la couleur individuelle des écrits du grandApôtre: sa manière de citer les auteurs grecs, I Cor., xv, 33, d’appliquer à sa thèse les textes de l’AncienTestament, de tirer d’un dogme des conclusions morales. Avec cela, les grands principes de l’universalisme, la vie éternelle promise à tous, la grâce du salut apportée au genre humain, II, 11, la mort rédemptrice duChrist, l’effusion de l’Esprit parle baptême, la vie nouvelle dans l’amour, le non-sens des distinctions entremets purs et impurs. Mais si le fond des idées est biende Paul, on ne peut, du moins avec la même assurance, en dire autant du style. Le vocabulaire de l'Épître àTite n’a presque rien de commun avec celui desgrandes Épîtres. Les hapax legomena s’y rencontrentdans une proportion par trop forte. On en compte jusqu'à 26 dans l’espace de 46 versets. Ce qui inquièteencore d’avantage, c’est, à chaque instant, de trouverquelqu’une de ces formules stéréotypées, exclusivementpropres aux Pastorales, par exemple, Èiriyvouiç à-reix<; , |uz( f uvaixo; àvrip, xaXà epya, ô vûv aïâjv, 6 nÉyaç Bsbç, XouTpàv TtaXivyevEai’aç, itia-ub; o XiSyoç, etc. Car tout celasemble nous mettre en face d’un auteur qui a son styleà lui, ses expressions toutes faites, imposées peut-êtrepar une sorte de langage technique plus ou moins officiel, résultat d’une lutte déjà longue contre l’erreur. Cequi aggrave la difficulté, c’est que ces phrases conventionnelles ne sont pas la propriété exclusive de l'Épîtreà Tite, mais sont communes à toutes les Pastorales. Ona ainsi un groupe de trois écrits qui ont une langueparticulière, différente de celle des autres Epîtres pauliniennes, assez originalepour faire penser à un écrivaindistinct de Paul, mais écrites à une époque différente.

5° Intégrité du texte. — Les manuscrits ne laissent. soupçonner aucune altération. On pourrait toutefoissupposer l’insertion de deux versets, i, 7, 9, et unetransposition maladroite, iii, 18, à la place du f 14.Mais, à la rigueur, il n’y a aucune raison pressantede retoucher ces passages. La question ne se pose quepour les critiques qui nient l’authenticité de presquetoute l'Épître, sauf quelques lambeaux de phrases empruntés à des lettres que Paul aurait écrites à Tite, lorsque celui-ci préparait la troisième visite de l’Apôtreà Corinthe. II Cor., xii, 16. On s’est livré, de ce côté, àdes morcellements par trop arbitraires. En dehors desversets III, 12-13 et 12-15, qu’on accepte d’abordcomme étant de Paul lui-même, chaque auteur démêleà son gré ce qui est authentique d’avec ce qui ne l’estpas. Cf. Me Giffert, Apostolic âge, p. 406; Harnack, Chronologie, p. 480; Clemen, Die Einheitlich keit derPaul.Briefe, p. 157-163; Mqffatt, Histor. N. T., p. 700.

6° Importance. — Cette Épitre est un document trèsprécieux sur l’organisation de la hiérarchie ecclésiastique, sur la persistance du danger juif dans les communautés fondées par saint Paul, sur les obstacles opposés, par les influences païennes, à la foi du Christ, àsa pleine expansion au sein des l'Églises, sur la discipline merveilleuse qui façonne tous les membres dela nouvelle société pour en faire un corps social modèle,

capable d’attirer à Jésus, par sa belle tenue, sa dignitémorale, ses vertus de loyauté, de douceur, d’abnégation, la vieille société grecque et romaine, qui s’abîmait deplus’en plus dans le désordre, l’anarchie, l'égoïsme, lacorruption.

II. Analyse du contenu. — A) prologue, i, 1-4. —L’adresse présente quelque ressemblance avec celle del'Épître aux Romains et la première Épitre de saintJean. L’Apôlre y résume, en quelques mots, l’origine, le but, l’objet de l’apostolat ainsi que la force qui, aumilieu des difficultés de toutes sortes, en est l’appui etle soutien. Paul n'écrit pas à Tite une lettre d’amimais une lettre de service. De là, le ton et l’objet de cepréambule.

B) corps de l'Épître. i, 5-ih, 11. — Déductionfaite de quelques légères différences imposées par desraisons locales, le fond de la lettre à Tite reproduit, dans ses deux parties essentielles, la première Épitre àTimothée. De part et d’autre, ce sont les mêmes avis, les mêmes règles de gouvernement, les mêmes écûeilsà éviter, en sorte que l’un des deux écrits ne sembleêtre, en réalité, que la copie réduite de l’autre. Celas’explique par l’analogie de situation où se trouvaient, tous deux, les destinataires de ces diverses flett» es. Iln’est pas difficile de voir qu'à peu de ebose près, Titeavait mission de fonder en Crète ce que Timothéedevait restaurer à Éphèse. Les règles de gouvernementqui font l’objet de cette Épitre donnent lieu à unedivision en deux parties:

a) i" partie. — Les devoirs des pasteurs. I, 5-16.— Dans l'Église, comme dans toute société bien réglée, les chefs suprêmes ont, pour gérer dignement leurcharge, un double devoir: 1° bien choisir leurs subordonnés; 2° leur donner une sage direction. Tels sontles deux points sur lequels portent les premièresrecommandations de Paul à son disciple. Il lui détermine les conditions d'éligibilité des presbyteri ouepiscopi, i, 6-10. Ce sont les mêmes que dans l'Épîtreà Timothée. Le côté moral des candidats est ce qu’ondoit le mieux examiner. Quant aux devoirs des élus, 9-16, ils sont résumés dans ces prescriptions: 1° prêcheraux fidèles la doctrine sacrée; 2° réfuter ceux qui lacombattent et la contredisent. Ce dernier devoir estmotivé, en Crète, par l’apparition de faux docteurs trèsdangereux, greffant sur la nature vicieuse des Cretoisles défauts de la race juive.

b) S' partie. — Les devoirs du troupeau, ii, i-m, 11. — C’est une esquisse de morale sociale à l’adresse dela société chrétienne. On voit poindre, à travers cetensemble de préceptes, l’idée d’une sorte de code ecclésiastique. Chacun des membres de l'Église, fût-ce leplus humble, a un devoir civique à remplir. Les préoccupations de l’Apôtre ne vont pas seulement, dans cetteÉpitre, au salut individuel des néophytes, elles embrassent maintenant l'Église tout entière, pour lui assurer, au dedans, la prospérité, le bon ordre, l’harmonieusecoopération de tous à l'œuvre commune et, au dehors, la paix avec les pouvoirs publics, la bonne entente avecles païens, le bon renom de la doctrine nouvelle.

1. À l’intérieur, ii, 1-15. — Les vieillards doiventêtre sobres, graves, modérés, gardant, dans toute leurintégrité, la foi, la charité, l’attente ferme et patientede la Parousie. Aux femmes âgées on enjoint de sedonner en exemple aux personnes de leur sexe quisont jeunes; éviter, en outre, la médisance, l’ivrognerie. Une seule chose est recommandée aux jeunesgens. La vertu de leur âge doit être la tempérance.Éviter avec soin toutes sortes d’excès. Tite qui, comparéà Paul, est encore, un jeune homme, devra par sesactes leur servir de modèle pratique. On compte particulièrement sur les esclaves pour faire briller, par leurconduite, la divinité de la doctrine chrétienne. Parleur condition, ils sont plus à même que personne de

prouver les miracles de force régénératrice contenusdans la foi nouvelle.

2. Au dehors, iii, 1-11. — Paul veut que le chrétiensoit un homme d’ordre, en règle avec l’autorité romaine, vivant en bons termes avec les païens et, en général, avec tous ceux qui ne pensent pas comme lui. Tousles frères semontreront donc sujets soumis, obéissantsà l'égard des magistrats et des pouvoirs publics, prêlsà faire tout ce qu’on demandera d’eux, hormis ce quiserait contraire aux intérêts de la conscience. Point demauvaises paroles ni de querelles avec les gens dudehors, païens ou juifs non convertis; se montrer, aucontraire, très polis à leur égard et faire preuve, entoutes occasions, de la plus grande douceur. L’idée quidoit inspirer ces sentiments, c’est le souvenir de ceque les néophytes étaient eux-mêmes avant leur conCalig., xxxviii, 8; Dion Cassius, liv, 3. Eusèbe, H. E., v, 1, t. xx, col. 425, rapporte la lettre des chrétiens de Lyon sur le martyre d’Attale, où il est ditqu’on portait devant lui une planchette, n(vx£, où ilétait écrit: Outoç lerriv "AtioO.o; à -/pianavoç, «celuici est Attale le chrétien». Pilate se conforma à cetusage après la condamnation de Jésus. La tablette surlaquelle on écrivait était d’abord enduite de couleurblanche et l’on y traçait les lettres en rouge. Pilaterédigea lui-même le texte de l’inscription. Il voulutqu’il fût écrit en hébreu, langue des habitants du pays, en grec, langue des Juifs de la dispersion et des étrangers, et en latin, langue officielle du gouvernement.Le titre fut fixé en haut de la croix et lu par un grandnombre de Juifs, à raison de la proximité du Calvaire.Joa., xix, 19, 20. Les quatre évangélisles mentionnent

. — Ce qui reste du titre de la croix de Notre-Seigneur, conservé dans l'église de Sainte-Croix de Jérusalem à Rome.

Demi-grandeur de l’original.

version. N'étaient-ils pas hier ce que les autres sontaujourd’hui? Si tout cela est changé, il ne faut enreporter la gloire que sur l’amour miséricordieux duDieu Sauveur. La transformation qui fait d’un hommeun élu du ciel est le fruit, non de ses mérites, mais dela miséricorde de Jésus-Christ et de l’efficacité de sessacrements. Il n’y a donc pas lieu de traiter les païensavec hauteur et dureté.

C) épilogue, iii, 12-15. — Saint Paul termine salettre par diverses recommandations. Il prie Tite devenir le rejoindre, avant l’hiver, à Nicopolis, en lipire, dès que sera arrivé, pour le remplacer, soit Artémas, soit Tychique, de prendre un soin tout particulier dulégiste Zénas et d’Apollos, porteurs de la présente missive. Suivent les salutations de la part de ceux qui luisont liés par l’affection chrétienne, puis le salut final.— Pour la Bibliographie, voir Timothée 4, col. 2238.

C. Toussaint.

    1. TITRE DE LA CROIX##

TITRE DE LA CROIX (grec: èm-rpa<pvi, tîiXos; Vulgate: superscriptio, titulus), inscription fixée ausommet de la croix pour indiquer le motif de la condamnation. — Chez les Romains, quand un condamnéélait conduit au supplice, on portait devant lui, ou ilportait lui-même suspendu au cou, un écriteau indiquant la cause de la condamnation. Cf. Suétone,

le litre et le citent plus ou moins complètement.Saint Marc, xv, 26: '0 BaoïXsù? r15v 'Io’jBatmv, «le roides Juifs y>, rex Judseorum; saint Luc, xxiii, 38: Outoçèotiv ô BaffiXe’jç zib’i 'IouSaioiv, «celui-ci est le roi desJuifs ï>, hic est rex Judmorum; saint Matthieu, xxvii, 37: OOtoç ècjTiv 'iYjffoîj; ô BatrcXsuç toïv 'IouSaîcov, <( celui-ciest Jésus, le roi des Juifs», hic est Jésus, rex Judmorum; saint Jean, XIX, 19: 'I^aovz 6 NaÇrapatoç, ô Bao-iXeùç tûv'IouSai’wv, «Jésus le Nazaréen, le roi des Juifs», JésusNazarenus, rex Judseorum. Cette dernière rédactionest la plus complète. Elle indique le nom du condamné, son origine et la cause de sa condamnation. Il avaitdû être difficile à Pilate de trouver le libellé de cettecause, après avoir reconnu lui-même qu’elle n’existaitpas. Joa., xviii, 38; xrx, 4, 6. Parmi tous les motifsd’accusation portés à son tribunal, il choisit celui quiavait vaincu ses hésitations, le titre de roi prêté à Jésuset déclaré par les Juifs en opposition avec les droits deCésar. Joa., xix, 12, 14. C’est pourquoi les quatre évangélistes reproduisent en commun le titre de «roi desJuifs». Ce libellé excita le mécontentement des ennemis du Sauveur. Jésus, en effet, à s’en tenir au titre, semblait avoir été crucifié parce qu’il était roi des Juifs.Les pontifes allèrent donc trouver Pilate, soit au moment où le titre apparut à leurs yeux au départ du cor

tège, soit quand ils le virent en haut de la croix, etils lui demandèrent de le modifier. Ils auraient vouluqu’il écrivit: «Je suis le roi des Juifs,» pour faireressortir ainsi la prétention qu’ils attribuaient à leurvictime. Pilate refusa sèchement d’acquiescer à leurrequête, «c Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit,» se contentat-ilde dire. Joa., xix, 20-22. — Le titre de la croix, retrouvé en même temps que la croix elle-même, futapporté à Rome, où il est maintenant conservé dans labasilique de Sainte-Croix de Jérusalem. La planchettequi le constitue était de chêne, de peuplier ou de sycomore; mais elle est tellement piquée qu’on n’en peutplus déterminer exactement la nature. Elle a dû avoirprimitivement 65 centimètres sur 20; elle n’en a plusque 23 sur 13. En 1492, les deux lettres uni du derniermot latin manquaient déjà. En 1564, les mots Jésus etJudseorum n’existaient plus. Aujourd’hui, la reliqueest encore bien plus réduite (fig. 498). Les lettres sontrouges sur fond blanc; elles sont légèrement en creux, soit qu’elles aient été tracées avec une sorte de gouge, soit que la couleur rouge ait eu plus d’action sur lebois que le blanc. Elles ont de 28 à 30 millimètres dehauteur, ce qui permettait assez aisément de les liredu bas de la croix et à petite distance. Uue particularitéde l’inscription prouve son authenticité: les motsgrecs et latins sont écrits à la manière de l’hébreu, dedroite à gauche. Dans le principe, les Grecs écrivaienten eflet de cette manière; ils adoptèrent ensuite lesystème (30uorpo<p7180v, celui des bœufs qui labourent, commençant une ligne par la gauche, la suivante parla droite et ainsi de suite. Le système actuel avait prévaludepuis plusieurs siècles en Grèce et en Italie, àl’époque évangélique. Mais l’inscription de la croix futrédigée sous cette forme archaïque, soit pour répondreà une coutume juive de l’époque, soit pour ménagerun certain parallélisme entre les trois textes. On voit, par ce qui en reste, que l’inscription avait été exactementreproduite par saint Jean. Des mots hébreux, iln’y a plus que la partie inférieure de six jambages assezdifficiles à identifier. Il est certain pourtant que l’inscriptionhébraïque a été composée, non en hébreu ancien, mais dans le dialecte araméen alors parlé en Palestine, et que les lettres ont été tracées en écriturecursive. Des jambages subsistants, les deux premiers àdroite représenteraient la partie inférieure du ii, articleprécédent le nom de Nazaréen; le troisième est l’extrémitédu 2, le quatrième celle du "i, le cinquième celle dui très allongé dans l’ancienne écriture, et le sixième celledu 3 tel qu’il s’écrivait alors. Dans l’inscription grecque, assez inhabilement exécutée, au lieu de NocÇwpafoc, on atranscrit le mot latin, NAZAPEN8C = NAZARENVS, alors qu’il eût fallu plutôt NAZAPHNOC pour rendreexactement Nazarenus. S. Ambroise, De obit.Theodos., 45, t. xvi, col. 1401, dit que sainte Hélène trouva écritsur le titre de la croix: Jésus Nazarenus rex Judseorum, et Sozomène, H. E., ii, 1, t. lxvii, col. 929, raconteque le titre fut trouvé écrit dans les trois langues; et il en cite le texte grec avec le mot NaÇwpaîoç, qu’ilreproduit d’après saint Jean et non d’après le titre lui-même.Il faut observer en outre que la dernière lettrede gauche de l’inscription grecque paraît bien être leB de BaaOîJî, qui, par conséquent, n’aurait pas étéprécédé de l’article O, comme dans le texte de saintjean,

— Cf. J. Bosius, Crux triumphans, Anvers, 1617, i, 11; H. Niquet, Titulus sanctse crucis, Anvers, 1670; Gosselin, Notice historique sur la sainte couronne, Paris, 1828, p. 40-55; Rohault de Flcury, Mémoire sur. les instruments de la Passion, Paris, 1870, p. 183198; Vigouroux, Le N. T. et les découv. archéol. mod., Paris, 1896, p. 183-187; D. Donadiu y Puignau, Levrai titre de la croiæ, dans le Compte rendu duIV’Congr. scient, internat, des catholiques, Fribourg,

1898, " sect., p. 65-77.

H. Lesêtre.

    1. TITUS##

TITUS (grec Tîtoc), nom de trois personnes dansl’Écriture.

. TITUS, prénom du légat romain Manilius.II Mach., xi, 34. Voir Manii.ius, t. iv, col. 656.

2. TITUS JUSTUS, prosélyte de Corinthe, chez quilogea l’apôtre saint Paul dans cette ville. Sa maisonétait attenante à la synagogue. Act., xviii, 7. Le nomde Titus ne se lit pas dans la plupart des manuscrits

grecs.

3. TITUS, disciple de saint Paul. Voir Tite.

TOB (TERRE DE) (hébreu: ’ères Tôb; Septante: Y?) Twê), endroit où se réfugia Jephté quand il futchassé par ses demi-frères., fud., xi, 3. Il y réunitautour de lui une troupe de gens hardis et prêts àtout, comme plus tard David persécuté par Saiil, et ilvécut avec eux de pillage, jusqu’à ce qu’il fut appelépar les anciens de Galaad, opprimés par les Ammonites, pour se mettre à leur tête. Voir Jephté, t. iii, col. 1250. — Tob devait se trouver non loin de Galaad, probablement dans le désert, à l’est, mais sa situationprécise est jusqu’à présent inconnue. On croit généralementque le petit royaume araméen d’Istob, qui fournitdes hommes aux Ammonites pour résister à David, n’est pas différent de Tob. II Reg. (Sam.), x, 6, 8.Voir Istob, t. iii, col. 1010. — Les Tubianéens ouhabitants de Tubin, dont il est question I Mach., v, 13; II Mach., xii, 17, sontpeut-être aussi des habitantsde Tob. Voir Tubin. La position de Tubin est définie, II Mach., xii, 3, 17, comme étant à 750 stades de Charaxou Characa, voisine de Tob, en partant de Casphis, mais ni Casphis ni Characa ne sont identifiés.

    1. TOBIAH BEN ÉLIÉZER##

TOBIAH BEN ÉLIÉZER, juifdeMayence, mortvers1107. Il consacra près de vingt ans de sa vie, 1088-1107, à un commentaire du Pentateuque et des cinq Megilloth, c’est-à-dire du Cantique des cantiques, de Ruth, des Lamentations, de l’Ecclésiaste et d’Esther. Ce commentaireporte le nom de Leqah Tob, «leçon bonne», par allusion à son nom. Les commentaires duLévitique, des Nombres et du Deutéronome ont.été publiés à Veniseen 1546; en traduction latine par Ugolino, Thésaurusantiquil. sacr., t. xv et xvi, Venise, 1766. A. Jellinek apublié des extraits des commentaires des cinq Megilloth, Leipzig, 1855-1858. —Voir M. Sel. TobiaBenMosesha-Abel, dans Jewish Encyclopedia, t. xii, 1906, p. 166; Fùrst, Bibliotheca judaica, t iii, p. 427.

    1. TOBIE##

TOBIE, nom de six personnages de nationalitédiverse, dans la Vulgale. Dans le texte original, ils nesont pas tous écrits de la même manière. Voir ThOBIAs, II Par., xvii, 8, col. 2195.

1. TOBIE (hébreu: Tôbïydh), chef d’une familledont les descendants retournèrent en Palestine avecZorobabel, mais sans pouvoir établir leur généalogie.

I Esd., ii, 60; II Esd., vii, 62-65.

2. TOBIE (hébreu: Tôbïydh), esclave ammonite.

II Esd., ii, 10, 19. C’était un homme intelligent, quifit la plus vive opposition à Néhémie. Il était le gendrede Séchénias, fils d’Arèa, II Esd., VI, 18, et s’immisçaitainsi dans les affaires des Juifs. Le moabite Sanaballatpartageait sa haine contre les enfants d’Abraham ettous les deux, réunissant l’aversion de la race deMoab et de celle d’Ammon contre Israël, s’entendaientensemble pour l’empêcher de relever Jérusalem de sesruines. Néhémie écarta avec soin ces loups qui voulaientse mêler à son troupeau pour le dévorer. «Vousn’avez ni part, ni droit, ni souvenir dans Jérusalem,»

dit Néhémie, II Esd., ii, 20, à Tobie, à Sanaballat et àGosem l’Arabe. L’irritation de l’Ammonite n’en devintque plus vive. «Qu’ils essaient de rebâtir (les mursde Jérusalem)! s’écriait-il, iv, 3. Si un renard s’élance, il renversera leurs murailles de pierres.» Cf. ꝟ. 7. Pardes intrigues de toute sorte, il travaillait à prendre pieddans Jérusalem. Des affidés le tenaient par lettres aucourant de tout ce qui se passait et il les excitait enleur écrivant lui-même. Plusieurs Juifs étaient liésavec lui par serment, parce qu’il était gendre de Séchénias, fllsd’Arèa, et parce que son fils Johanan avait épouséla fille de Mosollam, fils de Barachie, vi, 1-14, 17-19.Profitant sans doute de l’absence de Néhémie, il poussal’audace jusqu’à s’établir dans le Temple, dans unappartement que lui avait préparé le grand-prêtre Ëliasib, xiii, 45. Voir Éliasib 5, t. ri, col. 1668. À son retourde Perse, Néhémie, indigné, se rappelant que la Loiinterdisait l’accès du Temple aux Ammonites et auxMoabites, xiii, 1, chassa l’intrus et fit jeter ses meublesdehors, jf." 7-8. Depuis lors, il n’est plus question delui. Voir Néhémie 2, t. iv, col. 1567.

3. TOBIE (Septante: Twêei’9, Twëei’ï, Ttoên), fils deTobiel et père de Tobie le jeune. Il était de la tribu etde la ville de Nephthali en Galilée et fut emmené captifà Ninive sous le règne de Salmanasar, roi d’Assyrie.Son histoire est racontée dans le livre qui porte sonnom. Voir Tobie 7.

4. TOBIE, fils du précédent. Pour son histoire, voirTobie 7.

5. TOBIE (hébreu: Tôbîydhû; Septante: irapà tù>v-/pïiit’iiwv), un des personnages revenus de la captivitéqui doivent donner les couronnes destinées à être misessur la tête du grand-prêtre Jésus. Zach., vi, 10, 14. VoirHélem 2; Idaïa 4, t. iii, col. 566, 806.

6. tobie (grec: Twët’aî), père d’Hircan, riche habitantde Jérusalem. II Mach., iii, 11. Voir Hircan, t. iii, col. 719.

7. TOBIE (LIVRE DE), livre deutérocanonique qui racontel’histoire de Tobie, père et fils. Dans les anciensmanuscrits grecs, il porte simplement comme titreT(o6c’t, Twêeir; dans des manuscrits moins anciens, B16Xo{ ï.6yu>w TuSix; en latin, Tobis, Liber Thobis, Tobit et Tobias, Liber utriusque Tobise; dans la Vulgate: liber Tobise. Le nom de Tobie devait être enhébreu Tôbîyâh, «Jéhovah est bon «ou «Jéhovahest mon bien». Cf. I Esd., ii, 60; Il Esd., ir, 10; iv, 3; Zach., vi, 10, 14. La forme Twëi’r des versions grecqueset Tobis de l’ancienne Italique provient sans doute desimples terminaisons t et s ajoutées à la forme hébraïqueabrégée Tôbi, dans laquelle Yâh doit être sousentenducomme’èl, «c Dieu», est sous-entendu dans lenom Palti, I Sam., xxv, 44, qui est écrit Paltiel, II Sam., iii, 15 (Vulgate: Phalti, Phaltiet).

I. Do texte du livre. — 1° Tobie a été composé enchaldéen, au témoignage de saint Jérôme, Prsef. inTob., t. xxix, col. 23; en hébreu, d’après d’autres, oumême en grec, selon quelques-uns. Cette dernièreopinion est fausse. On ne peut apporter aucun argumentdécisif en faveur de l’une ou l’autre des deuxpremières. On a découvert en 1877 et publié en 1878un texte chaldéen de Tobie, mais ce n*est certainementpas le texte originalThe book of Tobit; a Chaldeetext from a unique m», in the Bodleian Library, edited by Ad. Neubauer, Oxford. Les versions anciennessont notablement différentes les unes des autres, etla critique est impuissante à rétablir le texte primitif.

2° Manuscrits. — On possède quatre manuscritsgrecs, plus ou moins complets, en lettres onciales, du

livre de Tobie: le Vaticanus, le Sinaiticus (LibellusTobite codice Sinaitico editus et recensitus a Fr. H.Reusch, Fribourg, 1870), Y Alexandrinus et le Venetus-Marcianus.Le texte du Sinaiticus est reproduit avecles principales variantes du Codex Alexandrinus, duCodex Parisiensis Coislin viii, et du Codex Parisiensis, supplément grec 609, qui représente la revision del’évêque égyptien Hésychius (ive siècle), dans F. Vigouroux, Bible polyglotte, t. iii, p. 466-522. Les manuscritsgrecs en lettres minuscules, de Tobie, sont asseznombreux.

3° Classification et valeur des divers textes. — Onpeut partager en quatre groupes principaux les différentstextes du livre de Tobie. — 1. Le premier comprendle Vaticanus, Y Alexandrinus, le Venetus, laPeschito ou version syriaque, i-vn, 5, la version arménienneet la version hébraïque de fa*gius. — 2. Lesecond, le Sinaiticus, l’ancienne Italique et la versionhébraïque de Sébastien Munster. — 3. Le troisième, les manuscrits minuscules grecs 44, 106, 107, et ladernière partie de la Peschito, vii, 10-xiv. — 4. Lequatrième, la Vulgate. — Les critiques sont loin d’êtred’accord sur la valeur de ces divers textes. Les savantscatholiques ont donné communément la préférence àla Vulgate. Un commentateur de Tobie, Gutberlet, estporté cependant à croire que saint Jérôme, qui traduisitle livre en un seul jour, d’après ce qu’il nousapprend lui-même, Prsef. in Tob., t. xxix, col. 26, aabrégé le texte original. Il se fonde principalementsur ce que Tobie le père parle à la première personnedans les textes grecs, tandis que le récit est à la troisièmepersonne dans la Vulgate. On comprend, dit-il, qu’un abréviateur change la personne; on ne comprendraitpas que celui qui traduit simplement ou amplifiel’original eût imaginé un pareil changement. «Sousle rapport littéral, continue t-il, le texte du CodexSinaiticus et la version Italique méritent la préférence; sous le rapport dogmatique, la Vulgate doit être placéeau premier rang; … sous le rapport esthétique, lecodex du Vatican (ou le grec ordinaire) doit êtreregardé comme le meilleur travail sur l’original, sDas Buch Tobias, 1877, p. 19.

II. Auteur, date, canonicité. — 1° La tradition atoujours attribué à Tobie père et fils la rédaction deleur histoire: — a) parce que, dans les anciennes versions, à l’exception de celle de saint Jérôme et dunouveau texte chaldéen en partie, Tobie le père parleà la première personne depuis le ch. i jusqu’au commencementde l’histoire de Sara, fille de Raguël, iii, 7. — b) Le texte grec, xii, 20, porte que l’ange Raphaëldonna l’ordre à Tobie d’écrire son histoire et l’on nedoit pas douter que celui-ci ne lui ait obéi, comme l’insinuele verset suivant, xiii, 1, dans les versions grecques.

2° Date. — Le livre a dû être écrit quelque tempsaprès les événements qu’il raconte. Les deux derniersversets, xiv, 16-17, qui marquent la mort de Tobie lefils, doivent avoir- été ajoutés par une main étrangère, comme le récit de la mort de Moïse à la fin du Deutéronome.— Les protestants et les rationalistes, quinient maintenant le caractère historique du livre deTobie, en placent la composition aux époques les plusdiverses et rien ne montre mieux le caractère arbitrairede leur critique que les résultats inconciliables auxquelselle arrive. Suivant Eichhorn, qui ne déterminerien de plus précis, le livre a été écrit après le règnede Darius, fils d’Hystaspe; suivant Bertholdt, aprèsSéleucus Nicator, entre 250 et 200, par un Galiléen ouun Juif babylonien; suivant Ewald, vers la fin del’empire perse, vers 350; suivant plusieurs critiquesmodernes, sous l’empereur Adrien, qui régna de 117à 138 de notre ère, etc.

3° Canonicité. — La primitive Église a considéré lelivre de Tobie comme canonique. Les principales scènes

en sont reproduites dans les catacombes. «Les diversesreprésentations de ce sujet qui sont arrivées jusqu’ànous, dit Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, 2 B édit., in-4°, 1877, p. 760-761, suivent à peuprès la succession des événements de la touchante histoiredeTobie… Ces représentations, si souvent répétéesdans la primitive Église, alors que rien ne se faisait ence genre, soit dans les cimetières, soitdansles basiliques, sans l’autorité des pasteurs, prouvent jusqu’à l’évidenceque le livre de Tobiefut dès les premiers temps placédans le canon des Livres Saints.» Cependant, comme ilne se trouvait pas dans la Bible hébraïque en usagechez les Juifs de Palestine, d’anciens écrivains ecclésiastiques, en particulier saint Jérôme, se sont expriméssur les livres deutérocanoniques et sur Tobie comme s’ilexistait une différence entre eux et les livres hébreux del’Ancien Testament; ils les ont reconnus néanmoinscomme sacrés. Voir Canon, t. ii, col. 154-155. Lescanons des papes et des conciles ont défini la canonicitédu livre de Tobie. Voir canon de saint Gélase, t. ii, col. 153; cf. col. 162; canon du concile de Trente, ibid., col. 178.

III. Division et résumé du livre de Tobie. — Il formeun tout parfaitement ordonné et disposé avec un artadmirable en six sections.

1° Vertus et épreuves de Tobie le père. — 1. Un Israélitefidèle de la tribu de Nephthali est déporté à Niniveavec Anne, sa femme, et Tobie, son fils. Il exerce lesœuvres de miséricorde envers ses frères et ensevelit lesmorts, ce qui attire sur lui la persécution de Sennachérib, roi d’Assyrie,; il échappe en se cachant à lacolère du roi, et celui-ci ayant été tué par ses fils peude temps après, il recommence ses actes de miséricordeet de piété, i II. 9. — 2. L’épreuve allait commencerpour lui. Quelque temps après, s’étant endormi au piedd’un mur, la fiente d’un nid d’oiseaux lui tomba surles yeux et l’aveugla. Le nom des oiseaux est différentdans les divers textes, ainsi que les circonstances danslesquelles se produisit la cécité. Elle amena pour Tobiela privation et les misères, et les reproches de sesamis et de sa femme. Accablé d’amertume, il prie Dieude le délivrer de la vie, ii, 10-m, 6.

2° Vertus et épreuves de Sara, fille de Raguël. —Ace point du récit, nous sommes transportés à Rages, enMédie, d’après le texte actuel de la Vulgate, mais plusvraisemblablement à Ecbatane, comme le portent lesversions grecques. Pendant que Tobie souffrait etpriait Dieu à Ninive, la fille d’un de ses parents, Sara, fille de Raguël, souffrait et priait à Ecbatane, en Perse.Sept fois, elle avait été mariée, et ses sept époux avaientété tués au moment même de ses noces par le démonAsmodée, dont le nom vient, d’après les uns, du perseazmûden, «tenter», d’après les autres, de l’hébreuSâmad, «perdre». Asmodée paraît être le démon de laconcupiscence. Une des esclaves de la jeune Sara luireproche la mort de ceux qui ont recherché sa main, et la jeune fille, affligée, demande à Dieu de la secourirou de la délivrer de la vie, iii, 7-23.

3e Voyage du jeune Tobie en Médie. — Dieu exaucela prière que lui adresse le père du jeune voyageuret aussi celle de Sara, la fille de Raguël; il mettra finaux épreuves de ces deux justes par le ministère de Raphaël, un de ses anges. Le vieux Tobie, croyant sa mortprochaine, après avoir donné à son fils les plus sagesconseils, l’envoie en Médie pour recouvrer dix talentsd’argent (85 COO francs) qu’il avait prêtés à Gabélus, un de ses coreligionnaires. L’ange Raphaël, qui a prisune forme humaine, sert de guide au jeune Tobie sousle nom d’Azarias. Le soir de la première journée duvoyage, ils s’arrêtèrent sur les bords du Tigre. Tobieayant voulu laver ses pieds dans le fleuve, un poissons’élançant, dit le Codex Sinailicus, «voulut dévorer lepied du jeune homme.» On ignore à quelle espèce

appartenait ce poisson. Calmet a supposé que c’étaitun brochet. On le trouve dans le Tigre et sa chair estexcellente. L’ange dit à Tcbie de saisir le poisson parles ouïes, et, quand ils en eurent mangé, il lui recommanda de garder une partie du cœur et du foie pourchasser le démon, et le fiel pour guérir la taie des yeux, vi, 1-9.

4° Mariage du jeune Tobie avec Sara. — Les deuxvoyageurs arrivèrent sans autre incident à Ecbatane etils allèrent loger chez Raguël, le père de Sara. Sur leconseil de l’ange, Tobie demande la main de la jeunefille, après avoir appris de son guide le moyen dechasser le démon qui avait fait périr les précédentsmaris de sa cousine; il l’obtient, chasse Asmodée enbrûlant une partie du cœur et du foie du poisson eten passant en prières les trois premières nuits de leurmariage. L’ange Raphaël relégua Asmodée dans le désertde la HauteEgypte, de sorte qu’il ne pût agir endehors de ce lieu. Alligavit, hoc est ejus potestatem…cohibuit atque frsenavit, dit saint Augustin, De civ.Dei, XX, vii, 2, t. xii, col. 668, expliquant un passageanalogue de l’Apocalypse, xx, 2. Le nouvel époux demeuraquatorze jours auprès de Raguël, son beau-père.Pendant ce temps, Raphaël alla à Rages chercher l’argentprêté à Gabélus et amena ce dernier à Ecbatanepour prendre part aux fêtes du mariage, VI, 10-IX.

5° Retour de Tobie à Ninive. — L’ange enseigna aujeune Tobie, pendant le retour, le moyen de guérir sonpère de sa cécité, à l’aide du fiel du poisson. Sara étaitpartie avec lui, après avoir reçu de Raguël de sagesconseils sur les devoirs d’une mère de famille. Enchemin, son jeune époux prit les devants, pour calmerles inquiétudes des siens, et, à son arrivée, il guérit levieillard aveugle par les moyens que l’ange lui avaitindiqués, x-xi.

6° Conclusion: manifestation de Raphaël; dernièresannées de Tobie. — Raphaël fit alors connaître auxdeux Tobie sa nature angélique et leur révéla les desseinsde Dieu dans les épreuves qu’ils avaient eues àsubir, xii. Le vieux Tobie rend alors gloire à Dieu deses bienfaits et prédit la gloire future de Jérusalem, xiii. Aux approches de la mort, il donne ses derniersavis à sa famille et lui recommande de quitter Ninive, qui sera détruite. Tobie le fils retourne auprès de Raguëlet meurt à l’âge de 99 ans, xiv. — L’interventionde Raphaël, envoyé de Dieu, est un des traits principauxdu livre de Tobie, qui nous révèle ainsi quel estl’office des anges gardiens et nous met sous les yeuxl’action de la Providence dans les incidents de la vieordinaire.

IV. Caractère historique du livre de Tobie. —L’historicité du livre de Tobie a été longtemps admisesans contestation. Tous les protestants le regardent aujourd’huicomme un roman pieux, ainsi que quelquescatholiques, mais la réalité de l’histoire de Tobie estattestée par les détails minutieux du récit, la généalogiedu principal personnage, les renseignements précis surla géographie, l’histoire, la*chronologie, etc., qui nousmontrent que l’auteur a voulu parler en historien. Lesprincipales difficultés qu’on fait contre le caractèrehistorique du livre de Tobie sont les suivantes:

1° Les faits merveilleux qui y sont racontés. — Lesmiracles contenus dans un récit ne sont pas une preuvequ’il est historique, mais ils ne sont pas non plus unepreuve qu’il soit fictif, parce que Dieu peut, quand illui plaît, intervenir surnaturellement dans les affairesde ce monde, comme le montrent tant d’autres miraclesrapportés dan3 la Sainte Écriture.

2° Inexactitudes qu’on prétend exister dans le récit.

— 1. Rages, la ville de Médie où l’auteur fait résiderGabélus, au VIIIe siècle avant notre ère, ne fut bâtie, dit-on, que plusieurs siècles plus tard, par SéleucusNicator, d’après le témoignage de Strabon, XI, xiii, 6.

C’est là une fausse interprétation de Slrabon. Il ditque Séleucus changea le nom de Rages, comme il le fitpour d’autres villes, et l’appela Eurôpos. Le Zend-Avestala mentionne comme une ville déjà ancienne. — 2. Onprétend que c’est Théglathphalasar (745-727) et non Salmanasar(727-722), Tob., i, 2, qui déporta la tribu deNephthali en Assyrie. C’est peul-être Sargon qu’il fautlire au ꝟ. 2, comme au ꝟ. 18, au lieu d’Enemessaros, nom altéré que porte le texte grec, et qu’il faut corrigeren Sargon, d’après les documents assyriens. Mais, quoiqu’il en soit, Théglathphalasar n’avait pas déporté enAssyrie la tribu de Nephthali tout entière, et Salmanasarou Sargon put encore trouver des hommes de cettetribu dans le royaume d’Israël. — Quelques autres difficultésgéographiques s’expliquent aussi par la perte del’original et par les altérations des noms propresétrangers, que ne connaissaient pas les copistes, etqu’ils ont défigurés dans leurs transcriptions.

3° L’histoire de Tobie et le conte d’Ahikar. — Ladécouverte d’un conte ou d’un roman connu sous lenom d’Histoire du sage Ahikar fournit matière à uneobjection nouvelle, contre le caractère historique dulivre de Tobie. Tout ce qu’on en connaît jusqu’ici a étépublié par MM. Rendel Harris, F. C. Conybeare etAgnès Smith Lewis, The story of Ahikar, fromthe Syriac, Arabie, Armenian, Ethiopie, Greek andSlavonic versions, in-8°, Londres, 1898. Une partiedes aventures altribuées à Ahikar se retrouve, maisdémarquée, dans la vie d’Ésope le Phrygien, attribuéeau moine grec Planude et que La Fontaine a placée enen tête de ses Fables. Son nom se lit aussi dans le livrede Tobie. La Vulgate l’appelle Achior, Tob., x, 20, etne le mentionne que dans ce passage, mais les versionsgrecques et l’ancienne Italique lui conservent son nom’A-/Ei’-/.apoç (Sinaiticus), ’A-/iàxapoç (Valicanus), Achicarus (Vêtus llala), et parlent de lui, I, 24-25, où Tobie l’appelle le fils de son frère; ii, 11, où Achiacharnourrit son oncle devenu aveugle jusqu’à sondépart pour l’Élymaide; XI, 18 (Vulgate, 20), oùAchiachar (Achior) et Nasbas (Nabath) félicitent Tobiede tous les biens dont Dieu l’a comblé; enfin xiv, 10, Tobie dit avant de mourir à son fils, d’après le Sinaiticus: «Mon fils, considère ce qu’a fait Nadab à Achichar, qui l’avait élevé; ne l’a-t-il pas mis vivant dansla terre? Et Dieu l’a couvert de confusion, et Achicharest revenu à la lumière et Nadab est tombé dans lesténèbres éternelles parce qu’il avait cherché à tuerAchichar. Parce qu’il avait pratiqué la miséricordeenvers moi, il a échappé au piège de mort que Nadablui avait tendu, et Nadab est tombé dans le piège de lamort qui l’a fait périr.»

Des détails analogues se retrouvent dans le conted’Ahicar. Voir la reproduction des parties principalesde ce conte dans F. Vigouroux, Les Livres Saints etla critique rationaliste, 5e édit., t. iv, 1902, p. 557-569.On veut en conclure que le livre de Tobie est aussifabuleux. Son auteur nous a suffisamment prévenusdu caractère purement imaginaire de son œuvre, dit-on, en y mêlant des traits empruntés à un récit qui amérité d’être inséré dans le supplément des Mille etune nuits. — À cela on peut répondre que la questionest de savoir si le texte primitif et original de Tobiecontenait les passages qui ont trait à Ahicar. Le textede notre Vulgate ne contient pas les passages relatifs àAhicar qu’on lit dans les textes grecs; il nomme bienAchior et Nabath, xi, 20, mais ce verset ne renfermepas d’allusion précise aux détails fabuleux du conte. Onprétend que saint Jérôme, ayant abrégé l’original, y asupprimé ces passages, mais c’est une affirmationqu’on ne peut prouver; nous ne possédons plus aujourd’huile texte original; personne ne peut assurer qu’illes contenait et se faire garant que le traducteur lesa omis volontairement. Leur présence dans les traductions grecques n’est pas suffisante pour établirqu’ils viennent de l’original, il s’en faut d’autant plusque les textes grecs ne concordent point entre eux; ils ont par conséquent souffert, et les allusions à Ahicaren particulier se présentent avec toutes les apparencesd’additions postérieures. De plus, on est hors d’étatd’établir que Tobie est postérieur à Ahicar.

Voir*0. Fr. Fritzsche, Die Bûcher Tobi und Judith, in-8°, Leipzig, 1853; H. Reusch, Das Buch Tobias ûbersetztund erklârt, in-8°, Fribourg, 1857; C. Gutberlet, Das Buch Tobias ûbersetzt und erklàrt, in-8°, Munster, 1877; A. Schdlz, Commentaizum Bûche Tobias, in-8°, Wurzbourg, 1889.

    1. TOILE##

TOILE (Septante: îcttôç; Vulgate: tela), tissu faitsur le mélier avec du fil de chanvre, de liii, ou de l’unet l’autre mêlés ensemble. L’hébreu n’a pas de nomspécial pour désigner la toile. —La toile d’araignée estappelée en hébreu bêf, «maison», Job, viii, 14, ouqûrîm, «fils fins». 1s., lix, 5, 6. Sur Osée, viii, 6, oùles versions parlent encore de toiles d’araignée, voirAraignée, 1. 1, col. 875. — Les mots i<rrô; et tela veulentl’un et l’autre dire à la fois «métier, chaîne, trame, tissu, toile». Ils sont mis pour désigner le fil dansJob, vii, 6, et Isaïe, xxx, 1. Dans un autre passage, Is., xxv, 7, la Vulgate nomme la toile à la place d’unecouverture. Voir Linceul, t. iv, col. 265; Suaire, t. v,

col. 1874.

H. Lesêtre.

    1. TOILETTE##

TOILETTE, ensemble de soins que l’on prend pourla bonne tenue du corps, son vêtement et sa parure. —Les Hébreux prenaient de leur corps le soin commandépar l’hygiène. Voir Bain, t. i, col. 1386; Lavement despieds, Laver (se) les mains, t. iv, col. 132, 136. Lesprescriptions sur les impuretés légales tendaient à leséloigner de toute souillure corporelle ou à les en purifier.Voir Impureté légale, t. iii, col. 857; Purification, t. v, col. 879. Comme tous les Orientaux, ilsaimaient les parfums et en faisaient grand usage. VoirOnction, t. iv, col. 1810; Parfum, col. 2163. — Lesvêtements étaient simples, amples, et ordinairement delin ou de laine. Voir Vêtement. Les hommes comptaientles pièces suivantes à leur costume: le manteau, la tunique, deux ceintures, l’une sur la tunique etl’autre sur le corps même, un vêtement plus court quise mettait entre la chemise et la tunique, la chemise, la coiffure, la chaussure, le caleçon, les manchettes, pour couvrir les mains et les bras jusqu’aux coudes, deux mouchoirs, dont l’un pour essuyer les mainsaprès qu’on les avait lavées, un voile pour couvrir latête et les épaules, et un tour de cou dontles extrémitéspendaient en avant. Les femmes portaient la chemise, une large tunique, une écharpe couvrant les épaules, le caleçon, les chaussures, le voile, le manteau. Voirces mots. Cf. Iken, Antiquitates hebraiese, Brème, 1741, p. 543-548. Toutes ces pièces n’étaient pas indispensableset on n’en a sans doute point toujours fait usagedans les anciens temps. — Aux étoffes s’ajoutaient desornementsde métal, anneaux, t. i, col. 632, bijoux, t.i, col. 1794, bracelets, t. i, col. 1906, chaînes, t. ii, col. 479, colliers, t. ii, col. 834, pendants d’oreilles, t. v, col. 36, etc. Ézéchiel, xvi, 10-13, décrit ainsi la toiletted’une Israélite de condition: «Je te vêtis de broderieet je te chaussai de peau de tahas (voir t. ii, col. 1512); je te ceignis d’un voile de lin et je te couvris des plusfins tissus. Je t’ornai d’une parure: je mis des braceletsà tes mains et un collier à ton cou; je mis à ton nez unanneau, des boucles à tes oreilles et sur ta tête un magnifiquediadème. Tu t’ornas d’or et d’argent, et tu fusvêtue de liii, du tissu le plus fin et de broderie.» Isaïe, iii, 16-24, fait le portrait des élégantes de sontemps, qui marchaient la tête haute, en faisant sonnerles anneaux de leurs pieds. Il énumère jusqu’à vingt

cinq objets entrant dans la composition de leur toilette.On peut voir aussi la description de la toilette que faitJudith, avant de se présenter devant Holoferne.Judith, x, 3. Une fille de roi portait des tissus d’or etune robe de couleurs variées. Ps. xlv (xliv), 15. Lesjeunes tilles avaient un goût particulier pour la parure.Jer., ii, 32; Bar., vi; 8. Il était recommandé de ne pastirer vanité de sa toilette: «Ne te glorifie pas des habitsqui te couvrent.» Eccli., xi, 4. — Saint Jacquesne veut pas qu’on ait plus d’égards pour le chrétienportant un anneau d’or et un vêtement magnifique, quepour un pauvre à l’habit sordide. Jacob., ii, 2-4. SaintPierre recommande aux femmes la simplicité: «Quevotre parure ne soit pas celle du dehors: les cheveuxtressés avec art, les ornements d’or ou l’élégance deshabits.» Elles doivent se préoccuper avant tout de laparure de leur âme. «C’est ainsi qu’autrefois se paraientles saintes femmes qui espéraient en Dieu.» I Pet., iii, 3-5. Saint Paul dit de même: «Que lesfemmes soient en vêtements décents, se parant avecpudeur et simplicité, sans tresses, or, perles ou habitssomptueux, mais par de bonnes œuvres, comme il convientà des femmes qui font profession de servir Dieu.» I Tim.. ii, 9, 10. Il veut également «que les femmesfigées fassent paraître une sainte modestie dans leurtenue.» Tit., ii, 3. H. Lesèire.

    1. TOISON##

TOISON (hébreu: gêz, gizzâh; Septante: mixoç, xovpâ, «tonte»; Vulgate: vellus), laine de la brebisqui a été tondue. — L’Israélite devait offrir les prémicesde ses toisons. Deut., xviii, 4. — Pour connaître la volontédivine, Gédéon se servit d’une toison, et demandasuccessivement que la rosée s’arrêtât dans la toisonsans aller jusqu’au sol, et qu’ensuite elle humectât lesol sans mouiller la toison. Jud., VI, 36-39. — On employaitdes toisons pour se couvrir pendant la nuit; Job, xxxt, 21, eu prétait aux indigents pour cet usage.

— Mésa, roi de Moab, payait au roi d’Israël un tributde 100 000 agneaux et 100000 béliers avec leurs toisons, c’est-à-dire avant la tonte. IV Reg., iii, 4. — Il est ditdu Messie qu’il «descendra comme la pluie sur le gêz, et comme des eaux qui gouttent sur la terre.» Ps. lxxii (lxxi), 6. Il est possible que le psalmistefasse allusion au miracle de Gédéon, comme le fait elle-mêmel’Église en se servant de ce texte. In Circumcis.Dom., ad laud., ant. 3. D’autres pensent que gêz estpris ici dans le sens d’herbe ou de gazon, qui est comme

la toison du sol.

H. Lesêtre.

TOIT (hébreu: gdg, mikséh; Septante: Sôjia, axiyo; , Û7ta18pov, «en plein air»; Vulgate: tectutn, solarium, doma), couverture d’une maison ou d’un édifice.’1° Le toit oriental diffère des toits construits dansles pays où il faut pourvoir à l’écoulement de pluiesfréquentes et de neiges. Ce toit est plat et en forme deterrasse entièrement exposée au soleil, solarium, et augrand air, <irou6pov. «Les maisons de Palestine et deSyrie ont pour couverture une terrasse faite d’uneépaisse couche d’argile, reposant sur un planchergrossier. L’herbe y pousse pendant l’hiver et se dessècheau soleil du printemps. Parfois, quelque mouton, quelque chèvre y va brouter l’herbe; puis on arrachele chaume pour serrer de nouveau la terre avec unrouleau de pierre, aux premières pluies d’automne.» M. Jullien, L’Égijpte, Lille, 1891, p. 263. Autrefois, onavait des toitures plus solides, mais moins étanches, composées de dalles de pierre ou de tuiles qu’on pouvaitfacilement lever. Luc, v, 19. Ces sortes de toituresavaient un inconvénient. À la saison des pluies, elleslaissaient parfois goutter l’eau à l’intérieur, de laplusdésagréable façon. C’était alors une gouttière continue, délêf torêd. Prov., xix, 13; xxvii, 15. Pour éviter lesaccidents de chute, la loi ordonnait de mettre une balustrade tout autour du toit. Deut., xxii, 8. On accédaitau toit par un escalier extérieur, qui permettait d’yarriver de la cour, même quand la maison était pleine.Luc, v, 19. Voir t. iv, fig. 181, 183, col. 590, 592. L’herbepoussait sur ces toitures, autrefois comme aujoud’hui; mais elle se desséchait dès que le soleil succédait à lapluie. Cette herbe était l’image de tout ce qui est éphémère.IV Reg., xix, 26; Ps.cxxix(cxxviii), 6; Is., xxxvii, 27. Le toit n’avait pas seulement pour raison d’êtred’abriter la maison; il servait encore à toutes sortesd’usages. Quand les espions israélites vinrent à Jéricho, Rahab les cacha sur son toit, sous des tiges de lin. Jos., Il, 6, 8. On montait sur le toit pour converser à sonaise, I Reg., IX, 25, 26; pour éviter une compagnieimportune, Prov., xxi, 9; pour se baigner, mais seulementd’après la Vulgate, II Reg., xi, 2; pour certainsactes qu’on voulait accomplir devant de nombreuxtémoins, II Reg., xvi, 22; pour voir ce qui se passaitaux alentours, II Reg., xi, 2; pour se faire entendrede loin à ceux qui étaient dans les rues ou sur les autresterrasses, Malth., x, 27; Luc, xii, 3; pour se réjouir, Is., xxii, 1; pour se lamenter, Is., XV, 3; Jer., xlviii, 38; quelquefois, pour se livrer à certains cultes idolâtriques.IV Reg., xxiii, 12; Jer., xix, 13; xxxii, 29; Soph., 1, 5. On élevait sur les toits des cabanes defeuillage pour la fête des Tabernacles. IIEsd., viii, 16.Notre-Seigneur dit à ceux qui devront fuir avantle siègede Jérusalem de ne pas descendre de leur toit afin deprendre quelque chose dans leur maison, mais de sesauver sans arrêt, tant le péril sera pressant. Matth., xxiv, 17; Marc, xiii, 15; Luc, xvii, 31. Quelquefoisun oiseau était solitaire sur le toit d’une maison. Ps.en (ci), 8. — 2° La Sainte Écriture mentionne encorele toit de l’arche de Noé, Gen., viii, 13, le toit du Tabernacle, Exod., xxvi, 7, voir Tabernacle, col. 1955; le toit de la tour de Thébès, du haut duquel unefemme lança sur la tête d’Abimélech un morceau demeule, Jud., ix, 51, le toit du temple de Dagon, surlequel 3000 personnes avaient pris place pour voirdanser Samson, Jud., xvi, 27, et le toit du Temple deJérusalem. Ezech., XL, 13. — 3° Être sous un toit, c’estêtredansune maison. Jud., xix, 18; , Ter., xxx, 18; Sap.,

xvii, 2; Matth., viii, 8; Luc, vii, 6.

H. Lesêtre.

    1. TOLET François##

TOLET François, théologien et exégète espagnol, né à Cordoue, le 4 octobre 1532, mort le 14 septembre1596. Il entra dans la Compagnie de Jésus le 3 juin1558. Il fut appelé à Rome pour y professer la philosophieet la théologie. Clément VIII le fit cardinal le17 septembre 1593. On a de lui, sur l’Écriture Sainte: In sacrosanctum Joannis Evangelium Commentarii, in-f°, Rome, 1598, plusieurs éditions; In duodecimcapita… Evangelii secundum Lucam, in-f°, Rome, 1600; Commentarii in Evangelium secundum Lucam, in-f°, Cologne, 1611; Commentarii et Annolationesin Epistolam B. Pauli ad Romanos, in-4°, Rome, m.cd.ii; Emendationes in Sacra Biblia vulgatse edilionis, in-f°, 1590. — Voir C. Sommervogel, BibliothèquedelaCompagnie de Jésus, t. viii, 1898, col. 64-82.

    1. TOLETANUS##

TOLETANUS (CODEX). Ce manuscrit, un des manuscritsimportants de la Rible latine, appartient à laBibliothèque nationale de Madrid, où il est coté «2, 1°, sa cote de la bibliothèque du chapitre de Tolède, aufonds duquel il appartient. L’écriture, wisigothique, est du VIIIe siècle. Il compte 375feuillets à trois colonnes, chaque colonne de 63 à 65 lignes. Il mesure 438 mill.sur 330. Notes arabes sur les marges. Le texte commenceavec Gen., l, 22, et, avec quelques lacunes accidentelles, donne tonte la Bible. Ce manuscrit, en 158$^fut collationné par le bibliothécaire du chapitre deTolède, Cristobal Palomarès, pour le cardinal AntoineCarafa et la commission romaine qui préparait l’édi

tion romaine de la Vulgate. Le Codex Toletanus, écritSamuel Berger, a presque en toutes ses parties des caractèresdistincts et qui souvent sont uniques, tels beaucoupdes" sommaires qu’il met en tête des divers livresde la Bible. C’est une Bible espagnole, antérieure detexte à l’invasion arabe, avec de nombreuses leçons singulières, et en particulier de très curieuses variantesinscrites sur les marges. Beaucoup de leçons de fortbonne nature attestent en même temps l’antiquité dece texte, dit encore S. Berger. En tête des Épîtres desaint Paul sont reproduits les canons de Priscillien, accompagnés du proœmium sancti Peregrini episcopi.En voir l’édition critique dans G. Schepss, Priscillianiquse supersunt, Vienne, 1889, p. 109 147. On sait quece Peregrinus episcopus est identifié avec le moineBachiarius, vers 410. À la fin du manuscrit, une note deseconde main, ancienne, mentionne que le codex a étédonné à l’église Sainte-Marie de Séville (Hispalis) parServandus, évêque de Cordone, en 988. Le codex n’enest pas moins du viij» siècle, et Servandus n’en a étéque propriétaire et donateur au xe siècle. Voir SamuelBerger, Histoire de la Vulgate, Paris, 1893, p. 12-14, 391. Un tac-similé est dans Ewald et Lœwe, Exemptascripturæ wisigothicx, 1883, planche xi. La collation dePalomarès, publiée par Bianchini, est reproduite dansMigne, Patr. Lat., t. xxix. P. Batiffol.

    1. TOMBEAU##

TOMBEAU (hébreu: qébûrâh, qêbér, de qabâr, «ensevelir»; bôr, «fosse», bêt, «maison», èal.iap, «pourriture», ces trois derniers mots désignant letombeau par sa forme, sa destination ou ses effets; Septante: u.vï)|j, eiov, pv^iia, tivoi; Vulgate: sepulcrum, monumentum), lieu où l’on dépose le corps d’un mort.

I. Les anciens tombeaux. — 1° En Chaldée. — Lesterres d’alluvions sur lesquelles étaient bâties les villesne permettaient pas la construction de grands monumentsfunéraires. L’humidité du sol pénétrait partoutet décomposait rapidement les cadavres. On construisaitles tombeaux en briques sèches ou cuites, disposées demanière à former une sorte de voûte (fig. 499), ou unréduit assez étroit surmonté d’un petit dôme ou d’untoi*, plat. Voir 1. 1, fig. 324, 325, col. 1162. Une natte imprégnéede bitume recevait le corps, autour duquel ondisposait des jarres et des plats d’argile, contenant lesaliments et les boissons nécessaires au mort, les armes

étaient simplement enfouis dans le sable, d’autres, plusaisés, se faisaient ensevelir dans un modeste édicule debriques jaunes ou creusaient leur sépulture dans lesparois de la montagne. Les plus riches se préparaientun mastaba, tombeau isolé qui se composait d’unechapelle intérieure, d’un puits et de caveaux souter499. — Tombe voûtée d’Ur.

D’après Taylor, Journal of the R. Asiat. Society, t. xv, p. 273.

rains. La chapelle avait la forme d’une pyramide tronquée, de trois à douze mètres de haut, de cinq à cinquantemètres de côté, et les quatre faces aux quatrepoints cardinaux (fig. 500). À l’intérieur, était ménagéeune chambre oblongue, au fond de laquelle se dressaitune stèle représentant quelquefois le mort. C’étaitcomme la porte conduisant à sa demeure et c’est devantcette stèle qu’on lui apportait les offrandes. Elle constituaitla partie essentielle du tombeau, celle qui entretenaitl’identité du mort, et autour de laquelle on

500. — Mastaba de Gizéh. D’après Lepsius, Denkmaler, ii, 26.

pour les défendre et les objets servant à la parure desfemmes. Parfois, on procédait au préalable à la crémationdu corps, dont ensuite on enterrait les restes, enménageant jusqu’au sol des conduits de poterie quiamenaient l’eau de pluie ou d’infiltration au défuntpour qu’il se désaltérât. Les tombes, souvent superposées, s’effondraient sous l’envahissem*nt du sable oudes décombres et ne laissaient guère de traces. Les roisseuls se faisaient inhumer dans des palais abandonnéset y recevaient un culte. Cf. ilaspero, Histoire ancienne, t.i, p. 684-689.

2° En Egypte. — Pendant que les gens du peuple

se plaisait à figurer tous les objets dont il pouvaitavoir besoin. La figuration de ces objets équivalait àleur réalité. Un puits de douze à trente mètres descendaitjusqu’au caveau, comprenant un couloir très baset la chambre funéraire. La momie était déposée danscette chambre avec des provisions; puis l’entrée ducouloir était murée et le puits comblé de matériaux etde terre arrosés d’eau, qui ne tardaient pas à formerun ciment compact. Les plus anciens rois se construisaientégalement des pyramides, dans lesquelles l’accèsde la chambre mortuaire était dissimulé par les moyensles plus ingénieux. Ces tombeaux étaient les hârâbût,

soliludines, les demeures solitaires dont parle Job, iii, 14, et le bêf’olàm, oTxoî aî&voç, domus sslernitatis, la «maison éternelle» à laquelle fait allusion l’Ecelésiaste, xii, 5. Dès les premières dynasties, les tombeauxégyptiens portent le nom de «maisons éternelles». Cf.Masperô, Les contes populaires de l’Egypte ancienne,

(fig. 501). On y pénétrait par un puits situé à l’une desextrémités et fermé par une pierre. À l’extrémité opposéeétait pratiquée une cheminée conique, largeseulement de m 20 à l’orifice extérieur. La caverne aservi primitivement à des incinérations, plusieurssiècles avant notre ère. Dans la couche de cendres

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2° Plan montrant les constructions environnantes501. — Caverne funéraire de Gazer. D’après Q. St., Palest. Expl. Fund, oct. 1902, pi. 8.

Paris, 3e édit., p. ltiii. Malgré les précautions prisespour rendre ces maisons inviolables, les grands et lesrois n’ont pas toujours eu le pouvoir d’habiter cellesqu’ils avaient préparées, ou, plus souvent encore, y ontété visités ou en ont été expulsés par les chercheursde trésors, de sorte que, comme dit Bossuet, Disc, surVhist. univers., iii, 3, Bar-le-Duc, 1870, t. ix, p. 522,

humaines, on a reconnu les restes d’une centaine depersonnes, dont la moitié d’adultes. La présence de lacheminée est ainsi justifiée par l’usage auquel était consacréela caverne. À une époque moins ancienne, de2500 à 1200, l’inhumation fut substituée à la crémation.La caverne fut alors agrandie et le puits fut creusépour tenir lieu de l’escalier primitif, parce qu’il deve502. — Tombe chananéenne. D’après Vincent, Canaan, p. 215. «ils n’ont pas joui de leur sépulcre.» Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 248-258; L’archéologie égyptienne, Paris, 1887, p. 108-161.

3° En Chanaan. — Les fouilles exécutées àGézerparM. Macalister ont mis au jour des tombes antiques quinous révèlent la manière dont les Chananéens primitifsensevelissaient leurs morts. Cf. Q. S., Palest.Explorât. Fund, 1904, p. 320-354. Le plus ancien hypogéequ’on ait retrouvé est une caverne taillée dansune roche tendre du coteau de Gazer, mesurant6*45 sur 7 m 50, et haute seulement de m 61 à l m 50

nait important de rendre inaccessible aux intrus l’hypogéequi recevait des corps entiers. Des poteriesdiverses renfermaient les aliments et la boisson donton approvisionnait les morts. Dans d’autres tombes, onpénètre par un puits aboutissant à un passage surbaissépar lequel on accède à la chambre funéraire (fig. 502).Cette disposition est d’imitation égyptienne. Dans cestombes abondent toujours les offrandes funéraires, aliments, boisson, lampes, armes, objets de parure.AMageddo, on a trouvé, entre huit et dix mètres de profondeur, des tombes datant de 2000 à 1500,-auxquelles

on accède par un puits, et qui présentent cette particularitéd’être régulièrement voûtées, avec une dallepour clef de voûte (fig. 503). Quelquefois, on utilisait pourles sépultures des excavations naturelles. C’est ainsi qu’à

mètre de diamètre, pratiqué dans le plafond de lachambre funéraire, et quelquefois accompagné d’unautre trou latéral par lequel on pouvait se glisser jusqu’ausol de la caverne (fig.504). La chambre, à peuprès

503. — Tombe à puits de Mageddo. D’après Vincent, Canaan, p. 223

Gazer une suite de cavernes troglodytiques furentmises en communication pour recevoir les morts d’unecolonie égyptienne établie dans le pays vers lexxve siècle. Abraham suivit cet usage, quand il acquit

ronde, avait de six à neuf mètres de diamètre. Quandon agrandissait la caverne primitive, on ménageait unpilier pour soutenir la voûte, si on le jugeait nécessaire.Les morts étaient placés sur des banquettes de

504. — Anciennes tombes Israélites. D’après Vincent, Canaan, p. 226.

la caverne de Macpélah pour la sépulture de Sara et desa famille. Voir Macpélah, t. iv, col. 520.

4° Chez les Israélites. — Quand ils s’établirent enChanaan, les Israélites adoptèrent le genre de sépulturesque suggérait la nature du sol. Ils utilisèrent lescavernes naturelles, mais en substituant aux puitschananéens et égyptiens un simple trou d’environ un

pierre, mais souvent aussi sur le sol même, couchéssur le côté gauche et les genoux ramenés sous le menton.On les superposait ainsi les uns aux autres. Lesoffrandes funéraires n’apparaissent plus guère dansces tombes qu’à l’état de simulacres, tellement la vaisselledevient petite ou intentionnellement fragmentaire.Aux environs de l’an 1000 doivent être rapportées deux

autres espèces de tombes, qui ne sont pas positivementisraélites, mais appartiennent probablement aux Philistinset à d’autres peuples contemporains. Ce sont, d’un part, des fosses munies de parements en gros blocscalcaires soigneusem*nt appareillés, avec caisson voûtéou appareil en blocage au-dessus du sol, et, d’autre part, les constructious en pierres brutes, d’allure plus oumoins mégalithique. Cf. H. Vincent, dans la Revuebiblique, 1901, p. 278-298; Canaan, Paris, 1907, p. 205mêmes dimensions, et long de l^fë), débouche dans unechambre de 2 m 40 sur l m 25, à mi-hauteur de laquelle ontété évidés des bancs destinés à recevoir les morts. Leplafond, à 2 m 06 de hauteur, est surélevé, au milieu, de0°» 35, de manière à former une sorte de toit à doublepente (fig. 505). Le tout est taillé dans la roche vive. Cetombeau et d’autres analogues ont subi des modificationsultérieures pour devenir d’abord des cellules dereclus, puis aujourd’hui des caves etdes magasins. Sur

505. — Tombe Israélite de Siloé. D’après Vincent, Canaan, p. 236, 239.

239. — Les plus anciennes nécropoles israélites devaientse composer d’un caveau, comprenant une ouplusieurs chambres funéraires, avec un puits verticalpour y donner accès, sans que l’on sache si ce puits

506. — Monument monolithe de Siloé.D’après Ancessi, Atlas, pi. xx.

était surmonté d’un monument quelconque. En touscas, les monuments funéraires aujourd’hui recouvertspar le village de Siloé donnent une idée exacte des tombeauxde l’époque royale. On pénètre dans l’un d’euxpar une petite porte taillée dans une corniche de rocher, avecl mètredehaut et0 m 82de large. Un couloir de

les tombes découvertes aux environs de Samarie, voirRevue biblique, 1910, p. 113.

II. Tombeaux historiques. — l» _Le monolithe de Siloé.

— C’est un édicule de 6 mètres de long sur 5 de large et2 m 65 de hauteur, surmonté d’une corniche égyptienneet taillé dans le roc même, dont il est isolé de troiscôtés (fig. 506). Par une porte haute de l m 45 et large dem 70, on entre dans une chambre carrée, précédée d’unpetit vestibule et dans les parois de laquelle ont étépratiquées deux niches cintrées. Cet édicule ressembleaux monuments monolithes qu’on rencontre en Egypte.Il se pourrait que ce fût un tombeau, d’autant plus qu’ilse dresse au-dessus de l’ancienne nécropole jébuséennede Siloé. Il serait alors antérieur à Salomon. Maiscomme ce roi établit ses jardins précisément dans levoisinage et qu’il n’eût pas supporté de tombeau si prèsde lui, il est possible que l’édicule ait eu une destinationdifférente, qu’il ait été construit, par exemple, pour servir de sanctuaire privé à la fille du Pharaonqu’il avait épousée. Cf. de Saulcy, Voyage autour de lamer Morte, Paris, 1853, t. ii, p. 306-313; V. Guérin, Jérusalem, Paris, 1889, p. 233-234. La première hypothèsea été rendue beaucoup plus probable par la découvertedes vestiges d’un texte hébreu archaïque, indiquantvraisemblablement le titre d’jine sépulture.Cf. Le Camus, Voyage aux pays bibliques, Paris, 1894, t.i, p. S82; Perrot, Histoire de l’art, t. iv, p. 306-313.

2° Le tombeau d’Absalom. — Voir t. i, fig. 10, col. 98; Main d’Absalom, t. iv, col. 585. De Saulcy, Voyage, t. ii, p. 288-295, incline à croire que ce tom

beau est de l'époque qu’on lui attribue. La plupart desarchéologues y voient un monument de la décadence.V. Guérin, Jérusalem, p. 200, serait plutôt d’avis que lapartie monolithe est contemporaine de David et que desenjolivements y ont été ajoutés dans les âges suivants.Il faut d’ailleurs observer que le cippe qu’Absaloms'étaitérigé lui-même de son vivant, II Reg., xviii, 18, n’empêcha pas qu’on lui construisit après sa mort untombeau proprement dit, ce à quoi David dut se prêtervolontiers, à cause de l’affection qu’il portait à son filsrebelle.

3° Tombeaux des Rois. — David fut enterré dans la «cité de David». III Reg., Il, 10. Il en fut de même

tel art que rien ne paraissait aux yeux de ceux quipénétraient dans le monument.» Josèphe, Ant. jud., VII, xv, 3; XVI, vill, 1. Le tombeau de David n’a sûrement rien de commun avec le cénotaphe que les musulmans conservent dans une salle attenante à celle duCénacle. Mais à plus de deux kilomètres de cet endroit, à environ 770 mètres au nord de la ville, on trouve la nécropole connue sous le nom de Kobour-el-Molouk, «tombeaux des rois», ou Kobour-el-Selathin, «tombeaux des sultans». Un escalier de vingt-cinq marches, larges de 9àl0 mètres ettaillées dans leroc, donne d’abordaccès dans une cour de 27 mètres de côté, dont le niveau està 7 ou 8 mètres au-dessous du sol. De cette cour, on passe

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507. — Plan du tombeau des Rois.

des rois de Juda, ses successeurs, ainsi qu’il est rapporté de Salomon, II Par., ix, 31; III Reg., xi, 43, deRoboam, III Reg., xiv, 31, d’Abia, III Reg., xv, 8, d’Asa, III Reg., xv, 24, de Josaphat, III Reg., xxii, 51, deJoram, IV Reg., viii, 24, d’Ochozias, IV Reg., ix, 28, d’Amazias, IV Reg., xiv, 20, d’Ozias, IV Reg., xv, 7, deJoatham, IV Reg., xv, 38, d’Achaz, IV Reg., xvi, 20, d'Ézéchias, IV Reg., xx, 21; II Par., xxxji, 33. Le grandprêtre Joad fut aussi inhumé dans les sépulcres royaux, à cause des services éminents qu’il avait rendus. IIPar., xxiv, 16. Par contre, le roi Joas fut inhumé dansla cité de David, mais non dans le sépulcre des rois.II Par., xxiv, 25; IV Reg., xii, 22. Sur l’emplacementde la cité de David, voir Jérusalem, t. iii, col. 13511356. Cette cité occupait la colline d’Ophel. C’est donclà que se trouvaient les tombeaux des rois. Cf. II Esd., m, 15, 16; Act., xi, 29. Le grand-prêtre Hyrcan et leroi Hérode pénétrèrent dans l’hypogée royal pour yprendre de l’argent; «mais aucun d’eux ne parvintaux retraites mystérieuses où reposaient les cendresdes rois; car elles étaient cachées sous terre avec un


dans un vestibule rectangulaire, dont l’entrée est surmontée de superbes motifs de sculpture (voir flg. 329, col. 1545). Ce vestibule mène à une antichambre carrée(flg. 507), par une porte très basse, que fermait un disquede pierre roulant dans une rigole, le long de la paroi extérieure. Cf. t. iii, col. 1477. Dans l’antichambre s’ouvrenttrois baies surbaissées, fermées jadis par des portes depierre qu’on poussait du dehors et qui, grâce à la disposition des crapaudines, se rabattaient d’elles-mêmes.On trouve ensuite sept chambres funéraires, renfermanttrente et une tombes. Les sarcophages reposaient soitdans des excavations, soit sur des banquettes surmontées d’arcades cintrées. De Saulcy découvrit, dansune chambre basse inexplorée, un sarcophage intact, maintenant au musée du Louvre (fig. 508), et portantcette inscription en araméen: «Zodan» ou «Zoran, reine», et en hébreu: «Sadah» ou «Sarah, reine». Ily avait donc là une sépulture royale. On pourrait croireque, pour obéir à une observation d'Ézéchiel, xliii, 7-9, cf. Jer., viii, 1, 2, on a transporté les corps desrois, au retour de le captivité, de la cité de David dans

V. - 72

une nécropole située hors de la ville. Exception auraitété faite pour David et pour Salomon, dont les tombesétaient encore dans la cité de David aux époques deNéhémie, d’Hyrcan et d’Hérode. Mais il n’est fait aucunemention de ce transport, et le passage d’Ézéchiel peutne s’appliquer qu’aux rois de l’avenir. Comme il estfort probable que les rois seuls étaient inhumés dansla cité de David, on a pensé que les Kobour-el-Moloukétaient la sépulture destinée à leurs femmes et à ceuxde leurs descendants qui n’arrivaient pas au trône.C’est ce que présume V. Guérin, Jérusalem, p. 215.De Saulcy a défendu son identification des sépulturesroyales dans plusieurs publications: Voyage autour dela mer Morte, rp. 219-281; dans la Revue archéologique, t. ix, 1, 1852, p. 229; t. ix, 2, 1853, p. 398-407; Voyage en Terre Sainte, Paris, 1865, t. i, p. 345-410; dans les Comptes rendus de l’Acad. des Inscript, etBelles-Lettres, , p. 105-113. Quatremère, dansiîeimearchéologique, t. ix, 1, 1852, p. 92-113, 157-169, a cru

reconnaître la sépulture des princes asmonéens, carle tombeau du grand-prêtre Jean Hyrcan était voisindes murs de la ville, à moins d’une portée de flèche.Cf. Josèphe, Bell, jud., V, vi, 2; vii, 3; ix, 2; xi, 4.

4° Tombeaux des Juges. — Ils se trouvent à vingt-cinqminutes au nord-ouest de Jérusalem, vers lanaissance de la vallée de Josaphat. Ils s’annoncent parune façade décorée d’un élégant fronton avec acrotèresaux angles et au sommet (fig. 509). Ils se composentd’une série de chambres funéraires, à différents niveaux, renfermant soixante fours superposés en deux rangéesparallèles, dans lesquels on ne pouvait placer que descorps sans sarcophages. Les Kobour-el-Kodha, «tombeauxdes Juges s, n’ont pas contenu les anciens Jugesd’Israël, presque tous inhumés dans leur propre tribu, mais probablement les magistrats présidents du tribunalsuprême, qui devint plus tard le sanhédrin. Lemonument paraît être contemporain des rois de Juda.L’ornementation a fort bien pu, ici comme dans d’au508. — Sarcophage juif. Musée du Louvre.

démontrer que cette nécropole était celle des Hérodes.Cette opinion n’est plus soutenable aujourd’hui. Ilparaît beaucoup plus probable que ces tombes sontcelles d’Hélène, reine d’Adiabène, de son fils Izates, quieut à lui seul vingt-quatre garçons, et d’autres membresde la famille royale. Josèphe, Bell, jud., V, ii, 2; Ant. jud., XX, iv, 3, a signalé le tombeau d’Hélène aunord et à trois stades de la ville. Saint Jérôme, Epist.cvm, 9, t. xxii, col. 883, note aussi que, pour entrer àJérusalem, sainte Paule «laissa à gauche le tombeaud’Hélène, reine d’Adiabène.» L’emplacement coïncidedonc bien avec celui du tombeau des Rois. La reineZoran, Zodan ou Zaddan, dont le sarcophage avait étérespecté par les pillards, serait une princesse d’Adiabène.Plus récemment, on a retrouvé parmi les décombresun morceau de terre cuite portant l’estampille ttihn «Helena», en vieille écriture hébraïque. Cf. Euting, Sitzungsberichte der Berlin. Akad., 1885, p. 679. Cesindices confirment le bien fondé de l’attribution dutombeau à la famille de la reine Hélène. L’identificationest acceptée par Robinson, Palâstina, 2 8 édit., Londres, 1856, t. iii, p. 251; R. Rochette, dans Revue archéologique, t. ix, 1, 1852, p. 22-37; Renan, dans les Comptesrendus de l’Acad. des lnscript. et Belles-Lettres, 1886, p. 113-117; Sepp, Jérusalem, Schaiïhouse, 1873, t. i, p. 307-317; Lortet, La Syrie aujourd’hui, Paris, 1884, p. 295; Schûrer, Geschichte des jûd. Volkes, t. iii, p. 121; Socin, Palâstina und Syrien, Leipzig, 1891, p. 111, etc. Il faut également écarter la pensée d’y

très nécropoles, être modifiée ou exécutée à une époquetrès postérieure. Notre-Seigneur suppose ces remaniementsquand il remarque que les scribes et les pharisiensbâtissent les tombeaux des prophètes et ornentles monuments des justes. Matth., xxiii, 29. Cf. F. deSaulcy, Voyage, p. 332-336; V. Guérin, Jérusalem rp. 268-270,

5° Tombeaux des prophètes. — Cette nécropole estsituée à mi-côte du mont des Oliviers, à l’ouest. Elle, se compose de deux galeries semi-circulaires, reliéesentre elles par trois galeries rayonnantes partant d’unechambre centrale et par deux autres petites galeriesintermédiaires. La galerie la plus excentrique estpourvue d’une trentaine de fours à cercueil. Sur la foidu nom de Kobour-el-Anbia, «tombeaux des prophètes», attribué à cette catacombe, on a longtempscru qu’elle était d’origine juive. On a même pensé qu’ilfallait y reconnaître le columbarium, 7uspt<rrepewv, dontparle Josèphe, Bell, jud., Y, xra, 2. Cf. de Saulcy, Voyage, p. 281-287; V. Guérin, Jérusalem, p. 270-271.Un examen plus attentif du procédé de construction etdes graliltes tracés sur les parois anciennes a permisde conclure qu’on était en présence d’une catacombecreusée au rv «ou Ve siècle de notre ère, à l’usage despèlerins chrétiens qui mouraient à Jérusalem. Cf.H. Vincent, Le tombeau des prophètes, dans la Revuebiblique, 1901, p. 72 88.

6° Tombeau de Josaphat. — La vallée du Cédron, appelée aussi quelquefois vallée de Josaphat, voir t. iii,

col. 1652, est presque entièrement remplie de tombeauxet de pierres sépulcrales. Voir t. ii, fig. 121, 122, col. 381, 383; t. iii, fig. 233, col. 1651. Un peu au nord-est dutombeau d’Absalom, celui qu’on appelle le tombeau deJosaphat est maintenant rendu inaccessible. Il a unbeau fronton élégamment sculpté, voir t. iii, fig. 284, col. 1653, dont la décoration a pu être ajoutée postérieurementà la construction primitive. Il renfermetrois chambres sépulcrales. On ne sait à quel Josaphatattribuer ce monument. Le roi de ce nom fut inhumédans la cité de David. III Reg., xxii, 51. Peut-êtreavait-il fait préparer ce tombeau pour les membres desa famille. Cf. de Saulcy, Voyage, p. 295, 296; V. Guerin, Jérusalem, p. 272.

du tombeau de saint Jacques, le tombeau de Zacharieest un monolithe isolé de la masse rocheuse (fig. 510).Il est formé d’un cube de 5 m 53 de côté, couronné d’unecorniche égyptienne et surmonté d’une pyramide. Lemonument est considérablement enterré et les tombesjuives s’accumulent de plus en plus tout autour. Laporte en est obstruée et l’on n’y peut pénétrer. Les musulmansl’appellent Kabr-Zoudjet-Faraoun, «tombeaude la femme de pharaon». On ne saurait dire quelZacharie a donné son nom au mausolée. Au IVe siècle, le Pèlerin de Bordeaux le’regardait comme le tombeaud’Isaïe. Cf. de Saulcy, Voyage, p. 303-306; V. Guérki, Jérusalem, 273-274.

9° Tombeau des Hérodes. — D’après les indications

509. — Fronton du tombeau des Juges. D’après Ancessi, Atlas, p. xix.

7c Tombeau de saint Jacques. — Il est à un peu moinsde cent pas au sud du précédent. La façade est tailléedans le roc, voir t. iii, fig. 286, col. 1667, avec une frisesoutenue par quatre colonnes, et abrite un vestibule quidonne accès à quatre chambres sépulcrales contenantchacune plusieurs loges. Le nom de saint Jacques aété donné à ce tombeau en vertu d’une tradition d’aprèslaquelle l’apôtre s’y serait réfugié pendant la passiondu Sauveur et y aurait été lui-même inhumé après, son martyre. Il est impossible de contrôler la réalitéde ces faits. Le monument est couvert d’inscriptionshébraïques. Une plus ancienne que les autres, gravéesur l’architrave, indique que le mausolée est celui dehuit membres de la famille sacerdotale des Beni-Hésir.Les musulmans appellent ce monument Diouan-Faraoun, «divan de pharaon». Cf. de Saulcy, Voyage, p. 296-303; V. Guérin, Jérusalem, p. 272-273; de Vogué, Bévue archéologique, nouv. sér., t. IX, 1864, p. 200-209; de Saulcy, ibid., t. xi, 1865, p. 137-153, 398-405.

8°’Tombeau de Zacharie. — À quelques pas au sud

de Josèphe, Bell, jud., V, iii, 2; xii, 2, on pensait queles tombeaux des Hérodes devaient se trouver dans levoisinage du Birket-Mamillah, au revers occidental dela colline qui renferme au nord-est les tombeaux desRois. Cf. de Saulcy, Voyage, p. 325. Ils ont été retrouvésen 1891, à l’ouest du Birket-es-Sultan. Cf. Schick, Q.St.Palest. Fxplor. Fund, 1892, p. 115-120; Revue biblique.1892, p. 267-272. Ils se composent de quatre chambresspacieuses, disposées en croix, et d’une petite chambrecentrale communiquant avec les autres par des couloirs(fig. 511). Les chambres ont toutes 2 m 70 de haut; lestroischambres égales ont4mètres de côté et la plus grande7 m 20 sur3mètres. Un bel appareil do pierres blanchesrevêt partout les parois du rocher. Une pierre rondese roulait pour fermer l’entrée du monument. Voirt. iii, fig. 268, col. 1478. Les chambres n’ont ni foursfunéraires ni banquettes. Les sarcophages étaient déposéssur le sol; on en a retrouvé deux dans la plusgrande chambre. Voir t. iii, fig. 134, col 647.Un grand nombre d’autres tombes, diversem*nt con

struites et ornées, se trouvent dans la vallée du Cédronet dans celle de Ben-Hinnom, sans présenter d’intérêtau point de vue biblique.

10° Le Saint-Sépulcre. — C'était la tombe construitepar Joseph d’Arimathie pour son usage personnel. Elleavait été taillée dans le roc même, dans le jardin voisindu Calvaire. Voir t. iii, fig. 206, col. 1133, 1134; t. v, col. 1651. Le mausolée comportait une chambresépulcrale d’assez faible dimension, dans laquelle onpénétrait, en descendant quelques marches, par uneporte basse fermée au moyen d’une pierre roulante.Voir Calvaire, t. ii, col. 79; Jésus-Christ, t. iii, col. 1476-1477; Revue biblique, 1910, p. 121. Par lasuite, le tombeau a été isolé du rocher dont il faisaitpartie et est devenu un édicule à part. Cf. A. Legendre, Le Saint-Sépulcre depuis l’origine jusqu'à nos jours, Le Mans, 1898, p. 7-20.

l'époque des Asmonéens ou à celle d’Hérode. Le plan, assez régulier, comporte un vestibule donnant accèsdans une salle qui communique avec trois chambres àfours (fig. 512). Les coupes longitudinale AB et transversaleCD donnent le profil de l’excavation. Les plafondsvont en diminuant de hauteur, de 2 m 10 à l m 70. Il n’ya ni inscriptions ni vestiges quelconques permettantd’identifier l’hypogée. Cf. H. Vincent, Un hypogée juif, dans la Revue biblique, 1899, p. 297-304.

III. Les tombeaux dans la Bible. — 1° La demeuredes morts. — En face du danger, les Hébreux demandentà Moïse s’il n’y avait pas assez de sépulcres poureux en Egypte. Exod., xiv, 11. Le lieu où beaucoupd’entre eux sont frappés dans le désert, à cause de leursmurmures au sujet de la nourriture, prend le nom deQibrô{-hat-(a'âvâh, «Sépulcres de la concupiscence».Num., xi, 34; xxxiii, 16; Deut., ix, 22. Les sépulcres

510. — Tombeau de Zæharie. D’après Ancessi, Atlas, pi. xix.

11° Le tombeau de la Sainte Vierge. — Voir t. iv, col. 802.

12° Autres tombeaux bibliques. — On peut spécialementsignaler les tombeaux de Daniel, t. ii, fig. 472, col. 1253; d’Esdràs, t. ii, fig. 603, col. 1931; d'Ézéchiel, t. ii, fig. 626, col. 2153; d’Aaron, t. iii, fig. 152, 153, col. 750, 751; de Lazare, t. iv, fig. 43, col. 139; dePhinées, t. v, fig. 73, col. 320; de Rachel, t. v, fig. 211, col. 925, etc. Voir aussi Nabuthéens, t. iv, col. 14481450, et la nécropole de Pétra, t. v, fig. 31, col. 170; la nécropole de Cyrène, t. ii, fig. 450, col. 1177; le tombeaude Cyrus, t. ii, fig. 458, col. 1193; ceux de Umm-Queis, t. iii, fig. 41, 42, col. 205, 207, etc. — Isaïe, xxii, 16-18, parle d’un fonctionnaire du temps d'Ézéchias, nommé Sobna, qui se creusait un sépulcre dans unlieu élevé et se taillait dans le roc une demeure. Pourle punir de ses méfaits, Dieu le lancera comme uneballe à travers la plaine. — Le système de nécropolescreusées dans le roc, avec chambres funéraires et foursà cercueil, a toujours été en faveur chez les Juifs. En1897, non loin du tombeau des Juges, on a découvertune sépulture de ce genre qui donne une idée exactede ce que sont les nécropoles israélites. La façade estornée d’un fronton analogue à celui du tombeau<les Juges. Les diverses sculptures, tant de l’extérieur<|ue de l’intérieur, supposent l’influence de l’art grec, ut permettent de fixer la construction du monument à

sont préparés pour Assur, pour Élam, pour Mosoch etThubal, Ezech., xxxii, 22, 24, 26, et pour Gog, au milieud’Israël. Ezech., xxxix, 11. Dieu prépare le sépulcrede Ninive. Nah., i, 14. Antiochus Épiphane voulait fairede Jérusalem le tombeau des Juifs. II Mach., IX, 4, 14.

— On n’a jamais connu le tombeau de Moïse. Deut., xxxiv, 6. Au malheureux accablé d'épreuves, il ne resteplus à espérer que le tombeau, Job, xvil, 1; il estcontent de le trouver. Job, ii, 22. Le juste y entre enpleine maturité, comme la gerbe enlevée en son temps.Job, v, 26. Mais souvent le méchant est porté avechonneur à son sépulcre, et l’on veille sur son mausolée.Job, xxi, 32. Tobie voulut que sa femme fût déposéedans le même tombeau que lui. Tob., xiv, 12. Le roi deBabylone devait être jeté loin de son sépulcre, commeun rameau méprisé. Is., xiv, 19. Les témoins du Christ, mis à mort, resteront aussi quelque temps privés desépulture. Apoc, xi, 9. Isaïe, xi, 10, annonce que laracine de Jessé se dressera parmi les nations et quesa demeure sera glorieuse; d’après la Vulgate, «sonsépulcre sera glorieux». Les gens du peuple n’avaientpoint de sépulcres taillés dans le roc. On se contentaitde les enterrer simplement, avec une pierre sur leurtombe, pour empêcher les hyènes de venir les dévorer.Jérémie, xxvi, 23, raconte que le roi Joakim fit périrle prophète Urie et jeta son cadavre dans les sépulcresdu commun du peuple. — À la mort du Sauveur, les

sépulcres s’ouvrirent et des morts en sortirent. Matth., xxvii, 52. Dans sa vision de la résurrection, Ézéchiel, xxxvii, 12, vit les morts sortir de leurs sépulcres. Ilsen sortiront réellement, à la fin du monde, sur l’ordredu Fils de Dieu. Joa., v, 28. — Le sépulcre est quelquefoismis pour le scheol. Dieu n’a plus le souvenirds celui qui s’y trouve, le mort est soustrait à sa mainet la louange divine ne se fait plus entendre dans lesépulcre, Ps. lxxxviii (lxxxvii), 6, 12, manières deparler signifiant que les conditions d’existence sonttout autres après la mort. — L’Ecclésiastique, xxx, 18, fait allusion aux offrandes d’aliments que les idolâtresmettaient sur les tombes et il les compare aux metsprésentés à une bouche fermée. — 2° Le refuge desvivants. — Étant données les dimensions de certaines

511. — Tombeau des Hérodes.

D’après la Revue biblique, 1892, p. 268.

chambres sépulcrales, on conçoit que les vivants aientpu quelquefois y chercher un refuge. Les Israélitesinfidèles se retiraient dans des sépulcres pour y mangerde la viande de porc et des mets défendus. Is., lxv, 4.Les démoniaques géraséniens habitaient dans dessépulcres. Matth., viii, 28; Marc, v, 2-5; Luc, viii, 27.

— 3° Comparaisons. — Le sein de la mère est le tombeaude l’enfant mort avant sa naissance. Jer., xx, 17.On compare à un sépulcre ouvert, prêt à recevoir lescadavres, le gosier du méchant, qui dévore le prochainpar ses propos calomnieux, Ps. v, 11; Rom., iii, 13, etle carquois des Chaldéens, qui va faire tant de victimes.Jer., v, 16. — 4° Impureté des tombeaux. — Celui quitouchait un tombeau contractait une souillure légale.Num., xix, 16. Voilà pourquoi Josias, après avoir réduiten poussière l’idole d’Astarthé qui avait été installéedans le Temple, en dispersa les restes sur les tombesdes enfants du peuple, comme pour les souiller encoredavantage. IV Reg., xxiii, 6. En même temps, il entendaitpar là rendre ce qui subsistait de l’idole à ses

anciens adorateurs. II Par., xxxiv, 4. Après le retourde la captivité, on prit l’habitude de blanchir à lachaux les tombeaux qui n’étaient pas suffisammentreconnaissables par eux-mêmes, afin d’en signaler laprésence aux passants, surtout à l’époque des pèlerinages.Matth., xxiii, 27. Notre-Seigneur compare lespharisiens à des sépulcres qu’on ne voit pas et surlesquels on marche sans le savoir, Luc, xi, 44, ce quifait contracter une impureté. Cf. Ohaloth, xvii, xviii.Josèphe, Ant. jud., XVIII, ii, 3, raconte qu’HérodeAntipas, après avoir bâti la ville de Tibériade sur l’emplacementd’une ancienne nécropole, dut prendretoutes sortes de moyens’pour attirer les habitants, lesJuifs se refusant à résider en pareil lieu.

H. Lesêtre.

    1. TONNERRE##

TONNERRE (hébreu: ra’am, qôl ou rêa’Yehôvàh, qôlôt; Septante: ppovtT, , qxovïj ©eoû; Vulgate: tonitru, tonitruum, vox Domini), bruit que fait la foudrequand elle éclate entre les nuages ou entre les nuageset la terre. — Ce bruit, très puissant, peut devenirformidable, quand il est répercuté par les échos desmontagnes. De là, les noms de «voix de Jéhovah» ou «fracas de Jéhovah» qu’on lui donne en hébreu. Onl’appelle aussi qôlôt, «les voix», à cause de ses retentissem*ntsmultipliés. Les orages n’ont lieu en Palestinequ’à la saison des pluies, en hiver. Cependant, il s’enproduit parfois tardivement en avril et jusqu’au commencementde mai. Voir Palestine, t. iv, col. 2030.Le tonnerre qui se fit entendre, à la voix de Samuel, au temps de la moisson des blés, I Reg., xii, 17, 18, c’est-à-dire à la fin d’avril ou en mai, était extraordinaire.Le coup que les Juifs crurent entendre dans leTemple, Joa., XII, 29, se produisit en temps normal, vers la fin de mars. — La septième plaie d’Egypte consistaen une grêle effroyable qu’accompagna le tonnerreavec le feu delà foudre. Exod., ix, 23, 28, 34; Ps. lxxvii(lxxvi), 19. Le phénomène était d’autant plus significatifque la grêle et le tonnerre sont extrêmement raresen Egypte. Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertesmodernes, 6e édit., t. ii, p. 333. Le tonnerre retentitégalement au Sinaï. Exod., xix, 16. Voir Orage, t. iv, col. 1849. — Job a parlé plusieurs fois du tonnerre.L’idée qu’il a donnée des œuvres de Dieu n’est qu’un «léger murmure», à côté du tonnerre de sa puissance, c’est-à-dire de la grandeur foudroyante des merveillesexécutées par Dieu. Job, xxvi, 14. Dieu a tracé la rouleaux éclairs et au tonnerre. Job, xxviii, 26; xxxviii, 25.Il prend la foudre en ses mains et lui marque le butqu’elle atteindra sûrement; son tonnerre le précède etremplit d’effroi les troupeaux. Job, xxxvi, 32, 33.

Écoutez, écoutez le fracas de sa voix, Le grondement qui sort de sa bouche! Il lui donne libre champ sous l’Immensité des deux, Et-son éclair brille jusqu’aux extrémités de la terre.Puis éclate un rugissem*nt,

Il tonne de sa voix majestueuse; Quand on entend sa voix, la foudre est déjà partie: Dieu tonne de sa voix d’une manière merveilleuse.Job, xxxvii, 2-4.

Un Psalmiste décrit aussi le tonnerre, qu’il appelle la «voix de Dieu». Elle gronde au-dessus des nuages, brise les cèdres, ébranle les montagnes et le désert, dépouille les forêts, fait jaillir des flammes de feu etfaonner les biches épouvantées. Ps. xxix (xxviii), 3-9.Au bruit du tonnerre, les montagnes fuient. Ps. civ(cm), 7. Il retentit pendant l’ondée et fait trembler laterre. Eccli., XL, 13; xliii, 18. — Les écrivains sacrésne mentionnent aucun homme frappé de la foudre. Ilsfont cependant allusion à ce genre de mort. I Reg., Il, 10.

Jéhovah tonna des cieux,

Le Très-Haut fit retentir sa voix.

H lança des flèches, et dispersa mes ennemis,

La foudre, et il les consuma. Coupe longitudinale suivant A, B

512. — Plan et coupes d’une nécropole juive. D’après la Bévue biblique, 1899, p. 298, 302.

Coupe transversale suivant C.D

II Reg., xxii, 14, 15. Cf. Ps. xviii (xvii), 14, 15; cxliv(cxliii), 6; Zach., ix, 14. Jérusalem sera visitée «avecfracas, tonnerre et grand bruit, tourbillon, tempête etflamme de feu dévorant.» Is., xxix, 6. — Le tonnerreintervient souvent dans les événements décrits parl’Apocalypse, iv, 5; vi, 1; viii, 5; x, 3, 4; xiv, 2; xvi, 18; xix, 6. — À raison de leur caractère impétueux, Jacques et Jean, fils de Zébédée, reçurent de Notre-Seigneurle nom de BoavvjpYé; , «fils du tonnerre».Marc, iii, 17. — Les mages babyloniens tiraient despronostics de la production du tonnerre aux différentsmois de l’année. Le dieu du tonnerre et de la pluie, Adad, annonçait le plus souvent des révoltes et descalamités; mais quelquefois, il pronostiquait des faitsintéressant la vie agricole. S’il tonne en Tammouz, «la récolte du pays marchera bien;» en Éloul, «l’épipèsera quadruple;» en Tébét, «il y aura des pluiesdans les cieux, des crues dans la source;» en Sabat, «invasion de beaucoup de sauterelles dans le pays.» Cf. Ch. Virolleaud, L’astrologie chaldéenne, Paris, 1905, fasc. 1, p. 1. On sait que les Babyloniens n’ont pasété les seuls à tirer des pronostics de ce genre, quis’inspirent plus ou moins heureusem*nt, même dansnos contrées, d’observations populaires. Cf. Revue biblique,

1909, p. 324.

H. Lesêtre.

    1. TONTE DES BREBIS##

TONTE DES BREBIS, récolte de la toison desbrebis. Cette opération se fait ordinairement au commencementde l’été. Elle était une occasion de réjouissancespour les pasteurs, comme la moisson pour lescultivateurs. Le propriétaire des troupeaux ne manquaitpas, à cette occasion, de se transporter au milieude ses pasteurs. Le tondeur, gozêz, xsi’ptov, tonsor, coupait alors la toison des brebis et des agneaux. Ilétait cependant défendu de tondre le premier-né deshrebis, parce qu’il appartenait tout entier au Seigneur.Deut., xv, 19. — Jacob profita de l’absence de Laban, qui était allé assister à la tonte de ses brebis, pour s’enfuirlui-même avec sa famille et ses troupeaux. Labanétait à une certaine distance, car il ne fut informé del’événement que le troisième jour. Gen., xxxi, 19-22.Quand le deuil de sa femme fut terminé, Juda s’en allaà Thamna, où l’on tondait ses brebis. Gen., xxxviii, 12-14. Nabal se trouvait à Carmel, pour la tonte de ses3000 brebis, quand David lui envoya demander desvivres. Nabal ne voulut lui accorder ni pain, ni eau, ni rien du bétail qu’il avait tué pour ses tondeurs.I Reg., xxv, 2-11. Absalom, ayant ses tondeurs à Baal-Hasor, près d’Éphraïm, invita à la fête tous les fils deDavid et en profita pour faire tuer Amnon. II Reg., xiii, 23-29. — Les dents de l’Épouse sont comparées, àcause de leur blancheur, à un troupeau de brebistondues qui remontent du lavoir. Cant., iv, 2. Le Messiesouffrant a été semblable «à la brebis muette devantceux qui la tondent.» Is., un, 7; Act., viii, 32. Labrebis reste muette, parce que la tonte ne la fait passouffrir. Le Sauveur a gardé le silence au milieu destourments, comme s’il n’avait pas senti la douleur.

H. Lesêtre.

    1. TOPARCHIE##

TOPARCHIE (grec: Toitapyja), mot employé, IMach., xi, 28, pour désigner trois divisions territorialesou districts. Ces trois toparchies étaient Aphæréma(qui manque dans la Vulgate, t, 34), Lyda (Lydda)et Ramatha, t- 34, comprenant chacune la ville mêmeet ses environs ou dépendances. Voir Aph^eréma, t. i, col. 721; Lydda, t. iv, col. 444; Ramatha, t. v, col. 944.Le nom de «toparchie» est remplacé en grec parvéjio; , «division, section», et appliqué aux troismêmes villes. I Mach., x, 30, 38; xi, 34 (Vulgate: civitates).Vers 145 avant J.-C, Démétrius II Nicatorconfirma la possession de ces trois toparchies de laSamarie à Jonathas Machabée. IMach., xi, 34. AntiochusVI Dyonisos renouvela cette donation, en y ajoutant un quatrième «nome» (Vulgate: civitates), quin’est pas nommé. D’après Josèphe, Bell, jud., lit, iii, 5, la Judée était divisée en onze toparchies.

    1. TOPAZE##

TOPAZE (hébreu: pitddh; Septante: T<ma ?iov; Vulgate: topazius), pierre précieuse.

La topaze de la Bible n’est pas la belle pierre jauned’or que nous appelons aujourd’hui de ce nom, maisque les anciens nommaient chrysolithe. La topaze desanciens, d’un beau vert jaune, se rapprocherait plutôtde la chrysolithe moderne. Pline, H. N., xxxvii, 32, vante le beau vert de la topaze et en distingue deuxespèces, la prasoïde et le chrysoptère, lequel ressemble àla chysoprase par sa couleur, qui est celle du suc de poireau.Généralement on comprend sous le nom de topazedes anciens une pierre dérouleur jaune verdâtre, ouvert jaune, rapportée à la cymophane ou au péridot. Cen’est pas sans doute la même composition chimique; l’une étant un aluminate de glucine, l’autre un silicate demagnésie et de fer. Mais les anciens, dans leur dénominationdes pierres précieuses, faisaient surtout attentionà l’aspect extérieur et rangeaient sous le même termedes espèces en réalité différentes. À l’article Chrysolithe, t. ii, col. 741, fig. 275, nous avons donné enregard l’un de l’autre des cristaux de chrysolithe et detopaze.

On a remarqué que les consonnes du mot grec oulatin sont les mêmes que celles du mot hébreu, avecune simple transposition: t. p. d. du grec et du latin(on trouve topadius pour topazius) ne sont avec métathèseque le p. t. d. de l’hébreu. On a aussi rapprochéces dénominations du mot sanscrit pîla, qui signifiejaune. Le Targum appelle cette pierre, Np"i» nSsio, margela’yarqa’, «la perle verte», qui rappelle Vurikuassyrien, la pierre verte à reflets jaunes, c’est-à-dire lachrysolithe.

La topaze ainsi entendue se rencontrequatre foisdans l’Ancien Testament et une fois dans le Nouveau.C’est la seconde pierre du rational, d’après Exod., xxviii, 17, et xxxix, 19. Voir t. v, col. 422423, et la plancheen couleur. Dans l’énuméralion des pierres du rational, Josèphe, Bell. jud. V, v, 7, et Ant. jud., III, vii, 5, conserve le même rang à cette pierre et la nomme to7tai; o; . Sur cette pierre du rational, placée la secondedu premier rang, devait être gravé le nom de Siméon.

— La topaze figure parmi les pierres précieuses quiornaient les vêtements du roi de Tyr. Elle est nomméecomme une pierre de très haut prix dans une comparaisondu livre de Job, xxviii, 19:

La possession de la sagesse vaut mieux que les perles, La topaze d’Ethiopie ne l’égale pas.

Ce texte marque en même temps le lieu d’origine, qui serait la terre de Cousch ou d’Ethiopie. C’est dansune île d’Arabie appelée Cytis, ou en Thébaïde, qued’après Pline on trouvait cette pierre précieuse. Cetteile de Cytis n’est sans doute pas différente de celle queStrabon, XVI, iv, 6, appelle Ophiodès, et où l’on rencontreune pierre transparente aux reflets d’or.

Nous retrouvons cette pierre dans l’Apocalypse, XXI, 20, comme un des fondements de la Jérusalem céleste; mais au lieu d’être placée au second rang comme dansle rational, elle est au neuvième. Voir t. v, col. 424.

Cf. Ch. Barbot, Guide du joaillier, 4e édit., Paris, in-12, p. 74, 112, 279, 341; F. Leteur, Traité élémentairede minéralogie pratique, Paris, in-4°, p. 129; Cl. Mullet, Essai sur la minéralogie arabe, Paris, 1868, in-8°, p. 61; J. Braun, Vest-ilus sacerdotum hebrœorum, Leyde, 1680, p. 638-520. E. Levesque.

    1. TOPHETH##

TOPHETH (hébreu: Tôfèf; Septante: T09J6, Tu ?é8, Taqaê8), endroit où l’on offrait des sacrifices dans lavallée de Hinnom. Il n’est nommé que dans IV Reg.,

xxm, 10; Is., xxx, 33; Jer., vu et xix. — 1° Le mot tôfètest employé une fois dans Job, xvii, 6, comme nomcommun, signifiant quod conspicitur, mais il n’est pascertain que le nom propre Topheth ait la même étymologie que le substantif commun, quoique plusieursl’admettent. Les rabbins commeRaschi et DavidKimchi, le font venir de tâfaf, «frapper, battre», en supposantqu’on battait du tambour (fôf) et d’autres instrumentsbruyants, pendant qu’on brûlait des enfants en sacrifice

Moloch. afin d’empêcher les parents d’entendre lescris de ces tendres victimes. Parmi les hébraïsantsmodernes, plusieurs dérivent le mot d’une racine àlaquelle ils attachent le sens de «brûler»; cf. perse: toften; grec: «çpa, «cendre»; latin: tepidus, «tiède».

2° Saint Jérôme décrit ainsi Topheth, In Jer., vii, 31, t. xxiv, col. 735: Illum locuni significat, qui Siloxfontibus irrigatur et est amœnus atque nemorosushodieque hortorum prsebet delicias. Il était donc situédans la vallée d’Ennom, comme le disent expressémentJérémie, vii, 31, et IV Reg., xxiii, 10. La situation précise de Topheth ne peut être aujourd’hui rigoureusem*ntdéterminée, mais, comme le dit saint Jérôme, il devaitse trouver à l’endroit où les eaux de Siloé entretenaientles jardins royaux et une végétation luxuriante, dans'e voisinage de la jonction de la vallée d’Hinnom aveccelle du Cédron. Voir Gèennom, t. iii, col. 154.

3° La première mention de Topheth se trouve dansIsaïe, xxx, 31-33, dans le passage où il prophétisel'échec de la campagne de Sennachérib contre Ézéchias:

Assur tremblera à la voix de Jéhovah.

[Jéhovah] le frappera de [sa] verge;

A chaque coup de la verge qui lui est destinée,

Que Jéhovah fera tomber sur lui,

Au son des tambours (fuppîm) et des kinnors,

f Jéhovah] combattra contre lui à coups redoublés,

Car Topheth (Tcfféh) est depuis longtemps préparé,

Il est prêt pour le roi,

Il est large, il est profond;

Sur le bûcher, il y a du feu et du bois en abondance;

Le souffle de Jéhovah comme un torrent de soufre l’embrase.

Nous n’avons ici qu’une allusion au Topheth de lavallée d’Hinnom, mais un passage des Paralipomènesnous en explique toute la signification. Isaïe écrivaitsa prophétie sous le règne d'Ézéchias. Quelquesannées auparavant, le père d'Ézéchias, Achaz, sous lerègne duquel Isaïe exerçait aussi sa mission prophétique, avait fait passer ses enfants par le feu, dans lavallée d’Hinnom. II Par., xxviii, 2. L’historien sacréne nomme pas Topheth en cet endroit, mais on ne peutdouter, d’après ce que nous savons par IV Reg., xxiii, 10, que ce ne soit là qu’avaient eu lieu les sacrificesinhumains d' Achaz. Faut-il prendre rigoureusem*nt àla lettre la prophétie d’Isaïe et l’entendre en ce sensque l’on brûla en ce lieu les corps des Assyriens tombésdans les environs de Jérusalem ou bien qu’ils furentconsumés en un autre endroit appelé par figure Topheth? Il est difficile de le déterminer. Ce qui est biencertain, c’est que l’impie Achaz sacrifia des enfantsdans la vallée d’Hinnom. II Par., xxviii, 2. Son petitfils, le roi Manassé, commit les mêmes actes inhumains, xxxiii, 6. L’un et l’autre eurent dans le peuple desimitateurs. Jérémie, vii, 29-34; xtx, 1-13, stigmatisacomme elles le méritaient ces pratiques barbares et leroi Josias, pour en empêcher le retour, rendit Tophethimpur. IV Reg., xxiii, 10.

    1. TORRENT##

TORRENT (hébreu: 'âfîq, nafyal; Septante: x£Î(Ja P"pouc; Vulgate: torrens), cours d’eau coulant impétueusem*nt dans un lit très incliné. — Les torrents sontnombreux dans un pays accidenté comme la Palestine.Voir Palestine, t. iv, col. 1988-1992; 2000-2002; Arnon, t. i, col. 1020; Besor, col. 1641; Cadumim, t. ii, col. 28;

Carith, col. 285; Cêdron, col. 380; Cison, col. 781; Egypte (Torrent d'), col. 1621; Escol, col. 1928; Gaas, t. iii, col. 1; Gérare. col. 198-199; Jaboc, col. 1056, etc.— Les torrents sont ordinairement à sec hors de la saison des pluies. II Reg., xvii, 7; Jos., i, 20. Par suite duravinement, leur lit est dénudé et formé de pierres.Job, xxii, 24; IReg., xvii, 40. Les orages les remplissentparfois subitement, d’où souvent de grands dégâts. VoirInondation, t. iii, col. 883. Ils roulent les cadavres desmorts. Ezech., xxxv, 8. C’est par une bénédiction de Dieuque l’eau y coule, Joa., iii, 18, et, en passant, le guerriers’y désaltère. Ps. ex (cix), 7. — Les écrivains sacréscomparent aux torrents impétueux la calamité qui fondsur les hommes, Ps. xviii (xvii), 5; le souffle deJéhovah, dont la colère est un torrent de soufre, Is., xxx, 28, 33; les captifs revenant d’exil, Ps. cxxvi(cxxv), 4; la gloire des nations affluant à Jérusalem, Is., lxvi, 12; la sagesse qui se répand abondammentde tous côtés, Prov., xix, 4; la justice divine déployéecontre les coupables, Am., v, 24; les ennemis quidoivent assaillir les Philistins. Jer., xlvii, 2. — Ézéchiel, xlvii, 5 19, suppose un torrent symbolique dans lanouvelle Jérusalem. Job, vi, 15, compare les amisperfides au torrent privé d’eau quand on en cherche.Il faut mentionner aussi les torrents de lait et de miel, Job, xx, 17, les torrents de délices, Ps. xxxvi(xxxv), 9, lestorrents de larmes, Lam., ii, 18, les torrents de poix coulant dansÉdompoursuivi par la vengeance. Is., xxxiv, 9.

H. Lesêtre.

TORTUE, reptile de l’ordre des chéloniens, pourvusd’une carapace d’où sortent seulement la tête, les pattes

513. — Tortue de terre (Testudo grseca) de Palestine.

et la queue. Il y a des tortues de terre, des tortues demer et des tortues d’eau douce. En Palestine, on trouve, parmi les tortues de terre, la testudo marginata, àcarapace aplatie par derrière, et surtout la testudogrseca (fig. 513)i qui abonde en été sur les coteaux et

514. —Tortue d’eau (Emys caspica) de Palestine.

dans les plaines et qui, pendant l’hiver, se réfugie dansles trous de rochers. Elle sert de proie à certainsoiseaux rapaces et de nourriture aux gens du pays, ainsi que ses œufs, à peu près gros comme ceux d’unpigeon. La tortue aquatique, emys caspica (fig. 514), setrouve dans les cours d’eau, les marais et surtout lelac Houléh. On la rencontre parfois par myriades. Cestortues d’eau douce sont carnivores; elles mangent despoissons, des grenouilles et de petit* oiseaux. Ellesdégagent une odeur très désagréable, particulièrement

pour les chevaux. Elles passent l’hiver dans la vase oudans les trous du rivage. Leurs œufs oblongs sontdéposés dans le sol, mais à l’abri de l’eau. La tortueaquatique se distingue de la tortue terrestre par sacarapace unie et par la longueur de sa queue et de soncou. On a cru parfois que la tortue était mentionnéesous le nom de sâb. Lev., xi, 29. Mais on admet généralementque ce nom désigne une espèce de lézard.Voir Lézard, t. iv, col. 225. — Cf. Tristram, The naturalhistory of the Bible, Londres, 1889, p. 256, 257; Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1884, p. 476,

485, 511, 518, 547, 549.

H. Lesêtre.

    1. TOSTAT##

TOSTAT (Tostado Alfons), commentateur espagnol, né à Madrigal, vers 1400, mort à Avila, le3 septembre 1455.Il fit ses études à Salamanque et y enseigna la philosophieet la théologie pendant 22 ans. En 1431, il se renditau concile de Bâle. Le pape Eugène IV le nomma. évêque d’Avila, où il mourut avec une telle réputationde science qu’on inscrivit sur sa tombe: hic stuporest mundi, qui scibile discutit omne. Ses œuvres, dansl’édition de Venise de 1728, remplissent 27 in-folio, dont 24 contiennent ses commentaires sur la SainteÉcriture, où l’on trouve, malgré des longueurs et desinutilités, des observations intéressantes et ingénieuses.

    1. TOTAPHOTH##

TOTAPHOTH (hébreu: Totâfôf). Exod., xiii, 16; Deut., vi, 4-9; xi, 13-21. Voir Phylactères, col. 349.

1. TOUR (hébreu: migdâl, serîâh, balzan, dâyêq, ces deux derniers mots désignant des tours d’assiégeants; Septante: wiipyoç; Vulgate: turris), construction élevée.— Cette construction, faite en pierres, en briques ou, en bois, est ordinairement à section ronde ou carrée, et s’élève au-dessus des maisons, des palais, des remparts, ou en rase campagne, pour favoriser la défenseou la surveillance. Différentes espèces de tours sontmentionnées par les écrivains sacrés.

1° Tour de Babel, Gen., xi, 4, voir Babel (Tour de), t. i, col. 1346.

2° Tour de défense. — Les anciennes villes chananéennesavaient des remparts munis de tours. «Cestours, généralement sur plan rectangulaire, flanquaientle rempart souvent sur ses deux faces, d’ordinaire àl’extérieur seulement. Ce sont des constructions massives, peu saillantes sur les courtines — de m 92 à3 m 66àGazer — ou de véritables bastions avec chambresintérieures, comme dans l’enceinte de Tell el-Hésy. Lesportes sont rares, casées au fond d’un angle rentrant, ou couvertes par des avancées massives.» À Gazer, «lesénormes tours massives sont en maçonnerie grossière, avec un revêtement de briques d’épaisseur variable.» H. Vincent, Canaan, Paris, 1907, p. 42, 43. D’autresfois, les tours étaient isolées, comme le migdâl (fig. 515)bâti par Séti I" sur la route de Syrie. Les toursd’Ascalon, voir t. i, fig. 286, col. 1061, donnent l’idéede ce qu’était autrefois une ville fortifiée. Les anciennescités paraissent avoir été flanquées de tours d’après lemême système (fig. 516). — Les historiens sacrés mentionnentla tour de Phanuel, rasée par Gédéon, Jud., vin, 9, 17, la tour de Sicbem, à laquelle Abimélech mitle feu, Jud., ix, 47-49, la tour située au milieu de laville de Thébès, du haut de laquelle une femme lançaun morceau de meule sur la tête d’Abimélech, Jud., IX, 51-54, la tour de Jezraêl, d’où la sentinelle annonçaà Joram l’arrivée de Jéhu, IV Eeg., IX, 17, la tour dela maison du roi, à Samarie, dans laquelle Phacéia futassassiné. IV fîeg., xv, 25. Le roi Asa bâtit des villesmunies de tours. II Par., xiv, 6. D’autres tours furentélevées par Ozias dans le désert, II Par., xxv_, 10, etpar Joatham dans les bois. II Par., xxvii, 4. — Jérusalemétait flanquée de tours. Azias en bâtit et les munitde machines de guerre. II Par., xxvi, 9, 15. Jérémie,

xxxi, 38, parle de la tour de Hananéel. Cf. Zach., xiv, 10. Après le retour de la captivité, on trouve mentionnéesles tours de Méa, de Hananéel, des Fourneaux, lahaute tour et la tour en saillie. II Esd., iii, 1, 11, 26, 27; xii, 37, 38. Voir Jérusalem, t. iii, col. 1366, et latour de David, fig. 259, col. 1374. — À l’époque machabéenne, les Syriens entourèrent la cité de David d’unemuraille pourvue de puissantes tours et en firent leurcitadelle. I Mach., i, 35. Redevenus maîtres de la ville, les Juifs bâtirent autour de Sion de hautes murailleset de fortes tours, afin de protéger les saints lieuxcontre les gentils. I Mach., iv, 60. Judas brûla les toursde Béan, avec tous ceux qui étaient dedans, I Mach., v, 5; il brûla de même les tours de l’enceinte d’Hébron.I Mach., v, 65. Neuf mille Iduméens s’apprêtaient àsoutenir un siège dans deux tours très fortes; enl’absence de Judas, les assiégeants juifs se laissèrentgagner à prix d’argent et eussent permis aux ennemisde s’échapper si Judas ne fût venu s’emparer des

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515. — Migdâl construit sur la route de Syrie par Séti I".D’après Lepsius, Denkmaler, Th. iii, 1266.

tours. II Mach., x, 18-22. Judas mit encore le feu auxtours de Gazara et s’empara de la ville occupée parTimothée. II Mach., x, 36. Simon rebâtit les forteressesde Judée et les garnit de hautes tours. I Mach., xiii, 33.Il fit une brèche à une des tours de Gaza, ce qui lui permitde s’emparer de la ville. I Mach., xiii, 43, — Ézéchiel, xxvi, 4; xxvii, 11, parle des tours de Tyr, qui sont défenduespar devaillants hommes, mais qui n’en seront pasmoins abattues par les assiégeants. L’auteur de Judith, i, 2, mentionne une tour de cent coudées à Ecbatane.Au temps de Notre-Seigneur, la tour de Siloé s’écroulaà Jérusalem et écrasa dix-huit hommes. Luc, xiii, 4.

3° Tours de siège. — Pour saper plus efficacementles murailles des villes qu’ils assiégeaient, les Assyriensmontaient des tours en charpente qu’ils recouvraientde cuir ou de grossières étoffes de laine. L’appareilétait agencé sur des roues, qui permettaient de l’approcherdu mura attaquer. À l’étage inférieur manœuvraitun bélier. Voir t. i, fig. 479, col. 1566. Au sommet dela tourelle, des archers faisaient face aux défenseursde la place et s’efforçaient de les écarter du rempart(voir fig. 373, col. 1715). Ces machines, que les Romainsperfectionnèrent beaucoup dans la suite et dont ils seservirent pour assiéger Jérusalem, cf. Josèphe, Bell, jud., V, VI, 4, produisirent grande impression sur lesIsraélites. Isaïe, xxiii, 13, parle de celles que les Assyriensemployèrent au siège de Tyr. Ézéchiel, iv, 2; xvii, 17;

xxi, 27; xxvi, 8, fait plusieurs fois allusion aux toursd’attaques dressées contre Jérusalem. Les Chaldéensne manquèrent pas de s’en servir pour prendre la ville.

xxvii, 25. On élevait dans les champs des tours degardiens chargés de surveiller les récoltes. IV Reg., xvii, 9; xviil, 8; Eccli., xxxvii, 14 (18). Des tours sem516. — Ville fortifiée prise par les Assyriens. British Muséum.D’après Maspéro, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, t. ii, p. 634.

IV Reg., xxv, 1; Jer., lii, 4. — Ainsi sapées, les tours I blables existaient dans les environs d’Azot. I Mach., des villes s'écroulaient et livraient passage à l’ennemi. xvi, 10. Il y avait des tours du troupeau, pour y mettre àC’est ce qui fait dire à Isaïe, ii, 15; xxx, 25, qu’il y a, | l’abri les bergers et, au besoin, les bêtes elles-mêmes.

517. — Tour de garde dans une vigne. D’après Julllen, L’Egypte, p. 262.

contre les tours superbes, un jour de Jéhovah, un jourde carnage et de la chute des tours.

4° Tours de garde. — Du temps de David, Jonathanétait préposé à la garde, des trésors royaux recueillisdans la campagne et enfermés dans des tours. I Par.,

Mich., iv, 8. Enfin, des tours semblables étaient élevéesdans les vignes importantes, pour servir de refuge àceux qui défendaient le raisin contre les maraudeurs etsurtout contre les animaux sauvages. Is., v, 2; Matth., xxi, 33; Marc, xil, 1. VoirMlGDAL-ÉDER, t. iv, col. 1084. «Dans la Palestine, le propriétaire construit sur savigne une tour de pierres sèches en forme de tronc decône, terminée par une terrasse (fig. 517), sur laquellelogent, jour et nuit, les serviteurs ou la famille duvigneron durant tout le temps des fruits ou des raisins.De là ils dominent les figuiers, les oliviers, et surveillentla vigne, abrités sous des branchages contre le soleilet contre le vent. Une échelle en bas, des pierressaillantes en haut, leur servent d’escalier à l’extérieur; l’intérieur de la tour est leur magasin. Dans les terrainsaccidentés, la tour est remplacée par un simple abri, élevé sur le point culminant et semblable aux cahutesque les cultivateurs se construisent pour garder leurschamps de melons ou de concombres. Après la saison, on laisse tomber ces misérables abris.» Jullien, L’Egypte, Lille, 1891, p. 263.

5° Autres tours. — Il y avait àBérée une tour rempliede cendres à l’intérieur. On y jetait des condamnésqui y périssaient par asphyxie. II Mach., xiii, 5. — LesSyriens employaient à la guerre des éléphants qui

518. — Tour portée par des éléphants.

D’après une pierre gravée (grossissem*nt au double).

Rich, Dictionnaire des antiquités, 1873, p. 684.

portaient sur leur dos des tours de bois capables decontenir trente-deux combattants, sans compter lecornac. I Mach., vi, 37. Une terre cuite du musée duLouvre, reproduite t. i, fig. 272, col. 999, représenteun éléphant portant une tour de dimensions très réduites.D’autres figures (fig. 518) montrent des tours mieux proportionnées.— Celui qui voulait construire une tourcommençait par se rendre compte de ses ressourcespour ne pas se donner le ridicule de laisser son œuvreinachevée. Luc, xiv, 28.

6° Comparaisons. — Dieu est une tour puissantecontre l’ennemi, Ps. lxi (lx), 4; le nom de Jéhovah estune tour forte. Prov., xviii, 10. Le Cantique comparele cou de l’Épouse à la tour de David, Cant., iv, 4, et àune tour d’ivoire, Cant., vii, 4, son nez à la tour duLiban, Cant., vil, 5, et ses seins à des tours. Cant., viii, 10. La tour du Liban s’élevait dans le Liban, du côté deDamas. Ces différentes comparaisons font ressortir larectitude, l’harmonie, la régularité etla grâce des formes

de l’Épouse.

H. Lesêtre.

2. TOUR (Vulgate: tornus), instrument dont se sertle tourneur pour donner à certains objets une formecirculaire parfaitement régulière. — Le texte hébreu neconnaît d’autre tour que la roue du potier. Voir Roue, col. 1213; Potier, fig. 153, col. 178. Le tour qui sert àtravailler le bois ou d’autres substances n’était pas enusage chez les Hébreux. Il n’en est question que dansla Vulgate. Les mains de l’Épouse sont comme des

cylindres, gelîlè, d’or; d’après la Vulgate, elles sontfaites au tour, tornatiles. Cant., v, 14. Une coupearrondie devient également tornatilis, faite au tour.Cant., vii, 2. La Vulgate suppose des ouvrages faits autour, tornatura, torno, là où il n’est question que desculptures. III Reg., vi, 18, 29. Elle fait aussi tournerau compas des idoles façonnées avec le ciseau. Is., xliv, 13. — Gesenius, Thésaurus, p. 1243, et F. Bùhl, Handwcrterb., 1899, p. 479, entendent le mot miqsâhd’un travail fait au tour. Ainsi auraient été fabriquésles chérubins de l’Arche, Exod., xxv, 18; xxxvii, 7, lescandélabres d’or, Exod., xxv, 31, 36; xxxvii, 17, 22; Num., viii, 4, les trompettes d’argent, Nura., x, 2. Ilest plus probable qu’il s’agit d’ouvrages en or battu ouen argent battu, dont les formes arrondies ont étéobtenues sans l’aide d’un tour proprement dit. Jérémie, x, 5, compare les idoles à «une colonne faite au tour», tomér miqSâh. L’emploi du tour est plus plausiblepour une colonne que pour une statue. Au lieu detomér, la Vulgate a lu tdmâr, palmier, «elles sont

fabriquées en forme de palmier.»

H. Lesêtre.

TOURBILLON. Voir Ouragan, t. iv, col. 1930.

    1. TOURMENT##

TOURMENT (grec: êàsavo; ; Vulgate: tormentum), dure souffrance iniligée à quelqu’un. Voir Supplice, col. 1883. — Les méchants infligent des tourments auxjustes, dont pourtant l’âme n’est pas atteinte. Sap., ii, 19; iii, 1. Les Égyptiens, pendant les dix plaies, ontsubi divers tourments, Sap., xi, 10; xii, 23; xvi, 1; xix, 4, d’autant plus pénibles qu’ils en ignoraient lacause. Sap., xvii, 2. Dieu se sert des créatures pourtourmenter les méchants. Sap., xvi, 24; cf. Eccli., xxxix, 32, 33. — Antiochus Épiphane infligea d’atrocestourments aux Juifs fidèles à leur loi. II Mach., vi, 18vii, 41. Lui-même mourut dans les tourments, II Mach., IX, 5, ainsi que le grand-prêtre prévaricateur Alcime.

I Mach., ix, 56. — L’enfer est un lieu de tourments.Luc, xvi, 23, 28; Apoc, xiv, 11. Les tourments y sontproportionnés aux crimes, Sap., vi, 7; Apoc, , xviii, 7, et causent l’effroi de ceux qui en sont témoins. Apoc,

xviii, 10, 15.

H. Lesêtre.

    1. TOURTERELLE##

TOURTERELLE (hébreu: (or; Septante: Tpûyaiv; Vulgate: turtur), oiseau du genre colombe, mais d’unaspect plus délicat que le pigeon. Le plumage gris clairest ordinairement orné d’un collier plus foncé. La tourterellefait entendre un roucoulement triste et plaintif.Elle émigré pour passer l’hiver dans les pays chauds.

II est très facile de l’apprivoiser. Le mâle et la femellevont habituellement ensemble, ce qui fait de la tourterellele symbole de l’affection et de la fidélité. — Ontrouve en Palestine trois espèces de tourterelles. Latourterelle à collier ou tourterelle rieuse, turtur risorius(fig. 519), abonde le long des cours d’eau qui avoisinentla mer Morte, Ui où il y a des arbres. L’été, elleremonte la vallée du Jourdain et fréquente même lesparties boisées du Thabor et de Galaad. L’Inde est sonhabitacle ordinaire, etla Palestine paraît être, à l’ouest, la limite extrême de sa résidence. L’oiseau a environ35 centimètres de long. La tourterelle des palmiersturtur senegalensis, ou tourterelle d’Egypte (fig. 520), se rencontre surtout dans la plaine de Jéricho, autourde la mer Morte, dans les jardins des environs de Jérusalemet sur l’esplanade du Temple. Dans la plaine deGénésareth, sur les bords du lac, «les tourterelles setrouvent en nombre réellement prodigieux. À chaquepas, elles se lèvent par bandes et quelquefois se touchenttoutes sur les arbres où elles vont se percher.» Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1884, p. 526. Les palmierssont sa résidence de prédilection; à Jéricho, oùils n’existent plus, cette tourterelle niche dans lesjujubiers et les buissons épineux. On la trouve abon

damment dans le nord de l’Afrique, en Arabie, et dansla péninsule Sinaïtique, où elle servait de facile matièreaux sacrifices. Elle se familiarise très facilement avecl’homme, dont elle ne se défie pas. On la distingue à sacouleur châtain, à sa longue queue, à sa petite tailleet à son absence de collier, remplacé par des plumes

519. — Tourterelle à collier (Turtur risorius).

noires à reflet métallique. La tourterelle des palmiersn’a guère que 27 centimètres de long. La tourterelle laplus abondante en Palestine est le turtur auritus, outourterelle commune ou des bois (fig. 521), longue de30 centimètres, de couleur cendrée, avec gorge et poitrinerougeâtres, ventre blanc et petites plumes noires et

feu*. Mi: >’520. — Tourterelle des palmiers (Turtur segyptiacus).

blanches sur les côtés du cou. C’est à elle surtout quefont allusion divers passages de la Sainte Écriture.Jérémie, viii, 7, joint la tourterelle à la cigogne, àl’hirondelle et à la grue, pour la connaissance destemps où il leur faut émigrer. L’oiseau, en effet, quitteles pays chauds pour se rendre, pendant l’été, dansles pays tempérés. Au printemps, sa voix recommenceà se faire entendre dans les campagnes de Palestine.Cant., ii, 11, 12. La tourterelle, par sa simplicité et safaiblesse, représente le peuple de Dieu, au sujet duquelil est dit: «Ne livre pas aux bêtes la vie de ta tourterelle.» Ps.lxxiv(lxxih), 19. Les tourterelles apparaissent

déjà dans le sacrifice offert par Abraham sur l’ordre deDieu. Gen., xv, 9. Elles figurent dans les holocaustes, Lev., i, 14, dans les sacrifices pour expier l’impuretéde l’homme ou de la femme, Lev., xv, 14, 29, et dansle sacrifice du Nazaréen. Num., vi, 10. Elles sont appelées, conjointement avec les colombes, à remplacerl’agneau ou le chevreau dans les sacrifices offerts parles pauvres, après la délivrance d’une mère, Lev., x, 6, 8; Luc, ii, 24, dans les sacrifices pour le péché, Lev., v, 7, ou après la guérison de la lèpre. Lev., xiv, 22, 30. —Cf.TristTam, The natural history of the.Bi&ie, Londres, 1889, p. 217-220; Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris,

1884, p. 526, 540.

H. Lesêtre.

    1. TRACHONITIDE##

TRACHONITIDE (grec: ïj Tpa-/wvtTi? x">P a h P avssitué à l’est du Jourdain, mentionné une seule fois dansla Bible, Luc, iii, 1, comme faisant partie de la tétrarchiede Philippe. Cependant, un certain nombre d’auteursl’identifient avec l’Argob de l’Ancien Testament, Deut., iii, 13. L’opinion est contredite par d’autres. En

521. — Tourterelle commune (Turtur auritus).

tout cas, le territoire d’Argob ne doit pas être restreintà la seule Trachonitide, dont nous avons à rechercherla situation et à esquisser l’histoire. Voir Argob 2, 1. 1, col. 950.

1° Situation. — Strabon, xvi, 2, 20, p. 756, mentionneles Tpâx<ov£ç comme deux collines des environs deDamas: ÙTCspy.ecvrac 8’aux9); Sua À£you.£voi ^ôpoiTpà/wveç.Comme le mot grec Tpa^tiv veut dire «lieu rude, raboteux», on reconnaît ici les deux régions volcaniques, pierreuses, très difficiles d’accès, qui s’appellent leSafah, à l’est, et le Ledjah, au sud de Damas. Mais leSafah étant trop éloigné, la province de Trachonitidefut limitée au Ledjah et à ses environs, ainsi que nousallons le voir. Josèphe et les auteurs anciens nous permettentde déterminer approximativement les limitesde la contrée, que l’historien juif appelle ô Tpa^wv, Ant. jud., XVI, ix, 1, et ï] Tpaxwi/i-nç, Ant. jud., XVII, II, 1. Elle touchait, vers l’ouest, aux districts d’Ulalhaet de Panéas, qui se trouvaient au pied méridional del’Hermon. Ant. jud., XV, x, 3. Elle était voisine de laBatanée. Ant. jud., XVII, ii, 1, 2. Voir Ba.san, t. i, col. 1486. Suivant Ptolémée, v, 15, elle s’étendait jusqu’aumont Alsadamus, aujourd’hui le djebel ed-Drûz.Eusèbe et saint Jérôme, qui la confondent à tort avecl’Iturée, la placent au-dessus de Bosra, en allant àDamas. Cf. Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 109, 135, 155, 268, 269, 298. Le Talmud dit de même: wns-iiaînsiab Dnnm, «la Trachonide qui se trouve près de

Bosra». Cf. A. Neubauer, La géographie du Tàlmud, Paris, 1868, p. 19; H. Hildesheimer, Beitrâge zurGéographie Palàstînas, Berlin, 1886, p. 55-57. Enfinune inscriptipn de Musmiyéh, l’ancienne Phsena, dans le nord du Ledjah, appelle cette ville [Aï)Tpoxtû[i£atoO Tpâx w, ">C’Cf. Corpus inscriptionum grxcarum, n. 4551; E. Schûrer, Geschichte des jûdischen Volkes, Leipzig, 1901, t. i, p. 426. Ces indications nous conduisentau grand plateau volcanique qui s’étend aunord-ouest des montagnes du Hauran, et qu’on appellele Ledjah. Voir la carte de la tribu de Manassé, t. iv, col. 647-648.

2° Description. — Le Ledjah est un des pays lesplus singuliers que l’on puisse rencontrer. C’est uneimmense coulée de lave sortie des cratères de la montagnevoisine, mais brisée de nfille façons, boursoufléecomme la surface de l’eau de savon, sur laquelle ons’amuse à former des bulles. La comparaison est d’unvoyageur qui a étudié cette contrée. Cf. G. Rey, Voyagedans le Haouran, Paris, s. d., p. 117. Le terrain estassez pierreux, avec un dédale de chemins difficiles etune foule de cavités qui ont de tout temps servi de& refuge» aux hommes, d’où le nom actuel de Ledjah.Il a cependant par-ci par-là un peu de terre cultivable.Pour plus de détails, voir Abgob. La description qu’endonne Josèphe est d’une exactitude frappante. Parlantdu ramassis de pillards qui avaient choisi ce payscomme un repaire inexpugnable, d’où ils sortaientpour ravager les environs et surtout la campagne deDamas, il représente les obstacles qu’il y avait pourles mettre à la raison. N’ayant ni villes ni champs, ilsse retiraient dans des cavernes, où ils vivaient encommun avec leurs troupeaux. Pour résister plus longtempsà une attaque, ils avaient soin de se faired’avance des provisions d’eau et de froment. L’entréede leurs demeures souterraines était très étroite, maisl’intérieur très vaste. Les sentiers qui y conduisaient, tortueux et malaisés, étaient impraticables sans guide.Il fallait un homme comme Hérode pour réduire desgens qui, ne pouvant plus dépouiller leurs voisins, sepillaient les uns les, autres. Ant. jud., XV, x, 1.

3° Histoire. — L’histoire de la Trachonitide ne commenceguère qu’avec l’apparition du nom grec. Lepays était occupé par les Nabuthéens, au moment oùPompée arriva à Damas avec ses légions, 65 avant J.-C.Les Romains, venant au secours des cités grecques, anéantirent dans le Hauran tout pouvoir juif ou arabe, mais ne semblent pas s’être installés dans la contréeelle-même. En 25 avant J.-C, nous voyons le Trachonaux mains d’un certain Zénodore, qui, pour augmenterses revenus, y pratiquait! e brigandage, lançant sur lesrégions environnantes les pillards dont parle Josèphe.Ant. jud., XV, x, 1, 2. Les peuplades ainsi molestéesse plaignirent à Varron, gouverneur de Syrie, qui châtiales malfaiteurs. Bell, jud., i, xx, 4. Mais bientôt ilreçut ordre de dépouiller Zénodore de sa province pourla donner à Hérode le Grand, qui ramena la paix et lasécurité dans la région. Ant. jud., XV, X,; Bell, jud., I, xx, 4. Ce n’était que pour un temps, car, pendantun voyage qu’il fit à Rome, les Arabes Trachonites, répandant le bruit de sa mort, recommencèrent leursdéprédations. Les généraux de son armée parvinrentà réprimer les révoltés; mais, parmi les principauxchefs de ces bandits, plusieurs, effrayés du sort de ceuxqui avaient été faits prisonniers, allèrent se réfugierdans le pays des Arabes, d’où ils se mirent à faire desincursions de tous côtés. À son retour de Rome, Hérodeenvahit la Trachonitide, où il exerça de terribles représailles; mais les brigands, rendus plus furieux, necessèrent de ravager ses États. Ce fut alors une véritableguerre. Le prince finit par aller les forcer dansleur repaire et les réduisit à l’impuissance. Ant. jud., XVI, ix, 1, 2. Par son testament, il donna à son fils

Philippe la Trachonitide avec laGaulonitide, IaBatanéeet le territoire de Panéas. Ant. jud., XVII, viii, 1; xi, 4; XVIII, iv, 6. Voir Hérode Philippe II, t. iii, col. 649. Après la mort de Philippe, en 34 après J.-C, la Trachonitide, avec le reste de la tétrarchie, fut comprisedans la province de Syrie jusqu’en 37, où Caliguladonna tout le territoire à Hérode Agrippa I er. Ant.jud., XVIII, vi, 10. C’est surtout depuis le règne de ceprince que, suivant les inscriptions, l’architecture sedéveloppa dans la contrée. En 53, la tétrarchie de Philippepassa aux mains d’Hérode Agrippa II, Ant. jud., XX, vii, 1, dont les inscriptions sont nombreuses àtravers la Trachonitide. Après lui, ce pays retombasous le pouvoir direct de Rome, et fit plus tard partiede la province d’Arabie.

4° Bibliographie. — En matière géographique, archéologiqueet épigraphique, les études sur la Trachonitidesont ordinairement unies à celles qui ont étéfaites sur le Hauran. Nous donnons les principales: J. G. Wetzstein, Reisebericht ûber Hauran und die2Yac/joræn, Berlin, in-8°, 1860; M. de Vogué, Syrie centrale; architecture civile et religieuse du i" au vue siècle, 2 in-4°, Paris, 1866; W. Waddington, Inscriptionsgrecques et latines de la Syrie, in-4°, Paris, 1870; G. Rey, Voyage dans leHaouran, in-S", Paris, s. d., avec atlas; H. Guthe, Dr. A. Stûbel’s Reise nach derDiret et-Tulul und Hauran 1882, dans la Zeitschriftdes Deutschen Palâstina-Vereins, t. xii, 1889, p. 225302, avec carte; G. R’mdfteisch, Die Landschaft Hauranin rômischer Zeit und in der Gegenwart, dans la mêmerevue, t. xxi, 1898, p. 1-46, avec carte; G."A. Smith, The historical geography of the Holy Land, Londres, 1894, p. 611-638; P. -M. Séjourné, À travers le Hauran, dans la Revue biblique, 1898, p. 275-287, 596-611.

A. Legendre.

    1. TRADITION##

TRADITION (grec: itapâSoui; ; Vulgate: traditio), transmission d’une doctrine de génération en génération, ou la doctrine elle-même reçue par cette voie.

1° Tradition juive. — En dehors de la loi consignéedans les Livres Saints, les Juifs se transmettaient oralementdes explications de toutes sortes au sujet decette loi. L’ensemble de ces explications constituaitdéjà, au temps de Jésus-Christ, une loi orale en concurrenceavec la loi écrite. La loi écrite était d’inspirationdivine, et la loi orale d’inspiration humaine, cequi n’empêchait pas cette dernière d’être souvent préféréeà la première. La loi orale ou traditionnelle futmise par écrit, mais seulement après Jésus-Christ, danslaMischna.VoirMiscHNA, t.iv, col.l077.Lespharisiensetles scribes prêtaient à la tradition une importance prépondérante, auxdépens de la loi écrite, reléguée par euxau second plan. Voir Pharisiens, col. 209; ’Scribes, col. 1536. Notre-Seigneur ne tenait point compte de certainesde ces traditions, qui étaient pour le moins sansautorité, et qui parfois se mettaient en contradictionavec la loi divine. Un jour, les pharisiens lui reprochèrentde les laisser transgresser par ses disciples.Ceux-ci, en effet, se dispensaient de les observer, commefaisaient d’ailleurs la plupart de ceux qui ne professaientpas le pharisaïsme. Dans l’occasion qui donnalieu à l’observation des pharisiens, ils avaient négligéde se laver les mains avant de manger. Saint Marc, vii, 3, 4, cite d’autres prescriptions analogues, auxquellesles disciples contrevenaient, la purification au retourde la place publique, celle des coupes, des vases, deslits, etc. De même nature étaient les contraventions àla loi traditionnelle du repos sabbatique, si souventreprochées au Sauveur. Voir Sabbat, col. 1291. Notre-Seigneurne répondit pas directement à l’observationdes pharisiens; il n’avait ni à condamner les purifications, qui n’étaient pas mauvaises en elles-mêmes, nià disculper ses disciples, qui n’avaient transgresséaucun précepte. Mais, prenant l’offensive, il appliqua

aux pharisiens, d’une manière générale, la remarqued’Isaïe, xxix, 13, au sujet d’un peuple qui a l’hommagesur les lèvres, mais dont le cœur est loin de Dieu. Illeur reprocha leurs vaines observances, qui n’avaientd’appui que sur des doctrines et des prescriptionshumaines. Puis, allant plus avant, il les accusa desubstituer ces traditions aux commandements de Dieu, tl leur en cita un exemple frappant et qui indignaitjustement le peuple. La loi ordonnait d’honorer et, par conséquent, d’assister ses père et mère; les pharisiensprétendaient que le don fait au Temple équivalaità l’assistance prêtée aux parents et en dispensait.Notre-Seigneur conclut en disant: «Vous annulez laparole de Dieu par la tradition que vous vous transmettez, et vous faites beaucoup d’autres choses semblables.» Et il se mita instruire le peuple sur la nécessitéde la pureté intérieure et l’inutilité des purificationsd’origine pharisaïque. Matth., xv, 1-20; Marc, vu, 1-23. La plupart des discussions qu’il eut avec lespharisiens et les scribes furent occasionnées par lepeu de cas qu’il faisait de leurs traditions. — SaintEtienne fut accusé d’avoir prétendu que Jésus de Nazarethdevait détruire le Temple et changer les traditions, d’après le grec: les coutumes transmises par Moïse.Act., vi, 14. Les traditions peuvent comprendre ici etlesvéritables institutions mosaïques, et lesrèglesposées parles docteurs, en vertu de l’autorité qu’ils prétendaienttenir de Moïse. Matth., xxiii, 2. Saint Paul, avant saconversion, fut un fervent adepte des traditions pharisiennes.Gal., i, 14. Il prémunit les Colossiens contreles traditions humaines opposées à la doctrine de Jésus-Christ, de quelque origine qu’elles soient. Col., ii, 8.Saint Pierre rappelle aux chrétiens venus du judaïsmeque la rédemption les a soustraits au régime de la traditionde leurs pères. I Pet., i, 18.

2° Tradition chrétienne. — Elle n’est pas, comme latradition juive, le résultat des opinions des docteursantérieurs, mais la transmission de l’enseignementmême de Jésus-Christ, passant par la bouche des pasteursde l’Église, autorisés et recevant grâce pour leconserver intégralement. Le Sauveur a confié sa doctrineaux Apôtres, en leur prescrivant de l’enseigner àtoutes les nations, par conséquent de la transmettreoralement. Matth., xxviii, 19, 20. Cette doctrine comprenaittout ce que Jésus-Christ avait mission de faireconnaître aux hommes: «Tout ce que j’ai entendu demon Père, je vous l’ai fait connaître. «Joa., xv, 15.Saint Paul appelle cet ensemble doctrinal un «dépôt», qui doit être transmis intact par ceux auquel il estconfié. I Tim., vi, 20; II Tim., i, 14. C’est l’Évangilequ’il prêchait parmi les Gentils, le même que Pierre etles autres apôtres prêchaient parmi les Juifs. Gal., ii, 2, 7-9. Lui-même faisait profession expresse de l’avoirreçu. Il tenait du Seigneur ce qu’il enseignait surl’eucharistie. I Cor., xi, 23. Il avait également appris cequi concernait la rédemption. I Cor., xv, 3. Il adresseà son disciple cette recommandation: «Les enseignementsque tu as reçus de moi, en présence de nombreuxtémoins, confie-les à des hommes sûrs qui soientcapables d’en instruire les autres.» II Tim., ii, 2.C’est tout le mécanisme de la tradition, reçue parl’Apôtre, enseignée à de nombreux auditeurs, parmi lesquelsun pasteur, Timothée, est spécialement chargéde la conserver intacte, pour la transmettre à des pasteursqui auront le même soin et les mêmes devoirsque lui, et qui la transmettront à leur tour. De leurcôté, les fidèles ont l’obligation de s’en tenir à cet enseignementtraditionnel: «Gardez les traditions quevous avez apprises, soit oralement, soitpar notre lettre. sII Thess., ii, 14. Ils doivent retenir la doctrine tellequ’elle leur a été annoncée, autrement leur foi estvaine. I Cor., xv, 2. C’est ce que font les vrais fidèles.L’Apôtre les en félicite: «Je vous loue de ce que…

vous retenez mes instructions telles que je vous les aidonnées.» I Cor., xi, 2. «Grâces soient rendues à Dieude ce que… vous avez obéi de cœur à la règle de doctrinequi vous a été enseignée.» Rom., vi, 17. SaintJude, 3, exhorte les chrétiens à «combattre pour lafoi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes.» Il y a donc là un système d’enseignement très formellementarrêté, dont l’usage a commencé dès la Pentecôte, antérieurement à celui des Écritures du NouveauTestament, et qui n’a fait que continuer le procédépurement oral dont s’était servi Jésus-Christ pour laprédication de son Évangile. La tradition est ainsi lecanal le plus ordinaire par lequel tout l’enseignementde la foi arrive aux hommes. Les Écritures du NouveauTestament sont d’un emploi postérieur, elles ne contiennentpas tout le dépôt de la foi et leur usage n’estpas essentiel, puisque, pendant bien des années, il. ya eu des disciples de Jésus-Christ, sans qu’aucunepartie de son enseignement eût encore été mise parécrit. — Cf. P. Batiffol, L’Église naissante et le catholicisme, Paris, 1909, p. 146-156, 195-260, 317-337.

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TRADUCTIONS DE LA SAINTE ÉCRITURE.

VoirSEPTANTE.VuLGATE, COPTES, ÉTHIOPIENNE, GRECQUES, LATINES, SYRIAQUES, FRANÇAISES.ALLEMANDES, ANGLAISES, ESPAGNOLES, SLAVES (VERSIONS), etC.TRAGÉLAPHE (hébreu: ’Aqqô; Septante: xpayè-Xaçoç; Vulgate: tragelaphus), un des animaux pursque la Loi permettait aax Juifs de manger. Deut., xiv, 5. Sur l’identification de l’animal désigné par ce nom, voir Chevreuil, t. ii, col. 697.

    1. TRAIT##

TRAIT (hébreu: massd’, nêség, êukkdh, ziqôt; Septante: péXo; , TÔ$eu[ia, SitXa; Vulgate: telum, arma), arme de jet, analogue à la flèche et au javelot. VoirFlèche, t. ii, col. 2285; Javelot, t. iii, col. 1148. Letrait était ordinairement une pièce de bois ayant laforme d’un bâton, bardée de fer ou munie d’une pointede fer, comme le nêSéq barzél, uiSr, po; , arma ferrea, Job, xx, 24, et capable d’être enflammée comme lesziqôf, fàl, flamma, Is., L, 11; $ir iteituptojisva, telaignea. Eph., vi, 16. Les traits étaient lancés à la mainou à l’aide d’instruments. Voir Catapulte, t. ii, col. 346. — On s’armait de traits pour le combat, IV Reg., x, 2; Is., l, 11, et on en faisait provision entemps de paix. III Reg., x, 25. Ils traversaient l’airpendant la bataille, II Mach., v, 3, les assiégés les lançaientcontre les agresseurs. II Sam. (Reg.), xi, 20; II Mach., xii, 27, et les combattants contre leurs adversaires.II Mach., x, 30. On fuyait devant eux, Job, xx, 24, et on se mettait la tête à l’abri pour ne pas les recevoir.Ps. cxl (cxxxix), 8. Les vainqueurs pouvaientfaire du feu avec les traits de leurs ennemis. Ezech., xxxix, 10. Les traits enflammés étaient particulièrementredoutables, car ils mettaient le feu là où ils tombaient.Aux mains d’un furieux, ils pouvaient causerde grands dégâts. Prov., xxvi, 18. Ces traits étaientprobablement pourvus de matières inflammables. SaintPaul veut que les chrétiens se garantissent avec lebouclier de la foi contre les traits enflammés de Satan.Eph., vi, 16. — Les traits sont impuissants à percer lapeau du crocodile. Job, xl, 31; xli, 18.

H. Lesêtre.

TRAITÉ. Voir Allfance, t. i, col. 383-387.

    1. TRAITRE##

TRAITRE (grec: TtpoSôxm, itapa3t801j; ; Vulgate: traditor, proditor), celui qui trompe la confiance d’unautre et lui cause du mal au lieu du bien qu’il luidevait. — Caïn fut le premier traître, quand il entraînason frère Abel aux champs et le tua. Gen., iv, 8. — Lesfils de Jacob agirent en traîtres quand ils voulurent tuerleur frère Joseph et ensuite le vendirent à des Ismaélites.

Gen., xxxvii, 20, 28; cf. xlii, 22. — Samson fut trahipar Dalila. Jud., xvi, 19-21. — Doëg, l’Édomite, trahitDavid, I Sam. (Reg.), xxii, 9, 10, que les habitants deCéïla se disposaient aussi à livrer, I Sam. (Reg.), xxiii,

12, et que les Ziphéens dénoncèrent à Saùl. I Reg., xxvi, 1. Les Philistins craignirent que David ne lestrahît pendant le combat contre les Israélites. I Sam.(Reg.), xxix, 4. — Joab attira traîtreusem*nt Abner àl’écart et le tua. II Sam. (Reg.), iii, 27. — David agit entraître quand, après avoir pris Bethsabée, il s’entenditavec Joab pour procurer la mort d’Urie. II Sam. (Reg.), xi, 14-17. — Absalom fit traîtreusem*nt assassiner sonfrère Amnon. Il Sam. (Reg.), xiii, 28, 29. — Siba trahitson maître Miphiboseth. II Sam. (Reg.), XVI, 1-4. —Achitopel, conseiller de David, le trahit en indiquant àAbsaloinles mesures à prendre contre son père. II Sam.(Reg.), xvii, 1-4. — Joab tua Amosa d’un coup d’épéeen feignant de le baiser. II Sam. (Reg.), xx, 9, 10. —Plusieurs rois d’Israël furent assassinés traîtreusem*ntpar l’un de leurs sujets, Nadab par Baasa, III Reg., xv, 28, Éla par Zambri, III Reg., xvi, 10, Zacharie parSellum, IV Reg, , xv, 10, Sellum parManahem, IV Reg., xv, 14, Phacéïa par Phacée, IV Reg., xv, 25, Phacéepar Osée, IV Reg., xv, 31. En Juda, Joas fut frappé parses serviteurs, IV Reg., xii, 20, 21, et, en Syrie, Benhadad fut étouffé par Hazaël, son courtisan.IV Reg., vii, 15. Quand Elisée révélait à Joram les projetsdo Benhadad, celui-ci s’imaginait qu’il y avait untraître dans son conseil. IV Reg., vi, 10, 11. — Job, xvii, 5, dit à propos des traîtres:

Celui qui livre en proie ses amis

Verra défaillir les yeux de ses enfants.

Plusieurs fois, les Psalmistes s’élèvent contre léstraîtres. Ps. lv (liv), 20-22; lxiv (lxiii), 3-7; cix (cvm), 2-20; etc. — À l’époque des Machabées, plusieurstrahisons sont signalées: Simon, de la tribu de Benjamin, dénonça le’trésor du Temple au gouverneurApollonius. II Mach., iii, 4-6; iv, 1. Ménélas, «traîtreenvers les lois et envers sa patrie,» remit les vasessacrés à Antiochus Épiphane. II Mach., v, 15, 16.Ptolémée Macron, appelé traître pour avoir abandonnéChypre, se donna la mort par le poison. II Mach., x,

13. Des Israélites furent gagnés à prix d’argent parles Iduméens assiégés et en laissèrent échapper ungrand nombre, ce que Judas punit comme une trahison.II Mach., x, 20-22. Un juif, Rhodocus, fut mis en prisonpour avoir livré des secrets à l’ennemi. II Mach., xm, 21. Tryphon trahit Jonathas en lui persuadant derenvoyer ses soldats et en l’enfermant dans Ptolémaïde, puis en gardant ses deux fils, malgré la foi jurée, et enle tuant lui-même. I Mach., xii, 43-xiir, 23. À Jéricho, Ptolémée, fils’d’Abobus, fit aussi périr Simon partrahison. 1 Mach., xvi, 15, 16. — Dans le Nouveau Testament, Judas est le traître par excellence. Les évangélistesle désignent habituellement par ce nom. C’estJudas Iscariote «qui le trahit», Matth., x, 4; Marc, ih, 19, «qui fut le traître», Luc, vi, 16. Jésus savaitdès le principe «qui devait le trahir», et c’était JudasIscariote, fils de Simon, «qui devait le trahir, tout enétant l’un des douze.» Joa., vi, 65, 72. La trahison futarrêtée à prix d’argent, Matth., xxvi, 14-16; Marc, xiv, 10, 11; Luc, xxii, 3-6, formellement dénoncée par leSauveur, Matth., XXVI, 21-25; Marc, xiv, 18-21; Luc, xxii, 21-23; Joa., xiii, 10, 11, 18-30; xvii, 12, exécutéepar Judas à l’aide d’un baiser, Matth., xxvi, 47-50; Marc, xiv, 43-45; Luc, xxii, 47, 48; Joa., xviii, 2-5, puis inutilement regrettée par IuL Matth., xxviii, 3-10; Act., i, 16-18. — Saint Etienne accusa les Juifs d’avoirtrahi et mis à mort le Juste. Act., vii, 52. — Saint Paulannonce que les hommes des derniers jours seront «traîtres». I Tim., iii, 4.

H. Lesêtre.

    1. TRANSFIGURATION##

TRANSFIGURATION, changement dans les apparencesnaturelles d’un être. — La transfiguration deNotre-Seigneur, que la tradition ancienne localise surle mont Thabor, est indiquée par le verbe u.e-ce[i.opipto8ï), transfiguratus est, qui suppose un changement, nondans la personne elle-même", mais dans les formes etdans la figure avec lesquelles elle se montre habituellement.Les évangélistes expliquent ce qui résulta dece changement. «L’apparence de son visage devintautre.» Luc, ix, 29. «Son visage resplendit comme lesoleil.» Matth., xvii, 2. En même temps, «ses vêtementsdevinrent blancs comme la lumière,» ou «comme la neige», Matth., xvii, 2, «brillants et trèsblancs comme la neige, tels qu’un foulon sur la terren’en peut faire d’aussi blancs,» Marc, ix, 2, «sonvêtement devint blanc fulgurant.» Luc, ix, 29. L’aspectgénéral du Sauveur resta donc le même; les troisApôtres ne cessèrent pas de le reconnaître, comme firentplus tard Marie-Madeleine, Joa., xx, 14, les disciplesd’Emmaûs, Luc, xxiv, 16, et les Apôtres eux-mêmesen diverses circonstances. Matth., xiv, 26; Joa., xxi, 4.Pour affermir la foi de ses trois compagnons, Pierre, Jacques et Jean, et les prémunir contre le scandale desa passion, le Sauveur permit à la gloire de sa divinitéde transparaître un moment à travers son humanité, etses vêtements eux-mêmes revêtirent une splendeur etune blancheur éclatantes, par l’effet du rayonnementque dégageait le corps du divin Maître. Cf. S. Léon, Serm. li, 2, t. liv, col. 310. Quand le phénomènecommença, les Apôtres étaient encore appesantis parlesommeil. À leur réveil seulement, ils aperçurent lagloire du Seigneur, ils virent Moïse et Élie qui conversaientavec lui et ils entendirent la voix céleste quidescendait de la nuée. Matth., xvii, 3, 5; Marc, ix, 3, 6; Luc, ix, 30, 32. Puis tout cessa, et Jésus leurrecommanda de ne pas parler de ce qu’ils avaient vii, avant sa résurrection, confirmant par cette défense laréalité du spectacle dont ils avaient été les témoins.Saint Pierre rappela plus tard comment il avait étéspectateur de la grandeur de son Maître, de l’honneuret de la gloire dont il fut alors entouré. II Pet., i, 1618. — Saint Paul parle des faux apôtres, artisans detromperie, qui se transfigurent, [*ETa17-/iriiJi.aTiÇ6jA6voi, transfigurantes se, en apôtres du Christ, afin d’égareret de perdre les âmes. Il observe que cet artifice nedoit pas surprendre, parce que Satan lui-même se transformeen ange de lumière et que ses ministres se transfigurenten ministres de justice. II Cor., xi, 13-15.Cf. S. Cyprien, Deunit. Eccles., , t. iv, col. 495. L’Apôtreappelle du même nom la figure de langage dont il s’estservi pour parler d’Apollos et de lui-même. I Cor., iv,

6. — Voir Thabor, col. 1683.

H. Lesêtre.

    1. TRAVAIL##

TRAVAIL (hébreu: yegi’a, siblôt, ’âbodàh, ’âmâl, êséb, po’al; Septante: epyov, xôiioç, u-ôx"»; ; Vulgate: labor, opus), exercice de l’activité humaine.

I. La loi du travail. — 1° À l’origine. — Tout êtrevivant, surtout s’il est pourvu d’intelligence, exercenaturellement les facultés dont il est doué, et l’intensitéde sa vie se mesure à celle de son action. Dieu estsans cesse actif. «Mon Père agit jusqu’à présent, etmoi aussi j’agis,» dit le Sauveur. Joa., v, 17. L’œuvrede la création est représentée par l’écrivain sacrécomme un travail dont Dieu se repose. Gen., ii, 2. Unefois créé, le premier homme ne fut pas abandonné àl’oisiveté; il eut à cultiver et à garder le jardin d’Éden.Gen., ii, 15. Il trouvait dans le travail l’emploi de sesforces corporelles, pendant que ses facultés intellectuelless’appliquaient au service de Dieu et à l’étudede la nature. Gen., ii, 19. Le travail n’est donc pas unepeine par lui-même; il apparaît comme la conditionnormale de la vie de l’homme sur la terre. — Le péchéd’Adam modifia la nature primitive du travail, en y

ajoutant le caractère de châtiment. Dieu dit en effet àl’homme pécheur: «La terre est maudite à cause detoi; c’est par ton travail pénible que tu en tireras ta

nourriture tous les jours de ta vie C’est à la sueur

de ton visage que tu mangeras ton pain.» Gen.» iii, 17, 19. Néanmoins la pénalité fut moins dure, en général, que ne semblaient le comporter les termes de la sentence.Comme se plaisent à le répéter les écrivainssacrés, Eccle., iii, 13; v, 18; viii, 15; ix, 9; Prov., xii, 11; xxxi, 13; etc., le travail devient plus aisé à l’hommeà cause des biens qu’il lui assure. — 2° Législationmosaïque. — La loi de Moïse, se référant à un précepteantérieur, règle que le travail s’accomplira durant sixjours et que, le septième jour, il sera absolument suspendu.Exod., xx, 9; Luc, xiii, 14. Voir Sabbat, col. 1293. Outre le repos de chaque nuit, le Seigneurimpose donc celui de tout un jour sur sept. C’est lamesure qu’a jugée nécessaire l’auteur de la naturehumaine. Le travail était encore défendu certains joursde fête, le premier et le septième jour de la Pâque, lejour de la Pentecôte, le premier jour du septièmemois, pour la fête des Trompettes, le dixième jour dumême mois, pour la fête des Expiations, le premier etle huitième jour de la fête des Tabernacles. Lev., xxiii, 7, 8, 21, 24, 28, 35, 36. Quand un Israélite se mettaiten service chez l’un de ses frères, on ne devait pasexiger de lui le travail d’un esclave. Lev., xxv, 39. Lesalaire de l’ouvrier devait être payé chaque jour.Deut., xxiv, 15. Voir Artisans, t. i, col. 1044; Salaire, t. v, col. 1365. — Les Septante et la Vulgate appellent «œuvre servile», gpYOv îiarpsu-nSv, opus servile, c’est-à-direœuvre d’esclave, le travail défendu les jours desabbat et de fêtes. Lev., xxiii, 7-36; Num., xxviii, 18, 25, 26; xxix, 1, 7, 12, 35. Cette traduction provient sansdoute de ce que, à l’époque où furent faites les versions, tous les gros travaux étaient exécutés par les esclaves.Le texte hébreu appelle le travail défendu meWkét’âbôdâh, «œuvre de servitude», c’est-à-dire œuvrepénible, par conséquent toute œuvre accomplie parl’homme à la sueur de son front pour assurer sa subsistance, tout travail fatigant pour le corps. Les œuvresde ce genre étaient de nature très diverse. Ainsiramasser du bois était un travail prohibé. Num., xv, 32-36. Il en était de même d’une marche un peu longueet de beaucoup d’autres actes que la loi ou l’usagedéterminèrent. — 3° Loi évangélique. — L’Évangilen’innove rien sur la question du travail. NotreSeigneuraccepte pour lui-même la loi du travail, et il est connucomme charpentier, fils de charpentier. Matth., xiii, 55; Marc, vi, 3. Les Apôtres qu’il se choisit sont tousdes hommes de travail, et lui-même, dans ses paraboles, aime à mettre en scène des travailleurs de toutenature, qui exercent leur activité dans des conditionsauxquelles le divin Maître ne trouve rien à redire.Saint Paul résume toute la morale évangélique sur letravail en cette sentence aussi brève que péremptoire: «Si quelqu’un ne veut pas travailler, il ne doit pas nonplus manger.» L’Apôtre ne veut pas, en effet, que celuiqui peut travailler vive d’aumônes. Les oisifs volontairesdoivent «travailler paisiblement pour manger un painqui leur appartienne.» II Thess., iii, 10, 12.

II. Le travail dans la Bible. — 1° Les travailleurs.

— Dès l’origine de l’humanité, Caîn se livre au travailagricole et Abel au travail pastoral. Gen., iv, 2. Tubalcaïntravaille les métaux. Gen., iv, 22. Le travail étaitalors particulièrement pénible, parce que l’outillagedont disposaient les hommes était fort imparfait. AussiLamech appelle-t-il son fils Noé, nûah, «repos», parce que, dit-il, «celui-ci nous soulagera de nosfatigues et du travail pénible de nos mains, que réclamece sol maudit de Jéhovah.» Gen., v, 29. Les patriarchessont au travail que leur impose le soin de leurstroupeaux. Jacob surtout est soumis pendant vingt ans,

chez Laban, à un rude labeur que Dieu récompense.Gen., xxxi, 42; Sap., x, 10. En Egypte, les Hébreuxsont appliqués par leurs oppresseurs à des travauxde plus en plus pénibles, pour les constructions et laculture. Exod., i, 14; ii, 11; v, 4, 5; vi, 6, 7; Sap., x, 17. Booz surveille sa moisson. Ruth, iii, 7. Gédéon batle froment. Jud., vl, 11. Saûl, déjà roi, fait travaillerses bœufs aux champs. I Reg., xi, 5. Le riche Nabalpréside à la tonte de ses brebis. I Reg., xxv, 2. Eliséeconduit lui-même l’une des douze paires de bœufs quilabouraient ses champs. III Reg., xix, 19. Le propriétairede Sunain, qui reçut chez lui Elisée, surveillaitlui-même ses moissonneurs. IV Reg., iv, 18. Cf.Prov., xxxi, 13; Tob., ii, 19. Plus tard, le Sauveur etses Apôtres travaillent chacun à un métier et saintPaul gagne sa vie à fabriquer des tentes. Act., xviii, 3; xx, 34; I Cor., iv, 12; I Thés., ii, 9; II Thés., iii, 8, etc.L’Apôtre suivait en cela l’usage des docteurs juifs, quiassociaient l’étude de la loi à l’exercice d’un métier. «Ce double travail purifie du péché. L’étude de la loisans la pratique d’un métier finira par être troublée etentraîne la faute avec elle.» Aboth, ii, 2. Néanmoins, le métier ne devait venir qu’au second rang pour undocteur. «Donne-toi moins à ton métier et consacretoidavantage à la loi.» Aboth, iv, 10. Il suit de làpourtant que le travail était universellement estimé etpratiqué chez les Israélites et que, si grand et si savantqu’on fût, on ne croyait pas déroger en s’y appliquant.

2° Le travail manuel. — L’élevage et les tracaux deschamps, bien que pénibles, doivent occuper beaucoupd’hommes. «Ne hais pas les labeurs pénibles, ni letravail des champs institué par le Très-Haut.» Eccli., vii, 15. C’est Dieu qui a assujetti l’homme à ce travail.Eccle., iii, 10. À raison des circonstances, la manne aété la seule nourriture assurée à l’homme sans travail.Sap., xvi, 20. L’élevage est recommandé. Prov., xxvii, 23-27. Il est souvent fait mention des travaux de laculture. Ps. civ (cm), 23; IPar., xxvii, 26; Sap., xvii, 16; Joa., IV, 10; etc. Les gens de métiers sont fréquemmentnommés. L’Ecclésiastique, xxxviii, 25-34, parle du laboureur, du charpentier, du constructeur, du graveur, dii forgeron et du potier. Il remarque quechacun de ces hommes est «intelligent dans sonmétier», qu’il s’y applique avec tout son soin et, parconséquent, n’a pas le loisir d’acquérir la science quilui permettrait d’être juge ou docteur, que néanmoinsla vie ordinaire dépend du travail de ces hommes etque ce sont eux qui «soutiennent les choses du temps».L’Ecclésiaste, iv, 4, a vu que «tout travail et toutehabileté dans un ouvrage est exposé à la jalousie (ou àl’eovie) du prochain.» Cette jalousie pourrait bienn’être pas autre chose que ce que nous appelons laconcurrence. Il est encore parlé du travail du forgeron, Is., xliv, 12, du fabricant d’idoles, Sap., xv, 4, 8, du batelier, Marc, VI, 48, du pêcheur, Luc, v, 5, dubanquier, Matth., xxv, 16, du marin, Apoc, xviii, 17; etc. Cf. Fr. Buhl, La société israélite d’après l’A. T., trad. de Cintré, Paris, 1904, p. 105-121. À tous cesmétiers s’ajoutait le commerce. Voir Commerce, t. ii, col. 878. Le paresseux se soustrait au travail manuel, Prov., xxi, 25, l’insensé s’en fatigue, Eccle., x, 15, etl’impie qui prospère s’en exempte, au scandale desjustes. Ps. lxxiii (lxxii), 5. Le labeur pénible de laguerre est assimilé à un travail. Ezech., xxix, 20.Comme le travail est pour l’ordinaire fatigant et souventdouloureux, plusieurs des mots qui signifient «travail ï sont fréquemment pris dans le sens de «peine, souffrance wyegVa, Job, xxxix, 16; Eccle., xii, 12; etc., ’dmdl, Gen., xli, 51; Deut., xxvi, 7; Job, m, 10; xvi, 2; Is., lui, 11; etc., ’êséb, Gen., iii, 16; Prov. xv, 1; etc.

3° Fruits du travail. — L’homme travaille avant toutpour se nourrir. Ps. cxxviii (cxxvii), 2. «Tout le travail

de l’homme est pour sa bouche.» Eccle., vi, 7. «Letravailleur travaille pour lui, car sa bouche l’y excite.» Prov., xvi, 26. Celui qui travaille vaut donc mieux quel’oisif ou le hâbleur manquant de pain. Eccli., x, 13.Le travail procure même l’abondance et la richesse.Prov., xii, 11; xxvii, 25-27; xxviii, 19; Eccli., xx, 30; xxxi, 3. — Ce résultat ne se produit pourtant pas jtoujours, et tel travaille, qui reste pauvre et manquede tout. Eccli., xi, 11; xxxi, 4. Il y a un travail qui nenourrit pas, Is., lv, 2, un labeur inutile et vain.Eccle., iv, 6. Cette inutilité tient à des circonstancesmalheureuses, à l’inhabileté du travailleur, mais aussià l’absence de la bénédiction divine. Prov., x, 22.Parfois, Dieu amène la sécheresse sur le travail desmains. Agg., i, 11. En vain bâtit-on, si Dieu ne bâtitlui-même. Ps. cxxvii (cxxvi), 1. Il a donné aux sauterelles le travail des Égyptiens, Ps. lxxviii (lxxvh), 46,; et a réduit à néant celui de Babylone. Jer., li, 58. Si jl’on n’est point fidèle à Dieu, on voit son travail passeraux mains des autres. Prov., v, 10. Le fruit du travail jest alors mangé par des étrangers, Deut., xxviii, 33; ]Ps. cix (cvm), 11; Prov., v, 10; de même que lesHébreux ont possédé le travail des peuples. Ps. cv (civ), 44. — L’idolâtre recommande en vain son travail à sesfaux dieux. Sap., xiii, 19. Les idoles dévorent le produitdu travail. Jer., iii, 24. C’est ce qui est arrivé auxIsraélites infidèles; mais, s’ils reviennent à Dieu, lesétrangers ne prendront plus le fruit de leurs labeurs.Is., lxii, 8. — L’homme n’emporte pas avec lui le fruitde son travail. Eccle., v, 14. Il le laisse à d’autres, Eccli., xiv, 15, qui entrent ainsi dans les travaux deleurs prédécesseurs. Joa., iv, 38. On fait donc bien detravailler pour avoir de quoi exercer la charité. Act., xx, 25; Eph., iv, 28.

4° Le travail intellectuel. — Moïse, au désert, selivrait à un travail de juge que Jéthro estima fort audessus de ses forces et qu’il lui conseilla de répartirentre plusieurs autres. Exod., xviii, 18. L’acquisitionde la science est pénible. «Nous avons peine à devinerce qui est sur la terre, et nous n’apercevons pas sanstravail ce qui est devant nos mains.» Sap., IX, 16. Letraducteur de l’Ecclésiastique, Prol., s’est imposé ungrand labeur. «Les labeurs de la sagesse produisentles vertus.» Sap., viii, 7; ix, 7. Il faut cultiver la sagessecomme on cultive la terre. Eccli., vi, 19, 20. Dans cesconditions, on se ménage le repos et l’on contribue àl’utilité des autres. Eccli., xxiv, 47; xxxiii, 18; li, 35.Ainsi font ceux qui, par opposition avec les artisans, peuvent consacrer tout leur temps à l'étude de la loi, à la réflexion, à la fréquentation des personnages importants, aux voyages et à la prière. Eccli., xxxix, 1-11.Tout en admettant la pratique modérée d’un métier, les docteurs jugeaient «incapable de devenir un sage, celui qui s’adonnait partrop au commerce.» Aboth, ll, 5.

5° Le travail apostolique. — La prédication évangélique est considérée comme un travail. Joa., iv, 38.Ce travail n’est pas vain. I Cor., xv, 58. Saint Paul, qui ne se fait pas gloire du travail des autres, II Cbr., x, 15, rappelle souvent ses travaux apostoliques. I Cor., xv, 10; xvi, 16; II Cor., xi, 23, 27; Gal., iv, 11; Phil., ii, 16; iv, 3; Col., i, 29; I Thés., v, 12; I Tim., ii, 9; iv, 10; v, 17. Ce travail mérite son salaire. Matlh., x, 10; Luc, x, 7. Saint Paul le revendique hardiment.I Cor., IX, 3-18; II Cor., xi, 8, 9; Gal., vi, 6; Phil., iv, 10-18. Il exhorte Timothée à travailler comme un bonsoldat du Christ, II Tim., ii, 3; iv, 5, à l’exemple dusoldat romain qui, en temps de paix, était employé àla création des routes et aux constructions publiques.Cf. Cagnat, L’armée romaine d’Afrique, Paris, 1892, p. 427-437. Saint Jean mentionne les travaux del'évêque d'Éphèse. Apoc, ii, 2. — Au ciel, les serviteursde Dieu se reposeront de leurs travaux. Apoc, xiv, 13.

H. Lesêtre.

    1. TREMBLEMENT DE TERRE##

TREMBLEMENT DE TERRE, (hébreu: ra’aè; Septante: attelas, qu<7<Tee<Tfiôç; Yulgate: terrm motus), mouvement du sol, sous l’influence de causes internes.Ce mouvement peut provenir soit des forces volcaniques agissant dans les profondeurs de certainescouches terrestres, soit de la dislocation d’une partiede l'écorce solide de la terre par suite du refroidissem*nt de la planète. La Palestine a été, aux époquesgéologiques, le théâtre de puissants phénomènes sismiques, d’où est résultée la profonde et extraordinairedépression' de la mer Morte et delà vallée du Jourdain.L’activité volcanique a laissé des traces importantessur les rives orientales du lac de Tibériade et de lamer Morte. Voir Palestine, t. iv, col. 2015. À l'époquehistorique, la destruction de Sodome et des villes coupables coïncida avec un mouvement sismique quiabaissa une partie du sol au-dessous du niveau deseaux. Voir Morte (Mer), t. iv, col. 1308. — Un tremblement de terre eut lieu à Machmas, au temps de Saùl.I Reg., xiv, 15. Un autre se produisit sous le règned’Ozias. Am., i, 1; Zach., xiv, 5. Les livres historiquesse taisent à son sujet. Josèphe, Ant. jud., IX, x, 4, lerattache à la tentative sacrilège du roi. II Par., xxvi, 16-20. — Quand la terre s’entr’ouvrit pour engloutirCoré et ses partisans, Num., xvi, 32, il y eut plutôt unphénomène miraculeux qu’un tremblement de terre. —Celui dont fut témoin le prophète Ëlie, III Reg., xix, 11-12, n’exista probablement qu’en vision, comme celuidu songe de Mardochée. Esth., xi, 5. La chute des mursd’Aphec, III Reg., xx, 30, ne suppose pas non plus nécessairement un tremblement de terre. — En l’an 31avant Jésus-Christ, sous Hérode le Grand, au commencement du printemps, un tremblement de terre secouala Palestine, y fit périr 30 000 hommes sous les ruinesdes maisons et causa de grands ravages parmi les troupeaux. Josèphe, Bell, jud., i, xix, 3. Dans Ant. jud., XV, v, 2, l’historien ne parle que de 10000 victimes. —Au moment de la mort de Notre-Seigneur, il y eut untremblement de terre par suite duquel les rochers sefendirent, voir Calvaire, t. ii, col. 82, et les sépulcress’ouvrirent. Matth., xxvii, 51, 54. Le même phénomènese reproduisit à l’heure de la résurrection du Sauveur.Matth., xxviii, 2. Ces deux tremblements eurent un caractère surnaturel et peut-être tout local. — Un autretremblement de terre ébranla les fondements de la prison dans laquelle Paul et Silas étaient enfermés, àPhilippes, et prépara la délivrance des deux apôtres.Act., xvi, 26. — Le tremblement de terre est un phénomène grandiose et effrayant, qui évoque l’idée de lapuissance de Dieu. Aussi les écrivains sacrés le font-ilsintervenir dans les théophanies. Exod., xix, 18; Jud., v, 4; II Reg., xxii, 8; Ps. lxxvi (lxxv), 9; lxxvh(lxxvi), 19; xcvh (xcvi), 4; civ (cm), 32; Am., viii, 8; Hab., iii, 10; Aci., iv, 31. Notre-Seigneur annonce quela ruine de Jérusalem sera précédée de tremblements deterre. Matth., xxiv, 7; Marc, xiii, 8; Luc, xxi, 11. Leshistoriens en ont enregistré plusieurs vers cette époque.Cf. Tacite, Annal., xiv, 27; xv, 22; Sénèque, Quœst.natur., vi, i; Josèphe, Bell, jud., IV, iv, 5. Saint Jeanen signale d’autres qui marqueront la fin des temps.Apoc., vi, 12; viii, 5; xi, 13, 19; xvi, 18. — Sur les tremblements de terre de Palestine, voir Palestine, t. iv, col. 2031. — Pour atténuer les effets des tremblementsde terre, on assemblait solidement des charpentes àtravers les constructions. Eccli., xxii, 19.

H. Lesêtre.

    1. TREMELLIUS Emmanuel##

TREMELLIUS Emmanuel, savant juif, né à Ferrare en 1510, mort en 1580. Il fut converti à la religion chrétienne par le cardinal Polus et par M. A. Flaminio, mais Pierre Martyr le poussa à embrasser leprotestantisme. Il quitta l’Italie et se rendit en Allemagne, puis en Angleterre, où il enseigna l’hébreu àCambridge. Il retourna en Allemagne après la mort

V. - 73

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TREMELLIUS — TRESOR

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d’Edouard VI et alla enfin à Sedan, où il fut appelépour professer l’héLreu. On a de lui entre autres: Rudimenta linguse hebrsess, Vienne, 1541; InterpretatioSyra Novi Testamenti hebraicis typis descripta, Paris, 1569; Biblia sacra sive libri canonici latinirecens ex Uebrxo facti, Francfort, 1579; Londres, 1580.Voir Latines (Versions), ii, 4°, t. iv, col. 125.

    1. TRENCH##

TRENCH, Richard Chenevix, théologien anglican, néà Dublin le 5 septembre 1807, mort à Londres le 28mars 1886. Il commença ses études aux écoles deTuyford (1816) et de Harrow (1819) et les termina àCambridge, à Trinity Collège. En 1835, il devint vicairede Cardridge, dans le Hampshire. C’estlà qu’il inaugurases Lectures, dont les premières ont fourni la matière deson ouvrage Notes on Parables, publié plus tard. En1841 il devint le vicaire du recteur d’Alverstoke, SamuelWilerforce, futur évêque d’Oxford, son ami etprotecteur.En 1844, Trench obtint le rectorat d’Ichenstoke, d’oùil fut promu, en 1846, à la chaire d’exégèse du NouveauTestament de King’s Collège à Oxford. Doyen de Westminsterdepuis le mois d’octobre 1856, il fut nommé, en novembre 1863, archevêque anglican de Dublin.En 1884, il résigna son siège à cause de son âge avancéet de ses infirmités. Deux ans après, il mourut à Londreset fut inhumé à Westminster.

Nous citerons de lui: Notes on the Parables of ourLord, in-8°, 1841, plusieurs éditions; Les Paraboles deNotre-Seigneur, traduit librement de l’anglais sur la13e édition, par Paul Duplan, pasteur, in-8°, Lausanne, 1879; Exposition of the Sermon on the Mount, in-8°, 1844; Notes on the miracles of our Lord, in-8°, 1846, The Star of the wise men: being a cornmentary onthe second chapter of St. Matthew, in-16, 1850; Synonymsof the New Testament, in-8°, 1854; Synonymesdu Nouveau Testament, traduit de l’anglais parC. de Faye, in-8°, Bruxelles, 1869; Cornmentary onthe Epistles to the Seven Churches in Asia, in-8°, 1861; Studies on the Gospels, in-8°, 1867. —VoirL. Stephen, Diciionary of national biography, t. lvii, 1899, p. 190-194. 0. Rey.

    1. TRÉSOR##

TRÉSOR (hébreu: ’ôsâr, genâzim, frosén, matmôn, mikmannîm, sefûnîm, tô’âfôf; chaldéen: ginezîm; Septante: 61aavpé(,-fâÇa; Vulgate: thésaurus, gaza), ace umulation d’or, d’argent et de matières précieuses.

1° Au sens propre. — 1. Trésor des particuliers. —Les frères de Joseph retrouvèrent dans leurs sacs lestrésors qu’ils avaient apportés. Gen., xliii, 23. Lesmalheureux cherchent la mort plus ardemment qu’untrésor. Job, iii, 21. Le trésor des méchants est maudit, parce qu’il est le fruit de l’iniquité. Job, xx, 26; Prov., xxi, 6; Mich., VI, 10. Le trésor que l’on possède dansle trouble ne vaut pas la médiocrité avec la crainte deDieu. Prov., xv, 16. La bonne renommée vaut mieuxque mille trésors. Eccli., xl, 15. On peut amasser destrésors, mais à condition de les utiliser libéralement, selon le précepte de Dieu. Eccli., xxix, 14. Les magesti rèrent de leurs trésors les présents qu’ils offrirent àl’enfant Jésus. Matth., 11, 11. Notre-Seigneur conseillede ne pas amasser de trésors sur la terre, où ils peuventêtre la proie des voleurs; d’ailleurs le cœur s’y attacheplus qu’il ne faudrait. Matth., vi, 19-21. Il compare leroyaume des cieux à un trésor caché, enfoui dans unchamp. Celui qui l’a trouvé le cache de nouveau, vendson bien et achète le champ, afin d’entrer en possession du trésor. Matth., Xlll, 44. On cachait les trésorsso us terre, afin de les soustraire aux atteintes des voleurs.De là les noms de tnatmôn, mikmannîm etsefûnîm, qui désignent les trésors en tant que «chosesca chées». Le trésor dont parle Notre-Seigneur avaitété laissé là par un ancien propriétaire, mort sansavoirpu en révéler l’existence. Le propriétaire actuel ignore

sa présence. Celui qui en fait la trouvaille a sans douteloué le champ pour le cultiver. Il ne se croit pas endroit cependant de s’emparer du trésor. Il achète doncle champ, afin de devenir possesseur légitime de toutce qu’il contient. Il agit conformémentau droit d’alors, le propriétaire naturel n’existant plus, et lui-mêmen’étant pas obligé de révéler au propriétaire actuel lavaleur accidentelle de son terrain. Un trésor ainsi cachéne sert à rien; mieux vaut employer l’argent à fairele bien. Tob., xii, 8. — 2. Trésor du sanctuaire. —Dès l’époque de Josué, il est question d’un trésor deJéhovah, dans lequel on verse certains objets précieuxpris sur les ennemis. Jos., VI, 19. Le Temple a un trésorqui subit diverses vicissitudes. Il est constitué par lessoins de David et de Salomon. III Reg., vii, 51; I Par., xxviii, 12; xxix, 8; II Par., v, 1. Il est successivementpillé par Sésac, roi d’Egypte, III Reg., xiv, 26; II Par., xii, 9, par Baasa, roi d’Israël, II Par., xvi, 2, par Hazaël, roi de Syrie, auquel le roi de Juda, Joas est obligéde le remettre, IV Reg., xii, 18, par Joas, roi d’Israël, IV Reg., xiv, 14, et par Nabuchodonosor. IV Reg., xxiv, 13. Héliodore cherche en vain à s’emparer dutrésor du Temple, au nom du roi de Syrie, Séleucus [V.

II Mach., iii, 740. Voir Héliodore, t. iii, col. 570. Surle trésor du Temple et la manière dont il fonctionnait, voir Gazophylacium, 1. 11, col. 133. Il y avait à Babyloneun trésor du dieu de Nabuchodonosor. Dan., 1, 2. —

3. Trésor des princes. — Les rois de Juda avaient untrésor qui partagea souvent le sort du trésor du Temple.

III Reg., xiv, 26; xv, 18; IV Reg., xiv, 14; xvi, 8; xviii, 15; xx, 13, 15; II Par., xxv, 24; xxxvi, 18. Ézéchiass’était amassé des trésors. II Par., xxxii, 27. Il les fitvisiter avec complaisance par les envoyés du roi deBabylone, Mérodach-Baladan. lsaïe lui prédit alorsqu’un jour tous ces trésors seraient emportés à Babylone.IV Reg., xx, 13-17. Les tributaires de l’Egypteportaient au pharaon des trésors empilés sur le dos deschameaux. Is., xxx, 6. Il est fait mention des trésorsd’Holoferne, Judith, xii, l, d’Assuérus, Esth., iii, 9; iv, 7, d’Artaxerxès, I Esd., vii, 20. Les trésors du roi deTyr seront pillés. Ezech., xxviii, 4. Par contre, Dieudonnera à Cyrus des trésors cachés. Is., xlv, 3. EnJuda, les chefs de la nation s’emparent des biens et destrésors des autres. Ezech., xxii, 25. Antiochus Épiphaneen fait autant partout où il passe. I Mach., 1, 24. —

4. Trésor des peuples. — Juda est un pays rempli detrésors. Is., 11, 7. Le Seigneur les livrera au pillage.Jer., xv, 13; xvii, 3; xx, 5; Ose., xiii, 15. Babylone estriche en trésors, jer., ii, 13, qui seront pillés parl’épée. Jer., L, 37. Le même sort est réservé aux trésorsde Moab, Jer., xlviii, 7, d’Ammon, .1er., xlix, 4, et del’Egypte. Dan., xi, 43. Au temps de Zorobabel, on constituaun trésor public pour la réfection des murs de laville. II Esd., vii, 70-72. Le trésor était gardé dans unlieu appelé «maison du trésor», bét’ôsâr, II Esd., x, 39, ou bétginezayyd’. IEsd., v, 17; vi, 1.

2° Au sens figuré. — 1. L’atmosphère. — Dieu a destrésors d’où il tire les vents, Ps. cxxxv (cxxxrv), 7; Jer., x, 13; li, 16, les nuées, Eccli., xliii, 15, la pluieet le temps favorable, Deut., xxviii, 12, la neige. Job, xxxviii, 22. — 2. La sagesse. — Il faut creuser, c’est-à-direse donner de la peine, pour découvrir ce trésor.Prov., ii, 4. La sagesse est un trésor qui dépasse tousles autres, Sap., vii, 14; Eccli., 1, 26; Heb., xi, 26, etleur donne du prix. Prov., viii, 21; xxi, 20. La craintede Dieu, qui est la vraie sagesse, doit être le trésord’Israël. Is., xxxiii, 6. De ce trésor, l’homme de biendoit tirer toutes sortes de bonnes choses, à rencontredu méchant qui n’en tire que de mauvaises. Matth., xii, 35; xiii, 52; Luc, vi, 45. La sagesse qu’on tient cachée, comme un trésor enfoui, ne sert de rien. Eccli., xx, 32; xli, 17; Matth., xxv, 25; Luc, xix, 20. Tous les trésorsde la sagesse étaient en Jésus-Christ. Col., 11, 3. — 3. Les biens de l’âme. — Trouver un ami fidèle, c’est trouver un trésor. Eccli., vi, 14. Le Tout-Puissant est le trésor du juste. Job., xxii, 25. Les chrétiens ont reçu la grâce de l’Évangile, mais ils portent ce trésor dans des vases de terre, c’est-à-dire dans une nature fragile, afin que la puissance de Dieu paraisse davantage. II Cor., iv, 7. Ceux qui sacrifient les biens du temps s’acquièrent un trésor dans le ciel. Matth., xix, 21; Marc, x, 21; Luc, xii, 33, 34; xviii, 22. —4. Les secrets divins. — Ils sont dans les trésors de Dieu. Deut., xxxii, 34.

H. Lesêtre.

TRÉSORIER (hébreu: gizbâr; chaldéen: gedâbrîn; Septante: οἰκονόμος; Vulgate: custos arcæ publicæ, arcarius), préposé à la garde du trésor. — Dès l’organisation de la royauté israélite, il y eut des fonctionnaires chargés de veiller sur le trésor du roi. David choisit Asmoth, fils d’Adiel, pour trésorier, ʿal-ʾoṣrôṭ, ἐπὶ τῶν θησαυρῶν, super thesauros. Jonathan, fils d’Ozias, remplissait la même fonction pour les trésors des champs, c’est-à-dire pour les redevances en nature qui se convertissaient en argent à travers tout le pays. I Par., xxvii, 25. Salomon eut des intendants et des préposés aux impôts qui remplissaient équivalemment les fonctions de trésoriers. III Reg., IV, 2-7. — Deslévites avaient la surveillance des trésors du Temple. I Par., ix, 26; xxvi, 20, 22, 26, sous l’autorité d’un intendant en chef des trésors. I Par., xxvi, 24. — À la cour de Nabuchodonosor, il y avait des trésoriers, gedâbrîn, que les versions appellent τυράννοι, tyranni. Dan., ra, 2, 3. — Assuérus avait des fonctionnaires préposés au trésor. Esth., iii, 9. — Artaxerxès employait aussi des gizzabrin, gardiens du trésor. 1 Esd., vii, 21.

— Un eunuque éthiopien était le trésorier de la reine Candace, ἐπὶ πάσης τῆς γάζςαὐτῆς, super omnes gazas ejus. Act., viii, 27. — Saint Paul transmet aux Romains le salut d’Éraste, trésorier de la ville d’où il écrit. Rom., xvi, 23.

H. Lesêtre.


TRIBU (hébreu: šébét; Septante: φυλή; Vulgate: tribus), groupe de familles descendant de chacun des douze fils de Jacob. La division en tribus était fréquente parmi les Orientaux et elle existe encore chez les Arabes modernes. Les tribus d’Israël, au nombre de douze, sont énumérées dans la Genèse, xlix: 1. Ruben; 2. Siméon; 3. Lévi; 4. Juda; 5. Zabulon; 6. Issachar; 1. Dan; 8. Gad; 9. Aser; 10. Nephthali; 11. Joseph, dont la descendance se divisa en deux tribus, Éphraïm et Manassé; 12. Benjamin. Voir ces noms. La tribu de Lévi, consacrée au service de Dieu, ne reçut point de territoire spécial après la conquête de la Terre Promise mais seulement des villes pour y habiter, en sorte que la Palestine ne fut partagée qu’en douze portions, quoique la division de la postérité de Joseph en deuxportât le nombre des tribus à treize. De même, lavocation de saint Paul à l’apostolat porta plus tard le nombre des Apôtres à treize. — Les Ismaélites, descendants d’Abraham par Ismaël, comptèrent aussi douze tribus. Gen., xxv, 13-15.— D’après Xénophon, Cyrop., 1, 3, 4, les Perses étaient également partagés en tribus. — La distinction des tribus d’Israël s’est perdue peu à peu depuis la ruine de Jérusalem. Voir J. M. Jost, AllgemeineGeschichte des Isrælitischen Volkes, Berlin, 1832, t. i, p. 407 sq.


TRIBULATION, tout ce qui est de nature à fairesouffrir l’homme dans son corps ou dans son âme.

I. Ses différents noms. — L’hébreu a une trèsgrande variété de termes pour désigner les différents maux dont l’homme peut souffrir: ’êd, απωλεία, perditio, Job, XXI, 30, κακώσις, afflictio, Ps. xviii (xvii), 19, la calamité; —’âvén, ὀδύνη, dolor, Job, xv, 35; ἀνομία, iniquitas, Ps. lv (liv), 4; πόνος, dolor, Ps. XC^lxxxix), 10; κακόν, malum, Prov., xxii, 8; πένθος, Ose., ix, 4; κόπος, iniquitas, Hab., iii, 7, la douleur; —hovâh, ταλαιπωρία, calamitas, Is., xlvii, 11; conturbatio, Ezech., vii, 26, le malheur; — havvâh, ἀνομία, iniquitas, Ps. lvii (lvi), 2, le malheur; — ḥarṣob, Ps. lxxiii, 4, la douleur; — ḥêtʾ, ἀμαρτία, peccatum, Lam., iii, 39, 1a peine du péché; — ḥaattâ’âh, ἀνομία, peccatum, Is., v, 18, la peine du péché; — ḥôlî, ἀῥῤωστία, miseria, Eccle., VI, 2, le grand malheur; — ke’ib, πληγή, τραῦμα, dolor, Job, II, 13; xvi, 7, la douleur; — mak’ôb, κακώσις, afflictio, Exod., iii, 7; μαλακία, dolor, Job, xxxiil, 19; μάστιξ, flagellum, Ps. xxxii (xxxi), 10; πληγή, dolor, Is., lui, 3; Lam., i, 12, la souffrance; — massâh, pœna, Job, ix, 23, l’épreuve; — ma’ăṣêbâh, λυπή, dolor, Is., L, 11, la douleur; môṣaq, στενοχωρία, angustia, Is., VIII, 22, la détresse; — mâṣôq, θλίψις, angustia, Ps. cxix (cxviii), 143; πολιορϰία, angustia, Jer., xix, 9, 1’angoisse; — meṣûqâh, θλίψις, angustia, Job, xv, 24, l’angoisse; — mâṣôr, στενοχωρία, angustia, Deut., xxviii, 53, la détresse; — mêṣar, θλίψις, tribulatio, Ps. cxviii (cxvii), 5; Lam., I, 3, la tribulation; — murdâf, πληγή, persequens, Is., xiv, 6, la persécution; — mârûd, διωγμος, transgrestio, Lam., iii, 19, la souffrance; —’âmâl, κόπος, labor, Ps. xc (lxxxix), 10, la peine; —’âsqâh, ὀδύνη, vis, Is., xxxviii, 14, la violence; —’âôn, πτωχεία, paupertas, Ps. xxxi (xxx), 11, la douleur; — ’ënûṭ, δεήσις, deprecatio, Ps. xxii (xxi), 25, la souffrance; —’ônî, ταπείνωσις, afflictio, Gen., xvi, 11; κακώσις, afflictio, Deut., xvi, 3; ὀδύνη, luctus, Prov., xxxi, 5, la douleur; cf. Gen., xxxv, 18; voir Benoni, t. i, col. 1603; —’iṣṣâbôn, λύπη, ærumna, Gen., iii, 16, la souffrance de l’enfantement; voir Enfantement, t. ii, col. 1792; — ’aṣṣébéṭ, συντρίμμα, contritio, Ps. cxlvii (cxlvi), 3, la blessure; — ’êṣéb, λύπη, dolor, Gen., III, 16, les douleurs de l’enfantement; — pîd, πτώμα, ruina, Job, xxxi, 29; ruina, Prov., xxiv, 22, le malheur; — sôq, angustia, Dan., ix, 25, le malheur; — sôqâh, στενοχωρία, angustia, Is., xxx, 6, l’angoisse; —sar, ἀνάγκη, θλίψις, tribulatio, Ps. lv, 2; xviii (xvii), 7; cvi (cv), 44, la détresse; — sârâh, θλίψις, angustia, tribulatio, Gen., xlii, 21; Ps. cxx (cxix), 1; Is., xxx, 6; ἀπωρία, tribulatio, Is., viii, 22, l’angoisse; — râ’âh, κακόν, malum, Gen., xix, 19; xxvi, 29; xliv, 4; III Reg., ii, 44, le mal qu’on fait à un autre; — šâv’, ὀδύνη, labor, Job, vu, 3; Is., xxx, 28, la souffrance; — šoʿâh, ἀπώλεια, miseria, Is., xlvii, 11; Ps., lxiii(lxii), 10, le malheur;

ṭô’âh, ἀφανῆ, insidiæ, II Esd., iv, 8, le mal fait à une ville. — On rencontre quelquefois plusieurs de ces termes dans le même verset, Prov., i, 27: ’êd, καταστροφή, interitus; sârâh, θλίψις, tribulatio; sôq, πολιορϰία, angustia; Is., xlvii, 11: râ’âh, ἀπώλεια, malum; hovâh, ταλαιπωρία, calamitas; šoʿâh, ἀπώλεια, miseria, etc. Voir Deuil, t. ii, col. 1396; Mal, Maladie, t. iv, col. 600, 611; Plaie, Ruine, Souffrance, Tourment, t. v, col. 450; 1268, 1855, 2294.

II. Ses différentes espèces. — 1° Ses causes. —Les tribulations ont pour cause première Dieu, qui lesenvoie ou qui les permet. Il les envoie pour châtier leshommes en particulier ou les nations, il les permetpour éprouver, améliorer ou convertir les âmes. Il sesert dans ce but du démon, à la malice duquel il fixedes limites, des hommes, qui se font persécuteurs deleurs semblables, ou des forces de la nature, quipeuvent constituer en certaines circonstances desfléaux généraux ou particuliers. L’homme est naturellementsensible à tous ces genres de tribulations. Aprèsle péché, beaucoup de maux ont été déchaînés contrel’homme, Gen., iii, 16-19, qui a grand’peine à se défendrecontre eux, n’y réussit pas toujours et finit parsuccomber à la mort. Les tribulations ont donc descauses variées et elles produisent des effets différents, qui permettent de les classer en plusieurs catégories.2° Les châtiments. — Le mal enfante le malheur. Job, xv, 35. À la suite du péché commis par les premiers parents, la souffrance a été infligée à la femme, surtout quand elle doit enfanter, le travail a été rendupénible pour l’homme et la mort a été introduite dansl’humanité. Gen., iii, 16-19. Le déluge fut un châtiment motivé par la méchanceté des hommes. Gen., vi, 5-7. Sodome et les autres villes furent détruites par une catastrophe soudaine, à cause des crimes qui s’y commettaient. Gen., xix, 4-28. Les plaies d’Égypte furent le châtiment de la persécution exercée par les Égyptiens contre les Hébreux. Exod., vii, 1-xil, 51. À plusieurs reprises, pendant le voyage à travers le désert, les Hébreux eux-mêmes sont châtiés, à cause de leurs murmures et de leurs révoltes. Num., xi, 33;-xiv, 21-35; xvi, 28-35; xxi, 6; xxv, 9. Il leur est annoncé que leurs transgressions attireront sur eux les plus graves châtiments. Deut., xxviii, 15-68. Pendant la période des Juges, l’oppression étrangère, plusieurs fois renouvelée, est la conséquence des infidélités d’Israël. La victoire remportée par les Philistins châtie la faiblesse d’Héli et les prévarications de ses fils. I Reg., ii, 27-36.Sous les rois, les mêmes causes produisent souvent lesmêmes effets. Ainsi en est-il sous Saùl, I Reg., xxxi, 110, sous Roboam, III Reg., xii, 20; xiv, 25, 26; etc.’Ladestruction du royaume d’Israël et la déportation deses habitants est le châtiment de l’idolâtrie des Israélites.IV Reg., xvii, 7-23. La même cause entraîne lemême effet pourle royaume de Juda. II Par., xxxiii, 9, 10; xxxvi, 14-16; Lam., iii, 37-45. L’auteur du second livre des Machabées, vi, 12-16, confesse que les calamités qui ont accablé les Juifs, sous la domination syrienne, ont été une punition, et il ajoute que la rapidité du châtiment est une marque de grande bonté de la part de Dieu. «En effet, le souverain Maître, pour punir les autres nations, attend avec patience qu’elles aient comblé la mesure des iniquités; ce n’est pas ainsi qu’il a jugé à propos d’en agir avec nous, afin de n’avoir pas à exercer sur nous sa vengeance, quand nos péchés auront atteint leur pleine mesure.» Cependant, l’opposition des Juifs à leur Messie devient telle que le Sauveur en vient à leur dire: «Comblez donc la mesure de vos pères!» Matth., xxiii, 32. Ils le font en condamnant et en mettant à mort le Fils de Dieu.La ruine de Jérusalem et de la nationalité juive et lerejet définitif de l’ancienne race élue sont la conséquence de ce dernier forfait. Matth., xxiii, 37-39; xxiv, 5-10; Marc, xiii, 6-13; Luc, xxi, 10-24. De leur côté, les prophètes ont prédit les châtiments qui durent frapper les peuples ennemis et persécuteurs d’Israël, Égyptiens, Assyriens, Babyloniens, Syriens, etc., et leurs prédictions se sont accomplies d’autant plus exactement que, pour les nations qui n’ont qu’une existence temporelle, la justice doit nécessairement s’exercer sur la terre. — Ce qui est vrai des nations l’est également pour chaque homme en particulier. Le péché appelle nécessairement la réparation ou le châtiment, et habituellement «ce qui sert à l’homme pour pécher sert aussi à son châtiment.» Sap., xi, 15. «Le méchant, durant tous ses jours, est rongé par l’angoisse… Au sein de la paix, il voit fondre sur lui la ruine, …la détresse et l’angoisse tombent sur lui.» Job, xv, 20-24. «Qui sème l’injustice, moissonne le malheur.» Prov., xxii, 8. Le châtiment frappe donc les coupables, Caïn, Gen., iv, 11, 12, Cham, Gen., ix, 25, Sichem, Gen., xxxiv, 2-31, Marie, sœur de Moïse, Num., xii, 10, Saiil, I Reg., xiii, 13; xv, 26, David, II Reg., xii, 11; xxiv, 10-14, Salomon, III Reg., xi, 11, Jéroboam, III Reg., xiv, 1012, Jézabel, IHReg., xxi, 23, 24, Joram, IV Reg., IX, 25, Âthalie, IV Reg., xi, 16, Ozias, II Par., xxvi, 19, Aman, Esth., vii, 9, 10, Antiochus Épiphane, II Mach., ix, 529, Judas, Matth, xxvii, 5; Act., i, 18, Ananie et Saphire, Act., v, 5, 10, Hérode Agrippa, Act., xii, 21-23, etc. Le châtiment est infligé au serviteur impitoyable, Matth., xviii, 34, au serviteur brutal et infidèle, Luc, xii, 46, 47, aux vignerons homicides, Luc, xx, 16, etc.

— Bien que la tribulation soit la juste rémunérationdu péché sur la terre, il n’est point rare que le pécheurjouisse de la prospérité ici-bas. Ceux qui vivaient sousle régime de l’Ancien Testament s’en étonnaient etparfois même s’en scandalisaient, parce que les récompenses temporelles avaient été formellement promises, aux justes, et le malheur annoncé aux impies. Lesamis de Job soutiennent contre lui, comme une règlesans exception, que le malheur est le signe et le châtiment de la méchanceté. Asaph s’étonne aussi du bonheur des méchants:

Pour eux, point de douleurs jusqu’à la mort;
Leur corps est plein de vigueur,
Ils n’ont point part au labeur des mortels,
Ils ne sont point frappés comme le reste des hommes.

Ps. lxxiii (lxxii), 4, 5.

L’étonnement cesse quand, au lieu d’attendre letriomphe de la justice dans la vie présente, on observeque ce triomphe n’aura lieu que dans la vie future.Sap., iv, 7-v, 23. Voir Impie, t. iii, col. 846. C’est ce que le Sauveur met en lumière dans sa parabole du mauvais riche et du pauvre Lazare. Luc, xvi, 19-31. Les maux de la vie sont donc souvent des châtiments, mais il s’en faut qu’ils aient toujours ce caractère.

Les persécutions. — Ce sont des tribulations causées à l’homme par ses semblables, et habituellementaux justes par les méchants. Les persécutions ont commencéavec le péché. Abel a été persécuté par Caïn, Gen., IV, 5-8, Jacob par Esaü, Gen., xxvii, 41-45, Joseph par ses frères, Gen., xxxvii, 18-28, et par Putiphar, Gen., xxxix, 7-20, les Hébreux par les Égyptiens, Exod., 1, 8-21, et par les différents peuples du pays de Chanaan et des environs, Jud., iii, 7-xvi, 31, David par Saül, I Reg., xviii, 10-xxvi, 25, Élie par Achab, III Reg., xviii, 3-18, Naboth par Jézabel, III Reg., xxi, 5-16, Zacharie par Joas, II Par., xxiv, 20-22, Jérémie parJoakimetles faux prophètes, Jer., xxxvi-xxxviii, les Juifspar les Samaritains, I Esd., iv, 1-24, et les peuples voisins, II Esd., IV, 7-23, puis par Antiochus Épiphane, I Mach., i, 17-67; II Mach., v, 11-vn, 41; etc. Notre-Seigneur fut en butte aux persécutions d’Hérode, Matth., ii, 718, et ensuite des Juifs, particulièrement des membres du sanhédrin, qui le condamnèrent à mourir. Le même sanhédrin persécuta les Apôtres, Act., iv, 1-12; v, 1742; VI, 9-60, XII, 1-17. Saint Paul, d’abord persécuteur, I Tim., i, 13; I Cor., xv, 9; Gal., i, 13.; Phil., iii, 6, fut à son tour en butte à toutes sortes de persécutionsde la part des Juifs et des Gentils. Act., xiii, 50; xx, 23; Rom., viii, 35; I Cor., iv, 12; xii, 10; II Cor., vii, 5; Gal., v, 11; II Tim., iii, 11; I Thés., iii, 4. Les premiers chrétiens furent persécutés, à peu près partout, à l’instigation des Juifs. Act., IX, 30; xiii, 45-51; xiv, 18; xvii, 5-9; xviii, 12; xxi, 27-36; etc. Saint Paul félicite les chrétiens de Thessalonique d’être restés fidèles au milieu des persécutions et des tribulations. II Thess., I, 4. Par contre, les judaïsants préféraient abandonner la foi plutôt que d’être persécutés pourle Christ. Gal., VI, 12. — La persécution est une sorte de nécessité dans la vie chrétienne. «Ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront,» dit le Sauveur. Joa., xv, 20. «Tous ceux qui veulent vivre avec piété dans le Christ Jésus auront à souffrir persécution,» ajoute saint Paul.

II Tim., iii, 12. Aussi Notre-Seigneur annonce-t-il les persécutions à ses disciples. Matth.. xxiv, 9; Luc, xxi, 12. Il proclame bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, Matth., v, 10-12, et va jusqu’à recommander de prier pour les persécuteurs. Matth., v, 40; Rom., xii, 14. «C’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu.» Act., xiv, 21; Gal., iv, 29. Mais il ne faut pas s’en

émouvoir, I Thés., iii, 3, comme ceux qui se scandalisentde la tribulation, dès qu’elle apparaît, et en prennentprétexte pour abandonner la vie chrétienne.Matth., xiii, 21; Marc, iv, 17. On doit alors se comporteravec patience, Rom., xii, 12, et même avec confiance, car Jésus-Christ a vaincu le monde persécuteur, Joa., xvi, 33, et lui-même est si présent à ses serviteursqu’il tient comme infligées à sa propre personneles persécutions dont ils ont à souffrir. Aussi dit-il àSaul, qui s’imaginait ne poursuivre que des disciples: «Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu?» Act., ix, 4, 5. — La récompense des persécutés est assurée, déjà même en ce monde et surtout en l’autre. Matth., v, 11, 12; Marc., x, 30. Un jour le bonheur et la gloireseront assurés à «ceux qui viennent de la grandetribulation.» Apoc, vii, 14.

4° Les épreuves. — Les persécutions sont souvent desépreuves que Dieu permet pour rendre les justes meilleurset plus méritants. Il y a d’autres épreuves qui résultentsoit des conditions mêmes de la vie hnmaine, soit de l’intervention des esprits mauvais. Satan a étéla cause des épreuves de Job, et sa malice a été excitéepar la droiture et la piété du saint homme. Job, 1, 8.Il a voulu traiter de même les Apôtres. Luc., xxil, 31.Voir Satan, col. 1496. Mais la plupart des maux viennentà l’homme de l’infirmité de sa nature. «L’hommené de la femme vit peu de jours et il est rassasié demisères.» Job, xiv, 1. Il éprouve ici-bas «bien desdétresses, bien des souffrances, d Ps. lxxi(lxx), 20. Lesannées de Phomme s’élèvent à soixante-dix ans etpour les plus forts à quatre-vingts, «et leur splendeurn’est que peine et misère.» Ps. xc (lxxxix), 10. «Tousses jours ne sont que douleur, ses occupations quechagrins; la nuit même, son cœur ne repose pas.» Eccle., Il, 23. Son bonheur n’est jamais complet: «même dans le rire, le cœur trouve la douleur, et lajoie se termine par le deuil.» Prov., xiv, 13. AussiJacob disait-il au pharaon d’Egypte: «Les années demon pèlerinage sont de cent trente ans: court et mauvaisa été le temps des années de ma vie.» Gen., xlvii, 9. Saint Paul a laissé la longue énumération de toutesles tribulations par lesquelles passait un prédicateur del’Évangile. II Cor., xi, 23-28. Les peines moraless’ajoutent d’ailleurs à toutes les autres. Même quand ilveut le bien, l’homme se sent incapable de l’atteindre: «Je ne fais pas ce que je veux et je fais ce que je hais…Je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal queje ne veux pas.» Rom., vii, 15, 19. Il désire êtredélivré de ce corps de mort, Rom., vii, 24, et dit avecJob, vii, 2-3:

Comme l’esclave soupire après l’ombre, Comme l’ouvrier attend son salaire.Ainsi j’ai eu en partage des mois de douleur, Pour mon lot, des nuits de souffrances.

Notre-Seigneur a voulu partager la condition del’homme et connaître par expérience la pauvreté, lafaim, la soif, la fatigue, la souffrance et la mort, toutesnos infirmités, pour nous ressembler, hormis le péché.Hebr., iv, 15. Il a déclaré bienheureux ceux qui sontpauvres en esprit, ceux qui pleurent ou qui souffrentpersécution. Matth., v, 3-10. Les tribulations de la terrene sont donc que des maux relatifs dont il est possible detirer un plus grand bien. — Tout d’abord, elles serventd’aiertissem*nt à l’homme, pour le détourner du mal «et le retirer de l’orgueil, afin de sauver son âme dela mort.» Job, xxxiii, 17, 18. Ensuite, elles contribuentà l’expiation de ses péchés. Voir Pénitence, col. 39-40; Satisfaction, col. 1496. Enfin, acceptées avec soumissionet courage, elles méritent la récompense éternelle.Matth., v, 12; Luc, vi, 23. «Notre légère afflictiondu momentprésent produit pour nous, au delà de toutemesure, un poids éternel de gloire.» II Cor., iv, 17.

Voir Tentation, col. 2283. — Dieu d’ailleurs n’abandonnepas ses serviteurs en hutte à la tribulation, Ilvient en aide aux justes dans la détresse, Ps.xci(xc), 15; II Cor., i, 4, et il les en tire au moment opportun, Gen., xxv, 3; I Reg., x, 19; Tob., iii, 21; Ps. ix, 10; xxxii (xxxi), 7; xxxiv (xxxm), 5; cxxxviii (cxxxvil), 7; Eccli., iii, 17; 1s., xxxii, 2; Jer., xiv, 8, etc.

H. Lesêtre.

TRIBULE. Plusieurs exégètes identifient le tribulusde la Vulgate avec une espèce de zygophillée, soit leTribulus terrestris, soit le fa*gonia arabica. Peut-êtrefaut-il y voir plutôt un nom générique de plante épineuse.De fait, il répond à plusieurs mots hébreux: dans Gen., iii, 18; Ose., x, 8, il traduit le mot dardar, «centaurée» (t. ii, col. 426). L’expression, Hebr., vi, 8, proferens spinas ac tribulos, est un souvenir de Genèse, m, 18, et doit avoir le même sens. Dans Job, xxxi, 40, tribulus est pris pour hoah, «chardon». Dans Jud., viii, 7, 16, il traduit barqanim, «ronces». C’est probablementdans ce dernier sens qu’il faut entendre le proverbe:

Cueille-t-on des raisins sur des épines

Ou des figues sur des ronces (de tribulis flous) 1!

Matth., vil, 16.

car à la place de àxavBwv et TpîëoXwv, saint Luc donneàxavSûv et (Jâxou (la ronce).

Quant à Eccli., xlhi, 21, o-xoXôtiov axpa, cacuminatribulï, ï n’y a rien de semblable dans le texte hébreuretrouvé. Au lieu des extrémités d’épines que forme legivre en se congelant, l’hébreu porte qu’il produit desfleurs pareilles au saphir. F. Vigouroux, La sainte Biblepolyglotte, t. v, p. 949. E. Levesque.

    1. TRIBUN##

TRIBUN (Septante: yù.ià.^yjn; Vulgate: tribunus), officier supérieur exerçant un commandement dans lalégion romaine. Voir Armées, t. i, col. 994. — Comme, à l’époque évangélique, la légion se composait de6000 hommes et qu’au-dessous du commandant en chef, consul, préteur, légat, etc., elle comptait six tribunsmilitaires, on pouvait penser que chacun de ces derniersavait mille hommes directement sous ses ordres, d’où le nom grec de ^iXtdcpxo?, «chef de mille». Maisil n’en était pas ainsi et les tribuns exerçaient à tourde rôle le commandement sur toute la légion. — Untribun commandait à Jérusalem la cohorte de l’Antonia.Joa., XVIII, 2. Au temps de saint Paul, le tribun Lysiasprotégea l’Apôtre contre les Juifs ameutés. Act., xxi, 31-xxin, 30. Voir Lysias, t. iv, col. 458. — Par analogie, la Vulgate donne le nom de «tribuns» aux èdrê’alafîm, «chefs de mille», établis par Moïse, Exod., xviii, 21; Num., xxxi, 14, 48, 52; Deut., i, 15, à des officiersroyaux, I Reg., viii, 12; xvii, 18; xviii, 13; xxii, 7; II Reg., (xviii, 1, à des chefs militaires, I Mach., iii, 55; Apoc, vi, 15; xix, 19, et aux officiers d’Hérode

Antipas. Marc, vi, 21.

H. Lesêtre.

    1. TRIBUNAL##

TRIBUNAL (hébreu: kissê’; Septante: (Sïma), lieuoù siège celui qui rend la justice. — Salomon s’était bâtiun portique du trône, où il rendait la justice, et un portiquedu jugement. III Reg., vii, 7. À Jérusalem se trouvaientles tribunaux où l’on rendait les jugements danslesaffaires plus importantes. Ps. cxxii (cxxi), 5. Voir Jugement, t. iii, col. 1843. — Il est parlé des tribunaux dugouverneur perse, à Jérusalem, II Esd., iii, 7, de Lysias, ministre syrien, à Ptolémaîde, II Mach., xiii, 26, de Pilate, à Jérusalem, Matth., xxvii, 19; Joa., xix, 13, de Gailion, à Corinthe, Act., xviii, 12-17, et de Festusà Césarée, Act., xxv, 6-17. Le tribunal romain se composait ordinairementd’une estrade sur laquelle on plaçait le siègedu juge (fig. 522). Cette estrade occupait le fond de labasilique, où l’on se réunissait pour les jugements, ouse dressait en vue de la foule, quand la sentence devait

être rendue dehors, comme pour Notre-Seigneur. —Tous les hommes auront à comparaître devant le tri522. — Tribunal.

D’après Rich, Dictionnaire des antiquités, p. 613.

bunal du Christ, constitué juge des vivants et des morts.

Rom., xiv, 10; II Cor., v, 10.

H. Lesêtre.

    1. TRIBUT##

TRIBUT (hébreu: mas, maèèd’, minhàh, ferûmâh; chaldéen: belô, midddh; Septante: <pôpoç,-zéXoq, Stopov; Vulgate: tributum, vectigal, munus), redevance payéeà un souverain étranger. Suivant la coutume orientale, cette redevance prend assez souvent le nom de «présent», minhâh, (erûmdh, Scépov, munus, comme sielle était purement volontaire.

1° Sous Josué et les Juges. — Il avait été prescrit desoumettre au tribut les villes qui se rendraient auxIsraélites, ûeut., XX, 10. Les Chananéens furent assujettisau tribut par les hommes de Manassé, Jos., xvii, 13, par ceux de Zabulon, Jud., i, 30, 33, 35, et engénéral par les Israélites, qui aimèrent mieux les rançonnerque les chasser. Jud., i, 28. Au tribut s’ajoutaitou se substituait parfois la corvée. Jos., xvi, 10. VoirCorvée, t. ii, col. 1031. — Il fut prédit à Issachar, trop ami du repos, qu’il serait soumis au tribut. Gen., xliv, 15. En effet, la main indolente est destinée àdevenir tributaire. Prov., xii, 24.

2° Sous les rois. — Après avoir vaincu les Moabites, David leur imposa un tribut; il en fit autant pour lesSyriens. II Reg., viii, 2, 6. Salomon fit payer le tributà tous les peuples compris dans les limites de sonroyaume. III Reg., iv, 21.. Les Philistins et les Arabesétaient tributaires de Josaphat. II Par., xvii, 11. Le roid’Israël, Manahem, paya un tribut de 1 000 talents d’argent(8500000 fr.) à PhuJ, roi d’Assyrie. IV Reg., xv, 19-20. Les rois assyriens ne manquaient pas d’assujettirau tribut les peuples qu’ils plaçaient sous leurdépendance. Osée, roi d’Israël, payait tribut à Salmanasar.Quand il cessa de le payer pour se rapprocherde l’Egypte, le roi d’Assyrie en profita pour détruire leroyaume d’Israël. IV Reg., xvii, 3-6. Jérusalem, elleaussi, fut prise et rendue tributaire, Lam., i, 1. LesAssyriens devaient payer tribut à leur tour. Is. xxxi, 8. — Au Messie, les rois de Tharsis et des îles, de Sabaet de Méroé, apporteront leurs tributs et leurs présents.Ps. lxxii (lxxi), 10.

3° Sous les Perses. — Assuérus établit un tribut surtous les peuples qui dépendaient de sa domination.Esth., x, 1. Quand les Juifs commencèrent à rebâtirJérusalem, leurs ennemis écrivirent à Artaxerxès I er quecette ville, une fois relevée, ne voudrait plus payer niimpôt ni tribut. I Esd., iv, 13. Le prince, constatantqu’autrefois on payait tribut aux rois de Jérusalem, fit

surseoir aux travaux de reconstruction. I Esd., IV, 20.Un nouveau décret d’Artaxerxès exempta des impôtset des tributs les prêtres et les serviteurs du Temple.I Esd., vii, 24. Plus tard, Darius ordonna qu’on prîtsur le produit des tributs pour l’achèvement du Temple.I Esd., VI, 8.

4° Sous les Ptolémées et les Séleucides. — Alexandreavait soumis au tribut un bon nombre de pays, denations et de souverains. I Mach., i, 5. Ses successeursprocédèrent de même. Sous Ptolémée Evergète, legrand-prêtre Oniàs II, qui était avare, négligea lepaiement d’un tribut de 20 talents (170000 fr.) par an.Son neveu, Joseph, s’interposa pour le disculper.Comme des spéculateurs syriens et phéniciens offraient8000 talents (68000000 fr.) du fermage des impôts dela Phénicie, de la Célésyrie, de la Samarie et de laJudée, Joseph offrit le double, obtint 2000 soldats pourse faire appuyer et exerça pendant vingt-deux ans avecfermeté le poste de receveur des impôts. Cf. Josèphe, Ant. jud., XII, iv, 1-6. — Les Romains, qui avaientrendu tributaires l’Espagne et beaucoup de rois, I Mach., viii, 2, 4, imposèrent un lourd tribut à AntiochusIII le Grand. I Mach., viii, 7. Voir AntiochusIII, t. i, col. 691. Antiochus IV Épiphane, qui avait unfort tribut à payer aux Romains, envoya à Jérusalem etdans les villes de Judée un collecteur d’impôts quiexerça toutes sortes de déprédations et de violences.I Mach., i, 30-34. Comme ensuite les troubles suscitésdans le pays faisaient baisser considérablement leproduit des tributs, le roi résolut de se rendre en Perse, afin d’y recueillir des ressources plus abondantes.I Mach., iii, 29-31. Pendant ce temps, un de ses généraux, Nicanor, se flattait d’amasser le montant du tributde 2000 talents (17 000000 fr.) dû aux Romains, enfaisant campagne contre les Juifs et en vendant lesnombreux captifs qu’il ferait, à raison de 90 pour untalent(8500 fr.). Mais il fut honteusem*nt défait etles mille marchands qu’il avait convoqués pour leurvendre des Juifs durent s’en retourner comme ilsétaient venus. II Mach., viii, 10, 11, 34-36. Démétrius I «%afin de s’attacher les Juifs, les déchargea des tributset de diverses autres redevances. I Mach., x, 29, 31, 33; xi, 35; xui, 39. On sait parvristote, Œconom., ii, 1, i rédit. Didot, t. i, p. 639, que les Séleucides exigeaient, dans les pays de leur dépendance, des redevances «dela terre, des produits du sol, du commerce, des douanes, des troupeaux et d’autres choses.» Parmi ces autreschoses est mentionnée une capitation, ÈTtixqjiî.aiov, .à laquelle Josèphe, Ant. jud., XIII, ii, 3, fait allusion, iiiïp xeçaXïiç êxâ<7T7)ç, et qui fut comprise dans ladécharge que Démétrius accorda aux Juifs. I Mach., x, 29. Antiochus VII Sidètes réclama plus tard à Simonles tributs arriérés. Une victoire, remportée par lesfils de Simon sur le général syrien Cendébée, régla 1° question. I Mach., XV, 30, 31; xvi, 8.

5° Sous Rérode. — Rien qu’Hérode le Grand fûtsous la dépendance assez étroite de Rome, il ne paraîtpas qu’il ait été tributaire régulier des Romains. Sansdoute, Pompée avait levé un tribut sur la Judée, .Josèphe, Ant. jud., XIV, iv, 4; Bell, jud., i, vil, 6; César avait réglementé le tribut juif par une sériad’édits, Ant. jud., XIV, x, 5, et Antoine avait exigé untribut d’Hérode lui-même, au moment de sa promotionà la dignité royale. Cf. Appien, Bell, av., v, 75.Mais, à l’époque d’Auguste, il n’est plus question d’auc*ntribut. On l’infère de ce fait que Josèphe, si bieninformé de l’histoire d’Hérode, ne fait allusion à aucunpaiement de tribut. Tout au contraire, il présente celuiqui fut établi en l’an 7 après J.-C. comme une innovationet une charge inouïe pour les Juifs. Cf. Josèphe, Bell, jud., II, viii, 1; xvii, 8; Schûrer, Geschichte desjûd. Volkes, t. i, p. 530-533. À la mort d’Hérode, lesJuifs réclamèrent vivement une diminution des impôts

levés par ce prince, mais ils ne firent aucune mentiond’un tribut romain. Cf. Josèphe, Ant. jud., XVII, xi, 2.6° Sous les procurateurs. — Le recensem*nt deCyrinus eut pour but de préparer l’administrationdirecte de la Judée par les Romains. Il fallait, entreautres mesures, déterminer le chiffre des impôts etdes tributs. Voir Cyrinus, t. ii, col. 1189. Le censromain, imposé aux provinces, comprenait deux impôtsdirects: le tributum soli ou agri, qui se payait soiten nature, soit en argent, et le tributum capitis outribut par tête. Cf. Digest., L, 15, 8, 7; Appien, Libyca, 135; Dion Cassius, lxii, 3; Tertullien, Apologet., 13, t; i, col. 346. En Syrie, ce dernier tribut pesait égalementsur les femmes et sur les esclaves. Les hommesy étaient obligés à partir de 14- ans, les femmes àpartir de 12, et tous jusqu’à l’âge de 65 ans. Cf. Digest., L, xv, 3. La perception de ces tributs se faisait par lespublicains. Voir Publicains, t, v, col. 858. Le montants’en ajoutait aux autres redevances auxquelles les Juifsétaient assujettis. Voir Capitation, t. ii, col. 213; Cens, col.422; Dîme, col. 1431; Impôts, t. iii, col. 851. -Dansle Nouveau Testament, il. est fait quelques allusionsaux tributs. Ils sont payés aux rois, non par leursfils, mais par des étrangers. Matth., xvii, 24, 25. LeSauveur, interrogé par des pharisiens et des hérodiens, leur déclara que le tribut devait être payé à César, dont la monnaie circulait parmi eux. Marc, xii, 14; Luc, xx, 22. Cette déclaration formelle n’empêcha pasles membres du sanhédrin de l’accuser devant Pilatede défendre le paiement des tributs à César. Le procurateurne tint aucun compte de cette accusation.Luc, xxiir, 2. — Saint Paul, recommandant la soumissionaux puissances établies, veut qu’on s’acquitteenvers elles de ce qui leur est dû, <p<5poç. tributum, ettéXoc, vectigal. Rom., xiii, 1-7. Le premier termedésigne les tributs. Le mot T éXo; s’applique aux droitsde douane et aux autres droits analogues, et le motvectigal à la fois aux tributs et aux impôts en général.

H. Lesêtre.

    1. TRICLINIUM##

TRICLINIUM, mot qui désigne littéralement unetable où, pour manger, les convives s’asseyaient surtrois lits. Voir Architriclinus, t. i, fig. 248, col. 935.LaVulgate emploie trois fois le mot triclinium, I Reg.(Sam.), ix, 22, pour rendre liëkdfâh, in conclave, oùSamuel donne un repas au jeune Saùl; IV Reg., xi, 2, pour traduire frâdar ham-mittôt, «chambre deslits, gynécée», etEsther, ii, 13, pour désigner le palaisoù vivaient les jeunes filles qui, comme Esther, avaientété choisies pour devenir les femmes du roi de Perse.Le mot triclinium n’est doncjamais employé dans sonsens propre dans notre version latine.

    1. TRIPOLI##

TRIPOLI (grec: TptitoXi; )> ville de Phénicie, aujourd’huiTaraboulous. Elle est située sur la côte deSyrie, au nord de Sidon, entre Byblos et Aradus, aupied de la partie la plus haute de la chaîne du Liban, dans un pays très fertile, qui ressemble à un jardinfruitier (fig. 523). Elle avait reçu le nom de Tripoliou «les trois villes», parce qu’elle était composée detrois colonies distinctes, des villes de Sidon, de Tyr etd’Aradus. L’Ecriture la mentionne une fois, à l’époquedes Machabées. C’est au port de Tripoli que le roi deSyrie. Démétrius I er, fils de Séleucus IV, s’embarqua, II Mach., xiv, 1, probablement pour aller débarquerà Séleucie, à l’embouchure de l’Oronte, et atteindre parlà Antioche, lorsqu’il s’échappa de Rome, où il étaitotage, afin de s’efforcer de recouvrer le trône de sespères. Voir Démétrius I", t. ii, col. 1358. Cf. Le Camus, Notre voyage aux pays bibliques, 1890, t. iii, p. 1-8.

    1. TRIREME##

TRIREME (grec: tp^pin; ), navire à trois rangs derames. II Mach., iv, 20. Voir Navire, I, 6°, t. iv, col. 1504.

    1. TRISTESSE##

TRISTESSE (hébreu: mar’, roa’; Septante: liiii), mxpc’a, xovYipi’a; Vulgate: tristitia, amaritudo), sentimentpénible que le malheur fait naître dans l’âme. —La Sainte Écriture signale la tristesse des officiers dupharaon dans leur prison, Gen., XL, 6, de Job accablépar les épreuves, Job, vii, 11; x, 1, des parents deTobie encore sans descendance, Tob., vi, 5, d’Esdras etde Néhemie, à la pensée des prévarications et desmaux du peuple, I Esd., ix, 4; II Esd., ii, 2, du Psalmistemalheureux, Ps. xlii (xli), 6, 12; Ps. xlih (xlii), 2, 5, des Juifs persécutés, Esth., îx, 22, d’AntiochusÉpiphane contrarié dans ses projets, I Mach., vi, 4-13, du riche auquel le Sauveur parle de renoncer à sesbiens, Matth., xix, 22; Marc, xiv, 34, des apôtres etdes disciples à cause des événements qui terminent lavie de leur Maître, Luc, xxii, 45; xxiv, 17; Joa., xvi, 6, 20-22, de Notre-Segineur lui-même dontl’àme devient

Echelle

523. — Tripoli de Phénicie et ses environs. «triste jusqu’à la mort», Matth., xxvi, 38; Marc, xiv, 34, de saint Paul à la pensée de ses compatriotes, Rom., ix, 2, et à la suite de diverses épreuves, II Cor., n, 1-3; Phil., ii, 27, 28; etc. — La tristesse est causéepar des propos suspects, Prov., xxv, 23, par une méchantefemme, Eccli., xxv, 31, par le cœur pervers, Eccli., xxxvi, 22, par l’abandon d’un ami, Eccli., xxxvii, 2; etc. Les Juifs infidèles trouvaient triste le servicede Jéhovah. Mal., iii, 14. Les pharisiens se composaientun visage triste quand ils jeûnaient. Matth., vi, 16.L’Ecclésiasté, vii, 3, dit que «mieux vaut la tristesseque le rire, parce que le cœur peut être content malgréun visage triste.» D’après les versions, «mieux vautla colère que le rire, car la tristesse du visage peutaméliorer le cœur,» à quoi la Vulgate ajoute «dudélinquant». Il est recommandé de ne pas trop selaisser aller à la tristesse, Eccli., xxx, 22, 24, mêmeaprès un deuil. Eccli., xxxviii, 17-20. Il faut donnersans causer de tristesseà celui qui reçoit, Eccli., xviii, 15, mais avec joie. II Cor., ix, 7. Il y a une tristesseselon Dieu et une tristesse selon le monde. II Cor., vil, 10. Le chrétien doit vivre comme triste, mais toujoursjoyeux, c’est-à-dire avec la joie qui vient de Dieu et enrenonçant à celle qui vient du monde. II Cor., vi, 10.Saint Jacques, v, 13, assigne, comme remède à la tristesse, la prière.

H. Lesêtre.

    1. TROADE##

TROADE (Nouveau Testament: Tpwâç), ville d’Asielineure (fig. 524), port de mer sur la côte nord-ouest

524. — Monnaie de Troade.

Troade tonrelée. COL.AV.TROA. — ïj. COL A.VG TRO.

Cheval broutant.

de la Mysie, vis-à-vis de la petite lie de Ténédos, nonloin des lieux où s’éleva l’ancienne Troie ou Ilion.Voir Mvsæ, carte, t. iv, fig. 388, col. 4368.

beaucoup de bienveillance, en la considérant commel’héritière de Troie, d’où, selon la légende célébrée parVirgile, elle tirait elle-même son origine. D’aprèsSuétone, Cses., 79, Jules César aurait imaginé d’enfaire le siège de l’-empire et Auguste caressa peut-êtrequelque idée semblable. Cf. Horace, Carm., iii, 3, 57.Quoi qu’il en soit, Auguste en fit une colonie romaine, sous le nom de Colonia Augusta Alexandria Troas; elle jouit du jus italicum avec les privilèges qui yétaient attachés, imniunitas et libertas, affranchissem*ntde divers impôts et indépendance du gouverneurde la province, de sorte qu’elle fut gouvernée parses propres magistrats, deux duoviri et un sénat dedecuriones. Elle était divisée en dix vici et ses citoyensfaisaient partie de la tribu Aniensis. Rubitschek, lmp.rom. tribut, descript., p. 247. Grâce à ses faveurs et àsa situation, elle devint une des villes les plus florissantesde la province d’Asie. Son port fut le centre des

525. — Ruines de Troade. D’après Choiseul-Gouffler, Voyage pittoresque dans l’empire ottoman, Atlas, in-ꝟ. 1842, pi. 39.

I. Elle fut bâtie après la mort d’Alexandre le Grand, par un de ses généraux qui était devenu maître dupays, Antigone. Il lui donna le nom d’Antigonia Troaset la peupla au moyen des populations voisines.Quelques années après, en 300 avant J.-C, Lysimaqueembellit la ville et l’appela’AXsÇivêpeia i Tpoiâr, Strabon, XIII, i, 26; Pline H. N., v, 33. Le NouveauTestament la désigne toujours sous le nom de Troastout court. Elle passa sous la domination des roisséleucides de Syrie; quelques-unes des monnaiesd’Antiochus II Théos (261-246 avant J.-C.) furent frappéesà Troade. Elle fut indépendante pendant un certaintemps ou jouit au moins d’une certaine liberté, puisqu’elle battit monnaie de 164 à 65 environ avantJ.-C. Plusieurs tétradrachmes de cette époque portentle nom AAEEANAPEQN avec la tête et le nomd’Apollon Sminthéen. Elle passa, en 133 avant notreère, sous la domination de Rome, qui la traita avec

communications entre l’Asie et la Macédoine. Act., xvi, 8; xx, 5; II Cor., ii, 12. Elle continua à hanter l’imaginationromaine pendant les premiers siècles de notreère. Quand Constantin voulut transférer en Orient lacapitale de l’Empire, il pensa à l’établira Troade, avantde choisir Byzance-Constantinople. Zoiime, Hist., ii, 30, édit. de Bonn, 1837, p. 95; Zonaras, Annal., XIII, 3, t. cxxxiv, col. 1105. Encore aujourd’hui, les ruines deTroade portent le nom de Eski-Stambûl ou Vieille-Constantinople.Ses restes sont considérables (fig. 525).II. Troade était dans tout son éclat quand saint Paul yarriva pour la première fois, pendant son second voyagede missions. — 1° C’est là qu’il eut la vision qui le déterminaà aller prêcher en Macédoine et à commencerainsi l’évangélisation de l’Europe, Act., xvi, 8-10, quidevait être si féconde. Il s’embarqua donc pour laMacédoine et prêcha bientôt après à Philippes et àThessalonique. — 2° L’Apôtre passa de nouveau à

Troade en se rendant d’Éphèse en Macédoine. II Cor., n, 12-13. Il voulait évangéliser les habitants de la ville ety retrouver Tite, mais son disciple n’étant pas venu, ilpartit pour la Macédoine. — 3° Après avoir visité laGrèce, il revint en Macédoine et se dirigea de là versTroade. Quelques-uns de ses compagnons l’y précédèrent.Act., xx, 1-5. Il y avait déjà une chrétientédans cette ville. L’Apôtre y passa une semaine. Il devaiten repartir le lundi. Le dimanche soir, pendant qu’onétait réuni pour la célébration des saints mystères, iladressa la parole aux fidèles et continua son discoursjusqu’au milieu de la nuit. Un jeune homme nomméEutyque s’endormit sur une fenêtre, tomba du troisièmeétage et se tua. Paul le ressuscita, continua sondiscours jusqu’à l’aube et se mit alors en route pourAssos. Act., xx, 6-13. Voir Eutyque, t. ii, col. 2057. —4° Dans un de ses passages à Troade, saint Paul y avaitlaissé, chez Carpus, voir t. ii, col. 311, un manteau àcapuchon, pœnula, voir Manteau, t. iv, col. 665, 9°, des livres et des parchemins. Voir Parchemin, t. iv, col. 2161. Pendant sa captivité à Rome, l’Apôtre écrività Timothéede lui rapporter ces objets de Troade, en venantle visiter. II Tim., iv, 13.

    1. TROGLODYTES##

TROGLODYTES (hébreu: Sukkiyîm; Septante: TpcoYo81JTai; Alexandrinus: TpwyXoSO-ai), peupladeou tribu qui faisait partie, avec les Libyens et lesÉthiopiens, de l’armée de Sésac, quand ce pharaonenvahit la Palestine. II Par., xii, 3. Voir Sésac, col. 1679. Les Sukkiyîm, d’après la signification deleur nom, n’étaient pas des Troglodytes, c’est-à-dire deshabitants de cavernes, comme l’ont traduit les Septanteet la Vulgate, mais probablement des Scénites ounomades habitant sous la tente, comme leur noml’indique. Les anciennes versions en ont fait desTroglodytes, peut-être parce que Pline, H.N., VI, xxxiv, 4, mentionne une ville (oppidum) appelée Suche parmiles possessions troglodytes. Cf. to Soû^ou t’8p-jp.a, Strabon, XVI, iv, 8. Gesenius, Thésaurus, p. 153, croit queSukkiyîm est un mot hébreu qu’on ne peut expliquerque par in tentoriis viventes. Parmi les modernes, Kautzsch, daris Riehm, Handwôrterbuch des bibl.Alterthums, t. ii, 1884, p. 1577, ainsi que Dillmann, dans Schenkel, Bibel-Lexicon, t. i, 1869, p. 288, sontportés à l’identifier avec Suakin, sur la mer Rouge, et en font une peuplade éthiopienne, ibid., t. v, p. 429. Cf. Calwer Bibellexicon, 1885, p. 911. Le Bibelwôrterbuch de H. Guthe, 1893, p. 645, prétend que lesSukkiyîm sont les habitants de Succoth (Téku), prèsde Phithom. L’identification des Sukkiyîm est doncobscure et incertaine. — Quoi qu’il en soit de ces auxiliairesde Sésac, l’Écriture parle ailleurs de véritablesTroglodytes qu’elle appelle Horî, Gen., xiv, 6; xxxvl, 20-30; Deut., ii, 12, 22. Cf. I Par., i, 38-42. Cf. aussiJob, xxx, 6. Voir Horréen, t. iii, col. 757. Cf. F. Vigouroux, La sainte Bible polyglotte, t. iii, 1902, p. 833.

    1. TROGYLE##

TROGYLE (TpwyjXXtov ou TpojfjXiov, Trogilium), promontoire rocheux situé à l’extrémité occidentale dumont Mycale, sur la côte ionienne de l’Asie’Mineure, entre Éphèse au nord et Milet au sud, en face de l’Ilede Samos, dont il n’est séparé que par un canal longet étroit. Voir Ptolémée, V, II, 6; Strabon, XIV, 1, 13; Pline, H. N., v, 31. Il est mentionné Act., xx, 15, dansun certain nombre de manuscrits grecs D, H, L, M, etc.), où, après les mots Etç 21p.ov, on lit: xat y.zivzvTE?îv TpMyuXiu °u TpwyuXXîw, «étant demeurés(c’est-à-dire nous étant arrêtés) à Trogyle». Le Textusreceptus a adopté cette leçon, qu’on trouve aussi dansles deux versions syriaques, le sahidique, l’arabe, le slave, dans saint Chrysostome, In Act., hom. xliii, 1, t. lx, col. 304, dans Œcumenius, In Act., xx, 15, t. cxxviii, col. 256, etc. Mais elle est omise par les manuscrits les

plus importants, entre autres par x, A, B, C, E 2, et égalementpar la Vulgate, l’éthiopien, l’araméen, le copte, saint Jérôme, etc. Il est probable, comme le dit Tischendorf, Novum Testant.’grsece, 8e édit., Leipzig, t. ii, 1872, p. 179, que c’est là une interpolation, mais trèsancienne, basée sans doute sur une tradition historiquecertaine. Divers exégètes, notamment Felten, DieApostelgeschichte ûbersetzt und erklàrt, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1892, p. 376, et Belser, Beitrâge zurErklârung der Apostelgeschichte, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1897, p. 115, l’adoptent comme authentique.Ce trait n’a rien que de très vraisemblable en lui-même.Saint Paul se rendait alors par mer à Jérusalem, peude temps avant son arrestation dans cette ville. Le bateausur lequel il s’était embarqué, et qui naviguaitentre la rive asiatique et les îles voisines, put fort bienêtre obligé de faire escale à Trogyle, soit que la nuit l’yait surpris, soit que le vent ait cessé tout à coup.Cf. Ramsay, St. Paul the Traveller, in-8°, 5e édit., Londres, 1900, p. 292, 294. La navigation est trèscompliquée dans ces parages. Non loin de la pointeextrême du promontoire, existe un ancrage appeléaujourd’hui «Port de saint Paul». Voir Samos, col. 1432; Milet, carte, n. 284, t. iv, col. 1086.

L. Fillion.

TROIS. Voir Nombre, vii, 30, t. iv, col. 1688.

    1. TROIS TAVERNES##

TROIS TAVERNES, Act., xxviii, 15. Voir Tavernes(Trois), col. 2016.

    1. TROMM##

TROMM (TROMMIUS) Abraham, savant hollandais, né le 23 août 1633, mort le 29 mai 1719. Il futpasteur à Harlem et à Groningue. On a de lui Concordantisegrsecx versionis vulgo dictée LXX interpretum, 2 in-f», Ulrecht, 1718. Voir Concordances dela Bible, t. ii, col. 901-902. Il avait publié auparavantune concordance pour la traduction flamande de l’Ancienet du Nouveau Testament, Amsterdam, 1685-1692.

    1. TROMPETTE##

TROMPETTE (hébreu: Sôfâr, hâsôsërdh; Septante: xepait’vTi, crâXiciy?; Vulgate: buccina, tuba), instrument à vent, formé d’un tube auquel on faitproduire des sons au moyen de l’air insufflé.

I. Description de la trompette. — La trompette laplus primitive, faite d’une corne d’animal, est désignéedans la Bible par les noms de qérén, «corne», voirCorne, 2, t. ii, col. 1010; et de Sôfâr, son synonyme, avec lequel il s’échange souvent. Jos., vi, 5, 8. LesSeptante traduisent Sôfâr et qérén par xepari’y/) etoiimyZ, sans distinction. Josèphe emploie xépocç.Ant. jud., vi, 5. Cette trompette de corne est antérieureà la trompette de métal, que l’Écriture mentionne àpartir de l’Exode, sons le nom de hâsôsërdh, aakm-f! ; , tuba. L’étymologie du terme hébreu est incertaine: "lîin, «résonner»; ou bien «étroit»; yn, «diviser» (lessons). Voir Musique, t. iv, col. 1348. Cf.^ôï-, «tailler, diviser»; y^a^*., «rassembler». Cette trompette est leseul instrument musical dont s’occupe Moïse. Lesautres instruments furent introduits par David dans leservice divin; mais la trompette resta le seul instrumentsacré proprement dit, et, conformément à soninstitution, l’usage en fut exclusivement réservé auxprêtres. Nam., x, 2-9. Jouer de la trompette se disaittdqa’êôfdr, Jer., vi, l, et tâqa’besôfâr, I Sam., xiii, 3; Is., xxvii, 10. MâSaq qérén, «tirer, prolonger le son dela corne», Jos., VI, 5; Ose., v, 8. Tèqa’est le «son» de la trompette, Ps. cl, 3; et taqô’a, la «trompette» elle-même. Ezech., vii, 14. Par opposition, les sonsdiscontinus sont appelés (ërû’dh, «bruit, cri»; spécialementles sons bruyants de la trompette, répétés commedes cris. Num., xxix, 1; II Sam., VI, 15; Nam., x, 9.On dit qôl sôfâr, le son, la «voix» de la trompette,

Exod., xix, 16; Ps. lxxxviii (lxxxvii), 6; II Sam., vi, 16. Les joueurs de trompettes sont les mahseserim[mafrsôsërtm). I Par., xv, 24; II Par., v, 13.

Le texte cité des Nombres suppose un instrumentconnu, sinon le législateur en décrirait la forme, lesdimensions, la matière, comme il le fait pour les autresobjets du mobilier sacré; la trompette du tabernacledoit être l’instrument qui figure sur les monumentségyptiens. D’ailleurs, les Hébreux emportaient d’Egyptedes vases et objets de métal précieux. Exod., xii, 35.De plus, il est vraisemblable que. l’Assyrie fut aussitributaire de l’Egypte pour la trompette, alors que lesGrecs, puis les Romains, la reçurentdes Pélasges Tyrrhéniens, qui la tenaient des mêmes Égyptiens.

Au surplus, la description que donne Josèphe de latrompette du Temple est pleinement confirmée par lesreprésentations monumentales. «La trompette, appeléeàffiicrpa, est une trompette droite de forme cylindrique, en métal, longue de moins d’une coudée (la coudéecommune en Asie Mineure était de m 49; la coudéeégyptienne avait m 52 et la coudée grecque, m 44. VoirCoudée, t. ii, col. 1062). Son diamètre était à peu prèscelui d’une grosse flûte syringe. Elle était munie d’uneembouchure et terminée par un pavillon, zwSmva, plus «K-Sr’WtWP’i’ssia 1

526. — Trompette égyptienne. Musée du Louvre.

ou moins évasé.» Ant. jud., III, xi, 6. Les trompetteségyptiennes sont généralement courtes, comme l’estencore la trompette abyssinienne. Il en est figuré desemblables sur les monnaies des Machabées et desHérodes. Toutefois, les trompettes de l’arc de Titus sontdeux tubes coniques allongés. Il y eut des trompettesmétalliques recourbées; enfin on possède des représentationsde trompettes droites dont le tuyau est renflé àson milieu. Mais les types de fabrication ont peu changé.Entre les spécimens égyptiens et assyriens, les différencessont peu considérables. Cependant, en variantla matière et les dimensions de leurs trompettes, lesGrecs obtinrent une famille d’instruments presque aussiétendue que celle des flûtes. Voir Flûte, t. ii, col. 2292.

La matière de ces instruments était le cuivre, lebronze ou l’argent. Les deux trompettes mosaïquesfurent faites d’argent massif, battu au marteau, qéséfmiqêâh, Num., x, 2; cf. II (IV) Reg., xii, 14 (13), soitpar honneur pour le service sacré, soit pour obtenirune plus belle sonorité. On ne peut déterminer si lestrompettes employées hors du culte liturgique, parexemple dans Osée, v, 8, étaient de cuivre, à la façonde celles des Égyptiens et des Assyriens. Le métal étaitréduit en lames et travaillé au marteau, suivant unprocédé de fabrication encore appliqué en Europe, aumoyen âge.

La trompette égyptienne du Musée du Louvre (fig. 526)est peut-être le seul spécimen conservé en Europe. Elleest en bronze doré et mesure m 54, deux centimètresseulement de plus que la coudée égyptienne. Eprouvéepar V. Loret, L’Egypte au temps des Pharaons, Paris, 1889, p. 137, 138, cette trompette a donné la série d’harmoniques:

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Dépourvues de clefs et de soupapes, les trompettesanciennes, forcément incomplètes au point de vuemélodique, ne pouvaient avoir dans le concert instrumentalle même usage que les flûtes et haubois, etsurtout que les instruments à cordes, dont les séries desons pouvaient être complètes pour chacune des diversesgammes ou modes musicaux. C’est pourquoi, en dehorsde son emploi comme signal, nous voyons que la trompettese joint aux instruments de percussion (fig. 527).I Esd., iii, 10. Voir I Par., xvi, 42. Elle concerte aussiavec le Sôfâr. Ps. xcvm (xcvn), 6; Ose., v, 8. Dans lafête du transport de l’Arche, les trompettes, les cymbaleset les tambourins figurent avec les harpes, les nableset le chœur des chanteurs. I Par., xiii, 8; xv, 24, 28.Banaïas et Jaziel, prêtres, sont investis de la fonctionde joueurs de trompettes devant l’Arche. I Par., xvi, 6.

527. — Trompette et tambour égyptiens.D’après Wilkinson, Manners, 1. 1, p. 456, fig. 224.

II. Usage de la trompette dans la Bible. — Lestrompettes du Tabernacle sont destinées à convoquerle peuple, Num., x, 2, à annoncer les néoménies, lesfêtes, jr. 10. Ce sont les fils d’Aaron, les prêtres, quisonnent de la trompette dans les cérémonies religieuses.Num., x, 8. Cf. I Par., xv, 24, 28; xvi, 6; II Par., vii, 6; xm, 14; II Par., xxix, 28; I Esd., iii, 10; II Esd., xii, 41.La trompette sert aussi pour annoncer la guerre, Num., x, 9; Ezech., vii, 14; I Mach., iv, 40; v, 31, 34; xvi, 8; Ose., v, 8; mais ce sont les prêtres qui la font entendre.Num., xxxi, 6. On la trouve dans les solennités, parexemple au couronnement de Joas. II (IV) Reg., ii, 14; II Par., xxiii, 13. Comme instrument sacerdotal, latrompette faisait partie du mobilier sacré. Il(IV)Reg., su, 14; II Par., xiii, 12; xxix, 26; I Esd., iii, 10. Mêmeaprès l’introduction des instruments de musique dansla liturgie hébraïque, la trompette conserva son emploisacré. Elle accompagnait l’offrande des sacrifices, Num., x, 10, à part des chants et du jeu des autresinstruments. Dans le second temple, les deux prêtrestrompettes se tenaient, avec les joueurs de cymbales, à droite et à gauche de l’autel des holocaustes, à distancedes chanteurs. Leur sonnerie n’accompagnait pasle chant, mais pouvait seulement, comme les instrumentsde percussion, précéder, couper ou suivre l’exécutiondes cantiques anciens, tels que ceux de l’Exodeet du Deutéronome. Les trompettes avaient en outre unrôle semblable à celui de nos cloches d’église. On s’enservait dans le second temple pour annoncer chaquematin l’ouverture des portes, par une triple sonnerie,

qui appelait les lévites et les serviteurs à leur office etavertissait le peuple. On annonçait de même, le vendredi, l’ouverture du sabbat, et les sacrifices du matin’et du soir étaient accompagnés de neuf sonneries.J. Weiss, Die musikalischen Instrumente in denH. Schrifien, Graz, 1895, p. 97-98.

La trompette de corne, ou sôfâr, est employée commeun signal ou un appel. I Sam., xiii, 3; Is., xxvii, 13.Elle annonce les néoménies, Ps. lxxxi (lxxx), 4; lesfêtes, Ps. xlvii (xlvi), 6; xcvm (xcvn), 6, cl, 3, lesacre de Salomon, I (III) Reg., i, 39, le jubilé, Levit., xxv, 9. Elle sert aussi à la guerre. Jud., iii, 27; Jer., VI, 1; Isaïe, xviii, 3; Job, xxxix, 24, 25. Ce sont encoresept trompettes de corne, Sôfërôt hay-yôbèlîm, voirCorne, t. ii, col. 1011, que les prêtres font entendreautour des murs de Jéricho, Jos., vi, 4-9, et queGédéon met aux mains de ses soldats. Jud., viii, 8.Enfin un son de trompette très puissant, qôl Sôfâr hâzâqmë’ôd, se fait entendre au milieu du tonnerre etdes éclairs, au moment de la promulgation de la Loi.Exod., xix, 16.

Le Sôfâr est le seul instrument ancien dont les Juifsaient conservé l’usage, dans l’enceinte des synagogues, aux deux fêtes du Premier de l’an et du Grand Pardon, suivant le précepte du Lévitique, xxv, 9 [Sôfâr), et xxiii, 24 (terû’âh). On le sonne de trois manières.La première sonnerie, appelée (eqî’âh, donne un sonprolongé, formé de la fondamentale suivie de sa quintesupérieure:

=f=t

3=

ou encore de la quinte, puis de l’octave:

p. cresc. ff.

_Q_C£

Hli

^^=

La seconde sonnerie, ou (erâ’dh, qui alterne avec laprécédente, donne les deux premiers intervalles plusieursfois «répétés»:

fenT^^TT^

. Enfin, la dernière, dite êëbârîm, <n brisem*nts», e stun trille du son fondamental, terminé par sa quinte:

D’après S. Naumbourg, Agadat Schirim, Recueil dechants religieux et populaires des Israélites, Paris, 1874, p. vi. Or, la formule musicale très simple decette sonnerie de trompette, analysée suivant les principesde la musique orientale, appartient à un modemineur, et représente sous cette forme le noyau mélodiquesur lequel a été modulé l’hymne hébraïque dela fête du Premier de l’an, ’Adonaî bëqôl Sôfâr, l’undes plus beaux du répertoire ancien de la synagogueorientale de Damas. Voir Musique, t. iv, col. 1356.

J. Parisot.

    1. TROMPETTES##

TROMPETTES (FÊTE DES) (hébreu: zikrôn ouyôm (erû’dh; Seplante: (j.vi, (id<ruvov <ra).ii! YYwv ï|(jtipa «rripairi’at; Vulgate: memoriale clangentibus tubis, dies, clangoris et tubarum), une des fêtes des Juifs.

1° Les prescriptions légales. — Cette fête se célébraitle premier jour du mois de tiSri (septembre-octobre), qui était le septième mois de l’année religieuse. Cejour devait être marqué par un repos solennel, un

rappel au son de la trompette, une assemblée sainte, l’abstention des œuvres serviles et l’offrande de sacrificesparticuliers. La sonnerie de trompettes était lacaractéristique de cette fête, appelée pour cette raisonzikrôn terû’âh, c< mémorial de retentissem*nt», Lev., xxm, 24, 25, et, yôm terû’âh, «jour de retentissem*nt». On offrait en holocauste un jeune taureau, unbélier et sept agneaux d’un an, accompagnés chacund’une offrande de fleur de farine pétrie à l’huile, 3/10d’éphi (11 1. 65) pour le taureau, 2/10 (7 1. 77) pourle bélier et 1/10 (3 1. 88) pour chaque agneau. On ajoutaitun bouc en sacrifice pour le péché. Num., xxix, 1-6. Comme ce même jour était la néoménie du moisde tiSri, voir Néoménie, t. iv, col. 1588, les sacrificesde la fête s’ajoutaient à ceux de la néoménie et ausacrifice perpétuel. Cf. I Esd., iii, 6; II Esd., viii, 1. —Il convenait que le premier jour de tiSri fût consacré àJéhovah d’une manière plus solennelle et plus complèteencore que le premier jour de chaque mois. Ce mois, en effet, était particulièrement remarquable au pointde vue religieux, puisque la fête de l’Expiation se célébraitle dixième jour, et qu’à partir du quinzième onsolennisait pendant sept jours celle des Tabernacles, Lev., xxiii, 27, 34. Le son des trompettes représentaitla voix de Dieu, qui appelait son peuple à lui rendrehommage et à le servir. Cf. Exod., xix, 16, 19; Is., LVHl, 1; Ose., viii, 1; Jo., Il, 1. La fête est appeléezikrôn, «mémorial, rappel», sans doute pour uneraison qui est indiquée à propos de la guerre: «Voussonnerez des trompettes avec éclat, et vous serez rappelésau souvenir de Jéhovah, votre Dieu, et vous serezdélivrés de vos ennemis.» Num., x, 9. Il y avait donclà un signal spécialement destiné à faire souvenir lepeuple que Jéhovah serait toujours son protecteur, à conditionqu’on se rappelât qu’il fallait lui obéir. Mais surtouttiSriétaitle septième mois del’année religieuse, parconséquent le mois sabbatique, et à ce titre il méritaitd’être inauguré plus solennellement que les autres. Ilmarquait également le début des années sabbatiques etjubilaires. Lev., xxv, 4, 9. Soa importance était doncconsidérable à divers points de vue. Les sacrifices qu’onoffrait à la fête des Trompettes étaient les mêmes qu’auxautres fêtes. Num., xxviii, 11-30. Leur signification neprésentait donc rien de spécial. Cf. Bâhr, Symbolikdes mosaischen Cultus, Heidelberg, 1839, t. ii, p. 567, 592-601.

2° Les coutumes juives. — Elles sont consignéesdans le traité Rosch haschana de la Mischna. Commeles néoménies ordinaires, la fête se célébrait durantdeux jours, à cause de la difficulté de déterminer àtemps la date de la néoménie pour toute la Palestine.Voir t. iv, col. 1591. Mais le second jour de la fête étaitaussi saint que le premier. Schabbath, xix, 5. Onapportait un soin spécial à la détermination de la néoméniede tischri, à cause des fêtes qui dépendaient decette date. Néanmoins on s’arrangeait de manièrequ’elle ne tombât pas le premier, le quatrième ni lesixième jour de la semaine. On ne voulait pas que lafête de l’Expiation tombât le premier, le troisième nile sixième jour de la semaine. Cf. Reland, Antiquitatessacrx, Utrecht, 1741, p. 247. Pour empêcher que ledixième jour du mois fût un samedi, un lundi ou unjeudi, il fallait éviter que le premier fût lui-même unjeudi, un samedi ou un mardi. On se servait pour cettefête du Sôfâr, ou corne de bélier, tandis qu’aux autresnéoménies et à la fête de l’Expiation on employait lahâsosrâh. Voir Trompette, col. 2322. On sonnait de latrompette du matin au soir; mais si la fête tombait lejour du sabbat, quand on n’avait pu faire autrement, on ne sonnait qu’à Jérusalem. Rosch haschana, IV, 1.

— Nulle part, dans la Bible, le premier jour de tisrin’est considéré comme le commencement de l’année.Celle-ci commençait en nisdn. Exod., xii, 2. Ce fut

seulement sous la domination macédonienne que lesJuifs, pour se conformer à l’usage grec, fixèrent le débutde leur année civile au premier jour de tisri, qui devintainsi rôs has-sânâh, «tête de l’année». Voir Année, t. i, col. 645-647. Mais la liturgie mosaïque de la fêtedes Trompettes ne fait aucune allusion à cette circonstance, l’importance de tiSri lui venant surtout de cequ’il est le mois sabbatique. Le nom de Rosch hasehana, que la Mischna donne à la fête des Trompettes, ne doitdonc pas faire illusion. — Cf. Reland, Antig. sacr., p. 255; Iken, Aniiquitates hebraicse, Brème, 1741,

p. 137-139, 325, 326.

H. Lesêtre.

TRONC. Voir Ga.zophyla.cium, t. iii, col. 134.

    1. TRONE##

TRONE (hébreu: kissê’; chaldéen: ftdrsê’; Septante: 6p6voç; Vulgate: thronus), siège d’apparat à l’usage desrois.

1° Le trône royal. — Salomon, devenu roi, pritplace sur son trône et fit asseoir sa mère sur un autretrône, à sa droite. III Reg., Il, 19. Il se fit faire ensuiteun trône d’ivoire avec des ornements d’or pur. IIIReg., s, 18, 19. Voir Lion, t. iv, fig. 90, col. 278. Joachin, captif à Babylone, fut placé par Évilmérodachsur un trône, au-dessus du trône des autres roisdéportés comme lui. IV Reg., xxv, 28; Jer., lii, 32. —Nabuchodonosor jurait par son trône d’exercer sa vengeance.Judith, i, 12. Jérémie, xliii, 10, prédit qu’unjour le trône de Nabuchodonosor serait placé à Taphnès, en Egypte, sur des pierres qu’il venait lui-mêmede faire disposer. Ce prince fut déposé de son trônependant sa folie. Dan., v, 20.

2° La royauté. — Le trône est pris parfois pour ladignité royale de celui qui l’occupe. Dieu promit demaintenir à jamais le trône de David. II Reg., iii, 10; vu, 13, 16; III Reg., ii, 33, 45; ii, 6; viii, 20, 25; I Par., xvii, 14; xxviii, 5; Ps. lxxxix (lxxxviii), 30, 38.La femme de Thécué souhaitait que l’éloignementd’Absalom ne nuisit pas au trône de David. II Reg., xiv, 9. Adonias tenta d’occuper ce trône, III Reg., i, 24, 27, qui fut assuré à Salomon. III Reg., i, 47; iii, 12; IX, 5; x, 9; II Par., vi, 10, 16; vii, 18; ix, 8. Le trône deDavid fut ensuite occupé par Joas, IV Reg., xi, 19, etpar toute une suite de rois. Jer., xiii, 13; xxii, 2, 4.Jérémie, xxxiii, 17, 21, annonça qu’il ne manqueraitjamais de roi sur ce trône, ce qui se vérifia dans lapersonne du Messie. — Le trône d’Israël fut assigné àJéhu pour quatre générations. IV Reg., x, 30; xv, 12.

— Un trône royal est affermi par la bonté et par lajustice. Prov., xx, 28; xxv, 5; xxix, 14.

3° Le trône de Dieu. — Comme Dieu est le Roi desrois, un trône lui est attribué. Jérusalem est son trônesur la terre. Jer., iii, 17. Il a dans le ciel un trône dejustice et de majesté, Ps. ix, 5, 8; Eccli., i, 8, un trônede saphir, Ezech., i, 26, et de flammes, Dan., vil, 9, oùil est béni. Dan., iii, 54. Le Fils de Dieu occupe auciel un trône de grâce. Heb., i, 8; iv, 16. Saint Jeanfait souvent allusion au trône de Dieu. Apoc, I, 4; iii, 21; iv, 5, 9, 10; v, 1-13; etc. — Notre-Seigneur défendde jurer par le trône de Dieu, Matth., v, 34, parce quec’est jurer par Dieu lui-même. Matth., xxiii, 22.

4° Les trônes symboliques. — Dieu fait asseoir lesjustes sur des trônes, comme les rois. Job, xxxvi, 7.Les Apôtres siégeront un jour sur douze trônes, pourjuger les douze tribus d’Israël. Luc, xxii, 30. Lesvingt-quatre vieillards, représentant les douze chefs del’ancien peuple et les douze Apôtres, occupent des trônesautour du trône de Dieu, dans le ciel. Apoc, iv, 4.

H. Lesêtre.

TROPH1ME (grec: Tpdqnnoç), compagnon de saintPaul. Il était originaire d’Éphèse et païen de naissance.Act., xxi, 28-29. Il fut un des compagnons de saint Paul, à l’époque du troisième voyage de missions de l’ApôtreIl le suivit avec Tychique et quelques autres depuis laMacédoine jusqu’à la province d’Asie. Act., XX, 4.Tychique paraît n’être pas allé plus loin, mais Trophimecontinua la route avec saint Paul jusqu’à Jérusalem etlà il devint l’occasion involontaire et inconsciente del’arrestation de l’Apôtre par les Juifs. Ceux-ci, trèsirrités contre leur ancien coreligionnaire devenu l’unedes colonnes de l’Église naissante, voulaient se défairede sa personne et ils cherchèrent par conséquent à s’enemparer. Pour justifier leur violence à son égard, lesJuifs d’Asie, ayant vu Paul dans le Temple, l’accusèrentd’y avoir introduit, en violation de la loi, le gentilTrophime, ce qui était inexact. Mais la foule soulevéesaisit Paul et il n’échappa à la mort que par l’interventiondu tribun romain, qui l’envoya ensuite au procurateurromain, à Césarée. Que devint alors Trophime?Son nom ne reparait plus qu’une fois, et longtempsaprès, dans le Nouveau Testament. Dans sa secondelettre à Timothée, écrite peu de temps avant son martyreà Rome, saint Paul dit à son disciple, II Tim., iv, 20, qu’il a laissé «Trophime malade à Milet». Ce dernieravait donc accompagné son maître dans le voyage qu’ilavait fait en Orient entre sa première et sa secondecaptivité à Rome. L’Église d’Arles honore saint Trophimecomme son premier évêque. Saint Paul, aprèssa délivrance de la première captivité de Rome, l’auraitemmené comme un de ses compagnons en partantpour l’Espagne et, en passant à Arles, il l’y auraitinstitué évêque. VoirBaronius, Annal., adann. 62, ’§4.Que Trophime soit devenu évêque d’Arles à cetteépoque, cela se concilie bien difficilement avec lefait qu’un certain temps après, saint Paul fut obligé dele laisser malade à Milet. II Tim., iv, 20. «H est difficile, dit un savant historien de l’Église d’Arles, de fixerprécisément l’époque de la prédication de l’Évangile àArles. L. Bonnement, chanoine d’Arles, M émoires pourservir à l’histoire de l’Église d’Arles, dans l’éditionMigne de Calmet, Dictionnaire de la Bible, 1846, t. iv, col. 873… Des monuments respectables donnent [le titrede fondateur] à saint Trophime… Il faut cependantreconnaître que les monuments de l’histoire ne nousapprennent presque rien de certain touchant les combatset les conquêtes de notre premier apôtre.» Oncélèbre sa fête, à Arles, le 29 décembre. Les grecsl’honorent le 14 avril et disent qu’il eut la tête tranchéeà Rome, par ordre de Néron. Voir Acta sanctorum, augusti t. i, p. 314.

    1. TROUPEAU##

TROUPEAU (hébreu: ’êdér; Septante ": (iouxoXtov, «troupeau de bœufs», tioi’uvïi, 7rof(j.viov, «troupeau debrebis et de chèvres», àyélri, «troupeau de porcs»; Vulgate: armentum, grex), assemblage de quadrupèdesdomestiques.

1° Au sens propre. — Abel fut le premier à fairepaître des troupeaux. Gen., iv, 4. Les patriarches, quimenaient la vie nomade, étaient possesseurs de nombreuxtroupeaux. Comme de grands espaces étaientnécessaires à la subsistance de ces troupeaux, les propriétairesnomades se trouvaient dans la nécessité devivre à distance les uns des autres. Gen., xiii, 8-11; xxxvi, 6-8. Des disputes s’élevaient entre les bergersde troupeaux différents, pour l’usage d’un pâturage oud’un puits. Gen., xiii, 7: xxvi, 19-22. L’abreuvage destroupeaux était en effet une question importante. Gen., xxix, 8; xxx, 38; Exod., ii, 16; etc. Les troupeauxétaient sous la garde des chiens. Job, xxx, 1. Le boucmarchait à la tête, Jer., L, 8, et l’on faisait passer lesanimaux sous la main pour les compter. Jer., xxxiii, 13. La disette effarait les troupeaux, Jo., i, 18, et lelionceau épouvantait les brebis. Mich., v, 8. Les villesruinées devenaient des lieux de pacage pour les troupeaux.Is., xvii, 2; xxxii, 14; Soph., ii, 14. Le maîtredoit connaître l’état de son troupeau et en prendre soin.

Prov v xxvii, 23. — En quittant l’Egypte, les Hébreuxemmenèrent avec eux tous leurs troupeaux au désert.Exod., x, 26. Quand les Israélites réclamèrent un roi, Samuel les avertit que celui-ci prendrait la dîme deleurs troupeaux. I Reg.,-vm, 17. David, II Reg., vii, 8; I Par., xyii, 7, et Amos, vii, 15, menaient les troupeauxquand le Seigneur les appela. Salomon fut possesseurd’immenses troupeaux. Eccle., ii, 7. Les arméesassyriennes menaient avec elles de nombreuxtroupeaux.Judith, II, 8. Des bergers, qui gardaient leurs troupeauxpendant la nuit, furent avertis par les anges de la naissancedu Sauveur. Luc, II, 8. Notre-Seigneur permitaux démons de s’emparer d’un troupeau de porcs qu’ilsprécipitèrent dans le lac de Tibériade. Matth., viii, 30; Marc, v, 11; Luc, viii, 32. Voir Bœuf, t. i, col. 1826; Brebis, col. 1911; Chèvre, t. ii, col. 692.

2° Au sens figuré. — Les troupeaux sont naturellementl’image des peuples, conduits par leurs chefs quisont comme des pasteurs. Les Hébreux étaient commeun troupeau que Dieu mena à travers le désert, Ps. lxxviii(lxxvii), 52, et dont Moïse était le berger. Is., lxiii, 11.Les Israélites sont fréquemment appelés le troupeau deJéhovah. Is., xl, 11; Jer., xiii, 17, 20; xxiii, 1-3; xxxi, 10; li, 23; Bar., iv, 26; Mich., ii, 12; Zach., ix, 16; x, 3; xi, 7-17. Les chefs du peuple sont les bergers de cetroupeau, et souvent ils s’acquittent mal de leur fonction.Jer., x, 21; xxv, 34-36; l, 6; Ezech., xxxiv, 2-31; Zach., x, 2. — Les Israélites étaient, en face’des Syriens, comme deux petit* troupeaux de chèvres. III Reg., xx, 27. Les enfants se multiplient, Job, xxi, 11, et Dieumultipliera son peuple comme des troupeaux. Ezech., xxxvi, 37, 38. Les cheveux de l’Épouse sont comparésà un troupeau de chèvres, et ses dents à un troupeaude brebis tondues. Gant., iv, 1, 2; vi, 4, 5. — Notre-Seigneurappelle aussi ses disciples un «petit troupeau», Luc, xii, 32, qui sera momentanément disperséquand le Pasteur sera frappé. Matth., xxvi, 31. Lespasteurs de l’Église doivent veiller avec soin sur cetroupeau. Act., xx, 28, 29. I Pet., v, 2, 3.

H. Lesêtre.

    1. TRUELLE##

TRUELLE (Vulgate: trulla), instrument dont lemaçon se sert pour prendre et placer le mortier. — Cemot se lit deux fois dans la Vulgate. Une fois, il traduitle pluriel yd’îm, qui veut dire * pelle». IV Reg., xxv, 14. Le mot yâ’im, dont le singulier n’apparaitnulle part, a embarrassé les traducteurs. Il désigne undes instruments en usage au sanctuaire. Il est ainsirendu dans les différents passages où il en est question: Exod., xxvii, 3; xxxviii, 3: xaXuxiifjp, «couvercle», forceps, «pince»; Num., iv, 14: xaXimnijp, fuscinula, «fourchette»; III Reg., vil, 40, 45: 6£pu.ao-rpî; , «pince», Iscutra, <r plateau»; II Par., IV, 11: xpedcYpa, creagra, «fourchette»; II Par., IV, 16: àvay]irnip, «vase àpuiser», creagra, IV. Reg., xxv, 14: lau.ïv, qui n’a pasde sens, Irulla; Jer., iii, 18: xpeâypa, creagra. Dansle Targum, yd’îm désigne une pelle. — La Vulgate traduitencore par trulla cœmentarii, «truelle de maçon», le mot’ânàk, dans Amos, vil, 7, 8. Les Septantele rendent par àSâpiai; , «diamant». Comme’ânâksignifie «plomb», on traduit ordinairement par «fil àplomb». Voir Fil a plomb, t. ii, col. 2244. Knabenbauer, Proph. min., Paris, 1886, p. 314, suppose uncrépissage avec le plomb contenu dans la trulla, qui aaussi le sens de «vase». Le P. Condamin, Le prétendu «fil à plomb» de la vision d’Amos, dans la Revuebiblique, 1900, p. 586-594, voit dans le’ândk un métaltrès dur, analogue au diamant des Septante, le fer, symbole de la guerre, que le Seigneur va déchaîner surIsraël. Pour V. Hoonacker, Xes douze petit* prophètes, Paris, 1908, p. 265-267, le’ânâk désignerait 1’ «affliction», d’après une racine arabe, ou même simplemeut le «plomb», que Dieu veut mettre dans Israël afin del’avilir, comme on met du plomb dans un creuset contenant des minerais divers dont on ne peut tirer parti.En tous cas, on ne voit guère comment le mot hébreupourrait avoir le sens de «truelle».

H. Lesêtre.

    1. TRYPHÈNE##

TRYPHÈNE (grec: Tpûçaiva), chrétienne de Rome, que saint Paul salue dans son Epitre aux Romains, xvi, 12. «Saluez, dit-il, Tryphène et Tryphose qui travaillentpour le [service du] Seigneur.» Ces deuxnoms ont été retrouvés dans les inscriptions des colombairesde la maison des Césars à Rome. Corpus insci’iptionumlalinarum, t. vi, n os 4866 (Tryphosa); 5035, 5343 (Tryphæna). Le nom de Tryphène, figureaussi dans les Acta Pauli et Theclx, où «la reineTryphène» joue un rôle important à Antioche dePisidie. Une monnaie de Pisidie porte au droitBASIAEQ2 IIOAEMQNOS et au revers BA2IAISSH2TPÏ"*AINH2. Cette Tryphène était fille de Polémon, roi d’une partie de la Lycaonie et de la Cilicie, femmede Cotys, roi de Thrace, et mère d’un autre Polémon, roi de Pont. Elle était arrière-petite-fille de Marc-Antoineet parente éloignée de l’empereur Claude. Sonfrère Polémon embrassa le judaïsme. Voir W. M. Ramsay, The Church in the Roman Empire before A. D.170, in-8°, Londres, 1893, p. 382.

    1. TRYPHON##

TRYPHON (grec: Tpûçiov, «le dissolu» ), usurpateur, roi de Syrie, 170-174 de l’ère des Séleucides,

528. — Monnaie d’argent de Tryphon, roi de Syrie.Tête de Tryphon, à droite, diadémée. — i$. BASIAEQE ||TPr*QNŒ || AÏ"TOKPATOPO£. Dans une couronne, un casqueorné d’une corne. Monogramme.

142-139 avant J.-C. (fig. 528). Il s’appelait de son vrainom Diodote, Strabon, XVI, ii, 10; Appien, Syr., 78, et, d’après ce dernier, il prit le surnom de Tryphon ens’emparant du pouvoir. Cf. Tite-Live, Epist., lui, lv.Il était né à Casianes, place forte du district d’Apamée, et il fut élevé à Apamée même. Strabon, XVI, ii, 10.Sous Alexandre Balas, il fut attaché à la cour. I Mach., xi, 39; Diodore, Fragm., xxi, dans Didot, Histor.grsecor. Fragment., ii, 17. Il semble avoir pris part, vers la fin du régne de ce roi, à la conspiration destinéeà livrer la Syrie à Ptolémée Philométor, roid’Egypte. Diodore, Fragm., xxi. Après la déchéanced’Alexandre Balas, il se tourna d’abord vers DémétriusII Nicator, mais voyant son impopularité (Tite-Live, Epist., lu; Justin, xxxvi, 1), il lui opposa le filsd’Alexandre Balas, encore enfant, qui était élevé parl’Arabe Émalchuel. I Mach., xi, 39. Celui-ci, après beaucoupde résistance, avait fini par consentir à le confierà ce dangereux protecteur. Voir Émalchuel, t. ii, col. 1714. Antiochus n’était encore qu’un enfant. Tryphonse servit de lui pour combattre et chasser DémétriusII, qui s’était rendu impopulaire en Syrie, et ilgouverna sous le nom d’Antiochus VI, après s’êtreemparé d’Antioche. I Mach., XI, 54-56. Il chercha às’attacher Jonathas Machabée, en le faisant confirmerdans sa dignité de grand-prêtre par le roi, qui accompagnacette faveur de plusieurs autres et de riches présents, ꝟ. 57-59. Voir Antiochus VI, t. i, col. 703. Cepen

dant Tryphon s’aperçut bientôt que Jonathas était troployal pour se prêter à ses projets ambitieux; il s’emparade sa personne par trahison, et le mit finalementà mort. IMach., xii, 39-49; xiii, 12-24. Voir Jonathas 3, t. iii, col. 1623. Une fois débarrassé de celui qui pouvaitêtre d’un puissant secours pour le jeune AntiochusVI, il se défit de son malheureux pupille, $àu>, dit le texte grec, I Mach., xiii, 31; en faisant opérersur cet enfant de dix ans, dit Tite-Live, Epit., ly, uneopération chirurgicale mortelle, par les médecins qu’ilavait gagnés (170 avant J.-C). Tryphon prit alors le titrede roi. Il exerça le pouvoir avec la cruauté, la cupidité, la violence que présageaient ses antécédents. Sa tyranniedevait le rendre odieux à ses sujets. Il se montraparticulièrement rapace à l’égard des Juifs. SimonMachabée eut recours alors contre lui à Démétrius II, qui ne demanda pas mieux que de s’assurer un telauxiliaire contre son ennemi, I Mach., xiii, 34-40, etprépara une expédition pour combattre Tryphon. Mais, étant allé en Médie pour se procurer des secours dontil avait besoin pour sa campagne, Démétrius Nicatorfut fait prisonnier par un des généraux d’Arsace VI, roi des Parthes, ou, selon le titre que lui donne l’Écriture, «roi de Perse et de Médie». I Mach., xiv, 1-3.Voir Arsace VI, t. i, col. 1034. Le trône paraissait ainsiassuré à Tryphon. Justin, xxxvi, 1; Diodore, Leg., xxxix. Celui-ci n’avait plus qu’à réduire les générauxde Démétrius qui lui résistaient encore. Mais un adversaireplus dangereux se leva bientôt contre lui. Unfrère cadet du roi captif, connu depuis sous le nomd’Antiochus VII Sidète, en apprenant à Rhodes, où ilétait, le malheur arrivé à son aîné, s’empressa dequitter l’Ile, pour tenter de ceindre sa couronne. Ilfut mal accueilli en Syrie, et n’eut pas d’abord lesuccès qu’il avait espéré, à cause de la crainte qu’inspiraitTryphon, mais sa belle-sœur Cléopâtre fit tournerla fortune en sa faveur. Après avoir épousé AlexandreBalas, elle était devenue la femme de Démétrius II etpossédait la ville de Séleucie. Pour la conserver, elleoffrit à son beau-frère de l’épouser, afin qu’il pût ladéfendre contre Tryphon. Ce mariage mit Antiochus enétat d’attaquer l’usurpateur et lui amena de nombreuxpartisans, qui abandonnèrent son ennemi. Celui-ci futréduit à s’enfuir à Dor, sur la côte de Phénicie.Assiégé dans cette ville, il y fut serré de près. I Mach., xv, 10-14. Il n’eut d’autre ressource que de s’échapperpar mer pour aller se réfugier d’abord à Ptolémaïde, Charax, Didot, Hist. grsec. fragm., t. iii, n. 40, p. 644, . puis à Orthosiade, I Mach., xv, 37, et enfin à Apamée, où il fut de nouveau assiégé et où il périt, d’après Josèphe, Ant. jud., XIII, vii, 2. D’après Strabon, XIV, v, 2, Antiochus VII. l’obligea à se donner la mort à Coracésium.Cf. Appien, Syr., 68.

    1. TRYPHOSE##

TRYPHOSE (grec: Tpuçùira), chrétienne deRome, saluée par saint Paul. Rom., xvi, 12. Voir Tryphêne, col. 2330.

    1. TSADÉ##

TSADÉ, s,?, dix-huitième lettre de l’alphabethébreu. Les uns ont cru qu’elle représentait, sous sonancienne forme phénicienne, voir Alphabet, t. i, col.407-408, un hameçon; d’autres, une faulx ou une faucille.Voir Gesenius, Thésaurus, p. 1143. — Le tsadéest une sifflante dentale, qui se décompose en t et s.Les Septante et, à leur suite, saint Jérôme, l’ont rendupar une simple s, comme EaëatS! ), pour Çeba’ôf; EeSextaç, pour §idqiydh; Siôtiv, §îdôn; Vulgate, Sabaoth, Sedecias, Sidon, de sorte que, dans les versions, letsadé est rendu comme le samech, le sin et le schin.

    1. TUBALCAIN##

TUBALCAIN (hébreu: Tùbal Qa’in; Septante: & Q6êeX), Caïnite, fils de Lamech et de Sella. Gen., iv, 22.Il forgea toutes sortes d’ouvrages d’airain et de fer.

Vulgate: Fuit malleator et faber in cuncta opéra serisetferri. C’est tout ce que l’Écriture nous apprend delui. Les rabbins ont raconté à son sujet diverseslégendes sans fondement. Josèphe, Ant. jud., i, ii, 2, dit que Tubaleaïn était distingué par sa force prodigieuse et par ses succès dans la guerre. On a donné deson nom lesétymologies les plus diverses, mais aucunene s’impose. On a rapproché de Tubaleaïn les Thubaliens, qu’Ézéchiel, xxvii, 13, mentionne sous le nom deThubal, entre Javan (Vulgate: Grœcia) et Mosoch.

    1. TUBIANÉENS##

TUBIANÉENS (grec: Tovôuivot; Alexandrinus: Touêeîvoi), habitants du pays de Tob. II Mach., xii, 17.L’Écriture nomme ainsi des Juifs qui s’étaient établisdans le pays de Tob et que Judas Machabée y rencontralorsqu’il poursuivait le général syrien Timothée, qu’ilavait pensé atteindre en cet endroit mais qui en étaitdéjà reparti. VoirToB, col. 2256; Characa, t. ii, col. 577.

TUBIN.VoirTuBiANÉENS; Tob, col. 2256.

    1. TUILE##

TUILE (grec: xÉpajio; ; Vulgate: tegula), morceaude terre cuite, ordinairement en forme de rectangleou de trapèze, et servant à la couverture des toits. Ilest possible que les, tuiles qui recouvraient les terrassesde Palestine aient affecté la dimension et l’épaisseurde dalles. — Pour descendre le paralytique devantNotre-Seigneur, onfit une ouvertnre dans le toit. Marc, II, 4. Saint Luc, v, 19, dit que l’on descendit le maladeStà râv v.Epâ[iwv, per tegulas. Cette expressionsuppose des tuiles enlevées. Néanmoins, comme lesmots per tegulas, dans les classiques, signifient seulement «à travers l’ouverture» ménagée au milieu d’unatrium ou d’un péristyle, sans qu’il y ait eu déplacementde tuiles, il se pourrait que saint Luc ait en vuece dernier sens et n’ait voulu parler que du trou pratiquépar les porteurs. Cf. Rich, IHct. des antiq.romaines et grecques, trad. Chéruel, Paris, 1873, p. 627.

H. Lesêtre.

    1. TUMEUR##

TUMEUR, excroissance qui se forme dansles tissusdu corps et peut être bénigne, quand elle ne gêne quepar son volume; ou maligne quand elle fait souffrir etdevient dangereuse. Moïse range les tumeurs parmi lesmaux qui affligeront les Israélites infidèles. Sur le genrede tumeurs auxquelles il fait allusion, voir Hémorroïdes, t. iii, col. 587; Ofalim, t. iv, col. 1757.

H. Lesêtre.

    1. TUNIQUE##

TUNIQUE, espèce de vêtement. Voir Vêtement.

I. Dans l’Ancien Testament. — En hébreu, plusieursmots servent à désigner ce que les versions appellent «tunique».

1° Ketànéf, y.iitiv, tunica, correspondant à l’assyrienkitinnû, qui désigne un. vêtement de laine. Le kefônéfest un vêtement assez étroit qui prend la forme ducorps. Dieu donne à Adam et Eve une tunique de peaux.Gen., iii, 21. Job, XXX, 18, se plaint que, par la violencedu mal, son corps est tellement amaigri que sonvêtement a l’air d’une tunique. Cette tunique est àl’usage d’Aaron et des prêtres, Exod., xxviii, 40; Lev., x, 5; xvi, 4, etc., de l’Épouse, Cant., v, 3, de l’intendantSobna. Is., xxil, 21. Joseph a un kefônét passîm, vêtement qui descend jusqu’aux mains et aux pieds, Xtttiv 7101x£Xoi; , tunica polymita, tunique de diversescouleurs. Gen., xxxvil, 3, 23, 32. C’était une tuniquede valeur supérieure aux tuniques ordinaires, puisqu’elleest la marque d’une tendresse particulière de lapart de Jacob. Thamar, sœur d’Absalom, portait unetunique de même nom, yiTtbv xapitMtôç, tunique àmanches descendant aux poignets, tunica talaris, tuniquedescendant aux talons. Il Reg., xiii, 18, 19. Il ya encore le ketônét tasbês, jtltwv y.O(rj(16ô>Toç, unetunique à franges, tunica et linea stricta, une tuniquede lin étroite, destinée à Aaron. Exod., xxviii,

4. — 2° Me’îl, probablement tunique de dessus, sansmanches, communément appelée par les versionsShO.olc, pallium, chlamys, bien que cène soit pas unmanteau, comme l’indique l’usage qui lui est attribuédans plusieurs passages. Voir Manteau, t. iv, col. 663.C’est la tunique que la mère de Samuel fait chaqueannée pour son jeune fils, I Reg., ii, 19, celle de Job

II. Dans le Nouveau Testament. — 1° Notre-Seigneurconseille à son disciple d’abandonner son manteauà qui lui prend sa tunique, Matth., v, 40; Luc, VI, 29, c’est-à-dire d’être prêt à tous les sacrificesplutôt qu’à celui de la paix et de la charité. Le prédicateurde l’Évangile ne doit pas avoir deux tuniques, Matth., x, 10; Marc, vi, 9; Luc, ix, 3, pour ne pas

529. — La sainte tunique d Argenteuil. — D’après A. Jacquemot.Elle est représentée en noir sur une étoffe destinée à la soutenir.

530. — Le tissu de la sainte tunique.D’après une photographie des Gobelins.

et de ses amis, initia, «rroVr, , vestimenta, vestes, Job, i, 20; ii, 12, de Samuel, I Reg., xv, 27; xxviii, 14, de Jonathas, ènôvSjrrj, tunica, I Reg., xviir, 4, deSaiil, I Reg., xxiv, 5, 12, et des filles du roi. II Reg., xhi, 18. — 3° Ma’âtâfâh, palliolum, tunique plusample à l’usage des femmes. Is., iii, 22. — 4° Médév, u.av£ûïi, tunica, sorte de casaque à l’usage d’Esdras.I Esd., ix, 3. — 5° Pattîs, vestes, nom chaldéen destuniques que portent les trois jeunes hommes dans lafournaise. Dan., iii, 21. — Les versions traduisent encorepar iiav51j7; , £v8uu.: x, tunica stricta, tunique serrée, le hâgôr que porte Joab, II Reg., xx, 8, mais ce motdésigne une ceinture. I Reg., xviii, 4; Prov., xxxi, 24.

s’embarrasser du superflu. Celui qui a deux tuniquesdoit en donner une à celui qui en manque. Luc, iii, 11. À l’approche du siège de Jérusalem, il ne faudrapas rentrer dans sa maison pour prendre sa tunique, tant le danger sera pressant. Matth., xxiv, 18. La tuniqueétait donc un vêtement de dessus que l’on quittaità la maison pour vaquer à différentes occupationssur son toit. Les pêcheurs la quittaient pendant leurtravail. Joa., xxi, 7. Tabilha faisait des tuniques pourles pauvres veuves. Aot., ix, 39. Saint Jude, 23, veutque le chrétien haïsse «jusqu’à la tunique souillée parla chair,» c’est-à-dire jusqu’aux apparences de lacorruption.

2° La tunique du Sauveur était appaçoç, inconsutilis, sans couture, par conséquent tissée d’une seule piècedepuis le haut jusqu’en bas. Joa., six, 23. Elle étaitainsi à peu près semblable à celle des prêtres, dontJosèphe, Ant. jud., III, vii, 4, fait cette description: «C’est une tunique talaris, que nous appelons dansnotre langue iieeîp (me’îl)… Cette tunique ne se composepas de deux pièces, ayant des coutures sur lesépaules et sur les côtés; mais c’est un vêtement d’uneseule pièce, tissé danstoule sa longueur, que l’on entrepar le cou au moyen d’une ouverture en forme defente longitudinale allant depuis la poitrine jusqu’auhaut du dos, entre les épaules. On y ajoute un bord,

531. — La sainte tunique de Trêves.

D’après Friedlieb, Archéol. de la Passion, p. 377.

pour cacher la difformité de la fente. Elle a égalementdes ouvertures pour passer les mains.» Cf. Braun, De vest. sacerd. hebrseor., Leyde, 1680, p. 342. Leprocédé employé pour fabriquer des vêtements sanscouture ne s’est pas perdu en Orient. Cf. Rosenmûller, Dos alte und neue Morgenland, Leipzig, 1818, t. v, p. 273. Il est clair qu’une tunique sans couture perdraittoute sa valeur si on la divisait en plusieurs morceaux; aussi les soldats qui avaient crucifié le Sauveurpréférèrent-ils tirer la sienne au sort. — Il est à croireque des disciples du Sauveur ont racheté ses vêtementsaux soldats. Cependant on ne possède à ce sujet aucundocument authentique qui soit antérieur au xi’siècle.Des fragments de vêtements du Sauveur sont conservésen différents endroits, particulièrement au Latran.Mais les deux tuniques les plus célèbres sont cellesd’Argenteuil et de Trêves.

La tunique d’Argenteuil (fig. 529) mesurait l m 45 dehaut, quand elle était entière, elle avait une ouvertureau col et des manches. L’étoffe est un tissu de laine,

fabriqué sur un métier primitif, mais très régulier(fig. 530). On y a reconnu, à l’analyse, des taches desang. La tunique de Trêves (fig. 531), également sanscouture, a été conservée entière. Elle mesure en hauteur1<°48 par devant et l m 57 par derrière, en largeur1 I °09 en bas et m 70 en haut, avec des manches largesde m 33 et longues de m 46. Il est fort possible queNotre-Seigneur ait porté plusieurs tuniques sans couture.On suppose que celle de Trêves était la tuniquede dessus, et celle d’Argenteuil la tunique de dessous.Cf. £. Bessel, Geschichte des heiligen Rockes, Trêves, 1889; C. Willems, Der heilige Rock zu Trier, Trêves, 1891, trad. par Furcy Raynaud; La sainte robe deN.-S. J.-C. àlTrèves, Trêves, 1891; Id., La sainte robede Trêves et la relique d’Argenteuil, Paris, 1894; A. Jacquemot, La tunique sans couture de N.-S. J.-C, conservée dans l’église d’Argenteuil, Lille, 1894; J.-B. Vanel, Histoire de la sainte tunique d’Argenteuil(manuscrit de dom Wyard, bénédictin de Saint-Maurdu xviie siècle), Paris, 1894; J. H. Friedlieb, Archéologiede la Passion, trad. Martin, Paris, 1897,

p. 358-381.

H. Lesêtre.

    1. TURBAN##

TURBAN (hébreu: pe’êr; Septante: xi’Sapcç, [juTpa; Vulgate: corona, coronula, vitta), espèce de coiffure.Le turban de lin est attribué aux prêtres, concurremmentavec la mitre, dout il ne devait pas différer beaucoup, puisque les Septante les confondent. Voir Cidaris, t. ii, col. 750; Mitre, t. iv, col. 1135. La forme de cettecoiffure était celle d’une sorte de bonnet qui entouraitla tête et s’attachait par derrière. Voir t. v, fig. 172, col. 647. La Vulgate l’appelle tantôt coronula, Exod., xxxix, 28, tantôt, vitta, Ezech., xliv, 18. En tous cas, ce n’était pas une coiffure vulgaire, puisqu’elle servaitaux prêtres dans l’exercice de leurs fonctions sacrées.Mais il est impossible de dire en quoi elle différait desautres coiffures analogues. Voir Tiare, col. 2205. — Leturban était aussi en usage dans la vie civile. Lesfemmes élégantes le portaient. Is., iii, 20. Il servait decoiffure au nouveau marié. Is., lxi, 10. En rendantpe’êr par 8ô ?a, «gloire», et corona, Is., lxi, 3, lesversions donnent à entendre que c’était une coiffure defête, probablement pourvue de certains ornements.Isaïe, lxi, 3, et Ezéchiel, xxiv, 17, 23, supposent que lepe’êr se portait aux jours de joie et de paix, et remplaçaitla cendre des jours de deuil. Dans les deux dernierspassages d’iizéchiel, les Septante ne voient dansle pe’êr qu’un agencement particulier de la chevelure, Tpcxii[j.a, y.ûy.at. H. LESÊTRE.

TUTEUR’fgrec: èiuiTpÔ7uoç; Vulgate: procurator, tutor), celui qui est chargé d’élever un mineur et degérer sa fortune. — Mardochée a rempli vis-à-vis d’Estherle rôle de tuteur et de nourricier, ’omên. Esth., il, 7. Voir Nourricier, t. iv, col. 1699. — Lysias, parentd’Antiochus Eupator, fut le tuteur du jeune roi etle régent du royaume. II Mach., xi, 1; xiii, 2; xiv, 2. —Saint Paul dit que l’héritier encore enfant «est soumisà des tuteurs, èirn-pônoi; , tutoribus, et à des curateurs, oîxovô(j.ouç, actoribus, jusqu’au temps marqué par lepère.» Gal., iv, 2. Ces tuteurs et ces curateurs exercentprobablement leur charge après la mort du père qui, de son vivant, prenait soin lui-même de l’éducation etdes intérêts de son enfant. C’est la loi qui fixait l’âgede l’émancipation de l’héritier, ce qui porterait à conclureque les tuteurs sont ici de simples administrateursdes biens ou des intendants aux pouvoirs desquels lepère, encore vivant, assigne le terme qu’il veut. Maisrien ne prouve que saint Paul se réfère au droit romainplutôt qu’au droit naturel, qui laissait au père lepouvoir de fixer la durée de la tutelle. D’ailleurs, si lepère était encore vivant, il émanciperait son fils àl’époque suggérée par les circonstances, tandis qu’il y a

ici un «temps marqué à l’avance»; irpo^suina, prsefi"nitum tenipus, qui a dû être réglé par le père avantsa mort. L’Apôtre applique cette comparaison à l’humanité, qui a été en état de servage, comme un héritieren tutelle, pendant les siècles qui ont précédé, maisqui entre en jouissance de l’héritage de salut, au momentlibrement fixé par les décrets divins. Cf. Cornely, Epist. ad Galat., Paris, 1892, p. 591, 592; Pral, Lathéologie de saint Paul, Paris, 1908, p. 251.

H. Lesêtre.

    1. TYCHIQUE##

TYCHIQUE (grec: Tjxixo?, nom qui a le mêmesens en grec que Fortunatus et Félix en latin), compagnonde saint Paul. — 1° Il était originaire de la provinced’Asie. Act., xx, 1, et il accompagna saint Pauldans son troisième voyage de missions, ꝟ. 4, mais pasd’une manière continue. Lorsque l’Apôtre se rendit àJérusalem avec Trophime, xxi, 29, Tychique resta enAsie, probablement à Milet, xx, 15, 38. — 2° Pendantl’emprisonnement de Paul à Rome, nous retrouvonsTychique auprès de lui, sans que nous sachions précisémentce qu’il avait fait dans l’intervalle. Son maîtrel’envoya auxColossiens, afin qu’il pût se rendre comptede leur situation et l’en informer exactement, tout enleurdonnant de ses nouvelles. Dans son Épitre, il le leurprésente comme un frère bien-aiméetun ministre fidèle, serviteur comme lui du Seigneur, ainsi qu’Onésime, leur compatriote, qui l’accompagne. Col., iv, 7-8. Ilsdevaient porter l’un et l’autre la lettre que saint Pauladressait aux Colossiens. — 3° Saint Paul avait chargéaussi Tychique de porter aux Éphésiens l’Épitre qu’illeur écrivait. Voir Éphésiens (épître aux), t. ii, col. 1852. Il l’appelle de la même manière que dansl’Épitre au* Colossiens, charissimus frater et fidelisminister in Domino. Eph., iv, 21. — 4° Dans sonÉpitre à Tite, iii, 12, saint Paul lui annonce qu’il luienverra en Crète Tychique ou Artémas et il lui demandede venir lui-même le rejoindre promptement à Nicopolis, où il veut passer l’hiver. — 5° Dans sa secondeÉpitre à Timothée, écrite à Rome pendant son emprisonnement, saint Paul dit à son disciple, IV, 12, qu’il a envoyé Tychique à Ephèse. Les commentateursne sont pas d’accord sur l’époque précise de cette mission.— Le Nouveau Testament ne nous apprend pasautre chose sur Tychique. Suivant la tradition, ildevint évêque de Chalcédoine en Bythinie. D’après leMénologe grec, au 8 décembre, il succéda à saint Sosthène, comme évêque de Colophon en Ionie. Voir Aclasanctorum, t. m julii, p. 613.

TYMPANUM. Voir Tambour, col. 1982.

    1. TYPIQUE##

TYPIQUE (SENS), un des noms du Sens spirituel.Voir Sens de l’Écriture, ii, 2, col. 1610; Spirituel(Sens), col. 1858.

TYR (hébreu: Sûr; Septante: Tûpo; ; en assyrien: Surru; iparra), aujourd’hui Sûr, ville de Phénicie, à35 kilomètres au sud de Sidon, et à une distance unpeu moindre au nord de Saint-Jean-d’Acre, sur la Méditerranée(fig. 532).

I. Situation. — Son nom, qui signifie «rocher», luivient de son emplacement. En effet, elle était bâtie, duinoins en grande partie, sur un ilôt rocheux, alorssitué à environ 600 mètres du continent. Le papyrusAnastasi I parle de Tyr comme d’une ville entouréepar les flots de la mer. Ézéchiel, xxvi, 4, 14, et xxvii, 4, dit aussi qu’elle s’élève «au cœur des mers», etqu’après sa ruine elle sera semblable à «un rocher nu».Cf. Is., xxiii, 4. Par sa situation, complétée par desolides remparts, Tyr devint promptement une forteressede premier ordre, Jos., xix, 29; II Reg., xxiv.7, etc. Son territoire et celui de la tribu d’Aser étaientlimitrophes. Sa beauté et celle de ses alentours sont


mentionnées plusieurs fois dans la Bible. Cf. Ezech., xxvii, 3, 4, 10, 11; Ose., ix, 13. L’île tyrienne n’ayantqu’une étendue restreinte (22 stades de périmètre, c’est-à-dire environ 4000 mètres), on avait dû donner auxmaisons une élévation peu ordinaire chez les anciens; elles étaient plus hautes qu’à Rome. Strabon, XVI, Il

532. — Monnaie d’argent de Tyr.Melkarth à cheval sur un hippocampe ai té; sous les flots, undauphin. — $. Chouette debout à droite portant le fléau et lesceptre égyptien.

23. Manquant d’eau potable, elle s’en procura parun système fort bien combiné de canaux, qui allaienten chercher jusqu’aux sources abondantes du Ras-el-Aïn, sur le continent, à environ une heure et demiede marche de l’île, dans la direction du sud. Voir Ménandred’Ephèse, dans Josèphe, Ant. jud., IX, xiv, 1; Arrien, Anabas., ii, 20, etc. — Tyr (fig. 533) avait deuxports naturels: l’un au nord, du côté de Sidon, etnommé sidonien pour ce motif; l’autre au sud, le portégyptien. Par des travaux considérables, dont on admireencore les restes, on les avait abrités tout à la fois contrele vent, les vagues et les ennemis extérieurs. Strabon,

533. — Plan de Tyr insulaire.

XVI, ii, 23; Pline, H. N., v, 17; Arrien, Anab., ii, 2021. Cf. Ezech., xxvii, 3.

En face de la Tyr insulaire, dans la plaine peu large(2 kil. seulement), mais très longue, qui s’étale entrele rivage et les collines de l’est, voir le plan, fig. 535, col. 2344, était construite la cité continentale, dont lepoint central paraît avoir été le rocher nommé aujourd’huiTell-el-Machoûkh, et qui s’étendaitau sud, jusqu’auRas-el-Aîn. Elle dut être, aux jours les plus florissantsde son histoire, plus considérable encore que la ville

V. - 74

bâtie dans l’île. Les anciens historiens ou géographesgrecs et romains parlent d’elle sous les noms de Ila-XatTvooç, 7] xâ).ai TOpo; , Vêtus Tyrus. Cf. Ménandre, dans Josèphe, .Anf. jud. r IX, xiv, 2; Diodore de Sicile, xvii, 40; Strabon, XVI, ii, 24; Pline, H. N., v, 17; Quinte-Curce, IV, ii, 18; Justin, XI, x, II, etc. Plineaffirme que les deux villes réunies auraient eu unpérimètre de 19 milles romains (28 kil. 1/2) et une largeurde 22 stades (4 kil.). Comme son nom même l’indique, la ville continentale aurait été la plus ancienne.L’emplacement de Palætyr et l’époque de sa constructionont été de nos jours l’objet d’assez vives discussions.Guthe, dans Realencylopàdie fur }frolest. Théologie, 3e édit., t. xviii, p. 285. Voir la Tyr actuelle, fig. 534.

II. Le commerce et la richesse de Tyr, ses vices, menaces de châtiments. — D’après la Bible, commeau dire des écrivains classiques qui se sont occupés deTyr, cette ville était particulièrement renommée pourson vaste commerce et pour les immenses richessesqu’il lui procurait. Ses marins n’étaient pas moinscélèbres par leur hardiesse que par leur habileté, etc’est grâce à eux surtout qu’elle était devenue, selonle mot d’Isaïe, xxiii, 3, «le marché des nations.» Ézéchiel, xxvii, 12-27, commentant pour ainsi direcette parole, dresse une longue et éloquente nomenclaturedes peuples avec lesquels Tyr était en relationscommerciales, et des marchandises qu’elle importait, exportait et échangeait. Elle était vraiment, comme ill’écrit, xxvii, 3, «le marchand de peuples d’îles nombreuses,» c’est-à-dire qu’elle trafiquait avec un grandnombre de contrées. Au moyen de ses vaisseaux depetites dimensions, qui, chargés de produits de toutenature, longeaient les rives de la Méditerranée sansen excepter une seule, remontaient le Nil, n’avaientpas craint de franchir le détroit de Gibraltar et d’explorernon seulement les îles Canaries et les côtes occidentalesde l’Afrique, mais même le littoral anglais, elle avait fondé sur tous ces points des factoreries, descentres commerciaux, des colonies. Elle entretenaitaussi un grand commerce par la voie de terre avec lesrégions du nord et de l’orient. Elle était ainsi le traitd’union des peuples et favorisait singulièrement l’industrie, la civilisation, les relations de contrée à contrée.En cela, elle envisageait avant tout son propreprofit. Si elle ne manifesta aucune envie de conquérir lemonde les aTnes à la main, elle chercha constammentà s’enrichir le plus possible aux dépens des autres. Sesproduits spéciaux étaient le verre et la pourpre quiportait son nom. Voir Phénicie, t. v, col. 233.’Si lesprophètes hébreux signalent son opulence et sa grandepuissance, Is., xxiii, 8; Ezech., xxvii, 25, 33; xxviii, 5; Zach., ix, 3, etc., ils n’oublient pas de lui reprocherson orgueil, son luxe coupable, son avidité, sa ruse, etde prédire les châtiments terribles que ces vicesdevaient lui attirer de la part du Seigneur. Is., xxiii, 8-14; Jer., xxv, 22; xxvii, 3; xlvii, 4; Ezech., xxvi, 221; xxvii, 26-36; xxviii, 1-19. Cf. Matth., xi, 21-22; Luc, x, 13-14.

III. Histoire. — L’histoire de Tyr, en tant qu’elle seconfond d’une manière générale avec celle des Phéniciens, a été racontée plus haut. Voir Phénicie, col. 242247. Nous n’avons à en exposer ici que les traits particuliersles plus saillants.

1° Ses débuts sont très obscurs. Tyr remonte certainementà une haute antiquité, Is., xxiii, 7; Strabon, XVI, II, 22; mais ses origines, telles que les racontentles anciens historiens, sont remplies de détails légendaires.C’est ainsi qu’Hérodote, ii, 44, s’appuyant sur letémoignage des prêtres du dieu tyrien Melkarth, faitremonter sa fondation à l’année 2750 avant Jésus-Christ.Il est frappant, sous ce rapport, ’de constater queTyr n’est mentionnée nulle part dans le Pentateuque, tandis que Sidon, qui fut tour à tour sa rivale, sa

suzeraine et sa vassale, est signalée dans la Table ethnographiquede la Genèse, x, 15. D’autre part, Josèphe; An t. jud., VIII, iii, 1, abaisse beaucoup trop l’originede Tyr, lorsqu’il affirme qu’elle ne fut bâtie que 240 ansavant la construction du Temple de Salomon, versl’année 1250. Le passage biblique où elle fait sa premièreapparition, Jos., XIX, 29, nous apprend qu’elleétait déjà une «ville forte» lorsque les Hébreux prirentpossession de la Terre Promise (environ 1450 av. J.-C).Homère ne cite nulle part son nom. Cf. Strabon, XVI, n, 22. Sur ses monnaies, Sidon se dit la «mère» deTyr comme de toutes les autres cités phéniciennes, et, d’un autre côté, Isaïe, xxiii, 12, nomme cette dernièreville la «fille de Sidon»; mais ces termes sont généraux, et ils ne signifient pas d’une manière absolueque Tyr ait été fondée par Sidon. Elle existait depuislongtemps déjà, lorsqu’elle fut «remplie par les marchandsde Sidon,» Is., xxiii, 2, qui vinrent s’y réfugierlorsque les Philistins eurent pris et saccagé leurcité (1252 avant J.-C). C’est surtout à partir de cettedate que Tyr exerça sur la Phénicie entière une hégémoniequi dura jusqu’en 877.

2° Période d hégémonie. — Les relations de Tyravec les Hébreux appartiennent spécialement à cetteépoque florissante. (D’après les Septante et la Vulgate, Eccli., xlvi, 21, Samuel aurait écrasé les Tyriens, mais l’original hébreu porte: «il soumit les chefs desennemis.» Sôr = «adversaire, ennemi».) Un peu plustard, un des plus grands rois de Tyr, Hiram I er (voirHiram, t. iii, col. 717-718), qui régna de 969-936, nouades relations très étroites d’amitié et de commerce, soit avec David, II Reg., v, 11, soit avec Salomon.III Reg., ix, 11-14, 26-28; II Par., ii, 11-16; viii, 2, 17-18. D’après de précieux fragments des historiensgrecs Dios et Ménandre, conservés par Josèphe, ContraA-pion., i, 17-18 (cf. Ant. jud., VIII, v, 3), Hiramagrandit et embellit notablement la Tyr insulaire, àlaquelle il réunit le petit îlot qui portait le templedu Zeus phénicien. Il reconstruisit aussi les sanctuairesde Melkarth et d’Astarté (Hérodote, ii, 44), etétablit à l’est de la ville une grande place qui reçutplus tard le nom i’Eurychnron. Un des successeursd’Hiram I", l’Ethbaal de la Bible (t. iii, col. 2005), quidonna sa fille Jézabel en mariage à Achab, roi d’Israël, régnait tout à la fois sur Tyr et sur Sidon. Si l’espritde spéculation des Tyriens rendit quelques servicesaux Hébreux, il pesa parfois lourdement sur le peuplethéocratique: de là, les graves dénonciations et les menacesdes écrivains sacrés. Cf. Ps. lxxxii, 6-8; Joël, m, 4-8; Amos, i, 9-10; Is., xxiii, 1-14; Jer., xxv, 22, etxlvii, 4; et surtout Ezech., xxvi-xxviii. Sur la descriptiondu commerce de Tyr par Ezéchiel, voir G. Rawlinson, Pliœnicia, 1889, p. 150-164; id., History ofPhœnicia, 1889, p. 271-308. Même à l’époque de sagrandeur et de son opulence, Tyr eut souvent à souffrirde luttes intestines.

3° Tyr et l’Assyrie. — C’est dès le ixe siècle avantJ.-C., sous le règne d’Ethbaal, que les Assyriens commencèrentà pénétrer dans l’histoire de Tyr. Vers 865, cette ville est mentionnée sur le monolithe de Nimroud, parmi les contrées qui payaient le tribut à Assurbanipal.Au vm* siècle, nous la retrouvons dans les listesanalogues de Salmanasar II, de Ramman-nirar III, deThéglathphalasar III. Vers l’année 724, Salmanasar IVayant envahi la Syrie et la Phénicie, Tyr osa seulelui résister. Il en fit le blocus pendant plusieursannées, sans pouvoir s’en emparer. Sargon, son successeur, ne fut pas plus heureux. Une transaction mitfin à cet état de choses: le roi tyrien Élouli s’engageaà payer un tribut annuel, et les Assyriens levèrent lesiège. Lorsque Scnnachérib eut succédé à Sargon, Éloulicrut le moment favorable pour supprimer sa redevance; mais l’armée assyrienne accourut et réussit [Image à insérer]534. - Ville de Tyr actuelle. cette fois à prendre Tyr. Cette défaite porta un grandcoup à la puissance tyrienne, qui avait déjà beaucoupdécru; néanmoins, la ville conserva sa flotte et soncommerce durant toute cette période de la dominationassyrienne. Âsarhaddon, fils de Sennachérib, citeà son tour la ville de Tyr parmi ses vassaux et tributaires.En 667, elle eut encore quelque velléité de révolte; mais les Assyriens s’en emparèrent de nouveau.4° Tyr sous les Chaldéens et les Perses. — Auvle siècle avant notre ère, Tyr, alors gouvernée parEthbaal ou Ithobaal 111, était encore assez puissantepour tenir tête au conquérant Nabuchodonosor II, qui vint l’assiéger aussi. Le siège dura treize ans, etles habitants résistèrent avec vaillance. Mais l’heureétait venue où devaient s’accomplir les oracles d’Isaïe, de Jérémie et d’Ézéchiel: en 574, la ville fut prised’assaut. Voir Ménandre, dans Josèphe, Contr. Ap., i, 21. C’est probablement d’alors que date la disparitionde la Tyr continentale. Une période d’anarchie succédaà ce grand malheur. Ibid. En 536, Tyr passa sous ladomination des rois de Perse, cf. I Esd., iii, 7, dontle joug fut moins lourd que celui de Babylone. Cyrusrendit la liberté à ceux des Tyriens qui avaient étéemmenés en captivité par Nabuchodonosor.

5° Tyr sous la domination grecque et sous lesRomains. — Après la bataille d’Issus (333 avant J.-C), Alexandre le Grand reçut la soumission de la plupartdes villes phéniciennes; mais Tyr, vaillante jusqu’àl’audace, lui ferma ses portes. Elle s’était rangée ducôté de Darius Codoman, et elle voulut lui rester fidèlemême après sa défaite. Arrien, Anab., II, v, 10; xvii, 5. Vivement irrité, le jeune conquérant en fit lesiège. Ne voulant pas perdre son temps à un longblocus, il fit construire par ses soldats, avec les débrisde Palætyr, une chaussée gigantesque qui réunitau continent l’Ile sur laquelle Tyr était bâtie. De lasorte, il put s’approcher jusqu’au pied des rempartset donner victorieusem*nt l’assaut (332). Il fut d’ailleursaidé par sa propre flotte, qui immobilisa celle desTyriens. Sa vengeance fut terrible. Il détruisit la villeen partie; 8000 habitants furent massacrés, 30000 venduscomme esclaves. Cf. Arrien, Anab., II, xxi, 2; Diodorede Sicile, xvii, 40; Quinte-Curce, IV, iv, 10-18. Aprèsla mort d’Alexandre, en 323, Tyr à demi ruinée partageale sort très accidenté de la Syrie. Elle appartint auxPtolémées jusqu’en 198 et passa ensuite aux Séleucides.Les livres des Machabées la mentionnent trois foisdurant cette période. I Mach., xi, 59, et II Mach., iv, 18, 44. Grâce à ses relations commerciales d’autrefois, elle parvint à reprendre une certaine vie. Strabon, XVI, il, 23. L’an 126, elle acheta son autonomie, qui fut confirméepar Pompée, lorsque Tyr passa, avec toute laSyrie, au pouvoir des Romains (64 avant J.-C). Cf.Josèphe, Ant. jud., XV, iv, 1. Mais Auguste restreignitses libertés (20 avant J.-C.). Voir Dion Cassius, liv, 7.6° Tyr durant lapériode chrétienne. — Les habitantsde Tyr sont cités, Marc, iii, 8; Luc, vi, 17, parmi lesfoules qui accouraient en Galilée pour voir et entendreNotre-Seigneur. Jésus paraît être allé lui-même jusquesur son territoire. Matth., xv, 21; Marc, vii, 24. Il l’anommée avec Sidon, dans un de ses discours, commeune ville très coupable, mais qui aurait pu se convertirv à sa voix. Cf. Matth., xi, 21; Luc, x, 13-14. — Aulivre des Actes, xii, 20, il est dit que les Tyriens vinrenttrouver à Césarée, avec des paroles de regret, le roiHérode Agrippa I», dont ils avaient excité la colère.Un passage du même livre, xxi, 3-6, nous apprend que, lorsque saint Paul vint à Tyr par mer, au cours de sonvoyage à Jérusalem qui s’acheva par un long emprisonnement(59 après J.-C), il y trouva une chrétientédéjà considérable. — L’antique cité conserva longtempsune certaine prospérité commerciale et industrielle.Pline l’Ancien, H. N., ix, 60; xxi, 22; xxxv,

26, signale, dans la seconde moitié du i «siècle de notreère, sa pourpre, ses tissus et sa métallurgie. Au ive siècle, .saint Jérôme écrit, In Ezech., xxvi, 7, et xxvii, 2, t. xxv, col. 242, 247, que Tyr était encore la plus belle et laplusflorissante des villes phéniciennes. Les Sarrasinss’enemparèrent, l’an 638 de notre ère, sous le khalifatd’Omar. De 1124 à 1291, elle fut au pouvoir des croisés, , qui en firent une place forte de premier ordre. Elleredevintensuite la propriété des mahométans, qui rasèrentses murs. Elle ne recommença à avoir une histoirequ’en l’année 1766, grâce aux Arabes métoualis, qui vinrent s’y établir. La nouvelle ville, détruite enpartiepar le tremblement de terre de 1837, fut relevéeparIbrahim-Pacha. Voir Phénicie, col. 241-247.IV. État actuel. — La prédiction des prophètes535. — Tyr et ses environs.

D’apiès Gaillardot, dans E. Renan, Mission de Phénicie.

d’Israël s’est accomplie d’une manière saisissante sur-Tyr, qui est à peine aujourd’hui l’ombre d’elle-même. «Les deux tiers au moins de l’emplacement qu’occupait(la cité) sont maintenant envahis par la solitude, , par des cimetières, par des jardins et par des décombresinformes.

  • V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 194. La ville

actuelle, réduite à moins de 6000 habitants (métoualisenmajorité, grecs orthodoxes, chrétiens maronites, , juifs, etc.), s’élève «sur une presqu’île autrefois entièrementdétachée du continent, auquel se rattachemaintenantun isthme sablonneux; l’Ile primitive, basseetrocailleuse, était parallèle à la côte et mesuraitenviron 1609 mètres de long. Les deux extrémitésforment les bras de la croix de chaque côté de l’isthme.(voir le plan, fig. 535), et, se prolongeant encore paruneligne d’écueils, interceptent deux baies au sud etau nord. La ville est construite de ce côté, au pointde jonction de l’Ile et de l’isthme.» Chauvet etlsambert, .Syrie, Palestine, Paris, 1887, p. 563-564. La chausséeélevéepar Alexandre existe donc toujours; par l’effetdes vents et des vagues qui, des deux côtés, ont apportédes masses de sable, elle s’est même considérablement élargie et consolidée. Dans sa partie la plus étroite, ellemesure au delà de 600 mètres de largeur; sa longueur, ycompris l’Ile, est d’environ 1 kil. et demi. Le port du sudest complètement ensablé; celui du nord l’est en partienotable. — Les ruines de la Tyr insulaire, plusieursfois explorées scientifiquement (en particulier, auxix «siècle, par MM. de Bertou, E. Renan, J. N. Seppet V. Guérin), n’ont rien de bien remarquable. Ellesconsistent dans les remparts, aux trois quarts détruits, qu’avaient bâtis les croisés, dans les restes d’une cathédrale construite au iv» siècle sur les débris d’une basiliqueencore plus ancienne (Origène et Frédéric Barberoussey ont été ensevelis), en de nombreux fûts decolonnes enfoncés sous terre, encastrés dans les mursou visibles dans les flots, lorsque la mer est calme, "V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 182-184, 187, en plusieurs piliersou blocs gigantesques. La plupart de ces colonnes et

[Image à insérer]536. — Le tombeau d’Hiram.

piliers avaient été apportés d’Egypte et avaient servi àorner les temples des dieux tyriens ou les autres édificespublics. — De Palætyr, la cité continentale, il restemoins de souvenirs encore: pas un seul édifice, mais, dans la plaine déserte et sans culture, seulementquelques tombeaux (grottes sépulcrales taillées dans leroc, hypogées funéraires, sarcophages), des cuves àpressoir, des pans de mur, etc. Le monument qui portele nom de «tombeau d’Hiram» (fig. 536) remonte à unehaute antiquité, bien que la tradition qui le rattache auroi Hirajn présente fort peu de garantie. — Quant aucommerce qui remuait tout l’ancien monde, il estréduit à un peu de coton, de tabac, d’épongés et àquelques meules de moulin. La flotte tyrienne se composede quelques barques de pêcheurs et de caboteurs, qui ne se risquent qu’à de courtes distances.

V. Bibliographie. — Robinson, Palâstina und dieangrenzenden Lânder, in-8°, Halle, 1842, t. iii, p. 659684; comte de Bertou, Essai sur la topographie deTî/r, in-8°, Paris, 1843; F. C.Movers, DiePhônizier, in —8°, Bonn, 1841-1856, t. ii, 1° part., p. 188-201; Poulain deBassay, Tyr et Palxtyr, in-8°, Paris, 1863; E. Renan, Mission de Phénicie, in-fol., Paris, 1864, p. 527-694; Thomson, The Land and the Book, nouv. édit., in-12, Londres, 1876, p. 178-194; H. Prutz, Aus Phônizien, JGeogr. Skizzen und litterar. Studien, in-8°, Leipzig,

1876, p. 202-225; J. N. Sepp, Meerfahrt nach Tyruszur Ausgrabung der Kathedral, in-8°, Leipzig, 1879, et Dos Résultat derdeutschen Ausgraburtgen in Tyrus, dans Historische Zeitschrift, t. vm (1880), p. 86-115; V. Guérin, Description de la Palestine, La Galilée, in-8°, Paris, 1880, t. ii, p. 180-231; G. Ebers et H. Gutbe, Palâstina in Bild und Wort, in-fol., Stuttgart, 1884, t. ii, p. 67-80; D. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, infol., Paris, 1884, p. 117-144; Fr. Lenormant etBabelon, Histoire ancienne de l’Orient, jusqu’aux guerres médiques, in-4°, Paris, 1888, t. vi, p. 471-534; A. Jeremias, Tyrus bis zur Zeit Nebukadnezar’s, in-8°, Leipzig, 1891; Lukas, Geschichte der Stadt Tyrus zur Zeit derKreuzzûge, in-8°, Marbourg, 1895; H. Winckler, AltorientalischeForschungen, in-8°, Leipzig, 1898, t. ii, p. 65-70; E. SchraderWinckler, Die Keilinschriftenund dasvlte Testament, in-8°, Berlin, 1903, p. 126-132; P. Cheminant, Les prophéties d’Ézéchiel contre Tyr(xxvi-xxviii, 19), in-8°, Paris, 1912.

L. Fillion.

    1. TYRAN##

TYRAN (Vulgate: tyrannus). La Vulgate a traduitpar ce mot divers noms de dignité. — 1° Dans Esther, vi, 9; Dan., i, 3 (cf., iii, 2, 3), les tyranni sont les grandsou les premiers personnages de la cour de Perse quel’hébreu appelle partemim. — 2° Dans Job, xxxiv, 19, la Vulgate porte: (Deus) non cognovit tyrannum, cumdisceptaret contra pauperem. On lit dans l’original: «Dieu ne distingue pas le riche du pauvre.» —3° Dans Job, xxxv, 9, tyranni traduit le mot ràbbînx, (t puissants?, et 4° Dans Habacuc, i, 10, le motrôznîm, «princes». Cf. Jud., v, 3; Ps. ii, 2; Prov., viii, 13, 15; xxxi, 4; Is., XL, 23. — 5° Le texte de l’Ecclésiastique, xi, 5, multi tyranni sederunt in throno, rend inexactement, d’après’les Septante, l’hébreu qui porte: «Beaucoup qui étaient humiliés [a>toi: ] ont occupé letrône.» — 6° Dans Sap., xit, 14; xiv, 16; I Mach., i, 5; II Mach., IV, 40; v, 8, TÙpocvvo; = tyrannus, est prisdans le sens de chef; II Mach., iv, 25: vii, 27, dans lesens de cruel.

    1. TYRANNUS##

TYRANNUS (grec: T-jpawo; ), rhéteur d’Éphèse, dans l’école duquel logea saint Paul. Act., xix, 9.L’Apôtre y prêcha l’Evangile pendant son séjour dedeux ans, après qu’il eut quitté la synagogue. Les sallesoù enseignaient à cette époque les philosophes portaientle nom de tr^oXai. Tyrannus était sans douteun rhéteur ou philosophe grec qui avait de nombreuxauditeurs et il pouvait mettre ainsi à la disposition dePaul un local assez vaste pour y prêcher l’Evangileaux païens qui voudraient l’entendre. Tyrannus n’étaitpas sans doute chrétien lui-même quand il accueillitsaint Paul dans son école, puisque saint Luc ne lui endonne pas le titre et l’appelle simplement «un certainTyrannus», mais il le. devint probablement dans lasuite. — Suidas, Lexicon, édit. Bernhardy, Halle, 1853, t. ii, col. 1247, mentionne un sophiste appeléTûpawoç, mais on ne sait si c’est celui dont parlentles Actes.

TYROPŒON (VALLÉE DE), à Jérusalem. VoirJérusalem, t. iii, fig. 237, col. 1325-1326; fig. 247, col. 1351-1352; fig. 249, col. 1355-1356. u

U. Voir Vav, col. 2369.

UBIL (hébreu: Vïin; Septante: ’A61a; ; Alexandrinus: O-jëi’aç), intendant des chameaux du roi David.

I Par., xxvii, 30. Il était d’origine ismaélite. Son nomsignifie le chef des chameaux, d’après Gesenius, Thésaurus, p. 15. Les Ismaélites, vivant en Arabie, devaientêtre plus entendus que les Juifs pour l’élève des chameaux.

UCAL (hébreu: ’Ukâl), fils ou élève d’Agur, d’aprèsunejnterprétation assez commune parmi les modernes.Prov., xxx, 1. Voir, sur le sens de ce passage obscur, Agir, t. i, col. 288, Ithiel et Jakéh, t. iii, col. 1039, 1111.

    1. UGOLINO Blasio##

UGOLINO Blasio, savant juif converti de Venise, né en 1748, est l’éditeur de la célèbre collection intituléeThésaurus antiquitatum sacrarum complectensselcclissima clarissimorum virorum opuscula, in quibusveterum Hebrseorum mores, leges, instiluta, ritussacri et civiles illustrantur, 34 in-f°, Venise, 1744-1769.

II contient les écrits des savants les plus célèbres duXVIIe et du xviiie siècle sur les antiquités bibliques, avec une traduction de plusieurs traités du Talmud etdes Midraschim. Il y a là réunis de nombreux opusculesqu’il est aujourd’hui difficile de trouver ailleurs, de Buxtorf, Hottinger, Bonfrère, Selden, Lowth, Reland, Huet, Bochart, Carpzov, etc. Le t. xxxiv renfermequatre index du contenu de l’œuvre entière: Indexauctorum, locorum S. Scriptures, dictionum hebraicarum, et Rerum et Verborum.

ULAI (hébreu: ’Ûlâï; Septante: OùW), fleuve de laSusiane, mentionné dans Daniel, viii, 2, 16. Les auteursclassiques l’appellent Eulœus et Pasitigris; ilporte aujourd’hui le nom de Karoun. Pline, U. N., vi, 27, dit qu’il entourait la ville de Suse. Daniel, viii, 2, 16, décrit une vision (celle du bélier et du bouc), qu’ileut à la porte de Suse, appelée d’Ulaï. Les rivières dela Susiane ont tellement modifié leur cours dans lasuite des siècles qu’il est difficile d’en faire une descriptioncertaine. Voici ce qu’on en sait aujourd’hui: Le Karoun ou Eouran est formé des torrents de laSusiane du nord et du Louristan méridional. Il étaitautrefois navigable jusqu’à la mer, mais il «ne rouleplus qu’une faible partie de ses eaux directement augolfe [Persique]; un canal artificiel l’a détourné vers leChat-el-Arab, et maintenant il n’est plus guère qu’unaffluent du grand fleuve… [Près de Suse, ] la rivièreDizfoul, affluent du Karoun, se rapproche de la Karkha; les deux cours d’eau, développant leurs méandres à larencontre l’un de l’autre, ne sont plus qu’à une distancede quinze kilomètres, et la plaine qui les sépareest assez unie pour qu’on y ait creusé de nombreux canauxd’irrigation dérivés des deux rivières; — en outre, uncanal naturel d’écoulement, le Chapour ou Chahwer, assez large et assez profond pour recevoir les embarcations dé commerce, s’est formé en amont de Suse, et descend au sud-est vers la rivière Karoun: la plainede Suse est donc une petite Mésopotamie et le sol enest aussi fécond que celui des bords de l’Euphrate; c’est à peine si au printemps les chevaux peuvent traverserl’herbe épaisse qui recouvre les campagnesarrosées par le Chapour.» Elisée Reclus, Nouvelle géographieuniverselle, Paris, 1884, t. ix p. 177, 292. Voirla carte de Babylonie, fig. 410, t. i, col. 1361-1362. Surle Karoun, voir J. Dieulafoy, La Perse, la Chaldée etla Susiane, in-f», Paris, 1887, p. 525, 536-539, 718.

ULAM (hébreu’Ûldm; Septante: O0), â(j.), nom dedeux Israélites.

1. ULAM, fils deSarès. descendant de Galaad, le petit-filsde Manassé. Il eut pour fils Badan. I Par., vii, 16-17. Voir Badan 2, 1. i, col. 1381.

2. ULAM (Septante: Aî>dcn; Alexandrinus: OùXâ[i), fils aîné d’Ésec de la tribu de Benjamin et de la descendancede Saùl. Ses fils furent de vaillants archerset eurent cent cinquante fils et petit*-fils. I Par., viii, 39-40.

    1. ULCÈRE##

ULCÈRE (hébreu: màzôr, sehîn; Septante: êXkoç; .Vulgate: ulcus), lésion spontanée et purulente d’unedes parties molles du corps, spécialement de la peauou des membranes muqueuses. Cette lésion provientessentiellement d’une cause interne ou d’un vice local.Les versions ne rendent pas le mot mâzôr, Jer., xxx, 13, ou le traduisent par o8uv^, «douleur», vinculum, «lien». Ose., v, 13. — 1° À la sixième plaie d’Egypte, Moïse prend de la cendre et la jette en l’air pourqu’elle produise des ulcères sur les hommes et sur lesanimaux. Les magiciens ne peuvent imiter ce fléau eten sont eux-mêmes atteints. Exod., ix, 9-ll. Ces ulcèresbourgeonnaient en pustules. Voir Pustules, col. 881.Moïse désigne sans doute un mal de même nature, quand il menace Israël infidèle de «l’ulcère d’Egypte», celui qui était endémique sur les bords du Nil et quis’était généralisé à la sixième plaie. Deut., xxviii, 27.Il parle ensuite d’un ulcère malin et inguérissable, qui frappera les rebelles aux genoux et aux cuisses.Deut., xxviii, 35. Il s’agit ici probablement de l’éléphantiasis, dont Job fut également affligé. Job, II, 7.Voir Éléphantiasis, t. ii, col. 1662; Ebstein, DieMedizin im A. T., Stuttgart, 1901, p. 93. — 2° Lesulcères purulents accompagnent aussi la lèpre, à uncertain degré de son développement. Lev., xiii, 18-20.Voir Lèpre, t. iv, col. 176. — 3° La maladie d’Ézéchiasétait causée par un ulcère. IV Reg., xx, 7; Is., xxxviii, 21. Elle réduisait le patient à une extrême faiblesse: «Comme un lion, il brisait tous mes os,» Is., xxxviii, 13, et elle allait causer sa mort. IV Reg., xx, 1. Lesiège en était cependant localisé, puisque Isaïe guéritle malade par l’application d’un cataplasme de figuessur l’ulcère. IV Reg., xx, 7; Is., xxxviii, 21. II n’y a

pas de relations à établir entre cette maladie du roi etla peste pernicieuse qui fit périr 185000 Assyriensaux environs de Jérusalem. IV Reg., xix, 35. Car> bienque les deux récits se suivent dans la Bible actuelle, il est très probable que la maladie d’Ézéchias précédal’invasion assyrienne. Voir Ézéchias, t. ii, col. 2145.Les renseignements fournis par le texte sacré ne permettentpas de déterminer exactement la nature de lamaladie. L’application du cataplasme de figues neparaît pas non plus très significative à cet égard, caril ressort du texte que la guérison fut surtout miraculeuse.Voir Figue, t. ii, col. 2241; Ebstein, Die Medizin, p. 100. — 4° Le pauvre Lazare gisait T|).xu>[j.évoî, ulceribus plenus, c< couvert d’ulcères», à la porte dumauvais riche. Ses ulcères suppuraient et il n’avaitpas la force d’écarter les chiens qui venaient impunémentles lécher. Luc, xvi, 20, 21. La misère et lemanque de soins avaient déterminé en lui cette décompositiondouloureuse. — 5° Jérémie, xxx, 13, comparele péché d’Israël à un ulcère que personne ne soigne.Osée, v, 13, appelle du même nom l’infidélité de Juda.

H. Lesêtre.

    1. ULFILAS##

ULFILAS, évéque goth et auteur de la versiongothique de la Bible.

I. Vie et œuvres. — l°Wulphila (Wôlflin, le «petitloup» ) était le fils d’un Goth et d’une femme de l’AsieMineure, qui probablement avait été faite prisonnièreà la guerre et était esclave. Il était chrétien. Comme ilparlait grec, il fut choisi pour remplir la fonction delecteur. À l’âge de trente ans, il accompagna une ambassadedes Goths à la cour de l’empereur. Il fut sacréévêque par Eusèbe de Nicomédie, probablement àAntioche, lors du synode réuni en cette ville en 341. Iladopta les erreurs ariennes et appartint au parti homéen, dont les doctrines prévalurent au concile de Constantinopleen 360. Sa profession de foi, publiée au mois dejuin 383 peu avant sa mort, énonce les mêmes doctrines.Il était retourné parmi les Goths, mais la persécutiond’Athanarich l’obligea à repasser sur le sol de l’empireavec un grand nombre de ses fidèles. Selon Auxentius, il aurait, après son sacre, vécu sept années au paysbarbare et trente-trois années en terre grecque. Ilmourut en 383, âgé de 70 ans environ.

2° Son disciple Auxentius nous apprend qu’il aprêché en grec, en latin et en goth et qu’il a publié ences trois langues plures tractatus et multas interpretationes.De ces homélies et explications de l’Ecriture, ilne nous est rien parvenu. On lui a attribué cependantplusieurs écrits: 1. Krafft lui a rapporté les fragmentsd’un commentaire arien sur l’Évangile de saint Luc, publiés par le cardinal Mai, Scriptorum velerum collectio, t. iii, 2, p. 191-207, dont un morceau se trouvaitaussi dans le fragment de Bobbio, ibid., p. 208-239.Cf. Mercati, Antique reliquie liturgiche Ambrosiano-Romane, con un excursus sui fragmenti dogmaticiariani del Mai, dans Studie Testï, Rome, 1902, t. vii, p. 47. Mais ces fragments de commentaire n’ont rienà voir avec Ulfilas. Cf. Zeitschrift fur wissenschaft licheThéologie, t. xlvi, p. 244-245. — 2. Au 44e congrès desphilologues allemands, tenu à Dresde en septembre 1897, Friedberg a prétendu qu’Ulphilas était l’auteur deVOpus imper fectum in Matthxum, longtemps attribuéfaussem*nt à saint Jean Chrysostome. On a montré quel’auteur de cet écrit, qui est, du reste, de la fin duive siècle, sinon du v «siècle, n’était pas un Goth.Cf. Allgemeine Zeitung de Munich, 1897, n» 44; Zeitschriftfur deutsche Philologie, 1898, t. xxx, p. 361-362, 431. F. KaufTmann a soutenu que ce commentairereproduisait au moins des parties d’un écrit goth. Zurdeutschen Alterlumskunde aus Anlass des sogenanntenOpus imperfectum, dans Zeitschrift fur deutschePhilologie, 1899, t. xxxi, p. 451; 1900, t. xxxii, p. 464-472; Zur Frage nach den Queilen des Opus imperfectum, ibid., 1902, t. xxxv, p. 4; 1903, t. xxxv, p. 483-491; Th. Paas, Das Opus imperfectum in Matthseum, Krefeld, 1907. — 3. Une explication de l’Évangilede saint Jean en goth: Skeireins Aiivaggeljontpairte Jôhannân, dont les fragments retrouvés ont étépubliés par Massmann, à Munich, en 1834, et parW. Braun, DieMailânden Blàtter der Skeireins, dansZeitschrift fur deutsche Philologie, 1898, t. xxxi, p. 426-451, a été attribuée à Ulfilas par l’éditeur, parKrafft, Kirchengeschichte, t. i, p. 348, et par Dietrich, qui l’a rééditée: Die Bruchstùcke der Skeireins, dans Texte und Untersuchungen zur altgermanischenReligionsgeschichte. Texte, Strasbourg, 1902, t. il.Mais le Skeireins diffère de la Bible gothique notammentpar l’emploi des participes absolus; il n’est doncpas d’Ullilas, quoiqu’il soit important pour l’étude dela version gothique du quatrième Évangile. Cf. Stolzenbergdans Zeitschrift fur deutsche Philologie, 1905, t. xxxvii, p. 388; K. Marold, Die Schriftcitate derSkeireins und ihre Bedeutung fur die Textgeschichteder gotischen Bibel, Kœnigsberg, 1893. Cl. Auxentius, Epistola de fide, vita et obitu Ulfilse, édit. par G. Waitz, Ueber das Leben und die Lehre des Ulfila, Hanovre, 1840, et par F. Kauffmann, Aus der Schule des Wulfila, dans Texte und Untersuchungen zur altgermanischenReligionsgeschichte. Texte, Strasbourg, 1899, t. l; Philostorge, H. E., 1. II, n. 5, t. lxv, col. 468-469; Socrate., H. E., 1. II, c. xli; Sozomène, H. E., 1. IV, c. xxiv.; 1. IV, c. xxxvii, t. lxvii, col. 349, 1189, 1404-1408; Cassiodore, Historia triparlita, 1. VIII, c. xiii, t. lxix, col. 1118-1120; W. Krafft, Die Anfànge des Christentumsbei den germanischen Volkern, Berlin, 1854, t. i,; W. Bessel, Ueber das Leben des Ulfilas und die Bekehrungder Goten zum Christenthum, Goettingue, 1860; E. Bernhardt, Wulfila oder die gotische Bibel, dansGermanistische Handbibliothek de Zacher, Halle, 1875, t. m; G. Kauffmann, Kritische Untersuchung derQueilen zur Geschichte Ulfilas, dans Zeitschrift furdeutsches Alterthum, t. xxvii, p. 193; F. Kauffmann, Der Arianismus des Wulfila, dans Zeitschriftfur deutsche Philologie, 1898, t. xxx, p. 93-113; Stamm, Ulfilas, 11e édit., par Heyne, Paderborn, 1908; H. Bohmer, art. Wulfila, dans Realencyclopàdie furproteslantische Théologie und Kirche, Leipzig, 1908, t. xxi. p. 548-558.

II. Sa. version gothique de la Bible. — L’évêquegoth Ulfilas, voulant traduire l’Écriture Sainte en salangue maternelle, inventa l’alphabet goth, et sa traductionde la Bible fut le premier document écrit en goth.D’après Socrate, il l’aurait faite au pays des Goths, vers 369. Ses motifs étaient d’ordre pratique: le manquede prêtres ou de lecteurs sachant le grec et pouvanttraduire le texte grec de l’Écriture et le grand nombred’églises chez les Goths le déterminèrent à faire unetraduction écrite pour le’service liturgique. D’aprèsPhilostorge, H. E., . ii, n.5, t.Lxv, col. 469, il n’auraitpas traduit les quatre livres des Rois pour ne pasexciter l’ardeur guerrière des Goths par la lecture desrécits de batailles et de victoires. La traduction de ceslivres n’existait pas encore vers le milieu du Ve siècle.On ne sait pas au juste si Ulfilas a traduit lui-mêmetout le reste de lu Bible. De nos jours, les spécialistessont portés à ne lui attribuer personnellement que latraduction des Évangiles; les autres livres du Nouveauet de l’Ancien Testament auraient été traduits en gothaprès lui. D’ailleurs [il est difficile de se prononcercatégoriquement à ce sujet, puisqu’il ne nous restequ’un petit nombre de fragments delà version gothiquede l’Écriture. C’est exclusivement par ces fragmentsque nous pouvons la juger.

1° Ancien Testament. — Il ne nous est parvenu quede rares fragments: Gen., v, 3-30, d’après un manuscritde Vienne; les deux versets 2 et 3 du Ps. lui (lii)

dans le Skeireins avec les citations des Psaumesqu’on trouve dans les Évangiles de saint Luc et desaint Jean et dans l’Épître auxÉphésiens; enfin quelquesnoms propres, extraits de Neh., v-vn plutôt que d’Esdras, il. Cf. A. Uppstrôm (pour Néhémie), Upsal, 1868; O/Ohrlolï, Die Bruchstûcke nom A. T. der GotischenBibelûbersetzung kritisch untersucht, Halle, 1873; Diealttestamenttictien Bruchstûcke der gotischen Uebersetzung, dans Zeitschrift fur deutsche Philologie, Halle, 1876, t. vii, p. 251-295; E. Laugner, Die gothischenNehemiafragmente, Sprottau, 1903(programme); "J. Mùhlau, Zur Frage nach der gotischen Psalmenûbersetzung, Kiel, 1904 (dissert.). Paul de Lagardeavait supposé que cette version était faite sur la recensionde Lucien. Librorum V. T. pars prior, p. xiv.Cf. A. Kiseh, Der Septuaginta-Codex des Ulfdas, dansM onatschrift fur Geschichte undWissenschaft desJuclenthums, Breslau, 1873, t. xxii, p. 42-46, 85-89, 215-219. F. Kauffmann l’a clairement démontré. ZurQuellenkritik der gotischen Bibelûbersetzung, dansZeitschrift fur deutsche Philologie, 1897, t. xxix, p. 315-337. Mais il conclut que, dans le fragment deNéhémie, ce texte a été traité capricieusem*nt, que laversion n’est pas d’Ulfilas et qu’elle n’a pas été faite auIVe siècle.

2? Nouveau Testament. — Nous n’avons que desfragments des quatre Évangiles et des Épîtres de saintPaul. Il ont été successivement découverts, publiés etétudiés.

1> Les textes. — a) Le Codex Àrgenteus d’Upsal. Voirson histoire, sa description et ses éditions, avec unfac-similé, t. i, col. 948-949. Ajoutons seulement qu’en1665 ce manuscrit se trouvait en Hollande en la possessiond’Isaac Vossius et qu’il fut transcrit ligne parligne par ûerrer. Le manuscrit et sa copie furentachetés en 1662 par le comte Magnus Gabriel de laGardie, qui les donna à l’université d’Upsal. La copiepérit dans un incendieen 1702. Voir encore G. J. Heupel, Dissertatio de Vlphila a versione 1 V evangelislarumgothica, 1683; Vlphilas illustratus de Ihre, reproduitavec d’autres écrits du même par Bùsching, Berlin, 1773. S. Haushall a publié saint Matthieu à Londres en1807, et J. A. Schmeller de même à Stuttgart en 1827.Sur l’édition d’Uppstrôm, voir Gabelentz et Lobe, Vppstrôm’sCodex Argenteus. Eine Nachschrift zu derAusgabe des Ulfilas, Leipzig, 1860. Guillaume Uppstrôma réédité à Stockholm en 1861 les fragments de saintMatthieu de l’édition de son père, André Uppstrôm.N. Skeat a donné à Londres, en 1882, les fragments desaint Marc. Voir enfin I. Peter, Die Zahl Blâlter desCodex Argenteus, dans Germania, Vienne, 1885, nouv.série, t. xviii, p.’314-315; E. Meyer, dans Zentralblattfïir Bibliothekwesen, décembre 1911.

6) Le Codex Carolinus de Wolfenbûttel. — Sousquelques feuilles d’un manuscrit, écrit en Espagne auix* siècle et reproduisant les Origines de saint Isidorede Séville, F. A. Knittel, bibliothécaire de Wolfenbûttel, découvrit quelques fragments de l’Épître aux Romains, xi, 33-36; xii, 1-5, 17-21; xiii, 1-5; xiv, 9-20; xv, 3-13, à côté du texte latin correspondant. Il les publia àBrunswick, en 1762. J. Ihre les réédita à Upsal l’annéesuivante, et cette réédition est reproduite par Bùsching, Berlin, 1773, p. 97. Zahn les réédita encore avec leCodex Argenteus, en 1805. Ce manuscrit goticolatinusest du ve siècle.

c) Nouveaux fragments des Évangiles et desEpîtres.

— Angelo Mai en 1817 découvrit à l’Ambrosienne deMilan sous un palimpseste du VIIIe siècle, provenantdeBobbio et reproduisant les Homélies de saint Grégoirele Grand sur Ézéchiel, G, 22, des fragments de toutesles Épitres de saint Paul sauf les deux Épitres auxThessaloniciens et la lettre aux Hébreux. Sous un autrepalimpseste du IXe siècle, contenant en seconde écriture

le commentaire de saint Jérôme sur Isaïe, il remarquades extraits des mêmes Épitres hormis celles aux Bomainset aux Hébreux. Un manuscrit latin des Évangilescontenait une feuille d’un codex plus ancien, reproduisanten latin et en goth deux passages de saintMatthieu, xxv, 38-xxvi, 3; xxvi, 64-xxvii, qui comblaientpartiellement les lacunes du Codex Argenteus. Mai futaidé dans son travail de déchiffrement par le comteCharles-Octave Castiglione, et ils publièrent ensembleune notice sur leur découverte, avec la description desmanuscrits et un spécimen du texte, Milan, 1819. Mai, devenu bibliothécaire du Vatican, laissa au comteCastiglione le soin de la publication. Celui-ci s’enacquitta par morceaux: en 1829, il donna II Cor.; en1834, Rom., I Cor., Eph.; en 1835, Gal., Phil., Col., I Thés., eten 1839, II Thés., I et II Tim., Tit., Philem., le tout à Milan, avec une traduction, des notes et unglossaire. J. F. Massmann trouva dans un manuscrit duVatican le Skeireins, dont nous avons déjà parlé, et lepublia à Munich en 1834. Ce commentaire de saintJean fournit, en dehors du texte du quatrième Évangile, des citations des trois autres Évangiles et de l’Épîtreaux Hébreux. H. C. de Gabelentz et J. Lobe recueillirenttous les fragments connus tant de l’Ancien quedu Nouveau Testament, collationnèrent soigneusem*ntles manuscrits et, aidés par le comte Castiglione, ilsdonnèrent un texte plus soigné avec une traductionlatine, un glossaire et une grammaire goths, rédigésen allemand, Altenbourg et Leipzig, 1836, 1. 1; Leipzig, 1843, t. n. Cet ouvrage a été reproduit par Migne, Patr. lat., t. xviii, col. 455-1558; mais la grammaireet le glossaire ont été traduits de l’allemand en latinpar Tempestini. Ces textes ont été reproduits et étudiés, comme étant les plus anciens documents de lalangue allemande, par J.Gaugengigl, Vlfilas, Urschrift, Sprachlehre, Wôrterbuch, Passau, 1848, et sous un titrenouveau: Aeltesle Denkmàler der deutschen Spracheerhalten in Ulfilas gotischen Vebersetzung, 3e édit., 1853; 4e édit., 1856; par lî. F. Massmann, Vlfilas, Stuttgart, 1855, 1857; par F. L. Stamm, Ulfila oder dieuns erhaltenen Denkmàler der deutschen Sprache(texte, grammaire et dictionnaire), Paderborn, 1858; depuis la 5e édit., en 1872, cet ouvrage a été revu parM. Heyne; 11e édit., 1908; A. Uppstrôm, Fragmentagothica selecta, Upsal, 1861; Codices gotici Ambrosiani, etc., Upsal, 1868. Reilferscheid découvrità Turin quatre feuilles ayant appartenu au manuscritde Milan, et Massmann les édita, Turiner Blàtlerder gotischen Bibelûbersetzung, dans Germania, Vienne, 1868, t. xiii, p. 271-284. Les fragments nouveauxétaient des Épîtres aux Galates et aux Colossiens.E. Bernhardt, qui avait publié: Krilische Vntersuchungenûber die gothische Bibelûbersetzung, Meiningen, 1864, 1869, donna deux éditions de la versiongothique de l’Écriture: Vulfllaoder die gotische Bibel, mit derti entsprechenden Text, Halle, 1875; Diegotische Bibel des Vulfda (texte, variantes et glossaire), Halle, 1884. G. H. Balg a édité cette Bible avec introduction, syntaxe et glossaire: The flrst Teulonic(Germanie) Bible, Milwaukee, 1891; P. Odefey, Dasgotische Lukas-Evangelium, Flensburg, 1908; W. Streitberg, Die gotische Bibel, dans Germanische Bibliothek, part. II, t. iii, 1, Heidelberg, 1908; t. iii, 2 (dictionnairegoth, grec, allemand), 1910. Cf. K. Marold, Stichometrieund Leseabschnitte in den golhischen Episteltexten, Kœnigsberg, 1890; J. M. N. Kapteijn, Die Uebersetzungstechnikder gotischen Bibel in den PaulinischenBriefen, dans Indogerm. Forschungen, 1911, t. xxiXifasc. 3 et 4.

d) Un nouveau fragment bilingue, gothique-latin, comme le Codex Argenteus, a été acheté au cours desannées 1907-1908 auprès d’Antinoé dans la Haute-Egypteet apporté à Berlin en 1908. Il appartient maintenant à

la bibliothèque de l’université de Giessen, n. 651/20.Deux pages de parchemin reproduisent incomplètementle texte latin de Luc, xxiii, 2-6; xxiv, 5-9, et le testegothique de Luc, xxiii, 11-14; xxiv, 13-17. Le fragmentlatin a été étudié par P. Glaue et le fragment gothpar K. Helm, Das gotisch-lateinische Bibelfragmentder Universitâls-bibliothek zu Giessen, Giessen, 1910.M. Glaue a montré que le texte latin se rapprochait detrès près de celui du Codex Brixianus de l’ancienneItalique et il pense que le fragment bilingue a étéapporté en Egypte par un soldat, un clerc ou un moinegoth. Des indices paléographiques permettent de ledater du commencement du v B siècle, et le texte estécrit per cola et commata. La reconstitution du textegothique a été d’autant plus difficile à M. Helm que letexte est incomplet et qu’il n’a pas son pendant dansles fragments connus jusqu’à présent. F. Ruhl a étudiél’origine de ce fragment bilingue, et il conclut quevraisemblablement il a été rédigé en pays vandale etapporté en Egypte par les soldats. Zur Herkunft deriateinisch-gotischen Bibelfragmente, dans Zeilschriftfàr neutestamentliche Wissenschaft, 1911, t. xir, p. 8586. Cf. Journal of theological Sludies, 1910, t. xi, p. 711-613. W. Streiberg s’en est occupé dans l’introductionde la seconde partie de Die gotische Bibel, Heidelberg, 1910. Cette découverte récente est venueconfirmer les conclusions qu’on avait précédemmenttirées sur les caractères de la version gothique duNouveau Testament.

2. Caractères de cette version. — Ils se rapportent àdeux points: a) dépendance directe du texte grec antiochienou syrien; b) ressemblances avec la version latinedite l’Itala. — a) Dépendance directe du texte grecd’Anlioche. — E. Bernhardt avait cru que la versiongothique du Nouveau Testament se rapprochait de trèsprès du Codex Alexandrinus B et il en avait concluqu’Ulfilas avait traduit le texte grec sur un manuscritparent de B. La comparaison exacte de la traductiongothique avec ce manuscrit n’autorise pas cette conclusion.En réalité, cette version a été faite sur un textegrec semblable à celui que présentent les manuscritsantiochiens du texte dit syrien, spécialement à celuique cite et commente saint Jean Chryspstome dans sesHomélies sur saint Matthieu et saint Jean, avec quelquesdivergences toutefois. Sur les rapports de saint JeanChrysostome avec les Goths, voir Batiflol, dans la Revuebiblique, 1899, p. 568-569. Tous les critiques antérieurs, depuis Fell, avaient reconnu cette parenté. F. Kauffmann, dans Zeilschrift fur deutsche Philologie, 1897, t. xxix, p. 306-315. Les manuscrits onciaux, auxquelsressemble la version gothique, sont EFGHSUVAIT.F. Kauflmann, ibid., 1898, t. xxx, p. 143-183; 1899, t. xxxi, p. 181-190; 1903, t. xxxv, p. 433-453, 458-463; E. Dietrich, Die Bruchstucke des Skeireins, Strasbourg, 1903. H. von Soden a reconnu aussi à la base de laversiota gothique un texte grec tout à fait analogue àcelui des Pères cappadociens et de saint Chrysostomeiun texte de la KolvVJ, dans lequel des leçons de /avaientpénétré ça et là. Aussi comme cette traduction a peude leçons particulières au sens propre du mot, ellepeut servir à la reconstitution du texte de la Koivt|. DieSchriften des N. T., Berlin, 1907, 333, p. 1469-1470.Le traducteur, en effet, a suivi de très près le textegrec, sur lequel il travaillait, et dans la plupart descas, il le traduit mot à mot; le plus grand nombre desdifférences provient du génie propre de la languegothique, desrègleB de sa syntaxe; elles sont purementgrammaticales. H. Stolzenberg, Die Uebersetzungstechnikdes Wulfila unlersucht auf Grund der Bibelfragmentedes C. A., dans Zeilschrift fur deutschePhilologie, 1905, t. xxxvii, p. 145-193, 352-388. Letraducteur insère dans son œuvre des mots grecs etlatins. C. Elis, Ueber die Fremdworte und fremden

Eigennamen in der gotischen Bibelùbersetzung ingrammatischer und archâologischer Hinsichl (dissert.), Gœttingue, 1903; K. Gæbeler, Die griechischen Beslandteilein der gotischen Bibel, dans Zeitschrift furdeutsche Philologie, 1911, t. xliii, p. 1-118.

6) Ressemblances avec l’Itala. — Cependant la versiongothique contient quelques leçons dites occidentales, qui se rencontrent notamment dans la versionlatine nommée l’Itala. Bangert, Der Einfluss lateinischerQuellen auf die gothische Bibelùbersetzung desTJlfila, Rudolstadt, 1880 (progr.), et Marold, KritischeUntersuchungen ùber den Einfluss der lateinischenauf die gotische Bibelùbersetzung (dissert.), Kœnigsberg, 1881, en avaient conclu qu’elle avait été revue auVIe siècle, à l’époque où les Goths occupaient l’Italie, sur la’ulgate latine, qui n’est qu’une revision deYltala. Mais un examen plus attentif du sujet a montréque la version gothique ressemblait étonnamment auBrixianus et au Monacensis, deux manuscrits deYltald non revisée. Cf. F. Kauffmann, dans Zeitschriftfur deutsche Philologie, 1899, t. xxxi, p. 177-180, 190194; F. Conybeare, dans The Journal of theologicalsludies, 1899-1900, t. i, p. 129-134; H. C. Hoskier etF. Conybeare, ibid., 1911, t. xii, p. 456-459; H. Stolzenberg, dans Zeitschrift fur deutsche Philologie, t. xxxvii, p. 388-392. Bien plus, le Brixianus a les mêmes lettresd’argent et la même écriture violette que le CodexArgenteus d’Upsal; ils sont tous deux de la mêmeécole calligraphique italienne. Or, le Brixianus contientdeux feuillets étrangers, que Bianchini avait édités, Evangeliarium quadruplex, et qui sont reproduitspar Migne, Pair, lat., t. xii, col. 18-19, et par Bernhardtavec une traduction allemande, Zeitschrift furdeutsche Philologie, 1870, t. ii, p. 295 sq. Voir aussiJ. Drâseke, Der Gothen Sunja und Frithila Prœfaliozum Codex Brixianus, dans Zeitschrift fur wisscnschaftlicheThéologie, 1907, t. L, p. 107-117. Ils contiennentun fragment d’une polémique contre saint Jérômeet le mode de traduction, qui tient compte du sensplutôt que des mots, qu’il a suivi dans sa revision del’Itala. Or, le saint docteur répond aux mêmes reprochesque lui avaient faits deux prêtres goths, Sunnia et Fretella, au sujet de sa traduction des Psaumes. Epist. cvi, ad Sunniam et Fretellam, t. xxii, col. 857. Cf.J. Mûhlau, Zur Frage nach der gotischen Psalmenùbersetzung, Kiel, 1904, p. 19-26. Enfin, on remarquedans la version gothique des notes marginales sur lesétymologies des mots grecs et latins. Toutes ces considérationsont amené F. Kauffmann, dans Zeilschrift furdeutsche Philologie, 1900, t. xxxii, p. 305-335, à conclureque Sunnia et Fretella sont les auteurs de la préface, intercalée dans le Brixianus, et qu’ils l’ont placée entête d’une édition critique de la version gothique, faite, vers 410, par eux en vue de la rendre plus littérale.Au vie siècle, cette édition fut mise en rapport étroitavec le Bi-ixianus et la Vulgale de saint Jérôme, en unmanuscrit bilingue ou peut-être même trilingue, dontnous avons un reste dans le Carolinus de Wollfenbûttel.Le Brixianus aurait été copié sur un manuscrit goticolatinus, dont le texte gothique est reproduit dans leCodex Argenteus, écrit, comme le Brixianus, dans lenord de l’Italie. La découverte du fragment goticolalinusd’Antinoé vient confirmer ces conclusions, etM. Glaue pense même que ce fragment, antérieur auVIe siècle, est un reste du travail de Sunnia et Fretella.Das gotisch-lateinische Bibelfragment der Universitâtsbibliothekzu Giessen, p. 9-14.

Toutefois, M. von Soden, loc. cit., n’admet pas cetterevision de la version gothique et il croit que les manuscritsnous donnant le texte pur d’Ulfilas. Il expliqueautrement les ressemblances de cette version avec lesmanuscrits de l’Itala. Selon lui, elles proviennent dece que l’Itala a subi l’influence de la recension I, dont

la version golhique reproduit certaines leçons. MaisM. Nestlé y trouve avec raison des traces d’une revisionpostérieure; et il en signale quelques-unes. Einfuhrungindas GriechischeNeueTestament, 3e édit., Gœttingue, 1909, p. 154-155. Cf. F. G. Kenyon, Randbook to thetextual criticism of theNew Testament, Londres, 1901, p. 204; K. Lake, The text of New Testament, 4e édit., Londres, 1908, p. 46.

Cf. J. L. Hug, Einleitung in die Schriften desN. T., 4e édit., Stuttgart et Tubingue, 1847, § 130-142, t. i, p. 431-460; E. Sievers, Gotische Literatur, dansH. Paul, Grundriss der germanischen Philologie, Strasbourg, 1889, t. ii, p. 65-70; E. Eckstein, Ulfilasunddie gotische Uebersetzung der Bibel, dans IllustrierteMonatschrift, décembre 1892, p. 403-407; Dictionaryof the Bible, de Hastings, Edimbourg, 1902, t. IV,

1. UR (hébreu: ’Ûr; Septante: ©upoçâp), nom probablementaltéré du père d’un des vaillants soldats deDavid, appelé Éliphal. I Par., xi, 35. Dans IIReg., xxiii, 34, Éliphal est appelé ÉliDhéleth, fils d’Aasbal. VoirÉliphéleth 1, 1. 1, col. 1686.

2. UR DES CHALDÉENS (hébreu: ’Ûr Kasdim; Septante x">P æ T&v XaXSSùiiv), ville de Chaldée. Enassyrien’ûr signifie «ville», et c’est pour distinguercette ville des autres villes en général qu’elle estappelée Ur des Chaldéens. — 1° La Genèse, xi, 28, nous apprend qu’elle était la patrie d’Aran, fils deTharé et frère d’Abram (Abraham), et c’est de là quepartit Tharé avec Abraham, son fils, pour se dirigervers la terre de Chanaan. Gen., xi, 31. — 2° Le secondlivre d’Esdras, ix, 7, rappelle cette origine du père des’ «sm^^fs®^ t

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537. — Ruines d’Ur (Mugheir). D’aprèsTaylor, Journal ofthe Asiatic Society, 1855, t. xv, entre p. 260 et 261.

p. 861-863; CE. Gregory, Textkritik des N. T., Leipzig, 1902, t. ii, p. 730-733; 1909, t. iii, p. 1343; E. Nestlé, Einfuhrung in das Griechische Neue Testament, 3e édit., Gœttingue, 1909, p. 153-155; A. Risch, Diegotische Bibel, dans Studien und Kritiken, t. lxxxiii, 1910, p. 515-619; F. Kauffmann, Zw Textgeschichte dergotischen Bibel, dans Zeitschrift fur deutsche Philoloflfie, 1911, t. XLin, p. 118-132; Id., Beitrâgezur Quellenkritikder gotischen Bibelùberseltung, ibid., p. 401-428.

E. Mangenot.UNICORNE (hébreu: re’êm; Septante: jjiovo/.épw; , àaSpôç), animal sauvage nommé dix fois dans l’Écriture.Num., xxiii, 22; xxiv, 8; Deut., xxxiii, 17; Job, xxxix, 9, 10; Ps. xxii, 22; xxix, 6; xlii, 10; xcii, ll; Is., xxxiv, 7. La Vulgate traduit re’êm par unicornis, Ps. xxi, 22; xxviii, 6; lxxvh (hébreu: lxxviii), 69: «les hauteurs»; rdmîm); Ps. xci, 11; Is., xxiv, 7. Elle le rendpar rhinocéros, Num., xxiii, 22; xxiv, 8; Deut., xxxiii, 17; Job, xxxix, 9, 10. Voir Rhinocéros, col. 1088. Lere’êm ou rêm est en réalité le bœuf sauvage, l’aurochs.Voir Aurochs, t. i, col. 1260; Licorne, t. iv, col. 244.

    1. UPSAL##

UPSAL (CODEX D’). Voir Codex Argenteus, 1. 1, col. 948-949, le fac-similé, fig. 252, vis-à-vis col. 948; Ulfilas, col. 2351.

Juifs sorti de’Ûr Kaidîm pour aller dans la contréedestinée à devenir le séjour de ses descendants. Dansce passage, les Septante traduisent yûçx twv Xoc).-Saitov, comme ils l’avaient fait dans la Genèse, xi, 28, mais la Vulgate latine, au lieu de Ur Chaldseorum, nom dont elle s’était servie avec raison dans la Genèse, traduit de igné Chaldseorum, en adoptant une légendejuive, fondée sur ce que le mot’ûr en hébreu a, entreautres significations, celle de «feu», ce qui avait faitcroire aux rabbins que les compatriotes d’Abrahamavaient voulu le faire brûler dans une fournaise. Rienne prouve que cette légende ait le moindre fondement.— 3° Saint Etienne, dans son discours, Act., vm. 4, dit en parlant d’une manière générale qu’Abraham «sortit de la terre des Chaldéens, et alla habiter àHaran,» indiquant ainsi d’une manière très précise lepays où était situé Ur.

Ur Kasdim porte aujourd’hui le nom de Mughéir.Quand le voyageur descend le cours de l’Euphrate, àpeu près à moitié distance entre Babylone et l’embouchuredu Chat el-Arab dans le golfe Persique, il remarqueà l’ouest, sur une légère élévation, un monceaude ruines (fig. 537). Ce sont les restes d’Ur Kasdim.La plaine à l’entour est si basse que, lorsque les eauxgrossissent annuellement, elle devient un véritable

marais, au milieu duquel Mughéir prend l’apparenced’une île où l’on ne peut aborder qu’en bateau. Il n’enétait pas ainsi quand y naquit Abraham. Les eaux del’Euphrate, «la vie de la contrée», comme l’appellentles textes assyriens, Cuneifomi inscriptions of WesternAsia, t. ii, pi. 51, 25, n’inondaient point alors impétueusem*ntla campagne, mais, emprisonnées dansdes canaux et savamment distribuées, elles la fertilisaientau lieu de la rendre malsaine. La ville d’Ur étaitflorissante, luttant pour la grandeur et la civilisation avecla Babylone contemporaine. Les sciences et les artsy étaient cultivés et on y écrivait sur l’argile des livresdont les copies nous ont été partiellement conservées.On y a.trouvé les restes encore imposants d’un templeà étages (voir fig. 537), construit en l’honneur dudieu Sin (la lune), d’où sans doute le nom de Kamarina(de kamar, en arabe, «la lune» ), qui était donné àUr. Eupolème, dans Eusèbe, Prsepar. Ev., ix, 17, t. xxi, col. 708. Ce temple avait été construit longtemps avantAbraham. Ses ruines ont plus de vingt mètres de hauteur.Il était à trois étages, de forme rectangulaire, parfaitement orienté et construit en larges briques. Ils’élevait sur une plate-forme dont la longueur était deplus de soixante mètres et la largeur de quarante538. — Maison chaldéenne d’Ur.

D’après Taylor, Notes on the ruins of Muqeyer,

dans Journal of the Royal Asiatic Society, t. xv, p. 266.

quatre. Abraham a dû voir souvent le monument dontles débris subsistent encore, après avoir reçu plusieursréparations successives.

Les fouilles nous ont fait aussi connaître ce qu’étaientles habitations des anciens habitants. «On a mis aujour parmi les ruines (d’Ur)… les restes de quelquesmaisons où logeaient sans doute des gens de bonnefamille. Elles sont construites en belles briques, dontune couche mince de bitume cimente les lits, et ellesn’aventurent au dehors que des lucarnes percées irrégulièrementvers le haut des parois; la porte basse, cintrée, défendue de lourds vantaux en bois, forme uncorridor aveugle et sombre qui aboutit d’ordinaire à lacour, vers le centre des bâtiments. On distingue encoreà l’intérieur de petites salles oblongues, tantôt voûtées, tantôt couvertes d’un plafond plat que des troncs depalmier soutiennent; les murs atteignent le plus souventune épaisseur considérable (fig. 538), dans laquelleon pratiquait çà et là des niches étroites. La plupartdes pièces n’étaient que des magasins et contenaientles provisions et la richesse de la famille; d’autresservaient à l’habitation et recevaient un mobilier… fortsimple.» G. Maspero, Histoire ancienne des peuplesde l’Orient classique, t. i, p. 745-746.

C’est peut-être dans une maison de ce genre quenaquit Abraham et que s’écoula son enfance. Cependantun certain nombre de savants pensent que Tharé, son père, menait la vie pastorale et vivait en nomadesous la tente à Ur ou dans son voisinage. Les Septante, ne connaissant pas d’ailleurs peut-être l’existence de laville d’Ur, le font vivre simplement s dans la terre desChaldéens.»

Les commentateurs ont été aussi très partagés et lesont même encore sur l’identification d’Ur Kasdim. Il

n’est plus guère possible de soutenir avec quelquevraisemblance, comme on l’a fait autrefois, que UrCasdim est Orfah ou Édesse en Mésopotamie. Ad.Neubauer, La géographie du Talmud, in-8°, Paris, 1868, p. 379, a émis l’opinion singulière que Cuthaest peut-être l’Ur Casdim de la Bible. Les titres de laville antique, sur les débris de laquelle s’élève aujourd’huiMughéir, semblent bien les mieux établis pourréclamer la gloire d’avoir donné le jour au patriarcheAbraham. — Voir F. Vigouroux, La Bible et les découvertesmodernes, 6e édit., t. i, p. 417-433.

URAI (hébreu: ’Irî; Septante: Oùpi), cinquième filsde Bêla, de la tribu de Benjamin. I Par., vii, 7.

    1. URBAIN##

URBAIN (grec: Oùpëdcvoç, nom latin grécisé), chrétiende Rome. Saint Paul le salue dans son Épitre auxRomains, xvi, 9, et l’appelle «notre coopérateur (<yuvepY<Sv) dans le Christ Jésus.» I1 n’est connu que par cepassage dans le Nouveau Testament. Il mourut martyr; sa fête est marquée au 31 octobre. — Un esclave appeléUrbain est mentionné Corpus inscript, lat., t. vi, n. 4287.

    1. URBINAS##

URBINAS (CODEX). Ce manuscrit grec des Évangilesappartient au fonds d’Urbino de la BibliothèqueVaticane. Il fut apporté d’Urbino au Vatican par lepape Clément VII. C’est un manuscrit d’écriturecursive, XIIe siècle, de 325 feuillets à une colonne, mesurant18 cent, sur 13. Majuscules dorées, exemplairede luxe, exécuté pour l’empereur Jean II Porphyrogénète, et, croit-on, en 1128. Le texte en est composite etprésente des leçons anciennes remarquables. Il a étécollationné par Scholz, et avant Scholz étudié parBianchini. Voyez Gregory, Prolegoniena, ^. 500-501.

P. Batiffol.

URI (hébreu: "Ûrî de’ûr, «enflammé» ), nom detrois Israélites.

1. URI (Septante: Oùpeia; ; Oùpec, dans I Par., Il, 20), fils d’Hur, descendant de Caleb, fils d’Hesron, dela tribu de.Tuda, et père de Béséléel. Exod., xxxi, 2; xxxv, 30; xxxviii, 22; I Par., ii, 20; II Par., i, 5.

2. URI (Septante: ’A5ai; Lucien: ’ASôocî), père deGaber, l’un des préfets de Salomon, chargé de l’approvisionnementde sa cour dans le pays de Galaad.III Reg., iv, 19.

3. URI (Septante: ’Q80û6; Alexandrinus: ’QSouî; Lucien: Oùpîa^), un des Lévites portiers. IEsd., x, 24.Il avait épousé une femme étrangère et fut obligé des’en séparer du temps d’Esdras.

URIE (hébreu: ’Ûriyâh, ’Ûriydhû, «Jéhovah est malumière» ou «flamme de Jéhovah» ), nom d’un Héthéenet de trois Israélites.

1. URIE (Septante: O-jpeca; ), héthéen, un des trentevaillants soldats de David, II Sam. (Reg.), xxiii, 39; I Par., xi, 41, et mari de Bethsabée. II Reg., xi, 3; Matth., i, 6. Quoique étranger, son langage, II Reg., xi, 11, montre qu’il pratiquait la religion juive. Ilépousa Bethsabée, femme d’une rare beauté, et ce futpour son malheur. Sa maison à Jérusalem était au-dessousdu palais royal. David l’aperçut sur le toit desa demeure, lorsqu’elle prenait un bain, et conçutpour elle une passion criminelle à laquelle elle nerésista point. En ce moment, CJrie était loin, prenantpart au siège de Rabbath Ammon dans l’armée de Joab.Pour dissimuler sa faute, David se fit envoyer Urie sousprétexte de lui apporter des nouvelles de la guerre, mais il ne put décider ce vaillant soldat à aller passer

la nuit dans sa propre maison. «L’arche de Dieu, etIsraël et Juda, lui répondit-il, habitent sous la tente, et mon seigneur Joab et les serviteurs de mon seigneurdemeurent en rase campagne, et moi j’entrerais dansma maison!» II Reg., xi, 11. Sa généreuse conduitefut la cause de sa mort. Le roi, n’ayant pu le déterminerà rentrer chez lui, le fit porteur d’une lettreà Joab, dans laquelle il chargeait ce dernier d’exposerUrie à l’endroit le plus dangereux du combat, afinqu’il y trouvât la mort, et le général israélite n’hésitapas à exécuter cet ordre inique et cruel et à faire périrce brave soldat. II Reg., xi. Le prophète Nathan reprochaau roi avec raison d’avoir frappé lui-même Urie parl'épée des filsd’Ammon. II Reg., XII, 9. Ce fut là la grandetache du règne de David, III Reg., xv, 5, et Dieu la luifit expier sévèrement, II Reg., xii, 11, 14-18, quoiqu’illui pardonnât à cause de sa pénitence exemplaire, y. 13.

2. urie (Septante: OOpt’a; ), grand-prêtre du tempsd’Achaz, roi de Juda. Sur l’ordre de ce prince, il construisit, IV Reg., XVI, 10, un autel au sujet duquel les |opinions sont partagées, ainsi que sur la nature dusacrifice qui y fut offert. D’après les uns, ce sacrificefut célébré en l’honneur des dieux de l’Assyrie, d’aprèsles autres en l’honneur du vrai Dieu, parce qu’il futoffert par le souverain pontife et conformément auxprescriptions de la Loi. Ces derniers, pour justifierleur opinion, s’appuient sur ce que dit Isaïe d’Urie, qui, viii, 9, le compte comme un des deux témoinsfidèles qui peuvent attester l’authenticité de la prophétieconcernant Maher-Salal-haS-baz. Il n’est pascertain que l’Urie constructeur de l’autel soit le mêmeque celui dont parle Isaïe, mais c’est néanmoins fortprobable. Quoi qu’il en soit, le fait raconté dans Isaïeest antérieur à l'événement rapporté dans les Rois; Urie n’aurait donc été infidèle à son devoir que postérieurementà ce que dit de lui le prophète. — Urie n’estpas nommé dans la généalogie sacerdotale, I Par., vi, 4-15, mais il y a des lacunes entre Amasias, y. 11, etSellum, y. 13.

3. URIE (hébreu: 'Ûriydkû; Septante: OCipîaç), prophète, fils de Séméi de Cariathiarim. Il prophétisa sousle roi Joakim contre Juda et Jérusalem et ce princevoulut le faire mettre à mort. Pour échapper à sa colère, Urie se réfugia en Egypte, mais Joakim l’y fit poursuivrepar ses gens qui, avec le consentement du pharaon, le ramenèrent en Palestine et le remirent entreles mains du roi. Joakim le fit périr par le glaive et ordonnade jeter son corps au milieu des tombeaux de lapopulace. Jer., xxvi, 20-23.

4. URIE (Septante: Oûpia; ), chef de la septième famillesacerdotale, cf. I Par., xxiv, 10, père de Mérémoth.Celui-ci revint avec Esdras de la captivité enPalestine. I Esd., viii, 33; II Esd., iii, 21; viii, 4. VoirMérémoth, t. iv, col. 996.

    1. URIEL##

URIEL (hébreu ': 'ÛrVêl, «El (Dieu) est ma lumière

  • ; Septante: OOpufjX), nom de deux Israélites.

1. URIEL, fils de Thaheth et père d’Ozias, Lévite, chef des Caathites. IPar., vi, 24 (9); xv, 5, 11. Il vivait-du temps de David et prit part, comme chef des Caathites, avec 120 d’entre eux, au transport de l’arche dela maison d’Obédédom à Jérusalem.

2. URIEL, de Gabaon, grand-père maternel d’Abia etpère de la reine Michaïa ou Maacha, femme de Roboam.Il Par., xiii, 2. Voir Maacha 4, t. iv, col. 465.

    1. URIM et THUMMIM##

URIM et THUMMIM (hébreu: 'ûrîm ve-tùmmîm; Septante: 6rjXa)<71; ou 6tj).oi x «l àï.rfiv.x ou ôsiôtt,; ; Yulgate: doctrina et veritas), oracle au moyen duquelles anciens Israélites connaissaient la volonté deJéhovah. Ce qui concerne l’Urim et Thummim est enveloppéd’obscurité.

1° Signification des mots. — Les anciens traducteursont attribué aux deux mots des étymologies qui trahissentleur embarras. Si 'ûrîm vient de 'or, «lumière», ou de 'ûr, t feu», mots dont le sens était bien connu, pourquoi les traductions 8r|Xw<rtî ou SïjXoi, «indication», action de rendre visible? Aquila rend plus littéralementpar 9<diH7, aoî, «illuminations». La Vulgate traduitpar doctrina, donnant ainsi à 'urîm un sens intellectuelqu’il n’a pas, et qui d’ailleurs ne convient pas à lachose, puisqu’il ne s’agit pas ici de révélation sur ledogme ou la morale. Quant à tùmmîm, qui ne^pourraitvenirque de fôm, «plénitude, totalité, perfection», Aquila: teXskôcti; , on ne voit pas qu’il puisse aboutirrégulièrement au sens de àXïjôsia, veritas, «vérité», ou âmÔTïiç, «sainteté». Il est donc à croire que lesanciens traducteurs ne connaissaient plus exactementle sens originel des deux mots 'ûrîm et (ûmmîm, etqu’ils les ont rendus par à peu près, en s'écartantnotablement de la signification courante de 'or et detôm. Ils ont supposé d’ailleurs avec raison que la forme

539. — Pectoral égyptien, représentant le dieu Ra et la déesse Ma.

D’après Wilkinson, Manners and customs, édit. Birch,

t. iii, p. 183.

plurielle des deux mots pouvait marquer l’excellencedes objets plutôt que leur pluralité. — Gerber, Diehebrâisch. Verba denominativa, 1896, p. 195, penseque 'ûrîm viendrait plutôt de 'ârar, «exécrer», en assyrien arâru, et Schwally, dans Zeitschrift fur dieàlltest. Wissenschafl, t. xi, p. 172, prête à tûmmîmlesens de berâkàh, «bénédiction». De la sorte, le Thummimserait favorable et l’Urim défavorable. — Descommentateurs croient retrouver en Egypte l’origine del’Urim et Thummim. Le grand-prêtre égyptien, quandil rendait ses jugements comme souverain juge, portaitun pectoral sur lequel était représenté Ra, le dieu de lalumière, d’où Urim, et Ma, avec l’article Tma, la déessede la justice (fig. 539), Riehm, Handwôrterbuch des biblischenAltertums, 2e édit., 1893, 1. 1, p. 931. — D’aprèsDhorme, Les livres de Samuel, Paris, 1910, p. 124, lesens des deux mots devrait être emprunté à l’assyrien: 'ûrîm viendrait de urê, de la même racine que urlu, «précepte, loi», et fûmmim, pluriel de tummu, dériveraitde tamû, «prononcer une conjuration, uneformule magique». — L’Urim et le Thummin sontordinairement nommés ensemble. Une fois, Deut., xxxiii, 8, les deux termes sont intervertis, et deuxautres fois. Nom., xxvii, 21; I Reg.j xxviii, 6, l’Urimest nommé seul. Le plus souvent, il est seulementquestion de «consulter Jéhovah».

2° Institution. — Moïse reçut nie Dieu cet ordre: «Tu mettras au pectoral du jugement l’Urim et leThummim, pour qu’ils soient sur le cœur d’Aaronlorsqu’il se présentera devant Jéhovah, et qu’ainsi ilporte constamment sur son cœur, devant Jéhovah, lejugement des enfants d’Israël.» Exod., xxviii, 30Lev., viii, 8. L’expression employée dans ce passage, nàtatta 'él ItoSén, êTciÔïjtjeiç èiti tô Xofeïov, pones inralionali, «tu mettras dans le pectoral» ou «sur lepectoral», est identique à celle qui ordonne de mettre

dans l’Arche les labiés de la loi: ndtatld’él hd’ârôn, è|/.6aXetç et; tt, v xiëtoTov, portes in arca. Exod., xxv, 16.On peut déjà conclure de là que l’objet en questionest distinct du pectoral et qu’il est réel et visible. Sadestination fait donner au pectoral le nom de «pectoraldu jugement», c’est-à-dire au moyen duquel Dieufait connaître ses jugements, ses décisions. Il est nécessairequ’il soit sur le cœur d’Aaron. Dans le poèmechaldéen de la création, i, 137, on voit Tiamat donnerà son lieutenant, Qingou, «les tablettes du destin» etles accrocher à sa poitrine. Cf. Dhorme, Textes religieuxassyro-babyloniens, Paris, 1907, p. 19. De même, l’Urim et Thummim sont fixés sur la poitrine du grandprêtre.Après Aaron, Eléazar se servira de l’objet pourfaire connaître à Josué les volontés de Jéhovah: c< Ilse présentera devant le prêtre Éléazar, qui consulterapour lui le jugement de l’Urim devant Jéhovah; c’estsur son ordre que Josué sortira, sur son ordre qu’ilentrera, lui, tous les enfants d’Israël et toute l’assemblée.» Num., xxvii, 21. Il suit de là que l’Urim et leThummim est comme l’oracle de Jéhovah, l’organe deson pouvoir théocratique. Il est aux mains du grandprêtre, qui seul peut le consulter devant Jéhovah, c’est-à-direavec l’intention d’obtenir de Jéhovah une réponse.Cependant l’oracle ne s’occupe pas des intérêts particuliers; il est seulement à l’usage du peuple toutentier et de son chef. Le texte sacré ne fournit pasd’autres détails précis sur la nature et le fonctionnementde l’oracle.

3° Consultations. — Les livres historiques enregistrentun certain nombre de consultations adressées àJéhovah par l’Urim et le Thummim, sans qu’on puisseassurer qu’elles aient été les seules. Ces consultationsfournissent certains renseignements sur la manièredont l’oracle répondait. Il est probable d’ailleursqu’on ne recourait à l’oracle que quand on ne pouvaitêtre éclairé par les moyens ordinaires. Quand Josuéet les Israélites se laissèrent tromper par la feinte desGabaonites, ce fut «sans consulter la bouche de Jéhovah.» Jos., ix, 14. Ils auraient dû, en cette occasion, en appeler à Jéhovah. Il est à croire que, conformémentà l’ordre reçu, Num., xxvii, 21, Josué ne manquapas de le faire en plusieurs autres circonstancesimportantes. Il est possible que les communicationsfaites à Josué par Jéhovah aient eu l’Urim et le Thummimpour intermédiaire. Jos., i, 1; iii, 7; iv, 1; etc. — Après la mort de Josué, les Israélites demandentà Jéhovah qui doit prendre la tête de l’invasioncontre les Chananéens, et l’oracle répond: «Juda montera; voici que j’ai livré le pays entre ses mains.» Jud., 1, 2. — Pendant la guerre contre les Benjamites, l’oracle est consulté par trois fois, et il commande àJuda de marcher en avant, et à tout Israël de marchercontre Benjamin. Jud., xx, 18, 23, 28. — Après l’électionde Saùl, l’oracle révèle la cachette où se tient lenouveau roi. I Reg., x, 22. — Deux fois Saûl, devenuinfidèle, consulte Jéhovah, pour savoir s’il doit poursuivreles Philistins, I Reg., xiv, 36, 37, et ce qu’ildoit faire à Gelboé. I Reg., xxviii, 6. En ces deuxcirconstances, l’oracle ne répond pas; les songes et lesprophètes n’en disent pas davantage. Jéhovah se refusedonc formellement à diriger le roi réprouvé. — David, déjà oint par Samuel, se réfugie à Nobé, près dugrand-prêtre Achimélech. Le traître Doëg rapporteensuite à Saül qu’Achimélech a consulté Jéhovah pourDavid. Pour se défendre, Achimélech dit à Saùl: «Est-ce anjourd’hui que j’aurais commencé à consulterDieu pour lui?» faisant entendre, sans doute, qu’ilavait déjà interrogé l’oracle à l’occasion des missionsconfiées par le roi à son gendre, mais qu’il n’auraitpas commencé à le faire le jour où Saül accusait Davidde rébellion. I Reg., xxii, 10-15. — À Ceïla, David dità Abiathar, successeur d’Achimélech: «Apporte

l’éphod,» et il demande si Saül viendra et si les habitantsde Céïla le livreront. L’oracle répond: «Il descendra» et «Ils te livreront.» I Reg., xxiii, 9-12. Onvoit ici que l’Urim et Thummim est inséparable dupectoral et de l’éphod. — Une autre fois, David demandede la même manière s’il doit poursuivre une banded’Amalécites, qui avaient fait captives deux de sesfemmes et celles de ses gens. Il lui est répondu depoursuivre et qu’il recouvrera ce qu’on lui a pris.

I Reg., xxx, 7-8. — Après la mort de Saùl, il consultepour savoir s’il doit monter dans une ville de Juda etdans laquelle. L’oracle répond: «À Hébron.» II Reg., h, 1. — Plus tard, il demande s’il faut marcher contreles Philistins, et l’assurance lui est donnée qu’il legbattra.II Reg., v, 19. — Comme les ennemis reviennentà la charge, l’oracle lui dit de les tourner parderrière et que Jéhovah marchera avec lui pour luiassurer la victoire. II Reg., v, 23, 24. — Il est à remarquerque ces réponses ne sont pas faites seulementpar «oui» et. «non», mais que plusieurs d’entre ellesfournissent des indications circonstanciées qui dépassentles termes de l’interrogation. Ces réponses sontpositives et claires; elles n’ont rien du vague et del’ambiguïté des oracles païens. Ce qu’elles indiquents’accomplit toujours à la lettre. On ne les obtient quepar l’intermédiaire du grand-prêtre, sans qu’un autre, pas même le roi, puisse les provoquer directement.Malgré le caractère officiel de la consultation et lapromesse de Jéhovah, Dieu se réserve de refuser uneréponse quand il le juge à propos, comme il le faitdeux fois pour Saùl. L’exemple de Josué, dans l’affairedes Gabaonites, montre d’ailleurs que l’on n’était pastoujours fidèle à consulter l’oracle quand il l’auraitfallu. Enfin, il faut encore observer que Jéhovah neprend jamais l’initiative de faire savoir sa volonté parl’Urim et le Thummim. Il ne parle que quand il estinterrogé. Jéhovah parlait aussi dans le deblr ou sanctuaireproprement dit. Il s’y adressait à Moïse ou augrand-prêtre pour donner ses ordres, mais sans avoirbesoin d’être consulté, ce qui distinguait le debîr del’Urim et Thummim. Voir Oracle, t. iv, col. 1846. —Après David, l’histoire n’enregistre plus de consultationsde Jéhovah par l’Urim et le Thummim, d’où ilfaut conclure probablement qu’elles cessèrent à partirde la construction du Temple. On voit dès lors lesprophètes intervenir directement, et même dès lesderniers temps de David, pour faire connaître lesvolontés de Dieu sur ce qui était à faire ou à éviter. Leprophétisme remplaça donc l’Urim et le Thummim.Après la captivité, on exclut du sacerdoce les prêtresqui ne pouvaient justifier de leur généalogie, «jusqu’àce qu’il s’élevât un prêtre pour consulter l^Urim et le-Thummim,» c’est-à-dire pour consulter Dieu efficacementpar l’ancien oracle sur la réalité de leur originesacerdotale. I Esd., ii, 63; II Esd., vii, 65. Les versionstraduisentkohên le’ûrîm ûletàmmim par iepeùç toîç9(ou’t; ou<71 xat totc TSAst’ocç, «prêtre pour les choseslumineuseset parfaites», sacerdos dodus atque perfectus, «prêtre instruit et parfait». Josèphe, Ant.jud., III, viii, 9, dit que l’Urim et Thummim n’était disparu, à son époque, que depuis deux cents ans. Mais son.renseignement est suspect. Les rabbins affirmaient quecinq choses manquaient dans le second Temple: l’Arche d’alliance, le feu céleste, l’Urim et Thummim, la Sekîndh (voir Gloire, t. iii, col. 252) et l’huile sacrée.Cf. Gem. Yoma, 21, 2. La disparition de l’oracle remontaitdonc très haut, peut-être même à la fondationdu premier Temple. Dans son éloge d’Aaron, l’Ecclésiastique, xlv, 12, dit qu’il était vêtu, entre autreschoses, Xoyeîcii xpioeut; SVjXotç Hrfielcn; , «t du pectoral dujugement, des manifestations de la vérité», judicioet veritate prsediti, <t doué de jugement et de vérité».

II y a dans le texte hébreu: «du pectoral du jugement, .

de l’éphod et de la ceinture.» L’Urim etleThummim nesont pas nommés expressément. Ils peuvent être comprisdans l’éphod, comme le supposent plusieurs ancienstextes. I Reg., xxiii, 9; xxx, 7.

4° Fonctionnement. — Les textes ci-dessus rappeléspermettent de conclure à l’objectivité et au caractèresurnaturel des réponses adressées au grand-prêtre parl’Urim et le Thummim. Mais ils n’expliquent pas lefonctionnement de l’oracle, soit qu’il fût bien connu àl’époque où vivait l’historien sacré, soit plutôt qu’ildût rester mystérieux et que le grand-prêtre et quelquesautres fussent seuls à connaître le secret. Ce secret n’a pasété transmis; aussi s’est-on livré aux conjectures lesplus diverses pour expliquer de quelle manière l’Urimet le Thummim rendaient des oracles divins. — 1.Josèphe, Ant. jud., III, viii, 9, confond l’Urim et leThummim avec le pectoral lui-même, et il dit qu’avantla bataille les pierres du pectoral rayonnaient avec unéclat qui annonçait le secours divin et la victoire. Ilsemble ainsi borner l’emploi de l’oracle aux cas deguerre, ce qui ne se justifie pas au moins en deux circonstances.I Reg., x, 22; II Reg., ii, 1. Abarbanel etd’autres Juifs ont adopté la donnée de Josèphe en laspécialisant. D’après eux, le grand-prêtre obtenait laréponse en lisant les lettres qui brillaient successivementà ses yeux parmi celles qui composaient lesnoms des douzes tribus inscrits sur les pierres dupectoral. «Les mots Urim et Thummim désigneraientles lumières et les obscurités qui passaient sur la facedu pectoral, lorsque, placé vis-à-vis du chandelier àsept branches, quelques-unes des lettres gravées surles pierres précieuses s’illuminaient, tandis que lesautres restaient baignées d’obscurité. Peut-êlre alors, d’après des règles qui restaient un des secrets dusanctuaire, le grandprêtre groupait les caractèreslumineux pour former la réponse de l’oracle.» Ancessi, Atlas géogr. et archéol., Paris, 1874, Index archéol., p. 19. Mais à l’ensemble des lettres qui formaient lesnoms des douze fils de Jacob, il en manquait quatrepour faire un alphabet complet: ii, ts, s, ]3, de sortequ’on n’aurait pu, par exemple, lire le nom de la villed’Hébron, qui commence par un ii, Hébrôn. Cf. II Reg., il, 1. Quelques rabbins supposent qu’à ces noms étaientjoints ceux des patriarches, Abraham, Isaac et Jacob, ce qui ajoutait au total les trois lettres ii, i, p. D’autrescompliquaient encore la lecture en faisant intervenirle nom de Jéhovah. Il est difficile de prendre en considérationces différentes hypothèses, parce qu’elles nemaintiennent pas la distinction qu’imposent les textesentre le pectoral et l’Urim et Thummim. — 2. Philon, Vit. Mos., 3; De monarch., 2, édit.Mangey, t. ii, p. 152, 226, imagine que deux images, ÔYc<>(<.aTa, appelées 8° j-Xomticet àMjŒia, étaient jointes au pectoral. D’autrepart, on sait par Diodore de Sicile, i, 48, 75, et Élien, Var. Hist., xiv, 34, que’le grand-juge égyptien portaitsur la poitrine une image appelée: Vérité. Voir plushaut, col. 2360. Mais cet insigne n’ajoute rien à lavaleur personnelle du juge, tandis que l’Urim etThummim est l’organe essentiel des consultationsobtenues de Jéhovah, si bien que, s’il fait défaut, legrand-prêtre ne peut plus rien. Dans les grandescirconstances, les prêtres babyloniens suspendaientaussi à leur cou une étoffe rouge garnie de plusieurssortes de pierres précieuses. Cf. Lagrange, Étud.sur les relig. sémit., Paris, 1905, p. 236. Il ne fautdonc pas se hâter de tirer des conclusions de ressemblancesextérieures qui ne suffisent pas à justifier laparité entre les institutions hébraïques et celles desautres peuples. — 3. D’après d’autres, l’Urim et Thummimserait une espèce de Théraphim, voir col. 2174; cf.Ose., III, 4; Spencer, De leg. Hebr.ritual., La Haye; 1686, III, 7, ou des sortes de dés de diamant, l’un brillant, l’autre rouge, sur lesquels était gravé le nom de

Jéhovah, et dont le grand-prêtre interprétait les combinaisons, de préférence devant l’Arche. Zûllig, Comm.invpoc, Stuttgart, 1834, Excurs., ii.Pour Braun, Vest.sacerdot. Hebr., Amsterdam, 1701, t. ii, p. 614, l’Urimet le Thummim n’aurait été qu’un symbole et les communicationsdivines au grand-prêtre auraient eu uncaractère exclusivement interne. Cf. Bâhr, Symbolikdes mosaisch. Cuit., Heidelberg, 1835, p. 136-141. Ilserait difficile de justifier par les faits ces différentssystèmes. — 4. Plus commune est l’explication del’Urim et Thummim par un tirage au sort. Cette explicationest suggérée par un épisode de l’histoire de Saûl.Quand Dieu refusa de lui répondre pour la secondefois, le roi attribua son silence à une faute commisesoit par lui-même, soit par son fils Jonathas, soit parle peuple. 4 Le texte hébreu paraît avoir souffert en cetendroit. On y lit seulement: «Dieu d’Israël, faisparaître la perfection, hàbâh famîn.» I Reg., xiv, 41. Le texte des Septante est beaucoup plus complet: «Si l’iniquité est en moi ou en Jonathas, mon fils, Seigneur, donne la clarté, Sôç ôrjî.ouç, et si telle est laréponse, donne à ton peuple d’Israël, donne la sainteté, 8bç ô<ri(kï)Ta.» Le sort désigne alors Saül etJonathas, et, à une seconde épreuve, Jonathas seul.La Vulgate reproduit à peu près les Septante: da ostensionem, … da sanctitatem. Il est possible qu’ici lesmots SrjXoi, ostensio, traduisent ûrîm, disparu du textehébreu, et que ôctiott)?, sanctitas, soit mis pour {ûmniîm, que les massorètes ont lu fânitm. Cf. Dhorme, Les livres de Samuel, Paris, 1910, p. 123. On auraitalors ici, pris sur le vif, le fonctionnement de l’Urimet Thummim. C’était un sort plus solennel, tiré àl’aide de deux pierres que le grand-prêtre conservaitdans le pectoral, et qui était officiellement garantipar Jéhovah. On n’y avait recours que dans les circonstancesd’intérêt public ou en faveur des chefs dela nation. Des consultations de ce genre étaient coutumièreschez les Babyloniens. «Aux consultationsprécises adressées par le roi sur l’opportunité ou lesuccès de ses entreprises, Shamash ou Adad devaientrépondre par oui, annu, ou par non, ullu, par uneréponse proprement dite, supiltu, par un oracle, tamit, tertu, piristu, parsu, par un jugement, dîna dînu, une sentence, purussu, par une illumination, napalm, ou encore par une vision ou une parole… Le dieudictait ou inspirait son oracle, abîtu, à ses prêtres.» F. Martin, Textes religieux assyriens et babyloniens, Paris, 1903, p. xxvi. Voir le texte de plusieurs consultations, p. 28, 108, 300. Il y a donc analogie entre lapratique babylonienne et celle des Israélites; de plus, l’illumination, napafyu, se retrouve dans l’idée expriméepar’ûrim, et l’oracle, tamit, dans tûmmim. Iln’est pas anormal qu’une coutume babylonienne aitété en vigueur chez les Hébreux; mais Jéhovah avoulu faire pour son peuple ce que les divinités assyriennesne pouvaient faire pour le leur. — Néanmoins, quelques difficultés subsistent avec cette explicationde l’Urim et Thummim. Si l’on admet deux pierresdifférentes qui, tirées au sort, pouvaient signifier «oui» ou «non», à quoi reconnaissait-on le refus derépondre? I Reg., xiv, 36; xxviii, 6. Michælis, Mosaisch.Recht, Francfort-s.-M., 1775, t. i, p. 293; t. vi, p. 162; Iahn, Archseol. biblic, iii, 4, 358, dans le S.Scripturae curs. compl. de Migne, t. ii, col, 1040, etc., imaginent qu’aux deux premières pierres en était jointeune troisième qui marquait l’absence de réponse. Maisles textes ne mentionnent que deux objets; ils auraient faitallusion à un troisième, s’il avait réellement existé pourremplir le rôle important qu’on lui attribue. Il fautpenser que le refus de réponse résultait d’une combinaisonque nous ignorons. Une autre difficulté provientdu genre de réponses fournies par l’Urim etThummim. Il est malaisé de les réduire toutes à des

réponses par «oui» ou «non». On pourrait néanmoinssupposer que l’histoirien sacré a parfois résumésous forme d’indication positive ce qui résultait del’élimination de différentes hypothèses proposées par leconsultant. Ainsi, quand il est dit à David de monterà Hébron, II Reg., ii, 1, la réponse peut être la conséquencede plusieurs questions successives: Faut-ilmonter dans une ville de Juda? Oui. À telle ou telleville? Non. À Hébron? Oui. De même en est-il pourl’attaque contre les Philistins, II Reg., v, 23, 24: Faut-ilmonter contre les Philistins? Non. Faut-il les prendrepar derrière? Oui. Du côté des mûriers? Oui. Jéhovahmarchera-t-il avec moi? Oui. Me donnera-t-il un signede son assistance? Oui. Lequel? Fera-t-il un bruit dansles cimes? Oui; etc. — En tout cas, à s’en tenir au textede l’Exode, xxviii, 30, il semble bien que l’Urim et Thummimn’était pas une institution récente qu’il’ait été nécessairede décrire en détail, mais plutôt quelque chosed’ancien, qui fonctionnait déjà depuis longtemps etque Dieu, pour détourner son peuple de la consultationdes oracles idolâtriques, jugea à propos de conserveren lui communiquant un caractère sacré. Cf. DeHummelauer, In Exod., Paris, 1897, p. 285.

H. Lesêtbe.

    1. URINE##

URINE (hébreu: sê’în; Septante: o 7 joo->: Vulgate: urina), produit liquide de l’excrétion chez l’homme etles quadrupèdes. — Il n’en est question qu’une fois, dans l’apostrophe grossière que le rabsacès assyrienadresse aux assiégés de Jérusalem pour les menacer, s’ils ne se rendent, d’en être réduits à manger leursexcréments et à boire leur urine. IV Reg., xviii, 27; Is., xxxvi, 12. — Quand on veut parler d’exterminertoute une population, on dit qu’elle sera détruite jusqu’àtnasfin beqîr, oùpoûvca Ttp’oç toix’, v, mingentemad parietem, «celui qui urine au mur». Cette expressionrevient six fois, mais seulement dans les livresdes Rois. I Reg., xxv, 22, 34; lit Reg., xiv, 10; xvi, ll; xxi, 21; IV Reg., IX, 8. Les rabbins ont prétenduqu’elle désigne le chien; mais cet animal ne comptepour rien en Orient. Voir Chien, t. ii, col. 698. Plusieurspensent qu’elle indique seulement le sexe masculin, ce qui devient insignifiant dans les textes cités, quisupposent une extermination atteignant jusqu’à ceuxqu’elle épargne d’habitude. D’autres croient qu’il s’agitplutôt ici des garçons en bas âge. La loi imposait desprécautions particulières pour certaines nécessités, Deut., xxiii, 12-14, et les hommes s’y assujettissaientmême pour uriner. Cf. Hérodote, ii, 35; Xénophon, Cyrop., i, 2, 16; Ammien Marcellin, xxiii, 6. On nepouvait astreindre les jeunes garçons à ces prescriptionset l’on se contentait de les faire tourner vers lemur. Les Syriens avaient la même expression, cf. Assemani, Bibl. orient., t. ii, p. 260, probablement avec lemême sens. Elle désigne l’universalité des êtres, dontelle représente les plus humbles et les plus inoffensifs.

H. Lesêtre.

US (hébreu: ’0?; Septante: "û; ), fils aîné d’Aram, descendant de Sem. Gen., x, 23. Dans I Par., i, 17, sonnom est écrit Hus. Voir Hus 1, t. iii, col. 782.

    1. USURE##

USURE (hébreu: nésé k; Septante: tôxoç; Vulgate: usura), intérêt abusif tiré de l’argent. — L’intérêt tiréde l’argent paraissait vexatoire aux anciens Israélites.Du verbe nâsâh, «prêter», ils rapprochaient le verbenàsak, «mordre», auquel ils ajoutaient le sens de «tirer intérêt, pratiquer l’usure». Voir Pbêt, col. 617.

1° La loi. — Dans la pensée des anciens, le prêt d’unobjet quelconque était un service que l’on rendait gratuitementà ses voisins. En Chanaan, l’abondance desfruits de la terre donna lieu à des réalisations enargent, au ccmmerce et à des prêts d’argent. La loidut prévoir cet état de choses. Une première dispositionrègle qu’on ne peut exiger d’intérêt pour l’argent

prêté à un compatriote, que le défaut de ressourcesoblige à emprunter. Exod., xxii, 25. L’intérêt réclaméen pareil cas serait donc de l’usure. Une seconde loiétend la première au gêr, à l’étranger qui vit à demeureau milieu des Israéliles, et elle porte non plusseulement sur l’argent, mais aussi sur les vivres. Onne peut donc tirer intérêt ni de l’argent, ni des objetsd’alimentation, et on doit les prêter gratuitement aucompatriote et au gêr qui en ont besoin. Lev., xxv, 35-37. Une dernière loi aggrave considérablement cellede l’Exode, en prohibant d’exiger intérêt «ni pourargent, ni pour vivres, ni pour aucune chose qui seprête.» Deut., xxiii, 19-20. Il était donc défendu detirer profit des prêts, quels qu’ils fussent, quand ils’agissait des compatriotes ou des étrangers mêlés à lavie de la nation. — Mais chez un peuple qui avait tantd’aptitude et de goût pour les opérations commerciales, il était difficile d’interdire tout prêt lucratif. L’Israélitefut donc autorisé à se rabattre sur le nokrî, l’étranger qui n’était pas assimilé au compatriote, celuiqui gardait son autonomie, ses mœurs, et en généralson habitation en dehors de la terre d’Israël. Avec lePhénicien, le Philistin, le Syrien, l’Arabe et les autrestrafiquants analogues, le prêt à intérêt était permis.Deut., xxiii, 20. Dieu promettait même à son peupleque cette source de bénéfices lui serait largement ouverte, et que, par contre, l’Israélite deviendrait assezriche pour n’avoir pas à emprunter lui-même. Deut., xv, 6; xxviii, 12. Voir Prêt, col. 618.

2° La pratique. — En général, les Israélites observaientla loi qui les liait vis-à-vis de leurs compatriotes.On prêtait sans y regarder argent et vivres à ceux quise trouvaient dans l’embarras, et ces prêts n’exposaientpa3 d’ordinaire à de grands sacrifices. Luc, xi, 5.Parfois cependant on hésitait à risquer ce qui ne devaitrien rapporter. On prêtait sur gages, même dansdes conditions exorbitantes. II Esd., v, 2-12. La saisiemettait aux mains du créancier la personne et lesbiens de l’emprunteur, La loi du prêt gratuit étaitainsi tournée. D’autres préféraient éviter toute espècede risque et ils se refusaient à prêter. Notre-Seigneurdonne un conseil radicalement opposé à cette pratique.Matth., v, 42. Il y en avait enfin qui transgressaientouvertement la loi et ne consentaient à prêter qu’àintérêt, même à leurs frères. Ps. xv (xiv), 5; Ezech., xviii, 8, 13, 17; xxii, 12. De leur côté, les emprunteurstrouvaient quelquefois leur avantage à coopérer à l’infractionde la loi. Vers l’époque évangélique, il s’entrouva qui décidaient leur prêteur par un présentpréalable ou le dédommageaient par un présent subséquent, au moment où ils se libéraient, ce que rabbiGamaliel appelait «usure préalable» et. «usure tardive». Cf. Baba mezia, v, 8 (11). Quant à ceux qui pratiquaientouvertement l’usure, ils étaient frappés d’incapacitéjudiciaire. Cf. Sanhédrin, iii, 5, 6. — Le prêt aintérêt restait toujours légitime vis-à-vis des étrangers, et c’est sur sa pratique que se fondaient les opérationsde banque auxquelles Notre-Seigneur fait allusion.Matth., xxv, 27; Luc, xix, 23. Sur le taux de l’intérêt, voir col. 620. Le développement des affaires financièresamena d’autres combinaisons qui permirent de passerà côté de la loi sans la heurter directement entre compatriotes.Il reslait défendu de prêter de l’argent auxmarchands avec stipulation d’intérêts. Alors le marchandet le prêteur s’associaient pour une entreprise, à la suite de laquelle le marchand retirait d’abord lapart qui revenait à son industrie personnelle; puis ilpartageait également le bénéfice avec son bailleur defonds. Cette sorte d’association supposait donc une valeuractive au capital-argent. Cf. Baba metsia, v, 3 (5).On recourait encore au contrat de louage, qui permettaitnon plus seulement de prêter à titre gratuit unoutil, un animal et même les bras d’un homme, mais

de les louer et ainsi d’en tirer revenu. D’ailleurs, laloi elle-même prévoyait déjà certaines locations. VoirLocation, t. iv, col. 319; Baba mezia, vi. Cependantles docteurs maintinrent l’interdiction des spéculationssur les objets fictifs ou sur les valeurs que l’offrantn’avait pas en mains. Cf. Baba mezia, v, 1, 2. Mais ilsadmettaient l’escompte sur les paiements anticipés.Un logement d’un sicle par mois se payait seulement10 sicles par an, si le paiement était effectué d’avance.Cf. Baba mezia, v, 2; Schwalm, La vie privée dupeuple juif, Paris, 1910, p. 409-431. I

H. Lesêtre.

    1. UTHAI##

UTHAI (hébreu: ’Ûfaï, «secourable»; Septante: Où9a’: ), «des fils» de Bégui. Lui et Zachur, de la mêmefamille, accompagnèrent Esdras à son retour en Pales. tine avec soixante-dix hommes de leur 1 parenté. I Esd., vin, 14. — Le texte hébreu mentionne un autre Israélitequ’elle appelle aussi’Ûlaî. La Vulgate a écrit son nomÔthéi. Voir Othéi, t. iv, col. 1926.

    1. UTILITÉ##

UTILITÉ (hébreu: bésa’, et dans l’Ecclésiastique, xli, 14: tô’alàh, du même radical yâ’al que l’hiphilho’il, * être utile»; Septante: û>çé).£ia; Vulgate: Militas), ensemble d’avantages qu’un être peut procurer.

1° Ce qui est utile est souvent appelé tôb, «hon».Les auteurs sacrés énumèrent parmi les choses utiles: les astres, Bar., vi, 59, les troupeaux, Eccli., vii, 24(22), les meubles, Sap., xiii, 11, les vases, Bar., vi, 58, images des hommes utiles, II Tim., ii, 21, certains remèdes, Tob., vi, 5. Dans un sens supérieur, sont égalementutiles les vertus, Sap., viii, 7, la pratique desbonnes œuvres, Tit., iii, 8, la piété, I Tim., iv, 8, l’épreuve, Heb., xii, 10, la, manifestation de l’Esprit, ICor., xii, 7, la Sainte Écriture. II Tim., iii, 16. Onésime était utileà Philémon et à saint Paul, Phil., 11, et Marc à cedernier. II Tim., iv, 11.

2° Ce qui est inutile peut aller jusqu’à devenir Sâve’, «mauvais». Sont simplement inutiles le bois de lavigne stérile, Ezech., xv, 4, le vase brisé, Bar., VI, 15.le sel affadi, Luc, xiv, 35, le don de l’insensé, Eccli-, xx, 14 (13), le trésor et la sagesse cachés, Eccli., xx, 32 (29); xli, 17 (14), le docteur qui ne sait se conduiresoi-même, Eccli., xxxvii, 21 (19). Pour les chrétiens, laloi ancienne, Heb., vii, 18, et la circoncision, Rom., m, 1, ont perdu toute utilité. Parmi les choses inutiles, mauvaises et nuisibles, il faut ranger les idoles, Is..xliv, 10; Ps. xxxi (xxx), 7; Sap., xiii, 10, 18, 19; lapostérité des impies, Sap., IV, 3, 5; les œuvres desméchants, Sap., iii, 11; les paroles oiseuses, Matth., xii, 36; les disputes de mots. II Tim., ii, 14; Tit., iii, 9.Les impies regardent le juste comme inutile. Sap., ii, 11, 12. Le serviteur inutile aux yeux de Dieu sera châtiédans l’autre vie. Matth., xxv, 30. Mais, en ce monde, tout serviteur de Dieu doit, par une juste appréciationde son mérite, se regarder comme inutile. Luc,

xvii, 10.

H. Lesêtre.

1. UZAL (hébreu: ’Ûzâl; Septante: Aîgr, À), fils deJectan, descendant de Sem. Gen., x, 27. Dans les Paralipomènes, I, i, 21, son nom est écrit Huzal. VoirHuzAL, t.m, col. 786-787. VoiraussiMosEL, t. iv, col. 1318.C’est sous cette dernière forme qu’est nommé le pays occupéparla descendance d’Uzal dans Ezéchiel, xxvii, 19.

2. UZAL (hébreu: ’Uzal; Septante: Codex Vaticanus, ’ActtJ).; Cod. Alexandrinus: ’Aaxrik; Vulgate: Mosel)

nom hébreu d’une ville de l’Arabie dont il est question

dans Ezéchiel, xxvii, 19, comme fournissant aux

marchés de Tyr du fer travaillé et des parfums. Le

texte massorétique porte tiixd, me- ûzzal.La ponctuationt:

semble indiquer un participe pu’al, et la comparaison

avec des racines semblables en araméen, en syriaque

et en arabe, amène au sens de «tissé, tissu». Mais on

préfère généralement la leçon bi=iND, mé’Uzâl, avec la

T

préposition min, leçon appuyée par plusieurs manuscritshébreux. Cf. B. de Bossi, Variée lectiones VeterisTestamenti, Parme, 1785, t. iii, p. 147. Les Septanteont lu de même: IÇ’Ati-}]; de même aussi Aquila etla version syriaque. Il faut donc voir ici un nompropre de ville, et traduire: «de Uzal». On identifiecommunément cette ville avec $an’à, la capitale del’Yémen. Malgré l’opinion contraire de.1. Halévy, Rapport sur une mission archéologique dans le Yémen, Paris, 1872, p. 11, les voyageurs anciens et modernes, les savants arabes et européens admettent l’identification.On cite, en particulier, parmi les auteurs arabes, le témoignage d’El-Hamdânî, mort en 945, qui a écritdeux ouvrages sur les antiquités et la géographie del’Yémen. Il dit que le nom de la ville de $an’a étaitautrefois Azâl (ou Izâl), et que les Syriens l’appellentSan’â le Château, tjfan’a el-qasbah. Un autre géographe, El-Bakri, mort en 1094, nous apprend que «le premierqui habita cette ville fut San’â, fils d’Udhâl (lisez: Uzâl), dont elle tira son nom.» «D’autres, ajoute-t-il, prétendentque les Abyssins, en y entrant et la voyantbâtie en pierres, s’écrièrent: San’â, Çan’â, ce qui, dansleur langue, signifie «château fort» et le nom lui enresta.» De fait, l’éthiopien ijSene’e signifie «forteresse», comme le grec o/Opwjjia. Cf. Corpus inscriptionumSemiticarum, part. IV, t. i, 1889, p. 1-2. Le nom deIjian’au a été retrouvé dans une inscription que Glaserfait remonter au deuxième siècle avant notre ère. Cf.E. Glaser, Die Abessinier in Arabien und Afrika, Munich, 1895, p. 117, 121. D’après les descriptions quien sont données et les ruines qu’elle renferme, cetteville mérite bien l’appellation de «forteresse». La citadellede Gumdân surtout était remarquable. Voir lesdeux plans qui se trouvent dans le Corpus inscript.Semit., part. IV, t. i, p. 3, 4. Uzal se rattache à la tribujectanide de ce nom. Gen., x, 27; I Par., i, 21. VoirHuzal, t. iii, col. 786 et fig. 160.

A. Legendfe. V

V. Voir Vav.

    1. VACHE##

VACHE (hébreu: pdrâh, la vache qui engendre, égldh, la génisse; Septante: <30-jç, SâjjiaXtç; Vulgate: bos, vacca, vitula), la femelle du bœuf. — 1° La vacheest un animal précieux à différents titres. On l’emploieà traîner des fardeaux, I Reg., VI, 7, à labourer, Jud., xiv, 18, à fouler le blé. Ose., x, 11. Elle est féconde, Job, xxi, 10, dès l’âge de 18 mois, et porte neufmois. Elle nourrit de son lait, Is., vii, 21, et ensuite desa propre chair. Tob., viii, 22. Aussi est-ce un richeprésent que de donner des vaches à quelqu’un. Gen., xxxii, 15; Tob., x, 10. — 2° La génisse de 3 ans estpleine d’ardeur et de vivacité. Is., xv, 5. (Quelques-unsprennent cependant’égla( selisiyâh, «génisse de troisans», pour un nom propre de lieu. Cf. Jer., xlviii, 34.)La génisse bondit dans la prairie. Jer., l, 11. L’Egypteest comparée à une génisse très belle, Jer., xlvi, 20, Israël à une génisse rétive, Ose., iv, 16, Éphraïm à unegénisse bien dressée, Ose., x, 11, les femmes de Samarieaux vaches de Basan, à cause de leur vie sensuelle, Am., iv, 1, le veau d’or de Bethel aux génisses de Bethaven, par mépris. Ose., x, 5. L’homme des champsprend souci de donner du fourrage à ses génisses. Eccli., xxxvin, 27. — Au Psaume lxviii (lxvii), 31, il est questionde veau et non de vaches. — 3° Les génissesétaient utilisées pour les sacrifices. Gen., xv, 9; Lev., m, 1; I Reg., xvi, 2. Dans le cas d’homicide commispar un inconnu, les anciens prenaient une génisse quin’avait pas encore travaillé, lui brisaient la nuque prèsd’un ruisseau, et se lavaient les mains au-dessus deson cadavre, pour protester de leur innocence. Deut., xxi, 3-7. -=- 4° Dans le songe du pharaon, sept vachesbelles et grasses étaient dévorées par sept vacheslaides et maigres. Joseph expliqua que c’était l’annoncede sept années d’abondance, qui seraient suivies desept années de famine. Gen., xli, 2-4, 26, 27.

H. Lesêtre.

    1. VACHE ROUSSE##

VACHE ROUSSE (hébreu: pârdh’âdummdh; Septante: SôftaXiç mippà; Vulgate: vacca rufa), vachedont la cendre servait à purifier du contact d’un mort.

1° La loi. — _ Elle est formulée dans le livre desNombres, xix, 2-22. La vache doit êlre rousse, sanstache ni défaut, et n’ayant jamais porté le joug. Leprêtre Eléazar la fait sortir du camp pour qu’onl’égorgé devant lui. Avec son doigt trempé dans le sangde l’animal, il fait sept aspersions du côté de l’entréedu Tabernacle. Puis on brûle la vache intégralementet on jette dans le brasier du bois de cèdre, de l’hysopeet du cramoisi. À la suite de cette opération, le prêtre, celui qui a brûlé l’animal et l’homme pur qui a recueilliles cendres pour les déposer en un lieu pur hors ducamp, ont à se purifier en lavant leurs vêtements et ense baignant eux-mêmes; néanmoins leur impuretépersévère jusqu’au soir. — L’eau dans laquelle on amis de la cendre de la vache rousse sert pour la purificationde celui qui a touché un cadavre humain. Celuicidemeurait impur pour sept jours; il avait à sepurifier avec cette eau le troisième et le septième jour,


sous peine de retranchement. L’impureté atteignaitcelui qui touchait un cadavre, ou même des ossem*ntshumains ou un sépulcre. L’impur devait être aspergéavec l’hysope trempée dans Peau de purification parun homme pur; puis il lavait ses vêtements et se baignait, pour devenir pur le soir du septième jour. Onaspergeait avec la même eau la tente, les ustensiles del’impur et les personnes présentes. Celui qui faisaitl’aspersion, qui touchait l’eau ou l’impur, devenait lui-mêmeimpur, mais seulement jusqu’au soir,

2° Signification du rite. — Le rite de la vacherousse est un des plus compliqués et des plus mystérieuxdu cérémonial lévitique. Il s’agit de purifierl’homme du contact avec la mort et, chose singulière, tous ceux qui participent à la confection du rile purificateurdeviennent eux-mêmes impurs. La mort est eneffet le signe de la souillure par excellence. Elle est lesalaire du péché et sa conséquence; elle rappelle lasouillure de l’âme pécheresse dont la corruption cadavériquen’est qu’une image. La loi qui prescrit la purificationà la suite du contact avec le cadavre symbolisedonc l’obligation beaucoup plus impérieuse qui commandela purification de l’âme après le péché. — Lesdétails du rite tirent leur signification de ce principegénéral. Ce sont les Israélites eux-mêmes qui amènentla victime au prêtre. Le rite est donc solennel et national.Tous en effet sont, sans exception, coupables depéché et sujets à la mort. La victime est un animalfemelle. Un animal de cette espèce est sans doutepréféré à cause de la rareté du rite, et aussi afin deprocurer une plus grande quantité de eendre. Commecette cendre doit servir d’antidote contre certainesconséquences de la mort, on choisit pour la fournir unanimal qui ordinairement engendre à la vie. Il est possibleaussi que le choix de la vache ait été inspiré àMoïse par une idée de réaction contre la vénérationdont les Égyptiens entouraient cet animal.

En Egypte, on immolait des bœufs, mais jamais desgénisses, parce qu’elles étaieut consacrées à Isis. Cf.Hérodote, ii, 41. Moïse ne jugea pas à propos de permettrel’immolation habituelle des vaches, à raison dupréjudice qui en fût résulté pour son peuple. Mais, en prescrivant l’immolation et la combustion de lavache rousse, en vue d’un rite de purification, il montraitaux Israélites que cet animal ne méritait ni leshonneurs, ni l’embaumement que lui décernaient lesEgyptiens. — La vache devait être rousse. Les docteursprétendent que les vaches de cette couleur étaient deplus grand prix, à cause de leur rareté. Cette assertionest problématique. D’autres observent que la couleurrousse était celle de Typhon, le principe mauvais, Diodore de Sicile, Hist., i, 88, et qu’on disqualifiait lavache, sacrée aux yeux des Égyptiens, en lui prêtant lamême couleur qu’au principe du mal. Cf. Spencer, Deleg. Hebrseor. ritual., Tubingue, 1732, t. ii, p. 489; Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 162. On peut penseraussi que, le rouge étant pris parfois comme la couleursymbolisant le péché, Is., i, 18, voir Couleurs, t. ii, col. 1070, la couleur rousse était choisie comme celle

V. - 75

qui se rapprochait le plus du rouge dans le pelage desanimaux. Ces explications ne s’imposent pas. L’Épîtreaux Hébreux, ix, 13, établit une relation figurative entrel’aspersion avec la cendre de la vache rousse et le sangdu Christ, d’où la conclusion tirée par saint Augustin, In Heptat., iv, 33, t. xxxiv, col. 733, que la couleurrousse figurait le sang rédempteur. À ce compte, cette couleur eût été exigée à plus forte raison pour lesvictimes immolées sur l’autel du Temple. Il est plusprobable que Moïse a suivi ici une coutume léguée parles anciens, qui attachaient une signification sinistre àla couleur rousse. Cf. De Hummelauer, In Num., Paris, 1899, p. 151. L’animal, destiné à un usage sacré, devaitêtre sans défaut, comme les victimes ordinaires, etn’avoir servi à aucun usage profane. Il n’est pas remisau grand-prêtre Aaron, mais à son fils Éléazar, parconséquent à un dignitaire, qui aura la charge de fairesortir la vache du camp et de présider à son immolation.Cette victime a des rapports trop étroits avec lamort et ses souillures pour qu’on l’immole à proximitédu Tabernacle, centre de sainteté et de vie. Avec sonsang, le prêtre fait des aspersions comme celles quisont de règle pour le péché du grand-prêtre ou de toutle peuple, Lev., iv, 6, 17, mais de loin, puisque cettevictime dont la cendre purifiera garde elle-même unesouillure qu’elle communique. — La victime est brûléesous les yeux du prêtre, mais on jette dans le brasier<lu cèdre, dé l’hysope et du cramoisi, trois matièresemployées pour la purification du lépreux. Lev., xiv, 6, 49. Elles ont une signification d’incorruptibilité et depurification. La cendre provenant de la victime est recueillieavec soin et déposée dans un lieu pur. On enmet ensuite dans l’eau d’aspersion nécessaire pour lespurifications. Il est à remarquer que cette eau n’ad’autre vertu que de purifier ceux qui sont souillés parle contact d’un mort. Les autres qui s’en servent contractentune souillure, Dieu voulant empêcher ainsil’emploi de cette eau pour des usages superstitieux. Lerite de la vache rousse est appelé hattâ’f, «sacrificepour le péché», Num., xix, 9; cf. Lev., vi, 18, 23; mais c’est un sacrifice d’un caractère exceptionnel, carl’immolation et la combustion ont eu lieu loin dusanctuaire. — La cendre joue ici un rôle très particulier; elle semble renforcer l’action de l’eau, qui estnaturellement purificatrice; car la cendre est elle-mêmele produit d’une purification complète par le feu, qui détruit tous les éléments corrompus ou corruptibles.Le mélange de la cendre avec l’eau, dans lespurifications, était familier aux anciens peuples, Indiens, Perses, Grecs, Romains, etc. Cf. Virgile, Eclog., viii, 101; Ovide, Fast., IV, 639, 725, 733; Rosenmûller, Dos dite und neue Morgenland, Leipzig, 1818, t. ii, p. 200; Bàhr, Symbolik des mosaischen Cultus, Heidelberg, 1839, t. ii, p. 493-511.

3* La pratique. — Le rite de la vache rousse n’a pascessé d’être en vigueur chez les Israélites jusqu’à laruine de leur nationalité. Le traité Para de la Mischnalui est consacré. Les docteurs avaient précisé certainsdétails du cérémonial. Le prêtre appelé à présider àl’immolation et à la combustion se purifiait pendantsept jours à l’avance. Para, iii, 1. Bien que la loi neprescrivît pas l’intervention du grand-prêtre, il présidaitordinairement à l’accomplissem*nt du rite, et revêtaitpour cette occasion ses plus riches vêtements.Para, iii, 8. La vache était achetée aux frais du trésordu Temple, parce qu’il s’agissait d’un rite intéressantla communauté tout entière. Elle devait être entièrementrousse. La Loi réclamait une vache’adummâhfemîmâh, «rousse parfaite», c’est-à-dire sans défaut.Les docteurs joignaient ensemble les deux mots etexigeaient un animal d’un roux complet, cf. Josèphe, Ant. jud., IV, iv, 6, si bien qu’on le rejetait si on luitrouvait seulement deux poils blancs ou noirs. Cf.

Hérodote, ii, 38; Maimonide, De voce.» «/., i> 2, Amsterdam, 1711, p. 8. Le prêtre faisait sortir la vache duTemple par la porte orientale et la conduisait au montdes Oliviers. Mais, pour lui faire éviter toute espèced’impureté, on la menait par un chemin artificiel construitsur étais au-dessus du sol. Para, iii, 6. Quand lavache était immolée, le prêtre recueillait de son sangdans la main gauche et y trempait un doigt de la maindroite pour asperger sept fois du côté du Temple.Après la combustion complète de la victime, la cendreétait recueillie avec soin et déposée en trois endroits: au mont des Oliviers pour l’usage du peuple, auTemple pour l’usage des prêtres, et dans le mur extérieurde la ville, en souvenir de la combustion. Para, m, 11. Les docteurs prétendaient que neuf vachesrousses seulement avaient été brûlées depuis Moïse, dont une par Éléazar, et les huit autres depuis Esdras.Para, iii, 5. Ce renseignement paraît absolumentinvraisemblable. Chaque année, la combustion de lavache rousse se faisait en adar, un mois avant laPàque. Cf. S. Jérôme, Epist., cviii, 12, t. xxii, col. 887.Il est probable qu’à l’occasion de la Pàque on emportaitde la cendre dans les principaux centres du pays, afin de rendre possibles les purifications dont le besoindevait être assez fréquent. Autrement il faudrait admettreque la plupart de ceux qui avaient été fouillés parle contact d’un cadavre, d’ossem*nts humains ou d’unsépulcre, attendaient pour se purifier l’oceasion d’unvoyage à Jérusalem pour la Pàque ou quelque autrefête ou pour l’offrande d’un sacrifice. — L’eau d’aspersionétait puisée à la fontaine de Siloé. À défaut de cetteeau, il fallait de l’eau vive et pure. La quantité decendre à y mettre n’était pas déterminée; il suffisaitqu’on pût apercevoir cette cendre à la surface du liquide.Gern. Jer. Sota, 18, 1. L’aspersion se faisait parun homme en état de pureté légale, sans que ce fût nécessairementpar un prêtre. Parfois même on faisaitremplir cette fonction par un enfant, afin que la conditionde pureté fût plus assurée. Cf. Reland, Anliquitatessacrée, Utrecht, 1741, p. 114; Iken, AntiquitatesHebraicm, Brème, 1741, p. 248. — Les formalités àremplir à la suite du contact d’un mort expliquentpourquoi Notre-Seigneur recommande à ses disciplesde laisser à, d’autres le soin d’ensevelir les morts.Matth., viii, 22; Luc, ix, 60. — Quelques-uns ont penséque le baptême pour les morts, Otop tôv vsxpôv, dontparle saint Paul, I Cor., xv, 29, pourrait être l’aspersionreçue par les Israélites «à cause» des morts, la prépositioniinsp ayant aussi ce sens. «Ceux qui se fontbaptiser vizkp xôv vsxpûv» seraient alors des Juifs résidantà Corinthe ou des chrétiens venus du judaïsmeet encore fidèles à cette ancienne pratique. L’Apôtreinvoque ce baptême comme preuve en faveur de larésurrection. Ce raisonnement seul indique qu’il nesaurait être ici question de l’aspersion de l’eau contenantla cendre de la vache rousse, car cette aspersionn’évoque aucune idée de résurrection et se base uniquementsur la souillure communiquée par le contactdu cadavre. Cf. Prat. La théologie de S. Paul, Paris,

1908, p. 189.

H. Lesêtre.

    1. VAGAO##

VAGAO (Septante: Ba-j-mac), eunuque d’Holoferne.Judith, xii, 10-12 (15 grec); xiii, 3 (grec); xiv, 13 (14).Il lui servit d’intermédiaire auprès de Judith. — L’eunuquequi emprisonna le roi de Perse ArtaxerxèsOchus s’appelait aussi Bagoas = Vagao. Pline, H. N., XIII, iv, 9, dit que ce nom en Perse est l’équivalentd’eunuque (Bagou). Voir Bagoas, t. i, col. 1383.

    1. VAHEB##

VAHEB (hébreu: Vâhêb; Septante: Zu>6ê; ils ontlu nn zaïn au lieu d’an vav) localité inconnue dupays des Amorrhéens, nommée dans une citation obscure, L peut-être altérée pour les noms propres, des

Guerres du Seigneur. Num., xxi, 14. Il est dit dansle texte que Vaheb était en Suphah, ce qui a fait croireà quelques commentateurs que Suphah était la Safiékactuelle, mais la lettre initiale de Suphah est un samedi, d, et celle de Satiéh est un ^j>, èad, qui ne peutguère reproduire le samech hébreu. Suphah est aussiinconnu. Quelques lexicographes ont pensé que Vahebpouvait être un nom de fleuve. Les Septante ont traduit; «On lit dans le livre: la guerre du Seigneur aconsumé Zoab et les torrents d’Arnon.» La Vulgateporte: «Il est dit dans le livre des Guerres du Seigneur: comme il a fait dans la mer Rouge, ainsi il fera dansles torrents d’Arnon.»

VAISSEAU. Voir Navire, t. iv, col. 1502-1505.

1. VALLÉE(héhreu: ’afîq, biq’âh, gay’ou gê’, nahal, Vme’g/chaldéen; biq’â'; Septante: xoc>âç> vora-r, , çâpayE; Vulgate: vallis, convdllis), dépression de terrain, entreles flancs de collines ou de montagnes, qui va ens’inclinant et en s’élargissant. — Il y a beaucoup devallées dans une région montagneuse comme la Palestine.Voir Palestine, t. iii, col. 1985, 2037. La valléedans laquelle coule le Jourdain est particulièrementremarquable à tous les points de vue. Voir Jourdain, t. iii, col. 1710. Un certain nombre d’autres valléessont mentionnées dans la Bible. Voir Achor, t. i, col. 147; Baca, col. 1372; Bénédiction, col. 1583; Escol, t. ii, col. 1928; Géennom,! . iii, co! . 153; Jephtahel.col. 1249; Josaphat, col. 1651; Raphaïm, t. v, col. 977; Salines, col. 1373; Savé, col. 1520; Séboïm, col. 1552; Sorec, col. 1845; TérébinthitheI, col. 2089.Sur la vallée des Bois, voir Morte (Mer), t. iv, col. 1306. Il est aussi parlé d’une vallée des Artisans, I Par., iv, 14; II Esd., xi, 35. Sur la vallée du Tyropœonou des Fromagers, voir Jérusalem, t. iii, col. 1328, Cf. Reland, Palsestina illuslrata, Utrecht, 1714, p. 347-359. — Les vallées de Palestine étaientfertiles et bien cultivées. Job, xxix, 10; Ps. lxiv(lxiii), 14; Cant., vi, 10; Jer., XLix, 4. Les sources y coulaient.Ps. civ (cm), 10. On y habitait de préférence.Num., xiv, 25; Jud., i, 19. Balaam compare auxvalléesle beau spectacle des tentes d’Israël. Num., xxiv, 6.Ailleurs, il y avait des vallées affreuses. Job, xxx, 6.Les anciens Chananéens occupaient les vallées palestinienneset ils y faisaient manœuvrer des chars deguerre, ce qui empêcha parfois les Israélites de les endéloger. Jud., i, 19. Par la suite, les Syriens ne pouvaientatteindre ces derniers dans les montagnes ets’efforçaient de les attirer dans les plaines et dans lesvallées. III Reg., xx, 23. Les envahisseurs suivaientnaturellement le cours des vallées pour arriver dans lepays.Is., xxii, 7; Judith, xvi, 5. C’est pourquoi les prophètesannoncent qu’elles seront ruinées, Jer., xlviii, 8, el qu’elles se fondront comme la cire, Mich., i, 4, au moment de l’invasion des ennemis. — Un jour, Dieu comblera les vallées et abaissera les montagnes, Is., xl, 4; Bar., v, 7; Luc, iii, 5, c’est-à-dire qu’ilrendra aisé le chemin qui doit mener au salut.

H. Lesêtre.

2. VALLÉE DES ARTISANS (hébreu: Gê’hârâ-Htn; Septante: ’Ayeaôôaip, 1 Par., iv, 14; ’QvwYï)apauei’i»., II Esd., xi, 35), vallée des environs de Jérusalem, au nord, où étaient des artisans dont elle tiraitson nom, I Par., IV, 14, et qui étaient les fils ou lesdescendants de Joab, de la tribu de Juda. Voir Joab 2, t. iii, col. 1549. Sa position est déterminée approximativementpar II Esd., XI, 35, qui nous apprend qu’elleétait dans la plaine d’Ono. VoirONO 2, t. iv, col. 1821.

VAN (hébreu: mizréh, nâfdh, rahat; Septante: xiiiov, Xt’xjioç; Vulgate: ventilabrum), ustensile quisert aux vanneurs, zârîm, ventïlatores, pour vanner,

zârâh, Xixjiîv, ventilare, c’est-à-dire pour séparer lapaille d’avec le grain. — Pour procéder au vannage, les anciens se servaient d’une fourche à trois ou quatredents, ventilabrum, au moyen de laquelle ils enlevaientla paille mêlée au grain et la lançaient très loin enl’air. Le vent entraînait la paille, tandis que le grainplus lourd retombait sur le sol. Ensuite on reprenaitce grain avec une pelle de bois, ttcûom, et on le lançaittransversalement à la direction du vent, qui emportaitles fétus et les rebuts, ne laissant retomber que le

540. — Vanneurs égyptiens.

D’après Wilkinson, Manners of the ancient Egyptians,

1878; t. ii, p. 423.

grain (fig. 540). Cf. Moisson, fig. 305, registre d’en bas, àgauche, t. iv, col. 1217. Quand le vent faisait défaut, onemployait le vannus, grand panier d’osier peu profond, et muni de deux anses (fig. 541). On y mettait le grainon le projetait en l’air au moyen de brusques secousseset on le ressaisissait quand il retombait, abandonnant àchaque coup une partie des matières plus légères. Ilest probable que les Israélites se servaient de ces différentsprocédés pour vanner. Les trois mots hébreuxdésignent des instruments différents, dont les versionsn’ont pas toujours défini le sens précis. — Il n’estquestion du van au sens propre que dans Ruth, iii, 2: Booz doit vanner la nuit l’orge qui est dans son aire.Le travail se fait la nuit, pour éviter la chaleur dujour; mais il ne l’occupe pas tout entière, car Booz

541.

Panier d’osier servant à vanner.

D’après Rich, Dictionnaire des antiquités, p. 694.

doit prendre son repas et se coucher, bien avant lemilieu de la nuit. Ruth, iii, 8. — Dans les autrespassages, il n’est parlé de van qu’au sens figuré.Isaïe, xxx, 24, décrivant l’état d’Israël régénéré, ditque les animaux qui travaillent la terre mangerontl’herbe et le grain «que l’on aura vanné avec le ralfatet le mizréh,» peut-être la fourche ou la pelle et levan. Il ajoute que Dieu «vannera les nations avec levan, nâfâh, de la destruction,» qui les disperseracomme la paille. Is., xxx, 28. «Tu les vanneras, fisrêm, XixiiTJo-Eti; , ventilabis, et le vent les emportera.» Is., XLI, 16. — Jérémie, IV, 11, 12, parlant du châtimentqui va fondre sur Israël, le compare à un. vent violent dudésert, plus fort que celui qui sert à vanner et à chasserla paille. Dieu vannera avec un van les Israélitesaux portes du pays. Jer., xv, 7. Cf. Job, xxvii, 21. Illâchera sur Babel «des vanneurs qui la vanneront.» Jer., li, 2. — Ézéchiel, v, 2, pour figurer le châtiment, doit prendre les cheveux et la barbe d’un homme, enbrûler un tiers, couper en menus morceaux le secondtiers, et vanner au vent le troisième tiers — Amos, &

ix, 9, dit que la maison d’Israël sera secouée au crible, kebdrâh, cribrum. Les Septante traduisent par Xxpoc, «van». Voir Crible, t. ii, col. 1118. — L’Ecclésiastique, y, 9 (11), recommande de ne pas «vanner atout vent», c’est-à-dire de ne pas changer d’opinion à tout propos.

— Saint Jean-Baptiste annonce que le Messie vaparaître le van à la main pour nettoyer son aire et negarder que le bon grain, c’est-à-dire pour séparer les

542. — Paysan romain occupé à vanner.D’après A. Bich, Dictionnaire des antiquités, p. 446.

méchants d’avec les bons et les envoyer au feu qui nes’éteint pas. Matth., tu, 12; Luc, iii, 17. — Notre-Seigneurdit que la pierre rejetée par les constructeursécrasera celui sur qui elle tombera, conteret eum; dans le texte grec: Xix[nrjæi ocutôv, «le vannera», lerejettera au loin comme le vent emporte la paille, cequi constitue une allusion à la parole de saint Jean-Baptiste.

Matth., xvi, 44 (Bg. 542).

H. Lesêtre.

    1. VAN ESS Léander##

VAN ESS Léander, né le 15 février 1772 à Warbourgen Weslphalie, mort le 13 octobre 1847 à Aiïblderbachin Odenwald. Il entra en 1790 comme novicechez les bénédictins et il fut ordonné prêtre en 1796à l’abbaye bénédictine de Marienmûnster dans la principautéde Paderborn. En 1812, il devint professeurextraordinaire de théologie catholique à l’université deMarbourg. Il se fit surtout connaître par ses travaux detraduction de la Bible et par son zèle à en propager lalecture. Il publia d’abord avec son frère Charles Die h.Schriften des Neuen Testamentes, Brunswick, 1807, et ensuite, avec la collaboration de H. J. Wetzer, unde ses élèves, Die h. Schriften des Alten Testamentes, mit beigesetzten Vergleichungen der lateinischen Vulgataund erhlàrenden Parallelstellen ûbersetzt, Sulzbach, 1822-1836. Sa version est faite sur le texte hébreuet n’est pas sans reproche. Voir Werner, Geschichte derkatholischen Théologie, Munich, 1866, p. 398-400. On aaussi de lui: Pragmatischkritische Geschichte der Vulgatain Allgemeinen, und zunâchst in Beziehung aufdas Tridentische Décret. Oder ist der Katholik gesetzlichandie Vulgata gébundent Tubingue, 1824. On luidoit également une édition stéréotypée des Septante, Leipzig, 1824, une édition de la Vulgate, 1822-1824, et uneédition du Nouveau Testament grec avec la Vulgate, 1827, etc. — Voir H. Reusch, dans l’Allgemeine deutscheBiographie, t. vi, Leipzig, 1877, p. 378; Wetzer et YVelte, Kirchenlexicon, 2e édit., t. iv, 1886, col. 909-910.

    1. VANIA##

VANIA (hébreu: Vanyâh; Septante: Oûouavfa), undes fils ou descendant de Bani qui avait épousé unefemme étrangère. Esdras l’obligea à la renvoyer.I Esd., x, 36.

    1. VANITÉ##

VANITÉ (hébreu: ’avén, ’élil, hébél, Mqêr; Septante: p-araiÔTir,; ; Vulgate: vanitas), ce qui n’a aucune valeur, qui ne mérite pas qu’on s’en occupe, qui est inutileou nuisible. — Le mot’avén s’entend de tout ce quiest vain, l’idolâtrie et les idoles, I Reg. r xv, 23; Is.,

lxvi, 3, voir Idole, t. iii, col. 816; le mensonge, Ps.xxxvi (xxxv), 4; Prov., xvii, 4, voir Mensonge, t. iv, col. 973, de même que séqér, Ps. xxxm (xxxii), 17;

I Reg., xxv, 21; Jer., iii, 23; la méchanceté, Num., xxiii, 21; Job, xxxvi, 21; l’épreuve. Ps. lv (liv), 4; Prov., xxii, 8, et même la douleur. Gen., xxxv, 18; Ose., ix, 4. Le mot’élîl marque l’inutilité, Job, xiii t4; Zach., xi, 17, et hébél le souffle, Lam., iv, 17; Jer., x, 3, 8. Voir Souffle, col. 1853. Les Hébreux rangeaientdonc ainsi très philosophiquement parmi les chose» de néant les choses mauvaises elles-mêmes, parcequ’elles ne participent pas à ce qu’il y a de positif etde réel dans l’être. — Parmi les vanités, les auteurssacrés rangent en outre les hommes eux-mêmes, aumoins quant à leur nature mortelle, Ps. lxii (lxi), 10, les méchants et leurs œuvres, Is., xli, 29, les Israélitesinfidèles, Jer., ii, 5, les faux prophètes et leurs visions, Ezech., xiii, 6; xxii, 28, les faux docteurs et leurs théories,

II Pet., ii, 18, les gentils, leur conduite et leurs pensées; Eph., iv, 17; I Pet., i, 18; Act., xiv, 14, les pensées del’homme en général, Ps. xciv (xcm), 11, même cellesdes sages, I Cor., iii, 20, les secours de l’homme, Ps.cvm (cvn), 13, les espérances de l’insensé, Eccli., xxxiv, 1, la divination, les augures et les songes, Eccli., xxxiv, 5, les disputes sur la loi, Tit., iii, 9, lareligion de celui qui a mauvaise langue, Jacob, i, 26, le trésor mal acquis, Prov., xxi, 6, la beauté, Prov., xxxi, 30. L’Ecclésiaste énumère avec complaisance cequ’il appelle hâbêl hâbàlim, «vanité des vanités». Illa trouve dans la sagesse humaine, i, 12-18, dans lesjoies profanes, ii, 1-11, dans la richesse, ii, 18-25, dansl’impuissance de l’homme en face des choses de. cemonde, iii, 1-15, et des maux de la vie, IV, 1-16, dansl’ignorance de l’homme, viii, 16-17, dans le sort commundu juste et de l’injuste, ix, 1-10, et il conclutqu’une seule chose n’est pas vanité: craindre Dieu etobserver ses commandements, xii, 13. — Saint Pauldit que «la création a été asservie à la vanité. i> Rom., vin, 20. En effet, les choses de la nature, mises parDieu à la disposition de. l’homme, ont été employéespar ce dernier, non pas uniquement au service deDieu et à sa propre utilité, mais encore à la satisfactionde ses passions dépravées et de ses vices. Aussi lanature attend son affranchissem*nt de la vanité.

H. Lesêtre.

    1. VAPEUR##

VAPEUR, sorte de brouillard qui se dégage decertains corps par suite de l’humidité, de la chaleur, de la combustion d’un parfum, etc. La vapeur est ainsisensible soit à la vue, comme un nuage, soit au toucher, comme une bouffée de chaleur, soit à l’odorat, comme l’odeur d’un parfum. C’est en ce sens tout vulgaireque les auteurs sacrés parlent de vapeur. — Dansle commencement, une vapeur, ’êd, montait de laterre et arrosait la surface du sol. Gen., ii, 6. C’est leprincipe du phénomène de la pluie auquel la SainteÉcriture fait plusieurs fois allusion. Job, xxxvi, 27; Jer., x, 13; li, 16; etc. Voir Pluie, t. v, col. 470. Lesanciennes versions ont fait de’êd une source, nifff, fons. On a cherché à expliquer ce mot par l’assyrienédû, «flot, inondation». On lui donne plus généralementle sens de vapeur, par comparaison avecl’arabe, sens qui d’ailleurs convient mieux dans Job, xxxvi, 27. — Avant le feu s’élève la vapeur. de lafournaise, ctT[u’ç, vapor, c’est-à-dire l’air chaud quiprécède la flamme^Eccli., xxii, 30. Cette vapeur brûleles membres du forgeron. Eccli., xxxviii, 29. Au jourdu jugement, Dieu fera paraître du sang, du feu ettimrôp’âsân, des «palmes de fumée». Joël, ii, 30. Lesversions traduisent par àf[iîç xa-icvoO, vapor fumi, et letexte des Actes, ii, 19, reproduit leur traduction. Lesens général est d’ailleurs le même. La Sagesse, xi, 19, parle d’animaux soufflant un air enflammé, jrupnvoovaoBjia, vaporem ignium, «une vapeur de feu». —La

nuée du parfum qui doit couvrir te propitiatoire, 'ânan, est appelée vapeur par les versions. Lev., xvi, 13.Ezéchiel, viii, 11, nomme aussi 'd(ar, «vapeur», lanuée qui s'élève de l’encens. La sagesse est la «vapeur», àîij.; '; , vapor, de la puissance de Dieu, le doux parfumque cette puissance dégage. Sap., vii, 25. — SaintJacques, iv, 15, compare la vie.de l’homme à unewapeur qui paraît un moment pour s'évanouir ensuite.

H. Lksètee.VAPSI (hébreu Vofsî; Septante: 2a6î; Alexandrinus: 'laaai), père de Nahabi, de la tribu de NephIhali. Nahabi fut rai des douze espions envoyés parMoïse pour explorer la Palestine. Num., xiii, 15 (hébreu, 14).

VASE (hébreu: keli, sinsénéf, éséb, mérqàl.iàh, qérén.; chaldéen: mâ'n; Septante: àyYEÏov, axeûoç, irr<i[Avoç; Vulgate: vas, vasculum), récipient dans lequelon peut verser du liquide et des matières sèches enpoudre ou en grains. — Le mot kelî, le plus ordinairement employé, a des acceptions diverses: ustensileen général, instrument, arme, outil, bagage, etc. Legrec <tx£Ûoç se prête à des acceptions analogues. DansJa Vulgate, le mot vas, qui traduit littéralement keli etffxsûoç, ne signifie donc pas toujours un récipient.

1° Vases ordinaires. — Il y a des vases d’argile, Ps. ii, 9; Sap., xv, 7; etc., voir Poterie, col. 570, defcois ou de pierre, Exod., vii, 19, d’airain, II Reg., viii,

10, d’argent, Prov., xxv, 4, d’or, III Reg., x, 21, et degrand prix. Jer., xxv, 34. Les vases peuvent contenirde l’eau, Nuoo., xix, 17; de l’huile, Num., iv, 9; IV Reg., iv, 3-6; Judith, x, 5; Matth., xxv, 4, quelquefoisenfermée dans le creux d’une corne, I Reg., xvi, 1, 13; III Reg., i, 39; du miel, Gen., xliii, 11; III Reg., xiv, 3; du vinaigre, Joa., xix, 29; des parfums, Gen., xliii

11, spécialementenfermés dans une mérqâhdh, è?âXeiitipov, Job, xli, 23; des liquides que l’on transvase, Jer., xlviii, 11, 12; des provisions, II Reg., xvil, 28; des poissons, Matth., xiii, 48; des cendres, Exod., xxv, 38; etc. La manne conservée dans l’Arche avait étéversée dans un sinsénét, <rrà(jivo; , «cruche». Exod., xvi, 33. Les vases servaient surtout à contenir les breuvages. III Reg., x, 21; xvil, 10; Esth., i, 7; etc. VoirCoupe, t. ii, col. 1074. — Les lois de purification contiennent des prescriptions concernant les vases souillés.Le vase dans lequel on a fait cuire une victime pourle péché doit être brisé, s’il est de terre, nettoyé etpassé à l’eau, s’il est de métal. Lev., VI, 28. Le traitementest le même pour le vase souillé par le cadavre d’unebête impure, Lev., xi, 33, et pour celui qu’aura touchéun homme atteint d’une maladie impure; le vase debois sera seulement lavé. Lev., xv, 12. À la mort d’unhomme, tout vase découvert qui se trouve dans sa demeure devient impur. Num., xix, 15. Cf. Matth., xxiii, 25, 26; Luc, xi, 39, 40. — Les Juifs distinguaient sixespèces de vases sujets à la souillure, les vases deterre, de peau (outres), d’os, de verre, de métal et debois. Us exigeaient des vases différents pour préparerla viande et les autres aliments, lait, beurre, fromage, poisson. Ils regardaient comme interdit de préparerdans le même plat ces aliments, ou même de les mangerensemble ou immédiatement l’un après l’autre. Cf.Reland, Antiq. sacr., Utrecht, 1741, p. 105; Iken, Antiq.hébr., Brème, 1741, p. 556.

2° Vases sacrés. — Parmi les ustensiles du sanctuairese trouvaient des vases proprement dits. Des vasesd’or de diverses sortes furent fabriqués pour l’usagedu Tabernacle. Exod., xxv, 38; xxvii, 3; xxxvii, 16, 23; xxxviii, 3; Num., vii, 84, 85. David offrit à Jéhovahdes vases d’or, d’argent et d’airain dont on lui avait faitprésent. II Reg., viii, 10. Salomon fit fabriquer d’autresvases précieux pour le service du Temple. III Reg., vu, 45, 50. Asa en donna aussi. III Reg., xv, 15. Joas,

roi d’Israël, s’empara des vases du Temple, IV Reg., xiv, 14; II Par., xxv, 24. Les Chaldéens emportèrentles vases sacrés qu’ils trouvèrent au moment de laprise de la ville. IV Reg., xxv, 14; II Par., xxxvi, 18.Balthasar s’en servit dans son festin de Babylone. Dan., v, 2, 3, 23. Cyrus les rendit aux Juifs. Jer., xxvii, 16; I Esd., i, 7. Plus tard, Antiocbus Épiphane les pilla denouveau. I Mach., i, 23. Le grand-prêtre Ménélas en fitautant à son époque. II Mach., iv, 32. — Isaïe, lii, 21, invite à se purifier ceux qui portent les vases deJéhovah. L’offrande est présentée au Temple dans unvase pur. Is., lxvi, 20.

3° Comparaisons. — Le grand-prêtre Onias est comparé à un vase d’or massif. Eccli., l, 10. Des ornementsd’argent ne vont pas mieux à un vase d’argile que deslèvres brûlantes à un cœur mauvais. Prov., xxvi, 23. Levase fêlé, brisé, vide, est l’image de ce qui est impuissant et méprisable. Ps. xxxi (xxx), 13; Eccli., xxi, 17; Jer., xxii, 28; li, 34; Bar., vi, 15. La sagesse vautmieux qu’un vase d’or fin. Job, xxviii, 17. — Les vasesd'élection, Act., ix, 15, de colère ou de miséricorde, Rom., IX, 22-23, désignent les hommes qui sont l’objetdu choix de Dieu, de sa vengeance ou de sa bonté. —Isaïe, xxii, 24, compare les membres d’une famille àdes vases de différentes tailles, depuis la coupe jusqu’auxjarres. Le vase de terre dans lequel on porte le don deDieu est le corps fragile. Il Cor., iv, 7. Saint Paul donnele nom de vase au corps du chrétien qu’il faut maintenir dans la pureté. I Thés., iv, 4. Saint Pierre appellela femme «un vase plus faible», que le mari doittraiter avec honneur. I Pet., iii, 7. David emploie lemot kelim, vasa, dans un sens physiologique plusétroit, pour certifier la continence de ses compagnons.I Reg., xxi., 5. Cf. Dhorme, Les livres de Samuel,

Paris, 1910, p. 195.

H. Lesêtre.

VASES DU TEMPLE DE JÉRUSALEM. VoirMer d’airain, t. iv, col. 982; bassins, col. 987.

    1. VASSENI##

VASSENI (hébreu: Vasnî; Septante: Eavi'), fils aînéde Samuel, d’après I Par., vi, 28. Comme d’après I Sam.(Reg.), viii, 2, le fils aîné de Samuel s’appelait Joël et lesecondvbia, il est probable quele nom deJoel est tombédans les Paralipomènes et que comme Vasseni signifie «le second», il faut rétablir ainsi le texte des Paralipomènes: «Fils de Samuel: le premier-né Joël et lesecond Abia.» C’est ainsi qu’on lit dans la Peschito etdans la version arabe de la Polyglotte de Walton.

    1. VASTHI##

VASTHI (hébreu: Vastî; Septante: 'Aort’v), reinede Perse, femme d'Àssuérus. Son nom signifie peutêtre «excellente», d’après le perse vahista. Elle étaitd’une beauté remarquable et le roi voulut la montreraux grands de sa cour pendant un festin. Elle donnaitelle-même un repas pendant ce temps à ses femmes, et, pour ne pas violer les usages perses, elle refusa de semontrer sans voiles et désobéit au roi. Assuérus la répudia etEsther devint reine à sa place. Esther, i, 9, 11, 12, 15, 16, 17, 19; ii, l, 4, 17.

    1. VATABLE ou VATEBLÉ François##

VATABLE ou VATEBLÉ François, hébraïsant français, né à Gamaches en Picardie, mort à Paris le16 mars 1547. Quand François I er fonda le collège deFrance (1630), ii y fut le premier professeur d’hébreuet ses cours eurent la plus grande réputation. Il n’arien écrit sur l'Écriture, mais Robert Eslienne publia àParis, sous le nom de ce savant, des notes prises à sescours, qu’il joignit à la Bible traduite en latin par Léonde Juda sur le texte hébreu, in-8°, Paris, 1545, avecd’autres notes empruntées à Calvin, Munster, fa*gius, etc.L’imprimeur les attribua à Vatable, sans doute afind’empêcher la censure de la Sorbonne, mais cela n’empêcha pas les docteurs de Paris d’en discerner le venin

et de les condamner en 1547. Robert Estienne s’étantretiré à Genève défendit son œuvre et la rendit encoreplus calviniste en la réimprimant, in-f°, Genève, 1547, avec la traduction latine de Sanctes Pagninus et desnoteB tirées de ce dernier et d’autres, au lieu de la traductionde Léon de Juda. Les docteurs de Salamanqueen publièrent en 1584 une édition corrigée. NicolasHenri, professeur d’hébreu au Collège royal, en donnaune autre, édition, 2 in-f°, 1729-1745. Les notes sont littéraleset critiques, claires et précises, et elles se distinguentpar leur caractère philologique de celles descommentaires de cette époque qui sont surtout dogmatiqueset polémiques. Robert Estienne publia à part lesPsaumes, Genève, 1556, avec des notes plus étenduesqui avaient peut-être été recueillies aux cours deVatable.Ges. notes furent insérées dans les Critici sacri et réimpriméesaussi à Halle, in-8°, 1767, avec celles de Grotius, par G. J. L. Vogel. — Voir H. Strack, dans Herzog-Hauck, Real-Encyklopàdie fàrprot. Théologie, 3e édit., XX, 1908, p.431; Cl.-P. Gouget, Mémoires hist. et littér.sur le collège de France, in-4°, Paris, 1758, p. 88-92.

    1. VATICANUS##

VATICANUS (CODEX). Ce manuscrit célèbre dela Bible grecque appartient à la bibliothèque du Vatican, où il est coté Vatican, gr. 1209 (fig. 543). L’écritureest onciale, d’une main qu’on attribue au iv" siècle.Chaque page a trois colonnes de texte, chaque colonne42 lignes. Dans les livres poétiques, où le texte est distribuéen stiques, on ne compte que deux colonnes à lapage. Le parchemin est d’une extrême finesse. Pas d’initialesplus grosses que les caractères courants, mais lapremière lettre des chapitres (ou ce qui peut êtrepris pour tel) dépasse un peu en marge. Pas d’accents, pas d’esprits, de première main du moins. Ponctuationtrès rare, remplacée le plus souvent par un légerespacement des mots à interponctuer. Hauteur du manuscrit: 27 à 28 centimètres; largeur: 27 à 28 aussi. Lemanuscrit compte 759 feuillets, dont 617 pour l’AncienTestament, 142 pour le Nouveau. Les livres des Machabéesn’ont jamais figuré dans le manuscrit. Par accident, il manque Gen., i, 1-xlvi, 28; Ps., cv, 27-cxxxvii, 6; Hebr., ix, 14-xm, 25; les deux Épitres à Timothée, l’Épitre à Tite, l’Épitre à Philémon, l’Apocalypse. Lesparties accidentellement manquantes ont été supplééespar un habile copiste du xve siècle. Le texte oncial, sil’on en croit Tischendorf, serait l’œuvre de trois copistes; le Nouveau Testament serait tout-entier du mêmecopiste. Le texte oncial aurait été corrigé successivementpar deux mains, dont la première serait contemporainedes copistes; la seconde serait du xi=-xiie siècle.

Ce manuscrit. est de premier ordre pour l’établissem*ntdu texte grec de la Bible. Tischendorf a émisl’opinion qu’il avait été copié dans le même scriptoriuntque le Codex Sinaiticus, simple possibilité. On a ditsouvent qu’il figurait dans les anciens catalogues delabibliothèque du Vatican de la fin du XVe et du XVIesiècle: je l’ai cherché vainement dans l’inventaire dupape Nicolas V, dans celui du pape Léon X, dans celuidu pape Paul III. Il n’a été classé à son numérod’ordre, Vat. gr. 1209, qu’à l’époque du pape Paul V(1605-1621), car il est précédé de peu dans les rayonsd’un manuscrit (Vat. 1190) offert à ce pape parAlexandre Turriano, et d’un autre (Vat. 1191) qui aété acquis en 1612. Le Vat. 1208 qui le précède immédiatementest le célèbre manuscrit des Actes des Apôtresécrit en lettres d’or, qui fut donné au pape InnocentVIII par la reine de Chypre, manuscrit qui nefigure pas davantage aux inventaires de Léon X etde Paul III. Il est possible que, possédés par le Saint-Siègependant tout le xvr siècle, le Vat. 1208 et leVat. 1209 aient été conservés à part, car le Vat. 1209était célèbre dès lors. En 1533, Jean Genesius de Sepulvedaadresse à Érasme 356 leçons prises à ce manuscrit, leçons que lui a communiquées Paul Bombasio, par une lettre datée de 1521. Nestlé, Septuaginta-Studien, p. 5. En 1546, Sirleto écrit au cardinal Cervini: In quello esemplare chee nella libreria diN. S. il quale un tempo haveva don Basilio, ve sonle précise parole que allega S. Paolo, eùipp<iv6r)Te stivripeza toû Xaou axrcov. Rom., xv, 10, pris à Deut., xxxii, 43. Cette lettre de Sirleto est mentionnée dans monpetit livre sur La Vaticane de Paul 111 à Paul V, Paris, 1890, p. 86. J’ignore qui est le don Basilio men~tionné par Sirleto. En 1583, le même Sirleto écrit àBarthélémy Valverde, qui l’a interrogé sur quelquespassages difficiles de la Bible, que les difficultés tiennentmoins à la nature du sujet qu’à l’impéritie descopistes ou des éditeurs. Donc, pour les résoudre, Sirleto a le dessein de collationner ces passages cumexemplari grxco Vaticanse bibliothecm, quod tammires vetustatis est, ut doctorum virorum judicio prseferaturomnibus quse in publicis vel in privatis bibliothedsinveniuntur. Op. cit., p. 84. Nicolas Maggiorano, qui était correcteur à la Vaticane avant de devenir, en 1553, évêque de Molfetta, a colligé une série observationumquas-ar grxco ulriusque Testamenti codicevetustissimo Vaticano annotarat. Ibid. En 1560, LatinoLatini rapporte que Sirleto lui a dit que multa szmt ineo codice non temere vulganda, ne novarum rerumstudiosis, id est Arianis et Macedonianis huius setatis, maior insaniendi occasio prssbeatur. Op. cit., p. 85.En 1586, l’édition sixtine des Septante est publiée parordre de Sixte-Quint et par les soins du cardinal Carafaon a pris pour base notre manuscrit, dont Carafa dit, dans la préface: lnlelleximus, cum ex ipsa collatione, tume sacrorum veterum scriptorum consensione, Vaticanumcodicem non solum vetustate, verum etianibonitate cse.te.ris anteire; quodque caputest, ad ipsamquant quserebamus Septuaginta interpretationem, sinon loto libro, maiori certe ex parte, quamproximeaccedere. Op. cit., p. 88.

L’édition sixtine des Septante suffit longtemps auxbesoins de la critique. En 1669, cependant, un correcteurde la bibliothèque Vaticane, Jules Bartolocci, pritune collation du Nouveau Testament sur l’éditiond’Aide de 1518, collation que possède la Bibliothèquenationale, Supp. gr. 53. Voyez Gregory, Prolegomena, p. 361. Nouvelle collation en 1720, pour Bentley: elleest conservée à Cambridge, dans la bibliothèque deTrinity Collège B, 17, 3 et 20. Gregory, ibid. En 1809, le manuscrit était à Paris, où il fut étudié par LéonardHug, qui publia peu après une dissertation De antiquitatecodicis Vaticani, Fribourg, 1810. Le manuscrit futrestitué au Vatican, avec les autres trésors que Napoléonavait enlevés; puis le cardinal Mai entreprit d’en éditerle texte: on l’imprima, de 1828 à 1838, mais le cardinalMai, conscient de l’imperfection de son travail, se refusaà le publier jusqu’à sa mort, qui arriva en 1854. Lapublication fut alors confiée au P. Vercellone, qui s’enacquitta en 1857 une première fois, et à nouveau pourle Nouveau Testament en 1859. Quand on sait quelledifficulté, présente une semblable édition diplomatique, on ne s’étonne pas que celle de Mai et de Vercellonelaisse infiniment à désirer. On s’y reprit une troisièmefois; le travail échut, après la mort de Vercellone, auP. Cozza, et l’édition parut de 1868 à 1881. La critiquela plus indulgente a estimé que cette dernière tentativene Tachetait pas le défaut des précédentes. Voyez H.Swete, The Old Testament in greek, Cambridge, 1887, t. i, p. xviii. Nous avons eu enfin une reproductionphotographique du Vaticanus, qui coupe court aux critiques, Codicese Vaticanis selecti phototypice expressi, Rome et Milan, 1902 sq.; Bibliorum græcorum CodexVaticanus 1209, pars 1, Testamentum Velus, Milan, 1905-1906; pars 11, Testamentum À T owm, / Milan, 1904.

P. Batiffol.

Imp. G. Deberque

CODEX VATICANUS
II Par., xxxvi. 11. - Esd., i, 5.

VAUDOISES (VERSIONS) DE LA BIBLE.

Ouand on parle aujourd’hui de versions «vaudoises» de l’Écriture, on n’enlend plus des traductions en languevulgaire, faites, avant 1170, soit par le Lyonnais Valdo, fondateur de la secte vaudoise, soit par ses premiersadhérents. On entend par là des versions bibliques, rédigées dans le dialecte parlé au xiv «siècle par leshabitants des Vallées vaudoises des Alpes. Si les premiersvaudois du xii «siècle avaient à leur dispositionune traduction de la Bible (ce qui n’est pas démontré), elle n’avait pas été faite dans ce dialecte, et nous ignoronsen quel idiome roman elle aurait été composée.Les manuscrits qui nous restent d’une version bibliqueen dialecte des Vallées vaudoises sont plus récents etreproduisent un texte différent de celui qu’on attribueà Pierre Valdo de Lyon. Voir Ed. Reuss, Fragmentslittéraires et critiques relatifs à l’histoire de la Biblefrançaise, dans la Revue de théologie de Strasbourg, juin 1851, t. ii, p. 321-364. Les vaudois, du reste, onteu à leur usage une version provençale du xiii" siècle, qui a exercé de l’influence sur les traductions en idiomevaudois. Voir t, v, cot. 775-776. Celles-ci comprennentle Xouveau Testament en entier et des parties ou fragmentsde l’Ancien Testament.

I. Nouveau Testament.

Les manuscrits.

1. Le plus ancien de tous a été signalé par le P. Lelong, Bibliothèque sacrée, 1. 1, p. 369, comme appartenant àHenri-Joseph de Thomassin, seigneur de Mazauges, d’après Rémerville de Saint-Quentin, Pièces fugitives, 1704, t. ii, p. 270. Après 1743, il fut acheté par l’évêquede Garpentras, Inguimbert, qui le donna à sa villeépiscopale. Il se trouve aujourd’hui encore à la bibliothèqueInguimbert de Carpentras. Il est du xrv s siècleet d’une écriture arrondie du midi de la France. Ilcontient, à la suite du Nouveau Testament, les livressapientiaux de l’Ancien. Chaque livre est précédé d’unprologue ou argument. Rien ne prouve l’origine vaudoisede ce manuscrit qui pourtant a dû être entre lesmain» de vaudois, comme semble l’indiquer une noteitalienne du xv» siècle dressant la liste des livres dcutérocanoniquesde l’Ancien Testament. S. Berger a publiéquelques extraits du texte, dans Romania, 1889, t xvtii, p. 379-382.

2. Vient ensuite, par ordre de date, le manuscrit deDublin, Trinity Collège, A. 4, 13, daté de 1522. Il provientde l’archevêque Ussher, qui l’avait acheté vers1634, avec une collection d’écrits vaudois, ayant appartenuau ministre dauphinois J.-P. Perrin. Ces manuscritsavaient été recueillis dans la vallée du Pragela etenvoyés par le synode des Vallées à Perrin pour sonHistoire des vaudois, Genève, 1618. Cf. op. cit., t. i, p. 57; J. Léger, Histoire générale des Églises évangéliquesde» Voilées de Piémont ou vaudoises, Leyde, 1€69, t. i, p. 24. W. S. Gilly l’a signalé le premier, enadonné un fac-similé et en a publié l’Évangile de saintJean, mais d’une façon très fautive. The romauntVersion oftJie Gospel according to St. John, Londres, 1848. M. Herzog, en a pris une copie qu’il a déposée àla bibliothèque royale de Berlin. Cf. Herzog, Die romanisclienWaldenser, p. 55, 99; Grûzmacher, Jakrbûcherfur roman, und angl. Litteratur, 1862, t. iv, p. 372; Todd, The Boohs of tlte Vaudois, Londres etCambridge, 1865, p. 1; P. Meyer, iîecuei! d’anciens textes, 1874, p. 32; Al. Muston, L’Israël des Alpes, ty èdit., 1879, t. iv, p. 95; H.Haupt, DiedeutscheBibelûbersetzungder mitteralterlichen Waldenser, Wurzbourg, 1886, p. 20; K Comba, Histoire des vaudois d’Italie, 1887, 1. 1, p. 225; C. Salvioni, Bulletin de la Société d’histoirevaudoise, 1889, n. 5, p. 35. Comme le précédent, cemanuscrit contient le Nouveau Testament et les livressapientiaux; il n’en est pas cependant la reproduction, puisqu’il s’étend jusqu’au c. xxm de l’Ecclésiastique, alors que le manuscrit de Carpentras s’arrête à xvi, 4.

3. Les manuscrits de Grenoble, bibliothèque municipale, U. 860, et de Cambridge, bibliothèque de l’université, DD. 15. 34, sont du commencement du xv «siècleet reproduisent le même texte, jusqu’aux fautes de copieet aux erreurs. Le premier comprend tout le NouveauTestament avec une partie des livres sapientiaux del’Ancien, mais le second n’est qu’un abrégé du NouveauTestament. Le manuscrit de Grenoble vient del’évêque Caulet (f1771). Entête de chaque livre, on litune préface ou argument, dont la traduction est différentede celle du manuscrit de Carpentras et dont letexte latin se rencontre, dès le milieu du xme siècle, dans presque tous les manuscrits de la Vulgate. À la fin, une autre main, dont l’écriture n’est pas antérieureau milieu du xv siècle, atranscritun lectionnairequel’abbé Misset, parle moyen des fêtes propres, a reconnupour un lectionnaire de Prague. Or, cette circonstancedémontre l’origine vaudoise du manuscrit, car on saitqu’au xve siècle les vaudois ont été en rapports étroitsavec les Bohémiens. Champollion-Figeac a publié laparabole de l’enfant prodigue. Nouvelles recherchessur les patois, Paris, 1809, p. 113. Voir encore Gilly,

: op. cit., p. xliv, qui donne un fac-similé; P. Meyer, 

op. cit., p. 32; Muston, op. cit., p. 95; Comba, op. cit., p. 224. Le fragment de Cambridge a été retrouvépar Bradshaw au milieu d’une collection de manuscritsvaudois rapportés en Angleterre en 1658 par sirSamuel Morland, commissaire de Cromwel! auprès duduc de Savoie. Morland les avait reçus de l’historienJ. Léger, modérateur des Eglises des Vallées. H. Bradshaw, On the recovery of the long lost Waldensianmss. (rapport lu le 10 mars 1862), Antiquarian communicationsde la Cambridge antiquarian Society, 1864, t. ii, p. 203, reproduit par, 1. H. Todd, op. cit., p. 214. Cf. Ed. Montet, Histoire littéraire des vaudois, 1885, p. 3; Comba, op. cit., p. 224. Son texte serattache étroitement à celui des manuscrits de Carpentraset de Dublin. Il présente cependant cetteparticularité qu’à partir du c. xvi, 9, des Actes, commenceune nouvelle version qui n’est qu’une paraphrase.Elle est faite littéralement sur le texte italiende la version du dominicain frère Dominique Cavalca, mort en 1342. S. Berger, La Bible italienne au moyenâge, dans Romania, 1894, t. xxiii, p. 37-39.

4. Une dernière copie du Nouveau Testament vaudoisse trouve à Zurich, bibliothèque de la ville, C169. Cemanuscrit, qui présente quelques lacunes, a été donnéen 1692 à l’universitéde Zurich par Guillaume Malanot, pasteur d’Agragne dans les Vallées vaudoises. Il avaitappartenu d’abord à un habitant de la vallée de Pragela, Ed. Reuss, qui l’a étudié à fond, a démontré que letexte a été copié sur un original retouché d’après leNouveau Testament d’Lrasme de 1522. Revue de tliéologie, décembre 1852, t. v, p. 341-349; février 1853, t. vi, p. 80-86. Il reproduit, en effet, le verset des troistémoins célestes. Le manuscrit date donc de 1530, époque à laquelle les vaudois piémontais se sont rapprochésdes protestants et se sont initiés à la critiquebiblique. L’original semble dériver de l’ancêtre commundes manuscrits de Dublin et de Grenoble. Le textecorrigé, et donc le moins bon, du manuscrit de Zuricha été publié par C. Salvioni, dans VArchivio glottologicoitaliano de M. Ascoli, 1890, t. xi. Cf. Gilly, op. cit., p. lis; Muston, op. cit., p. 96; Comba, op. cit., p. 226.

Caractères de cette version.

1. Elle n’est pasvaudoise de doctrine. Bien qu’elle ait été à l’usage desvaudois comme l’attestent les citations bibliques desouvrages vaudois, qui sont évidemment empruntées àun texte absolument identique à celui du manuscrit deCarpentras; il n’est pas sûr cependant qu’elle soit leurœuvre. M. Reuss croyait y découvrir quelques tracesde dualisme et des doctrines cathares, étrangères auxidées vaudoises. Elle lui paraissait éviter le mot de créa-

tion etles formules analogues et employer des expressionsqui rappelleraient l’éternité de la matière. L’examenplus attentif des manuscrits y a fait retrouver lestermes qu’on prétendait avoir été écartés à dessein. Lesexpressions qui ont paru trahir une tendance à l’ascétismen’ont pas de portée spéciale. Le mot «Fils de lavierge» pour traduire Films hominis de la Vulgate seretrouve dans une version normande du xme siècle; il est répété au xve dans différentes traductions dû NouveauTestament et on ne peut y voir une tentative pourrompre le lien qui unit le Christ à la nature humaineou à la matière. Pas un mot ne trahit les opinions particulièresdu traducteur, et la version vaudoise du NouveauTestament est parfaitement orthodoxe.

2. Elle est faite, d’ailleurs, sur la Vulgate et, aussibien que les traductions provençales, sur le texte languedociendu xiu 8 siècle. Comme la version provençaledu manuscrit du Lyon, à laquelle elle ressemble, voir t. v, col. 776, elle est littérale à l’excès. Cette exactitudelittérale a été ici spécialement recherchée tantau point de vue du vocabulaire, qui rend le mot latinle plus près possible, que de la grammaire et de lasyntaxe. En outre, on remarque dans les deux versions, vaudoise et provençale, certaines expressions singulièreset certaines traductions libres ou inexactes quileur sont communes, quelques leçons qu’on n’a pasencore retrouvées dans aucun texte latin. Les versionsprovençales ont donc influencé la traduction vaudoisedu Nouveau Testament. Leur origine n’est pourtantprobablement pas la même. On constate entre les deuxgroupes des différences innombrables et de toute nature.La plus importante peut-être est que leur textelatin, quoique languedocien, n’est pas absolument lemême et présente des variantes de détail qu’un simpletravail de retouche n’expliquerait pas. Celui que représentela’version vaudoise n’est pas de très bon aloi; il contient des interpolations, provenant d’un déplacementdes textes et des passages répétés ou doublets etdont quelques-uns se retrouvent dans les manuscritslanguedociens les moins anciens, dans ceux qui ont déjà, comme la traduction vaudoise, les chapitres modernes, .Les textes vaudois ont peut-être été souvent retouchés, parce qu’ils étaient d’un grand usage, et ces retouchesauraient été faites d’après les versions provençales.

II. Parties et fragments de l’Ancien Testament. — _1° Les livres sapientiaux. — Nous avons déjà constatéque les manuscrits de Carpentras, de Dublin et deGrenoble contenaient, à la suite du Nouveau Testament, les Proverbes, l’Ecclésiaste, le Cantique, les dix premierschapitres de la Sagesse et les quinze ou vingt-troispremiers de l’Ecclésiastique. Ces livres ne sontcomplets dans aucun manuscrit, et il n’y a pas de raisonqu’ils l’aient jamais été. Le manuscrit de Grenoblereproduit quelques versets de l’Ecclésiastique, xi, 15, 16; xii, 166-18 a, qui ne sont pas dans celui de Carpentras.Le texte latin, sur lequel la traduction a été faite, est ce texte parisien qui, sous l’influence de l’universitéde Paris, est devenu peu à peu général en France, àpartir du milieu du xme siècle. On y retrouve les interpolationsqui le caractérisent. On n’y remarque parcontre aucune des particularités du texte languedociendu xme siècle, qui a servi de base à la versionvaudoise du Nouveau Testament. On peut par suite sedemander si la traduction des livres sapientiaux vientdu même atelier que la précédente. Dans les manuscritsvaudois, le Cantique est accompagné de rubriquesallégoriques, qui se présentent sous deux formes quelquepeu différentes. Celles du manuscrit de Carpentrassemblent avoir été empruntées, presque sans changement, aux Bibles d’Alcuin les plus anciennes et lesmeilleures. Celles du manuscrit de Grenoble dériventdes manuscrits languedociens les plus anciens; ellesseraient donc les plus anciennes dans la version vaudoise. Comme les autres livres sapientiaux ont été traduitssur un texte parisien, qui n’avait pas ces rubriques, on peut se demander si le Cantique n’a pasété traduit à part et peut-être le premier.

2° Autres fragments de l’Ancien Testament. — Lesmanuscrits qui les contiennent sont vaudois d’origine^ils ont été donnés à sir Morland par Jean Léger, l’historiendes vaudois. Ils paraissent remonter à la secondemoitié du XVe siècle et sont conservés à la bibliothèquede l’université de Cambridge, DD. 15, 29; DD. 15, 31.1. Le ms. À de Morland contient, en tête de différentstraités, les neuf premiers chapitres de la Genèse. Letexte latin, sur lequel cette traduction a été faite, n’estpas le texte parisien du xme siècle. La version est assezexacte. — 2. Le ms. C de Morland, un des plus petit*manuscrits qu’on connaisse, contient dans la languedes Vallées: à) le supplice des frères Machabées, II Mac, vi, 5-41; 6) les trois premiers chapitres de Jobet le c. xlii sous le titre de c. ty; c) le livre entierde Tobie. Le texte latin de Job ne semble pas êtreexactement le texte parisien du XIIIe siècle; la versionest généralement exacte; on remarque une leçon singulière, Job, i, 5.

Voir, sur ces versions, les études de Reuss, dans laRevue de théologie de Strasbourg, juin 1851, t. ii, p. 223; décembre 1852, t. v, p. 321-349; février 1853, t. vi, p. 65-96, et de S. Berger, Les Bibles provençales etvaudoises, dans Romania, 1889, t. xviii, p. 377-414, 416-422, qui remplacent toutes les autres. Nous n’avonsfait que les résumer. E. Makgenot.

    1. VAUTOUR##

VAUTOUR, oiseau de proie, de l’ordre des rapacesdiurnes. — Les vautours ont une petite tête, un becrobuste et recourbé vers la pointe, un cou long etdénudé, de grandes ailes et une queue courte. Ilss’élèvent très haut en tournoyant, mais d’un vol lourd.Ils sont lâches et voraces, s’attaquent aux petit* animauxet, à leur défaut, se contentent de substances enputréfaction. Ils répandent une odeur infecte. Leurhabitation ordinaire est dans les hautes montagnes.Les vautours sont représentés dans la Bible par leGypaète, t. iii, col. 371, et le Pernocptère.I. v, col. 124, ou vautour d’Egypte. — Il y a trois mots hébreux quidésignent pour les versions soit le vautour, soit le milan; dd’ah, yû’l/, «vautour», milvus, s milan»; ’ayyâh, ïxtivoç, «milan», vultur, «vautour», Lev., xi, 14; voir Dâ’âh, t. ii, col. 1195; ’ayyâh etdayyâh, le vautour et le milan, également interdits, Deut., xiv, 13; dayyôf, rnilvi, «milans» qui se rassemblentdans les déserts, et que les Septante appellentdes «cerfs», eXaçoi, Is., xxxiv, 15; enfin le’ayyâhde Job, xxviii, 7, qui a l’œil perçant et dont les versionsfont un vautour. Le’ayyâh est plus probablement lemilan royal. Voir Milan, t. iv, col. 1084. D’après Bochart, Hierozoicon, t. ii, p. 196, et Gesenias, Thésaurus, p. 335, dayyâh désignerait une espèce de vautour. Ilfaut croire, avec la plupart des versions, que c’est lenom d’un milan. Ce sens devient le plus probable, sil’on observe que, chez les Arabes, h’dayah est le nomdu milan noir, le milvus migrans, distinct du milanroux ou royal. Cet oiseau a environ m 55 de long. Ilporte un plumage uniforme d’un brun noir sur le doset fauve en dessous. Sa queue est longue, mais moinsfourchue que celle du milan roux. Sa ponte est dedeux ou trois œufs. C’est un oiseau migrateur, qui disparaîtde Palestine durant les trois mois d’hiver etrevient en mars. On le trouve alors un peu partout, spécialement auprès des villages, qui lui procurentune provende facile. Il n’attaque par les poules, maisleur dispute leurs détritus. Quand on abat quelquebétail, il est là en nombre, profitant de l’inattentionpour enlever quelque morceau et tenant à l’écart lesrusés et avides corbeaux. Il est très maladroit dans le 2385

VAUTOUR - VEAU D’OR

2386

choix d’un emplacement pour son nid, qu’il pose généralement sur un arbre, dans une gorge, mais parfoisentre les racines dénudées d’un arbuste et sur le bordmême du rocher. Ce nid est pitoyablement construit debranchages et garni de tous les chiffons qui se peuventrencontrer. Néanmoins, le vol de l’oiseau est élégantet ses mouvements sont agréables à l'œil. Le milvuslegyptius a le plumage plus clair. On le rencontre fréquemment en Palestine, mais les Arabes le confondentavec le précédent. Comme tous les oiseaux de proie, le milan a été prohibé par Moïse. Deut., xiv, 13. Cf.Tristram, The natural history of the Bible, Londres, 1889, p. 181; Wood, Bible animais, Londres, 1884,

p. 358.

H. Lesêtre.

VAV, sixième, lettre de l’alphabet hébreu, i, v. «crochet, clou», objet dont elle a conservé la forme, C’est une lettre servile dont la langue hébraïque faitle plus grand usage.

    1. VEADAR##

VEADAR, mois complémentaire juif, Les mois del’année juive étaient comme les nôtres au nombre dedouze, mais leur année était lunaire, par conséquentplus courte de onzejours que l’année solaire. Pour lafaire accorder avec l’année solaire, on ajoutait tous lestrois ans environ un treizième mois, qui n’est pas mentionné dans la Bible, Veadar, ainsi appelé parce qu’onle plaçait entre adar et nisan.

VEAU (hébreu: par, 'égél; Septante: iiôa-^oç, LoayJtptov; Vulgate: vitulus, juvenculus), jeune taureau.1° Le veau bondit dans les champs où on l’engraisse, Ps. xxix (xxviii), 6; Mal., iv, 2, et y vit indompté.Jer., xxxi, 18. Il paît là où s'élevaient autrefois desvilles, Is., xxvii, 10, et, avec les autres bêtes deschamps, il devient la proie des envahisseurs. I Reg., xiv, 32; Is., xxxiv, 7. À l'âge d’or, figure de la restauration spirituelle, il habitera avec le lion. Is., xi, 6. Lesmercenaires d’Egypte sont comparés à des veaux gras, à cause de leur force et de leur belle apparence. Jer., xl vi, 21. — 2° Le veau sert à la nourriture de l’homme, et le veau gras figure dans les festins. Gen., xviii, 7;

I Reg., xxviii, 24; III Reg., i, 9; Am., yi, 4; Luc, xv, 23. — 3° Le veau est employé dans les sacrifices pourla consécration des prêtres, Exod., xxix, 1; Lev., viii, 2, dans l’holocauste, Lev., i, 5, dans le sacrifice pourle péché, Lev., iv, 3; îx, 2; xvi, 3, ou pour l’erreur, Kum., xv, 24, à la néoménie, Num., xxviii, 11, à laPâque, Num., xxviii, 19, à la Pentecôte, Num., xxviii, 27; Lev., xxiii, 16, aux fêtes des Trompettes, Num., xxix, 2, de l’Expiation, Num., XXIX, 8, et des Tabernacles. Num., xxix, 13. Cf. Mich., vi, 6. Un veau grasfut immolé pendant le transport de l’Arche à Jérusalem.

II Reg., vi, 13. Cyrus ordonna de fournir des veauxpour les sacrifices des Juifs. I Esd., vi, 9. Le Seigneurpréférait la prière et la pratique de la vertu à de telssacrifices. Ps. lxix (lxviii), 32; Is., i, 11. — On passaitentre les deux moitiés d’un veau pour contracter unealliance. Jer., xxxiv, 18. Voir Sacrifice, col. 1317. —Les versions parlent quelquefois de veaux quand ils’agit de taureaux dans le texte hébreu. Voir Bœuf, t. i, col. 1833; Chérubin, t. ii, col. 663; Taureau,

col. 2015.

H. Lesêtre.

    1. VEAU D’OR##

VEAU D’OR (hébreu: 'êgél massêkâh; Septante: u.ô<r/oç 3( <oveUT0 'c i Vulgate: vitulus confîatilis), veau demétal fabriqué pour être l’objet d’un culte idolâtrique.

1° Au désert. — Pendant les quarante jours queMoïse demeura sur le Sinaî pour y recevoir la loi deJéhovah, Exod., xxiv, 18; Deut., ix, 11, les Israélitesse découragèrent en s’imaginant qu’il ne reviendraitplus pour les guider. Ils s’adressèrent donc à celui quiétait le plus qualifié pour leur venir en aide, Aaron, et

lui demandèrent de leur faire 'ëlohim 'âsér yêlkû lepanênû, ôîo’jç oi.'itpoTtopsûg’ovTixi T|[i<ôv, deos qui nos procédant. Ce pluriel, qu’on reproduira bientôt en l’appliquant à une effigie unique, Exod., xxxil, 1, 4, estévidemment à entendre au singulier, sinon dans lapensée du peuple, du moins dans celle d’Aaron. Peutêtre le peuple réclamait-il plusieurs simulacres, figurant, comme en Egypte, les différents attributs de ladivinité. Il est possible d’ailleurs, comme l’insinuesaint Paul, I Cor., x, 7, que ce désir n’ait pas étépartagé par le peuple tout entier. Il était en effet radicalement contraire à la loi du Décalogue qui venaitd'être promulguée. Exod., xx, 4. Aaron ne se sentit pasen mesure de résister à la requête qui luiétaitadresséepar des hommes égarés, capables de se porter à deredoutables extrémités, peut-être même de reprendrele chemin de l’Egypte. Quelle responsabilité n’eût-ilpas encourue aux yeux de Moïse, si celui-ci, à son retour, n’eût plus retrouvé qu’un peuple révolté et dissesminé à travers le désert? Il se décida donc à faire cequ’on lui demandait, mais à une condition qui devaitdonner à réfléchir et qui peut-être ferait renoncer lepeuple à son exigence. Il demanda qu’on lui apportâtles anneaux d’or que les femmes, leurs fils et leurs, filles portaient aux oreilles. Le sacrifice fut consentisans hésitation et Aaron dut exécuter ce qu’on atten-dait de lui. Il fit fondre le métal précieux et fabriquerun veau d’or. Voir Or, t. iv, col. 1839. Tenta-t-il, enfaisant exécuter hâtivement un simulacre grossier, dedécourager les Israélites et de leur faire comprendrel’inconvenance de leur désir? Il n’y réussit certainement pas; car, dès que l'œuvre fut achevée, ses inspirateurs dirent à tout le peuple: «Israël, voici tes.dieux, qui t’ont fait monter du pays d’Egypte.» LesSeptante et le Syriaque attribuent ces paroles à Aaronlui-même. Il serait donc possible que, par un changement de ponctuation, les anciens transcripteurs hébreux aient mis le pluriel, pour atténuer la responsabilité d’Aaron. Tous savaient que Jéhovah avait étél’auteur de la délivrance de son peuple. On ne pouvaitdonc voir dans l’effigie d’or qu’une représentation deJéhovah, que seuls les plus grossiers seraient tentés deconfondre avec lui. — Voyant l'état d’esprit du peupleet ne sachant lui-même quand Moïse reparaîtrait, .Aaron dressa un autel devant le veau d’or et dit i «Demain, il y aura fête en l’honneur de Jéhovah!» C'était une manière d’affirmer la souveraineté de Dieuqui s'était révélé à Moïse et d’empêcher des écartsnettement idolâtriques. Par la célébration de la fête, Aaron pouvait aussi gagner du temps et calmer l’impatience inquiète des Israélites. Averti par le Seigneur, Moïse intercéda pour son peuple et descendit de lamontagne. Il trouva tout le camp en fête, s’indignavivement et interpella Aaron: «Que t’a fait ce peuple, pour que tu aies amené sur lui un tel péché?» Aaron.s’excusa en rappelant les exigences des Israélites..Moïse broya le veau d’or et le fit réduire en poudre; , il répandit cette poudre dans l’eau et ordonna auxenfants d’Israël de la boire. Profitant de ce que la plupart des coupables étaient désarmés, il fit appel à ceus.qui voudraient venger l’offense faite à Jéhovah. Lesenfants de Lévi se présentèrent, fondirent sur lesprévaricateurs au milieu de leurs festins et en massacrèrent 3000 (et non 23000, comme porte la Vulgateactuelle). De retour auprès de Jéhovah sur la montagne, Moïse implora et obtint le pardon de son peuple.Exod., xxxii, 1-35. — Cette tentative avait mis en lumière les instincts idolâtriques des Israélites. Legrossier emblème du veau d’or fut détruit; mais, parla suite, le Seigneur ordonna la construction de l’Arched’alliance, qui devait être comme le signe sensible desa présence au milieu de son peuple. Moïse revint plus, tard sur ce triste épisode. Il rappela combien Jéhovah 2387

VEAU D’OR — VENCE (BIBLE DE)

2388

avait été irrité contre son peuple, et particulièrementcontre Aaron qu’il eût fait périr sans la supplication deMoïse. Deut., ix, 8-21. Aaron s’était donc montré gravementcoupable de faiblesse, en se prêtant à l’exécutiond’un pareil attentat contre la gloire de Jéhovah.Cf. Ps. cti (cm), 19-23; II Esd., ix, 18; Act., vii, 40, 41.2° En Samarie. — En attribuant à Jéroboam laroyauté sur dix tribus, le Seigneur lui promit, s’ilétait fidèle à ses lois, de bénir sa maison comme ill’avait fait pour David. III Reg., xi, 37, 38. La divisiondu royaume demeurait donc compatible avec le maintiendu culte traditionnel. Jéroboam n’eut pas une foisuffisante en cette promesse divine. Il s’imagina quela fréquentation du Temple de Jérusalem par ses sujetsporterait préjudice à la solidité de son pouvoir etamènerait fatalement les Israélites à se replacer sousla domination des descendants de David. Pour parerà ce danger, il fit fabriquer deux veaux d’or, qu’il

544. — Taureau sacré.

Modèle de sculpture, au musée de Gizéh.

installa aux deux extrémités de son royaume, à Dan età Béthel. Puis il dit aux Israélites, comme on avait ditautrefois au désert: «Israël, voici ton Dieu qui t’afait sortir du pays d’Egypte.» Enfin il instituaun nouveau culte et Un nouveau sacerdoce, pour queson peuple n’eût rien à envier à celui de Juda. LeSeigneur fit signifier à Jéroboam combien son entrepriselui déplaisait. III Reg., xii, 26-33; xiii, 1-10. Leroi d’Israël n’avait pas le dessein d’ériger des idoles, mais seulement des représentations visibles de Jéhovah.Néanmoins son initiative était condamnée par le textedu Décalogue et par les suites qu’avait entraînéesl’aventure du veau d’or d’Aaron. En outre, la nouvelleinstitution détournait pratiquement les Israélites duculte qui leur était prescrit dans le Temple de Jérusalem.Abia, roi de Juda, reprocha en vain à Jéroboamson entreprise sacrilège. II Par., xiii, 8. Les deuxveaux d’or demeurèrent en place. Jéhu fit disparaîtreles idoles de Baal, mais laissa subsister les veaux d’or.IV Reg., x, 29. À quelques exceptions près, les Israélitesleur rendaient un culte assidu. Tob., i, 5. Osée, vm, 6, prédit la mise en pièces du veau de Samarie. Ilreproche à Israël de s’abaisser à adorer des veaux. Ose., . xiii, 2. Il était inévitable, en effet, que les Israélites envinssent peu à peu à prendre l’effigie pour la divinitéelle-même et à tomber ainsi dans la plus grossièreidolâtrie. Cette adoration des veaux d’or est signaléecomme l’une des impiétés qui amenèrent la ruine duroyaume d’Israël. IV Reg., xvii, 16. En souvenir de ceculte idolâtrique, le nom de fiéthaven, «maison de lavanité» ou «de l’idole», fut attribué à Béthel. Voir

    1. BÉTHAVEN##

BÉTHAVEN, t. i, col. 1666.

3° Raison du symbole. — Il y a lieu de se demander

quel motif put déterminer Aaron et plus tard Jéroboamà choisir un jeune taureau comme symbole de Jéhovah, Les Hébreux sortaient d’Egypte, où ils avaient vu leshabitants adorer un bœuf. En faisant fondre un veaud’or, Aaron devait savoir qu’il répondrait ainsi à lapensée des Israélites accoutumés à voir plusieurs divinitéségyptiennes qui se personnifiaient dans un taureau, principalement le dieu Apis (Hapi) qui est la secondevie de Phtah; il était honoré à Memphis. Apismort était Osiris, d’où les Grecs firent Sérapis. Ontrouve aussi représenté sous forme de bœuf ou de taureau: Mnévis ou l’âme de Rà à Héliopolis; le dieuKem à Thèbes; Mentou à Hermonthis. Voir APIS, t. I.col. 741. Ces dieux étaient censés marquer de certainsstigmates les sujets qu’ils animaient. Ces stigmatesconsistaient en taches noires disposées comme dans lafigure 544; Cf. Mariette, Notice des principaux monuments, 1876, p. 222, n. 666; Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 119. Le choix de cette représentation divinerappelait d’ailleurs aux Hébreux de vieilles traditionsancestrales. Les Babyloniens et les Assyriens avaientun dieu Hadad ou Adad, qui présidait aux vents, auxorages et aux tonnerres. Identique à Ftammàn, voirRemmon, t. v, col. 1036, il était symbolisé par le taureau, comme l’Indra védique. Or, au Sinaï, Jéhovahvenait de se manifester au milieu des éclairs et destonnerres. Exod., xix, 16-20. Il était donc naturel que, pour rappeler à son peuple la présence de Jéhovah quil’avait tiré d’Egypte, Aaron empruntât le symbole dudieu babylonien des orages, Hadad, le dieu sémite, pour représenter la protection divine assurée à Israël.Hadad devint le dieu le plus vénéré et le plus répandude la Syrie. Voir Hadad, t. iii, col. 391. Les rois deDamas, comme ceux d’Assyrie, aimaient à faire entrerson nom dans la composition du leur. — Jéroboam fitplus tard comme Aaron en érigeant sîs veaux d’orà Dan et à Béthel. II fusionnait ainsi dans un mêmesymbole l’idée du vrai Dieu et celle d’une des divinitéssémites les plus populaires. Cf. Dhorme, Les Sémites, dans Où en est l’histoire des religions, Paris, 1911, 1. 1, p. 147, 165, 166, 177; Lagrange, Études sur les religionssémitiques, Paris, 1905, p. 93, 94; H. Vincent,

Canaan, Paris, 1907, p. 467.

H. Lesêtre.

VÉGÉTAUX. Voir Arbres, t. i, col. 888-894; Herbacées(Plantes), t. iii, col. 596-599, et les noms dechaque plante.

VEILLE. Voir Heure, t. iii, col. 683.

    1. VEINE##

VEINE, conduit qui ramène le sang vers le cœur.Il n’en est point parlé dans la Bible. Mais la Vulgatese sert du mot vena pour désigner le canal naturelpar où passe l’eau d’une source, et ce mot traduitmâqôr, Tifr, e. source». Il est ainsi question de veined’eaux vives, Jer., xvii, 13, de source de la mer, Jer., n, 36, de veine desséchée, Ose., xiii, 15, ou corrompue, Prov., xxv, 26, et, par métaphore, de la veine dela vie, Prov., v, 18, et de la parole qui enseigne lebien. Prov., x, 11. —La Vulgate emploie le même motpour parler du filon d’argent dans une mine, traduisantainsi mâqôm, toitoç, «lieu». Job, xxviii, 1.

H. Lesêtre.

VEL (hébreu: ’Ûêl; Septante: OOriX), un des filsou descendants de Bani, qui avait épousé une femmeétrangère. Esdras l’obligea à la renvoyer. I Esd., x, 34.

    1. VENCE##

VENCE (BIBLE DE). H. François, abbé de Vence(vers 1675-1749), publia à Nancy, 22 in-12, 1738-1743, unenouvelle édition de la Bible de Carrières (voir Carrières, t. ii, col. 323), en y ajoutant des dissertations. Ces dissertationsfurent insérées depuis dans la Bible deCalmet. Rondet (1717-1785) en donna une édition nou

velle à Avignon, J7 in-4°, 1767-1773. Cette édition estconnue sous le nom de Bible de Vence.

    1. VENDANGE##

VENDANGE (hébreu: bâçir; Septante: xpu-piTÔç; Vulgate: vindemia), récolte des raisins (voir fig. 165, col. 613).

1° En Palestine, la vendange commence dès le débutde septembre dans les vallées chaudes, pour se termineren octobre dans les régions plus froides. Elle rejointdonc les semailles, qui se font en novembre. C’est ceque le Seigneur avait promis à son peuple, s’il luirestait fidèle. Lev., xxvi, 5; Am., ix, 13. La Vendangedes raisins spontanés ne devait se faire ni l’année sabbatique, ni l’année jubilaire. Lev., xxv, 5, 11. Lesautres années, le vendangeur devait laisser de quoigrappiller à l’étranger, à l’orphelin et à la veuve. Deut., xxiv, 21. Voir Grappillage, t. iii, col. 308. Les pauvresen étaient quelquefois réduits à marauder dans lesvignes de leurs oppresseurs. Job, xxiv, 6. — La vendangedevait manquer à Israël devenu infidèle. Deut., xxviii, 30; Is., xxxii, 10. — La récolte des raisins sefaisait avec d’autant plus de joie qu’elle terminaittoutes les autres. Ps., iv, 8. Ainsi on voit les gens deSichem vendanger, fouler, faire la fête et continuerles festins dans la maison de leur dieu. Jug., ix, 27.Le foulage du raisin s’exécutait en effet à mesure qu’ilétait cueilli, les pressoirs se trouvant disposés dansles vignes ou à proximité. Voir Pressoir, fig. 164-169, col. 612-616. En temps de détresse, «dans les vignes, plus de chants, plus de cris de joie. t> Is., xvi, 10. «On ne foule plus au bruit des cris de joie; le cri dejoie n’est plus.» Jer., xxv, 30; xlviii, 33. La vendangemettait tout le monde en fête, tant à cause de l’extensiondes vignobles qu’à raison de la richesse des produitset du profit qu’on en pouvait tirer.

2°, Le sort d’un peuple châtié par Dieu est comparé àcelui d’une vigne à la suite de la vendange et du grappillage.Is., xxiv, 13; Jer., xlix, 9; Mich., vii, 1. Édomest pillé comme par des vendangeurs qui n’ont rienlaissé. Abd., 5. Après le châtiment d’Israël, les restesdu peuple sont comme une vigne où le vendangeur netrouve plus que des sarments. Jer., vi, 9. Le Seigneura vendangé Jérusalem au moyen des Chaldéens. Lam., I, 12, 22; ii, 20. Il vendange l’orgueil des puissants.Ps. lxxvi (lxxv), 13. Le jugement du monde est comparéà une vendange. Apoc., xiv, 18, 19. — Gédéon, dela famille d’Abiézer, dit aux Éphraïmites mécontentsde n’avoir pas pris part au combat contre les Madianites: «Le grappillage d’Éphraïm ne vaut-il pas mieuxque la vendange d’Abiézer?» Judr, viii, 2. On nevendange pas des raisins sur des ronces, Luc, vi, 44, c’est-à-dire on n’attend pas de bons fruits de mauvaisarbres. — La sagesse fait déborder la science commele "Géhon au temps de la vendange, Eccli., xxiv, 25 (37), c’est-à-dire comme un fleuve qui déborde aucommencement de l’automne, ainsi que le Nil. Le filsde Sirach a recueilli la sagesse comme celui qui grappilleaprès la vendange, parce que d’autres l’ont précédé, mais qui cependant en trouve assez pour remplirle pressoir comme le vendangeur. Eccli., xxxiii, 16.

H Lfsètre

VENDEURS DU TEMPLE. Voir Marchand, t. iv, col. 747.

1. VENETUS (CODEX), manuscrit important dela Bible grecque, à la bibliothèque de Saint-Marc à Venise, sous la cote i. Écriture du vm-ixe siècle, formatin-folio. Le manuscrit a compté 360 feuillets, dont les196 premiers ont disparu. Deux colonnes à la page, soixante lignes à la colonne. Initiales en vedette dansla marge. Le manuscrit, tel que nous l’avons, commenceau livre de Job (xxx, 8) et contient à la suite les Proverbes, l’Ecclésiaste, le Cantique, la Sagesse, l’Ecclésiastique, les petit* Prophètes, Isaïe, Jérémie, Baruch, les Lamentations, Daniel (avec ses portions deutérocanoniques), Tobie, Judith, les quatre livres desMachabées.A l’issue de Daniel et du dernier Macchabée, le copistea transcrit une table chronologique, commençant àAdam, s’arrêtant à l’empereur Justinien: on infère delà que l’archétype du manuscrit remontait au VIe siècle.

— Le Codex Venetus a appartenu à la bibliothèque ducardinal Bessarion, qui le légua à Saint-Marc. Il aservi à l’établissem*nt du texte de l’édition sixtine desSeptante, à laquelle il a, pense-t-on, fourni le textedes trois premiers livres des Machabées qui manquentau Codex Vaticanus. II a été décrit par Zanetti, GrsecaD. Marci bibliotheca codd.mss., Venise, 1740, p. 1-13.Il fut collationné en 1789 par Holmes et Parsons.Il a été utilisé pour les Machabées par H. B. Swete, The Old Testament in Greek, Cambridge, 1894, t. iii, p. xrv-xvi. P. Batiffol.

2. VENETUS (CODEX), manuscrit grec oncial desquatre Évangiles, à la bibliothèque de Saint-Marc àVenise, sous la cote /, vin. Écriture du rxe-x" siècle, format in-quarto, 491 feuillets, à deux colonnes.Grande écriture onciale, avec accents et esprits, grandes initiales en tête des paragraphes. Ce manuscrita été collationné par Tischendorf et par Tregelles.Gregory, Prolegomena, p. 393; Mingarellr, Grseci codicesmanuscripti apud Nanianos, Bologne, 1784, p. 1.

P. Batiffol.

    1. VENGEANCE##

VENGEANCE (hébreu: nâqdm, neqâmâh; Septante: 6! xï), èxBfxviiriç, xpi’oi; ; Vulgate: vindicta, ultio), traitement de rigueur infligé à ceux qui ont fait lemal.

1° Vengeance divine. — Dieu se réserve le droit devengeance: i À moi la vengeance et la rétribution!» Deut., xxxii, 35; Rom., xii, 19; Hebr., x, 30. Le jouroù il exerce sa justice contre’les coupables est appelé «jour de la vengeance», Eccli., v, 7, ce qui est particulièrementvrai du dernier jugement. Luc, xxi, 22.La vengeance contre les méchants est pour Dieu commeun vêtement, Is., nx, [18vTentourant ainsi que sa justice.Il se venge de ses ennemis, Deut., xxxii, 41, 43, des impies et des pécheurs, Eccli., vii, 19(16); xii, 7(6), des orgueilleux, Eccli., xxvii, 31 (28), des nations, Mich., v, 14; Ps. cxlix (cxlviii), 7, des ennemis de sonpeuple, Is., xxxv, 4, spécialement des Madianites, Nnm., xxxi, 3, des Ammonites, Jud., xi, 36, des Philistins, Ezech., xxv, 17, des Égyptiens, Jer., xlvi, 10, des Iduméens, Is., lxiii, 4; Ezech., xxv, 14, de Tyr etde Sidon, Jo., iii, 4, de Ninive, Nah., i, 2, de Babylone, Is., xl vii, 3; Jer., l, 15, 28; li, 6, 11, 36. Il venge surJézabel le sang de ses serviteurs. IV Reg., ix, 7. — Ilexerce ainsi sa vengeance en faveur de son peuple.Is., xxxiv, 8; lxi, 2. Mais, quand son peuple deviendrainfidèle, il se vengera aussi de lui. Lev., xxvi, 25; Ezech., xxiv, 8. — Les éléments de la nature concourrontà l’exercice de cette vengeance divine. Sap., v, 18; Eccli., xxxix, 33, 35 (28, 30). — Dieu vengera Caïn septfois, et Lamech soixante-dix fois sept fois. Gen., IV, 24.Il vengera Jérémie contre les faux prophètes. Jer., XI, 20. Un jour, il vengera de même ses élus. Luc, xviii, 7.

Les justes appellent la vengeance de Dieu contreleurspersécuteurs. Ps. lxxix (lxxviii), 10; I Reg., xxiv, 13; I Mach., ii, 67; vii, 38. «Dieu des vengeances, parais…Rends aux superbes selon leurs œuvres!» s’écrie lePsalmiste. Ps. xciv (xcm), 1, 2. David remercie Jéhovahde lui avoir accordé des vengeances. Ll Reg., xxii, 48; Ps. xviii (xvii), 48; Judith, viii, 34. À ces désirs desjustes de l’Ancien Testament, Notre-Seigneur substituela règle évangélique: «Bénissez ceux qui vous maudissent, … priez pour ceux qui vous maltraitent.» Matth., v, 44. — Il reste toujours nécessaire de dire à Dieu: «Ne tirez pas vengeance de mes péchés.» Tob., m, 3.

Vengeance humaine.

Dieu défendit la vengeanceaux Israélites, au moins à l’égard de leursfrères: «Tu ne le vengeras pas, tu ne garderas pas derancune contre les enfants de ton peuple.» Lev., xix, 18. «Celui qui se venge éprouvera la vengeance divine, et le Seigneur conservera soigneusem*nt ses péchés. sEccli., xxviii, 1. II y a cependant des vengeances justes, celles que Samson tire des Philistins, Jud., xv, 7; xvi, 28; celle que David exerce sur ces mêmes Philistinsau nom de Saûl, I Reg., zvin, 25; celle des Hébreuxcontre leurs ennemis à Gabaon, Jos., x, 13; celle deJonathas et de Simon contre les meurtriers de leurfrère, I Mach., ix, 42; celle du mari outragé contrel’adultère. Prov., vi, 34. D’autres vengeances sont exagéréesou même totalement injustes, celle de Siméonet de Lévi contre les insulteurs de leur sœur, Gen., xxxiv, 27, celle de Joab contre Abner, II Reg., iii, 27, celle des ennemis de Jérémie contre le prophète, Jer., xx, 10, celle des Iduméens contre les Juifs, Ezech., xxv, 12. celle des Juifs de Perse contre leurs ennemis, Esth., viil, 13, celle des Syriens contre les Juifs. I Mach., 111, 15; cf. II Mach., viii, 11. — Saint Paul recommandeexpressément aux chrétiens de ne pas se venger eux-mêmes, mais de laisser agir la justice de Dieu. Rom., xii, 19. — Sur les sentiments de vengeance exprimésdans les Psaumes, voir Imprécation, 5°, t. iii, col. 854.

H. Lesêtre.

VENIN. Voir Poison, col. 493.


VENT (hébreu irûdh; Septante: ctvsfio; , uvj0|jia, 7cvoîi; Vulgate: venins, spiritus), mouvement plus ou moinsrapide des masses d’air atmosphérique, généralementdans le plan de l’horizon, et se propageant par insufflationou par aspiration. Le vent résulte des différencesde densité de l’air par suite de l’inégal échauffementdu sol terrestre, et de quelques causes accessoires. Lesanciens ignoraient la cause du vent. Les écrivains sacrésn’en parlent que comme d’un phénomène de lanature qui les intéresse surtout par ses effets. — Surle régime des vents en Palestine, voir Palestine, t. iv, col. 2026.

Origine du vent.

Dieu a créé le vent, Am., iVi13, comme toutes les autres forces de la nature. Il letire de ses réservoirs, Jer., li, 16, et de ses trésors.Ps. cxxxv (cxxxiv), 7. Lui-même en règle la force, Job, zxviii, 25, et la direction. Eccli., xliii, 17. C’est pourquoiles écrivains sacrés appellent le vent «souffledes narines de Dieu», Exod., xv, 8, «souffle de labouche de Dieu», Job, xv, 30, ou «souffle de Jéhovah». III Reg., xviii, 12; IV Reg., ii, 16; Is., xl, 7; lix, 19, etc. — Notre-Seigneur a commandé au vent ets’en est fait obéir. Matth., viii, 26 27; Marc, iv, 37-40; Luc, viii, 23-25.

Différentes espèces de vents.

Les Hébreux distinguaientquatre vents, correspondant aux quatrepoints cardinaux d’après leur direction. Ezech., xxxvii, 9; Dan., viii, 8; Zach., ii, 36; Matth., xxiv, 31; Apoc, vii, 1. Il y a des vents de diverses natures, depuis la brise rafraîchissante, Gen., iii, 8; Cant., ii, 17; iv, 6, voir Souffle, col. 1853, jusqu’aux vents lesplus violents. Voir Ouragan, t. iv, col. 1930. — Le ventdu midi, ddrôm, têmân, vôto; , auster, est un ventchaud, Job, xxxvii, 17; Luc, xii, 55, qui fait exhalerle parfum des fleurs. Cant., iv, 16. C’est celui qui, avecle vent d’orient, amena les cailles au désert. Ps. lxxvih(lxxvii), 26. Cf. Num., xi, 31. — Le vent du nord, sdfôn, mezàrim, poppô; , aquilo, arcturus, amène lesfrimas, Job, xxxvii, 9, la pluie, Prov., xxv, 23, et mêmela gelée. Eccli., xun, 22 (30). — Le vent d’est, qddîm, y.aOuwv, «le brûlant», venins urens, arrive du désertet dessèche la végétation, Gen., xli, 6, 23, 27; Is., ii, 7; Ezech., xvii, 10; xix, 12; Jon., iv, 8; Ose., xiii, 15, brise les vaisseaux de Tharsis, Ps. xlvhi (xlvii), 8, amène les sauterelles en Egypte, Exod., x, 13, enattendant que le vent de nord-ouest, rûâh yâm, àirb6a).àa-(7ïi; , «de la mer», ab accidenté, les remporte.Exod., x, 19. Dans ce dernier passage, les Septantesubstituent au qddîm le vôto; , vent du midi, ce quisupposerait que les sauterelles sont venues d’Ethiopie, tandis qu’en réalité elles sont arrivées d’Arabie. Quantau vent de mer, qui en Egypte souffle du nord ou dunord-ouest, il n’est un vent d’ouest qu’en Palestine oùil apporte la pluie. III Reg., xviii, 44-45; Luc, xii, 54.

Dans son récit de la traversée de saint Paul se rendanten Italie, saint Luc mentionne plusieurs espècesde vents: Xi’iJ; , africus, vent du sud-ouest; y&poq, corus, vent du nord-ouest; vôtoç, auster, vent du sud; âvejjio; T-jqjwvcx.ôç appelé eùpaxij}, v, ventus typhonicus, euroaquilo, vent du nord-est. Le mot sùpaxùXwv, composé du grec eîpo; et du latin aquilo, ne se litnulle part ailleurs. Ce devait être un mot imaginé parles marins pour leur usage. Act., xxvii, 12-14. — AAthènes, la tour octogonale des vents, construite versle 1 er siècle avant J.-C, représente sur chacune de seshuit faces, répondant à la direction d’où soufflent lesvents principaux, l’image sculptée d’un d’entre eux.

Effets du vent. «Le vent souffle où il veut ettu entends sa voix; mais tu ne sais d’où il vient, ni oùil va.» Joa., iii, 8. Suivant la vitesse dont il est animé, il produit des effets plus ou moins énergiques. Ilpousse et dissipe les nuées. Jud., 12; Job, xxxvii, 21.II emporte les choses légères, la poussière, Ps. xviii(xvii), 43, la paille. Job, xxi, 18; Ps. i, 4; lxxxiii(lxxxii), 14; Is., xvii, 13; xli, 2; lxiv, 6; Jer., xiii, 24; Dan., ii, 35. Il agite les feuilles des arbres, Job, xiii, 25, secoue les roseaux, Matth., xi, 7; Luc, vii, 24; Sap., iv, 4, et même casse des branches. Apoc, vi, 13.Il renverse les palissades, Eccli., xxii, 21, et lesmaisons sans fondements solides. Matth., .vu, 27. Ilpousse les vaisseaux sur la mer, Jacob., iii, 4, refoulela mer elle-même, Exod., xiv, 21, et y déchaîne destempêtes. Jon., i, 4; Dan., vii, 2; Matth., xiv, 24-32; Marc, vi, 48-51; Joa., vi, 18; Aot., xxvii, 4-15; Jacob., i, 6. Voir Tempête, col. 2023. À la Pentecôte, un ventviolent, symbole sensible du Saint-Esprit, remplit toutle cénacle. Act., ii, 2.

Comparaisons.

Le vent violent, qui renverseet emporte tout, est l’image de la vengeance divine quientraîne et ruine les méchants, Job, xxvii, 21; Is., xxvii, 8, les ennemis d’Israël, Is., xxvii, 8; Jer., xviii, 17, les pasteurs d’Israël, Jer., xxii, 22, les triûus arabes, Jer., xlix, 32, Tyr. Ezech., xxvii, 26. — Il est recommandéde ne pas vanner à tout vent, Eccli., v, 11, c’est-à-dire de ne pas embrasser successivement toutesles opinions qui courent, et de ne pas se laisser emporterà tout vent de doctrine. Eph., iv, 14. — Le vent estrapide; c’est pourquoi on lui prête des ailes, comme àl’oiseau. II Reg., xxii, 11; Ps. xviii (xviii), il; civ (cm), 3; Ose., iv, 9. — Le vent change souvent de directionet paraît venir tantôt d’un point de l’horizon, tantôtd’un autre. Job, xxx, 22, se plaint que Dieu le fait volerau gré du vent. On est ainsi amené à désigner unecontrée par le nom du vent qui en vient, I Par-, ix, 24, et les quatre vents désignent les quatre points cardinaux.Jer., xlix, 36; Ezech., xii, 14; xxxvii, 9; xlii, 16-20; Dan., viii, 8; xi, 4; Zach., ii, 6; Matth., xxiv, 31; Marc, xiii, 27. — Le vent est chose légère, insaisissable, de nulle valeur, rien en apparence. Jer., v, 13. De là des expressions diverses pour signifier cequi est vain et inutile: tenir des discours de vent, Job, xvi, 3; se gonfler la poitrine de vent, Job, xv, 2; serepaître de vent, Prov., x, 4 (Vulgate); Ose., xii, 1, 2; enfanter le vent, Is., xxvi, 18; parler pour le vent, Job, vi, 26; retenir le vent, Prov., xxvii, 7; saisir le

vent, Eccli., xxxiv, 2; travailler pour le vent, Eccli., v, 15; hériter le vent. Prov., xi, 29. — Qui observe levent, c’est-à-dire demeure oisif, ne sème point. Eccle., xi, 4. Par contre, qui sème le vent, récolte la tempête, Ose., viii, 7, c’est-à-dire qui pose une cause funestedoit s’attendre à en voir se produire les effets.

H. Lesêtre.

    1. VENTE##

VENTE (hébreu: nùmkâr, minikéréf; Septante: Ttpâtrtç; Vulgate: venditio), livraison d’un objet enéchange d’un prix convenu.

1° Les lois. — Outre la loi morale qui devait présiderà toutes les. transactions, il existait chez les Israélitescertaines prescriptions relatives à des cas particuliers.L’Israélite pouvait vendre sa fille en esclavage, mais non à des étrangers. Exod., xxi, 7, 8. Devenupauvre, il pouvait se vendre lui-même, mais seulementjusqu’à l’année jubilaire; il devait être traité moinscomme un esclave que comme un serviteur. Lev., xxv, 39, 40. S’il se vendait au gêr, à l’étranger vivant dansle pays, il pouvait toujours se racheter lui-même ouêtre racheté par un parent. Lev., xxv, 47-54. D’aprèsune autre loi, l’Israélite, homme ou femme, ne pouvaitse vendre que pour six ans. Deut., xv, 12; Jer., xxxiv, 14. II n’était plus permis de vendre une esclave priseà la guerre, si on l’avait épousée. Deut., xxi, 14. Vendreun de ses semblables élait un crime digne de mort.Exod., xxi, 16; Deut., xxiv, 7. — L’Israélite qui vendaitune terre gardait toujours un droit de rachat et, en tous cas, rentrait dans son bien à l’année jubilaire.Lev., xxv, 23-28. Les maisons vendues ne l’étaientqu’aux mêmes conditions, sauf le cas où la maison setrouvait dans une ville entourée de murs; car alors ledroit de rachat cessait au bout d’un an. Lev., xxv, 2931. Les lévites conservaient un droit perpétuel derachat sur les maisons qu’ils vendaient, mais ils nepouvaient vendre leurs terres. Lev., xxv, 32-34. — Siun bœuf en tuait un autre, on le vendait, et les deuxpropriétaires se partageaient le bœuf tué et le prix devente de l’autre. Exod., xxi, 35. Celui qui volait unbœuf ou une brebis, les tuait et les vendait, avait àrestituer cinq bœufs ou quatre brebis. Exod., xxii, 1.

— Il était naturellement interdit de vendre le jour dusabbat. Néhémie dut prendre des mesures pour fairerespecter cette prohibition. II Esd., x, 31; xiii, 15-20.

2° Les faits. — Ésaù vend son droit d’aînesse. Gen., xxv, 31-34; Hebr., xii, 16. Les fils de Jacob vendentleur frère Joseph. Gen., xx’xvii, 27, 28; xlv, 4, 5. Josephvend du blé pendant la famine, Gen., xli, 56; xlii, 6; Act., vii, 9, et les Égyptiens lui vendent leurs terres.Gen., xlvii, 20. — La veuve vend l’huile qu’Élie amultipliée. IV Reg., iv, 7. La femme forte vend lesvêtements qu’elle a confectionnés. Prov., xxxi, 24.Amos, viii, 6, stigmatise les spéculateurs de son temps, qui vendaient jusqu’aux déchets du froment. La malédictionest sur la tête de l’accapareur qui vend le blé àtrop haut prix. Prov., xi, 26. Les ventes ne se faisaientpas toujours honnêtement: «La cheville s’enfonceentre deux pierres, le péché pénètre entre la vente etl’achat.» Eccli., xxvii, 2. — Les ventes d’hommesétaient fréquentes de la part des ennemis d’Israël. Joël, m, 3, leur reproche d’avoir vendu le jeune garçon pourle salaire d’une courtisane et la jeune fille pour duvin. Antiochus fit vendre les femmes et les enfants desJuifs, II Mach., v, 21, et Nicanor s’apprêtait à opérerdes ventes analogues. II Mach., viii, 14, 34. — Lesprêtres de Babylone vendaient à leur profit les victimesoffertes aux idoles. Bar., vi, 27. Minélas vendit unepartie des vases du Temple. II Mach., IV, 32. Lysiasvoulait vendre chaque année le souverain pontificat.II Mach., xi, 3. On vend ce qu’on possède pour acheterquelque chose de préférable, Matth., xiii, 44, 46, oupour le donner aux pauvres. Matth., xix, 21; Marc, x, 21; Luc, xii, 33; xviii, 22. Les marchands vendaient

dans le Temple les victimes destinées aux sacrifices.Matth., xxi, 12; Marc., xi, 15; Luc, xix, 45; Joa., ii, 14. Les premiers chrétiens vendaient leurs biens pouren mettre le prix en commun. Act., ii, 45; IV, 34; v, 1.Pendant la persécution, on ne peut acheter ni vendresi l’on n’a pas la marque de la bête. Apoc, xiii, 17.

— Il est recommandé d’acquérir la sagesse, mais dene pas la vendre, Prov., xxiii, 23, c’est-à-dire de lacommuniquer gratuitement.

3° Comparaisons. — Vendre le juste à prix d’argent, c’est le condamner injustement. Am., ii, 6. Vendre sesfrères, c’est les trahir. II Mach., x, 21. — Lia et Racheldisent que leur père Laban les a vendues, parce qu’ils’est montré intéressé à l’excès à l’égard de Jacob.Gen., xxxi, 15. — Il est dit que Dieu vend son peuplequand, pour le châtier de ses fautes, il l’abandonne àses ennemis. Deut., xxxiii, 30; Jud., ii, 14; iii, 8; iv, 2; x, 7; Is., l, 1; Judith, vii, 13; Ps. xliv (xlih), 13.

— Se livrer au mal, c’est se vendre soi-même. Ainsiont fait Achab, III Reg., xxi, 20, 25, et les Israélites, IV Reg., xvii, 17. Moïse a prédit à son peuple qu’unevente effective serait le châtiment de cet abandon à

l’infidélité. Deut., xxviii, 28.

H. Lesêtre.

    1. VENTRE##

VENTRE (hébreu: bétén, heréè, mêéh, gâl.iôn, «leventre des animaux»; chaldéen: me’âh; Septante: xotXfa, Yairnjp; Vulgate: venter, pectus), partie du corpsqui renferme les organes de la digestion. Le mot estquelquefois employé pour désigner des organes intérieurs.Voir Cœur, t. ii, col. 823; Entrailles, col. 1817; Sein, t. v, col. 1565.

1° L’extérieur. — Le ventre de l’Épouse est comparé àun chef-d’œuvre d’ivoire. Cant., v, 14. Les reptilesrampent sur le ventre. Gen., iii, 14; Lev., XI, 42. L’hippopotamea le ventre robuste. Job, XL, 10. La statue dusonge de Nabuchodonosor avait le ventre d’airain.Dan., ii, 32.

2° L’intérieur. — C’est le ventre qui reçoit la nourriture, Jud., xix, 5; Luc, xv, 16, et en expulse les résidus.I Reg., xxiv, 4; Matth., xv, 17; Marc, vii, 19. Leventre et les aliments sont faits l’un pour l’autre. ICor., VI, 13. — Le parasite se montre compatissant dans l’intérêtde son ventre. Eccli., xxxvil, 5. Il en est qui sefont un dieu de leur ventre, c’est-à-dire ne vivent quepour manger. Rom., xvi, 18; Phil., iii, 19. Les Cretoisétaient appelés des «ventres paresseux», parce qu’ilsaimaient à la fois la bonne chère et l’oisiveté. Tit., i, 12. — L’impie s’emplit le ventre des trésors de Dieu, Ps. xvii (xvi), 14, c’est-à-dire jouit de tous les biensque la Providence accorde aux hommes. Mais ces biensseront ôtés de son ventre, Job, xx, 15, son ventre nesera pas rassasié, Job, xx, 20, il souffrira de la disette, Prov., xiii, 25, et la colère de Dieu sera le pain qui leremplira. Job, xx, 23. On ne se remplit pas le ventreavec de l’or et de l’argent. Ezech., vii, 19. Nabuchodonosorse remplissait le ventre des meilleurs mets desJuifs, Jer., li, 34, c’est-à-dire s’emparait de leurs biensles plus précieux. — Jonas fut englouti dans le ventredu poisson. Jon., ii, 1; Matth., xii, 40. Aod enfonça sonépée dans le ventre d’Églon. Jud., iii, 21. Dans l’épreuvede la femme soupçonnée d’adultère, on souhaitait que, si elle était coupable, l’eau sainte fit enfler son ventreet maigrir ses flancs. Num., v, 22, 27. L’enfant prodiguene peut remplir son v*entre des siliques données auxporcs qu’il était réduit à garder. Luc, xv, 16. — LaVulgate mentionne l’estomac en trois endroits où iln’est pas question de cet organe particulier, que d’ailleursl’hébreu ne nomme nulle part. Jud., xix, 5; IIIReg., xxii, 34; Job, xv, 2. L’estomac, <jt6[i.ocx°?, stomachus, est nommé par saint Paul, qui recommande àTimothée de soigner le sien en buvant un peu de vin.I Tim., v, 23. — Au figuré, le sage ne remplit pas sonventre avec du vent, Job, xv, 2, c’est-à-dire ne se repaît 2395

VENTRE

VERGELLONE

pas de pensées vaines. — Ézéchiel, iii, 3, reçoit l’ordrede manger le livre qui lui est présenté et d’en remplirson ventre, c’est-à-dire de se pénétrer intimement desoracles qui lui sont révélés. Saint Jean reçoit un ordresemblable. Apoc, x, 9, 10. — Notre-Seigneur prometque, si quelqu’un croit en lui, «des fleuves d’eau vivecouleront de son ventre,» Joa., vii, 38, c’est-à-direqu’il sera rempli de l’Esprit-Saint au point de pouvoirle répandre abondamment dans les autres âmes. Cf.Eccli., xxi, 16 (13); xxiv, 30-34 (23-27).

H. Lesêtre.

VER (hébreu: rimmâh, fôld’; Septante: <jr.û>r?; Vulgate: verrais, vemiiculus), animal à corps mou, saris vertèbres ni membres articulés, rampant et contractile, et comme composé d’anneaux juxtaposés. Cenom désigne à proprement parler les annélides, voirLombric, t. iv, fig. 110, col. 353, et les helminthes, voir Helminthiase, t. iii, fig. 123, col. 583. Mais onétend vulgairement cette appellation à d’autres animauxde forme analogue, chenilles, teignes, voirTeigne, fig. 453, col. 2017, larves, myriapodes, scolopendres, etc. Sur le iule ou spirostreptus syriacus, myriapode extraordinairement abondant à Mar-Saba etau Sinaï, voir Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1884, p. 399. Les Hébreux ne distinguaient pas trèsnettement entre elles ces différentes sortes de petit*animaux rampants, et ils. employaient comme synonymesles deux mots dont ils disposaient pour lesdésigner. Cf. Exod., xiv„ 20, 24; Job, xxv, 6; Is., xiv, 11. Les versions, qui n’ont pas de synonymes, rendentparfois l’un des deux mots hébreux par oajcpi’a, putredo, «pourriture». — 1° Le ver est un tout petit animal, symbole de ce qui est faible ou méprisable. L’hommen’est qu’un vermisseau aux yeux de Dieu. Job, xxv, 6.Les Israélites, réduits à rien par l’hostilité’des nations, sont appelés «vermisseau de Jacob». Is., xli, 14. Le Messie, souffrant et méprisé, n’est plus unhomme, mais un ver, Ps. xxii (xxi), 7. — 2° Les verspullulent dans le corps de l’homme par l’effet de certainesmaladies. Ainsi furent atteints Job, vii, 5, AntiochusÉpiphane, II Mach., IX, 9, et Hérode Agrippa, Act., xii, 25. — 3° Les vers, ou plus probablement leslarves de certains insectes, s’attaquent aux substancesnutritives, comme la manne, Exod., xvi, 20, 24, et auxvégétaux, comme la vigne, Deut., xxviii, 39, voirPyrale, fig. 205, col. 896, le ricin, Jon., iv, 7, et, d’après les versions, le bois en général. II Reg., xxiii, 8; Prov., xxv, 20. Voir Calandre, Charançon, t. ii, fig. 21, 201, col. 54, 580. — 4° Ils se développentdans les cadavres aux dépens desquels ils se nourrissentet dont ils hâtent la décomposition. Job, xvii, 14; xxi, 26; Eccli, X, 13 (11). Quand la vie a quitté le corpsd’un homme, il s’en dégage aussitôt des odeurs quiattirent des mouches sarcophages. Celles-ci déposentleurs œufs aux endroits les plus propices. On a observéque huit escouades de mouches différentes.viennentainsi apporter successivement leurs œufs sur les cadavres, soit avant soit après leur inhumation, et au momentde la décomposition qui convient à chaque espèce.Ces œufs donnent bientôt des larves qui pullulent dansle cadavre et s’y nourrissent des différentes parties desa substance. Le travail commencé par les premièreslarves, une quinzaine de jours après la mort, est terminépar les dernières au bout de trois ans environ.Cf. Mégnin, La faune des cadavres, Paris, 1894; F. Meunier, Les travailleurs de la mort, dans la Revuedes quest. seientif., Bruxelles, 1902, oct., p. 473-491.

— Au figuré, il est dit que les vers seront la couche deBabylone, Is., xiv, 11, qu’ils feront leur proie du méchant, Eccli., xix, 3, et que toute la gloire de l’homme s’en va àlacorruption et aux vers. I Mach., ii, 62. — 5°Lefeuetlesverssont associés dans le châtiment des impies. Eccli., vii, 19; Judith, xvi, 21. Isaïe, lxyi, 24, dit à propos de ces

derniers que «leur ver ne mourra point et leur feu nes’éteindra point.» Notre-Seigneur reproduit trois fois lamême formule. Marc, ix, 43, 45, 47. II ne s’agit pas icid’une peine temporelle, mais d’un supplice sans findans l’autre vie. Quelques commentateurs entendent le «ver» dans le sens propre; mais la plupart s’entiennent au sens métaphorique pour désigner soit leremords, soit le supplice des méchants en général.Cf. S. Augustin. De civ. Dei, xxi, 9, t. xli, col. 723.Isaïe a emprunté l’image du feu et des vers à la valléede la Géhenne, jadis profanée par les sacrifice» d’enfantsà Moloch, devenue depuis le dépôt des immondicesde la ville, où couvait un feu sourd et où pullulaitla vermine. Voir Géhenne, t. iii, col. 155; Topheth, 2, t. v, col. 2286. H. Lesêire.

    1. VÉRACITÉ##

VÉRACITÉ, qualité de celui qui est digne de toutecréance dans ses paroles et de toute confiance dans sesactes. Celui-là est appelé’ëmét, yâsâr, tù.rfi-ii, oXï|81voî, iuittoî, verax. — La véracité convient éminemment àDieu. Exod., . xxxiv, 6; Deut., xxxii, 4; Ps. lxxxvi(lxxxv), 15; cxix (cxviii), 137; Joa., iii, 33; viii, 26; Rom., iii, 4; Apoc, xix, 11. Les docteurs juifs la reconnaissenten Jésus-Christ. Matth., xxii, 16; Marc, xii, 14. Le Sauveur prouve sa véracité en ne cherchantque la gloirede son Père. Joa., vii, 18. — Les serviteursde Dieu doivent posséder cette qualité, bien queles méchants les accusent du contraire. IIEsd., vii, 2.Il Cor., vl, 8. — La véracité est la caractéristique dela parole de Dieu. Ps. xxxm (xxxii), 4.

H. Lesêtre.

1. VERBE DIVIN (grec: Aôyo; ), seconde personnede la sainte Trinité, qui s’est incarnée en Notre-SeigneurJésus-Christ. Joa., i, 1, 14; I Joa., v, 7; Apoc, xix, 12. Voir Jésus-Christ, t. iii, col. 1441; Incarnation, col. 863.

2. VERBE HÉBREU (grammaire hébraïque). Sur leverbe hébreu, voir Hébraïque (Langue), t. iii, col.475-480, 483-485.

    1. VERCELLONE Carlo##

VERCELLONE Carlo, savant bibliste italien, né le10 janvier 1814, à Biella en Piémont, mort à Rome le19 janvier 1869. Il entra à l’âge de seize ans à Gênesdans la congrégation des barnabites. En 1847, aprèsavoir rempli des fonctions diverses à Turin, à Alexandrie, à Pérouse, à Parme, il devint supérieur de lamaison des barnabites de Rome, et, plus tard, supérieurgénéral de sa congrégation. Son ouvrage principal apour titre: Variée lecliones vulgatx latines editionisBibliorum, 2 in-f», Rome, 1860, t. i; 1864, t. n. Lamort l’arrêta lorsqu’il n’était encore arrivé qu’auxlivres des Rois inclusivement. Sur la proposition dela Commission biblique, Pie X vient de confier la continuationde ce grand travail critique aux bénédictinsde Saint-Anselme à Rome. Vercellone avait travailléavec Joseph Cozza à la préparation d’une édition duCodex Vaticanus.: le Nouveau Testament parut en1868. Voir Vaticasds (Codex), col. 2379. On doit aussi àVercellone une excellente édition de la Vulgate: Bibliasacra vulgatse editionis Sixti V et Glemenlis V11IP. P. M. jussu recognila atque édita, in-4°. Rome, 1861. Outre les prolégomènes remarquables de sesVaHse lecliones, ses Dissertazioni accademïche divario argomento, Rome, 1864, contiennent plusieurstravaux très intéressants: Dei Correttori biblici déliaBiblioteca Vaticana; Studii fatti in Romae mezziusatiper corregere la Bibbia volgata (con documenti); Suite edizioni délia Bibbia fatte in ltalianelsecoloxr; Del antichissimo Codice Vaticano délia Bibbia Grecacon un Appendice dalçav. G.-B.DeRossi, etc. Voir G. M.Sergio, Notizie intorno alla vita edagliscritti dei P. D.Carlo Vercellone, Rome, 1869.

    1. VERGE##

VERGE (hébreu: hotér, mattéh, sébét; Septante: pâëSoç, paxT>ipea; Vulgate: virga, verber), bâton léger, assez long et plus ou moins flexible.

1° Au sens propre. — 1. Verges de Jacob. Pourobtenir des agneaux à toison tachetée, Jacob plaçaitsous les yeux des brebis des verges ou baguettes dontl'écorce était en partie enlevée. Gen., xxx, 37-42. VoirBrebis, t. i, col. 1917. «Les iniluenees visuelles nesemblent pas sans action sur la variation spontanée; après la Bible, qui montre Jacob obtenant des brebisd’un noir mélangé de blanc par la vue d’un bâton dansl’eau au moment de l’imprégnation, on cite de nombreux faits qui corroborent l’influence visuelle sur lefoetus… Les éleveurs, comme Commyns, recommandent d’isoler les volailles de couleur différente par descloisons opaques, si l’on veut éviter les mélanges decoloris.» J. de la Perrière, Dieu et science, Paris, 1909, t, i, p. 277. — 2. Verge de Moïse. Pour accréditer la mission de Moïse, Dieu lui communiqua le pouvoir d’accomplir des prodiges au moyen d’une vergequ’il avait à la main. Pour commencer, Dieu changealui-même la verge en serpent, que Moïse eut à saisirpar la queue et qui redevint verge comme auparavant.Exod., iv, 2-4, 17, 20. Moïse, de retour au milieu deson peuple, reproduisit ce prodige sous ses yeux etobtint ainsi sa confiance. Exod., iv, 30. Il se présentaensuite devant le pharaon avec son frère Aaron, queDieu lui avait assigné pour auxiliaire, et là il opéradivers prodiges au moyen de la verge miraculeuse: illa changea elle-même en serpent, et elle engloutit lesverges des magiciens, Exod., vii, 9-12; il l'étendit surles eaux de l’Egypte qui se changèrent en sang, Exod., vu, 19-20; il en frappa la poussière de la terre et lesmoustiques apparurent, Exod., viii, 16-17; il l'élèvavers le ciel et la grêle tomba, Exod., IX, 23; il l'étenditencore et les sauterelles pullulèrent. Exod., x, 13. Dansplusieurs de ces ]» assages, Exod., vii, 9, 10, 12; viii, 5, 16, 17, la verge paraît être celle d’Aaron: «Prends taverge… Aaron jeta sa verge.» On en conclut que laverge d’Aaron, associé à Moïse dans sa mission de délivrance, avait la même vertu que celle de son frère.Cf. De Hummelauer, In Exod. et Levit., Paris, 1897, p. 80. Mais, d’après Exod., iv, 17, Dieu n’attribue lepouvoir miraculeux qu'à la verge de Moïse, et saint Augustin, In Heptat., ii, 20, t. xxxiv, col. 602, dit queMoïse ne fait que mettre s, a verge aux mains d’Aaron.C’est aussi le sens le plus naturel du récit, et celui quiest généralement accepté. Moïse se sert encore de saverge pour diviser les eaux de la mer Bouge, Exod., xrv, 16, pour frapper le rocher d’Horeb et en fairejaillir l’eau, Exod., xvii, 5, 6, pour accompagner saprière pendant le combat contre les Amalécites, Exod., Xvii, 9, pour frapper de nouveau le rocher à Meriba.Num., xx, 8-11. Depuis lors, il n’en est plus question.Cette verge était un symbole de la puissance communiquée par Dieu à son serviteur; elle servait à indiqueraux spectateurs le moment où s’exerçait l’interventiondivine. — 3. Verge d’Aaron. Au désert, l’autorité deMoïse et d’Aaron fut l’objet d’une contestation quidégénéra en révolte et fut sévèrement punie. Pourconsacrer le pouvoir sacerdotal de son frère et de latribu de Lévi, Moïse, sur l’ordre du Seigneur, fit déposer devant l’Arche d’alliance douze verges représentant les douze tribus, la verge de Lévi portant le nomd’Aaron. La verge qui le lendemain serait trouvéefleurie devait manifester le choix de Dieu. Celle d’Aaron fut seule à porter des boutons, des fleurs et desamandes. La verge miraculeuse fut ensuite replacée'seule devant l’Arche, Num., xvii, 1-11, et plus tardconservée à l’intérieur, avec les tables de la Loi et lamesure de manne. Hebr., IX, 4. — 4. Instrument decorrection. Si un Hébreu et une esclave fiancée à unautre couchent ensemble, ils doivent subir le châtiment, biqqorét, im<rt.oirr, et d’après la Vulgate, lescoups de verge, vapulabunl. Lev., xix, 20. — Dieupromet de châtier le roi infidèle de son peuple avecune «verge d’homme», c’est-à-dire d’une manière quine dépasse pas la correction que les hommes administrent ordinairement au moyen des verges. II Beg., vii,

14. La verge sert utilement à corriger l’enfant ou l’insensé. Prov., x, 13, 24; xxii, 8, 15; xxiii, 13, 14; xxvi, 3; xxix, 15. Le serviteur infidèle sera battu proportionnellement à sa culpabilité, ôaçtr^ira.: , sera châtié jusqu'à écorchement de la peau, vapulabit, recevra lescoups de verge. Luc, xii, 47, 48. Notre-Seigneur prédità ses Apôtres qu’ils subiront ce même traitement dansles synagogues. Marc, xiii, 9. À Philippes, Paul et Silas eurent à subir les verges, poeëSIfctv, virgis cœdi, bien que citoyens romains, ce qui causa grande frayeuraux magistrats de la ville quand ils l’apprirent.Act., xvi, 22, 38. La loi Porcia défendait en effet debattre de verges un citoyen romain. Cf. Cicéron, InVerrem, ii, 5, 53-57; Tite-Live, x, 9; Valère Maxime, IV, I, 1; Denys d’Halicarnasse, IX, 39. Saint Paul subitpourtant trois fois ce châtiment. II Cor., xi, 25; Heb., xi, 36. — On se servait aussi de la verge pour battre lecumin, ls., xxviii, 27. Elle n'était qu’un simple instrument passif aux mains de celui qui la levait. Is., x, 15.— Voir Bâton, t. i, col. 1512, et pour un autre sensdonné quelquefois à virga, Sceptre, t. v, col. 1526.

2° Au sens figuré. — La verge signifie l'épreuve, dequelque nature qu’elle soit, Job, ix, 34; XXI, 9; xxxvil, 13, le châtiment divin, Ps. lxxxix (lxxxviii), 33; ls., x, 3; x, 5; xxx, 31-32; Lam., iii, 1; Ezech., vii, 10, 11, et l’oppression par les peuples étrangers. Is., x, 24; xiv, 29; Mich., vi, 9. La verge de la bouche de Dieu est saparole qui appelle le châtiment. Is., xi, 4. La verge del’orgueil dans la bouche de l’insensé est le mal qu’ilfait à lui et aux autres. Prov., xiv, 3. Saint Paul demande s’il lui faut aller à Corinthe avec la verge, c’està-dire avec les reproches. I Cor., iv, 21. — Sur unautre sens figuré de virga, voir Rameau, col. 592.

H. Lesêtre.

    1. VÉRITÉ##

VÉRITÉ (hébreu: 'omén, 'ômndh, 'ëméf, qoU; Septante: iXvfisia; Vulgate: veritas), conformité de lapensée ou de son expression avec la réalité.

I. Dans l’Ancien Testament. — 1° En Dieu. Dieu estvérité, Ps. xxxi (xxx), 6, parce qu’en lui la pensée et laparole représentent toujours exactement la réalité. Saloi est la vérité, II Esd., ix, 13; Ps. cxi (ex), 8; exix(cxviii), 142, 151, 160; Act., xxii, 3; Rom., ii, 20, etcette vérité demeure à jamais. Ps. cxvii (cxvi), 2. Dieua juré la vérité à David, Ps. cxxxii (cxxxi), 11; luimême fait combattre pour la vérité, Ps. xlv (xliv), 4, etil la fera germer de terre. Ps. lxxxv (lxxxiv), 12. Lelivre de vérité est celui dans lequel sont consignées lesvolontés divines. Dan., x, 21. — Il est dit très souventque Dieu est héséd vé'éméÇ, ce que les versions traduisent par sXsoç xa à).T)8eta, misericordia et veritas, «miséricorde et vérité». Gen., xxiv, 27; II Beg., ii, 6; xv, 20; IV Reg., xx, 19; Tob., iii, 2; Ps. ' xxv (xxiv), 10; xxxvi (xxxv), 6; xl (xxxix), 12; lxxxix (lxxxviii),

15, etc. Mais le mot 'ëmét signifie à la fois «stabilité, fidélité» et «vérité». Il s’agit plutôt dans ces passagesde la fidélité de Dieu à ses promesses, ce qui est uneconséquence de la conformité absolue que Dieu maintient entre sa parole et ses actes. — 2° En l’homme.Dieu veut que la vérité soit dans le cœur de l’homme.Ps. li (l), 8. C’est par sa grâce que l’homme exprimela vérité dans sa parole et dans sa conduite. Gen., xlii, 16; ûeut., xxii, 20; Jos., vii, 20; Esth., v, 5; Ps. xv(xiv), 3; xxv (xxiv), 5; exix (cxviii), 43; ls., xxvi, 2; Dan., xi, 2. Servir Dieu en vérité, IReg., xii, 24; Tob-, xrv, 10, 11, suivre le chemin de la vérité, Tob., i, 2; Ps. xxvi (xxv), 3, c’est mettre sa conduite en harmonieavec les sentiments que l’on professe pour Dieu. — Les

écrivains sacrés proclament qu’ils disent la vérité.Prov., viii, 7; Eccle., xii, 10; Sap., vi, 24. La vérité aété mise dans la bouche de Lévi et de ses descendants.Mal., ii, 6. Chacun doit la dire à son prochain. Zach., vin, 16. Il faut acquérir la vérité, et ne pas la vendre, Prov., xxiii, 23; se confier à Dieu pour qu’il donnel’intelligence de la vérité, Sap., iii, 9; se rendre attentif à la vérité, Dan., IX, 13, parce que la vérité retourneà ceux qui la pratiquent. Eccli., xxvii, 10 (9). Jérusalem restaurée sera appelée «ville de vérité». Zach., vm, 3. — La vérité n’est pas dans la bouche des méchants. Ps. v, 10. Voir Mensonge, t. iv, col. 974. Ilserrent loin du chemin de la vérité. Sap., v, 6. Les prophètes se plaignent que la vérité trébuche sur la placepublique et disparaît, Is., Lix, 14, 15, et qu’il n’y a nivérité ni compassion dans le pays. Ose., iv, 2. Il en futde même parmi les Syriens. I Mach., vii, 18. Daniel, vm, 12, prédit qu’une corne, Antiochus Épipbane, jettera la vérité par terre, c’est-à-dire triomphera momentanément de la religion d’Israël et de sa nationalité. — Le mot 'èmét est aussi traduit dans les versionspar «vérité», en des passages où il doit avoir le sensde «fidélité». Gen., xxiv, 49; xxxii, 10; xlvii, 29; III Reg., ii, 4; Prov., iii, 3; xiv, 22; xx, 28; etc. AuPsaume xii (xi), 2, en particulier, ce ne sont pas lesvérités qui diminuent parmi les enfants des hommes, mais 'ëmûnîm, les «hommes fidèles» qui disparaissent.II. Dans le Nouveau Testament. — 1° En JésusChrist. — Le Sauveur vient plein de grâce et de vérité.Joa., i, 14. Il est lui-même la vérité en personne.Joa., xiv, 6; Eph., iv, 21; I Joa., v, 6. Il apporte lavérité au monde. Joa., i, 17; viii, 40; xvi, 7; xviii, 37.

II enseigne selon la vérité. Matth., xii, 14, 32; Luc, xx, 21. Jean-Baptiste lui rend témoignage comme à lavérité. Joa., v, 33. La parole du Sauveur est la parolede vérité, Joa., xvii, 17; II Cor., vi, 7; Eph., i, 13; Jacob., i, 18, la vérité de l'Évangile, Gai. ii, 5; Col. i, 5, à la connaissance de laquelle Dieu veut que tous leshommes arrivent pour qu’ils puissent êlre sauvés.I Tim., ii, 4. Le Sauveur a envoyé à ses Apôtres l’Espritde vérité, Joa., xiv, 17; xv, 26, pour enseigner auxhommes toute vérité, Joa., xvi, 13; IJoa., iv, 6; il a établison Église pour qu’elle soit «la colonne de la vérité».I Tim., iii, 15. — 2° En l’homme. — Les envoyés deDieu sont chargés de transmettre la vérité aux autreshommes. C’est ce que font les Évangélistes, Luc, i, 4, et les Apôtres, en particulier saint Paul. Act., xxvi, 25; Rom., ix, 11; II Cor., iv, 2; vii, 14; xi, 10; xii, 6; I Tim., ii, 7. Cf. III Joa., 8; II Tim., Il, 5. Ils n’ont pasde pouvoir contre la vérité, mais seulement pour lavérité. II Cor., xiii, 8. — Le devoir des chrétiens, quiont reçu la pleine connaissance de la vérité, Hebr., x, 26, est de pratiquer la vérité, afin de ne pas craindrede paraître à la lumière, Joa., iii, 21, d’adorer le Pèreen esprit et en vérité, Joa., iv, 23, de se sanctifier dansla vérité, Joa., xvii, 19, d’avoir la charité qui seréjouit de la vérité, I Cor., xiii, 6, de confesser lavérité en croissant dans la charité, Eph., iv, 15, de dire la vérité aux autres. Eph., iv, 25; d’avoirl’amour de la vérité, par laquelle on doit êtresauvé, II Thés., ii, 10, de ne pas mentir contre lavérité, Jacob., iii, 14, de s’affermir dans la vérité, IIPetr., i, 12, et de marcher dans la vérité, c’est-à-dired’agir selon les lumières qu’elle apporte. II Joa., 4;

III Joa., 4. La vérité délivrera ceux qui agissent ainsi, Joa., viii, 32, c’est-à-dire les soustraira au joug dupéché, de l’erreur et des sujétions mauvaises. — Lavérité a aussi ses adversaires, des insouciants, commePilate, Joa., xviii, 38, des indociles, Rom., ii, 8, defaux sages, qui retiennent la vérité captive et la tournenten mensonge, Rom., i, 18, 25, de faux docteurs, privésde la vérité, I Tim., vi, 5, apprenant toujours, sansparvenir à la connaissance de la vérité, II Tim., iii, 7,

des hommes qui ne marchent pas selon la vérité del'Évangile, Gal., ii, 14, qui s'éloignent de la vérité, pour embrasser de fausses doctrines, II Tim., ii, 18; Tit., i, 14; Jacob., v, 19, qui résistent à la vérité, II Tim., iii, 8, qui lui ferment leurs oreilles, II Tim., iv, 4, et ne se convertissent pas à la vérité. II Tim., ii, 25. Leur vrai maître est Satan, en qui n’est pas la

vérité. Joa., viii, 44.

H. Lesêtre.

    1. VERJUS##

VERJUS, jus de raisins qui ne sont pas mûrs. —Le raisin vert, bêsér ou bosér, oftixxË, uva acerba, Job, xv, 33; Is., xviii, 5, donne un jus très acidequi agace les dents. Se basant sur d’anciens textesd’après lesquels le Seigneur châtie les péchés despères jusqu'à la quatrième génération, les Israélites de la captivité rejetaient sur ceux qui les avaientprécédés la responsabilité des maux dont ils souffraient.Ils répétaient en manière de proverbe: «Les pères ontmangé du raisin vert et les dents des fils en sont agacées.» Jer., xxxi, 29-30; Ezech., xviii, 2. Ils s’innocentaient ainsi eux-mêmes et se dispensaient de s’amender. Les prophètes leur signifient qu’ils se fontillusion, que le proverbe ne s’applique pas à eux etqu’en conséquence ils ont à réformer leur propre conduite. D’ailleurs, le Seigneur va faire cesser leurs mauxet ils n’auront plus désormais à s’en prendre aux fautes

de leurs pères.

H. Lesêtre.

    1. VERMILLON##

VERMILLON (hébreu: Sâsar; Septante: (iftto; ; dans Ézéchiel; êv YpacpfSi), couleur employée par lesAssyriens dans la décoration de leurs palais et de leursœuvres d’art. Jérémie, xxii, 14, parle de salles peintesen cette couleur(Vulgate: in sinopide); Ézéchiel, xxiii, 14, dit que des Chaldéens étaient représentés coloriésen vermillon sur la muraille (Vulgate: coloribus), etla Sagesse, xiii, 14, que des idoles de bois étaient couvertes, comme traduit la Vulgate, de rubrica (Septante: jji’Xto; ). Chez les Latins, Virgile, Egl., x, 26, et Pline, H. N., xxxv, 45; cf. xxxiii, 36, nous apprennent que lesRomains ornaient de la même couleur quelques-unesde leurs divinités. Voir Couleurs, t. ii, col. 1068, 1069.

    1. VERONENSIS##

VERONENSIS (CODEX). Ce manuscrit grécolatin du Psautier, du VIe siècle, appartient à la bibliothèque du chapitre de Vérone. C’est un manuscrit deformat in-quarto, à une colonne par page, le grec surla page de gauche, le latin sur la page de droite. Legrec est écrit en caractères latins. Le texte latin estpréhiéronymien. Aucune ponctuation, mais le texteest, dans les deux langues, distribué en stiques. À lasuite des Psaumes, les cantiques, au nombre de huit: Exod., xv, 1-21; Deut, xxxii, 1-44; I Reg., ii, 1-10; Is., v, 1-9; Jon., ii, 3-10; Hab., iii, 1-19; Dan., iii, 27-67; enfin le Magnificat. Ce Psautier a été publié parBianchini, Vindiciss canonicarum scripturarum, Rome, 1740, t. i. Voyez H. B. Swete, The Old Testament in Greek, Cambridge, 1891, t. ii, p. ix-x.

P. Batiffol.

    1. VERRE##

VERRE (hébreu: zekôkif; Septante: ûodo; ; Vulgate: vitrum), substance transparente et cassante, obtenuepar la fusion du sable siliceux avec des sels métalliquesde potassium, de sodium, de calcium ou de plomb(fig. 545). — Les anciens connaissaient le verre. On adû être amené, en différents endroits, à le découvrir entraitant les minerais par la fusion. En se liquéfiant, lesgangues de ces minerais donnent des laitiers qui sont devérilables verres. L'étude de la composition de ces gangues a bientôt fait connaître les éléments requis pourobtenir un verre transparent. Les Assyriens fabriquaientle verre. Cf. Layard, tiineveh, t. ii, p. 42. On a trouvédans le palais de Nimroud, à Ninive, un vase de verreportant le nom de Sargon (fig. 546), datant par conséquent du vu» siècle avant Jésus-Christ. Hérodote, iii, ^

24, mentionne des colonnes creuses et transparentes, dans lesquelles on enfermait les morts, et qui étaientfaites de verre,-jodoç, tiré des mines du pays et facileà travailler. Il ne s’agit ici que d’une pierre translucide, l’albâtre probablement. Mais les Égyptiens possédaientcertainement l’art de produire et de travailler le verre.Les monuments montrent leurs ouvriers occupés àsouffler le verre (fig. 547). Le même art était à l’usage

545. — Quatre ampoules antiques en verre.Musée du Louvre.

des Phéniciens. Quand on part de Saint-Jean-d’Acre pourCaïpha, on rencontre bientôt le Nahr el-Na’aman, petitruisseau large de huit à dix mètres, appelé par lesanciens Bélus. C’est là que les Phéniciens auraienttrouvé le procédé de la fabrication du verre. Cf. Pline, H. N., xxxvi, 65; Strabon, xvi, 758; Josèphe, Bell, jud., II, x, 2; Tacite, Hist., v, 7. Le ruisseau prend sasource à quelques kilomètres de là, dans des marais quePline appelle palus cenderia, et qui, en hiver et auprintemps, font déborder le cours d’eau. Le sable quiest à l’embouchure aurait été très propre à la fabricationdu verre. On trouve des traces des anciennes

546. — Vase de verre portant le nom de Sargon, roi d’Assyrie.D’après Maspero, Histoire, t. iii, p. 218.

verreries phéniciennes à Zaraphtha, la Sarepta d’autrefois, et dans l’ancienne nécropole de Tyr, qui abondeen débris de verre ordinairement colorés en bleu et aconservé d’élégants spécimens de vases (fig. 548).Cf. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1884, p. 113, 127, 142, 167. Hérodote, ii, 44, vit à Tyr, dans le templed’Hercule, une colonne d’émeraude qui jetait grandéclat pendant la nuit. On soupçonne que cette colonneétait en verre coloré et que des lampes l’éclairaient àl’intérieur. Comme Moïse promet à Zabulon que cettetribu jouira des «richesses cachées dans le sable,» Deut., xxxiii, 19, et que le Bélus se trouve sur son


territoire, quelques commentateurs ont supposé qu&l’allusionportait sur le sable vitrifiable. Cf. Rosen-imuller, In Deuter., Leipzig, 1798, p. 532. Mais il ne>s’agit, dans ce passage, que des richesses communes àtous les bords de mer. Tout en utilisant le verre demanièresvariées, les Orientaux n’ont pas su s’en servir.pouren faire des vitres ou des miroirs. — Dans unetombephilistine de Gazer, on a trouvé d’élégants petit*.

547. — Egyptiens soufflant le verre.

D’après Wilkinson, The manners and custorns of the ancient

Egyptians, t. ii, p. 140.

ustensiles de verre. Cf. H. Vincent, Canaan, Paris, .1907, p. 234. — Les Israélites ont également connule verre et l’ont fabriqué de bonne heure, si tant est, .comme le croit Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, p. 327, .que les ateliers d’Hébron remontent jusqu’à l’époquedes rois de Juda. Le sable siliceux nécessaire à ces

548. — Verres colorés de Sarepta.D’après Lortet, La Syrie, p. 127.

verreries provient de la contrée, et la soude est apportéepar les Arabes des bords de la mer Morte, et desrégions sablonneuses et salées qui sont à l’est duJourdain. On y fabrique du verre soufflé pour lampes, bouteilles, fioles, etc., et des bracelets, des anneaux, des bagues, des perles, etc. «Les fourneaux sont enbriques et recouverts par un dôme à réverbère. Laflamme, après avoir circulé dans le four, vient passersur les creusets qui renferment les matières vitreusesen fusion, et sort par des ouvertures pratiquées dansla région moyenne. C’est par ces orifices que lesouvriers, assis ou debout autour des fourneaux, cueillent

V. — 76

le Terre liquide au moyen de leurs cannes de fer. Ilssoufflent rapidement les pièces et les réchauffent pendantquelques instants aux flammes qui sortent dufour.» Lortet, ibid. Pour faire les perles et les bracelets, on teinte la pâte vitreuse au moyen d’oxydesminéraux qui fournissent de belles nuances bleud’outremer, vert de malachite ou jaune de chrome. —Dans Job, xxviii, 17, la sagesse est déclarée supérieureà différentes substances précieuses, l’or, l’onyx, lesaphir, le verre, lecorail, le cristal, les perles et la topaze. Leverre, zekôkit, ne saurait ici être confondu avec le cristalde roche, gâbîS, nommé lui-même dans l’énumération.D’ailleurs, pour que le verre occupât une place aumilieu de toutes ces matières de prix, il fallait qu’il fûtemployé en objets capables de servir de parures, perlesartificielles, pendeloques, bracelets, etc. — Il est ditdans les Proverbes, xxiii, 31: «Ne regarde pas le viii, …comme il donne son œil dans la coupe,» be-kôs, c’est-à-direcomme il a belle apparence dans la coupe. LaVulgate traduit in vitro, «dans le verre». Mais il n’ya là qu’une interprétation. — Il n’est plus fait mentiondu verre que dans l’Apocalypse. Saint Jean voit en facedu trône de Dieu «comme une merde verre semblableà du cristal.» Apoc, iv, 6. Cette mer est probablementici le firmament qui s’étend au-dessous du trône divin.Une autre fois, il voit «comme une mer de verre, mêlée de feu, et, au bord de cette mer, les vainqueursde la bête.» Apoc, xv, 12. Cette mer représente l’eauet le feu des épreuves au travers desquelles les serviteursde Dieu doivent passer. Cf. Ps. lxvi (lxv), 12.Enfin, dans la Jérusalem céleste, les constructions sonten or pur et translucide comme du verre. Apoc, xxi, 18, 21. Cet or ressemble donc au verre teinté dechrome. — Sur certaines verreries sidoniennes, dontplusieurs pensent qu’il est question dans Josué, xi, 8; xiii, 6, voir Maséhéphoth, t. iv, col. 831.

H. Lesêtre.

    1. VERROU##

VERROU (hébreu: bad, berîah, metil; Septante: jj.oyXà: , xXefOpov; Vulgate: veclis, sera), barre de boisou de fer, qui sert à assurer la fermeture d’uneporte. Voir Barre, fig. 453, t. i, col. 1468 — Les portesdes villes ont des verrous. Deut., iii, 5; Jud., xvi, 3; II Esd., iii, 3, 6, 13, 15, etc. Dieu brise les portes d’airainet les verrous de fer qui retiennent les captifs.Ps. cvn (cvi), 16. Il les brise devant Cyrus. Is., xlv, 3.Pour prendre une ville, on brise ses verrous. Il en estainsi pour Babylone, Jer., li, 30, pour Damas, Âm., i, 5, pour Ninive, Nah., iii, 13, et pour Jérusalem. Lam., il, 9. On attaque plus facilement les populations quin’ont ni portes ni verrous. Jer., xtix, 31; Ezech., xxxviii, 11. Voir Barre, t. i, col. 1468. — Métaphoriquement, on suppose que des verrous servent à clorela mer, Job, xxxviii, 10, le sche’ôl, Job, xvii, 16, etla surface du sol habitable. Jon., ii, 7. Les querellesdes frères ennemis sont comme les verrous d’un palais; rien ne peut les réduire. Prov., xviii, 19. Les versionsont ici un teut autre sens. — Les os de l’hippopotamesont comparés à une barre de fer, metîl barzél, lamina ferrea, probablement à un verrou. Job, xl, 18(13). — Dans Isaïe, xxvii, 1, Léviathan est appelénâhdS bdriah, «serpent fuyant». Les Septante traduisentexactement par o<piv (peiiyovra, «serpent fuyant».Mais la Vulgate rend l’hébreu par serpentent vectem, <t serpent verrou», comme s’il y avait berîah en hébreu, ce qui n’a pas de sens clair.

H. Lesêtre.

VERS HÉBREU. Voir Poésie hébraïque, col. 477480; Hébiuîoue ^Langue), t. iii, col. 490-491.

VERSETS DANS LA BIBLE. Le mot versus, versUttlws, vient de verto, «tourner», et comme trn’xoc, en grec, il désignait chez les Latins les lignes d’écritureen général, soit en prose soit en vers. Dans de très

anciens manuscrits, les livres poétiques de la Bible, Job, les Psaumes, les Proverbes, l’Ecclésiaste, le Cantiqueet les chants poétiques sont divisés par vers commençantà la ligne. La division de tous les livresbibliques par versets fut introduite dans un but pratique.Pour qu’on put retrouver aisément dans l’Écritureun passage particulier, on imagina d’abord departager chaque livre en chapitres et c’est ce que fitle cardinal Etienne Langton († 1228). Voir Chapitresde LA Bible, t. ii, col. 55 >. Afin de rendre les recherchesplus rapides, lorsque, vers 1240, le cardinal tlugues deSaint-Cher compila la première concordance verbale dutexte latin de laVulgate, il subdivisa les chapitres en septparties qu’il distingua en marge par les lettres a, b, c, d, e, f, g. Cette subdivision, après avoir été en usage pendantenviron trois cents ans, n’est mainlenueaujourd’huique dans les renvois de certaines éditions du Missel etdu Bréviaire; elle a disparu lorsqu’elle est devenueinutile par l’introduction plus pratique et plus commodedes versets proprement dits qui, par leur brièveté, rendent les recherches extrêmement faciles.

La numérotation actuelle des versets, qui a passé peuà peu dans toutes les éditions de la Bible, en quelquelangue qu’elles soient, a pour auteur l’imprimeurRobert Eslienne. Il l’introduisit pour la première foisen 1555, dans une édition gréco-latine du NouveauTestament, et dans une édition complète de la Biblelatine. Il l’indiqua en marge. Théodore de Bèzel’introduisit dans le texte même en 1565. RobertEstienne avait eu d’ailleurs des précurseurs. En 1509Jacques Lefebvre avait déjà numéroté les versets desPsaumes dans son Psalterium quintuplex, et SantésPagnino avait numéroté toute la Bible en 1528. RobertEstienne adopta la numérotation de Santés Pagninopour les livres protocanoniques de l’Ancien Testament, en en introduisant une nouvelle pour les livres deutérocanoniqueset pour tout le Nouveau Testament. Ladivision des versets par R. Estienne n’est pas toujoursheureuse, car en plusieurs endroits elle n’est pas enparfait rapport avec le sens, par exemple dans lePsaume lxxxix (xc), les versets 4 et 5, 9 et 10 sont malcoupés et dans’le vers: (Quis novit) prse timoré tuoiram luam — dinumerare? les premiers mots appartiennentau t. ii et dinumerare commence le ꝟ. 12.Le pape Sixte V réforma la division dans son éditionde 1590, mais on vit tant d’inconvénients dans le changementd’une numérotation universellement répandueque l’ancienne fut maintenue par Clément VIII, malgréses imperfections, dans l’édition officielle définitive. —Voir W. Wright, article Verse, dans Kitto, Cyclopxdiaof biblical literature, 1866, t. iii, p. 1066-1070; MacClintock et Strong, Cyclopœdia of biblical literature, 1891, t. x, p. 756-762; Ch. Graux, Nouvelles recherchessur la stichométrie, dans Les articles originaux, publiéspar Ch. Graux, édit. posthume, in-8°, Paris, 1893, p. 71-124 (stiques de tous les écrits de l’Ancienet du Nouveau Testament), p. 90-103.

r

VERSIONS DE LA BIBLE. Voir les articles spéciauxà chaque langue, grecque, allemande, anglaise, française, etc.; Septante, Vulgate.

VERT. Voir Couleurs, 6°, t. ii, col. 1066.

    1. VERTIGE##

VERTIGE, aveuglement intellectuel par suite duquelon ne sait plus ce qu’on fait. Saùl, sous le coup de ladéfaite, est saisi de vertige, Sâbâs, uxôto; Seivôv, angustiee, et cherche la mort. II Reg., i, 9. — Les marins, pendant la tempête, sont pris de vertige, yâhoggû, ÈTapâx6r]<rav, turbati sunl. Ps. cvh (cvi), 17. — Dieu

frappe les princes de Memphis de l’esprit de vertige, ’îv’îm, nair, aii, vertigo.ls., xix, 14.

H. Lesêtre.

    1. VERTU##

VERTU (grec: àpsrïj; Vulgate: virtus), habitude defaire le bien. Cette habitude, parfois naturelle, est souvent acquise, développée par l’effort persévérant de lavolonté, et perfectionnée à l’aide du secours divin.Ps. xvin (xvii), 33. — 1° La notion abstraite de vertun’existe pas en hébreu. Les hommes vertueux sontappelés «justes», et la vertu s’y présente sous formede «justice», c’est-à-dire de fidélité à toutes les obligations qu’impose la volonté divine. Voir Justice, t. iii, col. 1875. Les hommes de vertu sont 'anse f>ayîl, ôuvaTr», induslrii, potentes, Gen., xlvii, 6; Exod., xviii, 21, 25, et la femme vertueuse 'éséf bayîl, yuvri8wâu.eo>ç ou àvSpEi’a, mulier virtutis, diligens, fortis.Rutli, iii, 11; Prov., xil, 4; xxxi, 10. — Les différentesvertus, représentant chacune une forme spéciale dubien, n’en sont pas moins indiquées et recommandéesdans la Sainte Écriture. Voir Charité, t. ii, col. 591; Chasteté, col. 624; Espérance, col. 1965; Foi, col. 2296; Humilité, t. iii, col. 777; Justice, col. 1875; Miséricorde, t. iv, col. 1131; Obéissance, col. 1720; Patience, col. 2180; Pénitence, t. v, col. 39; Prudence, col. 803; Reconnaissance, col. 1006; Renoncement, col. 1045; Sagesse, col. 1349; Simplicité, col. 1746. —L’auteur de la Sagesse, viii, 7, met à part les quatrevertus cardinales, que Platon avait indiquées avant lui: «Quelqu’un aime-t-il la justice? Ses labeurs sont lesvertus: elle enseigne la tempérance, o-cotppo<rijvï]v, sobrieiatam, la prudence, çpovïjoiv, prudentiam, la justice, Scxacouûvïiv, justitiam, et la force, àvSpiav, virtutem.» La justice mise en premier lieu comme génératrice desvertus cardinales est la sedâqâh hébraïque, la justicetotale comportant la pratique de tous les devoirs enversDieu et envers les hommes. — 2° La notion de vertu, âpsrr, , virtus, apparaît plus clairement dans le NouveauTestament. Les Apôtres ne dissertent pas sur la vertu, mais, en toute occasion, ils en prescrivent la pratique, qui n’est autre chose que la fidélité à la loi évangélique.Voir Loi nouvelle, t. iv, col. 347. Ainsi saint Paulrecommande aux chrétiens de Rome la charité sincère, l’amour fraternel, le zèle, la ferveur, l’espérance, lapatience, l’assiduité à la prière, l’aumône, l’hospitalité, l’amour des ennemis, l’humilité, la concorde, en unmot, le triomphe sur le mal par la pratique du bien.Rom., xii, 8-21. C’est le résumé de tout ce qui s’imposeau chrétien vraiment vertueux. L’Apôtre fait de lacharité la première des vertus, supérieure à la foi et àl’espérance. Mais il faut que la charité comporte la pratique de toutes les autres vertus, la patience, la bonté, la discrétion, le désintéressem*nt, la douceur, la justice, le support, etc. ICor., xiii, 4-13. Dans le chrétien, la grâce agit pour aider à la fidélité et au progrès deshabitudes vertueuses, et c’est le Saint-Esprit qui produit dans l'âme la charité, la joie, la paix, la patience, la mansuétude, la bonté, la fidélité, la douceur et latempérance. Gal., v, 22. Aux Éphésiens, iv, 2, 3, saintPaul recommande de faire honneur à leur vocation parleur humilité, leur douceur, leur patience, leur charitéfraternelle et leur esprit d’union et de paix. Il dit auxPhilippiens: «Que tout ce qui est vrai, tout ce qui esthonorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est de bonne renommée, s’il est quelquevertu et s’il est quelque louange, que ce soit là l’objetde vos pensées.» Phil., iv, 8. Il ne veut pas que lavertu soit superficielle; elle doit saisir le plus intimede l'âme. «Revêtez-vous d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience, …etsurtout de la charité, qui est le lien de la perfection.» Col., iii, 12-14. À ses disciples, Timothée et Tite, saintPaul indique les vertus qui sont exigées des évêqueset des diacres. I Tim., iii, 2-9; Tit., i, 8. Lui-mêmefélicite le premier de l’avoir suivi fidèlement dans saconduite, sa foi, sa longanimité, sa charité et sa constance. II Tim., iii, 10. Saint Pierre exhorte les chrétiens à joindre à leur foi la vertu, le discernement, latempérance, la patience, la piété, l’amour fraternel etla charité. «Si ces vertus sont en vous et y abondent, ajoute-t-il, elles ne vous laisseront ni oisifs ni stérilespour la connaissance deNotre-Seigneur Jésus-Christ.» II Pet., i, 5-8. Les Épitres de saint Jean parlent surtoutde l’amour de Dieu et de la charité fraternelle. — Dansun très grand nombre de textes de l’Ancien et du Nouveau Testament, la Vulgate emploie le mot virtus dansle sens de «puissance» et non dans celui de «vertu».Ainsi, dans le Psaume lxxxiv (lxxxiii), 8, il est dit despèlerins qui montent à Jérusalem: yelkâ meftayil'él-tiayîl, «ils vont de force en force», en sentant s’accroitre leur vigueur, ly. 8uvâu.ew{ e’tç Sùv» |), iv, de virtutein virtutem, et non «de vertu en vertu». De même, la «vertu du Très-Haut», Luc, 1, 35, «la vertu qui émanait» de Jésus, Luc, vi, 19, la «vertu du Saint-Esprit», Act., i, 8, est la 811va[/.iç, la force, la puissance divine.

H. Lesêtre.

VERTUS (grec: 8uvâu.ei; ; Vulgale: virtutes), nomdonné à l’un des chœurs des anges. — On lit dansle cantique de Daniel, iii, 61: «Puissances duSeigneur, bénissez toutes le Seigneur.» L’expression 7tà<xa r| 8-Jvau.iç, omnes virtutes, ne peut désigner les anges, nommés plus haut, ꝟ. 58. Ces puissances, rangées après lescieux et les eaux supérieures, et avant le soleil et la lune, sont celles de la milicecéleste, les étoiles. Plus loin, la 8ûvau.i; toi oûpavov, "virtutes cseli, désigne le hèl Semayyâ', «l’armée duciel», les étoiles. Dan., iv, 32. C’est saint Paul qui, lepremier, probablement d’après les traditions juives, donne une liste des chœurs des anges, et désigne l’unde ces chœurs par l’appellation de 8uvau.su; , virtutes, les «vertus», distinctes des «puissances», iijoucjiai, potestates. Il assigne au Christ ressuscité une placesupérieure à celle de tous ces chœurs angéliques.Eph., i, 21. Dans une autre énumération, Col., i, 16, ilomet les «vertus». Ailleurs, Rom., viii, 38, il ditqu’aucune créature angélique, ni principautés, nivertus, ne pourra le séparer de l’amour du Christ Jésus.Il est à remarquer cependant que, dans ce passage, les& vertus» sont absentes du texte grec et ne sont mentionnées que par la^ Vulgate. Saint Pierre dit aussi que, dans le ciel, tous les anges, les principautés et lesvertus, sont soumis au Christ. I Pet., iii, 22. La SainteÉcriture ne fournit aucun renseignement sur le rôleparticulier de ce chœur des vertus, ni sur la raison du

nom qui lui est attribué.

H. Lesêtre.

    1. VERTUS DES CIEUX##

VERTUS DES CIEUX (Septante: Suvàfiei; tûv

oùpavâv; Vulgate: virtutes cœlorum), l’ensemble desétoiles. — L’expression hébraïque koUsebd' has-sâmâîm, «toute la milice des cieux», Vulgate: oninismilitia cœlorum, est rendue dans les Septante paraï Suvàîietç tSv oûpavôv, «les puissances des cieux».Is., xxxiv, 4. Le prophète décrit le jugement de Dieu; il annonce que l’armée des cieux sera réduite en poussière et que les cieux seront roulés comme un livre. Ils’agit donc ici du firmament, et l’armée qui le peupleest celle des étoiles. Ézéchiel, xxxil, 7, 8, parle dephénomènes analogues précédant le jugement de Dieu.Les Septante traduisent ordinairement par Sûvamc, «puissance», le mot sebâ' désignant la milice du ciel, cf. IV Reg., xvii, 16; xxi, 3; xxiii, 4; Dan., viii, 10, ou encore par crcpa-ui. Jer., viii, 2. Dans sa descriptiondes signes avant-coureurs du jugement, Notre-Seigneurreproduit quelques-uns des traits familiers aux prophètes: «Le ciel s’obscurcira, la lune ne donnera plussa lumière, les étoiles tomberont du ciel, les puissances des cieux seront ébranlées.» Matth., xxiv, 29; Marc, xiii, 24, 25. Le parallélisme qui règne dans cepassage donne à conclure que les puissances ou vertusdes cieux ne sont autres que les étoiles. Le tçxte évan

gélique suit celui des Septante, qui remplacent la «milice» du texte-hébreu que les «puissances», appelées dans certaines traductions françaises, d’aprèsla Vulgate trop littéralement interprétée, les «vertusdes cieux». Quelques commentateurs ont vu dans lesvertus des cieux les forces qui régissent les corpscélestes, ou les points cardinaux du ciel. Cette interprétations’harmonise moins bien que la précédenteavec le parallélisme et le contexte. Il est encore moinsprobable qu’il s’agisse des anges, que de tels événementsne sauraient ébranler, et qui sont mentionnésplus loin comme faisant partie du cortège du souverain

Juge. Matth., xxiv, 31.

H. Lesêtre.

VESCE. La Vulgate rend par vicia, «vesce», lemot hébreu kussémet (pluriel: kussemîm). Is., xxviii, 25; Ezech., iv, 9. Quelques auteurs rapprochent cenom du kirsenéh arabe, la vicia ervilia. Mais le mothébreu désigne l’épeautre et, selon d’autres, le sorgho.Voir t. ii, col. 821. — Certains auteurs traduisantle qèsafy hébreu par vesce, mais à tort: ce motsignifie la nielle ou cumin noir, t. iii, col. 244. —Pour la vesce, vicia faba, voir Fève, t. ir, col. 2228.

    1. VESTIAIRE##

VESTIAIRE (hébreu: méltâhdh), endroit où l’ongarde les vêtements. — Jéhu, voulant se défaire desprêtres de Baal, prétexta un sacrifice à offrir dans letemple du dieu, et, pour mieux distinguer ceux qu’ilavait en vue, ordonna de tirer du vestiaire des vêtementsdont ils se pareraient. IV Reg., x, 22.Il s’agiticidu vestiaire du temple de Baal. Les prêtres idolâtres, aussibien que ceux du vrai Dieu, prenaient des costumes spéciauxpour remplir leurs fonctions. Cf. Hérodien, v, 5; Silius Italicus, iii, 24-27; Lagrange, Études sur lesreligions sémitiques, Paris, 1905, p. 149. Dans les versions, mél(âhdh est traduit par ô km toO oXy.o-j MerfiaX, «le préposé à la maison de Mesthaal», Iris qui erantsuper vestes, «les préposés aux vêtements». — Il yavait un vestiaire dans le palais de Salomon, II Par., ix, 4, et un autre dans le Temple, où les prêtres devaientlaisser leurs vêtements sacrés après avoir remplileurs fonctions. Ezech., xlii, 14; xliv, 19. — Job, xxvii, 16, parle de l’impie qui entasse les vêtements commela boue, c’est-à-dire qui remplit son vestiaire. Les trésorsque rongent les vers et que Notre-Seigneur recommandede ne pas amasser, Matth., vi, 19, sont les dépôtsde vêtements. Saint Jacques, v, 2, y fait aussi allusion.

H. Lesêtre.

    1. VESTIBULE DU TEMPLE##

VESTIBULE DU TEMPLE, portique, pylône. VoirTemple, col. 2032.

    1. VÊTEMENT##

VÊTEMENT, étoffe disposée pour couvrir le corpsde l’homme dans la vie habituelle. — Lé vêtement estune nécessité imposée par le péché des premiersparents. Gen., iii, 7, 21. L’homme s’est ensuite fait desvêtements d’abord avec la peau des animaux, voirPeau, col. 3, cf. H. Vincent, Canaan, Paris, 1907, Ç. 398, puis avec des tissus de sa fabrication. VoirÉtoffes, t. ii, col. 2035.

I. Noms des vêtements. — Les vêtements sont naturellementtrès divers, quant à la matière et quant à laforme, suivant les temps et les pays. Les monumentsanciens indiquent plus ou moins clairement la formedes vêtements portés par Tes Babyloniens, les Égyptiens, les Grecs et les Romains. Ils sont des plus rares en cequi concerne les Hébreux. Mais le grand nombre demots qui servaient chez eux à les désigner indiquequ’ils en avaient d’assez variés. Ces mots sont les suivants: Bégéd, le vêtement que Joseph portait dans lamaison de Putiphar, {( «ma, pallium, Gen., xxxix, 12, 13, 15; celui que le Pharaon lui donna en l’établissantchef de l’Egypte, otoXiq, stola, Gen., xli, 42, et celuique portaient les rois Achab et Josaphat sur leur trône.

III Reg., xxii, 10; II Par., xviii, 9. C’était donc unvêtement de dessus, destiné à des personnages d’importance.— Kelî, mot à sens divers, servant à désignerle vêtement ordinaire, (jxeùïj, <ttoàt|, vestis, Deut., xxii, 5, et les atours d’une femme, x<5<7(ioi; , monilia. Is., lxi, 10.— Kesût, TOp! oo).ae’ov, pallium, un vêtement de dessus.Deut., xxii, 12. — Lebûs, le vêtement communqu’ont les plus pauvres, Ifiiriov, indumentum, veslitus, Job, xxiv, 7, 10; xxxi, 19, vestimentum, Job, xxxviii, 14, vestis, Dan., iii, 21. — Mad, tunique, Xstwv, tunica, Lev., vi, 10 (3), îjiittov, vestimentum, Ps. cix (cvm), 18, vêtement de dessous auquel oncompare la malédiction que le méchant ne quitte pas.

— Middâh, gvSvpa, vestimentum, le vêtement dugrand-prêtre, Ps. cxxxm (cxxxii), 2. — Médév, [lavo-j^i, vestis, casaque portée par des serviteurs de David, Il Reg., x, 4, tunica, IPar., xix, 4. — Mekasséh, vêtementsplendide. Is., xxiii, 18. Le mot n’est pas traduitpar les versions. — Malbùs, ev8uu.a, vestimentum, vêtement fourni à des serviteurs du roi. IV Reg., x, 22. — Sû(, iteptëo), ^, pallium, vêtement de dessus.Gen., xlix, 11. — Tilbo&ét, IptâTiov, vestimentum^vêtement de dessous d’un guerrier. Is., lix, 17. —$éba’riqmdh, le vêtement de couleurs variées, pânijuxttoixiXwv, vestis diversorum colorum, comme en portaientles Hébreux du temps des Juges, et dont Sisaracomptait s’emparer. Jud., v, 3. Ézéchiel, xvi, 18, mentionneaussi des vêtements multicolores en usage deson temps, bigdê riqnxâh, iv.oi.xt.aii.61 noixîXo; , vestimentamulticoloria. — Mesi, le vêtement de soie.Ezech., xvi, 10, 13. Voir Soie, col. 1821. — Tekêlot, levêtement de pourpre. Exod., xxvi, 4, 31; Num., iv, 6; Ezech., xxiii, 6; xxvii, 7, 24. Voir Pourpre, col. 586.

— Tôld’, le vêtement cramoisi. Lam., iv, 5; Is., l, 18.Voir Cochenille, t. ii, col. 818. — Berômîm, lx>extâ rpolymita, vêtements de diverses couleurs vendus parTyr. Ezech., xxvii, 24. — Me’îl, vêtement long des princesses, èitev81jTYi «, vestis, II Reg., XIII, 18, 8t7cXoiç rpallium, vêtement de dessus, I Reg., xv, 27; xxviii, 14, iftaTi’ov, vestimentum, Job, I, 20, aior„ vestis, Job, n, 12. — Mahâlâsôt, èmëïri.aT: x, nmtatoria, Is., iii, 22, rcoSïipï], Zach., iii, 4, les vêtements de rechange, ou.ceux qu’on quitte à la maison. — Saq, Gen., xxxvit, 34, le vêtement de deuil. Voir Cilice, t. ii, col. 760, .et deux Juifs revêtus d’un sac devant Sennachérib, .fig. 347, col. 1607. Cf. Lachis, t. iv, fig. 11, col. 23. —Les mois q6rhàh, Y.poY.r l, superficies, etgabbal.ia(, Sipii.<x rper totum, désignent l’endroit et l’envers du vêtement.Lev., xiii, 55. — Les belô’ê, scissa et putrida, sont deshaillons. Jer., xxxviii, 12.

II. Vêtements des Hébreux. — 1° Les vêtements desHébreux étaient de laine ou de liii, auxquels on ajoutaplus tard le coton. La loi défendait de porter des tissus, mélangés de laine et de lin. Lev., xix, 19; Deut., xxil, .11. «Qu’en tout temps tes vêtements soient blancs,» dit l’Ecclésiaste, ix, 8. Mais cette recommandation nefaisait pas loi. La couleur blanchâtre était naturelle àla laine et au lin. Mais elle se salissait aisément au.milieu des occupations journalières, Zach., iii, 4, etdans le peuple on usait volontiers d’étoffes teintes, quel’industrie phénicienne produisait à bon compte. Les.plus aisés se servaient d’étoffes de couleurs éclatantes, pourpre rouge et violette ou cramoisi, Prov., xxxi, .22; Jer., iv, 30; Lam., iv, 5, et empruntaient les modesdes étrangers. Soph., i, 8. Ils choisissaient de finstissus, Luc, vii, 25, et se procuraient parfois desvêtements magnifiques. Jacob., ii, 2. Le blanc était sipeu la couleur habituelle, à l’époque évangélique, qu’on note la blancheur que prirent les vêtements deNotre-Seigneur à la transfiguration, Matth., xvii, 2; .Marc, IX, 2, et que, pour le ridiculiser, Hérode fitmettre au Sauveur une robe éclatante, blanche d’aprèsla Vulgate, comme à un homme épris de la folie des.

grandeurs. Luc, xxiii, 11. Les vêtements blancscomme la neige étaient habituels dans les apparitions.Dan., vii, 9; Matth., xxviii, 3; Marc., xvi, 5; Luc, xxiv, 4; Joa., xx, 12; Act., i, 10; Apoc, iii, 5, 18; iv, 4; etc.Les vêtements bigarrés ou ornés de broderies étaientaussi dans le goût des Hébreux. Jud., v, 30; Ezech., xvi, 18. — 2° Les principales pièces du vêtement desHébreux étaient la tunique, voir Tunique, col. 2132, et le manteau, voir Manteau, t. iv, col. 663. Le manteauétait le vêtement de dessus et la tunique celui dedessous. Cette dernière se portait sur le corps même.Mais parfois on mettait par dessous une chemised’étoffe plus fine, sddin. Jud., xiv, 12, 13; Is., iii, 23; Prov., xxxi, 24. Voir Linceul, t. iv, col. 265. Les caleçonsn’étaient obligatoires que pour les prêtres. VoirCaleçon, t. ii, col. 60. Le costume des femmes différaitde celui des hommes par plus d’ampleur. Dans sonlarge manteau, une femme pouvait mettre jusqu’à sixmesures d’orge, charge qu’elle portait elle-même.Ruth, iii, 15. Les femmes avaient de plus le voile dont «lies se couvraient la tête, mais qu’elles n’étaient pas-astreintes à tenir toujours baissé. Gen., xii, 14; xxiv, 65; xxxviii, 14, 19; I Reg., i, 12; etc. Voir Voile.On mettait aux jeunes garçons et aux jeunes filles dedistinction des robes longues. Gen., xxxvii, 3; II Reg., khi, 18. — 3° Il y avait des vêtements particuliers à certainesconditions et à certains jours, les vêtements sacrésdes prêtres, voir Grand-Prètre, t. iii, col. 299, fig. 64, col. 296; Prêtre, t. v, col. 646, fig. 174, col. 647, lesvêtements royaux, Esth., v, l; Act., xii, 21, lesvêtementsde fête, Ruth, iii, 3; Judith, x, 3; Luc, xv, 22, lesvêtements de veuve, Gen., xxxviii, 14; Judith, x, 2; xvi, 9, les vêtements de rechange, Jud., xiv, 13, la robenuptiale, Matth., xxii, 10, etc. — Sur les autres piècesdu vêtement, voir Ceinture, t. ii, col. 389; fig. 123126, col. 389-391; Chaussure, col. 631; fig. 225-236, col. 634-640; Coiffure, col. 828; Chlamyde, col. 707, fig. 271, col. 708; Langes, t. iv, fig. 32-34, col. 71-72; Toilette, t. v, col. 2262. On faisait en sorte que lesvêlements exhalassent une bonne odeur. Gen., xxvii, 27; Cant., iv, 11; Ps. xlv (xliv), 9. — 4° D’aprèsIken, Antiquit. hebraic, Brème, 1741, p. 543, les Juifsauraient compté dix-huit pièces d’habillement d’usageordinaire pour les hommes: un manteau, une tuniqued’étoffe souple, une ceinture large, un vêtement courtet étroit, une chemise, une autre ceinture sur la chairmême, un chapeau, une tiare, deux chaussures, deux.jambières, deux gants couvrant les mains et les brasjusqu’au coude, deux voiles légers servant l’un às’essuyer après les ablutions, l’autre à se couvrir latête et les épaules, et enfin un foulard noué autour ducou et dont les extrémités retombaient par devant.A ces différentes pièces, dont plusieurs ne sont pasmentionnées dans la Bible, s’ajoutaient les franges, voir Frange, t. ii, col. 2394, et les phylactères. VoirPhylactères, t. v, col. 319. Pour le costume desfemmes juives, voir Femmes, t. ii, fig. 637-638, col. 2190.III. Prescriptions législatives. — Il était interdità une femme de prendre des habits d’homme, et réciproquement, cette pratique étant en abominationdevant Dieu. Deut., xxii, 5. Cette défense était commandéepar le souci de la moralité. — Le mari devaitassurer le vêtement à sa femme. Exod., xxi, 10. Voilàpourquoi, dans les temps de désolation où les hommesfaisaient défaut, sept femmes pouvaient demander aumême homme de porter son nom, en ajoutant: «Xousnous vêtirons de nos habits.» Is., iv, 1. La captiveprise pour épouse devait quitter les vêtements d& sacaptivité, pour en recevoir d’autres de son nouveaumari. Deut., xxi, 13. — Il n’était pas permis de prendreen gage le vêtement de la veuve, Deut., xxiv, 17, car levêtement est une des choses de première nécessité.Gen., xxviii, 30; Eccli., xxix, 28. — Le lépreux devait

porter des vêtements déchirés, qui permissent de lereconnaître à distance. Lev., xiii, 45. — À la suite decertaines souillures, qui obligeaient les anciens àchanger de vêtements, Gen., XXXV, 2, la loi prescrivaitde les laver. Exod., xix, 10; Lev., XI, 25, 28; XV, 5-27; etc. Voir Lavage, t. iv, col. 131. — Des règlesspéciales étaient imposées pour la purification de vêtementsatteints de la lèpre. Lev., xiii, 47-58. VoirLèpre, t. iv, col. 186.

IV. Usages divers. — Les pauvres couchaient dansleur vêtement pour dormir; aussi le créancier quil’avait pris en gage devait-il le leur rendre le soir.Deut., xxiv, 13. Cf. Marc, xiv, 51, 52. On couvraitDavid de vêtements pour le réchauffer pendant sonsommeil. III Reg., i, 1. À l’époque d’Amos, ii, 8, descréanciers se donnaient le tort de coucher sur les vêtementspris en gage, au lieu de les rendre. — Lesvêtements faisaient partie du butin qu’on prenait à laguerre et qu’on partageait ensuite. Jos., vii, 21; Jud., v, 30; . viii, 26. On les donnait en présents. I Reg., xvii, 38; xviii, 4; IV Reg., v, 5, 10, 23. — On déchiraitses vêtements en sigjie de deuil. Voir Déchirer sesvêtements, t. ii, col. 1336. — On gardait ses vêtementspour veiller la nuit sur les murs d’une ville, II Esd., iv, 24, ou dans le Temple. Voir Police, col. 503. Cf.Apoc, xvi, 15. — Les femmes d’Israël se servaient deleurs vêtements pour construire des tentes destinéesaux cultes idolâtriques. Ezech., xvi, 16, 18. On les utilisaitpour faire des tapis sur les montures ou sur lechemin des personnes qu’on voulait honorer. Matth., xxi, 7, 8; Marc, xi, 7; Luc, xix, 35, 36. Cet emploiétait d’autant plus facile que les vêtements de dessusn’étaient pas ajustés, et qu’ils se composaient delarges pièces d’étoffe que l’on drapait sur les épaules.

— D’après la loi romaine, appliquée à Notre-Seigneur, les vêtements d’un supplicié appartenaient à ses exécuteurs.Ps. xxii (xxi), 19; Matth., xxvii, 35; Marc, xv, 24; Luc, xxiii, 34; Joa., XIX, 23. — Les travailleurslaissaient à la maison leur vêtement de dessus. Marc, xm, 16. On le quittait pour exécuter une besogne quelconque, laver les pieds de quelqu’un, Joa., xiii, 4, pêcher, Joa., xxi, 7, lapider, Act., vii, 57, etc. — Pourdonner le change sur ses intentions, on prenait lesvêtements d’un autre. Matth., vii, 15; III Reg., xiv, 2.

— Les vêtements étaient parfois rongés par la teigne, Job, xiii, 28; Prov., xxv, 20; Eccli., xlii, 13; Jacob., v, 2, et ils s’usaient. Ps. cil (ci), 27; Is., Li, 6; Hebr., 1, 11. Quand ils se déchiraient, Is., L, 9, il fallait lesrapiécer. On avait naturellement soin de ne pas mettreà un vieux vêtement une pièce neuve, qui l’auraitfatigué et fait déchirer davantage. Matth., IX, 16; Marc, ii, 21; Luc, v, 36. — Notre-Seigneur recommandeà ses disciples de ne pas se préoccuper du vêtement.Le Père, qui en donne un magnifique au lis deschamps, n’en laissera pas manquer ses enfants, et, àplus forte raison, prendra soin de leur corps, qui estplus que le vêtement. Matth., vi, 25; Luc, xii, 23. L’undes moyens dont Dieu se sert pour accomplir sa promesseestla charité des plus fortunés. L’homme justene manque pas de donner un vêtement à celui qui estnu. Ezech., xviii, 7, 16; Tob., i, 20; iv, 17. Le Sauveurrécompensera au jugement celui qui, dans la personnedu pauvre, l’aura vêtu quand il était nu. Matth., xxv, 36-40.

V. Faits historiques. — Les Hébreux, sur l’ordre deDieu, demandèrent aux Égyptiens des vêtements, justerémunération de tant de durs travaux qu’ils avaientexécutés pour eux. Exod., iii, 22; xii, 35, 36. — Il estremarqué, comme une chose extraordinaire et providentielle, que les vêtements des Hébreux ne s’usèrentpas pendant le séjour au désert. Deut., viii, 4, xxrx, 5; II Esd., ix, 21. — Isaïe, iii, 6, prévoit une époquetelle, qu’on dira à quelqu’un: «. Tu as un manteau, sois

notre chef.» La misère sera si grande, que le faitd’avoir un manteau mettra hors de pair. — À Joppé, Tabitha confectionnait des tuniques et des vêtementspour les veuves. Act., ix, 39. — Les Apôtres recommandentaux chrétiens d’éviter la recherche dans lesvêtements. ITitn., ii, 9; I Pet., iii, 3. Notre-Seigneuravait conseillé à ses Apôtres, en les envoyant en mission, de n’avoir pas deux tuniques. Marc, vi, 9.

VI. Métaphores. — Les Israélites infidèles tissaientdes toiles d’araignée qui ne pouvaient leur servir devêtement, Is., lix, 6, c’est-à-dire formaient de vainsprojets qui n’aboutissaient à rien. — Certains biens oucertains maux qui s’attachent à l’homme sont comparésà des vêtements. C’est ainsi qu’on est revêtu dejustice, Job, xxix, 14; Ps. cxxxii (cxxxi), 9, de salut, Ps. cxxxii (cxxxij, 16; Is., lxi, 10, de gloire, Eccli., vi, 32; xlv, 9; Is., Lit, 1, de force, Is., lii, 1; Luc, xxiv, 49, d’immortalité, I Cor., xv, 54, de malédiction, Ps. cix (cvin), 18, de honte. Ps. xxxv (xxxiv), 26; cix (cvm), 29; cxxxii (cxxxr), 18; I Mach., i, 29. Dieului-même se revêt de vengeance contre ses ennemis.Is., Lix, 17. — Il est recommandé au chrétien de revêtirle nouvel homme, Eph., iv, 24; Col., iii, 10, quiest Jésus-Christ lui-même. Rom., xiii, 14; Gal., iii, 27. — Saint Paul appelle le corps le vêtement de l’âme.II Cor., v, 3, 4. — Cf. Jahn, Archeeol. bibl., dans leCurs. compl. Scripturse Sacrée, de Migne, Paris, 1857, t. ir, col. 902-906; Iken, Anlxquit. hebraic, p. 541-548.

H. Lesêtre.

    1. VEUVAGE##

VEUVAGE (hébreu: ’almânïïf; Septante: yr, pz(a, y w ï)peu(rc; ; Vulgate: viduilas), condition de la femme quia perdu son mari. Chez les Hébreux, le veuvage comportaitdes vêtements particuliers, qui marquaient la désolationde la veuve. Gen., xxxviii, 14, 19; Judith, x, 2; xvi, 9. Anne, la prophétesse, sanctifiait son veuvage parla prière et le jeûne. Luc, ii, 37. Après la révolte d’Absalom, qui avait pris possession des concubines de sonpère, II Reg., xvi, 22, David condamna ces dernières àvivre dans l’état de veuvage. II Reg., xx, 3. —Au figuré, le veuvage désigne la désolation et la ruine d’unecité. Babylone sera réduite au veuvage. Is., xlvii, 9.Jérusalem sera relevée de la honte du sien. Is., liv, 4.

H. Lesêtre.

    1. VEUVE##

VEUVE (hébreu: ’almdnàh; Septante: -/r, p «; Vulgate: vidua), femme qui a perdu son mari.

I. Sa. condition légale. — Au point de vue desbiens, la veuve ne possédait que pour transmettre àses enfants. Voir Héritage, t. iii, col. 610. D’après lecode d’Hammourabi, celle qui a des biens propres peutles donner à l’un de ses fils, mais non à l’un de sesfrères. Art. 150. Celle qui a reçu de son mari untrousseau et un douaire ne peut les aliéner, mais doitles garder pour les transmettre à ses enfants; si ellen’a pas reçu de douaire, elle a droit à une part d’enfant.Art. 171. Si elle se remarie, elle est tenue à transmettreaux enfants du premier lit ce qu’elle a emportéde sa première maison. Art. 177. Il en était à peu prèsde même chez les Hébreux. La femme était toujoursla propriété d’un homme: jeune fille, elle appartenaità son père; épouse, à son mari; veuve, aux héritiers deson mari. II Reg., iii, 7; xvi, 22; III Reg., ii, 13-18.Son avoir personnel se bornait à ce qu’elle avait apportéen se mariant, spécialement ses esclaves, Gen., xvi, 2; xxx, 4, 9, et à ce que son mari lui donnait. Sielle se remariait, elle n’emportait pas avec elle les biensdu mari défunt. Ainsi Abigaïl n’a que cinq esclavesquand elle s’unit à Davjd après la mort de Nabal.I Reg., xxv, 42. Si elle ne se remariait pas, elle pouvaitretourner chez son père, Lev., xxii, 13, ou rester avecl’un de ses enfants. II Reg., xiv, 6, 7. Cf. Fr. Buhl, La société israélite d’après l’A. T., trad. de Cintré, Paris, 1904, p. 50. — La veuve recouvrait un droit quela femme mariée n’avait pas: elle pouvait faire validement un vœu sans l’agrément de personne. Num. xxx,

10. Un prêtre ne pouvait épouser une veuve, Lev., xxi, 14, sauf celle d’un autre prêtre. Ezech., xliv, 22. Si laveuve rentrait dans la maison de son père, elle pouvaitmanger les aliments sacrés comme celui-ci, s’il étaitprêtre. Lev., xxii, 13.

II. Sa situation morale. — 1° Le plus souvent, laveuve se trouvait, à la mort de son mari, dans la situationla plus précaire, surtout s’il lui restait des enfantsen bas âge. Aussi la veuve et l’orphelin, auxquels lesauteurs sacrés associent habituellement l’étranger, sont-ils des êtres qui se recommandent d’eux-mêmesà la pitié. La loi défend de leur nuire, Exod., xxii, 22, et de prendre en gage le manteau de la veuve. Deut., xxiv, 17. Elle veut qu’on abandonne à ces déshéritésle droit de glaner et de grappiller, Deut., xxiv, 19-21, et qu’on les associe aux réjouissances du paiementdes dîmes, Deut., xiv, 29; xxvi, 12, 13, et des fêtes dela Pentecôte et des Tabernacles. Deut., xvi, 11, 14. Dieuse déclare le protecteur de l’orphelin et de la veuve, Deut., x, 18; il veut qu’on maudisse celui qui leur faittort. Dent., xxvii, 19. Il fait annoncer aux Israélitesque, s’ils sont infidèles, leurs femmes deviendrontveuves et leurs enfants orphelins. Exod., xxii, 24. —2°La veuve n’avait pas toujours de proche parent pourla défendre. Aussi était-elle à la merci des violents. Onla renvoyait les mains vides, on prenait son bœuf engage et on ne lui laissait rien. Job, xxii, 9; xxiv, 3, 21.Les mauvais princes et les mauvais juges la traitaientsans pitié. Ps. xcv (xciv), 6; Sap., ii, 10; Is., i, 23; x, 2; Jer., vii, 6; Ezech., xxii, 7, 25; Mal., iii, 5. Les idoles nepouvaient naturellement rien pour elle. Bar., vi, 37. Al’époque évangélique, une veuve avait mille peines àse faire rendre justice. Luc, xviii, 3. Les pharisienset les scribes vivaient aux dépens de celles qui étaientriches. Matth., xxiii, 10; Marc, xii, 40; Luc, xx, 47.Même chez les premiers chrétiens, certaines veuvescroyaient avoir à se plaindre du sort qui leur étaitfait. Act., vi, 1. — 3° Par contre, l’homme charitableréjouissait le cœur de la veuve, Job, xxix, 13, ne laissaitpas languir ses yeux, Job, xxxi, 16, ne maltraitaitpar la veuve et l’orphelin, Jer., xxii, 3; Zach., vii, 10, leur faisait droit, Is., i, 17, et les visitait. Jacob., i, 27.Dieu lui-même est le père des orphelins et le justicier*des veuves. Ps. lxviii (lxvii), 6; cxlvi (cxlv), 9; Prov., xv, 25; Eccli., xxxv, 17, 18 (13, 14); Jer., XLix.

11. À l’époque des Machabées, on gardait dans le trésordu Temple le bien des veuves et des orphelins, II Mach., iii, 10, et on leur donnait part au butin.II Mach., viii, 28, 30. — 4° C’est par un effet du châtimentdivin que les impies ne sont pas pleures de leurs, veuves, Job, xxvii, 15; Ps. lxxviii (lxxvii), 64, que lesveuves se multiplient chez un peuple, Ps. cix(cvm), 9; Jer., xv, 8; xviii, 21, et que Dieu n’a pas compassiond’elles. Is., ix, 16. — 5° Au figuré, les villes coupablesse vantent en vain de ne pas devenir veuves. Is., xlvii, 8; Apoc, xviii, 7. Jérusalem, la reine des nations, estdevenue veuve. Lam., i, l; v, 3; Bar., iv, 12, 16.

III. Veuves en particulier. —1° L’Ancien Testamentmentionne quelques veuves célèbres, Thamar, fille deJuda et veuve d’Onan, Gen., xxxviii, 11; la veuve deThécué, II Reg., xiv, 5; la veuve de Sarepta, III Reg., xvii, 9; Luc, iv, 36; Judith, viii, 1. — 2° Dans leNouveau Testament, sont signalées Anne la prophétesse, Luc, 11, 37; la veuve de Naïm, Luc, vii, 12; laveuve qui verse son obole, Marc, xii, 42; Luc, XXI, 2, 3; les veuves dont Tabitha prenait soin. Act., IX, 39, 41. — 3° Saint Paul conseille aux veuves de demeurerdansleur état. I Cor., vii, 8. Il prescrit les règles quidoivent être imposées aux veuves chrétiennes. Quecelles qui ont des enfants s’occupent de leur famille, , et que celles qui sont seules persévèrent dans la prière.Quant à celles qui vivent dans les plaisirs, elles ne

comptent plus pour l’Église. I Tim., v, 3-8. Certainesveuves étaient inscrites sur le rôle de l’Eglise pour êtreassistées et aussi pour remplir certaines fonctions.Les conditions suivantes étaient requises pour l’admissionde ces veuves: avoir soixante ans au moins, n’avoireu qu’un seul mari, jouir d’une bonne réputation audouble point de vue de l’éducation de ses enfants et dela pratique des bonnes œuvres. I Tim., v, 9, 10. Cesconditions montrent qu’il s’agissaitde faire de ces veuvesautre chose que de simples assistées. Avec elles commençaitdéjà le ministère des diaconesses ou veuves, qui se maintint quelques siècles dans l’Église pourl’exercice de la charité et l’administration du baptême.Cf. duch*esne, Origines du culte chrétien, Paris, 1903, p. 342. SaintPaul veut que les jeunes veuves se remarient, et que les autres, si elles ont de la famille, soient à lacharge de leurs parents et non à celle de l’Église.

I Tim., v, 11-16.

H. Lesêtre.

VIANDES. Voir Nourriture, t. iv, col. 1700; Animauximpurs, t. i, col. 613.

VICE (hébreu: mûm; Septante: |ji(5(j.o{, irat^ixa; Vulgate: macula, vitium), défectuosité d’ordre physiqueou d’ordre moral.

1° Vice physique. — Certaines difformités corporellesrendaient le lévite inapte au sacerdoce. Lev., XXI, 1721. Voir Prêtre, col. 645. Absalom, II Reg., xiv, 25, et l’Épouse. Cant., iv, 7, sont signalés comme exemptsde tout défaut corporel. — L’absence de tout défaut estégalement exigée dans les victimes destinées aux sacrifices.Lev., xxii, 20, 21, 25; Deut., xvii, 1. Voir Sacrifice, col. 1322. L’animal de caractère vicieux devaitêtre mis à mort. Exod., xxi, 29, 36.

2° Vice moral. — Les Hébreux, devenant race perverseet vicieuse, ne sont plus les enfants de Dieu.Deut., xxxii, 5. Pour être sans vice, il faut diriger soncœur vers Dieu et écarter de sa vie l’iniquité et l’injustice.Job, XI, 15. Dans sa confession, Job, xxxi, 1-40, énumère les vices dont il a eu soin de se préserver: regards impudiques, mensonge et fraude, adultère, injustice envers les serviteurs, dureté impitoyable pourles pauvres, violence contre l’orphelin, avarice et cupidité, culte des astres, haine des ennemis, inhospitalité, hypocrisie, vol du bien d’autrui. Le Psaume xv (xiv), 2-5, signale les pratiques de vertu contraires aux vicesles plus répandus. Les prophètes font de fréquentesénumérations des vices de leurs contemporains. Isaïe, i, 21-23, dénonce les meurtres, les vols, la cupidité, l’oppression de la veuve et de l’orphelin, l’orgueil etle luxe des femmes, Is., iii, 16-23, l’incurie, la débaucheet l’idolâtrie des mauvais pasteurs, Is., lvi, 9-lvii, 5, le formalisme et la négligence dans le cultede Dieu, Is., lviii, 3-14. Jérémie, v, 1-13, stigmatiseles vices qui régnent dans Jérusalem, injustice, impiété, parjure, adultère et ceux des faux prophètes, Jer., xxiii, 10-15. Ézéchiel, xxiii, 2-21, parle des vices quisouillent Samarie et Jérusalem et du châtiment qui leurest réservé. Osée, iv, 1, 2, 4, décrit ce qu’il constatedans le pays: ni fidélité, ni charité, ni connaissancede Dieu, on se parjure, on ment, on vole, on tue, oncommet l’adultère, on fait violence, le sang versés’ajoute au sang versé, «mon peuple périt, faute deconnaissance.» Amos, v, 11, 12, se plaint que le justeest détesté et opprimé et que les jugements sont rendusau préjudice des pauvres. Michée, ii, 1, 2, menace lesgrands à cause de leurs rapines et de leurs violencescontre le peuple, et les faux prophètes à cause deleurs mensonges intéressés. Mich., * iii, 1-5. Il fait lapeinture des vices qui désolent la société et la famille.Mich., vii, 1-6. Habacuc, l, 1-4; ii, 5-15, trace untableau non moins lamentable. Tous les prophètess’accordent d’ailleurs à chercher dans l’abandon de

Dieu et dans la pratique de l’idolâtrie la cause quiencourage et développe tous les vices. — Les Livressapientiaux, " principalement les Proverbes et l’Ecclésiastique, signalent par le détail un grand nombre devices. L’auteur de la Sagesse, après avoir rendu l’idolâtrieresponsable de la propagation du vice, Sap., xiv, 12, 27, fait un résumé des formes qu’il revêt parmiles impies: ignorance de Dieu, immolation des enfants, mystères clandestins, débauches dans des rites étranges, homicide et adultère, vol et tromperie, corruption etinfidélité, révolte et parjure, persécution, ingratitude, souillure, crimes contre nature, rupture des mariages, impudicité, joies folles, oracles mensongers, nullecrainte du châtiment et idées perverses sur Dieu.C’est tout le procès de l’idolâtrie. — Dans le NouveauTestament, Notre-Seigneur énumère les vices quiviennent du cœur, d’après Matth., xv, 19: les mauvaisespensées, les meurtres, les adultères, les impudicités, les vols, les faux témoignages, les paroles injurieuses, et d’après Marc, viii, 21: les mauvaises pensées, lesadultères, les fornications, les homicides, les vols, l’avarice, les méchancetés, la fraude, le libertinage, l’œil malin, la calomnie, l’orgueil, la folie.

Dans sa prière orgueilleuse au Temple, le pharisienaccuse tous les autres hommes de vol, d’injustice etd’adultère; il lui reste au moins l’orgueil. Luc., xviii, 11. — Saint Paul signale les vices qui caractérisent lavie païenne et dont doit s abstenir la vie chrétienne. Ildéclare bannis du royaume de Dieu les impudiques, les idolâtres, les adultères, les efféminés, les infâmes, les voleurs, les avares, les ivrognes, les calomniateurset les rapaces. I Cor., vi, 9-10. Il appelle œuvres dela chair l’impureté, le libertinage, l’idolâtrie, les maléfices, les inimitiés, les contentions, les jalousies, lesemportements, les disputes, les dissensions, les sectes, l’envie, les meurtres, l’ivrognerie, les excès de table etautres choses semblables. Gal., v, 19-21. Parlant de lacharité, l’Apôtre en trace le portrait en indiquant sesqualités et en notant les défauts qu’elle doit éviter; ellen’est pas envieuse ni inconsidérée, elle ne s’enfle pasd’orgueil, ne fait rien d’inconvenant, ne cherche pas sonintérêt, ne s’irrite pas, ne tient pas compte du mal, neprend pas plaisir à l’injustice. I Cor., xiii, 4-6. AuxRomains, il décrit la vie des païens en signalant leursvices coutumiers, qui tous ont leur source dans la méconnaissancede Dieu: «Comme ils ne se sont passouciés de bien connaître Dieu, Dieu les a abandonnésà leurs sens pervers pour faire ce qui ne convient pas, étant remplis de toute espèce d’iniquité, malice, fornication, cupidité, méchanceté, coupables d’envie, depensées homicides, de querelles, de fraude, de malveillance, semeurs de faux bruits, calomniateurs, odieux à Dieu, arrogants, hautains, fanfarons, ingénieuxau mal, rebelles à leurs parents, sans intelligence, sans loyauté, sans affection, sans pitié.» Rom., i, 2831. À son disciple Timothée, saint Paul rappelle quela loi n’est pas faite pour le juste, mais «pour lesméchants et les rebelles, les impies et les pécheurs, les irréligieux et les profanes, ceux qui maltraitentleur père et leur mère, les meurtriers, les impudiques, les infâmes, les voleurs d’hommes, les menteurs, lesparjures et quiconque commet tout autre crime contraireà la saine doctrine.» I Tim., i, 9, 10. Des vices moinsgraves sont à reprocher au faux docteur: «c C’est unorgueilleux, un ignorant, un esprit malade qui s’occupede questions et de disputes de mots, d’où naissentl’envie, les querelles, les propos injurieux, les mauvaissoupçons, les discussions sans fin d’hommes quiont l’esprit perverti et qui, privés de la vérité, ne voientdans la piété qu’un moyen de lucre.» I Tim., vi, 4, 5.L’apôtre prévoit ce que deviendront un jour les hommesopposés à la loi de l’Évangile. Ils seront «égoïstes, cupides, fanfarons, orgueilleux, blasphémateurs, re’belles-à leurs parents, ingrats, impies, sans affection, -sans loyauté, calomniateurs, intempérants, cruels, ennemis des gens de bien, traîtres, insolents, enflésd’orgueil, amis des voluptés plus que de Dieu, ayant lesdehors de la piété sans en avoir la réalité.» II Tim., in, 2-5. Avant leur conversion, les chrétiens étaient<( insensés, indociles, égarés, esclaves de toutes sortes-de convoitises et de jouissances, vivant dans la malignitéet l’envie, dignes de haine et se haïssant les unsles autres.» Tit., iii, 3. Saint Pierre décrit aussi cettevie d’autrefois, dans «le désordre, les convoitises, -l’ivrognerie, les orgies, les excès de boisson et le cultecriminel des idoles.» IPet., iv, 2. Saint Jude, 8-16, -fait un tableau détaillé de la vie que mènent les enne--misde la doctrine du Christ, vie de honteuses souillures, de blasphèmes, de bonne chère, d’inconstance, d’impiété et d’égoïsme. Enfin saint Jean réserve à la-seconde mort, c’est-à-dire à la mort éternelle, «les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, lesimpudiques, les magiciens, les idolâtres et tous les menteurs.» Apoc, xxi, 8. — Les chrétiens ont à combattretous ces vices, en crucifiant leur chair avec ses passionset ses convoitises. Gal., v, 24. Cf. Eph., iv, 31; v, 4;» Col., iii, 8. — On s’est demandé si ces énumérationsde vices, particulièrement dans saint Paul, ne laissaientcas supposer une influence des écoles philosophiquesgrecques et surtout des stoïciens. L’influence est indéniablesur Phijoji, familier avec les longues énumérationsde vices qu’il rattache à l’amour du plaisir.Sans doute, comme Philon, De virtut., 182, édit.Mangey, t. ii, p. 406, saint Paul fait de l’oubli de Dieule principe de tous les vices; mais ses énumérationsn’ont rien de systématique. Les épithètes dont il se sertsont quelquefois assez vagues et toujours sans prétentionphilosophique. L’Apôtre, comme les autres écrivains «acres, s’inspire bien plutôt de son expérience et duspectacle qu’il a sous les yeux. Il ne nomme pas lesvices dans un ordre logique, mais tels qu’ils se présententà sa pensée ou à ses souvenirs, parfois peut-êtresuivant leur influence ou leur gravilé dans lemilieu où il écrit. Ainsi procèdent l’auteur de la Sagesse, les autres écrivains du Nouveau Testament, laûidachè, v, 1, le livre d’Hénoch, lxv, 6, 7; lxix, 3-14; xci, 4-8; xcix, 1-15, la Didascalie, 12, etc. Cf. Lagrange, Le catalogue des vices dans Vépître aux Romains, dans la Revue biblique, octobre 1911, p. 534-549. —Sur les vices en particulier, voir Avarice, t, i, col. 1285; Colère, t. ii, col. 833; Fornication, col. 2314; Fourberie, col. 2339; Fraude, col. 2398; Gourmandise, t. iii, col. 281; Haine, col. 400; Ignorance, col. 837; Impudicité, col. 855; Incrédulité, col. 871; Ingratitude, col. 877; Injustice, col. 878; Ivresse, col. 1048; Jalousie, col. 1112; Luxure, t. iv, col. 436; Mensonge, col.973; Mépris, col. 979; Moquerie, col. 1258; Oisiveté, col. 1774; Orgueil, col. 1864; Paresse, col. 2162; Parjure, col. 2169; Prostitution, t. v, col. 765; Rapine, col. 987; Respect humain, col. 1056; Superstition, col. 1882; Témérité, col. 2019; Vanité, col. 2376; Vengeance,

col. 2390; Vol.

H. Lesêtre.

    1. VICTIME##

VICTIME (hébreu: zébaff, l.iag, mô’éd), être vivantqu’on immole dans un sacrifice. — L’hébreu n’a pas demot spécial pour désigner la victime proprement dite.’Quand Isaac demande à son père où est la victime del’holocauste, le mot que la Vulgate rend par victima estséh, 7rpd ?aTov, «agneau». Gen., xxii, 7. Les victimesque la Sagesse immole pour les servir à ses invitésportent le nom de tébafy, Bûjia, animaux tués. Prov., ix, 2. Le zébafy. est le sacrifice, 6Wa, sacrificium, et, parmétonymie, la victime elle-même, Is., 1, 11; Ps. LI (l), 18, spécialement la victime pacifique, zébafy seldmîm, offerte dans les sacrifices eucharistiques, Lev., iii, 1; rv, 10, par opposition à la minffâh, sacrifice non sanglant, I Reg., ii, 29; Ps. xl (xxxix), 7, et à l’holocauste, ’ôlàh. Voir Holocauste, t. iii, col. 729, et Oblation, t. IV, col. 1725. Le frâg, «jour de fête», est aussi parfoisla victime qu’on offre ce jour-là. Même alors les versionstraduisent par èoptiri, solemnilas, dies solemnis.Exod., xxiii, 18; Ps. cxviii (cxvii), 27; Mal., ii, 3. Lemô’êd a le même sens que le fydget est seniblablementtraduit. II Par., xxx, 22. — Dans le Nouveau-Testament, la Ouata, victima ou hostia, désigne équivalemment lesacrifice ou la victime. Marc, ix, 48; Luc, ii, 24; Act., vii, 41; Heb., ix, 26; x, 5; etc. Au désert, on n’apoint offert à Dieu de victimes et de sacrifices, <j ?àytax «8’j<r£a; , victimas et hostias. Act., vii, 42. Sur lesvictimes dans les sacrifices de l’ancienne Loi, voir Sacrifice, t. v, col. 1322. — Les apôtres parlent devictimes spirituelles, offertes à Dieu par la pratiquedes vertus chrétiennes. Rom., xil, 1; Eph., v, 2; Phil.,

iv, 18; IPet., ii, 5.

H. Lesêtre.

    1. VICTOIRE##

VICTOIRE (hébreu: gebùrâh, «supériorité», yéSâ-’àh, «délivrance», milhdmâh, «succès de guerre» ), succès remporté à main armée contre les ennemis. — Lavictoire est la conséquence ordinaire de la guerre pourl’un des deux partis combattants. Voir Guerre, t. iii, col. 362. Aussi la Sainte Écriture enregistre-t-elle ungrand nombre de victoires remportées tantôt par les Israélites, tantôt par leurs ennemis. La victoire est souventappelée une délivrance, yesA’àh, I Reg., xiv, 45; II Par., xx, 17; Hab., iii, 8, quand elle soustrait les Israélites aujoug de leurs oppresseurs. Alors Dieu délivre, hôsîya’, c’est-à-dire donne la victoire. Deut., xx, 4; Jos., xxii, 4; II Reg., viii, 6, 16. La victoire, en effet, ne dépendpas de l’effectif militaire. Ps. ixxxm (xxxii), 16, 17;

I Mach., iii, 19. Elle n’appartient pas toujours au plusvaillant. Eccli., îx, 11. Nul n’a droit de dire: «C’estma main qui m’a secouru.» Jud., vii, 2; Job, XL, 9, 14. Dieu seul a la main assez puissante pour assurer lavictoire aux autres. Ps. xliv (xliii), 4; xcvm (xcvn), 1, et à lui-même. Is., lix, 16; lxiii, 5. Voilà pourquoi ilest dit que le Seigneur est avec celui auquel il veutassurer la victoire. Exod., iii, 12; Deut., xx, 1; Jos., i, 5; iii, 7; Jud., vi, 12; etc. — On demande à Dieu dene pas permettre le triomphe de l’impie. Job, xvii, 4.Le Messie viendra pour faire triompher la justice.Matth., xii, 20. La vertu remporte la victoire ettriomphe dans l’éternité. Sap., iv, 2. La victoire de lamort a été anéantie en droit par la résurrection duSauveur. I Cor., xv, 54-57. Jésus-Christ a triomphé detoutes les puissances adverses par sa croix. Col., ii, 15.Dieu nous fait triompher nous-mêmes par le Christ,

II Cor., ii, 14, et, grâce à lui, notre foi est victorieusedu monde. I Joa, v, 4. — D’après la Vulgate, Prov., XXI, 28, «l’homme obéissant racontera sa victoire.» Lesens est différent dans l’hébreu: «L’homme quiécoute parlera toujours,» parce qu’il méritera toujoursd’être écouté. Septante: «L’homme obéissant et réservéparlera.» L’erreur de la Vulgate, partagée parAquila, Symmaque et Théodotion, provient de ce qu’ellefait dériver lânésab, , «pour toujours», du radical

chaldéen nesah, «vaincre».

H. Lesêtre.

VIE (hébreu: hayim, fiayydh; chaldéen: hay), étatd’un être doué d’une activité propre et en mesure del’exercer. La vie appartient aux végétaux, aux animaux, aux hommes et aux êtres purement spirituels; elle semanifeste chez ces différents êtres par des phénomènesparticuliers. Les auteurs sacrés envisagent la vie à diverspoints de vue, en Dieu d’abord, et ensuite dans l’homme,

I. En Dieu. — Dieu est vie par excellence. De touteéternité, la vie est en lui et en son Verbe. Joa., i, 4. LaSainte Écriture appelle souvent Dieu «le Dieu vivant».par opposition avec les faux dieux qui ne sont quenéant ou des êtres créés, comme les démons. Num., xiv, 28; Deut., v, 26; Jos., iii, 10; I Reg., xvii, 26; Is., xxxvii, 4, 17; Dan., vi, 20; xii, 7; Ose., i, 10; Matth., xvi, 16; xxvi, 63; Rom., ix, 26; II Cor., iii, 3; Hebr., ix, 14; I Pet., i, 23, etc. Dieu appuie ses affirmations par laformule «Je vis» comme s’il jurait par sa propre vie.Deut., xxxii, 40; Rom., xiv, 11; etc. Cette formule revientjusqu’à seize fois dans Ézéchiel, xiv, 16, 18, etc. Laformule «Dieu vit» est une formule de serment souventusitée; elle équivaut au serment fait «par la vie deDieu». Jud., viii, 19; Ruth, iii, 13; I Reg., xix, 6; xxvi, 10; II Reg., ii, 27; III Reg., i, 29; Jer., v, 2; xii, 16; Ose., iv, 15, etc.

Il ressort nettement du premierchapitre de la Genèse que Dieu est l’auteur de toutevie, par voie de création. Il a mis la vie dans l’homme.Gen., ii, 7. Il la donne à tous, Act., xvii, 25, 28, et ilest maître de la vie et de la mort. Sap., xvi, 13; Eccli., xi, 14; xxiii, 1; II Mach., xiv, 46.

II. Dans l’homme.

Vie physique.

Cette vie résultede l’union de l’âme et du corps, et elle cesse parla mort. Elle est fragile et éphémère, Deut., xxviii, 66; Job, vii, 7; xxiv, 22; Jacob., iv, 15; elle est remplied’épreuves, Job, iii, 20; vii, 1; Sap., ii, 1, 3; xv, 9; Eccli., x, 11, et les meilleurs sont amenés parfois à laprendre endégoùt. Gen., xxvii, 46; Exod., i, 14; Job, ix, 21; x, 1; Eccle., ii, 17; II Cor., i, 8. C’est une chosefluide, ḥéléd, ὑπόστασις, substantia, Ps. xxxix (xxxviii), 6; lxxxix (lxxxviii), 48; un souffle, chaldéen: nišǔmâ’ πνοή, flatus, Dan., v, 23; un bien qu’on ne peut posséderqu’une fois, yaḥîd, μονογενής, unica, l’«unique». Ps. xxii (xxi), 21; xxxv (xxxiv), 17. Sa conservations’appelle miḥyâh, ζωή, ζωοποίησις, salus, vita. Gen., xlv, 5; II Par., xiv, 12; En cours Dictionnaire de la Bible/Tome 5.2.d THOMAS-ZUZIM - Wikisource (2) le 06/2023 I Esd., ix, 8, 9. On la demande àDieu, Ps. xxvi (xxv), 9; I Esd., vi, 10, qui l’accorde, Ps. ciii (cii), 4; etc. Car on aime naturellement la vieet les longs jours, Ps. xxxiv (xxxiii), 13, qu’il faut cependantsacrifier au devoir. II Mach., vi, 20. En cours Dictionnaire de la Bible/Tome 5.2.d THOMAS-ZUZIM - Wikisource (3) le 06/2023 Les annéessont parfois appelées les «jours», yâmîm, ἡμέραι, dies, Gen., xxiv, 1; Jos., xiii, 1; Job, xxxii, 7; etc., et lesvieillards meurent «rassasiés de jours». Gen., xxxv, 5, 29; Job, xlii, 17; etc. Voir Longévité, t. iv, col. 355.Le respect de la vie humaine est prescritpar la loi divine.Voir Homicide, t. iii, col. 740. On jure par sa vie ou parla vie d’un autre. Gen., xlii, 15, 16; I Reg., i, 26; xvii, 55; cf. I Reg., xxv, 6.

Être à quelqu’un «à la vieet à la mort», c’est lui être irrévocablement dévoué.II Reg., xv, 21; II Cor., vii, 3. Le «livre des vivants» désigne l’ensemble des hommes qui vivent, Ps. lxix(lxviii), 29, et la «terre des vivants» est celle sur laquellese meuvent les hommes qui vivent, par oppositionavec ceux qui sont descendus au schéol. Is., xxxviii, 11; Jer., XI, 19; Ezech., xxvi, 20; etc. Sur l’arbre de vie, Gen., ii, 9; Apoc, ii, 7; xxii, 2, voir Arbres de la vie et de la science, t. i, col. 895. L’expressionkâ’êf hayyàh, «au temps de la vie», que les versionstraduisent par εἰς ὥρας, ὡς ἡ ὥρα ζῶσα, vita comite, si vita cornes fuerit, Gen., xviii, 10, 14; IV Reg., iv, 14, est expliquée par plusieurs dans ce sens: «Quand cetemps revivra,» c’est-à-dire dans un an, idée que n’impliquepas le mot hayyâk. D’autres entendent ce «tempsde la vie» du temps de l’enfantement, du terme de lagrossesse, c’est-à-dire du temps où l’enfant vient à lavie. Cette seconde explication est plus naturelle et plus.probable. Cf. De Hummelauer, In Genesim, Paris, 1895, p. 408.

Vie morale.

L’âme a sa vie propre, par laquelleelle est immortelle; mais cette vie n’est une vraie viequ’autant que l’âme conforme ses actes à la volonté deDieu. Ainsi Dieu met devant Israël «la vie et le bien, la mort et le mal, … la vie et la mort, la*hénédiction etla malédiction.» Deut., xxx, 15, 19. «La mort et lavie sont au pouvoir de la langue,» Prov., xviii, 21, parce que l’homme se montre bon ou mauvais dans sesparoles. Cf. Eccli., xv, 18; Jer., xxi, 8. Moïse a donnéà son peuple la loi de la vie. Eccli., xlv, 6. Dieu est lasource de cette vie. Ps. xxxvi (xxxv), 10. Ses préceptes sont les sentiers de la vie. Ps. xvi (xv), 11; Prov., ii, 19; v, 6; x, 17; xv, 10; Act., ii, 28; Bar., iii,» 9; Ezech., xxxiii, 15. Les conditions de cette vie sont la sagesse, Prov., viii, 35; xvi, 22; Eccli., iv, 12-14; Bar., iv, 1; Rom., viii, 6; la justice, Prov., xii, 28; xxi, 21; lacrainte de Dieu, Prov., xiv, 27; xix, 23; xxii, 4. LesLivres sapientiaux rappellent les régies de la vie moraleet leurs diverses applications. Il n’est donc pas vraique la vie présente soit un pur amusem*nt, comme leprétendent les impies. Sap., xv, 12.

Vie surnaturelle.

La vie morale de l’hommen’est possible qu’avec le secours de Dieu. Le NouveauTestament met cette idée en pleine lumière et assigneà la vie chrétienne un caractère essentiellement suriHfturel.Jésus-Christ se présente aux hommes comme lasource de cette vie. Il a la vie en lui, Joa., v, 26, il estlui-même la vie, Joa., xiv, 6; il a les paroles dévie, Joa., vi, 64, 69; Eph, , v, 26; il est le pain de vie, Joa., vi, 35, 48, 52, 55, et fait jaillir les eaux de la vie. Joa., iv, 10, 11; vii, 38. Il est venu pour communiquer la vie.Joa., x, 10, et il la donne au monde. Joa., vi, 33. Laconnaissance de Dieu et de son Fils, Joa., xvii, 3, etla pratique des commandements sont la condition decette vie. Joa., xii, 50.

Les Apôtres tirent les conséquencesde ces affirmations du Sauveur. La vie deJésus est la cause du salut de l’homme. Rom., v, 10; II Cor., iv, 10, 11. Le chrétien vit pour Dieu dans leChrist, Rom., vi, 11; xiv, 8, d’une vie cachée dans leChrist, Col., iii, 3, et dans l’Esprit. I Pet., iv, 6. LeChrist est sa vie, Phil., i, 21, et le Christ vit en lui.Gal., ii, 20. C’est la vie de Dieu, Eph., iv, 18, et unevie toute nouvelle, Rom., vi, 4, que le chrétien doitvivre au milieu du monde, Tit., ii, 12, bien qu’elleattire sur lui la persécution. II Tim., iii, 13. Cette vieéchappe aux sens et à la raison et «le juste vit de lafoi.» Rom., i, 17; Gal., iii, 11; Hebr., x, 38. Cf. Hab., n, 4.

Vie future.

Elle est affirmée dès l’Ancien Testament.Tob., ii, 18; xii, 9; Dan., xii, 2; II Mach., vii, 9, 14. Jésus-Christ est lui-même la résurrection et lavie. Joa., xi, 25. Voir Ame, t. i, col. 466-472; Résurrectiondes morts, t. v, col. 1064. Dieu est le «Dieu desvivants», c’est-à-dire de tous les hommes, mêmequand ils sont passés dans l’autre vie. Matth., xxii, 32; Marc, xii, 27; Luc, xx, 38.

Vie glorieuse.

C’est la vie des âmes justes dansl’éternité. Les justes ressusciteront pour la vie, Joa., v, 29, et ils jouiront de la vie éternelle. Rom., ii, 7. Cettevie aura le caractère de récompense pour ceux qui yauront été prédestinés, Act., xiii, 48, qui auront s.uivila voie étroite par laquelle on y arrive, Matth., vii, 14, qui auront tout sacrifié pour elle, Matth., xviii, 8, 9; Marc, ix, 42, 44, et qui auront observé fidèlement lescommandements. Matth., xix, 17, 29; Marc, x, 17, 20; Luc, x, 25; xviii, 18, 30. Voir Récompense, t. v, col.1004. Par Jésus-Christ seul on arrive à cette vie glorieuse.Joa., iii, 15, 16, 36; iv, 14; v, 24, 40; vi, 40, 47; x, 28; xvii, 2; Rom., vi, 23; Col., iii, 4; I Joa., v, 11. Le «livre de vie» comprend tous ceux qui ont atteint oudoivent atteindre la vie éternelle. Phil., IV, 3; Apoc, iii, 5; xiii, 8; xvii, 8; xx, 12, 15; xxi, 27; xxii, 19. Sur la nature de la vie glorieuse, voir Ciel, t. ii, col. 752.

H. Lesêtre.

VIE FUTURE. Les saints après leur mort, quand ilssont purifiés de toute souillure, jouissent du bonheurdu ciel. Voir Ciel, t. ii, col. 752-756. Ceux à qui il restequelque chose à purifier achèvent leur purificationdans le purgatoire. Voir Purgatoire, col. 877-879.Ceux qui ont le malheur de mourir en état de péchémortel sont condamnés aux peines de l’enfer. VoirEnfer, t. ii, col. 1795-1796. Cf. Vie, 4°. VIEIL HOMME, état d’âme de celui qui n’est pasencore régénéré par la grâce. — Saint Paul se sert decette expression pour caractériser la situation morale dela race d’Adam prévaricateur, par opposition avec cellede Jésus-Christ rédempteur. «Comme, par la désobéissanced’un seul homme, tous, malgré leur nombre, ont été constitués pécheurs, de même aussi par l’obéissance d’un seul, tous, malgré leur nombre, seront constitués justes.» Rom., v, 18, 19. Cf. Prat, Théologie de saint Paul, Paris, 1908, t. i, p. 299. L’héritage dupremier, avec la concupiscence et le péché, constituele vieil homme; l’héritage du second, avec la vie de lagrâce, constitue l’homme nouveau ou intérieur. SaintPaul explique que, par le baptême, le chrétien reçoitune nouvelle vie, après que le vieil homme a été crucifiéet que le péché a été ainsi détruit en lui. Rom., VI, 4-6. La vieille vie disparaît alors pour faire place àun esprit nouveau. Rom., vii, 6. Le chrétien doit donc cesser de se conformer au siècle présent, pour se transformer par le renouvellement de l’esprit, Rom., xii, 2, et devenir ainsi l’homme intérieur. Rom., vii, 22. Par son sang, Jésus-Christ a créé l’homme nouveau, Eph., Il, 15, et son Esprit fortifie l’homme intérieur. Eph., m, 16. On ne comprend vraiment le Christ et son œuvre que si l’on renonce à sa vie passée, en sedépouillant du vieil homme, corrompu par des convoitisestrompeuses, pour revêtir l’homme nouveau, crééselon Dieu dans une justice et une sainteté véritables.Eph., iv, 22-24. Le Christ est tout en tous, Grecs ou Juifs, s’ils dépouillent le vieil homme avec ses œuvres, pour revêtir l’homme nouveau, qui se renouvelle sans cesse à l’image de celui qui l’a créé. Col., iii, 9-11. Quiconque est ainsi en Jésus-Christ est une nouvelle créature, pour laquelle les choses anciennes, qui constituaient le vieil homme, sont passées et remplacéespar quelque chose de tout nouveau, la vie de Jésus-Christdans l’âme régénérée. II Cor., v, 17. Il importedonc fort peu d’être circoncis ou incirconcis; «ce quiest tout, c’est d’être une nouvelle créature.» Gal., vi, 15. De ces différents textes, il résulte que le vieil homme désigne l’héritage d’Adam se perpétuant en chacun par les instincts pervers ou purement naturels et aboutissant au péché, tandis que l’homme nouveau estconstitué par la vie divine qui, de Jésus-Christ, passeau chrétien et se traduit en actes surnaturellement bons.

H. Lesêtre.

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VIEILLARD (hébreu: zàqên, et celui qui a des cheveux blancs: yâšiš, yâšêš, ṡàb; chaldéen: ʿaṭṭiq), celui qui est avancé en âge. — 1° Les vieillards n’ont des enfants que par miracle. Gen., xviii, 11; IV Reg., iv, 17; Luc, 1, 18; etc. Ils sont, comme les enfants, à l’une des extrémités de la vie, si bien que par l’expression «des enfants aux vieillards», on comprend tous les hommes. Gen., xix, 4; Exod., x, 9; Deut., xxxii, 25; Jos., VI, 21; Esth., iii, 13; Ps. cxlix(cxlviii), 12; Jer., xxxi, 13; Li, 22; Lam., ii, 21; Jo., ll, 16. C’est une malédiction que dans une famille il n’y ait pas de vieillards. I Reg., Il, 31 32. Isaïe, LV, 20, annonce qu’à l’époque de la restauration spirituelle, il n’y aura plus de vieillard qui n’accomplisse tout son temps. — 2° L’expérience est la couronne des vieillards. Eccli., xxv, 8. Aussi, bien qu’il y ait des vieillards insensés, Eccli., xxv, 4, et qu’un roitrop vieux ne soit pas désirable, Eccle., iv, 13, c’étaient les vieillards ou anciens qui exerçaient l’autorité chez les Hébreux dans toutes les questions qui ne ressortissaient pas au pouvoir royal. Voir Anciens, 1. 1, col. 554.

— 3° La loi ordonnait de respecter et d’honorer levieillard. Lev., xix, 32. De fait, le chef de famille gardait l’autorité pleine et entière sur tous les siens jusqu’à sa mort. Là où il y a des vieillards, le jeune homme doit être sobre de paroles. Eccli., xxxii, 13 (9). Saint Paul ne veut pas que l’évêque reprenne le vieillard 1 avec rudesse, mais qu’il l’avertisse comme un père, I Tim., v, 1. Il doit recommander aux vieillards d’être sobres, graves, circonspects, saints dans la foi, la charité et la patience. Tit., ii, 2. Les jeunes gens doiventêtre soumis aux anciens. I Pet., v, 5. — 4° Les vieillards du temps de Zorobabel pleuraient en se rappelant les magnificences de l’ancien Temple. I Esd., iii, 12. — Parmi les vieillards indignes de leur âge, la Sainte Écriture signale les deux accusateurs de Suzanne, Dan., xiii, 5-50, et ceux de la femme adultère. Joa., viii, 9.

H. Lesêtre.

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VIEILLESSE (hébreu: zoqên, ziqnâh, ṡêb; Septante: γῆρας, γῆρoς, πρεσϐεῖον), état de celui qui compte de nombreuses années de vie. Voir Longévité, t. iv, col. 355.

Ses caractères. — La vieillesse entraîne d’ordinaire avec elle un affaiblissem*nt général des organes, des forces, de la santé et quelquefois des facultés. On remarque que, malgré son âge, Moïse avait gardé sa vue et ses forces. Deut., xxxiv, 7, Mais, par suite de la vieillesse, Isaac et le prophète Ahias devinrent aveugles, Gen., xxvii, 12; III Reg., xiv, 4, David ne pouvait plus se réchauffer, III Reg., i, 1, et le roi Asa fut podagre. III Reg., xv, 23. Le grand-prêtre Héli n’avait plus l’énergie nécessaire pour corriger ses fils, I Reg., .II, 22-26, et les Israélites, en voyant se prolonger lavieillesse de Samuel, demandèrent un roi. I Reg., viii, 1. Tobie et sa femme, devenus vieux, appellent leur fils leur «bâton de vieillesse». Tob., v, 23; x, 4. La femme n’enfante plus dans la vieillesse. L’enfantement de Sara, Gen., xxi, 2, et d’Elisabeth, Luc, i, 36, sont présentéscomme des faveurs divines. Si la vieillesse amènedes infirmités, elle-même vient prématurément chezceux qui ont beaucoup de soucis. Eccli., xxx, 26 (24).

— L’Ecclésiaste, xii, 2-7, a laissé une description symbolique de la vieillesse: «Avant que s’obscurcissent le soleil et la lumière, la lune et les étoiles (symbole de tristesse), et que les nuages reviennent après la pluie (peines sur peines), temps où tremblent les gardiens de la maison (les bras), où se courbent les hommes forts (les jambes), où celles qui moulent s’arrêtent parce que leur nombre est réduit (les dents), où sont obscurcis ceux qui regardent par les fenêtres (les yeux), où les deux battants de la porte se ferment sur la rue (les lèvres), tandis que s’affaiblit le bruit de la meule (la parole devenant difficile), où l’on se lève au chant de l’oiseau (le sommeil court), où disparaissent toutes les filles du chant (les sons que n’entendent plus les oreilles), où l’on redoute les lieux élevés (à cause de la difficulté de monter), où l’on a des terreurs dans le chemin (en prévision des obstacles), où l’amandier fleurit (les cheveux blancs), où la sauterelle devient pesante (les talons s’appesantissent), où la câpre n’a plus d’effet (l’impuissance de rien produire), voir Câpre, t. ii, col. 222; car l’homme s’en va vers la demeure éternelle et les pleureurs parcourent les rues; avant que se rompe le cordon d’argent (le fil de la vie), que se brise l’ampoule d’or (la vie dont le fil est brisé), que le seau se détache sur la fontaine, que la poulie se casse dans la citerne (le corps, que l’âme ne soutient plus, s’abîme dans le tombeau), et que la poussière, retournant à la terre, redevienne ce qu’elleétait, pendant que l’esprit retourne à Dieu qui l’adonné.» Cf. Rosenmüller, Koheleth, Leipzig, 1830, p. 226-241.

Ses prérogatives. — La vieillesse a l’expérience etla sagesse, du moins chez le juste. Ps. xxvii (xxvi), 25; xcn (xci), 15; ’Eccli., xxv, 5 (4). Les cheveux blancs sont une couronne d’honneur. Prov., xvi, 31. Il ne fautdonc pas mépriser la vieillesse, Eccli., viii, 7 (6), surtout dans son père, Eccli., iii, 14 (12), et dans sa mère. Prov., xxiii, 22. Toutefois, la vieillesse des impies ne mérite nul honneur. Sap., iii, 17. La vraie vieillesse, c’est celle que confère la vertu, quel que soit d’ailleurs l’âge de celui qui fait le bien. Sap., iv, 8, 9; Dan., xiii, 50. Le juste demande que Dieu ne le rejette pas au jour de sa vieillesse. Ps. lxxi (lxx), 9, 18.

H. Lesêtre.

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VIERGE (hébreu: beṭûlâh; Septante: παρθένος), celle qui est restée étrangère à toute union corporelle.Elle est aussi appelée quelquefois naʿârâh beṭûlâh, παῖς παρθένος, puella virgo, jeune fille vierge. Deut., xxii, 23, 28; Jud., xxi, 12. Voir également’Almah, t. i, col. 390. — 1° La législation. — La vierge était particulièrement exposée à la séduction ou à la violence. Gen., xxxiv, 2; II Reg., xiii, 2. La législation prend des mesures pour la protéger. L’homme qui séduit une vierge non fiancée et abuse d’elle, doit lui payer sa dot et l’épouser. Si le père s’y refuse, le coupable doit néanmoins lui payer la dot. Exod., xxii, 16, 17. La séduction de la vierge déjà fiancée revêtait un caractère plus grave, celui de l’adultère, passible de lalapidation pour l’un et l’autre, si la vierge n’avait pas appelé au secours. Deut., xxii, 23, 24. Cf. Eccli., xlii, 10. Cette dernière était indemne si tout était arrivé contre son gré, et le séducteur seul était alors puni de mort. Deut., xxii, 25-27. Une disposition postérieure interdisait la répudiation à celui qui avait épousé la vierge violentée par lui. Deut., xxii, 28, 29. — Le prêtre avait le droit de porter le deuil de sa sœur encore vierge et vivant auprès de lui. Lev., xxi, 3. Il ne pouvait épouser qu’une vierge.Lev., xxi, 13; Ezech., xliv, 32. — La loi morale interdit de jeter les yeux sur une vierge, de manière à exciter la passion ou à susciter des ressentiments. Job, xxxi, 1; Eccli., ix, 5. — Au sujet des vierges chrétiennes, saint Paul formule, non des règles, mais un conseil. Il déclare la virginité préférable, dans l’un et l’autre sexe, parce qu’elle permet de se consacrer exclusivement aux choses de Dieu. Celui qui croit devoir marier sa fille, fait bien; celui qui, de son plein gré, et aussi du gré de sa fille, veut la garder vierge, fait mieux. I Cor., vii, 25-38. À propos de ce texte, on a supposé en usage dans la primitive Église la vie commune entre un chrétien et une vierge faisant profession de demeurer telle. Cf. H. Achelis, Virgines subintroductæ, Leipzig, 1902. Mais le texte de saint Paul parle seulement d’un père qui marie ou ne marie pas sa fille, et nullement d’un chrétien quelconque qui peut avoir l’idée de vivre avec la vierge. Les «femmes-sœurs» qui accompagnent les Apôtres, I Cor., ix, 5, ne sont pas de jeunes vierges, mais des veuves ou au moins des personnes d’un certain âge, comme le suppose le mot γυνή. Cf. Cornely, Ia ad Cor., Paris 1890, p. 241.

— 2° Les faits. — Les Hébreux épargnèrent les viergesdes Madianites, Num., xxxi, 18, et quatre cents vierges de Jabès de Galaad, pour en faire des épouses. Jud., xxi, 12. D’autres fois, les vierges étaient indignement traitées et emmenées captives par les ennemis. Judith, ix, 2; xvi, 6. Elles peuplaient la cour du prince, Ps. xlv (xliv), 15, et le harem du roi de Perse. Esth., ii, 2. On les sacrifiait parfois à un intérêt jugé supérieur. Jud., XI, 39; xix, 24. — Les vierges demeuraient ordinairement confinées dans les maisons. II Mach., 111, 19. Notre-Seigneur met en scène, dans l’une de ses paraboles, cinq vierges sages et cinq vierges inconsidérées, à l’occasion d’un festin de noces. Matth., xxv, 1-12. — Au ciel, les vierges suivront partout l’Agneau de Dieu. Apoc, xiv, 4. — 3° Les métaphores. — Les écrivains sacrés désignent sous le nom de «vierge» des villes ou des nations: «la vierge, fille de mon peuple,» Jer., xiv, 17, «la vierge d’Israël,».1er., xviii, 13; xxxi, 4, 21; Am., v, 2, «la vierge, fille de Juda,» Lam., i, 15, «la vierge, fille de Babylone,» 1s., XL vii, 1, «la vierge, : fille de l’Égypte.» Jer., xlvi, 16. — Saint Paul appelle son église de Corinthe «une vierge pure» qu’il a fiancée à un époux unique, le Christ. II Cor., xi, 2.

— La Sagesse est à la fois une mère et une épouse vierge, γυνή παρθένίας, muliera virginilate, en hébreu: ʾêšéṭ neʿûrîm, «l’épouse de la jeunesse».

H. Lesêtre.

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VIGILANCE, soin qu’on apporte à se tenir attentifpour remplir dignement son devoir. — On veille surdes mausolées, Job, xxi, 32, sur des objets précieux, I Esd., viii, 29, sur des troupeaux, Luc, ii, 8, etc. On veille en vain sur une cité, si Dieu ne la garde. Ps. cxxvii (cxxvi), 1. — Dieu veille pour exercer soit sa miséricorde, soit sa justice. Jer., xxxi, 28; xliv, 27; Bar., ii, 9; Dan., ix, 14. Dans une vision, Jérémie voit maqqêl šâqêd, «une branche d’amandier», et le Seigneur, jouant sur le mot šâqêd, lui répond: šoqêd, je veille sur ma parole pour l’accomplir. Jer., i, 11, 12.

— Il y a grand avantage à veiller pour acquérir lasagesse. Prov., viii, 34; Sap., vi, 15. L’Épouse dort, mais son cœur veille, c’est-à-dire reste fidèle à ses pensées et à ses affections. Cant., v, 2. — Notre-Seigneur recommande instamment de veiller et de prier, pour ne pas succomber à la tentation, Matth., xxvi, 38-41; Marc, xiv, 34-38, pour échapper aux maux à venir, Luc, xxi, 36, pour se disposer à l’heure inconnue de la mort. Matth., xxiv, 42, 43; xxv, 13; Marc, xm, 33-37; Luc, xii, 37-39; Apoc, iii, 2, 3. Les Apôtresrépètent le même avis. Eph., vi, 18; Col., iv, 2; I Pet., iv, 7. Ils veulent qu’on joigne à la vigilance la fermeté dans la foi, 1 Cor., xvi, 13; Act., xx, 31, et la sobriété. I Thess., v, 6; I Pet., v, 8. Le ministre de Dieu doitêtre spécialement circonspect. II Tim., iv, 5. Sur ceux qui veillent et conservent leurs vêtements, Apoc. xvi, 15, voir col. 503, 3°.

H. Lesêtre.

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VIGNE (hébreu: géfen; Septante: ἄμπελος ; Vulgate: vitis, vinea), arbrisseau qui produit le raisin.

I. Description. — La seule espèce végétale qui mériteproprement ce nom est celle qui, de temps immémorial, a fourni le vin. Elle appartient à la famille desAmpélidées, parmi les Dialypétales disciflores, forméetout entière d’arbrisseaux à entrenœuds longs etflexibles, ayant pour fruits des baies pluriloculaires.Les fleurs sans éclat, mais douées d’une odeur pénétrante, sont groupées en cymes fournies, connues vulgairementsous le nom de grappes: elles ont un calicepresque nul, formé de quatre ou cinq dents peu saillantes, autant de pétales à préfloraison valvaire, avecdes étamines superposées.

La vraie vigne, Vitis vinifera Linné, fig. 549, estaussi la seule espèce de l’Ancien Monde composant cegenre. Elle se distingue de ses congénères Cissus etAmpélopsis 1° par la singulière cohérence des pétalesqui, au lieu d’avoir leur pointe libre, l’ont soudée encapuchon, ce qui fait que la corolle, au moment del’anthèse, se détache d’une seule pièce en formed’opercule convexe, puis d’une petite étoile aprèsqu’elle s’est étalée: 2° par les vrilles oppositifoliées, véritables inflorescences stériles, à ramifications allongées, "nues et peu nombreuses, accrochantes par leurextrémité, montrant d’ailleurs tous les intermédiairesqui les rattachent aux grappes fructifères. Les premièresfeuilles basilaires en sont dépourvues, ainsique plusieurs des suivantes se succédant par périodesrégulières de trois en trois. Ces productions avortéessont les seules à se montrer sur les pousses issues duvieux bois, aussi la taille a-t-elle pour objet de régulariser la naissance des sarments sur les branches del’année précédente, condition indispensable de leurfertilité.

La tige principale, recouverte par les débris fibrilleuxde l’écorce qui se renouvelle tous les ans, peutatteindre une grande longueur, surtout grâce à l’appuides arbres ou d’autres soutiens artificiels, mais elle

est toujours faible et formée d’un bois mou, bonseulement pour le feu. Les feuilles distiques, larges etpalminervées, présentent cinq à sept divisions de profondeurtrès variable, presque lancinées dans le typesauvage. Chez ce dernier les fruits petit* et acerbesdeviennent beaucoup plus gros par la culture et segorgent d’une pulpe sucrée. Ils renferment les grainesou pépins, formés par un petit embryon dans unalbumen corné et protégé lui-même par un testaosseux. À l’état naturel, ces baies sont saupoudrées surleur pellicule par les germes du ferment alcooliqueou Saccharomyces dont les cellules dormantes repassantà l’état de vie active dans la cuve où l’on écrasela vendange ont pour rôle de transformer le moût envin.

La vigne paraît spontanée dans la partie orientale dela région méditerranéenne: ailleurs, elle est seulementsortie des cultures et disséminée par les oiseaux. Du

549. — Vitis vinifera.

Teste, introduite dès la plus haute antiquité sous tousles climats où les étés sont assez chauds pour produirehabituellement la maturité des raisins, elle a par suitedonné naissance à d’innombrables variétés distinguéessurtout par la saveur et la coloration des fruits.

F. Hy.

II. Exégèse. — 1° Noms. — La vigne se nommeordinairement géfén (assyrien: gupnu; arabe: iafri).Le mot èorêq (arabe: surik) est employé pour désignerune vigne de choix, Is., v, 2; Jer., ii, 21, ou bienil sert dans le parallélisme de synonyme à géfén; Gen., xlix, 11; Is., xvi, 8. Dans Lev., xxv, 5, 11, nàzirexprime une vigne non émondée, par allusion aunâzîr (Vulgate: nazarœus; Num., vi, 18), dont la chevelurene devait pas être coupée. Dans certains cas, géfén désigne spécialement le cep ou tronc de la vigne, Gen., xlix, ii, en rapport avec les sàrxgim, Gen., xl, 10-12; Joel, l, 7, les branches ou sarments, ou bien avecles Seluhôt, «r provins». Is., xli, 8. Cf. Joa., xv, 1-5.

— Les’askelôt sont les grappes, Is., lxv, 8; Mich., vii, 1; Cant., vii, 9. Comme ii, peut y avoir des’askelôt, «grappes», de henné ou cypre, Cant., i, 14, on trouvesouvent l’expression plus précise’aHkelôf’ânâbim, «grappes de raisins», Num., iii, 23, ou’askelôtgéfén, «grappes de vigne», Cant., vii, 9, ou celle-ci équivalente, «les grappes, ’askelôt, ont mûri leurs raisins.» Gen., xl, 10. Cependant le mot peut s’employer seul:

le contexte plus ou moins éloigné suffit à préciser lesens. —’Éndb (assyrien: enbu; arabe: inab), le grainde raisin, est employé d’ordinaire au pluriel, ’ânâbim.Le bôsér est la grappe encore verie, non mûre. Job, XV, 33; Jer., xxxi, 29-30; Ezech., xviii, 2. Dans le grain deraisin, ’ëndb, on distingue zdg, la peau, et harsannîm, les pépins. Num., vi, 4. Le raisin sec se dit simmvq.I Reg., xxv, 18. Semddar est la fleur de la vigne, oivtt16>), Cant., ii, 13, 15; vii, 13. La traduction de laVulgate dans ce dernier passage semble plutôt avoirvu dans ce mot la première formation du fruit, leraisin encore vert. — Une certaine quantité de piedsde vigne forme le kéréni (cf. assyrien: karanu), levignoble. Le kéréni est originairement le lieu où l’onplante la vigne, mais comme souvent on y mêlait desfiguiers, ce mot s’est entendu par dérivation d’un lieuplanté de figuiers ou d’oliviers, d’un verger. DansJud., xv, 5, la. Vulgate a séparé les deux mots et rendupar vineta et oliveta, le kérem zait, plantation d’oliviers.Kérem se prend aussi pour la vigne elle-même: Aussi un kôrêm est un vigneron. Joël, i, 1; Is., lxi, 5.

— Avec le mot kérém se sont formés des noms de lieu, par exemple: ’Abël-Kerâmim, le pré des vignes, quela Vulgate rend par Abel quse est vineis consita.Jud., XI, 33, — Le jus qui est sorti du ënâb ou grainde raisin, et qui n’est pas encore fermenté est le’dsîs, Joël, i, 5; iv, 18, oufiroS, Deut., xxxii, 28; IV Reg., xviii, 32, Is., xxxvi, 17; lv, 31, s vin doux, moût». Leliquide exprimé qui a fermenté forme le vin proprementdit, yain, ou poétiquement hémér.

2° Pays vignobles. — La vigne croît spontanémentdans l’Asie occidentale tempérée. En Arménie, dans larégion au sud du Caucase et de la mer Caspienne, etdans celle de l’Oxus, la vigne pousse des rameauxvigoureux qui s’attachent aux arbres des forêts jusqu’auxsommets les plus élevés et donne des fruitsexcellents sans qu’il soit nécessaire de la tailler et dela cultiver. «Dans la Margiane (portion de la Bactriane), dit Strabon, 1. II, c. i, 14, le pays abonde en vignes, et on y trouve des ceps si gros qu’il faut deux hommespour les embrasser, ainsi que des grappes de raisinsde deux coudées de longueur.» Il est intéressant deconstater, que la région de l’Ararat où la Bible placeNoé au sortir de l’Arche, et où il cultive la vigne, Gen., ix, 20, est regardée comme l’endroit où se touchentles trois rameaux principaux de la race caucasienne, représentés par Sem, Cham et Japhet, etcomme la patrie primitive de la vigne. Ad. Pictet, Les origines indo-européennes, Paris, 2e édit., t. i, p. 299.

Dès la plus haute antiquité on trouve la vigne enAssyrie. Voir fig.552, col. 2429. Elle est représentée surd’anciens monuments, soit sous sa forme naturelle, soit sous une forme hiératique. E. Bonavia, The floraof the Assyrian monuments, in-8°, Londres, 1894, p. 11, fig. 6; p. 49, fig. 21; p. 52, fig. 23; p. 61, fig. 27.Sur les bas-reliefs de l’époque des Sargonides sevoient souvent des vignes, soit isolées, comme lavigne de Koyoundjik grimpant sur un pin, Rawlinson, The ftve great monarchies of the ancient easternworld, Londres, in-8°, 4e édit., 1879, t. i, p. 353, soitdisposées en berceau de verdure, comme celle àl’ombre de laquelle repose Assurbanipal couché(fig. 550). Rawlinson, t. i, p. 473; Perrot et Chipiez, Hisl. de l’art, t. ii, p. 107, 652. Assurbanipal parlede plantations de vigne faites sur les bords du canalde Kalakh. À Delattre, Les travaux hydrauliques enBabylonie, dans la Revue des quest. scientif., 1888, t. xxiv, p. 481. Sennachérib, dans V Inscription deBavian, H. Pognon, Paris, 1879, in-8°, p. 9, rappelleles vignes qu’il a plantées aux environs de Ninive. — Lavigne était aussi cultivée en Perse, et c’est avec abondancequ’on servait à la table royale les vins des meil&

leurs crus. Esther, i, 7. La couche de Darius était ombragée d’une belle vigne d’or. Hérod., vii, 27.

S’il fallait en croire Hérodote, ii, 77, l’Egypte n’auraitpas eu de vignes. Mais s’il ne veut pas parler d’unerégion particulière, celle des marais, il se contreditlui-même, ii, 37, 168. La vigne était connue en Egyptedès la plus haute antiquité; on y regardait Osiriscomme l’inventeur de sa culture. Gr. Woenig, DiePflanzen im altem Aegypten, in-8°, Leigzig, 1886, p. 259. La Bible fait allusion aux vignes de ce pays.C’est le grand échanson qui est représenté pressantdes grappes de raisin dans la coupe du Pharaon, Gen., XL, 11; ce sont des Hébreux qui regrettent de ne pointtrouver dans la contrée du Sinaï des vignes comme enEgypte, Num., xx, 5; c’est la grêle qui dans une desplaies d’Egypte détruisit les vignes du pays. Ps. lxxvih(Vulgate, lxxvii), 47; Ps. cv (Vulgate, civ), 33. Les monuments prouvent la culture de la vigne en Egypte; même dès les temps les plus reculés ils représententla cueillette du raisin et la fabrication du vin.Lepsius,

la vigne et la fabrication du vin en Egypte dès lestemps les plus reculés. Dans les inscriptions, la vigne se

nomme I ^k <= ^"J-arouri, de même le raisinl -=arouri, en copte «Aovi, aloli. Le raisin séché ausoleil s’appelait aschep ou schep; le raisin vert gangani. Voir fig. 553, col. 2431.

En traversant la presqu'île du Sinaï, les Hébreuxn’avaient pas rencontré de vignes. Num., xvi, 14; xx, 5. Mais en se rapprochant du pays de Chanaan, ils entrouvent dans le pays d'Édom. Num., xx, 17. Déjà, 22ou 23 siècles avant notre ère, le fugitif Égyptien Sinouhit parle des vignes qu’il avait vues en ce pays. «Levin, dit-il, y est en plus grande quantité que l’eau.» G. Maspero, Hist. ancienne, t. i, p. 471. Les Hébreuxrencontrent la vigne chez les Amorrhéens, Num., xxi, 21, et dans le pays de Moab, où les vignobles étaiententourés de clôtures. Num., xxii, 24. Plus tard, Isaïe, xvi, 8, vante les nombreux vignobles de l’ancien paysde Moab.

550. — Le roi Assurbanipal et la reine se reposant et buvant au son de la musique, sous un berceau de vigne.

British Muséum.

Denkm., ii, 13, 49, 53, 61, 96, m et 111, 11. Au tombeaud’Amten (de la III" dynastie), on énumère parmi lesdomaines du défunt, des vignobles qui produisent «duvin en grande quantité.» Lepsius, Denkm., Il, 7 6; Maspero, Journal asiatique, 1889, t. i, p. 390; Étudeségyptiennes, t. ii, p. 231. Le scribe Anna avait faitplanter douze vignes dans son jardin; l’officier d’Amen, hotep II en avait fait mettre vingt-quatre. Fréquemment, les plans de maison et de jardin de la XVIIIe ouXIXe dynastie présentent des treilles disposées en berceaux, soutenues par des colonnettes sur lesquelles desceps de vigne étendent leurs rameaux chargés defruits. Au Ramesséum de Thèbes on a trouvé des celliers remplis de grands vases et amphores portant surla panse, écrites en hiératique, la date de la récolte etla mention a vin de transport». G. Maspero, Guide dumusée de Boulaq, p. 287. Des feuilles de vigne, desgrains de raisin se rencontrent dans les tombes lesplus anciennes et on en a recueilli des spécimens danstous les musées, Bulletin de l’Institut égyptien, n. 5(1884), p. 9; Botanische Jahrbùcher (1886), t. viii, p. 8.Les grains du musée du Louvre sont à peau épaisse età gros pépins. Recueil de travaux, t. xvii, p. 194.A toutes les époques, les monuments montrent desrois ou des particuliers faisant aux dieux des libationsde vin dans des vases spéciaux. Cf. Erman, Life in andent Egypt, Londres, 1894, in-8°, p. 271; Ebers, Aegypten und die Bûcher Mose’s, p. 323-330.Il ne saurait donc y avoir de doute sur la culture de

Mais c’est surtout la Palestine qui est le pays du bléet de l’orge, mais aussi de la vigne et du figuier. Deut., vin, 8. Je vous donnerai, dit Dieu aux Israélites, Jos., xxiv, 13, du fruit de vignes que vous n’avez pointplantées. Cf. II Esd., ix, 25. "Les espions envoyés dansla terre de Chanaan, pour explorer le pays, trouvèrentune vallée où les vignes étaient magnifiques et ils coupèrent une branche de vigne avec sa grappe aux.dimensions si extraordinaires que pour la rapportersans la froisser, ils la suspendirent à une perche etla portèrent à deux. Num., xiii, 24. Aussi, donnèrent-ils à cette vallée le nom de vallée d’Escol, ouvallée de la Grappe. On voit encore de nos jours en.Palestine des raisins d’une grosseur extraordinaire(fig. 551).

Au pays de Galaad, les vignobles de Sabama et deJazer étaient particulièrement renommés. Is., xvi, 810; Jer., xlviii, 32-33. On vantait aussi les vignesd’Hébron et d’Engaddi, des collines de Samarie et duCarme], delà vallée du Jourdain. Num., xiii, 26; Jud..ix, 27; III Reg., xxi, 1; II Par., xxvi, 10; Cant., i v14; viii, 11; Jer., xxxi, 5; Ose., xiv, 8, etc., Partoute la Palestine, spécialement sur "les collines, sur les hauteurs, on voyait des vignobles. Is., v, 1;

    1. XXVIII##

XXVIII, 1.

3° Culture de la vigne. — Bien que le sol et le climatde la Palestine fussent favorables à la vigne, elle demandait cependant des soins. Soit pour la planter, soit pour l’entretenir, on remuait soigneusem*nt le

sol à la bêche, et on enlevait les pierres. Is., v, 2. Cen’est pas le travail auquel se livrait le paresseux quilaissait croître les ronces et les épines. Prov., xxiv, 30-31. Pour préserver des vignobles ou champs devigne contre la tentation des passants ou contre lespillages des Bédouins, Job, xxiv, 1, ou contre les chacals, on les entourait de murs ou de haies, et dansl’intérieur on élevait une tour ou une cabane pourloger des gardiens au temps où les raisins commençaientà mûrir. Num., xxii, 24; Is., i, 18; v, 2, 11; Matth., xxi, 33. Ces tours ont d’ordinaire jusqu’à4 m 50 de haut sur quatre coudées ou l m 80 de largeur.Voir Tour, fig. 517, col. 2291.

S’il faut en croire Pline, #. N., xvii, 35, du moinsen ce qui regarde la Syrie, on aurait laissé la vigneramper à terre, comme on le voit encore en certainsendroits de la Palestine. On avait en même tempsl’habitude de faire monter la vigne sur les arbres.Is., cv, 33; Jer., viii, 13; Hab., iv, 17; Is., iii, 12. Lesvignes de Silo, devaient êlre assez élevées puisqueles Benjamites purent s’y mettre en embuscade. Jud., XXI, 20, 21. Du moins près des habitations on faisaitgrimper la vigne sur des figuiers; de là est venuel’expression proverbiale: Se reposer sous sa vigne etson figuier. III Reg., iv, 25; Mich., iv, 4; Zach., iii, 10, Luc, xiii, 6.

Une fois plantée, la vigne exigeait encore des soins.

II fallait l’émonder, couper les branches inutiles. Joa., xv, 2-6. On taillait la vigne à la serpette, mazemêrâli.Is., ii, 4; v, 16; xviii, 5; Joël, iv, 10. Il fallait attendreles fruits pendant trois ans après la plantation: cen’était qu’à la quatrième année qu’on pouvait en récolter.Is., xxxvii, 30; Ma’aSer scheni, 5.

La vigne était une des richesses de la Terre Promise.C’était donc une source de revenus: aussi les rois deJuda ou d’Israël ne pouvaient la négliger. Samuel avaitprédit aux Israélites qui désiraient un roi, que celui-cileur prendrait la dîme de leurs vignes, I Reg., viii, 1415, et même donnerait leurs vignes à ses serviteurs. Lefils d’Isaï, dit Saiil aux Israélites qui penchaient pourDavid, vous donnera-t-il des champs et des vignes?I Reg., xxii, 7. La vigne de Naboth convoitée parAchab, roi d’Israël, et acquise par Jézabel au prix dumeurtre de son propriétaire, est célèbre par le châtimentqu’attira cette iniquité sur les deux coupables.

III Reg., xxi, i-24.

Pour l’administration des vignes qui lui appartenaient, David avait préposé Séméi de Rama. Zabdiasl’Aphonite était chargé des provisions de vin. I Par., xxvii, 27. Dans l’Ecclésiaste, ii, 4, le sage se bâtit desmaisons et plante des vignes. La femme laborieuse dulivre des Proverbes, xxxi; 16, avec les fruits de sonlabeur plante une vigne.

Chacun en Israël voulait se faire une vigne plus oumoins considérable, et se reposer à l’ombre de savigne et de son figuier. IV Reg., xviii, 31. C’est, pourqu’ils ne s’attachent pas à un coin de terre et qu’ilsrestent nomades, que Réchab défendit à ses fils deplanter de la vigne. Jer., xxxv, 7-9. Dans la disettede blé, le peuple engagea sous Néhémie ses champs etses vignes. II Esd., v, 3-11.

Lorsque le peuple est infidèle, il est menacé de voirpérir ses vignes et le châtiment ne tarde pas à le faireréfléchir. Dès le temps de Moïse la menace lui en estfaite: «Tu planteras une vigne et tu n’en jouiras pas, tu n’en boiras pas le viii,» est-il dit dans les malédictionsdu ch. xxviii, 30 et 39. Sophonie, i, 13, et Amos, v, 11, reprennent cette menace. «Vos vignes et vosfiguiers, dit Amos, iv, 9, ont été dévorés par les sauterelles.» «Je dévasterai ses vignes et ses figuiers,» est-ilannoncé à Israël dans Osée, ii, 12.» Le jus de lavigne est en deuil, le cep languit,» annonce Isaïe, xxiv, 7. s En ce jour-là, dit-il, vii, 23, tout vignoble de

mille ceps de vigne valant mille pièces d’argent seracouvert de ronces et d’épines.» Aussi le prophète, xxxii, 12, dépeint le deuil de la nalion: «On se lamentesur les belles vignes fécondes.» «Plus de raisins à lavigne, dit Jérémie, viii, 13, ni de figues au figuier. Lafeuille même est flétrie.» «Il n’y aura rien à récolterdans les vignes,» dit aussi Habacuc, iii, 17. Mais siIsraël se repent et retourne à son Dieu, il reviendraen Palestine y planter la vigne. Ézech., xxviii, 26. Lavigne ne sera plus stérile dans ses campagnes. Mal., m, 11.

Un certain nombre de lois concernent la culture, l’entretien ou la récolte de la vigne. La loi permettaitd’entrer dans la vigne du prochain, d’en cueillir desgrappes et d’en manger selon son désir, mais défendaitd’en emporter dans un panier. Deut., xxiii, 24. Mais

551. — Raisin de Palestine.

si quelqu’un a fait du dégât dans un vignoble, il donneraen dédommagement le meilleur de son vignoble.Exod., xxii, 5 (hébreu, 4). En faisant la cueillette desraisins pour la vendange, on ne devait pas revenir surses pas pour ramasser les grappes oubliées dans lavigne, mais les laisser à la disposition des pauvres etdes étrangers. Lev., xix, 10; Deut., xxiv, 21. Pour levigneron qui donne tous ses soins à la vigne de celuiqui le prend à son service, il est juste qu’il participe àson fruit. I Cor., ix, 7. Le repos de l’année sabbatiqueconcernait aussi les vignes. Durant la septième année, on ne devait ni semer, ni tailler la vigne, ni récolter, Exod., xxiii, 11; la loi est reprise. Lev., xxv, 1-7. Cetteseptième année doit être une année de repos, de sabbatpour la terre. Lev., xxv, 4. Durant le naziréat, on nedevait manger d’aucun produit de la vigne, pas mêmeles pépins ou la peau des raisins. Num., vi, 3-4; Jud., 13-14. Quant à celui qui venait de planter une vigneet n’en avait pas encore recueilli le fruit, il étaitdispensé d’aller faire la guerre. Deut., xx, 6. On voitune application de cette loi dans I Mach., iii, 56.4° Vendanges. — La vendange, bàçir, commençait 2429 s

VIGNE

2430

dans la Palestine au mois de septembre et devaitêtre achevée dans la première moitié d’octobre, époquede la fêle des Tabernacles, qui indiquait la fin detoutes les récoltes. Comme à la moisson, le temps desvendanges était une époque de réjouissances. Vigneset pressoirs retentissaient alors de chants. Ce chant, cehourra des vendangeurs se nommait hêdâd. Jud., IX, 27; 1s., xvi, 10; Jer., xxv, 30; xlviii, 33. Aussi pourpeindre la désolation de Moab, le prophète ne manquepas ce trait:

Plus encore que sur Jazer, je pleure sur toi, vigne de Sabama.

Tes sarments s’étendaient jusqu’à la mer (Morte) et au delà

Ils touchaient à Jazer.

Le dévastateur s’est jeté sur ta récolte et sur ta vendange.

La joie et l’allégresse ont disparu des vergers

Et de la terre de Moab;

exprimé, on le conservait dans des outres de peau dechèvre, Jos., ix, 4; Job, xxx[l, 19; Matth., ix, 17, ou biendans des vases ou amphores de terre. Jer., xiii, 12; xl viii, 11. On soutirait les vins pour les clarifier. Is., xxv, 6; Jer., xlviii, 11. On rangeait les vases à vin dansles celliers. I Par., xxvii, 27. Il s’agit là des celliers oùDavid faisait garder son vin; Ezéchias avait les siens, II Par., xxxii, 18. Quant au cella vinaria de Cant., xi, 4, ce n’est pas le cellier, mais l’endroit où l’on boitle viii, où l’on se réjouit. Voir t. ii, col. 396.

5° Produit de la vigne. — Une partie des raisins étaitréservée pour être mangée en nature, ou sous formede raisins secs entrer dans la fabrication de certainesespèces de gâteaux, la debêldh, ou la’âsisâh. Voir Gâteau, t. iii, col. 115. Mais la plus grande partie de larécolte servait à faire du vin que l’on buvait avant ou

552. — Vignoble assyrien. D’après Layard, Homtments of Nineveh, t. i, pi. 81.

J’ai fait tarir le vin des cuves.

On ne le foule plus au bruit des hourras

Le hourra (hêdad) n’est plus le hourra! Jer., xlviii, 32-33.

Dans les vignes de Sabama, dit également Isaïe, xvi, 10, plus de chants, plus de cris de joie. Le hêdad acessé.

Les vendangeurs cueillaient les raisins dans despaniers et les jetaient dans le pressoir. Le pressoirporte les noms de gaf, yéqéb, pûrâh. Zach., iv, 13; Job, xxiv, et Joël, iv, 13; Is., xliii, 3, et Agg., ii, 16.A prendre les choses avec précision, le gaf est lagrande cuve où l’on entasse le raisin, le yéqéb est lacuve placée sous l’appareil à pression, le pûrâh estl’appareil à pression. Au lieu de l’appareil à pression, on employait aussi le pressoir à torsion. Voir t. v, col. 612. Le pressoir était d’ordinaire dans le vergermême: il consistait en une simple cuve en pierre oùl’on jetait les grappes, qui étaient foulées aux piedspar les vendangeurs. Une ouverture dans le fond decette cuve laissait passer le liquide dans un réservoir, souvent creusé dans la terre et maçonné. Cf. Van Lennep, Bible lands, t. i, p. 117; Robinson, Biblicalresearches, t. iii, p. 137. Quand le vin pressé était bien

après la fermentation. Voir Moût, t. iv, col. 1330; Vint. v, col.

6° Comparaisons, paraboles. — Les comparaisons, les proverbes, les allégories tirées de la vigne sonten grand nombre dans la Bible.

Dans l’apologue des arbres qui se cherchent un roi, la vigne, comme l’olivier et le figuier, représente lesbons Israélites, qui, chacun dans leur situation, produisentdes fruits utiles et appréciés de tous, par oppositionau buisson qui n’a que des épines et qui ne peutmême pas fournir un ombrage commode contre l’ardeurdes rayons du soleil, image d’Abimêlech, hommeméchant qui ne peut que blesser et nuire. Jud., IX, 7-20.

L’importance de la vigne en Israël, les soins multiplesqu’elle exigeait ont amené les auteurs sacrés à yvoir une belle allégorie des soins de Dieu pour sonpeuple, et à la développer très fréquemment. Israël est lavigne de Jéhovah. Cette vigne a été apportée d’Egypte, Ps. lxxx (lxxix), 8-14, plantée à la place des nationsqui occupaient la terre de Chanaan. Solidement enracinée, ses rameaux se sont étendus depuis la mer j usqu’aufleuve, c’est-à-dire ont couvert toute la Terre Promise.Mais cette vigne qui fut longtemps prospère a vu sesclôtures se rompre, et les bêtes sauvages l’ont dévastée;

le feu l’a brûlée et l’on a coupé ses rameaux. Ps.lxxx, 13-20. C’est la prise et la ruine de Jérusalem et lacaptivité de Babylone qui sont peintes sous ces images.Les mêmes idées et les mêmes images ont souvent étéreprises par les prophètes. C’est le sujet de la belleparabole d’Isaïe, v, 1-7. Dans ce chant de l’amour deJéhovah pour sa vigne les deux premières strophes décriventl’amour et les soins de Dieu payés par l’ingratitudede son peuple, les deux suivantes, le jugement; puis les strophes 5 et 6, le châtiment, enfin les strophes7 et 8, l’application à Israël. Ce petit chant décrit aucomplet tous les soins qu’on donnait à la vigne enPalestine.

Isaïe revient sur cette image, c. m. Les chefs dupeuple ont brouté la vigne, c. xxvii, 26: c’est lavigneau vin généreux gardée par Jéhovah. Après avoirété châtié, Israël fleurira de nouveau et donnera desrejetons. Jérémie, ri, 21, développe ce sujet à son tour: Israël planté comme une vigne excellente, tout entièred’une souche franche, s’est changée en sarments

553. — Treille égyptienne.

D’après Wilkinson, Manners and customs,

2- édit., fig. 153, p. 380.

bâtards d’une vigne étrangère. Il annonce, VI, 9, qu’ongrappillera comme une vigne les restes d’Israël. Denombreux bergers détruiront la vigne. Jer., xii, 10.Pour Ezéchiel, xv, 2-6, Israël est la vigne stérile dontle bois n’est bon à rien. Au ch. xvii, il développe lamême image d’Israël, la vigne plantée dans une bonneterre bien arrosée, et en la combinant avec l’imagedes deux aigles de Babylone et d’Egypte, il en fait uneparabole sur les destinées de la maison de David.De même au ch. xix, 10-14, c’est une lamentation surla vigne d’Israël si bien plantée et qui promettait dufruit, et qui est maintenant arrachée, et consumée parun feu sorti de l’une de ses branches, c’est-à-dire parla faute de Sédécias. Dans Joël, i, 6-12, c’est une invasionde sauterelles qui a dévasté la vigne de Jéhovah.Pour Osée, x, 1, Israël est une vigne luxuriante, chargéede fruits, qui est devenue infidèle à Dieu et idolâtre.Mais qu’Israël revienne à Dieu et il fleurira comme lavigne, xiv, 8. Samarie est aussi comparée à un plant devigne. Wich., i, 6.

L’allégorie de la vigne représentant Israël était sibien reçue que dans le temple d’Hérode, à l’intérieurdu vestibule, était suspendue une magnifique vigne d’ordont les grappes au rapport de Josèphe avaient lahauteur d’un homme. Elle était placée en cet endroitpour symboliser Israël, la vigne du Seigneur. Voir t. v, col. 2065.

Rien donc de plus familier au peuple que cetteimage. Les scribes et les Pharisiens n’eurent aucunepeine à comprendre la parabole de Jésus-Christ se servantde cette image de la vigne, familière aux prophètespour dépeindre ce que Dieu avait fait pour sonpeuple et la façon dont furent reçus les envoyés du père

de famille, maître de la vigne, et son propre fils, et lechâtimentdes vignerons perfides avec la location delavigne à d’autres vignerons, c’est-à-dire aux Gentils.Matth., xxi, 33-46; Marc, xii, 1-12; Luc, xx, 9-19.

D’autres enseignements sont tirés aussi de la comparaisonde la vigne. La Sagesse est comparée à la vignedont les pousses gracieuses sont chargées de fruits.Eccli., xxiv, 23 (grec 17). Joseph est comparé à un sarmentfécond, planté près d’une fontaine et dont lesbranchescouvrent la muraille. G-en., xlix, 22. Par laparabole des ouvriers qui vont à différentes heurestravailler à la vigne, Jésus-Christ veut montrer auxPharisiens que pour entrer dans le royaume messianiqueDieu n’appelle pas d’après les mérites antérieurs, mais par pure grâce. Matth., xx, l-16. À la fin des temps, le Fils de l’homme préside à la vendange du monde, Apoc, ix, 18-19. Pour exprimer la vie de la grâce, lavie qu’il communique aux âmes, Notre-Seigneur emprunteune comparaison à la vigne. Tout sarment quien moi ne porte pas de fruit, mon Père, le divin vigneron, le retranchera. Tout sarment au contraire quiportera du fruit, il l’émondera pour qu’il en portedavantage. Il faut que le sarment soit uni au cep pourque la sève circule en lui et qu’il porte du fruit; séparé du cep, il se dessèche. Ainsi, séparés de moi, vous ne pouvez rien faire. Et les sarments inutile*seront jetés au feu. Joa., xv, 1-9.

Voir Alph. de Candolle, Origine des plantes cultivées rin-8°, Paris, 1886, p. 151-154; Ad. Pictet, Origines indoeuropéennes, in-8°, 2e édit., Paris, p. 295-321; Ch. Joret, Les plantes dans l’antiquité, in-8°, Paris, 1897, p. 138141, 387, 450; V. Loret, La flore pharaonique, 2 a édit., Paris, 1892, in-8°, p. 99-101; A. Erman, Life in ancientEgypt, transi. Tirard, in-8°, Londres, 1894, p. 196-199; Fr. Wœnig, Die Pflanzen im allen Aïgypten, in-8°, Leipzig, 1886, p. 254-276; H. B.Tristram, The naturalhislory of the Bible, 8e édit., in-8 «, Londres, 1889, p. 402-413; D. Mallet, Les premiers établissem*nts desGrecs en Egypte, in-4°, Paris, 1896, p. 345; Wilkinson, Manners and customs, 2e édit., t. ii, p. i, 379-383.

E. Levesque.

    1. VIGNE DE’SODOME##

VIGNE DE’SODOME (hébreu: géfén Sedôm; Septante: âi.Tizaç 2086n<ov; Vulgate: vinea Sodomorum).Elle est mentionnée seulement, Deut., xxxii, 32 roù Moïse dit en parlant des impies:

Leur vigne est du plant de Sodome

Et du terroir de Gomorrhe;

Leurs raisins sont des raisins empoisonnés.

Leurs grappes sont amères.

Quelques auteurs, comme dom Calmet, ont cru queces vers font allusion à la «pomme de Sodome».Voir Jéricho, t. iii, col. 1291. Josèphe en a donné ladescription, Bell, jud., IV, viii, 4, et Tacite y fait probablementallusion, Hist., v, 6. «Des cendres s’y produisentdans les fruits, dit l’historien juif; ils ressemblentpar leur couleur à des fruits comestibles, maisquand la main les saisit, ils se dissolvent en farine eten cendres.» Mais cette plante (Callotropis procera)n’a rien qui puisse même de très loin rappeler la vigneet elle n’a point ses fruits en grappe. D’autres ontpensé à la coloquinte, dont les feuilles ont de la ressemblanceavec celles de la vigne et dont les tigess’étendent sur le sol, comme les rameaux de celle-ci.Voir Coloquinte, t. ii, fig. 323, col. 859. Mais si elle adans son feuillage quelque apparence générale qui l’afait appeler «vigne sauvage», géfén èâdéh, III Reg., iv, 39, elle n’a point son fruit en grappe. On a voulu aussiy voir quelque espèce de Solanum comme le Solanumnigrum ou leSodomeum (t. iii, col. 1290, fig. 226), etc., mais ces plantes n’ont rien de l’aspect de la vigne.

Nous croyons qu’il n’y a pas à chercher ici de planteparticulière, existant sur les bords de la mer Morte.

C’est une image créée par l’auteur pour caractériserIsraël infidèle. Il ressemble aux habitants de Sodome-et de Gomorrhe, comme s’il était de leur race au lieude descendre des patriarches. La corruption morale-d’Israël est souvent comparée dans l’Ecriture aux péchésde Sodome et de Gomorrhe. La vigne et ses fruits sont icides termes figurés représentant le peuple et ses actes: il est dégénéré et ne produit plus rien que de mauvaiset d’empoisonné. C’est ainsi qu’au verset suivant oncompare ses actions à un vin qui serait un venind’aspic. La mer Morte aux eaux très amères est censéecommuniquer son amertume à tous les produits qui.poussent sur ses bords et spécialement à ceux desvilles maudites de Sodome et de Gomorrhe.

E. Levesque.VIGNERON (hébreu: korêm), celui qui cultive lavigne. — La culture de la vigne tenait une grande placedans la vie agricole des Israélites. Mais elle était relative>ment facile. Cf.Schwalm, La vie privée du peuple juif, Paris, 1910, p. 12-14. Le roi Ozias avait des vigneronsqui travaillaient pour lui sur les coteaux des montagnes. II Par., xxvi, 10. Isaïe, Lxi, 5, prédit qu'à la restauration les étrangers seront les vignerons d’Israël.Les temps de sécheresse persistante faisaient la désolation des vignerons. Joël., i, 11. Après la déportationchaldéenne, Nabuzardan choisit dans le menu peupledes laboureurs et des vignerons pour demeurer enPalestine et empêcher le sol de devenir improductif.IV Reg., xxv, 12; Jer., lii, 16. — Notre-Seigneur meten scène des vignerons dans deux de ses paraboles.Dans la première, il s’agit d’une vigne voisine de la ville.Le propriétaire loue sur la place publique des vignerons qui y vont travailler, moyennant un denier desalaire pour la journée. Matth., xx, 1-15. Dans l’autreparabole, il est question d’une exploitation éloignée etconsidérable, comme devaient être celles du roi Ozias.Le maître l’a louée à des vignerons qui, pour leursalaire, ont une part de la récolte, tandis que l’autre-doit lui revenir. C’est pourquoi, à plusieurs reprises, il envoie des serviteurs vers les vignerons pour recevoirce qui lui revient. Mais ceux-ci brutalisent et tuent lesenvoyés, méritant ainsi d'être mis à mort à leur tour, «près quoi le maître affermera la vigne à d’autresvignerons. Matth., xxi, 33-39; Marc, xii, 1-8; Luc., xx,

"9-15.

H. Lesêtre.

    1. VILLA##

VILLA (grec: àyp<5ç), domaine rural. — La Vulgateemploie souvent le mot villa pour désigner le Ijtâsêr, xup.ii, le village ou hameau situé dans la campagne et-sans entourage de murs. Exod., vni, 13; Lev., XXV, 31; Num., xxxiv, 4, 9; Jos., xv, 32-62; xix, 6-38; Cant., vu, 11; Esth., ix, 19; II Esd., xi, 30; xii, 28. Dansl'Évangile, les villages ou hameaux, xwnai, dans lesquels passe Notre-Seigneur, n’excluent pas le biende campagne, le domaine, àfpàç, villa, habité par uncertain nombre de personnes, mais constituant lapropriété d’un particulier. Marc, vi, 36, 56; Luc, viii, 34; ix, 12. À l'époque évangélique, en effet, les domainesruraux n'étaient pas rares en Palestine. Si le maître n’yrésidait pas, comme le père du prodigue, Luc, xv, 25, des fermiers et des serviteurs les faisaient valoir, sous la surveillance d’un intendant, quand le domaine avait de l’importance. Cf. Schwalm, La vieprivée du peuple juif, Paris, 1910, p. 485-511. L’undes invités de la parabole vient de faire l’acquisitiond’une villa, à distance de la ville. Il lui faut aller lavisiter et il s’excuse de ne pas répondre à l’invitationau festin qui lui est faite. Matth., xxii, 5; Luc, xiv, 18.La villa comprenait certainement, avec des champs etdes vignes, des bâtiments d’exploitation et d’habitation.Celui auquel se loua le fils prodigue possédait une villadans laquelle on faisait de l'élevage, particulièrementcelui des pourceaux. Luc, xv, 15. Simon le Cyrénéen


revenait d’un domaine rural, quand on l’arrêta à laporte de la ville pour aider le Sauveur à porter sa croix.Marc, xv, 21; Luc, xxui, 26. Les deux disciples serendaient à une villa voisine d’Emmaûs, quand le Sauveur ressuscité se joignit à eux. Marc, xvi, 12. SaintLuc, xxiv, 28, suppose que le lieu où ils s’arrêtèrentensemble se rencontrait avant qu’on arrivât dans labourgade. Gethsémani est appelé en grec xwpi’ov, c’està-dire «emplacement, champ, domaine ou jardin», etparla Vulgate villa. Matth., xxvi, 36. Il est vraisemblable qu’il n’y avait pas de domaine rural à une sigrande proximité delà ville, mais que Gethsémani étaitun jardin, peut-être muni encore du nécessaire pourle pressurage de l’huile. Saint Jean, xviii, 1, appelle ce

lieu un «jardin».

H. Lesêtre.

    1. VILLALPANDO Jean-Baptiste##

VILLALPANDO Jean-Baptiste, jésuite espagnol, néà Cordoue en 1552 ou 1555, mort à Rome le 22 mai 1608.Il fut l'élève du P. Prado, son collaborateur et son continuateur: In Ezeehielem explanaliones et apparatus Urbis ac Templi Hierosolymitani, 3 in-f°, Rome, 1596-1604. Il mourut avant d’avoir achevé le travail.Voir Prado, col. 593. Cf. Ch. Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t. viii, 1898, col. 768.

VIN, liquide extrait du raisin par pression. VoirPressoir, col. 613.

1° Ses noms. — La Palestine était un pays vignoble, et le vin y avait une grande importance au double pointde vue alimentaire et commercial. Aussi un assezgrand nombre de mots sont-ils employés pour désignerle précieux liquide. 1. Yaîn, mot probablement primitif, qui se retrouve dans l’assyrien înu, l'éthiopienvâyn, le grec oTvoc, le latin vinum, etc. — 2. flémér, chaldéen: hâmar, de l}âmar, «bouillir, fermenter», oivo; , merum. — 3. Bobè', le vin de bonne qualité, oïvo; , vinum. — 4. Sémér, le très bon vin débarrasséde sa lie, olvo; , vindemia defxcata. Is., xxv, 6. — 5.TiroS, le vin non fermenté ou vin doux. Voir MOUT, t. iv, col. 1330. — 6. 'Âsîs, le premier viii, le vin doux, Y>.uxac[jiô; , dulcedo; olvoç véoç, mustum. — 7. Mézég, mésék, mimsdk, le vin mélangé, x£pa<j|/.a, mixtum. —Métaphoriquement, le vin est aussi appelé dam 'ânâbim, at|x «(rtacpuX^ç, sanguis uvx, «le sang de lagrappe». Gen., xlix, 11; Deut., xxxii, 14; Eccli., xxxix, 26.

2° Son origine. — Le vin est considéré comme undon de Dieu. Isaac souhaite à Jacob que Dieu lui donnel’abondance du froment et du vin. Gen., xxvii, 28.La Palestine est un pays de froment et de viii, Deut., xxxin, 28, et Juda, en particulier, «lave son vêtementdans le viii,» Gen., xlix, II. Dieu donne à son peuple «le sang de la grappe, le vin généreux.» Deut., xxxii, 14; cf. xi, 14. Pour le juste, la cuve déborde de vinnouveau. Prov., iii, 10. Mais il n’y aura pas de vin pourIsraël infidèle, Deut., xxviii, 39, 51, et le vin de sesennemis sera comme le venin des serpents. Deut., xxxii, 33.

3° Son traitement. — Noé s'était sans doute contentéde boire le jus qu’il venait d’exprimer des raisins, comme le fait supposer son inexpérience des effets duvin. Gen., ix, 21. Plus tard, on recueillit le vin au sortirdu pressoir et on le conserva dans différents récipients, cruches de terre, I Reg., x, 3; xvi, 20; Jer., xiii, 12, et outres faites de peau. Jos., ix, 13; I Reg., xxv, 18; II Reg., xvi, 1; Judith, x, 5. Voir Outre, t.iv, col. 1936.On gardait ces récipients dans des celliers, voir Cellier, t. ii, col. 396, et dans des magasins, pour l’usage duTemple, I Par., ix, 29, ou des agglomérations. II Par., xi, 11; xxxii, 28. Le vin fermente et dépose au fond desrécipients la lie, composée de matières diverses qui, à la longue, peuvent nuire à la qualité du vin. C’estpourquoi l’on transvasait le vin d’un récipient dans un

V. - 77

2435

VIN

VINAIGRE

2436

autre, de manière à laisser la lie au fond du premier..1er., xlviii, 11, 12. On laissait vieillir le viii, pour lerendre meilleur. «Vin nouveau, nouvel ami; qu’ilvieillisse, et tu le boiras avec plaisir.» Eccli., ix, 15(10). Après avoir bu du vin vieux, on n’en demandait pasaussitôt du nouveau, car on disait: & Le vin vieux estmeilleur.» Luc, v, 39. — Avant de boire le viii, on avaitcoutume de lui faire subir quelque mélange. Isaïe, I, 22, parle en mauvaise part du vin coupé d’eau. Cemélange ne paraît pas avoir été goûté des Israélites, comme il l’était des Grecs et des Romains.’Cf. Anacréon, Od., xxxvi, 10; Odys., iii, 40. L’auteur du secondlivre des Machabées parle selon la coutume de ces derniers, quand il écrit: «Il ne vaut rien de boire seulementdu vin ou seulement de l’eau, tandis que le vinmêléà l’eau est bon et produitune agréable jouissance.» II Mach., xv, 40. Mais ce qui plaisait beaucoup auxIsraélites, c’était le mélange avec le vin de certains aromatesqui lui donnaient un goût particulier et surtoutplus de force. Il est souvent question du vin aromatisécomme d’un breuvage de choix. Ps. lxxv (lxxiv), 9; Cant., vii, 3; viii, 2; Prov., xxiii, 30, 31; Is., lxv, 11.Pour soutenir Notre-Seigneur avant son crucifiement, on lui présenta du vin mêlé de myrrhe, Marc, xv, 23, que saint Matthieu, xxvvii, 34, dit mêlé de fiel, en prenantsans doute ce dernier mot dans un sens large, pour marquer le goût un peu amer que la myrrhecommuniquait au vin. Pline, H. N., xiv, 15, témoigneque la myrrhe donnait au vin un goût fort appréciédes anciens. On connaissait le vin àp(o|j.aTiTY)ç, aromatique, cf. Dioscoride, v, 64, le vin nuppivî-tTiç, préparéavec des baies de myrte, cf. Élien, Var. Hist., xii, 31; etc. «Mêler le vin», c’était le préparer en vue durepas. Prov., ix, 2, 5.

4° Ses usages. — 1. Noé, après le déluge planta unevigne et fut enivré par le vin dont il ignorait sansdoute la force. Gen., ix, 20-21.— Le vin était une boissoncommune chez les Hébreux. Isaac en boit. Gen., xxvii, 25. Des échansons le versaient aux grands personnages.Gen., xl, 5. Voir Échanson, t. ii, col. 1558.Il figurait dans les festins et dans les simples repas, Deut., xiv, 26; Job, i, 18; Prov., ix, 2, 5; II Par., ii, 10; IIEsd., v, 18; Dan., v, 1, 2, 4, 23; .Iudith, xii, 12; Esth., i, 7; Eccli., ix, 13 (9); Is., v, 12; xxii, 13; lvi, 12, etc., et même dans les repas funèbres. Tob., iv, 18.L’Ecclésiastique, xxxix, 31 (26), énumère le «sang dela grappe» parmi les choses qui sont de premièrenécessité pour la vie des hommes. NotreSeigneur fitson premier miracle pour procurer du vin aux épouxde Gana. Joa., ii, 3. C’était une désolation généralequand le vin venait à faire défaut. Is., xxiv, 11; Jer., xlviii, 23; Jo., 1, 10; Agg., i, 11. Aussi les faux prophètesse faisaient écouter quand ils promettaientl’abondance du vin. Mich., Il, 11. — 2. L’Ecclésiaste, IX, 7, recommande de boire son vin gaiment. C’est ce qui sepratiquait, surtout quand le vin était de qualité supérieure.Il en venait de tel du Liban, Ose., xiv, 7; celuide Helbon faisait l’objet d’un commerce avec Tyr.Ezech., xxvii, 18. Le récit du miracle de Cana nousapprend que, dans le repas, on servait d’abord le meilleurvin, tandis qu’on réservait le moins bon pour lafin, quand le goût des convives était émoussé. Joa., ii, 10. Ce trait ne préjudicie pas à la remarque de Luc, v, 39; car l’amphitryon qui servait du vin inférieur auxconvives déjà désaltérés ne leur demandait pas leuravis et profitait plutôt de leur demi-inconscience.Cf. Sap., ii, 7. Le goût des Israélites pour le vin estaccusé par ces comparaisons du Cantique des cantiques, i, 1, 4; iv, 10; vii, 9, qui déclare que l’amourde l’Époux est préférable au viii, et que la bouche del’Épouse est comme un vin exquis. — 3. L’usage du vinn’était pas toujours suffisamment modéré. Les auteurssacrés en signalent les abus. Voir Ivresse, t. iii,

col. 1048. Les ennemis vendaient des jeunes fillesisraélites pour avoir du vin. Joël, iii, 3. Les Israéliteseux-mêmes buvaient dans leurs sanctuaires idolâtriquesle vin de ceux qu’ils condamnaient à l’amende, Am., ii, 8. Après la captivité, les Juifs exigaient de leurs débiteursun intérêt d’un centième sur le vin. II Esd., v, 11, 15. — 4. L’abstention du vin était prescrite à Aaronet à ses fils, quand ils avaient à entrer dans le sanctuaire, Lev., x, 9; Ezech., xliv, 21, et à ceux qui se vouaientau nazaréat. Num., vi, 3. Elle le fut à Samson, Jud., xiii, 4, 7, 14, et à Jean-Baptiste. Luc, i, 15. LesRechabites s’abstenaient volontairement de vin. Jer., xxxv, 2. Notre-Seigneur, qui en faisait usage, étaitappelé par ses ennemis «buveur de vin». Matth., xi, 19. — 5. Le vin servait encore au Temple pour leslibations sacrées. Exod., xxix, 40; Num., xv, 5, 7, 10; xxviii, 7, 14; Ose., ix, 4. Voir Libation, t. iv, col. 234.On faisait aussi des libations de vin aux faux dieux.Deut., xxxii, 38; Esth., xiv, 17. Cyrus et Artaxerxèsordonnèrent de fournir du vin pour le Temple de Jérusalem.I Esd., vi, 9; vii, 22. Le vin était soumis à laloi des prémices, Num., xviii, 12; Deut., xviii, 4; I Par., xxxi, 5; II Esd., x, 39; xiii, 5, 12, et de ladtme. Deut., xii, 17; xiv, 23. — À la dernière Cène, leSauveur consacra le vin pour le changer en son sang.Matth., xxvi, 27; Marc, xiv, 23; Luc, xxii, 20; I Cor., xi, 25. Il en fit ainsi, avec le pain, la matière de l’eucharistie.

5° Ses effets. — 1. Le vin réjouit Dieu et les hommes.Jud., ix, 13. Il réjouit le cœur de l’homme, Ps. civ(cm), 15, et rend la vie joyeuse. Eccle., x, 19. C’estpourquoi il est recommandé d’en donner aux affligés.Prov., xxxi, 6. Cf. Zach., x, 7. — 2. Il est un réconfortant.Melchisédech offre le pain et le vin à Abraham età ses serviteurs qui reviennent de poursuivre les ennemis.Gen., xiv, 18. On en apporte à David et à sesfidèles partisans pendant leur fuite. II Reg., XVI, 2; I Par., xii, 40. Le vin fortifie les vierges. Zach., ix, 17; Cant., ii, 4. Saint Paul conseille à Timothée d’en boireun peu à cause de son estomac. I Tim., v, 23. — 2. Levin a aussi ses inconvénients. Il est moqueur, c’est-à-direporte à ne pas prendre le devoir au sérieux, Prov., xx, 1; il est perfide, Hab., ii, 5, et égare lessages.Eccli., xix, 2; Ose., iv, 11. — 3. L’Ecclésiastique, xxxi, 30-41 (25-30), résume les effets du viii, avec lequelil ne faut pas faire le brave, parce qu’il en a fait périr-ungrand nombre. Il est comme la vie pour l’homme, et «quelle vie a celui qui manque de vin?» Il réjouit quandil est pris à propos et avec mesure. Mais, bu à l’excès, il excite au mal et diminue les forces. Cf. Prov., xxi r17. — 4. Le vin était quelquefois employé commeremède. Le bon Samaritain pansa avec du vin et del’huile les plaies du blessé. Luc, x, 34.

6° Métaphores. — 1. La sagesse offre aux hommes levin, c’est-à-dire ses bienfaits spirituels. Prov., IX, 5.A l’époque de la restauration messianique, on aura levin pour rien, c’est-à-dire que les dons divins serontdépartis gratuitement. Is., LV, 1. — 2. Le vin de vertigeest l’aveuglement spirituel, Ps. lx (lix), 5; le vinde la violence est l’esprit mauvais qui anime les méchants.Prov., IV, 17. Le vin dont Babylone abreuve lesnationsest l’impiété et l’impudicité auxquelles elleinvite et entraîne les autres. Jer., li, 7; Apoc, xvii, 2; xviii, 3. Le vin de la colère divine que boit leméchant désigne le châtiment qui lui est infligé.Ps. lxxv (lxxiv), 9; Jer., xxv, 15; Apoc, xiv, 8, 10;

xvi, 19; xix, 15.

H. Lesêtre.

    1. VINAIGRE##

VINAIGRE (hébreu: homes), liquide acide qui résultede la transformation du vin exposé à l’oxygène del’air, sous l’action d’un ferment naturelle mycodermaaceti. — Il était défendu à ceux qui faisaient le vœu denazaréat de boire du vin ou même du vinaigre provenant [Image à insérer]

CODEX VIENNENSIS GENESEOS

du vin. Xum., vi, 3, — Les moissonneurs trempaient leur

! >ain dans du vinaigre, c’est-à-dire probablement dans

une boisson acidulée et rafraîchissante. Ruth, ii, 14, — Levinaigre agace les dents, comme la fumée pique les yeux, l’rov., x, 26. Les Septante remplacentici le vinaigre par leraisin vert, ôjif «Ç. Verser du vinaigre sur du nitre figureuneætion faite mal à propos. Prov., xxv, 20. VoîrNATRON, t, iv, col. 1488. — Le juste persécuté se plaint qu’on luidonne à boire du vinaigre. Ps. i.xix (lxviii), 22. Le mêmetraitement a été iniligê à Noire-Seigneur en croix.Malth., xxvii, 48; Slarc., xv, 36; Lue., xxîH, 36; Joa., xix, 29, 30. On ne s’expliquerait pas que les exécuteurs aienteu à leur disposition sur le Calvaire du vinaigre proprement dit. Mais les soldats romains portaient avec euxleur provision de posca, breuvage acide composé devinaigre, d’eau et d'œufs. Cf. Plaute, Mil. glor., III, ii, 23; 7Vi» c, II, vii, 48; Pline, H. N., XXVII, iv, 12; XX VIII, v, 14; Suétone, VîtelL, 12; etc. Hs présentèrent une éponge remplie de ce liquide aux lèvres duSauveur, qui se contenta d’y goûter, mais n’en voulutpas boire. Les circonstances supposent que l’offre avaitété faite avec une bonne intention, mais que le Sauveur

tint à se refuser tout soulagement.

H. Lesêtre.

    1. VINOOBONENSIS##

VINOOBONENSIS (CODEX). Ce manuscrit estconstitué par vingt-quatre feuillets détachés, appartenant au texte grec de la Genèse. L'écriture est d’encred’argent, d’onciale assez épaisse, irrégulière, que l’onattribue à la lin du vi «siècle. Chaque page est décoréedans sa partie inférieure d’une peinture: au total, quarante-huit peintures. Toutes ces peintures ne sont pasde la même main: le dessin est plus correct dans quelques-unes, le coloris meilleur aussi. Le sujet représentédans la page reproduite (fig. 554) est divisé en deuxscènes, où figurent les mêmes personnages: la femmede Putiphar dénonçant Joseph à son mari, en haut; lamême exhibant au même le manteau de Joseph. Lafemme de Putiphar a près d’elle sa servante, le mariest accompagné de trou serviteurs ou officiers, uneservante se tient à la porte. Le manuscrit appartient àla Hofbibliothek de Vienne, où il est coté Cod. theol.grxc. 11. Voyez Palseographical Society, Fænmilé», vol. i, planche 178. Les miniatures de la Genèse deVienne, très importantes pour l’histoire de Fart, ont étépubliées par Hartel et Wickhoff, Die Wiener Genesis, dans le» Jahrb. der Kunstsammlung des ailerh. Kaise>'/ious, vol.xv-xvi, supplément, 1894-1895, et étudiéespar W. Lûdtke, Untersuch. zu den Miniaturen derWiener Genesis, Greifswald, 1897. P. Bàtiffol.

    1. VIPÈRE##

VIPÈRE (hébreu: 'êféh; grec: £x t6v «; Vulgate: vipera), reptile venimeux de l’ordre des ophidiens et dela famille des vipéridés, reconnaissable à sa tête plustriangulaire et plus détachée du tronc que celle descouleuvres, et à sa queue arrondie en cône au lieud'être aplatie en rame (flg. 555). On rencontre en Palestine plusieurs espèces de vipères. Les plus communessont la vipera ammodytes et la vipera euphratica, decouleur claire, à tête large et plate et à queue subitement contractile. La grande vipère jaune, daboiaxanthina, est la plHS grosse vipère de Palestine.Ses mœurs nocturnes la rendent particulièrementdangereuse. Elle est de taille à engloutir dans sonestomac un levraut, une caille, ou quelque autre animalsemblable. Le serpent que l’hébreu désigne par le mot'e/V/net que les versions appellent o'ïk, «hks, pao-tXidxo; , vipera, regulus, ne diffère probablement pas deVel-ephah arabe, serpent venimeux du Sahara, Vechisarenicoht ou vipère de sable, commune dans le nord del’Afrique, en Arabie et en Syrie. Elle est longue d’unetrentaine de centimètres et a des mouvements très rapides. Sa morsure est fréquemment mortelle, bien quemoins redoutable que celle du cobra ou du céraste. On

la rencontre très souvent en hiver dans les pierres desbords de la mer Morte, et dans les broussailles desrivages du Jourdain. «Ces fourrés recèlent plusieursanimaux peu agréables à rencontrer, surtout la vipèreechis arenicola, fort redoutable… Ces serpents, quidans d’autres contrées s’enterrent ordinairement daisles sables arides, étant ici sans cesse exposés à êtrenoyés par les crues subites du Jourdain, ont pris lasingulière habitude de s’enrouler aux brandies, àune grande hauteur, et de se cacher dans les troncsdes arbres.» Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1884, p. 448, 455. — La vipère est nommée trois foisdans l’Ancien Testament. Dans Job, xx, 16, il est dit quela langue de la vipère tuera le méchant. La langue dela vipère est inoflensive; l’animal porte des crochetscreusés en forme de tubes par lesquels s'écoule levenin produit par des glandes spéciales et introduitdans la chair de la victime au moyen de la morsure.L’auteur sacré parle donc de la langue de la vipèreselon les apparences. Aujourd’hui encore nous appelons «langue de vipère» celle qui calomnie. Isaïe, xxx, 6, parle de la vipère comme infestant le désert qui séparela Palestine de l’Egypte. Ailleurs, il compare la

555. — Vipère.

conduite des méchants à un œuf qu’on écrase et dontil sort une vipère. Is., ux, 5, Sur ce texte, voir Œuf, t. tv, col, 1755. Sur les autres serpents analogues, voirAspic, Basilic, t. i, col. 1124, 1495; Céraste, t. ri, col. 432. — Dans le Nouveau Testament, la vipèredevient l’image des pharisiens et des saddueéens. S*rles bords du Jourdain, infestés de vipères, saint JeanBaptiste interpelle les sectaires en les appelant a mode vipères» et en constatant qu’ils savent fuir la colèrequi vient, sans doute comme les vipères fuient l’inondation. Jfatth., iii, 7; Luc, iii, 7. Notre-Seigfceorapplique le même nom aux scribes et aux pharisiens, pour dénoncer leur influence perfide et leurs allurescauteleuses. Matth., xii, 34; xxiii, 33. — La vipère quimordit saint Paul à la main, dans l'île de Malte, Act, , xxviii, 3, devait être la vipère méditerranéenne, viperaaspis, qu’on trouve en Sicile et dans toutes les Mes dola Méditerranée. La blessure était mortelle, car lesinsulaires, habitués au* suites de pareils accidents, s’attendaient à voir saint Paul enfler et tomber mortsubitement. Act., xxviii, 6. La vipère n’existe plus àMalte, pas plus d’ailleurs que dans d’autres Iles où saprésence était signalée par Pline, H. A'., iv, 12. L’Ile 1était autrefois très boisée, de sorte que saint Paulput y ramasser facilement des fogots; les reptiles pouvaient par conséquent s’y abriter à l’aise. Aujourd’hui, par suite des défrichements successifs, on n’y rencontreplus que quelques arbres.» Breusing, Die Ntmtik derAlten, Brème, 1886, p. 191; Vigoureux, Le N. T. etles découvertes archéologiques, Paris, 1896, p. 344; Tristram, The natural history of the Bible, Londres,

1889, p. 275-277.

H. Lesêtre.

    1. VIRGINITÉ##

VIRGINITÉ (hébreu: bef&lim), état de celle qui estrestée vierge. — La fille de Jephté pleure pendant deuxmois sa virginité, Jud., ii, 37, non qu’elle soit perdue, mais parce qu’elle ne doit pas aboutir au mariage.L’idée de la virginité volontaire n’apparaît qu’avecl’Évangile, en la personne de Marie, Luc, i, 34, qu’imiterontensuite les vierges chrétiennes. — Ézéchiel, xxm, 3, accuse les deux sœurs, Samarie et Jérusalem, d’avoir prostitué leur virginité. — La loi supposaitqu’un mari pouvait contester la virginité de sa jeuneépouse. Les parents de celle-ci produisaient alors, devant les anciens, les signes de la virginité de leurfille, appelés aussi befûlîm. La présentation de cespreuves, qui étaient déployées, entraînait pour le mariune amende de cent sicles d’argent à verser au père età la mère, et la perte du droit de répudiation. Dans lecas où les preuves en sa faveur faisaient défaut, la jeunefemme était lapidée. Deut., xxii, 13-21. Chez lesHébreux, comme chez d’autres peuples anciens, existaitdonc l’obligation, pour le jeune marié, la nuitmême des noces, de transmettre aux parents del’épouse, qui attendaientau dehors, un linge ensanglantéqui constituait une preuve de la virginité et que ceuxcipouvaient plus tard produire en témoignage. C’étaitune sûreté qu’aimaient à se donner les Orientaux etdont leurs mœurs s’accommodaient. Chez les Arabes, le nouveau marié, après avoir reçu sa femme dans satente, «sort avec un mouchoir ensanglanté à la main, qu’il va montrer aux parents et aux amis assemblés.» De la Roque, Voyage dans la Palestine, Amsterdam, 1718, p. 226. Cf. de Hummelauer, In Deuteron., Paris, 1901, p. 400; Piérotti, La Palestine actuelle, Paris,

1865, p. 252.

H. Lesêtre.

VISAGE. Voir Face, t. ii, col. 2165.

    1. VISION##

VISION (hébreu: fyâzôn, lyâzât, Ifizâyôn, hîdâh, mahâzéh, mar’éh, mar’âh; chaldéen: fypzév; Septante: 8p «[ia, ôxcauta; Vulgate: visio, visus), phénomènesurnaturel au moyen duquel Dieu montre ce qu’il veutfaire savoir ou faire dire.

I. Sa nature. — 1° Dieu communique de trois manièresdillérentes, mais non exclusives l’une de l’autre, ce qu’il veut faire entendre. La vision peut être corporelle, quand un objet extérieur frappe les sens, commequand Moïse voit le buisson ardent, Exod., iii, 3; imaginative, quand la représentation surnaturelle saisitl’imagination sans le secours des sens, comme quandÉzéchiel, I, 4-28, a la vision des quatre êtres à faced’homme, de lion, de taureau et d’aigle; intellectuelle, quand la communication divine ne s’adresse qu’à l’intelligence, comme dans la prophétie des semaines.Dan., ix, 20-27. La vision intellectuelle peut subsisterseule, mais les deux autres la supposent toujours; autrement, elles seraient inintelligibles. Les trois formespeuvent d’ailleurs être liées ensemble. Ainsi, dans lemystère de l’annonciation, Marie a la vision sensiblede l’ange, la vision imaginative de l’ombre du Saint-Espritla couvrant pour la rendre mère, et la visionintellectuelle de la volonté divine qui attend son consentement.Luc, i, 28-38. Les mages ont la visionsensible de l’étoile et la vision intellectuelle de sasignification. Matth., ii, 2. Saint Pierre a la visionimaginative de la nappe pleine d’aliments divers et lavision intellectuelle de la volonté de Dieu par rapportà Corneille. Act., x, 11, 19, 20. — 2° La vision surnaturelleest essentiellement objective, c’est-à-dire ayantune cause réelle indépendante de l’esprit de l’homme.Elle produit en celui qui la reçoit la conviction queDieu même est intervenu. Elle se distingue ainsi desvisions que s’attribuent les faux prophètes, et qui nesont que ténèbres et Snensonge, Mich., iii, 6; Jer., xxiii, 16; Zach’., jkiji, 4, des songes ordinaires, quin’ont qu’une cause subjective, et de ces représentationsfugitives et inconsistantes qui saisissent l’espritpendant la nuit sans laisser; de traces. Job, xx, 28;

Is., xxix, 7. — Elle se distingue aussi de la parole queDieu adresse directement à quelqu’un, pour lui révélerses pensées et ses ordres. Cette distinction est expressémentnotée au sujet de Moïse. «Si vous avez quelqueprophète, c’est en vision que je me révèle à lui, c’esten songe que je lui parle. Tel n’est pas mon serviteurMoïse… Je lui parle bouche à bouche, en me faisantvoir, et non par énigmes.» Num., xii, 6-8. — 3° Lesvisions se produisent habituellement la nuit, alors quel’attention de l’âme n’est pas distraite par le spectacledes objets extérieurs. Gen., xl vi, 2; Job, iv, 13; vii, 14; xxxiii, 15; Dan., vii, 7, 13; Act., xvi, 9; xviii, 9.Elles peuvent se présenter sous forme de songes d’originesurnaturelle, comme ceux du pharaon d’Egypte, Gen., xli, 1-7, et de Nabuchodonosor. Dan., ii, 3, 27, 28; iv, 7-15. D’autres fois, les visions sont précédéesde l’extase. Act., x, 17; II Cor., xii, 1-4. La visionsurnaturelle peut aussi apparaître à quelqu’un enplein jour. Luc, i, 22; Matth., xvii, 9; Luc, xxiv, 23; Act., xxvi, 19. Mais, pour l’ordinaire, il est parlé desvisions sans qu’aucun renseignement soit donné surl’état du sujet qui les reçoit. Dieu les accorde doncsans s’assujettir à aucune condition particulière. —4° Les visions surnaturelles ne sont pas l’apanage exclusifdes saints personnages. D’autres en peuvent recevoir, comme Balaam, Num., xxiv, 4, 16; Baltasar, Dan., v, 5, 6; Héliodore, II Mach., iii, 25, 26; la femmede Pilate. Matth., xxvii, 19; etc. — 5° Il peut se faireque la vision soit, pour celui qui la reçoit, purementcorporelle ou imaginative, et que l’explication intellectuelleen soit donnée par un autre, comme il arrivapour les songes du pharaon et de Nabuchodonosor.Parfois, la vision demeure comme un «livre scellé», dont l’intelligence est impossible à cause de l’indignitéde ceux qui devraient comprendre. Is., xxix, 11-12.Le prophète ne donne pas non plus toujours l’explicationde la vision dont il a été favorisé. Tels Ézéchiel, i, 4-28; Daniel, x, 4-xi, 45; saint Jean, dans l’Apocalypse, etc.

II. Les visions bibliques. — 1° La Sainte Écritureraconte d’une manière anthropomorphique commentDieu parle à Adam, Gen., ii, 16, 22, 23; iii, 9; àCaïn, iv, 6, 10, 15; à Noé, vi, 13. Il parla à Abraham en vision.Gen., xv, 1. — Abraham et Lot ont la vision corporelledes anges qui leur parlent au nom de Jéhovah.Gen., xviii, 1-xix, 3. Jacob a une vision à, Béthelpendant son sommeil, et voit l’échelle sur laquelle lesanges montent et descendent. L’explication de ce symbolen’est pas donnée. Gen., xxviii, 12-15. Il rencontreensuite des anges. Gen., xxxii, 1, 2. Il a plustard une vision de nuit, dans laquelle il est encouragéà descendre en Egypte. Gen., xlvi, 2. — Moïse reçoitsa vocation dans la vision du buisson ardent. Exod., m, 3. Balaam contemple la «vision du Tout-Puissant», qui lui révèle les destinées d’Israël. Num., xxiv, 4, 16. Gédéon a la vision de l’ange. Jud., VI, 12.La mère de Samson a une vision semblable. Jud., xiii, 3. À l’époque d’Héli, la vision n’était pas fréquente.I Reg., iii, 1. C’est alors que Samuel a savision de nuit dans le sanctuaire et que le Seigneurlui indique le châtiment qui va fondre sur Israël.I Reg., iii, 4-14. À partir de ce moment, «Jéhovahcontinuait d’apparaître à Silo, et se manifestait à Samuelen lui faisant connaître sa parole.» I Reg., iii, 21; Ps. lxxxix (lxxxviii), 20. Nathan a une vision de nuit, qu’il est chargé de rapporter à David. II Reg., vii, 4-17.David a la vision de l’ange qui déchaîne le fléau surson peuple. II Reg., xxiv, 17. Dans une vision à Gabaon, Jéhovah accorde le don de la sagesse à Salomon. IIIReg., iii, 4-15. Dans une seconde vision, il lui prometla stabilité de son trône, s’il est fidèle. III Reg., viii, 2-9. — 2° Dieu multiplie ses visions aux prophètes.Ose., xii, 1. Il y a ainsi les visions d’Addo le voyant

II Par., ix, 29, d’Isaïe, i, 1; II Par., xxxii, 32, d’Abdias, 1, de Nahum, I, 1, d’Habacuc, ii, 2. Beaucoup devisions sont consignées dans les livres d’Ézéchiel, i-in, vin-xi, xxxvii, 1-10, xl, 14; de Daniel, II, vii, 1-8, viii, 1, 2, ix, 21-27; d’Araos, vii, 1-9, ix, 1; de Zacharie, i.7- vi, 8. Ces visions doivent se réaliser. Ezech., xii, 23, Dieu communique sa sagesse à ceux auxquels il semontre. Eccli., i, 15 (12). Mais vient le temps où l’oncherche en vain les visions des prophètes, Ezech., vii, 21, car les prophètes ne reçoivent plus de visions. Lam., n, 9. Plus tard, à l’époque du Messie, les jeunes gensd’Israël doivent avoir de nouveau des visions, Joël, II, 28, ce dont saint Pierre signale l’accomplissem*nt à laPentecôte. Act., ii, 27. L’Écriture ne note plus d’ici làque la vision réelle de Judas Machabée, auquel apparaissentOnias et Jérémie, II Mach., xv, 11-16, et lavision des anges dans le Temple à l’impie Héliodore.II Mach., iii, 25-30. — 3° Dans le Nouveau Testamentsont mentionnées plusieurs visions: celles de l’angeGabriel à Zacharie, Luc, i, II, et à Marie, Luc, I, 28; celles des anges aux bergers, Luc, ii, 913, et de l’étoileaux mages, Matth., ii, 2; les visions en songe à saintJoseph, Matth., i, 21; ii, 13, 19, et aux mages, Matth., il, 12; la vision de la transfiguration, Matth., xvii, 9; la vision qui trouble la femme de Pilate au sujet deJésus, Matth., xxvii, 19; les visions angéliques au tombeaudu Sauveur, Mallh., xxviii, 2-7; Marc, xvi, 5; Luc, xxiv, 4, 23; Joa., xx, 12, et à l’ascension, Act., i, 10; les visions de saint Paul sur le chemin de Damas, Act., ix, 3-7, d’Ananie, chargé d’aller chercher saintPaul, Act., ix, 10, de saint Pierre, auquel ordre estdonné de baptiser les gentils, Act., x, 9-16, de Corneille, auquel il est dit d’aller trouver saint Pierre, Act., x, 3-8, de saint Pierre, tiré de la prison par unange, Act., xii, 7-9, de saint Paul appelé à l’aide parun Macédonien, Act., xvi, 10, rassuré sur le sort duvaisseau qui le porte, Act., xxvii, 23, et en plusieursautres circonstances. II Cor., xii, 1. Enfin, l’Apocalypsese compose d’une suite de visions décrites par saintJean: celles de la cour céleste, iv, 2-v, 14, des septtrompettes, viii, 2-6, des sept signes, xii, 1-xv. 4, dessept coupes, xv, 5-8, de la grande Babylone, xvii, Ixix, 10, et du Roi vainqueur, xix, 11-xui, 5. — Cf.S. Augustin, De Gen. ad litt., xii, 7, 16; 11, 22, 24; 24, 51, t. xxxiv, col. 459, 462, 463, 474; Ribet, La mystiquedivine, Paris, 1879, t. i, p. 437-501.

H. Lesêtre.

VISITATION DE LA SAINTE VIERGE. VoirMarie, t. iv, col. 785.

1. VISITE, démarche que l’on fait auprès de quelqu’unpour le voir, le saluer, prendre de ses nouvelles, etc. Cette démarche est indiquée par le verbe pâqad, iTiimomïv, iicivxéicTEo6ai, visitare, invisere. — LaSainte Bible mentionne la visite de Joseph à ses frères, Gen., xxxvii, 14; de Samson à sa femme philistine, Jud-, xv, 1; de David à ses frères, I Reg., xvii, 18; deThamar à Amnon, II Reg., xiii, 15; de la reine de Sabaà Salomon, IIIReg., x, 1-13; II Par., ix, 1-9; d’Ochozias, roi de Juda, à Joram, roi d’Israël, IV Reg., viii, 29; ix, 16; II Par., xxii, 6; des envoyés de Mérodach Baladanà Ézéchias, IV Reg., xx, 12-19; des trois amis à Job, u, 11; de Marie à Elisabeth, Luc, i, 39-56; de Moïse àses compatriotes persécutés, Act., vii, 23; cf. Exod., ii, 11-15; de Paul et Barnabe aux chrétientés qu’ils ontfondées, Act., xv, 36; etc. — Sur le cérémonial desvisites, voir Politesse, Salut, col. 505, 1397. — Lesvisites sont recommandées envers les malades, Eccli., vu, 39 (35); Matth., xxv, 36, 43, les reclus, Matth., xxv, 36, 43, les orphelins et les veuves pour en prendresoin. Jacob., i, 27. —Être visité par le malheur, Prov., xix, 23, c’est avoir à souffrir physiquement ou moralement.

H. Lesêtre.

2. VISITE DE DIEU (hébreu r pequdUâh’; Septante: â71! ffx£i]/i; , èmffxomfj, ex6c’xr|<Ti; ), intervention 1 de Dieupour exercer sa miséricorde ou sa justice.

1° Visites de miséricorde. — Dieu visite Sara, Gen., xxi, 1, et Anne, I Reg., ii, 21, c’est-à-dire leur accordela faveur d’avoir un enfant. Dieu visite l’hommechaquematin, pour lui assurer son secoursprovidentie-1, Job, vii, 18, et chaque nuit, par l’intermédiaire de laconscience, pour juger sa conduite. Ps-, xvh(xvi), 3.Il visite par des songes, pour faire connaître sa volonté.Eccli., xxxiv, 6. Il visite, pour mettre enmouvementles instruments dont il se sert. Ezech., xxxviii, 8. —On demande à Dieu sa visite, c’est-à-dire son secours.Ps. cvi (cv), 4; Judith, iv, 17; Jer., xv> 15. Josephprometaux Hébreux qu’un jour Dieu les visitera sur laterre d’Egypte, c’est-à-dire les en ferasortir. Gen., l, 24; Exod., xiii, 19. Dieu les y visitæn effet pour lesdélivrer de leurs épreuves. Exod., iii, 16; iv, 31. Aprèssoixante-dix ans, Dieu visitera son peuple captif àBabylone, Jer., xxix, 10, et le résultat de sa visite serale rétablissem*nt de Juda, Soph., ii, 7, et sa mise à latête des peuples. Zach., x, 3. Sédécias eût été visitéfavorablement à Babylone, s’il avait su se soumettreaux Chaldéens. Jer., xxxii, 5. — La visite de Dieu parexcellence a été la venue du Messie par l’incarnation.Luc, i, 68, 78. À la vue des miracles du Sauveur, sescontemporains reconnaissaient que Dieu a visité sonpeuple. Luc, vii, 16. Malheureusem*nt, les Juifs nesurent pas reconnaître cette visite et en profiter. Luc, xix, 44. — Dieu visite la terre quand il y fait naîtrel’abondance. Ps. lxv (lxiv), 10. — Il visite les hommesau jour de leur jugement; saint Pierre exhorte les fidèlesà se mettre en mesure de glorifier Dieu par leursœuvres ce jour-là. I Pet., ii, 12.

2° Visites de justice. — Il y a un temps où Dieu visiteles hommes pour exercer contre eux sa justice, à causede leurs péchés. Ps. lix (lviii), 6; lxxxix (lxxxvib), 33; Is., x, 3; xiii, 11; Jer.; ix, 25. — Il visitera le paysde son peuple, si le mariage y est profané. Lev., xviii, 25. — Sa visite châtie l’iniquité des pères jusqu’à laquatrième génération. Exod., xx, 5; xxxiv, 7; Num., xiv, 18. — Elle aura raison des ennemis d’Israël, Judith, xvi, 20, spécialement de l’Egypte, Jer., xlvi, 21, 25; duroi d’Assyrie, Is., x, 12; de Moab, Jer., xlviii, 44; del’Idumée, Jer., xlix, 8; Lam., iv, 22; de Babylone etde ses idoles. Jer., xxvii, 22; l, 18, 27, 31; Ll, 18, 44, 52. — Dieu, dans sa justice, visitera également sonpeuple coupable, Exod., xxxii, 34; la maison de Jéhu, Ose., i, 4; Séméïe, Jer., xxlx, 32, et les faux prophètes, Jer., xxiii, 12; Juda, Ose., xii, 3, ses rois, ses prêtreset son peuple, Ose., iv, 9; Jer., xxiii, 2, 34; Jérusalemet ses coupables habitants; Is., xxix, 6; Jer., vi, 15; vm, 12; xi, 23; les Juifs réfugiés en Egypte. Jer., xuu,

13, 29. H". Lesêtre.

VIVRES. Voir Nourriture, t. iv, col. 1700.

    1. VOCATION##

VOCATION (grec: -/.}.-ri<Ti; ), appel par lequel Dieudestine quelqu’un à une fonctionou àunétatdéterminés.

1° Vocations particulières. — La Sainte Écriturementionne expressément les vocations d’Abraham, Gen., xii, 1, de Moïse, Exod., iii, 4, d’Aaron, Exod., xxix, 4, de Josué, Deut., xxxi, 7, de Gédéon, Jud., VI,

14, de Samson, Jud., xiii, 5, de Samuel, I Reg., iii, 3, de Saùl, I Reg., x, 1, de David, I Reg., xvi, 12, d’Isaïe.Is., vi, 9, de Jérémie, Jer., 1, 5-10, d’Ézéchiel, Ezech., u, 3, de Jonas, Jon., i, 1, 2, de Jean-Baptiste, Luc, i, 13-17, de Marie, Luc, i, 31-33, des douze Apôtres, Matth., iv, 18-21; ix, 9; Marc, i, 20; Luc, vi, 13-16; Joa., i, 35-42, des soixante-douze disciples, Luc, x, 3-7, de Saul, Act., ix, 6, de Saul et de Barnabe. Act., xm, 2, etc. Ces vocations sont notifiées aux intéresséstantôt directement, comme à Abraham, à Moïse, à

Samuel, aux prophètes et aux Apôtres, tantôt par intermédiaire angélique ou humain. Beaucoup d’autresvocations, dont la Bible ne parle pas, comme celles dela plupart des prophètes, ont été au moins intérieures.Les ministres du Seigneur ont une vocation spécialement sainte. II Tim., 1, 9. Cette vocation est indispensable. Heb., v, 4. Mais Jésus-Christ appelle qui il veut.Marc, iii, 13; Joa., xv, 16. Saint Paul se plaît à rappeler la vocation qu’il a reçue et qui autorise son ministère. Rom., i, 1; I Cor., i, 1; Gal., i, 15. Quelquesuns sont infidèles à leur vocation, comme Judas. Joa., Tl, 70.

2° Vocations générales. — 1. Le peuple hébreu a été, par vocation, le peuple de Dieu. Deut., xxvi, 18, 19; xxxii, 9; Is., li, 16; lxiii, 8; Jer., vii, 23; Ezech., xxxvi, 20, 28; Ose., ii, 1, etc. Dieu le choisit pour en faire ledépositaire de la révélation et des promesses messianiques et la figure du peuple racheté. Sa vocation pritfin à la mort du Rédempteur. — 2. Le peuple chrétiena pris la place du peuple juif pour devenir «une racechoisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, unpeuple que Dieu s’est acquis pour annoncer les perfections de celui qui l’a appelé des ténèbres à son admirable lumière,» I Pet., ii, 9, et à la liberté. Gal., v, 13.Ce peuple est l’objet d’une vocation divine. Rom., i, 6; vin. 28, HÛ; ix, 24; I Cor., i, 2, 9; Gal., i, 6; II Thés., n, 13; II Tim., i, 9; I Pet., i, 15. Il se recrute aussibien chez les Grecs que chez les Juifs. I Cor., i, 24. Il estappelé à la fois au royaume de Dieu sur la terre, IThes., 11, 12, età lagloiredela vieéternelle.Phil., iii, 14; ITim., vi, 12; Hebr., iii, l; ix, 15; I Pet., v, 10; Jud., 1; Apoc, xix, 9. Dans deux paraboles, les sujets du royaume deDieu sont divisés en xXtjto i, vocati, ceux qui ont reçu lavocation et sont en grand nombre, et en èxXsxtoi, electi, ceux qui sont choisis ou dignes de l'être, etsont en petit nombre. Matth., xx, 16; xxii, 14. VoirÉl.rs, t. ii, col. 1708. Saint Paul remarque que, de sontemps, la vocation s’adressait surtout à ceux dont lacondition sociale était plus humble. I Cor., i, 26. Il nevoulait pas que cette vocation les portât à se soustraireà leur situation naturelle dans la société ou la famille.ICor., vii, 15-24. De la part de Dieu, la vocation estsans repentance, Rom., xi, 29. Il ne revient ni sur sonappel, ni sur son choix. Mais, delà part de l’homme, la vocation réclame des efforts personnels. Il faut êtrefidèle à sa vocation, Eph., IV, 1, c’est-à-dire y répondreavec docilité et persévérance. Il faut mener une conduite digne de sa vocation. Eph., iv, 4; II Thés., i, 11.Il faut s’efforcer d’assurer par des actes de vertu savocation, xX-qatç, vocatio, et son élection, ÈxXoyir; , eleclio.II Pet., i, 10. Larécompense viendra en son temps, etun jour partageront la victoire de l’Agneau xXuiTot, vocati, les appelés, èxXExroi, electi, les choisis, etmsTof, fidèles, les croyants. Apoc, xvii, 14.

H. Lesêtre.

VŒU (hébreu: 'ësâr, 'issâr, nédér; Septante tsOy.vî), engagement que l’on s’impose de consacrer à Dieu unbien présent ou futur.

1° La législation. — 1. La pratique des vœux étaitdans les coutumes des ancêtres d’Israël, comme lemontre l’exemple de Jacob, s’engageanl à fonder unlieu de culte et à payer une dlme, si Dieu veille sur luipendant son voyage en Mésopotamie. Gen., xxviii, 2022; xxxi, 13. — 2. La législation mosaïque s’occuped’abord des vœux au point de vue de leur objet. Lespersonnes pouvaient se vouer à Jéhovah, soit en faisantelles-mêmes leur vœu, soit en ratifiant celui qu’onavait fait pour elles. Comme, en principe, le servicelitnrgiqne de Jéhovah était assuré exclusivement parles léi’i tes, ceux qui avaient été voués devaient se racheter, comme on le faisait pour les premiers-nés. Laloi suppose quatre catégories de personnes, hommesou femmes, vouées à Jéhovah: celles de vingt à soixante

ans, celles de cinq à vingt ans, celles d’un mois à cinq ansetcelles qui dépassaient soixanteans. Le prix du rachatvariait suivant le sexe et l'âge, et, pour les pauvres, étaitlaissée l’estimation du prêtre. Lev., xxvii, 2-8. Voir Rachat, col. 923. — On pouvait vouer des animaux, à condition qu’ils fussent bons et convenables. On les immolait àJéhovah, et ceux qui les avaient offerts pouvaient en manger leur part, mais seulement le jour et le lendemain.On rachetait les animaux qui n'étaient pas acceptés pourles sacrifices. Lev., vii, 16; xxii, 18, 21, 23; xxvii, 915; Num., xv, 3-8. — On vouait aussi des maisons oudes champs, qui ensuite étaient rachetés. Lev., xxvii, 14-25. — Ce qui était voué sous forme d’anathèmeappartenait, sans retour possible, à Jéhovah, et tout cequi avait vie, même les personnes, devait être mis àmort. Lev., xxvii, 28, 29. On ne vouait par anathème queles ennemis. — 3. La loi s’occupe ensuite des personnes qui font des vœux. Le vœu fait par un hommedoit toujours être accompli. Le vœu fait par une jeunefille n’est valable que si son père ne la désavoue pas.Le vœu fait par une femme mariée n’est valable quesi le mari, en l’apprenant, l’approuve au moins par sonsilence. Si, après avoir appris les vœux faits par safemme, il acquiesce parson silence et ne les désapprouvepas de suite, une désapprobation ultérieure le rendresponsable de leur inexécution. Le vœu d’une femmeveuve ou répudiée est valable, sans autre formalité.Num., xxx, 3-16. Ces dispositions avaient pour but dene pas laisser la fille ou la femme engager définitivement le chef de la famille à son insu ou contre songré. D’autre part, pour assurer la tranquillité de lafemme, le père de famille ne pouvait plus revenir surson approbation, celle-ci une fois acquise. — Sur levœu du nazaréat, voir Nazaréat, t. iv, col. 1515.

2° Les conseils. — Moïse remarque que rien n’obligeà faire des vœux, mais que, si l’on en a fait, on doitles exécuter sans tarder. Deut., xxiii, 21-23. C’est uneduperie dont on est soi-même victime, que de vouerune chose à la légère et de ne réfléchir qu’après coup.Prov., xx, 25. Mieux vaux donc ne faire aucun vœu quede ne pas accomplir ceux que l’on a faits. Eccle., v, 4.Aussi les auteurs sacrés reviennent-ils souvent sur laquestion des vœux pour recommander d’exécuter lesvœux ou pour promettre eux-mêmes de le faire. Job, xxii, 27; Ps. lxv (lxiv), 2; cxvi (cxv), 14-18; Nah., i, 15; Jon., ii, 10; Is., xix, 21.

3° La pratique. — Les Israélites font vœu de livrerà l’anathème le peuple d’Arad, si Dieu le livre entreleurs mains. Num., xxi, 2, 3. Jephté, en exécution d’unvœu inconsidéré, sacrifie sa fille, alors que, d’après laloi, il aurait dû la racheter. Jud., xi, 30. Anne fait vœuque, si elle obtient un fils, elle le consacrera auSeigneur. I Reg., i, 11, 21. Absalom fait vœu d’offrirun sacrifice à Hébron, si Dieu le ramène à Jérusalem.II Reg., xv, 7, 8. David fait vœu de n’avoir pas derepos tant qu’il n’aura pas trouvé un endroit favorablepour bâtir un temple à Jéhovah. Ps. cxxxii (cxxxi), 2.La femme impudique prétexte l’accomplissem*nt d’unvœu pour rencontrer celui qu’elle veut séduire. Prov., vu, 14. Malachie, i, 14, maudit celui qui, à la suite d’unvœu, offre une bête chétive au lieu d’une victime sérieuse. Des paroles de Marie à l’ange Gabriel, Luc, i, 34, on conclut qu’elle avait voué à Dieu sa virginité, Saint Paul avait fait un vœu, en vertu duquel il fitraser sa chevelure à Cenchrées. Act., xviii, 18.Il trouvaà Jérusalem quatre hommes qui avaient fait un vœu, et paya les frais des sacrifices qu’ils avaient à offrir.Act., xxi, 23. — On faisait aussi des vœux d’un caractère plus ou moins idolâtrique. Ainsi la mère deMichasconsacre une somme d’argent à Jéhovah, mais pourqu’on en fasse une image taillée et un objet en fonte, ce qui était défendu par la loi. Jud., xvll, 3, 4. LesIsraélites faisaient des vœux à la reine du ciel, As

tarthé. Jer., xiiv, 25. Plus corrects sont les vœux quedes matelots phéniciens font à Jéhovah, après avoirjeté Jonas à la mer. Jon., i, 16. Les idoles sont indifférentes aux vœux que l’on fait en leur honneur. Bar., vi, 34. — La casuistique rabbinique s'était exercée surles vœux pour tirer des conclusions vraiment abusives.Voir Corban, t. ii, col. 958. Par la formule: «Qônam(corban)! si tu tires quelque utilité de moi,» Nedarim, viii, 7, ils s’interdisaient de faire quoi que ce fûtpour quelqu’un, même pour un père ou une mère, sousprétexte de tout consacrer à Dieu. Cette consécrationn'était d’ailleurs qu’hypothétique; elle n’engageait nullement. Josèphe, Cont. Apion., 1, 22, cite Théophrastedisant que les lois tyriennes prohibaient les sermentsétrangers, entre autres le corban. L’expérience avaitsans doute appris aux Tyriens qu’on ne pouvait pas sefier à cette forme de serment juif. Voir Temple, col. 2068. De même, par la formule: «Qônam! si mafemme tire de moi quelque plaisir,» on s’obligeait àrépudier sa femme. On pouvait même s’interdire parvœu d’accomplir un acte prescrit par la Loi, comme laconstruction des huttes pour la fête des Tabernacles, le port des thephillin, etc. Nedarim, ii, 2. Hors les casde légèreté de la part de celui qui avait fait le vœu, d’erreur ou de contrainte, le vœu obligeait. Nedarim, m; ix, 1. En cas de nécessité, on en était quitte pourfaire accomplir par un autre la chose qu’on s'étaitinterdite. Nedarim, v, 6. C’est contre ces abus queNotre-Seigneur protesta, en déclarant que la loi deDieu devait avoir le pas sur les traditions humaines.Marc, vii, 11-13. Cf. Lagrange, Évangile selon S. Marc, Paris, 1911, p 176. H. Lesêtre

VOIE (hébreu: dérék, 'orah, mesillâh, Sebîl; Septante: éSd; , Tpî60ç), route, chemin, sentier pour allerd’un endroit à un autre. Voir Routes, col. 1229. Cesmots sont pris par les auteurs sacrés, non seulementdans leur sens propre, mais encore dans plusieurs sensmétaphoriques importants.

1° La voie matérielle. — Il y en a de différentessortes: la voie publique et entretenue avec un certainsoin, mesillâh, ôôô; , semita, Jud., XX, 31, 32; I Reg., vi, 12; Is, xl, 3; la voie droite, Ps. cvii (cvi), 7; Prov., xii, 15; xxi, 2; Eccli., xlix, 11; la belle route, Prov., m, 17; la voie aplanie, Eccli., xxi, 11; Is., xl, 4; Luc, m, 5; la voie déserte, Eccli., xlix, 8; Lam., i, 4; Soph., ni, 6; la voie difficile, Eccli., xxxii, 25; Ps. xvii (xvi), 4; la voie non tracée, Ps. cvn (cvi), 40; la voie spacieuse, et la voie étroite, miS'ôl, aïXal, angustia, Num., xxii, 24; Matth., vii, 13; la voie tortueuse, ma'âqasSïm, <rxoXtâ, prava, Is., xlii, 16; la voie ténébreuse et glissante, Ps. xxxv (xxxiv), 6; Prov., ii, 13; iv, 19; Jer., xxiii, 12; la voie boueuse et souillée, Ps. x, 5; Eccli., ix, 10; Zach., x, 5; la voie seméed’obstacles. Is., lvii, 14; Jer., l, 26; Lam., iii, 9. —La tête de route, r’oS dérék, ou mère de route, 'êmdérék, Ezech., xxi, 26, est le carrefour d’où partent uneou plusieurs routes. Prov., viii, 2; Is., ii, 20; Ezech., xvi, 25, 31; Nah., iii, 10; Matth, xxii, 9: 81e£ô801 t&v 68&v, exitus viarum, le point de départ ou d’arrivée desroutes. Il importait alors de montrer le chemin, yâlêr, Prov., xii, 26, aux passants qui l’ignoraient. — Chaqueannée, à partir du 15 adar, c’est-à-dire un mois avantla Pàque, on mettait en état les voies de communication, à l’usage des pèlerins qui se rendaient à Jérusalem. Cf. Reland, Antiquilates sacrx, Utrecht, 1741, p. 228. — On réparait également les routes quand unroi devait y passer. Is., xl, 3; Matth., iii, 3, etc. Cetusage subsiste encore en Orient.

2° La vie humaine. — Vivre, c’est être sur la voie, in via. Matth., v, 25. On s’en va ainsi par le «cheminde toute la terre», par celui qui mène tous les hommesà la mort. Jos., xxiii, 14. Malgré toute son industrie,

l’homme est incapable d’allonger ce chemin d’unecoudée. Matth., vi, 27. Sur ce chemin, les patriarchesse considéraient comme des voyageurs. Hebr., xi, 13.Cf. Job, iii, 22; viii, 19; Am., ii, 7.

3° La condition de chacun. — Rachel suit la voiedes femmes, c’est-à-dire subit ce qui leur est ordinaire. Gen., xxxi, 35. Les voies de l’impie sont souventprospères. Ps. x (xi), 4. Il faut remettre à Dieu sa voie, c’est-à-dire son sort. Ps. xxxvii (xxxvi), 5. La * voie del’Egypte» est le sort que Dieu a jadis infligé à ce pays.Is., x, 24. Cf. Job, iii, 23; xxiv, 4; Agg., i, 5.

4° La conduite de l’homme. — Il y a la voie desbons, Prov., ii, 20, qui est celle de la sagesse et de lajustice, Prov., ix, 6; xvi, 31, et la voie des méchants, Ps. I, 1; Prov., iv, 14; xii, 15; Is., lv, 7, qui est lavoie du mal. Ps. cxxxix (cxxxviii), 24. Les «fruits dela voie» sont les conséquences de la conduite. Prov„, i, 31. «Garder sa voie», c’est veiller sur sa conduite,

III Reg., ii, 4; viii, 25: Ps. xxxix (xxxviii), 2. Marcherdans la voie ou dans les voies de quelqu’un, c’est imiterses exemples. III Reg., xv, 26, 34; xvi, 2, 19; xxii, 23;

IV Reg., viii, 18, 27; xvi, 3; II Par., xi, 17; Eccli., xl viii, 25; etc. Toutes les voies de l’homme sont familières à Dieu. Ps. cxxxix (cxxxviii), 3. Il a laissé lesnations suivre leurs voies. Act., xiv, 15.

5° Les entreprises particulières. — David était habile dans toutes ses voies. I Reg., xviii, 14. La femmeforte veillait sur la voie, c’est-à-dire sur la marche, hâlikâh, Starptëri, semitse, de sa maison. Prov., xxxi, 27.

6° La conduite de Dieu. — La voie de Dieu est parfaite, Ps. xviii (xvii), 31, droite, Ezech., xviii, 25, etjuste. Deut., xxxii, 4; Job, xxi, 31; xxxvi, 23; Ps.cxlv(cxliv), 17; Ose., xiv, 10; Apoc, xv, 3. Les voies deDieu ne sont pas celles des hommes. Is., lv, 8,

7° L'œuvre de Dieu. — Dieu a créé la sagesse aucommencement de ses voies, c’est-à-dire de son actioncréatrice. Prov., viii, 22. Les voies de Dieu sont sesœuvres. Job, xxvi, 14; xl, 19.

8° La volonté de Dieu. — La voie de Dieu est laconduite vertueuse qu’il prescrit aux hommes. Gen., xviii, 19; Ps. v, 9; xxv (xxiv), 4; xxvii (xxvi), 11; Jer., v, 4; etc. On demande à Dieu qu’il fasse connaître etaide à suivre cette voie. Ps. xxv (xxiv), 9; lxxxvi(lxxxv), 11; Is., ii, 3; Mich., iv, 2. Suivre les voies deDieu, c’est mener une vie conforme à la volonté divine.Deut., viii, 6; x, 12; xi, 22; xix, 9; xxvi, 17; xxviii, 9; xxx, 16; Jos., xxii, 5; III Reg., iii, 14; viii, 58; xi, 33; Ps. lxxxi (lxxx), 14; Is., xxii, 24; Zach., iii, 7; etc.Les pharisiens reconnaissent que Jésus-Christ enseignevraiment la «voie de Dieu». Matth., xxii, 16; Marc, xii, 14; Luc, xx, 21. Cf. Act., xiii, 10.. Marcher dansdeux voies, Eccli., ii, 14 (12), Vulgate, iii, 28, c’esttantôt suivre et tantôt transgresser la volonté divine.

9° La religion. — Le Psalmiste demande à Dieu devoir s’il n’est pas dans la voie des idoles, dérék 'oséb, 686; àvo; ua<; , via iniquitatis, et de le mener dans lavoie d’autrefois, celle des ancêtres, dérék 'ôlâm, ôôé; aiwvsa, via seterna'. Ps. cxxxix (cxxxviii), 24. Ces sentiers d’autrefois sont la «voie du salut». Jer., vi, 16; xviii, 15. La «voie de Bersabée» est le culte idolâtriquerendu au veau d’orde Bersabée. Am., viii, 14.— Dans laloi nouvelle, Jésus-Christ est lui même la voie, Joa., xiv, 6, qu’il faut suivre pour aller au Père. L’idée d’unchemin à suivre se retrouve dans les appels du Sauveurà embrasser son genre de vie. Matth., ix, 9; x, 38; xvi, 24; Marc, ii, 14; viii, 34; Luc, ix, 23; xviii, 22; Joa., I, 43; etc. À le suivre, on ne marche pas dans les ténèbres. Joa., viii, 12. Celui qui ne suit pas le Sauveur etses disciples n’appartient pas à sa religion. Marc, ix, 37; Luc, IX, 49. Les Apôtres désignent par le nom de «voie» la religion nouvelle. Act., ix, 2; xviii, 26; xix, 9, 23; xxii, 4; xxiv, 22. Saint Pierre l’appelle ô5ôç tt, c »

àlrfidut; , via verilatis, voie de la vérité. II Pet., Il, 2.— Dans tous ces passages, le sens de la métaphore esttrès clair. Elle rappelle que l’hoinmeici-basest dans unétat provisoire. Il marche vers un but, qui parfois estpurement temporel ou même mauvais, mais qui normalementdoit être conforme à la volonté de Dieu. Finalementla «voie» doit conduire à lui.

H. Lesêtre.

    1. VOILE##

VOILE, pièce d’étoffe pour couvrir le visage ou latête; rideau; toile qu’on attache aux vergues d’un bateaupour recevoir le vent.

I. Voile de tête. — Le voile, voir fig. 556-559, estdésigné par diilérents mots. Moïse se voile le visagepour ne pas voir Dieu. Exod., iii, 6. Plus tard, aprèsson séjour sur le Sinaï, il couvre sa face d’un voile, masvéh, y.àXvy.j.a., velamen, pour parler aux enfantsd’Israël, mais il l’ote quand il retourne auprès du Seigneur.Exod., xxxiv, 33-35. — Le sd’iꝟ. 6épicrTpov, palliuni, est le voile dont se couvre Rébecca à l’approched’Isaac. Gen., xxiv, 65. Thamar prend le même voile, tkeristrum, pour aller se prostituer. Gen., xxxviii, 14.

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couvrait le visage, dit que les Juifs l’ont gardé pourne pas reconnaître le Christ dans les Écritures. IfCor., iii, 13-16.

II. Voile de navire. — Isaïe, xxxiii, 23, comparantl’Assyrie à un navire désemparé, lui dit: «Tes cordages*sont relâchés, … ils ne tiennent plus la voile déployée.» Le mot nés désigne ici la voile qui prend le vent etfait avancer le navire quand elle est tendue par lescordages, et non le pavillon, <7yj|jis ?ov, signum, commetraduisent les versions, celui-ci n’ayant pas d’actionsur la marche. D’ailleurs les Septante ajoutent que lemât «n’abaissera pas les voiles,» x «to-Tca. — DansÉzéchiel, xxvir, 7, les voiles des navires de Tyr, en linlin d’Egypte et brodées de couleurs variées, sont appeléesmifràf, o-TpwjivY), «couverture», vélum. VoirBroderie, t. i, fig. 622, col. 1943. Cf. Navire, t. iv rfig. 414, col. 1515.

III. Voile du Temple. — Dans le Tabernacle, il yavait un premier voile, mdsdk, qui fermait l’entrée du-Saint, Exod., xxvi, 36; xxxix, 38; XL, 5, et un second, parokét, qui cachait le Saint des saints. Exod., xxvi, .

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ii;

556. — Dames égyptiennes 557. — Egyptiennes

voilées pour monter à cheval etenfants des basses classes.

ou pour la marche.

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558. — Egyptiennevoilée pour la promenade.

559. — Égyptienne voyageantà âne.

D’après Lane, Manners, t. ï, p. 66, 69, 72, 263.

— La samnidh est un voile transparent au travers duquelon aperçoit les yeux et les joues de l’Épouse.Cant., iv, 1; vi, 7. Les versions ne rendent pas ce mot.Il désigne aussi le voile qu’on ôte à Babylone pourdécouvrir sa honte. Is., xlvii, 2. — Les re’dlôf, mitrse, sont des voiles faisant partie de la toilette des femmes.Is., iii, 19. — Le lot, non rendu par les versions, estun voile de deuil qui couvrait les nations avant la rédemption.Is., xxv, 7. Dans le deuil et l’affliction, onavait coutume de se voiler la tête, II Reg., xv, 30; Esth., vi, 12; vii, 8; Jer., xiv, 4. Saint Paul dit que la longuechevelure convient à la femme pour lui servir de voile.I Cor., xi, 15. — Le mâsàk, operimenlum, est le voileépais qui empêche de voir. Is., xxil, 8. On dit que Dieucache sa face quand il ne semble pas voir les épreuvesde ses serviteurs. Ps. x, 11; xxx (xxix), 8; lxxxviii(lxxxvii), 15; en (ci), 3; civ (cm), 29; Is., liv, 8. — Lesêtér, sijioxpucpyj, latibulum, est le voile qui cache Dieu, la nuée, Job, xxii, 14, ou encore la nuée orageuse, quiest le voile du tonnerre. Ps. lxxxi(lxxx), 8. C’est aussile voile, ov.ôtoç, caligo, dont se couvre l’adultère. Job, xxiv, 15. — Le ma’atéh, aXtip-na, pallium, est unvoile de fêle. Is., lxj, 3. — Le liékyôn, abscondita est, est un voile lumineux qui cache la majesté de Dieu, Hab., iii, 4, probablement le nuage. — Le kesûf, sicT! [nijv, in velamen, est métaphoriquement le voile donton recouvre un acte équivoque. Abimélech appelle dece nom l’argent qu’il donne à Sara pour excuser saconduite envers elle. Gen., xx, 16. — Saint Paul, rappelantle voile, «àX-jusue, velamen, dont Moïse se

31; xxxiii, 35; Lev., iv, 6, 17; xvi, 2; Num., iv, 5, II Par., iii, 14; etc. Ce dernier est parfois appelépârokét hammâsâk. Exod., xxxv, 12; xxxix, 34; XL, 21. Dans les Septante, mâsdk est traduit par xâXuu, p.a, mais les deux mots hébreux sont indifféremment renduspar xaTa7tÉTa(Tu. «, le voile abaissé d’en haut. DansleTabernacle, le voile; du Saint des saints était fait depourpre violette, de pourpre écarlate, de cramoisi et delin. Des chérubins y étaient représentés. Il était suspenduà quatre colonnes revêtues d’or et posées sur despiedsd’argent. Il dérobait la vue de l’Arche d’alliance, .xaTa7téra<j[ta tô ffuffXKxÇov, «le voile qui cache», vélumquod pendet ante fores, Num., iv, 5, rappelant ainsil’inaccessibilité de la majesté divine. Sur les autres voilesdu Tabernacle, voir Rideau, col. 1099. D’après Josèphe, .Bell, jud., V, v, 4, les quatre couleurs qui composaientle voile étaient symboliques, le cramoisi du feu, le lin dela terre, le violet de l’air et la pourpre dé la mer. PourS. Thomas, Summ. theol., l* II*, q. cil, a. 4, ad 4 um, levoile figurait l’occultation des sacrifices spirituels danslessacrifices anciens. Le lin représentait la pureté; lapourpre, les souffrances endurées par les saints pourDieu; le cramoisi, la charité, et le violet, la méditationdes choses célestes. Il faut remarquer encore que levoilemaintenait une mystérieuse obscurité dans le-Saintsdes saints, parce que Dieu est la lumière incréée, qui n’a besoin d’aucune lumière étrangère à lui-même.Cf. Bâhr, Symbolik des mosaischen Cultus, Heidelberg, 1837, t. ï, p. 397-399. — Salomon fit exécuter pour le-Templeun voile conforme aux prescriptions mosaïques. a

II Par., iii, 14. Cf. Josèphe, Anl. jud., VIII, iii, 3. Dansle second Temple, un premier rideau fermait l’entréeextérieure du Saint. C’était un tapis de Babylone, dansla confection duquel entraient les quatre couleursliturgiques. Cf. Josèphe, Bell, jud., V, v, 4; Middoth, rv, 7. Un autre voile fermait le Saint des saints, bienque ce lieu ne contînt plus l’Arche d’alliance. AntiochusEpiphane s’empara de ce voile. I Mach., i, 22. D’aprèsle Talmud, ce voile était double et composé en réalitéde deux voiles distincts, espacés l’un de l’autre d’unecoudée. Au jour de l’Expiation, le grand-prêtre pénétraitentre les deux par le côté sud et entrait par lecôté nord dans le Saint des saints. Cf. Reland, Anliquitatessacres, Utrecht, 1741, p. 63. «— Au moment dela mort de Notre-Seigneur, le voile du Temple, xocraTO-Ta7|ia toO vaoû, vélum templi, se déchira par lemilieu, depuis le haut jusqu’en bas. Matth., xxvii, 51; Marc, xv, 38; Luc, xxiii, 45. Mais de quel voile s’agit-il?On pense communément que le voile qui se déchirafut celui du Saint des saints, celui qui est appelé «lesecond voile» dans l’Épître aux Hébreux, ix, 3, etto é(i(ûT «Tov xaTocTtsra<7[ia, «le voile intérieur», dansPhilon, De gigant., 12, édit. Mangey, t. i, p. 270. Cf.Knabenbauer, Ev. sec. Matth., Paris, 1893, t. ii, p.536." Cependant, les textes évangéliques disent simplementio xataitSTa(7|Jia toO vaov, expression qui semblese rapporter plus naturellement au voile qui fermait leTemple proprement dit ou naos, c’est-à-dire le Saint.Ce voile était le seul visible du parvis des prêtres etdu parvis d’Israël, tandis que celui du Saint des saintsne pouvait être vu que des quelques prêtres qui pénétraientdans le Saint pour le service du culte; or lesÉvangélistes font certainement allusion à une manifestationextérieure et facilement constatable de la puissancede Dieu. Aussi saint Jérôme dit-il formellement qu’ils’agit du voile extérieur, de celui qu’on voyait dudehors. Epist. cxx, 8, 2, t. xxii, col. 992. C’est aussil’avis de saint Thomas, Summ. theol., Ia H 58, q. cil, a. 4, ad4 um; etc. La signification symbolique de cet événementest importante, de quelque voile qu’il soit question.Le Christ rédempteur est entré, par la vertu deson sang, dans le véritable Saint des saints et nous ena ouvert l’entrée, rendant ainsi le voile inutile. Hebr., ix, 9. On peut dire aussi que, par l’établissem*nt de la religionnouvelle, il a abrogé le culte ancien, spécialementles cérémonies qui se pratiquaient dans le Saint, supprimantpour tous l’interdiction de contempler desrites qui cessaient d’être sacrés. C’est à quoi fait probablementallusion l’Épitre aux Hébreux, x, 19-21: «Nous avons par le sang de Jésus libre accès dans lesanctuaire, ta àyi’a, par la voie nouvelle et vivantequ’il a inaugurée pour nous à travers le voile, xaxaité-TacTjia, velamen, c’est-à-dire à travers sa chair.» D’ailleurs, le second voile ne fermait qu’un emplacementvide, tandis que le premier empêchait de voir des objetspermanents et des cérémonies quotidiennes; c’est donccelui-ci, semble-t-il, qui perdait le plus sa raison d’êtreà la mort de Jésus-Christ. Cf. Lagrange, Évang. sel.S. Marc, Paris, 1911, p. 408. — Saint Jérôme, Epist.cxx, 8, 2, t. xxii, col. 992; In Matth., iv, 27, t. xxvi, col. 213, rapporte, d’après l’Evangile selon les Hébreux, qu’à la mort du Christ le linteau du Temple, dont lesdimensions étaient considérables, se brisa et tomba.Il est possible que cette rupture et cette chute aientété l’effet du tremblement de terre et aient naturellemententraîné la déchirure du rideau du haut enbas. Bien qu’accompli avec l’intervention de causessecondes, le miracle n’en eût pas été moins significatif.

H. Lesêtre.

VOIX (hébreu: qôl; Septante: çmviq), son émis parle larynx des êtres animés. — Dans la Sainte Écriture, une voix est attribuée non seulement aux hommes et

aux animaux, mais anthropomorphiquement à Dieu, etmétaphoriquement aux êtres inanimés.

1° Voix de Dieu. — La voix de Dieu, appelée aussivoix du ciel, s’est fait entendre à Adam, Gen., iii, 8, àAbraham, Gen., xxvi, 5, à Moise. Act., vii, 31. Elle» retenti au baptême de Notre-Seigneur, Matth., iii, 17; .Marc, i. Il; Luc, iii, 22, à sa transfiguration, Matth., xvii, 5; Marc, ix, 6; Luc, ix, 35; II Pet., i, 17, et unefoisdans le Temple. Joa., zii, 28. —Mais ordinairement, , la voix de Dieu désigne ses ordres, auxquels il ne fautpas faire la sourde oreille. Exod., IV, 1; Deut., iv, 30; v, 23; viii, 20; I Reg., xv, 2; Ps. xcv (xciv), 8; Hebr., m, 7; etc.

2° Voix’de l’homme. — La voix de l’homme a untimbre particulier à chacun, qui permet de le reconnaître.Ainsi en fut-il pour Jacob, Gen., xxvii, 22, pourle lévite de Michas, Jud., xviii, 3, pour David, I Reg. rxxvi, 17, pour l’Époux, Cant., v, 2, pour saint Pierre, .Act., XII, 14; etc. — L’homme fait entendre sa vois, dans la prière, Jos., x, 14; III Reg., xviii, 27; .Ps. xxviii (xxvii), 2; etc.; dans le chant, Exod., xxxii, 18, xxxvi, 6; Ezech., xxxiii, 32; dansla joie, Ps. xlii (xu), 5; cxviii (cxvii), 15; Jer., vii, 34; xvi, 9, et surtoutdans la douleur qui, en Orient, est particulièrementdémonstrative et bruyante* Gen., xlv, 2; Jud., ii, 4; xxi, 2; Ruth, i, 9; 1 Reg., xi, 4; xxiv, 17; xxx, 4; II Reg., ii, 32; xiii, 36; xv, 23; xix, 4; Ps. vi, 9;

I Esd., iii, 12; Judith, xiv, 14; Jer., iii, 21; ix, 19; Dan., vi, 20; etc. — Il y a la voix de la femme quiaccouche, Jer., iv, 31; la voix du nouveau-né, Sap., vu, 3; la voix des sentinelles, Is., lii, 8; la voix desexacteurs, Job, iii, 18; Is., xvi, 9, 10; la voix du ventriloque, Is., xxix, 4, 6; la voix des multitudes. I Reg. riv, 6; III Reg., i, 41; Dan., x, 6; I Mach., vi, 41; Luc., .xxiii, 23; Act., xiv, 10; xxii, 22; etc. — On n’entendrapas au dehors la voix du Messie, Is., xlii, 2; Matth., xii, 19, ce qui sera la marque de son humilité et de sasimplicité. Mais on a entendu la voix qui criait dans ledésert, Is., xl, 3; Matth., iii, 3; Marc, i, 3; Luc, iii, 4; Joa., i, 23; la voix des prophètes, Act., xiii, 27; la voixdu Fils de Dieu appelant Lazare du tombeau, Joa., xr r43, mourant sur la croix, Matth., xxvii, 46, 50; Marc, xv, 34, 37; Luc, xxiii, 46, apparaissant à Saul sur lecheminde Damas. Act., ix, 4. Les morts l’entendrontau moment du dernier jugement. Joa., v, 25. — Unevoix est attribuée aux anges, I Thés., iv, 15; Apoc, v,

2, 11, 12, et les démons se font entendre par l’organedes possédés. Act., viii, 7; etc. — Quelquefois, la voixest mentionnée pour la langue que l’on parle. Eccle., v, 2; II Mach., xv, 29, 37; I Cor., xiv, 10; Gal., iv, 20;

II Pet., ii, 16; etc. Les flatteurs s’écrient, après la harangued’Hérode Agrippa: «C’est la voix d’un dieu, non d’un homme.» Act., xii, 22.

3° Voix des animaux. — Il y a la voix des quadrupèdesdomestiques, IReg», xv, 14; Tob., ii, 21; Sap., xvii, 18; Jer., viii, 16; ix, 10, la voix des lions, Job, iv, 10; Jer., ii, 15; Ezech., xix, 7; Am., iii, 4; Zach., xi,

3, et la voix des oiseaux. Eccle., x, 20; xii, 4; Cant., ii, 12; Soph., ii, 14; Nah., ii, 8; Marc, xiv, 30.

4° Voix des choses inanimées. — Les auteurs sacrésdonnent le nom de voix au bruit que font certainsagents naturels. Ils mentionnent ainsi la voix du vent, Joa., iii, 8; Act., ii, 6; la voix du tonnerre, Job, xxxvii,

4, 5; Ps. xxix (xxviii), 3-9; lxxvii (lxxvi), 19; Apoc, vi, l; x, 3, qui est aussi appelée la voix de Dieu, Ps. xxix(xxviii), 3-9; la voix delà mer, Jer., vi, 23; L, 42; Hab., iii, 10; la voix des grandes eaux, Ezech., i, 24; xliii, 2; Apoc, i, 15; xiv, 2; la voix de la pluie, III Reg., xvik, 41; lavoix des ailes qui battent, Ezech., i, 24; iii, 13; la voix desépines qui brûlent, Eccle., vii, 6; la voix d’une feuilleagitée. Lev., xxvi, 36. — D’autres bruits artificielsprennent aussi le nom de voix. On prête ainsi une Voixà la meule, Jer., xxv, 10; au marteau, Eccli., xxxviii,

30, et surtout à la trompette, Jos., vi, 5; III Reg., i, 41; iPs. xcvm (xcvil), 6; Jer., iv, 19, etaux instruments de Imusique. I Cor., xiv, 7; Apoc, xviii, 22. On note égalementla voix des pas, II Reg., v, 24; III Reg., xiv, 6; IV Reg., vi, 32; la voix des chars et des armées envahissantes, IV Reg., vii, 6; Jer., iv, 29; Joël., ii, 5; Nah., iii, 2, et la voix de la ba taille. Jer., l, 22. — La voix du sang estl’appel de la justice contre le meurtrier. Gen., iv, 10. Lasouffrance est comme une voix qui crie vers Dieu. Gen., xxi, 17. Il y aune voix de la sagesse, Prov., i, 20; vni, l, et une voix-du mensonge. Exod., xxiii, 1. L’Esprit de Dieuconnaît toute voix qui s’élève dans l’univers. Sap., i, 7. — La création tout entière a une voix qui célèbre la

gloire de Dieu. Ps. xix (xviii), 4.

H. Lesêtre.

1. VOL (Septante: xtaitri; Vulgate: furtum), prisede possession illégitime du bien d’autrui. Voir Rapine, col. 987. — Le vol est défendu par la loi naturelle etle Décalogue. Exod., xx, 15; Lev.; xix, 11; Deut., v, 19; Matth., xix, 18; Luc, xviii, 20. Il est inspiré par lesdésirs pervers du cœur. Matth., xv, 19; Marc, vii, 22.II est coutumier chez les adorateurs d’idoles, Sap., xiv, 25, et les méchants ne s’en repentent pas. Apoc, ix, 29. Pour la nature mauvaise, le vol a l’attrait du fruitdéfendu et l’on trouve pius douces les eaux dérobées, genûbim, /./.oirô; , furlivse. Prov., ix, 17. Joseph seplaint d’avoir été emmené de son pays par vol. Gen., XL, 5. Tobie était si scrupuleux, qu’il refusait de mangerun chevreau avant d’être sur qu’il ne provenait

pas d’un vol. Tob., ii, 21.

H. Lesêtre.

2. VOL (Vulgate: volatus), moyen de locomotiondes oiseaux, qui sont pourvus d’ailes. — 1° Au senspropre, le vol est attribué aux oiseaux en général, Deut.. iv, 17; Job, xxxix, 13; Apoc, xix, 17, et particulièrementà l’aigle, Deut., xxvjii, 49; xxxii, 11; Job, ix, 26; Jer., xlviii, 40; xux, 22; Apoc, iv, 7; viii, 13, àl’hirondelle, Prov., xxvi, 2, et au hibou. Rar., vi, 21.L’homme est né pour la peine comme les fils de lafoudre, yagbihû’ «/’, «élèvent l’aile», ià yJ/ïiXà 7tiiovTat, «volent vers les hauteurs», ad volatum, «pour voler».Job, v, 7. Sur les-dragons volants, Is., xxx, 6, voirSerpent, col. 1673. — 2° Au figuré, les auteurs sacrésfont voler Dieu sur les ailes du vent, Ps. xviii (xvii), 11; II Reg., xxii, 11, les séraphins, Is., vi, 2, 6, lesanges, Dan., ix, 21; Apoc, xiv, 6, Juda et Éphraïmqui s’envolent sur l’épaule du Philistin pour le dompter, Is., xi, 14, le cavalier qui vole sur sa proie, Hab., i, S, l’homme qui désire s’envoler comme la colombepour gagner le lieu de. son repos, Ps. lv (liv), 7, lafemme qui s’envole au désert pour échapper au dragon, Apoc, xii, 14, les âmes qui s’envolent du piège qu’onleur a tendu, Ezech., xiii, 20, l’homme qui s’envole dece monde par la mort. Ps. xc (lxxxix), 10. Ils prêtentégalement des ailes pour voler au vent, Ps. xviii, 11, aux nuées, Is., lx, 8, à la flèche, Ps. xci (xc), 5, ausonge, Job, xx, 8, aux richesses, Prov., xxiii, 5, et à un

rouleau d’écriture. Zach., v, 1.

H. Lesêtre.

    1. VOLCAN##

VOLCAN, montagne projetant à son sommet desmatériaux brûlants qui détruisent tout autour d’elle.

— Les terrains d’origine volcanique ne manquentpas en Palestine ou dans les environs. Dans le Haurân, en particulier, les cônes et les cratères se rencontrenttrès fréquemment. Voir Palestine, t. iv, col. 2015. Mais, depuis de longues périodes, ces volcansn’étaient plus en activité. Les allusions que lesauteurs sacrés font aux volcans leur sont donc inspiréespar les descriptions des voyageurs, spécialement desnavigateurs phéniciens, qui connaissaient bien lesvolcans de l’archipel et de l’Italie, et des caravanes quiavaient pu approcher ceux du Caucase et de l’Arménie.L’allusion la plus probable aux volcans se lit dans

Jérémie, li, 25, 26, qui appelle Babylone «montagnede dévastation, qui dévaste toute la terre,» que Dieuroulera du haut des rochers et dont il fera une «montagneembrasée,» de telle sorte qu’on n’en puisse plustirer ni pierre d’angle, ni pierre de fondation. Telsfurent successivement l’action néfaste et le sort dernierde Babylone. Comme la montagne volcanique, lacité célèbre s’écroula peu à peu sans rien laisser d’ellequ’on pût utiliser. — Au Psaume cxliv (cxliii), 5, il estdit: «Touche les montagnes, et qu’elles s’embrasent; fais briller les éclairs, et disperse les ennemis.» L’allusionest ici moins claire. Il peut n’être question qued’une théophanie, comme celle du Sinaï. — Dansl’Apocalypse, viy, 8, saint Jean parle d’une sorte de «grande montagne toute en feu,» qui est jetée dans lamer. L’allusion à un volcan n’est pas non plus incontestable.

H. Lesêtre.

    1. VOLEUR##

VOLEUR (hébreu: gannâb, gedûd, b.éféf, sôdêd; Septante: xïiirrr,; , av)<tt7J{), celui qui, par ruse ou parviolence, s’empare du bien d’autrui.

1° Le brigandage en Palestine. — En Orient, lespopulations nomades ont toujours considéré le brigandagecomme un moyen normal de se procurer lesmoyens de vivre. On y attaque et on y pille les tribusvoisines à l’improviste. La Sainte Écriture en fournit denombreuses preuves. Les tribus qui environnaient lepays de Chanaan ne perdaient jamais l’occasion de fondresur les riches récoltes des Israélites et de s’emparerde tout ce qui était à leur convenance. De leur côté, certains Israélites occupés à la garde des troupeaux, incapables de s’assujettir au labeur de la culture, habituésd’ailleurs à se tenir en alerte et en défense contreles irruptions des brigands, n’hésitaient pas à menerla vie aventureuse et facile de ces derniers, quand lesautres moyens d’existence semblaient leur faire défaut.On voit ainsi Jephté, repoussé par sa famille, rassemblerautour de lui des gens de rien et faire avec euxdes excursions. Jud., xi, 3; cf. ix, 25. David menala même vie pendant que Saül le persécutait. Lerecrutement de ses bandes est indiqué par le textesacré: «Tous les opprimés, tous ceux qui avaient descréanciers ou étaient mécontents, se rassemblèrentauprès de lui, et il devint leur chef. Il eut ainsi aveclui environ quatre cents hommes,» IReg., xxii, 2, quis’élevèrent plus tard à six cents. IReg., xxv, 13. Nabalappelait cette troupe un ramassis de gens venus on nesait d’où et d’esclaves échappés de chez leurs maîtres.I Reg., xxv, 10, 11. Avec eux, David opérait contre lesennemis d’Israël, les Gessuriens, les Gerziens, les Amalécites, «ne laissant en vie ni homme ni femme, enlevantles brebis, les bœufs, les ânes, les chameaux, lesvêtements.» I Reg., xxvii, 8, 9. Le fils de Saûl, Isboseth, avait aussi à son service deux chefs de bandes, Baana etRéchab. II Reg., iv, 2. Salomoneutà compteravec un autre chef de bande, Razon. III Reg., xi, 24.Des bandes de Sabéens et de Chaldéens enlevèrent lestroupeaux de Job et massacrèrent ses serviteurs. Job., i, 15, 17. Des pillards philistins et arabes prirent lesbiens de Joram, roi de Juda, et emmenèrent ses fils etses femmes. II Par., xxi, 17; xxii, 1. Les Arabes sepostaient dans le désert pour rançonner les caravanes.Jer., iii, 2. Des bandes de Syriens, de Moabites et detoutes sortes de pillards infestaient les frontièresd’Israël. IV Reg., v, 2; xiii, 20; xxiv, 2.

Outre ces pillages par bandes, en Israël même, levol et le brigandage se pratiquaient, Ose., iv, 2; vii, 1, parfois avec la connivence des princes âpres au gain.Is., i, 23. Voir Rapine, col. 987. — À l’époque évangélique, Notre-Seigneur pouvait accuser les autoritésreligieuses d’avoir fait du Temple une s caverne devoleurs», Matth., xxi, 13; Marc, xi, 17; Luc, xix, 46, comme au temps de Jérémie, vii, 11. Il parle assez

souvent de voleurs dans ses paraboles et ses instructions, Luc, xvi, 1-8; Matth., vi, 19; etc., et, dansl’histoire du bon Samaritain, il met en scène, auxportes mêmes de Jérusalem, les brigands qui pillent ettuent les passants. Luc, x, 30. Lui-même se plaint, aumoment de son arrestation, qu’on le traite comme l’unde ces voleurs sur lesquels les autorités réussissaientde temps en temps à mettre la main. Matth., xxvi, 55; Marc, xiv, 48; Luc, xxii, 52. La passion du vol avaitsaisi l’un de ses Apôtres, Judas, Joa., XII, 6; on le mitlui-même en parallèle avec un voleur, Barabbas, Joa., XVIH, 40, et l’on eut soin de le crucifier entre deuxvoleurs. Matth., xxvii, 38; Marc, xv, 27; Luc, xxiii, 33. Voir Larron, t. iv, col. 94. Josèphe, Ant. jud., XIV, ix, 2; XV, x, 1; XX, viii, 5, 10; Bell, jud., i, x, 5; II, xii, 2, parle des brigandages qui s’exerçaient à mainannée en Galilée, en Pérée et en Thrachonitide, audétriment des villes et des campagnes, des caravaneset de tous ceux qui étaient incapables d’une résistanceefficace. Cf. Schwalm, La vie privée du peuple juif, Paris, 1910, p. 568-583. Dans ses courses apostoliques, saint Paul avait à redouter les voleurs. II Cor., xi, 26.

2° Les procédés des voleurs. — Les brigands courentde ville en ville, à la recherche de quelque coup àfaire. Eccli., xxxvi, 28 (26). Ils rôdent la nuit, pourne pas être vus, Job, xxiv, 14, et tombent à l’improvistesur ceux qui ne les attendent pas. Matth., xxiv, 43; Luc, xil, 39. Ils emportent alors tout ce qui leur plaît.Jer., xliv, 9; Abd., 5. Ils se tiennent en embuscadepour fondre sur les passants. Ose., vi, 9. Ils pénètrentdans les maisons par les fenêtres, Joël, ii, 9. ou percentles murs en torchis pour s’introduire et dérober lestrésors. Matth., vi, 19; Luc, xii, 23. Us envahissentles bergeries, non pas par la porte, qui pourrait êtresurveillée, mais en escaladant par ailleurs; puis ilsdérobent, égorgent et détruisent. Joa., x, 1, 10.Cf. Gen., xxxi, 39. Si le propriétaire est assez fort pourrésister et se tient sur ses gardes, ils s’arrangent pourle surprendre, le ligotent et ensuite pillent à leur aiseses meubles et sa maison. Matth., xii, 29. On a beauêtre fort; si le voleur est plus fort et mieux armé, ilabat sa victime et emporte ses dépouilles. Luc, xi, 21.22. La soudaineté de ces attaques fait que les Apôtresdisent que le «jour du Seigneur» se produira dans lesmêmes conditions. I Thés., v, 2, 4; II Pet., iii, 10; Apoc, iii, 3; xvi, 15. Les voleurs, qui opéraient dansle Temple même de Jérusalem, Matth., xxi, 13, ne respectaientpas davantage les temples des faux dieux.Bar., vi, 14, 17, 56. D’ailleurs, les voleurs trouvaientdes complices, Ps. l (xlix), 18, avec lesquels ils partageaientleur butin. Prov., xxix, 24.

3° Les sanctions. — 1. La loi réglait ainsi la peine àinfliger aux voleurs. Celui qui dérobait un bœuf ou unebrebis, les égorgeait et les vendait, devait restituercinq bœufs ou quatre brebis. Si l’animal était encorevivant entre ses mains, il en rendait le double. Si lui-mêmeétait insolvable, on le vendait pour assurer larestitution. Si le dépositaire d’argent ou de meublesétait volé et que le voleur fût pris, ce dernier rendaitle double. Si le voleur n’était pas pris, le dépositaireattestait devant Dieu son innocence. En général, levoleur avait à restituer le double de ce qu’il avait pris.La loi ne laissait pas l’Israélite désarmé contre lesattaques. Si, la nuit, le voleur procédait par effractionet était mortellement frappé, il n’y avait rien à dire; mais, le soleil levé, on était responsable de la mort duvoleur, qu’on aurait pu paralyser sans recourir à unepareille extrémité. Exod., xxii, 1-8. Voir Restitution, col. 1062. Ces sanctions n’étaient que la conséquencedu précepte: «Tu ne déroberas point.» Exod., xx, 15. Chez les Arabes, celui qui a volé une brebis, unechèvre, un bœuf ou un âne, est condamné à rendrel’animal, et en plus’trois autres semblables. La jument

volée doit être rendue et en plus son prix en argent ouen nature, l’Arabe ne possédant pas ordinairementplusieurs juments. Cf. A. Jaussen, Coutumes arabes, dans la Revue biblique, 1901, p. 599. —2. Job, xxii, 6, seplaint que souvent «la paix règne sous la tente desbrigands.» Mais il est certain que les voleurs serontchâtiés par la justice divine. Zach., v, 3, 4. Ils ne serontpas admis au royame des cieux. I Cor., vi, 10. Enattendant, on hoche la tête en parlant d’eux. Jer., xlyiii, 27. Quand ils sont pris sur le fait, ils sont couvertsde honte. Jer., ii, 26; Eccli., v, 17 (14). Aussisaint Pierre veut-il que, quand des chrétiens sont pris etcondamnés, ce ne soit jamais comme voleurs. I Pet.,

iv, 15.

H. Lesêtre.

    1. VOLONTÉ##

VOLONTÉ (hébreu: rê’a, quelquefois néfés, Gen., xxm, 8; IV Reg., ix, 15; I Par., xxviii, 9; chaldéen: re’ôt, sebû), faculté par laquelle un être intelligent sedétermine à l’action.

1° Volonté de Dieu. — Il y a en Dieu une volontéqui participe à l’infinité de tous les attributs divins.Cette volonté a créé tout ce qui existe, Apoc, iv, 11, etelle régit toutes les forces de la nature. Eccli., xliii, 17 (16). Rien ne peut lui résister. Gen., L, 19; Esth., xin, 9; Ps. cxxxv (cxxxiv), 6; Eccle., viii, 3; Sap., xii, 18; Is., xl vi, 10; Rom., ix, 19. Les anges lui obéissentfidèlement. Ps. cm (cn), 21; Tob., xii, 18. Tout ce quiarrive est permis ou décrété par cette volonté. Gen., xxvii, 20; IV Reg., xviii, 25; II Par., xxii, 7; I Esd., vu, 18; Rom., i, 10; xv, 32; etc. L’homme propose etDieu dispose, Prov., xix, 21, surtout quand il s’agit desgrands événements de l’histoire. Is., xuv, 28; xlviii, 14; etc. La volonté divine commande par la loi. Rom., il, 18; Eph., v, 17. Elle, intervient dans la vocation desministres sacrés. I Cor., i, 1; II Cor., i, 1; Gal., i, 4; Eph., i, 1; Col., i, 1; II Tim., i, 1. Elle agit avec bienveillance.Ps. v, 3; Luc, ii, 14. Il faut donc désirer sonaccomplissem*nt, I Mach., iii, 60, lui obéir, Ps. xl(xxxix), 9; Sap., vi, 5; II Mach., i, 3; Hebr., x, 7, 9, et s’en remettre à elle. Tob., iii, 6. Il est dit parfoisque Dieu veut une chose et ne veut pas l’autre, pourindiquer seulement qu’il préfère la première à laseconde. I Reg., xv, 22; Matth., ix, 13; xii, 7. —L’obéissanceà la volonté de Dieu tient une place essentielledans la religion de Jésus-Christ. Le Sauveur apprendaux hommes à prier pour que cette volonté soit faite.Matth., vi, 10; Act., xxi, 14. Lui-même en acceptehumblement les arrêts. Matth., xxvi, 39, 42; Marc, xiv, 36; Luc, xxii, 42. Il fait avec amour la volonté deson Père. Joa., iv, 34; v, 30; Vi, 38. Il veut que sesdisciples l’imitent très fidèlement sur ce point. Matth., xii, 50; Marc, iii, 35; Joa., vii, - 17; ix, 31; Eph., vi, 6; Col., iv, 12; I Pet., ii, 15; iv, 2. C’est la condition del’entrée dans le royaume des cieux, Matth., vii, 21, etdans la vie éternelle. I Joa., ii, 17/ Il faut donc toutd’abord connaître cette volonté. Col., i, 9. Le Sauveurrévèle quelques-unes des volontés divines, concernantle salut des petit*, Matth., xviii, 14, celui du peuplejuif, Matth., xxiii, 37, l’embrasem*nt de la terre par lefeu de l’amour divin, Luc, xii, 49, le sàlut de tous lescroyants, Joa., vi, 39-40, la réunion de ses ministresavec lui dans le ciel, Joa., xvii, 24, la longue survivance desaint Jean. Joa., xxi, 22. Dieu veut encore la sanctificationdes fidèles, I Thés., iv, 3, leurs joyeuses actionsde grâces, I Thés., v, 18, la répartition des dons del’Esprit, Hebr., ii, 4, qui d’ailleurs souffle où il veut, Joa., iii, 8; 1 Cor., xii, 11, et le salut des hommes parle sacrifice de la croix. Hebr., x, 10. Jésus-Christ fait actede volonté pour guérir les malades. Matth., viii, 2, 3; Marc, I, 41; Luc, v, 13. Les Apôtres recommandentde ne rien projeter qu’avec la clause: Si Dieu le veut.Act., xviii, 21; I Cor., iv, 19; I Pet., iii, 17; Jacob.iiv, 15. Volonté de l’homme. — Elle est continuellement supposée en exercice dans tous les actes humains auxquels la Bible fait allusion. Il est parlé en particulier de la volonté de la fiancée, Gen., xxiv, 57, du roi, I Esd., v, 17, du père de famille, Malth., xx, 14, de la fille d’Hérodiade, Marc, vi, 25, des fils de Zébédée. Marc, x, 35, etc. La volonté de la chair et de l’homme, Joa., i, 13; Eph., ii, 3, est celle que guident les instincts purement terrestres. La prophétie ne dépend pas d’une pareille volonté. II Pet., i, 21. Le salut ne résulte pas de la volonté de l’homme, mais de celle de Dieu. Rom., ix, 16. La volonté de l’homme est impuissante à accomplir tout le bien qu’elle voudrait. Rom., vii, 15-21. Dieu seul opère en nous le vouloir et le faire d’une manière surnaturelle. Phil., ii, 13; II Thés., i, 11. Saint Paul parle de la bonne volonté des Corinthiens et de la sienne. II Cor., viii, 12, 19. Notre-Seigneur prescrit de faire pour les autres ce que nous voulons qu’ils fassent pour nous. Luc, vi, 31.

Volonté du démon. — Satan se vante de donner les royaumes de ce monde à qui il veut. Luc, iv, 6. Ses volontés ne tendent qu’à asservir les âmes. II Tim., il, 26.

H. Lesêtre.

VOLUME, de volvo, «rouler». Les anciens manuscrits hébreux avaient la forme de rouleaux, volumina. Voir Livre, III, i, t. iv, col. 305-307, fig. 107, col. 309.


VOLUPTÉ, voir Plaisir, col. 456.


VOMISSANT (hébreu: Yaqêh), traduction du nom du père d’Agur, dans la Vulgate (Vomens). Prov., xxx, 1. Voir Jakéh, t. iii, col. 1111; Ukal, col. 2368.


VOMISsem*nT (hébreu: qê’, qî’), expulsion par la bouche de ce qui gêne l’estomac, et matière de cette expulsion. — 1° Celui qui a trouvé du miel ne doit pas en manger à l’excès, de peur qu’il ne le vomisse. Prov., xxv, 18 (16). De pénibles vomissem*nts sont la conséquence de l’intempérance. Eccli., xxxi, 25 (20), Un homme ivre erre dans son vomissem*nt. Is., xix, 14. À la suite des orgies, les tables sont couvertes d’immondes vomissem*nts. Is., xxviii, 8. — Le chien qui retourne à son vomissem*nt est l’image du pécheur qui recommence à mal faire. Prov., xxvi, 11; II Pet., il, 22. — Le monstre marin vomit Jonas sur le rivage. Jon., ii, 11. — 2° Au figuré, un pays vomit ses habitants corrompus. Lev., xviii, 15, 28; xx, 22. Celui qui mange le pain de l’envieux vomira le morceau qu’il, aura mangé, c’est-à-dire qu’il n’y aura rien à gagner en fréquentant un pareil homme. Prov., xxiii, 8. L’impie vomira les richesses qu’il aura englouties, elles ne lui profiteront pas. Job, xx, 15. Dieu dit aux nations ennemies de son peuple: «Buvez, enivrez-vous, vomissez et tombez pour ne plus vous relever, devant l’épée que j’envoie au milieu de vous,» c’est-à-dire commettez le mal à satiété, le châtiment viendra. Jer., xxv, 27. En particulier, «que Moab se vautre dans son vomissem*nt,» que son orgueil et ses crimes fassent de lui la risée de tous. Jer., xlviii, 26. — Dieu vomira de sa bouche celui qui est tiède, comme on vomit de l’eau tiède. Apoc. iii, 16.

H. Lesêtre.


VOYAGEUR (hébreu: ʾorêaḥ, ʿôbêr), celui qui parcourt un chemin pour se rendre à un endroit assez éloigné. En hébreu, le chemin lui-même est quelquefois nommé pour ceux qui le parcourent: ʾoraḥ, ὁδός , semita; hëlék, hǎlikâh, ἀτραπός , iter. Job, vi, 19; II Reg., xii, 4. — Sur le voyage en commun ou ʾorḥâh, voir Caravane, t. ii, col. 245, et Pèlerinages, t. v, col. 24. — Sur les droits du voyageur et les devoirs envers lui, voir Étranger, l.n, col. 2039, et Hospitalité, t. iii, col. 760.

— Sur son gîte, voir Caravansérail, t. ii, col. 250. — Le voyageur remarque l’état des pays qu’il traverse. Deut., xxix, 22; Ezech., xxxvi, 34. Il cherche un abri dans le désert, Jer., ix, 2, ou y dresse sa tente pour la nuit. Jer., xiv, 8. Il compte sur l’eau des torrents, qui souvent lui fait défaut, Job, vi, 19; il en est alors réduit à boire toute eau qu’il rencontre. Eccli., xxvi, 15 (12). Il arrive à l’improviste chez son hôte, Prov., vi, 11; ou lui ouvre la porte, Job, xxxi, 32, et on lui fait réception. II Reg., xii, 4. On l’interroge, Job, xxi, 29, et on s’entretient avec lui, Eccli., xlii, 3, pour apprendre du nouveau. Ézéchiel, xxxix, ll, mentionne, à l’orient de la mer Morte, une «vallée des Voyageurs» dans laquelle Gog sera inhumé. Cette vallée est symbolique. — Les patriarches se considéraient comme des voyageurs sur la terre, où ils ne faisaient que passer. Hebr., xi, 13.

H. Lesêtre.


VOYANT (hébreu: rô’êh; ḥôzéh; Vulgate: videns), prophète. Voir Prophète, I, 1°, 2°, col. 706-707.

VOYELLES HÉBRAÏQUES. Voir Hébraïque (Langue), t. iii, col. 467, 504.


VULGATE, version latine usitée depuis quatorze siècles dans l’Église latine et déclarée authentique, c’est-à-dire officielle, par le concile de Trente.

I. Nom et définition. — 1° Nom.— L’adjectif féminin vulgata, qualifiant d’abord divers substantifs du même genre: editio, interpretatio, Biblia, a été ensuite isolé et pris substantivement pour désigner le texte courant, répandu universellement et accepté généralement, des Livres Saints. On a d’abord nommé ainsi la version des Septante et l’editio vulgata des Latins était la traduction de la ϰοινὴ ἔϰδοσις des Grecs. S. Jérôme, Comm. in Is., lxv, 20, t. xxiv, col. 647; xxx, 22, col. 346; xlix, 6, col. 466; Comm. in Ose., vii, 13, t. xxv, col. 880; S. Augustin, De civitate Dei, xvi, 10, t. xli, col. 489. Ce nom distingue parfois l’ancienne édition des Septante de celle qu’en fit Origène dans les Hexaples. S. Jérôme, Epist., cvi, n. 2. t. xxii, col. 838. Elle est dite alors vetus antiqua editio. Id., Comm. in Ose., xiii, 4, t. xxv, col. 953; Epist., xlix, n. 4, t. xxii, col. 512; Comm. in Is., liv, t. xxiv, col. 513; Præfatio in l. Josue, t. xxviii, col. 464. Cependant, quoique ce docteur désigne le plus souvent les versions latines: in latino, latinus interpres, apud latinos, nos, nostra interpretatio, il nomme parfois vulgata editio les versions latines qui ont précédé la sienne qui, pour l’Ancien Testament, ont été faites sur les Septante, Comm. in Is., xiv, 29, t. xxiv, col. 165, ou, pour le Nouveau, ont précédé sa révision. Comm. in Matth., xiii, 35, t. xxvi, col. 92; Comm. in Epist. ad Gal., v, 24, ibid., col. 421. Cf. Orose, Apologia de arbitrii libertate, n. 9, t. xxxi, col. 1180. La version latine de saint Jérôme ayant peu à peu supplanté les anciennes, qui étaient dérivées des Septante, en prit le nom. Ce ne fut donc qu’à partir du VIe siècle et la substitution du nom ne se produisit que graduellement. Durant le haut moyen âge, la vulgata editio est encore la version des Septante; la version de saint Jérôme est dite: translatio emendatior, recens, nova, posterior, hebraica, ou translatio quam tenet ou recipit romana Ecclesia, etc. Le Vénérable Bède la désigne par ces mots: editio nostra, codices nostri. Roger Bacon, tout en appliquant fréquemment encore le nom de Vulgata à la version des Septante, est le premier qui l’emploie résolument au sens moderne pour désigner la traduction de saint Jérôme: Hæc quæ vulgatur apud Latinos, illa quam Ecclesia recipit his temporibus. Le concile de Trente a consacré ce nom, en appelant vetus vulgata latina l’édition des Livres Saints, quæ longo tot sæculorum usu in ipsa Ecclesia probata est. Décret. de canonicis Scripturis, de editione et usu sacrorumlibrorum, sess. IV.

Définition. — La Vulgate latine est composéed’éléments d’origine et de nature différentes. Il y ena de trois sortes: 1. les uns proviennent des anciennesversions latines, probablement de l’Italique, non réviséepar saint Jérôme: ce sont les livres deutérocanoniquesde l’Ancien Testament, à l’exception de Tobieet de Judith qui rentrent dans la troisième catégorie; 2. les autres font partie de la révision que le saint docteur a faite des versions antérieures, notamment del’Italique: ce sont tous les livres du Nouveau Testamentet le Psautier dit gallican; 3. les derniers enfinappartiennent à la version nouvelle que le même docteur a faite sur les textes originaux, hébreu ou chaldéen: ce sont tous les livres protocanoniques de l’AncienTestament, sauf le Psautier, les livres de Tobie etde Judith et les parties deutérocanoniques de Daniel etd’Esther. La Vulgate latine est donc, dans sa majeurepartie, l’œuvre de saint Jérôme.

II. Origine et caractères de ces divers éléments. —1° Livres provenant des anciennes versions latines. —Saint Jérôme n’a retouché ni la Sagesse ni l’Ecclésiastique, ni Baruch, qu’il a laissé de côté à dessein, ni probablement les deux livres des Machabées. Voir t. iv, col. 99. La version antérieure de ces livres a donc continué à être lue et employée dans l’Église latine et elle est demeurée dans la Vulgate. Sur les caractères de cette ancienne version, voir t. iv, col. 97 sq., et sur les manuscrits et éditions de ces livres non révisés, voir ibid., col. 105-106.

Livres des anciennes versions revisés par saintJérôme. — Pour la biographie de saint Jérôme, voirt. iii, col. 1305-1306. Durant son séjour à Rome auprès du pape saint Damase, dont il était le secrétaire, Jérôme fut chargé par ce pape de reviser la version latine qui était alors en usage à Rome. L’Église romaine n’avaitpas de texte officiel et le plus grand désaccord existaitdans les manuscrits au point que le saint docteur pouvaitécrire: Tót sunt exemplaria pene quot codices, et il indiquait trois sources de divergences: 1. la multiplicité des versions dont quelques-unes étaient mauvaises; 2. les corrections qu’y introduisaient des correcteursprésomptueux et malhabiles et qui les rendaientplus mauvaises encore; 3. des additions ou omissions, faites par des copistes négligents. In Evangelia ad Damasum prœfatio, t. xxix, col. 525-527. La revision des Évangiles fut faite en 383; celle du reste du Nouveau Testament de 384 à 385. Epist. lxxi, ad Lucinium, 5, t. xxii, col. 671-672; De viris, 135, t. xxiii, col. 717-719. Saint Jérôme a pris pour base le texte italique du Nouveau Testament, voir t. ii, col. 115-118, dans la forme même (ou au moins dans une forme très semblable) du Codex Brixianus, f, et du Codex Monacensis, q, pour les Évangiles. Voir t. iv, col. 107, 109. Il l’a corrigé, non pas d’après des manuscrits latins, mais d’après des manuscrits grecs anciens. Or, Wordsworth et White ont déterminé, par la comparaison des passages corrigés, que saint Jérôme avait à sa disposition, pour les Évangiles, des manuscrits grecs de deux sortes: les uns semblables à N, B, L et partiellement à D, et les autres d’une famille différente, dont il ne nous est parvenu aucun représentant, et pour les Actes des Apôtres, non des manuscrits de la recension occidentale, mais des témoins de la recension orientale, semblables à ii, A, B, C. Novum Testamentum D. N. J. C. latine, t. i, fasc. 5, Oxford, 1898, p. 653-672; t. ii, fasc. 1, Oxford, 1905, p. x-xiii. Cf. E. Mangenot, Les manuscrits grecs des Évangiles employés par saint Jérôme (extrait de la Revue des sciences ecclésiastiques, janvier 1900). Saint Jérôme remplace des leçons italiennes par de meilleures leçons grecques, en empruntant peut-être parfois les termes latins aux autres versions latines qui avaient ces leçons. Toutefois il n’a pas appliqué partout sa méthode avec la même rigueur et la même perfection. Sa correction de l’Italique est complète dans les deux premiers Évangiles et dans la première partie du troisième. Dans la seconde partie desaint Luc et dans les premiers chapitres de saint Jean, il s’est borné à corriger le style et il a gardé les leçons du Brixianus. Dans le reste du quatrième Évangile, il a suivi une voie moyenne. L’Amiatinus et le Fuldensis sont les meilleurs représentants de sa version des Actes. Pour les Épîtres, l’auteur a adopté peu de leçons grecques et il s’est contenté de polir le texte latin et de le rendre plus élégant. Voir t. iii, col. 1306-1307.

M. H. von Soden est arrivé aux mêmes conclusions que les critiques anglais. Il les a complétées et mises en rapport avec ses vues personnelles sur le texte grec du Nouveau Testament. Voir col. 2122. Dans les Évangiles, saint Jérôme a amélioré l’Itala pour le style, quand cela lui a paru nécessaire, et pour le fond, quand, comparaison faite avec le texte grec, l’écart de la version latine lui apparaissait trop fort. Il a donc gardé des leçons de l’Itala. Il ne semble pas avoir pris en considérationles textes latins africains. Le texte grec, suivi par lui, est celui de I H K. et non pas celui des recensions I, H, K. Saint Jérôme méprisait H et K et il ne voyait en elles que des perversions du texte grec. Præfatio ad Damasum, t. xxix, col. 527. On ne trouvedans son texte aucune des leçons propres à I. Si lesaint docteur a connu le Diatessaron de Tatien, il lui areconnu peu d’autorité. Le texte grec qu’il suivait étaitdonc le meilleur texte qui ait eu cours alors. Quantau style, il choisissait de nouveaux, mots latins pourrendre les leçons grecques. Quelques traductions libresont été rapprochées par lui du texte original. Enfin, l’orthographe a été modifiée. Le récit de la femmeadultère, qui manquait dans les textes africains et italiens, aurait été introduit par saint Jérôme dans la version latine d’après les manuscrits grecs. Die Schriften des Neuen Testaments, § 350, 351, Berlin, 1906, t. i, p. 1524-1534. Pour les Actes des apôtres, le texte grec, suivi par saint Jérôme, est encore celui de IHK. Quand on trouve des leçons propres de K ou plus rarement de I, elles ne viennent pas de ces recensions, mais des anciennes versions latines. Ces dernières ont fourni encore des leçons qui portent des traces de l’influence des passages parallèles. Cependant quelques leçons particulières viennent de documents grecs. Ibid., § 442, p. 1798-1802. Dans les Épîtres de saint Paul, saint Jérôme a suivi principalement l’ancien texte latin, et quand il s’en éloigne, il est d’accord encore avec IHK. Il n’a pas eu ici un texte grec différent de celui qui nous est connu, et ce texte était parfois accidentellement d’accord avec K. Ibid., § 512, p. 2010-2011. Quant à l’Apocalypse, le texte de l’Itala est demeuré dans la Vulgate, et saint Jérôme a fait peu d’emprunts aux manuscrits grecs. Les leçons étrangères à IHK n’étaient pas dans l’œuvre du saint docteur; elles ont pénétré dans les manuscrits de la Vulgate. Le texte dela Vulgate est donc, pour l’Apocalypse, un très bontémoin du texte grec répandu avant la formation desrecensions de ce livre. Ibid., § 546, p. 2087-2088.

Vers le même temps, en 383-384, saint Jérôme revisaà Rome le Psautier sur le texte grec des Septante. Ille fit rapidement (cursim). Præfatio, t. xxix, col. 117-119. Ce texte fut adopté en Italie et dans la liturgie romaine jusqu’au pontificat de saint Pie V, et c’est pourquoi il a été nommé Psautier romain. Ses leçons se lisent aujourd’hui encore dans les anciennes Messes du missel, dans l’invitatoire, les antiennes et les répons du Bréviaire. On le récite encore à la basilique Saint-Pierre de Rome. Il n’est pas entré dans l’édition officielle de la Vulgate.

Plus tard, à partir de 387, saint Jérôme revisa à Bethléhem plusieurs livres de l’Ancien Testament surle texte grec des Septante: d’abord, semble-t-il, lePsautier sur les Hexaples d’Origène; aussi y introduisit-il les astérisques et les obèles. Præfatio, t. xxix, col. 119-120. Ce psautier, employé dans la liturgie des Églises des Gaules, fut appelé, pour cette raison, Psautier gallican. Saint Pie V l’introduisit dans la liturgie romaine, Sixte V et Clément VIII dans l’édition officielle de la Vulgate. Voir t. iii, col. 1307-1308.

À la même époque ou peu après, saint Jérôme revisaencore sur les Septante Job, Præfatio, t. xxix, col. 59; voir t. iii, col. 1308, puis les Proverbes, l’Ecclésiaste, le Cantique et les Chroniques. Voir les préfaces, t. xxviii, col. 1241-1244, 1323-1328. Mais cette revision n’avait pas été trop profonde. La plus grande partie de ce travail était perdu déjà même du temps de saint Jérôme, et seul le livre de Job nous est parvenu dans cet état. Il a été édité pour la première fois par Martianay en 1693, puis par Vallarsi, en 1740 (dans Pal. lat., t. xxix, col. 61-114), puis par Sabatier en 1743. P. de Lagarde l'a réédité, Mittheilungen, 1887, t. ii, p. 193-237; Caspari a publié une partie d’un manuscrit de Saint-Gall, Christiania, 1893. Voir t. iii, col. 1564.

Livres directement traduits sur le texte original.— Saint Jérôme, qui avait commencé à apprendre l’hébreu avec l’aide d’un rabbin converti durant sa retraite au désert de Chalcis (373-378), Epist. cxxv, ad Rusticum, n. 12, t. xxii, col. 1079, reprit cette étude, lors de son séjour à Bethléhem. Il eut pour maître le juif Bar Anina, qui se faisait payer très cher les leçons qu’il donnait de nuit. Epist. LXXXIV, ad Pammachium et Oceanum, n. 3, col. 745. Rufin eut le mauvais goût de le nommer Barabbas et de dire que saint Jérôme le préférait à Jésus. Apologia ad Hieronymum, 1. II, n. 12, t. xxi, col. 595. Cf. S. Jérôme, Apologia adversus libros Rufini, t. xxiii, col. 407. Pour traduire lelivre de Job, Jérôme eut recours à un autre juif deLydda, très célèbre, mais dont les leçons étaient payéeschèrement. Præfatio in Job, t. xxviii, col. 1081. Il éprouva de grandes difficultés à cette étude. Prsefatio in Daniel., t. xxviii, col. 1292; Epist. cviii, ad Eustochium et Paulum, n. 26, t. xxii, col. 902. Il y avait perdu son latin, car, depuis plus de quinze ans, écrivait-il en 386 ou 387, il n’avait pas ouvert Cicéron, Virgile et tout autre auteur profane. Comment, in Epist. ad Gal., l. III, prol., t. xxvi, col. 399. Son buten traduisant les Livres saints sur le texte hébreu, étaitde rendre plus claire pour tous la «vérité hébraïque» et surtout de fournir aux apologistes chrétiens untexte biblique sûr, qui leur servirait dans la polémiqueavec les Juifs; ils ne seraient plus ainsi exposés à s’entendre dire: Ce passage n’est pas dans l’hébreu. Præfatio in translat. Isaiæ, t. xxviii, col. 774. Il y fut occupé de 390 à 405, avec une interruption, causée par la maladie, de 396 à 398. Epist. xltx, 4, t. xxii, col. 512. Sur l’ordre dans lequel il traduisit les livres de l’Ancien Testament, voir t. iii, col. 1308. Son Psalterium hebraieum n’est pas entré dans la Vulgate. Ses préfaces et ses lettres témoignent de l’opposition que souleva son projet: on lui reprochait de vouloir supplanter les Septante. Saint Augustin, qui avait fait bon accueil à sa revision du Nouveau Testament, ne comprenait pas son but et lui conseillait de se borner à revoir l’Ancien Testament sur les Septante. Epist. cxii, 20, t. xxii, col. 928.

Saint Jérôme avait pu se procurer le manuscrithébreu dont on se servait à la synagogue de Bethléhemet il l’avait copié lui-même. Epist. xxxyi, ad Damasum, n. 1, t. xxii, col. 452. Il n’en avait pas d’autres à qui il put le comparer, et il lui était impossible de faire le travail de comparaison qu’il avait exécuté pour le Nouveau Testament. Les critiques modernes ont constaté que le texte dont il disposait ressemblait au texte établi par les massorètes, sans lui être absolumentidentique. Les différences sont peu nombreuses et ontpeu d’importance. L’identité existe jusque dans certainesfautes de copistes, II Par., xxi, 5, 20; xxii, 1, 2; Is., xxxix, 1 (Mérodach-Baladan); IV Reg., xx, 12 (Bérodach-Baladan); dans des coupes défectueuses de mots, I Reg., 1, 24; Ezech, , xlviii, 11; Os., vi, 5; xi, 2; Zach., xi, 7; Ps. xvi, 3; lxxi, 3; lxxv, 2; lxxvi, 7; cvi, 7; dans l’omission des mêmes mots, III Reg., vin, 16; Jos., ii, 1; I Reg., xiv, 24-26; xxix, 10, etc.; dans des doubles leçons, gloses ou altérations diverses. II Reg., VI, 3, 4; Jon., i, 8; I Reg., iii, 3-5; I Par., vi, 13; II Reg., iii, 3. La conformité avec l’hébreu et l’opposition avec les Septante existent non seulement par la suppression des longues additions de la version grecque dans les livres des Rois, dans Jérémie et dans les Proverbes, mais encore en beaucoup de détails: par exemple, pour les nombres, I Reg., ix, 22; xi, 8 (deux fois); xiii, 5; xxiii, 13; xxvii, 2; xxx, 9; II Reg., xv, 7; III Reg., ix, 28; x, 16 (deux fois), 26; xii, 21; pour des lettres confondues. Driver, Notes on the hebrew text of the books of Samuel, Oxford, 1890, p. lxvi-lxvii, a cité vingt exemples tirés des Psaumes où les Septante ont lu ו lorsque le texte massorétique a י. Or, dix-sept fois, saint Jérôme est d’accord avec les massorètes. Voir encore Zach., v, 6. De même, ו et ז ont été confondus. Num., xxvi, 32, 36, 40, 57. Selon Wellhausen, Einleitung in das A. T., de Bleek, 6e édit., Berlin, 1893, P- 557, saint Jérôme différeraitdes massorétes surtout dans la lecture des matreslectionis. Cependant, même sur ce point, il est parfoisd’accord avec eux au sujet de l’écriture pleine. AinsiGen., xxiii, 16: Ephron, Ephran, Qusest.in Gen., t. xxiii, col. 973. Cf. W.Nowack, Die Bedeutung des Hieronymus für die alttestamentliche Textkritik, Gœttingue, 1875; H. P. Smith, The value of the Vulgate Old Testament for textual criticism, dans Presbyterian and reformed Review, avril 1891.

Saint Jérôme mettait parfois un soin particulier àlire son manuscrit. Ainsi pour le livre des Paralipomènes, dont les noms propres sont si défectueux dansles manuscrits grecs et latins, il en a collationné letexte d’un bout à l’autre avec un docteur de la loi deTibériade, très renommé. Præfatio ad Domninum etRogatianum, t. xxix, col. 401-402. D’autres fois, il était plus pressé et c’est ainsi qu’il traduisit en un jour le livre de Tobie. Præfatio in librum Tobiæ, t. xxix, col. 26. Il visita aussi toute la Palestine avec des juifs très instruits, afin d’être à même de traduire plus exactement les passages bibliques, qui ont trait à la géographie de cette contrée. Præfatio in libr. Paralipom., t. xxix, col. 401. Du reste, il se faisait aider par ses maîtres hébreux pour la traduction des passages difficiles. Il recourait enfin, quand il le jugeait nécessaire, aux versions grecques faites par les Juifs Aquila, Symmaque et Théodotion, qu’il connaissait par les Hexaples d’Origène. Comment. in Eccle., prol., t. xxiii, col. 1011-1012; Epist. xxxii, ad Marcellam, t. xxii, col. 446.

C’est à ces anciennes versions juives ou à la tradition des rabbins qui furent ses maîtres qu’il a emprunté certaines interprétations singulières ou même erronées, qui s’écartent du texte hébraïque. Ainsi il doit à Symmaque la fausse traduction d’Eccle., vi, 5. Voici un certain nombre d’exemples, pris dans la Genèse seulement, où il a suivi la tradition rabbinique: a principio, ii, 8; usque ad convallem illustrem, xii, 6; in terram visionis, xxii, 2; abundantiam, xxvi, 33; verno tempore, xxxV. 6; vemum tempus, xlviii, 7; quo nato, parere ultra cessavit, xxxviii, 5; in bivio, xxxviii, 14. Cependant, il rejette certaines traditions rabbiniques, qu’il cite dans son Liber quæstionum hebraicarum in Genesim. Ainsi il traduit Ur Chaldæorum, Gen., xi, 28„ quoiqu’il ait écrit in igne Chaldæorum, II Esd., ix, 7. Cf. J. Lagrange, Saint Jérôme et la tradition juive dans la Genèse, dans la Revue biblique, 1908, p. 563566. La plus célèbre dépendance de cette tradition est, en dehors de la Genèse, la traduction de Josué, xiv, 10.

Il a exposé maintes fois les principes qu’il a appliquésdans sa traduction de l’Ancien Testament. Epist. cvi, ad Suniam et Fretellam, t. xxii, col. 837-867. Ce sont ceux, d’ailleurs, qu’il avait indiqués pour la traduction des livres profanes, dans son opuscule De optimo génere interpretandi, Epist. LVII, ad Pammachium, t. xxii, col. 568-579. Il évita avec soin de faire une traduction littérale et servile, rendant le texte mot à mot; il s’attacha plutôt à rendre exactement le sens de l’original. Cependant pour traduire l’Écriture, où l’ordre des mots n’est pas parfois sans un dessein mystérieux, il tint davantage compte de la littéralité. Præfatio in Job, t. xxviii, 1081; Præfatio in Judith, t. xxix, col. 39. Il cherchait donc avant tout à comprendre le texte et il a pu se rendre le témoignage de n’avoir rien changé à la vérité hébraïque. Prologus galeatus, t. xxviii, col. 557-558. Nous avons constaté plus haut sa fidélité au texte massorétique.Ayant compris le texte, il s’efforçait de l’exprimer en latin correct et aussi élégant que possible. Epist. cvi, n. 54, t. xxii, col. 856. Il tenait compte des propriétés de la langue latine et il a adopté des locutions reçues, par exemple, ces termes de la mythologie ou des croyances populaires, acervus Mercurii Prov., xxvi, 8; aruspices, IV Reg., xxi, 6; sirenes, Is., xiii, 22; lamia, onocentauri, Is., xxxiv, 14; fauni, Jer., L, 39; mulieres plangentes Adonidem, Ezech., viii, 14, etc., pour rendre des termes analogues de l’hébreu, qui n’auraient pas été compris des lecteurs latins, s’ils avaient été traduits littéralement, et qu’il était impossible même de rendre autrement que par des termes équivalents plus ou moins rapprochés. C’est encore pour se conformer au génie de la langue latine que le saint docteur a remplacé les phrases désarticulées de l’hébreu par des périodes. Ainsi Gen., xxviii, 11; xxxi, 39; XL, 4. Un ablatif absolu traduit une phrase directe. Gen., xiii, 10; xix, 16. Voir d’autres modifications de cette nature, Gen., xxxi, 32, 47; xxxii, 13; xxxix, 19; xl, 5; xli, 14, etc.

Par amour de la clarté, le traducteur latin ajoute parfoisquelques mots d’explication, ou, par contre, pouréviter les répétitions, il abrège et résume, quand letexte hébreu est pléonastique. Un exemple d’abréviationse trouve, Eccle., vi, 2; des additions se rencontrent, Gen., xx, 16; xxxi, 31, 32, qui sont de la main du traducteur. Il y a des passages assez librement traduits, par exemple, Gen., xxxix, 10-19; XL, 21-23; Lev., VI, 2-5; Num., xv, 11-16. Comme l’a remarqué le P. de Hummelauer, Commentarius in libros Judicum etRuth, Paris, 1888, p. 20-22, les explications ajoutéespour éclaircir le texte sont assez fréquentes dans le livre des Juges. Voir quelques spécimens, ii, 19; viii, 1, 11; ix, 25, 36; xi, 39; xv, 9, 16, 19; xvii, 9; leur nombre augmente à partir du c. XIX. Le saint docteur traduisait alors currente calamo. Ses libertés de traduction serencontrent dans le Pentateuque et les Juges, livresqu’il a traduits les derniers. Quelques menus changements, qui ne modifient pas le sens, semblent dus encore à l’amour de l’élégance et de la clarté, par exemple, I Sam., xxviii, 6; II Reg., iv, 19, 23. Quand le texte hébreu présente un récit peu cohérent, saint Jérôme, par une tournure plus claire, par un mot d’explication, rend la suite des idées plus logique. Exemples: Gen., ii 19; xv, 3; xix, 29; xxxv, 9; xxxvii, 21, 22, 28; Exod., xix, 25; xviii, xxii, 22; Deut., i, 37, 38; Jud., xx, 9, 10; xxi, 9. Cf. F. Kaulen, Geschichte der Vulgata, Mayence, 1868, p. 176-179; A. Condamin, Les caractères de la traduction de la Bible de saint Jérôme, dans les Recherches de science religieuse, 1912, t. iii, p. 105-138.

Le souci de saint Jérôme pour l’élégance apparaît surtout dans le soin qu’il mit à varier la traduction des mêmes expressions, souvent répétées dans le texte hébreu. Ainsi, au ch. Ier de la Genèse, les mots: vayômér ʾĔlôhîm, qui reviennent neuf fois, sont rendus de cinq manières différentes: le vav est diversem*nt traduit ou le verbe est exprimé par différents verbes latins. Au même endroit, leminô est traduit juxta (secundum, in) genus (ou speciem). Cf. Gen., vi, 20; vii, 14; Lev., xi, 14, 15, 16. Non seulement le même terme est traduit par différents mots latins en des passages très éloignés l’un de l’autre, parfois même il est rendu de deux façons dans le même verset. Gen., iii, 2, 3, 6, 18, 19; xxiv, 1; Exod., vi, 14-19; III Reg., i, 1; Jos., xiii, 1; xxiii, 1, 2; I Reg., IX, 4; Gen., xlix, 3; I Reg., x, 5, 10; I Par., xxvii, 25, 27, 38; Job, i, 16-18; Dan., iii, 20, 21, 23, 25; v, 24, 25; ii, 4, 6, 7, 9, 16, 24; v, 7, 12, 15. Ces variations nuisent parfois au sens: c’est le cas pour genus et species dans le ch. i «de la Genèse. Belial est tantôt un nom propre, Deut., xiii, 12; Jud., xix, 22; I Reg., i, 16; ii, 12; x, 27; xxv, 17; II Reg., xvi, 7; xx, l; xxii, 5; III Reg., xxi, 10; Nah., i, 13; Ps. ci, 3; II Par., xiii, 1; tantôt il devient un substantif commun ou un adjectif: impius, Deut., xv, 9; Prov., xvi, 27; iniguus, I Reg., xxv, 25; xxx, 22; Prov., XIX, 28; apostata, Prov., VI, 12; Job, xxxiv, 18; prævaricator, prævaricatio, II Reg., xxiii, 6; Nah., i, 11; diabolus, diabolicus, III Reg., xxl, 13; Ps. xviii, 5; xli, 9. Naharah devient coluber, Exod., IV, 3, draco, vii, 15; thanain, coluber, Exod., vii, 9, 10; draco; 12. Il en est ainsi pour les verbes: gûʿ est rendu par consumi, Gen., vi, 17; vii, 21; xxxv, 29; Num., xvii, 12; par deficere, Gen., xxv, 8, 17; par obire, Gen., xlix, 32; par ad internecionem, Num., xvii, 23; par perire, i Num., xx, 3; Jos., xxii, 20; par occumbere, Num., xx, 30; ṭûr, employé douze fois, Num., xiii et xiv, est traduitconsiderare, explorare, inspicere, lustrare, circuire, contemplari. Azâh qui, au ch. xvi des Nombres, désigne ou bien l’assemblée d’Israël ou bien la troupe de Coré, est traduit: synagoga, multitudo, concilium, populus, frequentia populi, globus, congregatio, universus populus. Une prescription faite pour toujours l’est ritu perpetuo, jure perpetua, lege perpetua, religione perpetua, cultu sempiterno, legitimum, sempiternum erit, præceptum sempiternum. Pour éviter des synonymes, des mots sont supprimés ou sous-entendus ou remplacés par des pronoms. Exemples: Laban, frèrede sa mère, Gen., xxix, 10, 11; et suburbana ejus, Jos., xxv, 13-16; I Par., vi, 67, 81. Voir encore Gen., viii, 21; xii, 8; xix, 29; xx, 17; xxvi, 3, 34; Jos., x, 12; III Reg., xii, 27. Quelquefois cependant le terme propre est conservé, malgré ses répétitions. Ainsi le verbe maḥah est rendu delere, Gen., vi, 7; vii, 4, 23; dans le récit de plaies d’Égypte, Exod., vii-x, ḥàzaq est traduit par indurare, sauf Exod., x, I, et kâbad par ingravare. Dans les passages poétiques, la répétition qui est volontaire dans l’original et qui produit un effet poétique, disparaît dans la traduction. Exemple: Jer., iv, 23-26. Cependant, saint Jérôme, dans Osée, II, 19, 20, a employé trois fois sponsabo pour garder l’image, explique-t-il dans son commentaire. Comment. in Ose., t. xxv, col. 840. D’autres répétitions, qui, dans la même strophe ou des strophes différentes, sont symétriques ou parallèles dans l’original, disparaissent dans la traduction. Voir Prov., ix, 3, 14, 4, 16. Voir A. Condamin, Les caractères de la traduction de la Bible par saint Jérôme, dans les Recherches de science religieuse, 1911, t. ii, p. 425-440. Cependant le souci de l’élégance cède parfois la place à celui de la clarté, et saint Jérôme, malgré ses goûts classiques, emploie des mots et des tournures populaires, qu’il estimait plus aptes à rendre le sens de l’original. Comment. in Ezech., xl, 5, t. xxv, col. 378. Ainsi il dit au masculin cubitus, cubiti, Ezech., xl, 7, 9, 12, 14, 15, 19, etc. De même, il a adopté les mots capitium, Job, xxx, 18; grossitudo, III Reg., vii, 26; capilellum, ibid., 41; clusor, IV Reg., xxiv, 14; odientes, II Reg., xxii, 11; sinceriter, Tob., iii, 5; uno pour uni au datif, Exod., xxvii, 14; Num., xxix, 14; numquid pour nonne, Gen., xviii, 23; adorare Domino, Deut., xxvi, 10; benedixit eum, Gen., xxviii, 1. Cf. Kaulen, op. cit., p. 181-182.

Du reste, quelques-unes de ces expressions ou de ces constructions populaires étaient conservées de l’ancienne version latine. Saint Jérôme, en effet, nous apprend qu’en traduisant l’hébreu il a adapté son texte à la traduction des Septante, quand elle ne s’éloignait pas trop de l’original. Comment. in Eccle., prol., t. xxiii, col. 1011, Les lecteurs latins étaient habitués aux formules anciennes, et on reprochait vivement à saintJérôme de s’en écarter. Præfatio in Job, t. xxix, col. 61. C’est pour ne pas heurter de front cet attachement à l’ancienne version que le nouveau traducteur conserva des hébraïsmes, qui avaient passé des Septante en elle. Ainsi sermo est mis pour res, II Reg., xii, 21; verbum est de même employé souvent pour res; cum consummasset comedere, Amos, vii, 2; et adjecit Dominus rursum vocare Samuelem, I Reg., iii, 6; addidit furor Domini irasci contra Israël, II Reg., xxiv, 1; juravit dicens: Si videbunt, Num., xxxii, 10; plorans ploravit, Lam., i, 2; in odorem suavitatis, Ezech., xx, 41, etc. Le traducteur latin imitait ainsi, parfois peut-être inconsciemment, l’ancienne traduction latine, et il employait les expressions du latin populaire. Il dépend aussi de la version grecque dans des passages difficiles, qu’il ne comprenait pas très bien et qu’il traduisait littéralement, si même il ne transcrivait pas les termes grecs eux-mêmes. Kaulen a recueilli un certain nombre d’exemples de cette nature. Geschichte der Vulgata, p. 138-139. C’est par fidélité à l’ancienne version, faite sur les Septante, que saint Jérôme adopte le sens messianique que le texte original ne comporte pas. Ainsi Is., xi, 10; xvi, 1; Hab., iii, 18; Jer., xi, 19; xxxi; 22. L’idée messianique est accentuée ou développée encertains autres passages: Is., xii, 3; xlv, 8; li, 5, Jer., xxiii, 6; Dan., ix, 24-26..

Bref, malgré ses mérites de fidélité et d’élégance, laversion de saint Jérôme, qui est la meilleure de toutesles versions anciennes de la Bible, n’est pas absolumentparfaite. Un mot hébreu incompris a été simplementtranscrit. II Reg., xvi, 18. On a relevé quelquescontresens, rares il est vrai, par exemple, Gen., xiv, 5; xxvii, 39; Exod., ii, 21; Deut., xxix, 10. Kaulen, op. cit., p. 175-176, lui reproche encore la traduction étymologique des noms propres, Gen., ii, 8; Num., xxxiv, 7; I Reg., vii, 12, parfois différente, Gen., xii, 8; Deut., xi, 30; Jud., x, 1. Voir encore Is., v, 2; ix, 13; xiii, 22. Du reste, le mérite de la traduction varie selon les livres, parce que l’auteur y a mis plus ou moins de soin. Les livres historiques sont les mieux traduits: le sens en est exactement rendu et le style en -est coulant. La traduction de Job est aussi très bonne. Dans les petit* prophètes, la couleur hébraïque est souvent gardée ainsi que dans les grands prophètes. Les livres de Salomon sont soignés et bien rendus, malgré le peu de temps que saint Jérôme mit à les traduire. Le texte hébreu des Psaumes est fidèlement traduit, mais les beautés poétiques du style ont souvent disparu. Les livres de Judith et de Tobie se ressentent delà hâte mise à leur traduction; aussi ressemblent-ils beaucoup au texte de l’Itala. F. Kaulen, op. cit., p. 179-180. Voir t. ii, col. 1308-1309. Ce qui fait la supériorité de la version de saint Jérôme sur les autres traductions anciennes de la Bible, c’est qu’elle est une œuvre scientifique, le travail d’un lettré, tandis que les précédentes avaient plutôt les caractères d’oeuvres d’utilité pratique. Son auteur avait appris de son mieux une langue étrangère; il s’était entouré de tous les secours qui étaient à sa disposition; il combina heureusem*nt les traditions juives et chrétiennes et, pour le style, il tint compte des exigences du bon goût.

Sur les caractères de sa traduction, voir W. Novvack, Die Bedeutung des Hieronymus fur die alttestamentlicheTexlkritik, Gœttingue, 1875; G. Hoberg, De sancti Hieronymi ratione interpretandi, Fribourg-en-Brisgau, 1886.

Sur la langue et la grammaire de la Vulgate, voirJ. Weitenauer, Lexicon biblicum, in quo explicanturVulgatæ vocabula et phrases, 2e édit., Augsbourg, 1780; H. Rönsch, Itala und Vulgata, 2e édit., Marbourg, 1875; F. Kaulen, Handbuch zur Vulgata, Mayence, 1870; J.A. Hagen, Sprachliche Erörterungenzur Vulgata, Fribourg-en-Brisgau, 1863; J. B. Heiss, Beitrag zur Grammatik der Vulgata Formenlehre, Munich, 1864; V. Loch, Materialien zu einer latein. Grammatik der Vulgata, Bamberg, 1870; L. Hake, Sprachliche Bemerkungen zu dem Psalmentexte der Vulgata, Arnsberg, 1872; H. Gœlzer, Étude lexicographigue et grammaticale de la latinité de saint Jérôme, Paris, 1884; G. A. Salfeld, De Bibliorum Sacrorum Vulgatæ editionis græcitate, Quedlinbourg, 1891; A. Hartld, Sprachliche Eigenthümlichkeiten der Vulgata, Ried, 1894; W. M. C. Wibroy, The participa in the Vulgate New Testament, Baltimore, 1892; L. B. Andergassen, Ueber den Gebrauch des Infinitivs in der Vulgata, Bozen, 1891.

Conclusion. — De l’aveu unanime de tous les critiquesmodernes, l’œuvre de saint Jérôme est la meilleuredes anciennes versions de l’Écriture. Cf. Brunati, Delnome, dell’autore, de’correctori e dell’ autorité dellaversione Volgata, dans Dissertazioni bibliche, Milan, 1838, p. 69-75; Glaire, Sainte Bible selon la Vulgate, 3 S édit., 1889, 1. 1, p. xi-xii. Son mérite propre provient des efforts consciencieux de l’auteur pour réaliser sérieusem*nt son entreprise. Les traductions précédentes étaient ou bien des essais destinés à mettre les livres sacrés des Juifs et des chrétiens à la portée de nombreux fidèles qui ignoraient les langues originales, ou bien des versions de versions. Leurs auteurs ne se proposaient qu’un but d’utilité pratique et n’avaient pasl’intention de faire des œuvres scientifiques. En recourant directement aux textes originaux, soit pour corriger l’Itala du Nouveau Testament, soit pour faireconnaître aux chrétiens la veritas hebraica, saint Jérôme visait plus haut que l’utilité pratique; il voulait donner à l’Église un travail scientifique. Il a réussi, dans une bonne mesure, à atteindre ses fins. Sa version «combine très heureusem*nt les recherches personnelles avec le respect de la tradition juive et chrétienne, tient compte des justes exigences du bon goût et remplit ainsi toutes les conditions nécessaires pour faire un travail excellent.» F. Vigouroux, Manuel biblique, 12e édit., Paris, 1906, t. i, p. 222.

Ainsi supplanta-t-elle peu à peu les autres versions latines et devint-elle la seule en usage dans l’Égliselatine, ainsi que nous le montrerons en racontant son histoire. Elle a fini par être approuvée solennellementpar le concile de Trente, et elle continue à être employéedans la pratique quotidienne et la liturgie officiellede l’Église latine. Son texte a été étudié par les théologiens, expliqué et commenté par les exégètes, prêché aux fidèles, lu par tous les chrétiens tant en lui-même que dans les nombreuses traductions en languevulgaire qui en dérivent. Il a donc servi pendant dessiècles et il servira longtemps encore à l’édification de la foi, de la théologie et de la piété chrétienne dans la plus grande partie du monde chrétien. La Vulgate a doncexercé et elle exercera encore une influence, incomparableà aucune autre, parmi les fidèles de l’Église latine et romaine. C’est par excellence la version ecclésiastique de l’Écriture, l’instrument providentiel de la diffusion de la révélation divine au sein de l’humanité, et le véhicule de la pensée du Saint-Esprit à travers le monde entier.

III. Manuscrits. — Voir t. iv, col: 692, 695-698, et la liste supplémentaire de Gregory, Textkritik des N. T., Leipzig, 1909, t. iii, p. 1335-1343, qui arrive au total de 2472. Quelques-uns ont des articles spéciaux dans ce Dictionnaire: l’Amiatinus, t. i, col. 480-483 (avec fac-similé); le Bigotianus, ibid., col. 1794; le Bodleianus, ibid., col. 1825; le Cavensis, t. ii, col. 353; le Forojuliensis, ibid., col. 231 7-2318; le Fuldensis, ibid., col. 2413; le Gigas librorum, t. iii, col. 238-239; le Kenanensis, col. 1886-1887; le Legionensis I, II et III), t. iv, col. 159-160; le Lindisfarnensis, ibid., col. 267; le Paulinus, ibid., col. 2232; le Toletanus, i. v, col. 22642265; le Vindobonensis, col. 2437; l’Urbinas, col. 2358.

IV. Histoire. — Cette histoire n’est pas encore parfaitement tirée au clair pour toutes les époques, quoiqu’elle soit de jour en jour mieux connue. Ses premiers temps sont les moins explorés et nous ne pouvons les caractériser que par leurs traits généraux.

Au Ve et au VIe siècle. — La nouvelle version de saint Jérôme fut discutée du vivant même de son auteur, qui nous l’apprend lui-même en plusieurs de sespréfaces, notamment dans ses deux préfaces au livrede Job, t. xxviii, col. 1079; t. xxix, col. 61. Rufin, devenu son adversaire, le traita d’hérétique et de faussaire, dans ses Invectives. Cf. S. Jérôme, Apologia adversus libros Rufini, II, 24-35, t. xxiii, col. 447-456. Saint Augustin n’approuva pas d’abord le dessein de saint Jérôme de faire une version nouvelle sur l’hébreu et il conseillait au saint docteur de se borner à reviser l’ancienne traduction latine sur les Septante. Epist. lvi, cir, t. xxii, col. 566, 832-834. Saint Jérôme justifia son entreprise et exposa à l’évêque d’Hippone les raisons qui l’y avaient engagé. Epist. cv, exil, col. 834-837, 928-931. Vers la fin de sa vie toutefois, l’évêque d’Hippone, satisfait par les explications de saint Jérôme, Epist. cxvi, a. 34, t. xxii, col. 952, reconnut le mérite de l’œuvre du solitaire de Bethléhem et il la cita pour prouver l’éloquence des prophètes d’Israël. De doctrina christiana, iv, 15, t. xxxiv, col. 95. Quant au Nouveau Testament, saint Augustin suivait soit la revision de saint Jérôme, soit l’ancienne version. Nous en avons deux exemples curieux dans son traité De consensu evangelistarum, en 400, où il se sert des deux versions des Évangiles, et dans sa controverse avec le manichéen Félix, en 404: il y cite Luc, xxiv, 36-49, d’après le texte revu et Actes, i, i-ii, 12, selon le texte africain. De actis cum Felice manichæo, 1. I, c. m-v, t. xlii, col. 520-522; Corpus de Vienne, 1892, t. xxv, fasc. 2, p. 802-807. On retrouve aussi des leçons africaines des mêmes chapitres des Actes dans Contra epistolam quam vocant Fundamenti, c. ix, t. xlii, col. 179-180; Corpus de Vienne, 1891, t. xxv, fasc. 1, p. 203-205; Ad catholicos epistola, de unitate Ecclesiæ, c. xi, n. 27, t. xlii, col. 409-410. Cf.F. C. Burkitt, The Old latinand the Itala, dans Texts and studies, Cambridge, 1896, t. lv, n. 3, p. 57-58, 68-78. Du vivant de saint Jérôme, Sophrone, patriarche de Constantinople, traduisit en grec la version latine des Psaumes et des Prophètes. De viris, 134, t. xxiii, col. 715. £n 398, un évêque d’Andalousie, nommé Lucinius, avait envoyé des scribes à Rome et à Bethléhem pour prendre copie de la Bible sous les yeux de saint’Jérôme; ils rapportèrent un exemplaire presque complet, auquel il ne manquait que le Pentateuque. S. Jérôme, Epist. LXXI, ad Lucinium, 4, t. xxil, col. 671, cf. col. 683. Mais nous ne savons pas quel était le texte de cette Bible.

Malgré sa supériorité sur les anciennes versions latines, la traduction de saint Jérôme ne passa pas vite dansl’usage public et universel, tant était grand l’attachement aux vieux textes, et ce ne fut que progressivement qu’on en reconnut le mérite. Peu à peu on en vint à la préférer aux anciennes traductions. C’est en Gaule qu’elle se répandit d’abord insensiblement, sans qu’on puisse fixer la date de son introduction en cepays. Cassien, Collat., xxiii, 8, t. xlix, col. 1259, l’appelle emendatior translatio. Prosper d’Aquitaine approuve l’œuvre de saint Jérôme à Bethléhem. Chronic. ann. 386, t. li, col. 586. Saint Eucher de Lyon en fait usage et cite une fois au moins le psautier hébraïque. Voir Libellus de formulis spiritualis intelligentiæ, édit. F. Pauly, Graz, 1884. Dom Chapman, Notes on the early history of the Vulgata Gospels, Oxford, 1908, p. 173-177. Saint Vincent de Lérins, saint Mamert, Fauste de Riez, Salvien se servent de la version de saint Jérôme. Dom Chapman, op. cit., p. 164-173. Saint Césaire d’Arles remplace les citations des Psaumes, faites par saint Augustin d’après l’ancien Psautier, par les leçons du Psautier romain. G. Morin, dans la Revue bénédictine, juillet 1899, p. 293. Le texte de ses sermons est si mal assuré qu’on ne pourra déterminer quel texte latin des Écritures il suivait que quand aura paru l’édition critique de ses œuvres que prépare dom Morin. Saint Avit de Vienne cite partiellement la version de l’Ancien Testament par saint Jérôme, ainsi que saint Grégoire de Tours, mais le texte est déjà un texte mêlé de leçons de l’ancienne version. Cf. Sam. Berger, Histoire de la Vulgate pendant les premiers siècles du moyen âge, Paris, 1893, p. 1-5; M. Bonnet, Le latin de Grégoire de Tours, Paris, 1890, p. 54. Les poètes latins du Ve siècle, Hilaire, Dracontius, Cl. Victor, saint Avit et l’auteur du De Sodoma se sont inspirés surtout de la Vulgate et les emprunts qu’ils ont faits à l’Italique sont assez rares. S. Gamber, Le livre de la Genèse dans la poésie latine au Ve siècle, 1899.

En Afrique, on garde les anciens textes. On croyaitqu’il en avait été de même dans la Grande-Bretagne etque saint Patrice avait cité la vieille version. DomChapman, op. cit., p. 162-164, a montré que ce saint citait la Vulgate. Au commencement du Ve siècle, laversion de saint Jérôme était citée dans les écrits duBreton Fastidius. À Rome, le pape saint Léon cite encorela vieille traduction des Évangiles. Sédulius MariusMercator, Victor de Vite et le pape Vigile ont adopté laversion de saint Jérôme. Dans ses Morales sur Job, saint Grégoire le Grand explique la nouvelle traduction, tout en recourant, à l’occasion, à l’ancienne et ildéclare que le siège apostolique se sert de ces deux versions. Epist. miss., c. v, t. lxxv, col. 516. Ce pape cite aussi la Vulgate dans ses Homélies sur les Évangiles et ses leçons ont exercé une grande influence sur les manuscrits de la Vulgate. Dom Chapman, op. cit., p. 203-210. Au sud de l’Italie, Cassiodore possédait dans son monastère de Vivarium un manuscrit de l’ancienne version latine, et un autre de la traduction de saint Jérôme, Dans son commentaire du Psautier, il interprète le Psautier romain. Soucieux d’offrir à ses moines un texte pur, il fit transcrire la version hiéronymienne en neuf manuscrits, et pour faciliter la lecture, il avait divisé le texte en cola et en commata. Instit. div., c. XII, t. LXX, col. 1124. Il a apporté un soin spécial à l’édition du Psautier, des Prophètes et des Épîtres apostoliques; malgré son grand âge, il a lu lui-même les neuf codices en entier, en les collationnant avec d’anciens manuscrits que ses amis lisaient en sa présence. Ibid., præf., col. 1109. En tête de chacun des livres, il avait mis des sommaires analytiques, réunis à part dans son Liber titulorum. Il conseille à ses moines de recopier attentivement son texte et d’éviter les fautes de transcription. Il donne les règles à suivre pour corriger les fautes des copistes, ibid., c. xiv, xv, col. 1126-1131, et il annonce qu’il publiera un traitéDe orthographia, reproduit par Migne, ibid., col. 12391270. Cf. Institue, xxx, col. 1144-1146. On ignore quelle influence a exercée sur la transmission du texte hiéronymien l’édition de Cassiodore. Voir t. ii, col. 338-340.Si VAmialinus reproduit un prologue cassiodorien, letexte biblique de ce manuscrit n’est pas, selon le sentiment commun des critiques, celui de Cassiodore. Voirt. i, col. 482. Voir plus loin le sentiment de domChapman.

Deux cents ans environ après la mort de saint Jérôme, sa version était reçue universellement dans l’Égliselatine, au témoignage de saint Isidore de Séville. Deofficiis ecclesiasticis, I, xii, 8, t. lxxxiii, col. 748. Aussi, un siècle plus tard, Bède l’appelle-t-il simplement «notre édition» et ne connaît-il plus l’édition précédente que sous le nom d’antiqua translatio. Hexæmeron, 1. I; Super parabolas Salomonis allegorica expositio, 1. II, t. xci, col. 52, 57, 1010. Cependant, des partiesdes anciennes versions latines furent encore recopiéesjusqu’au XIIIe siècle, et parfois au milieu desmanuscrits du texte hiéronymien. Voir t. lv, col. 693-694. La nouvelle œuvre avait donc mis du temps à prédominer et à supplanter les anciens textes. Son triomphe toutefois n’était pas complet, car, durant les deux siècles qui l’avaient précédé, le texte de saint Jérôme nes’était pas transmis pur de tout alliage. Les leçons desversions antérieures, que le saint docteur avait vouluéliminer, en revisant les anciens textes ou en donnantaux latins la vérité hébraïque, étaient rentrées dansson propre travail. Écrites d’abord aux marges des manuscritsdu nouveau texte par des lecteurs qui avaientconstaté leur disparition, elles étaient réintroduitesdans le texte même par de nouveaux copistes. Elles’sont nombreuses surtout dans les livres de Samuel, voir col. 1144, et dans les Proverbes, voir col. 794.Les écrivains gaulois du ve et du VIe siècle, qui se servaientsimultanément des deux versions, avaient déjàen mains des textes mêlés, et leurs citations de saintJérôme étaient contaminées par des leçons «européennes» ou «italiennes». La version hiéronymienneaurait donc eu dès lors besoin d’être corrigée et ramenéeà sa pureté première. Mais personne ne semblel’avoir remarqué à cette époque, et il faudra attendrejusqu’au viiie siècle pour que ce travail de revision fût entrepris.

Nous ne pouvons, en effet, nous rallier à l’hypothèse, plusieurs fois émise, sans succès du reste, parM. A. Dufourcq, d’une correction ou expurgation destextes bibliques, du Nouveau Testament surtout, faitepar les catholiques en Italie ou en Gaule, d’une façonplus précise, à Lérins, à Vivarium et à Rome, au Ve ouvie siècle, à rencontre des néo-manichéens de l’époquequi avaient altéré les textes sacrés. De manichæismoapud Latinos quinto sextoque sæculo alque de latinisapocryphis libris (thèse), Paris, 1900, p. 71-79; Étudesur les Gesta martyrum romains, Paris, 1910, t, IV, p. 240-260; Histoire de l’Église du IIIe au XIe siècle. Le christianisme et les barbares, 3e édit., Paris, 1911, t. v, de L’avenir du christianisme, p. 88. Cf. E. Mangenot, Une recension de la Vulgate en Italie au Ve ou VIe siècle (extrait de la Revue du clergé français, du 1er décembre 1901), Paris, 1901. Les indices que M. Dufourcq fournit de cette revision, à savoir, le prologue Primum quæritur, de l’Épître aux Romains, le prologue Non idem est ordo, placé en tête des Épitres catholiques, la préface Tres libros Salomonis, qui précède le livre des Proverbes, l’édition de Cassiodore et le décret pseudo-damasien De libris recipiendis, prouvent bien que les catholiques ont discuté avec les priscillianistes et les néo-manichéens de cette époque sur le terrain biblique, qu’ils ont tenu, comme Cassiodore, à joindre des préfaces aux livres bibliques, que quelques-unes d’elles ont été fabriquées et placées sous l’autorité de saint Jérôme. Ces documents peuvent prouver encore que l’ordre des Livres Saints a été modifié diversem*nt dans les manuscrits copiés alors; mais ils ne gardent pas la moindre trace, sinon au sujet du fameux verset des trois témoins célestes (ce qui est un cas tout particulier), d’une recension de la version hiéronymienne, entreprise en vue de faire disparaître les falsifications manichéennes du texte sacré. Les manuscrits altérés par les manichéens ont été brûlés par ordre de saint Léon le Grand et personne parmi les catholiques n’a eu besoin de les corriger. En tout cas, s’il y a eu à cette époque une véritable recension du texte, il n’y a aucun indice qu’elle a exercé une influence réelle sur le texte de la Vulgate latine. C’est par un autre moyen, par l’étude des manuscrits du VIIe et du VIIIe siècle, que nous pouvons nous faire quelque idée - de l’état du texte de la Vulgate au vie siècle.

Les manuscrits latins du texte qui avait coursavant le milieu du VIIIe siècle. — Samuel Berger, op. cit., p. 8-111, en a distingué deux catégories trèshom*ogènes, ayant chacune leur couleur propre et locale, les Bibles espagnoles et irlandaises, qui ont envahila France à l’époque mérovingienne et lui ontfourni des textes mêlés et sans caractère propre.D’autres textes ont existé à Saint-Gall et au nord del’Italie.

1. Les Bibles espagnoles. — Elles nous ont conservéle texte entier de l’Écriture. Dès leur première apparition, elles se présentent avec un caractère absolument à part et une originalité exclusive. Elles constituent une recension unique par ses sommaires, par les nombreuses leçons de l’ancienne Vulgate qu’ellescontiennent, notamment quelques-unes du texte «italien» qu’on a retrouvées dans les œuvres de l’évêque d’Avila, Priscillien, et par ses interpolations propres.Vercellone avait établi que leur texte est celui du bréviaire et du missel mozarabes, ce qui suffit à déterminer leur patrie. Cette recension est reproduite avec assez peu de variantes dans tous les manuscrits visigoths de la Bible. On la reconnaît dans les débris dela plus ancienne Bible espagnole (palimpseste de lacathédrale de Léon, dont le texte biblique est duviie siècle environ), et dans les beaux manuscrits espagnols de l’occupation arabe, dont le Toletanus, duvme siècle, est le type. Le Cavensis (VIIIe-IXe siècle) est aussi un texte visîgoth pur. L’éditeur de cette recension est l’écrivain qui s’est caché sous le nom de Peregrinus et qui avait corrigé les canons de Priscillien sur saint Paul. S. Berger avait cru reconnaître sous ce pseudonyme le moine espagnol Bachiarius, qui avait pris le surnom de peregrinus, t. xx, col. 1024. Mais Bachiarius est resté simple moine et n’a jamais été évêque; il ne peut donc pas être l’éditeur de la recension espagnole. Wordsworth et White, Novum Testamentum D. N. J. C. latine, Oxford, 1898, t. i, fasc. 5, p. 708.

Les autres Bibles espagnoles, tout en reproduisantfoncièrement cette recension, forment deux groupes, qui paraissent dériver l’un et l’autre du texte du Toletanus. Le groupe le plus nombreux, qui est aussi bien délimité géographiquement que constant dans son texte, très rapproché de celui du Toletanus, se concentre dans le royaume de Léon et étend son influence sur la haute vallée de l’Èbre. On peut le nommer «léonais». Il est représenté par la deuxième bible de Ximénès (n.32 de l’université de Madrid), rxe-xe siècle, la Bible de San-Millan, xe, celle de la cathédrale de Léon, datée de 920, le Codex gothicus Legionensis (collégiale de San-Isidro), de 960, le manuscrit 3, 2 de la cathédrale de Tolède, XIe, le manuscrit A, 2 de la Bibliothèque nationale de Madrid, xie, la Bible du Museo arqueologico de Madrid, xiie, la troisième Bible d’Alcala (n. 33 et 34 de l’université de Madrid), xiie-xiiie, le manuscrit de San Isidro de Léon (n. 1-3), copie du Legionensis, prise en 1162. Le second groupe, dit «castillan», comprend deux manuscrits espagnols, la première bible d’Àlcala (n. 31 de l’université de Madrid), IXe siècle, et celle du maréchal de Noailles (Bibliothèque nationale de Paris, latin 6), Xe, qui diffèrent beaucoup des manuscrits visigoths et sont remplis du souvenir de saint Isidore de Séville. Cette recension a été établie au IXe siècle en Castille et au Xe en Catalogne. "Voir encore dom Andrés, El codex visigotico de la Bibla de San Pedro de Cardena (xe siècle), dans Boletin de la Real Academia de la Historia, 1912, t. ix, p. 101.

2. Les Bibles irlandaises et anglo-saxonnes. —L’usage de la version de saint Jérôme en Grande-Bretagneet en Irlande n’est guère attesté avant le viiie siècle que par les citations bibliques des écrivains irlandais ou bretons. M. Haddan, dans Haddan et Stubbs, Councils and eccl. documents relat. to Gr. Britain and Ireland, Oxford, 1869, t. i, p. 192, l’a constaté dans les œuvres de saint Gildas, au vie siècle, et il a conclu que le texte cité ressemblait à celui du Codex Amiatinus, sans lui être pourtant identique. Aux viie et viiie siècles, la nouvelle version a pénétré en Écosse et en Irlande et se retrouve dans les écrits de Cummian et d’Adaman et dans les documents du droit canonirlandais. L’ancien texte biblique, qui était usité enIrlande et dont on rencontre des traces dans les citationsirlandaises de la Vulgate hiéronymienne, était untexte «européen», dont nous avons un témoin excellentdans le Codex Usserianus, pour les Évangiles. Lesmanuscrits irlandais et anglo-saxons de la Vulgate sonttrès nombreux, mais, sauf de rares exceptions, ils ne «ont pas beaucoup plus anciens que le viiie siècle et dis ne reproduisent pas une Bible complète. Ils sont étroitement groupés entre eux et leur témoignage estunanime. Leur texte est formé de la fusion des manuscritsromains, apportés par les apôtres de la Grande-Bretagne, et des manuscrits irlandais antérieurs. Cette fusion a commencé dans le Kent et les manuscrits qui portent le nom de saint Augustin de Cantorbéry (deux Évangiles du VIIe siècle: n. 286 à Corpus Christi Collège de Cantorbéry et Bodley 857, et un Psautier du xve siècle, ms. Cotton. Vespar. A. 1), ont déjà un texte un peu mêlé, ayant la saveur du terroir irlandais. Dom Chapman a soutenu toutefois que les manuscrits de saint Augustin de Cantorbéry n’avaient pas de leçons irlandaises et étaient des textes romains purs. Notes on the early history of the Vulgate Gospels, Oxford, 1908, p. 181-202. Il a rapproché leur texte des Évangiles des citations des Homélies de saint Grégoire le Grand, p. 210-216. Les meilleurs manuscrits du typeirlandais proviennent de Murcie ou de Northumbrie: ils reproduisent la version hiéronymienne avec lesinterpolations irlandaises caractéristiques. L’introduction de ce texte en Angleterre est due à Théodore de Tarse, archevêque de Cantorbéry (668-690), et à Wilfrid, évêque d’York (667-709). Les abbés de Wearmouth et de Jarrow dans le Northumberland, Benoît Biscop etCeolfrid, rapportent de Rome, à chacun de leurs pèlerinages, des copies de la Vulgate, desquelles dériventles manuscrits northumbriens. Le meilleur est lecélèbre Codex Amiatinus, écrit en 716. Voir t. i, col. 480-483. Le texte des Évangiles a dû être copié-sur le manuscrit napolitain du moine Adrien. Voirdom Morin, La liturgie de Naples au temps de S. Grégoire, dans la Revue bénédictine, 1891, t. viii, p. 481-483. Le fragment d’Utrecht et le fragment de Durham (A. ii, 17) sont deux frères et peut-être deux frères jumeaux de l’Amiatinus. Il faut rapprocher du même codex le Stonyhurst St. John et le manuscrit de Durham (A. ii, 16), écrit de la main de saint Bède. Le plus beau de tous les manuscrits northumbriens est le Lindisfarnensis, Book of Lindisfarne, au British Muséum (Nero D. IV). Il est signé d’Ædfrith, qui occupa le siège de l’île sainte (698-721) et il reproduit un calendrier liturgique de l’Église de Naples. Voir dom Morin, loc. cit.; dom Chapman, op. cit., p. 43-77. D’autres manuscrits en grand nombre reproduisent le texte irlandais, mais plus mêlé de leçons étrangères. S. Berger a étudié surtout les manuscrits de Dublin: le Codex Durmachensis, Book of Durrow (Trinity Collège, A. 4, 5), le Codex Kenanensis, Book of Kells (Trinity Collège, A. l, 6), e deuxième manuscrit d’Ussher (Trinity Collège, A. 4, 6), le Stowe St. John (bibliothèque de Royal Irish Academy) et il se borne à citer 23 autres manuscrits irlandais. Op. cit., p. 43-44. Il avait parlé auparavant, p. 31-34, du Book of Armagh et du Book of Mulling, les deux plus importants manuscrits nationaux de l’Irlande, qui sont du IXe siècle seulement, et qui reproduisent des textes de transition entre les anciens textes irlandais et le texte northumbrien proprement dit.

Les Irlandais ont transporté leur texte biblique endehors des Iles britanniques. La Neustrie, l’Austrasie, l’Alémanie, la Rhétie et l’Italie ont connu des manuscritsdu type irlandais. La première de ces contréesnous offre d’abord trois manuscrits de Tours, aujourd’huidispersés: le manuscrit de Saint-Gatien (Bibliothèquenationale de Paris, nouvelles acquisitions, 1587), du viiie siècle, que J. M. Heer vient d’éditer, Evangelium Gatianum, Fribourg-en-Brisgau, 1910; le manuscrit de Marmoutiers (British Muséum, Egerton 609), du IXe; le n. 22 de la bibliothèque publique de Tours, aussi du IXe. Deux autres manuscrits s’en rapprochent par la géographie et le texte: le n» 13 169 de la Bibliothèque nationale de Paris, du Xe siècle, et le n° 20 de la bibliothèque d’Angers. Il faut mettre à côté d’eux le manuscrit dit d’Æthelstan (British Museum, I.A.XV111), du ixe-xe siècle, dont l’origine est inconnue, et enfin le Codex Bigotianus (Bibliothèque nationale de Paris, lat. 281 et 298), du viiie siècle, en écriture onciale. Tous ces manuscrits ne contiennent que les Évangiles. Les Épîtres et l’Apocalypse sont reproduites dans un manuscrit (Harléien, 1772), du viiie-ixe siècle, dont l’ornementation est irlandaise, sinon le texte lui-même. Pour l’Ancien Testament, il n’y a à signaler sur le continent que le Psautier double de Saint-Ouen (bibliothèque de Rouen, 24), du Xe siècle, et le manuscrit des prophètes (Bibliothèque nationale, 9382), du IXe. En Austrasie, il y avait à l’abbaye de Saint-Arnoul de Metz un manuscrit anglo-saxon des Évangiles, qui est du VIIIe siècle et qui appartient aujourd’hui à la bibliothèque princière d’Œttingen-Wallerstein. L’abbaye d’Echternach possédait un autre manuscrit des Évangiles, écrit en une belle semi-onciale saxonne du viiie siècle. Il est maintenant à la Bibliothèque nationale de Paris, 9389. Son texte est nettement irlandais. Une note de première main, copiée sur quelque vieil exemplaire, porte la date 558 et déclare que le texte a été corrigé, au temps de Cassiodore, avant d’être transcrit, sur le manuscrit d’Eugippius, l’auteur de la vie de saint Séverin et l’abréviateur de saint Augustin. Cette note rattache le texte irlandais à un manuscrit napolitain du VIe siècle. Des manuscrits de Wurzbourg, le manuscrit dit de saint Kilian (M p. th. g. i a) ne semble avoir rien d’irlandais, mais trois autres proviennent véritablement des Iles britanniques: pour les Évangiles, le ms. Mp. th. f. 61, écrit au viiie siècle, et pour saint Paul, les deux mss. Mp. th. f. 12, du IXe, et Mp. th. f. 69, qu’on dit être du viiie. Le Laudianus latin 102 de la Bodléienne vient de Wurzbourg et il est écrit en une minuscule saxonne qui paraît être du début du Xe siècle. Il contient les Évangiles et son texte, qui est composite, a des leçons irlandaises. En Alémanie, nous trouvons le ms. 10 de Saint-Gall, écrit au Xe siècle par l’irlandais Fælan, le ms. 51 des Évangiles, qui paraîtêtre du viiie siècle, et le n° 60 de la-bibliothèque conventuelle, du viiie-ixe siècle, qui ne contient que le quatrième Évangile. Des manuscrits de Reichenau, on conserve à Karlsruhe, à la bibliothèque du grand-duc, l’Augiensis 211, qui semble être de la fin du IXe siècle et dont le texte a des leçons irlandaises caractéristiques. La Suisse possède beaucoup de manuscrits irlandais: à la bibliothèque de l’université de Berne, le n° 671 est un joli petit manuscrit des Évangiles, écrit entre le ixe et le xie siècle; à Genève, un manuscrit des Évangiles, n° 6, écrit entre le viiie et le ixe siècle. De la Rhétie provient le Livre des confraternités de l’abbaye de Pfäffers, du commencement du ixe siècle, conservé aujourd’hui aux archives conventuelles de Saint-Gall; il contient des extraits des Évangiles, dont le texte est absolument irlandais. Enfin, un manuscrit de Bobbio (1. 61 superior de la bibliothèque ambrosienne de Milan), d’une écriture semi-onciale irlandaise du viiie siècle, présente des leçons et des corrections irlandaises. Tous les textes irlandais avaient été exécutés sur le continent par des moines irlandais.

L’étude des manuscrits irlandais de la Bible nous a déjà fourni trois indices de rapports entre le texte irlandais et le sud de l’Italie. Avec l’Amiatinus estvenue à Jarrow la copie d’un prologue de Cassiodore; Lindisfarne a reçu un livre d’Évangiles venant deNaples; un manuscrit anglo-saxon, écrit probablementà York, reproduit un texte corrigé sur l’original d’Eugippius. Ces renseignements ont amené dom Chapmanà rattacher le texte northumbrien des Évangiles de laVulgate au sud de l’Italie par Cassiodore et Eugippius.Selon lui, l’Amiatinus est en relation étroite avecCassiodore, non seulement par le prologue du feuilletpourpré, mais encore par son texte, qui est cassiodorien.L’archétype de ce manuscrit avait en marge desleçons liturgiques de l’Église de Naples. Le manuscritd’Echternach nous ramène à Cassiodore et à Eugippius.La note qu’il reproduit vient d’un ancêtre northumbrien.Or, on peut supposer qu’elle est de la main mêmede Cassiodore. La correction du texte vient donc deLucullanum, où furent écrites aussi les notes liturgiquesdu Lindisfarnensis. Or, d’Eugippius à saint Jérôme il n’y a pas loin, et son manuscrit a pu être un manuscrit de saint Jérôme lui-même, provenant de la bibliothèque de la gens Anicia. En 382, cette famille comptait une femme, nommée Proba, qui était l’amie de saint Jérôme, et un siècle plus tard, une autre Proba, qui était l’amie d’Eugippius. Notes on the early history of the Vulgate Gospels, p. 1-44. Les rapports de la correction du texte par Cassiodore sur le manuscrit d’Eugippius ayant été discutés par J. M. Heer, Evangelium gatianum, p. xliii-xlviii, dom Chapman a répondu en maintenant son interprétation. Cassiodorus and the Echternach Gospels, dans la Revue bénédictine, 1911, p. 283-295. L’hypothèse du docte bénédictin anglais est très ingénieuse.

Quant au texte irlandais, représenté surtout par leBook of Armagh, il proviendrait de Lérins, et il aurait été apporté en Irlande par saint Patrice. Les citations bibliques de Vincent de Lérins, de Fauste de Riez et de saint Eucher de Lyon représenteraient un texte de la Vulgate, apparenté au texte irlandais, . Notes, etc., p. 177-180. Les ressemblances ne sont pas très frappantes, et l’origine lérinienne du texte irlandais est loin d’être prouvée.

3. Les Bibles françaises. — Elles ne représententpas une recension particulière, faite sur le territoirefranc, mais des textes étrangers, naturalisés français.Ce sont des textes de pénétration et des rejetons desBibles espagnoles ou irlandaises. Les premières sontvenues de la Septimanie et par la vallée du Rhône ont monté jusqu’à la Loire; les secondes ont passé la Mancheet se sont arrêtées aux bords de la Loire; puis les deuxcourants se sont réunis et confondus au cœur du pays.

a) Des Pyrénées à la Loire. — Les Bibles espagnolesont pénétré en France de la côte orientale de l’Espagnepar la vallée du Rhône. Aussi en trouvons-nous d’abordà Lyon et à Vienne en Dauphiné. Le manuscrit deLyon, n° 356, du ixe siècle, représente un texte espagnol analogue à celui du Complutensis. Un autre, qui provient de Vienne et qui se trouve à la bibliothèque de l’université de Berne, A, 9, est du xie siècle, mais il reproduit un texte ancien, dérivé en plusieurs parties des Bibles espagnoles. Le manuscrit 15 de Saint-Germain (Bibliothèque nationale de Paris, 1153), du ixe siècle, a de première main un très bon texte espagnol, corrigé de seconde main sur un mauvais texte du même pays. Ce texte a donc passé d’Espagne par la Catalogne et le Languedoc et il a été transcrit peut-être dans les environs de Lyon. Aux textes visigoths se rattache le texte languedocien, qui remonte à cette époque, quoique nous n’en ayons plus de témoinsanciens, et qui a été usité en Languedoc, durant tout lemoyen âge. Ses leçons caractéristiques ont passé dansles versions provençales, voir col. 774-776 (et par elles, en partie, dans les versions vaudoises, voir col. 2381), et dans la Bible allemande de Tepl. Catalan d’origine, il se distingue des textes espagnols par ses nombreusesinterpolations, venues des anciennes versions latines, et par des doublets; il est le résultat d’une compilation. Ses principaux témoins sont, comme textes méridionaux: le Codex Aniciensis des bénédictins (Bibliothèque nationale de Paris, 4 et 4 2), écrit entre le ixe et le xe siècle; la Bible de Mazarin (B. N., 7), du xie; le Codex Colbertinus (B. N., 254), de la seconde moitié du xiie; la grande Bible de la bibliothèque harléienne (4772, 4773), du commencement du xiiie; le ms. 321 de la Bibliothèque nationale, de la même date. Les témoins proprement languedociens sont tous du xiiie siècle et ne contiennent presque tous que le Nouveau Testament, à savoir, les ms. 342, 343 et 341 de la Bibliothèque nationale, les deux Bibles du même dépôt, 11932 et 16262, le Codex Demidovianus; enfin, du XVe siècle, le Nouveau Testament, conservé au château de Wernigerode, en Bohême, et provenant de Saint-André d’Avignon. Le texte espagnol de la Bible a passé ensuitedans le Limousin et la Touraine et on le retrouve dansles manuscrits de Saint-Martial de Limoges: Bibles(B. N., 5 et 5^1, du ixe siècle; 8 et 8², du xie, copie de la précédente), le Codex Lemovicensis des Épîtres catholiques (B. N., 2328), du viii-ixe siècle, et le ms. (B. N., 315), contenant les mêmes Épîtres, les Actes et l’Apocalypse, du xiie-xiiie; dans ceux de Tours: B. N., 112 et 113, Au xe, et dans ceux de Fleury-sur-Loire: le ms. 16 de la bibliothèque d’Orléans, formé des débris de cinq manuscrits, peut-être le ms. 9 de la reineChristine de Suède contenant les Épîtres de saint Paul, du viie-viiie siècle, et le ms. 18 de la bibliothèque de Tours, du xie siècle, reproduisant le livre de Job.

b) Les Bibles du nord de la France. — Leur texteest un mélange de leçons espagnoles et de leçonsirlandaises. Le manuscrit de la cathédrale de Chartres(B. N., 10439), du viiie siècle, ’qui, pour les six premiers chapitres de l’Évangile de saint Jean, reproduit une version ancienne, européenne ou italienne, représente, à partir du c. viie, une Vulgate assez bonne. Le ms. 3 du grand séminaire d’Autun est le manuscrit type du viiie siècle: son texte est la Vulgate, mêlée de beaucoup de leçons irlandaises ou espagnoles. La même fusion existe dans une famille de textes, échelonnés entre le viie et le ixe siècle et auxquels l’Église de Paris paraît avoir servi de centre: ms. de Notre-Dame (B. N., 17226), ms. de Colbert, venant de Saint-Denis (B. N., 256), ms. de Saint-Victor (B. N., 14407)Le ms. du British Museum (addition. 5463), du commencementdu ixe siècle, a un texte fort rapproché de celui du groupe parisien, sans lui être identique. Uneautre famille de manuscrits des Évangiles (B. N., 9886, 264, 268), du ixe et du xe siècle, dont le texte est apparenté à une bible provenant de Saint-Germain (B. N., 11505), contient des interpolations irlandaises et des particularités anglo-saxonnes. Une main récente a introduit des leçons irlandaises dans un manuscrit de Richelieu (B. N., 46273), qui paraît être du Xe siècle. Les Bibles de Saint-Riquier (B. N., 11504 et 11505), et le Codex regius (B. N., latin 45 et 93), qui ont été copiés et corrigés sur le même modèle, sont apparentés au texte catalan, étroitement uni au texte languedocien, mais ils ont aussi une relation étroite avec celui des manuscrits français (B. N., 303 et 305), du xie siècle. Le pagus de la Moselle se servit d’un texte plus mélangé encore que celui de Paris, ainsi qu’en témoigne la demi-Bible qui porte le n° 7 à la bibliothèque de Metz et qui est du commencement du ixe siècle. À Corbie, entre la fin du viiie siècle et le commencement du ixe, la Vulgate présentait un texte mêlé de leçons anciennes, témoin la Bible de Mordramne du viiie siècle, qui est à la bibliothèque d’Amiens en quatre volumes, n° 5 6, 7, 11 et 12. Plusieurs autres manuscrits plus récents: Psautier (Amiens, n» 18), les quatre livres d’Esdras (Amiens, n° 10), les Actes, les Épîtres catholiques et l’Apocalypse (B. N., 13174), la Bible en deux volumes (B. N., 11533 et 11533), ont un texte mêlé, dont les leçons espagnoles sont adventices. Le ms. 1190 de la bibliothèque impériale de Vienne a été copié au commencement du ixe siècle, à Saint-Vaast d’Arras; il reproduit la recension française d’origine espagnole.

4. Les Bibles de Saint-Gall et de l’Italie du nord. — a) Saint-Gall. — Outre les textes irlandais, qui ont pénétré à Saint-Gall et dont il a déjà été parlé voirplus haut, outre les manuscrits bilingues, monumentsde calligraphie et de luxe, transcrits à Saint-Gallpar des mains irlandaises (le Sangallensis, n° 48, le Bœrnerianus, voir t. i, col. 1826, l’Augiensis, col. 1233-1234, et les psautiers bilingues Saint-Gall n°17; bibliothèque de Bâle, A. VII, 3, etc.), la célèbre abbaye a connu un texte biblique, ayant un caractère propre et formant une tradition strictement locale. Les documents qui le contiennent sont l’œuvre des savants calligraphiesdu VIIIe et du IXe siècle, Winitharius et Hartmut, et de leur école. Le ms. 70, contenant les Épîtres de saint Paul, est signé par Winitharius. L’identité d’écriture permet de lui attribuer les manuscrits 2 (Actes et Apocalypse) et 907 (Épîtres catholiques et Apocalypse). Quelques extraits de la Vulgate des divers livres de la Bible se trouvent dans le ms. 11. Le texte est assez mauvais et quelques-unes de ses leçons sont apparentées aux leçons espagnoles ou languedociennes. D’autres manuscrits de la même époque, 1398a- et 282 (fragments du Ier livre des Rois), 43 et 44 (Ézéchiel, petit* prophètes et Daniel), 28 (livres sapientiaux), 6 (Chroniques, Esdras et Néhémie, Tobie, Judith et Esther), 14 (Job) et 12 (Machabées), sont à la base du texte traditionnel de Saint-Gall, établi par Hartmut. Ce calligraphe, qui fut abbé de Saint-Gall (872-883), avait copié lui-même ou fait copier neuf manuscrits bibliques pour son monastère et une bible complète en neuf volumes pour son propre usage. De ces 18 volumes, S. Berger en a reconnu une dizaine en 13 codices, conservés jusqu’aujourd’hui: 19 (Psautier hébraïque), 7 (livres sapientiaux et Chroniques), 81 (livres sapientiaux, Job et Tobie), 46 (Ézéchiel, petit* prophètes et Daniel), 45 (Ézéchiel, Daniel, petit* prophètes) à Saint-Gall, British Museum, addit. 11851 (Nouveau Testament sans les Évangiles), 77, 78, 82, 79, 83, 75 de Saint-Gall, qui semblent avoir fait partie d’une Bible complète.

Mais Hartmut était plutôt un éditeur qu’un copiste: ilcorrigeait de sa main les livres qu’il n’avait pas copiés.Son texte biblique était le texte, précédemment copiéà Saint-Gall, mais retouché, un texte mêlé par conséquent, d’origine méridionale, qui, dans la grande Bible, n° 75 s’est croisé avec le texte de Tours. La transcription des textes bibliques a persévéré à Saint-Gall. Notker Balbulus fait transcrire III Esd., iii et iv, dans le ms. 14, et ajouter Baruch à la fin du ms. 39. Salomon III a établi, en 909, une édition du Psalterium quadruplex (bibliothèque royale’de Bamberg, A. 1. 14).

b) Reichenau et Einsiedeln. — Ces deux abbayesfurent tributaires de Saint-Gall pour le texte de laBible. La Glose ordinaire, attribuée à Walafrid Strabon, abbé de Reichenau en 842, est faite sur le textebiblique de Saint-Gall, et elle a fourni des leçons autexte parisien du xiiie siècle. Le ms. 1 d’Einsiedeln a été copié, au commencement du xe siècle, sur un manuscrit de Saint-Gall et aussitôt après corrigé sur un autre. Un autre ms., 5-7, de la même époque, présente les mêmes caractères. Un des modèles est le n° 17 de Saint-Gall, contenant les Évangiles.

c) Bobbio et Milan. — Les leçons espagnoles qu’onremarque dans les bibles de Saint-Gall viennent probablement de la province ecclésiastique de Milan, qui avait été elle-même en relation, pour son textebiblique, avec le midi de la France et la côte orientalede l’Espagne. En effet, de Bobbio provient le ms. E. 26inferior de la bibliothèque ambrosienne de Milan; ilest du ix-xe siècle et contient la moitié d’une bible, commençant aux Chroniques et finissant aux Épîtres de saint Paul. Son texte, qui est étrangement mêlé et qui est local, ressemble en divers livres aux manuscrits espagnols ou catalans. Les archives de la collégiale de Monza, n° 1 ²9, conservent les débris d’un manuscrit, d’une écriture lombarde du Xe siècle. Il semble être la copie d’un manuscrit assez ancien et son texte des Épîtres de saint Paul ressemble à celui du codex de Bobbio. Le texte milanais s’est conservé dans un bonnombre de manuscrits italiens du xe siècle, qui représentent une véritable édition et dont le texte était en usage au xve siècle dans l’Église de Milan, comme l’a démontré le P. Vercellone. On la trouve dans la Bible d’Avellana et dans les manuscrits apparentés, groupés par le savant barnabite. Voir Variæ lectiones Vulgatæ latinæ Bibliorum, Rome, 1860, t. i, p. lxxxvii, xci. C’est le texte qu’employait saint Pierre Damien († 1072) et qu’il avait fait copier pour ses moines d’Avellana, ainsi qu’il le rapporte dans son Opusculum, XIV De ordine eremitarum et facultatibus eremi, fontis Avellani, Pat. lat., t. cxlv, col. 334. Cf. Analecta juris pontificii, 28e livraison, p. 1016. S. Berger a joint à cette liste cinq manuscrits italiens et deux manuscrits, copiés au xiiie siècle en Espagne, qui reproduisent ce texte italien.

Les manuscrits de l’époque carolingienne. —L’unité, qui manquait dans les anciens manuscrits dela Vulgate copiés jusqu’au milieu du ixe siècle et plus tard encore dans les lieux reculés, apparaît dans une nouvelle série de codices, qui forment des groupes compacts et se rattachent aux noms de personnages connus dans l’histoire. Elle fut provoquée par Charlemagne, qui voulut pour son royaume un texte de laBible, correct au point de vue de la langue, conformeaux règles de la grammaire et de la ponctuation etaussi pur de toute altération. Si le puissant monarquen’y a pas mis lui-même la main, comme on pouvait leconclure de son capitulaire, qui sert d’introduction àl’Homiliaire de Paul Diacre, t. xcv, col. 1159-1160, et de l’affirmation de son biographe, Thégan, t. cvi, col. 409, c’est au moins par son ordre et avec ses encouragements que les clercs de sa cour et de son royaume s’efforcèrent d’établir un bon texte biblique. Voir ses Capitulaires, dans Pertz, Monumenta Germaniæ.Leges, t. i, p. 44, 65. Deux hommes, Théodulfe, évêque d’Orléans, et Alcuin, abbé de Saint-Martin deTours, ont cherché à réaliser les volontés de Charlemagne, mais ils ont suivi des règles différentes et abouti à des résultats divergents.

1. Bibles de Théodulfe. — Léopold Delisle a révéléau public savant l’existence et l’importance de l’œuvrede l’évêque d’Orléans. Les Bibles de Théodulfe, dansla Bibliothèque de l’École des chartes, 1879, t. XL, p. 73-137. Il en a signalé six témoins. Deux, qui sont les chefs-d’œuvre de la calligraphie au début du IXe siècle, ont été exécutés presque en même temps et peut-être par le même copiste et ils se ressemblent presque autant que deux épreuves tirées de la même planche typographique. Ce sont la Bible de Mesmes(B. N., 9380) et la Bible conservée au trésor de la cathédrale du Puy. Elles reproduisent le travail de Théodulfe lui-même. Elles ressemblent extérieurement auxBibles espagnoles: la décoration, l’ordre des livres sacrés, une partie des sommaires paraissent empruntésà des manuscrits espagnols. Le texte de la premièremain est une Bible mêlée, copiée vraisemblablement surdes originaux différents, espagnols ou languedociens, pour les Rois, les Épîtres de saint Paul, les Actes etles Épîtres catholiques, irlandais ou anglo-saxons pourles Évangiles; celui des autres livres n’est pas toujourstrès bon. Entre les lignes et dans les marges se lisentdes corrections et des variantes d’une autre main, quireprésentent le travail de Théodulfe. Toutefois ellessont moins nombreuses sur la Bible du Puy que sur la Bible de Mesmes, dont la précédente est une copie. L’évêque d’Orléans a exponctué les interpolations et a cherché à se rapprocher d’un texte plus pur. Son travail est inégal selon les livres, et ses sources ont été différentes, à savoir, pour l’Ancien Testament, un texte presque semblable à celui du Vallicellanus, et pour la Bible entière, des textes espagnols ou plutôt méridionaux, - qui lui ont fourni beaucoup de variantes. Sa Bible est un retour à la vieille érudition espagnole, et ce résultat n’est pas surprenant, puisque Théodulfe était visigoth d’origine.

L’œuvre de l’évêque d’Orléans était tout individuelle; elle ne pouvait donc pas être comprise et elle ne survécutpas à son auteur. On en remarque cependant l’influence sur deux manuscrits de Fleury-sur-Loire, qui reproduisent le texte des prophètes: l’un est du IXe siècle (bibliothèque d’Orléans, n. 14), l’autre en est une copie, plus jeune d’un siècle (même bibliothèque, n°11 et 13). Deux autres Bibles sont des copies plus exactes, quoique indirectes, de l’œuvre de Théodulfe: le ms. 9 de Saint-Germain-des-Prés (B. N., 11937), et la Bible de Saint-Hubert (British Museum, addition, 24142), tous deux du ixe-xe siècle. Un fragment assez étendu, conservé à la bibliothèque royale de Copenhague (nouveau fonds royal, 1), a été signalé par Léopold Delisle, Bibliothèque de l’École des chartes, t. xlvi, p. 321. Il est de la même époque que les deux Bibles précédentes, mais il présente quelques particularités. Les copies que dom Martianay a vues au XVIIe siècle dans le trésor des cathédrales de Carcassonne et de Narbonne, Pat. lat., t. xxviii, col. 136-137, n’ont pas été retrouvées. L’œuvre de Théodulfe a donc eu peu d’influence sur la transmission du texte de la "Vulgate, sauf peut-être pour quelques-uns de ses sommaires et notamment la recension des Épîtres de saint Paul, faite par Peregrinus, ou au moins son éditioncatholique des canons de Priscillien. Celle-ci, introduiteen France par l’évêque d’Orléans, s’est perpétuée dansles manuscrits de France et d’Angleterre, jusqu’aprèsle milieu du xiie siècle. Voir col. 2172-2173.

2. Bibles d’Alcuin et de l’école de Tours. — Alcuinexerça son activité sur la Bible latine à différentesépoques de sa carrière, soit comme maître de l’écoledu palais royal, soit comme abbé de Saint-Martin deTours.

a) L’école chrysographique et palatine. — Les premierstravaux d’Alcuin sur la Vulgate consistent dans la transcription des manuscrits en lettres d’or quiforment un groupe important et remontent pour la plupart au règne de Charlemagne, sinon même à la première partie de ce règne. Ce sont: les Évangiles Hamilton 251, acquis en 1890 par M. Irwin d’Oswego (État de New-York), l’évangéliaire de Godescalc (B. N., nouv. acquisitions françaises, 1993), le Psautier d’Adrien Ier (bibliothèque impériale de Vienne, n° 652), le Codex Adæ ou Codex Aureus de Trêves, le manuscrit de Saint-Riquier (bibliothèque d’Abbeville, n° 1), le ms. n° 599 de la bibliothèque de l’Arsenal, le ms. Harléien 2788, les Évangiles de Saint-Médard (B, N., 8850), le ms. Palatin 50 et les ms. 8849, 11955 et 9383 de la Bibliothèque nationale. Leur texte est un textecarolingien ancien, antérieur à la version de la Vulgate, donc un texte mélangé, qui contient des leçons espagnoles, mais surtout des leçons irlandaises et anglo-saxonnes.M. Corssen a fait une étude spéciale du texte du Codex Adæ. Die Trierer Ada-Handschrift, in-fol., Leipzig, 1889, p. 29-61. Le texte de la première mainressemble surtout à celui des plus anciennes bibles deTours, dont il sera question plus loin, et celui de laseconde main reproduit le texte courant du IXe siècledans les manuscrits franco-saxons. Ces beaux manuscritsviennent de l’école palatine, qu’Alcuin dirigea dès 782.

6) La recension faite par Alcuin à Saint-Martin deTours. — Pour répondre aux désirs de Charlemagne, Alcuin, devenu abbé de Saint-Martin de Tours, fit, entre799 et 801, une revision de la Vulgate, à l’aide de manuscrits northumbriens qu’il avait fait venir d’York.Voir t. i, col. 341-342. Il en fit remettre, à Aix-la-Chapelle, un exemplaire à Charlemagne par son disciple Frédégise pour la fête de Noël 800. Il en avait fait exécuter d’autres copies pour des particuliers, commele prouvent des dédicaces en vers, composées par lui etparfois transcrites en d’autres manuscrits. Malheureusem*nt, ces manuscrits autographes ne sont pas venus jusqu’à nous, et nous ne connaissons le texte de larecension d’Alcuin que par des copies postérieures, faites à Tours. Les critiques modernes sont d’accordpour reconnaître que le Vallicellanus est, de toutesces copies, celle qui reproduit le plus fidèlement larecension d’Alcuin, quoique son texte ait déjà étéretouché. Ils en concluent que le texte alcuinien de laVulgate était un assez bon texte, de caractère anglo-saxonrelativement pur. Alcuin en avait exclu les leçonsdes anciennes versions latines et avait presque renduà la traduction de saint Jérôme sa saveur première. Sesdisciples ne surent pas lui conserver cette pureté reconquise, et ils altérèrent successivement l’œuvre deleur maître, en y faisant rentrer les leçons étrangèresqu’il en avait exclues.

c) Les Évangéliaires d’Adalbald. — Sous le gouvernement de Frédégise (807-834), le moine Adalbald inventa ou, au moins, amena à sa perfection, la semi-onciale carolingienne qui constitue la caractéristique paléographique de l’école de Tours, au jugement de LéopoldDelisle, Mémoire sur l’école calligraphique de Toursau IXe siècle, dans les Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 1885, t. xxxii, 1re partie. Il nous reste plusieurs manuscrits signés de son nom. L’Évangéliaire (B. N. 17727) représente sa plus ancienne manière d’écrire. Son texte se rapproche decelui des plus anciennes grandes Bibles de Tours, dontil sera bientôt question. Onze autres évangéliaires sontdes monuments du style le plus parfait de l’écoled’Adalbald ou reproduisent partiellement le même texte. Ce sont les Évangiles de saint Gauzelin, évêquede Toul (conservés au trésor de la cathédrale de Nancy), voir L. Bigot, Les Évangiles du comte Arnold, Nancy, 1910, de Saint-Corneille (British Muséum, additionnel11848), de Lothaire (B. N., latin, 366), de Du Fay(B. N., 9385), les mss. 287, 267, S63 de la même bibliothèque, l’Hamilton 248 (à la bibliothèque royale deBerlin), le ms. B. ii, 11, de la bibliothèque de l’université de Bâle, le Harléien 2790, provenant de Nevers, enfin le ms. 324 de la Bibliothèque nationale. La plus grande variété règne entre eux. Pour le texte, ils serangent en deux groupes. Le premier (ms. Harléien 2790, B. N., 17227, Nancy, additionnel 11848, B. N., 267 et9285) a un texte apparenté aux Bibles de Monza, de Bamberg et de Zurich, qui viennent de Tours. Le second (B. N., 274 et 266) contient un texte parent de celui de la première Bible de Charles le Chauve, par conséquent, un autre état du texte des Évangiles à Tours. Il faut probablement en rapprocher le ms. Hamilton248 et celui de Bâle. Le n° 263 de la Bibliothèque nationale, quoique interpolé, rentre dans un de ces deux groupes.

d) Les grandes Bibles de Tours. — Sous le règnede Charles le Chauve, entre 840 et 850, furent exécutées, dans la semi-onciale carolingienne, les belles Biblesentières de l'école de Tours. Les unes reproduisentfidèlement le style traditionnel: les Bibles de Bamberg(bibliothèque royale, A. 1. 5), de Zurich (bibliothèquecantonale, 6, 1), de Grandval (British Muséum, addit.10546), de Cologne (bibliothèque du chapitre, n° 1), dela Bibliothèque nationale (latin, 47 et 68), lems. Harléien 2805, la Bible du comte Rorigon (B. N., latin, n° 3), la première Bible de Charles le Chauve (B. N., latin, n° 1). Les autres s’en écartent et forment desmanuscrits dissidents: la première Bible de Saint-Aubin d’Angers (bibliothèque de la ville d’Angers, n° 1), une autre Bible (même bibliothèque, n° 2), celle deMonza (archives de la collégiale, G. 1), celle de Bâle(bibliothèque de l’université, A. N. 1. 3), enfin le ms.9397 de la Bibliothèque nationale de Paris. Il faut yjoindre un Nouveau Testament, venant de Saint-Denis(B. N., latin, 250), qui se place au même rang que laBible de Grandval. Leur texte est assez divergent dansles détails. Comparé à celui de Vallicellanus, il suitcette progression descendante au point de vue de laressemblance: Monza, Angers, Bamberg, Zurich, Berne, B. N., 47, Grandval, Cologne, B. N., 3 et 1. Les modifications se font progressivement, et ce sont des altérations. À l’origine, le texte diffère peu de celui duVallicellanus et il en arrive à ne lui ressembler en rien. En 50 ans, surtout de 840 à 850, la recension d’Alcuin est devenue un texte vulgaire et abâtardi; elle a été successivement déformée par la réintégration des leçons étrangères dont l’exclusion avait constitué sa pureté relative.

3. Les écoles du nord de la France. — Après la dispersion des moines de Saint-Martin de Tours, l’artcalligraphique se développa au nord de la France. On y transcrivit un texte différent de celui de Tours. On le trouve dans trois Évangiles (B. N., 261), l’additionnel 11849 au British Muséum et le ms. 1171 de labibliothèque de l’Arsenal à Paris. À Reims, l’archevêque Ebbon (816-835) fait transcrire les Évangiles(bibliothèque de la ville d'Épernay, n° 1), duquel il faut rapprocher un ms. provenant de Notre-Dame et signéd’Antoine Loisel (B. N., 17968), mais copié pour l'Églisede Beauvais. Hincmar, successeur d’Ebbon, dotait sacathédrale d’une Bible, conservée aujourd’hui à labibliothèque de la ville de Reims, n» s 1 et 2, et quireproduit le texte alcuinien du Vallicellanus. La calligraphie franco-saxonne, dont Léopold Delisle a décritles caractères et catalogué les monuments, Mémoiresur d’anciens sacramentaires, dans les Mémoires del’Académie des inscriptions et belles-lettres, 1886, t. xxxii, 1re partie; L'évangéliaire de Saint-Vaast d’Arras et la calligraphie franco-saxonne, in-f°, Paris, 1888, a produit un certain nombre de manuscrits bibliques: la seconde Bible de Charles le Chauve(B. N., latin, n° 2), qui provient de Saint-Denis, lesÉvangiles de la bibliothèque royale de La Haye, n° 22, ceux d’Utrecht, le manuscrit inachevé de la bibliothèque publique de Boulogne, n° 12, l'évangéliairen° 1045 de la bibliothèque d’Arras. S. Berger y a jointquatre manuscrits des Évangiles: Bibliothèque de laville de Lyon, n° 357, B. N., 257, bibliothèque deLeyde, n» 48, bibliothèque de la ville de Tours, n° 23, Des manuscrits plus récents, du ixe au xiie siècle, reproduisent le même texte: bibliothèque de Cambrai, n° 309, bibliothèque royale de Berlin (ms. Hamilton 253), bibliothèque de l’Arsenal, n° 592, bibliothèque de Lille, n° 15, et le Psautier n» 774 de la bibliothèque de l’université de Leipzig. Leur texte, notamment celui des Évangiles, se rapproche beaucoup de celui des plus récents manuscrits en lettres d’or et plus encore des manuscrits du groupe de Reims. On rattache avecbeaucoup de vraisemblance l'école franco-saxonne àSaint-Vaast d’Arras. Une dernière série de manuscritsde grand luxe est de la même contrée et du mêmetemps. Elle comprend le Codex Paulinus (Rome, Saint-Paul-hors-les-Murs), les Évangiles de Saint-Emmeran(bibliothèque royale de Munich, lat., 14000) et le Psautier de Charles le Chauve (B. N., 1152). Leur texte est un texte de compilation, diversem*nt formé et pris dedivers côtés. M. Janitschek croit, non sans raison, queces trois manuscrits ont été copiés à Corbie; ils viennent au moins de la Picardie.

Du Xe au XIIe siècle. — Cette époque est beaucoup moins étudiée et beaucoup moins connue que les précédentes. «C’est l'époque des textes copiés sansensemble et sans règle, mais en même temps des textesmédiocres et de seconde main,» a écrit S. Berger, Histoire de la Vulgate, p. 329. Différents personnagesse préoccupaient toutefois de corriger les manuscritsfautifs ou de donner des copies correctes; mais noussommes peu renseignés sur leur travail. L’auteur de laVie de saint Dunstan, n° 34, nous apprend que cet archevêque deCantorbéry († 998), à ses heures de loisir, lisait la Sainte Écriture et en corrigeait les manuscrits, Pat. lat., t. cxxxvii, col. 443. Or, une partie du ms. Bodléien, auct. F. 4. 32 à Oxford, comprenant desfragments grecs-latins de la Bible, est signée par saintDunstan. Haddan et Stubs, Councils and eccles. documents relat. to Gr. Britain and Ireland, Oxford, 1869, 1. 1, p. 192; H. Bradshaw, Collected papers, 1889, p. 455, 483. Au témoignage de Guibert de Nogent, auteur de saVie, c. XV, un autre archevêque de Cantorbéry, le B. Lanfranc(† 1089), corrigea lui-même et fit corriger par ses disciples secundum orthodoxam fidem tous les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, comme ceux desPères, qui étaient corrompus par de trop nombreusesfautes de copiste. Toute l'Église occidentale, au moinscelle de la France et de l’Angleterre, se servait de cettecorrection. Pat. lat., t. cl, col. 55. Robert du Mont répète la même chose dans sa Chronique, ainsi que Florigenus, ibid., col. 94-95, et que Mathieu Paris, Historia Anglorum, ann. 1089. Nous ignorons au juste quel fut ce travail de Lanfranc, si ce fut une recension proprement dite ou une simple correction des fautes de copie et où on le retrouverait. Un autre moine du Bec, Gandolphe, qui fut abbé de Saint-Alban, puis évêque deRochester, corrigea, lui aussi, les fautes de copie desLivres Saints. On conservait à Rochester le premiervolume d’une Bible, perdu depuis, qui était signé desa main. Cf. Histoire littéraire de la France, t. vii, p. 118; t. ix, p. 373-374; note de Fabricius, Pat. lat., t. clix, col. 813-814. Sigebert de Gembloux, De scriptoribus ecclesiasticis, c. clxiv, Pat. lat., t. clx, col. 585, dit que Franco (1060), également instruit dans la littérature sacrée et profane, divinæ Scripturæ invigilavit. Or, dans le ms. &5176 de la Bibliothèque nationale de Paris, qui est du XIe siècle, un poème d’Alcuin sur les Évangiles a les noms d’Odilo abba et de ΦΡΑΝΚΩ, substitués aux noms de Carolus rex et d’Alcuin, qui ont été raturés. Franco est certainement le copiste du manuscrit et l’abbé Odilon a commandé l’exécution de cette copie. Avant 1090, deux bénédictins, Théoger, de Saint-Georges, et Heimon, moine d’Hirschau, sur l’ordre de Guillaume d’Hirschau, s’occupèrent à corriger les fautes de copies des livres des deux Testaments, pour l’usage de leur congrégation. Voir Mabillon, Annales ordinis S. Benedicti, Paris, 1717, t. v, p. 277; Monumenta Germaniæ, t. xii, p. 451. Cf. E. Nestlé, Die Hirschauer Vulgata-Revision, dans Theologische Studien aus Württemberg, 1889, p. 305-310.

Nous connaissons mieux l’essai de correction de laVulgate exécuté par saint Etienne Harding, le troisièmeabbé de Cîteaux (1109-1134). Mabillon avait révélé sonexistence, en publiant une note de l’auteur sous letitre: Censura de aliquot locis Bibliorum, dans OpéraS. Bernardi, t. iii, p. xi, rééditée par Migne, Pat. lat., t. CLXVi, col. 1373-1376, et auparavant par Martianay, Prolegomena ad divinam Bibliothecam S. Hieronymi, Pat. lat., t. xxviii, col. 67-69. Or, la «Bible de saint Etienne» a été conservée et à l’époque de la Révolution française a passé de la bibliothèque de Cîteaux à la bibliothèque municipale de Dijon, n° 9 bis. Elle comprend 4 volumes, écrits par deux mains différentes, et contient l’Ancien et le Nouveau Testament. Elle a été terminée en 1109, ainsi que l’indique une note, t. ii, fol. 150v, qui est peut-être de la main de l’abbé. Cette note, publiée par Mabillon, nous renseigne aussi sur l’occasion, le but et la méthode de la correction. L’abbé se proposait de fournir au monastère, récemment fondé, un exemplaire type du texte sacré pour les usages liturgiques et autres de la communauté. Dans ce dessein, on rassembla des bibles et on s’adressa même à diverses églises afin d’adopter le texte le plus sûr. Or, l’une des bibles ainsi recueillies différait notablement de toutes les autres: elle avait un texte plus complet et contenait de nombreux passages quilui étaient exclusivement propres. Quelle était la valeurde ces additions? Faisaient-elles partie du texte sacré? L’abbé de Cîteaux la fit copier et fit servir la copiepour les lectures publiques. Cependant les gloses qu’ellerenfermait troublèrent les religieux: l’œuvre de saintJérôme leur parut altérée. Pour en juger, l’abbé allatrouver des juifs, versés dans la connaissance des Écritures, et il les interrogea en latin sur les passages du texte plus complet, qui ne se lisaient pas dans les autres Bibles latines. Ceux-ci, consultant leurs livres hébreux et chaldaïques, n’y trouvèrent pas les additions qui étaient en cause. Suivant donc «la vérité hébraïqueet chaldaïque» et beaucoup d’exemplaires latins, l’abbéde Cîteaux gratta sur son exemplaire tous les passagessuperflus, qui étaient spécialement très nombreux dansles livres des Rois. Les grattages indiquent suffisammentles leçons raturées. Etienne Harding interdit deles réintroduire dans le texte ou dans les marges etd’ajouter des notes à l’exemplaire corrigé ainsi au prixd’un si grand travail. Le Nouveau Testament, dont iln’est pas question dans cette note, a été revisé aussibien que l’Ancien. Des notes marginales sur les Évangiles, il résulte que les corrections ont été faites d’aprèsle texte grec et de très anciens manuscrits latins.Toutefois, le travail critique de saint Etienne n’a pasconsisté exclusivement à supprimer les additions, quin’avaient pas de texte correspondant dans l’original; il a aussi fait quelques additions ou, pour mieux dire, des modifications au texte gratté, dont l’existence estmanifestée par une seconde écriture plus serrée. Lessuppressions sont plus fréquentes dans l’Ancien Testament, et les additions dans le Nouveau. Quelques notesmarginales, en petit nombre et pour certains livresseulement, indiquent les motifs des correctionsopérées. D’un examen partiel du manuscrit de Dijon, l’abbé Paulin Martin a conclu que les omissions, notammentdans les livres des Rois, portaient sur des passagesdes anciennes versions latines, faites sur la traduction des Septante, qui avaient été réintroduits dans l’œuvre de saint Jérôme. Saint Etienne Harding et les premiers recenseurs de la Vulgate latine, Théodulfe et Alcuin (extrait de la Revue des sciences ecclésiastiques), Amiens, 1887. La Bible cæteris plenior, que l’abbé de Cîteaux avait fait copier et qu’il corrigea, était donc une Vulgate altérée, telle qu’elle était répandueau XIe siècle; les Livres Saints y étaient disposésdans le même ordre que dans les manuscrits espagnolset méridionaux; les manuscrits latins plus courts, qui ressemblaient au texte hébreu, étaient des Vulgatesnon interpolées. L’abbé de Cîteaux donna donc à sonmonastère une Bible plus pure; mais sa tentative, malentreprise, n’eut peut-être aucun effet en dehors del’ordre cistercien, où elle a servi pour l’usage liturgique. Ph. Guignard, Les monuments primitifs de larègle cistercienne, Dijon, 1878. Cf. H. Denifle, dansArchiv für Literatur und Kirchengeschichte desMittelalters, Fribourg-en-Brisgau, 1888, t. iv, p. 266270; S. Berger, Quam notitiam linguæ hebraicæhabuerint christiani medii ævi temporibus in Gallia, Paris, 1893, p. 9-11. À la même époque à Cluny, l’abbéPontius (1109-1125) corrigeait une bible sur le texted’un autre manuscrit. Bibliotheca cluniacensis, p. 1645. À la fin du xiie siècle, un diacre de l’église de Saint-Damase à Rome, Nicolas Maniacoria ou Maniacocia, qui ne fut jamais cardinal ni bibliothécaire de l’Église romaine, comme on l’a prétendu longtemps, fit aussi, avec l’aide d’un juif qui le renseignait sur le texte hébreu et les traditions hébraïques, une correction du texte latin de la Vulgate. Il savait d’ailleurs les langues hébraïque, grecque et latine, au témoignage d’Odon de Châteauroux, évêque de Frascati (1244-1273), Pitra, Analecta novissima, Frascati, 1888, t. ii, p. 298, et il est l’auteur d’une version latine du Psautier, faite sur l’hébreu. Son Suffraganeus bibliothecæ, ou introduction à ses remarques critiques, n’a été longtempsconnu que par un extrait qu’en avait fait le cardinalBessarion dans une dissertation inédite et que Lindanusavait publié, De optimo Scripturas interpretandi genere, 1. I, c. v; 1. III, c. iii, 1558, p. 28, 101-102. L’abbé Paulin Martin, le premier, l’a publié en entier, Introduction générale à la critique de l’Ancien Testament. De l’origine du Pentateuque (lithog.), Paris, 1887, t. i, p. ci-cvm, d’après le manuscrit de Venise (Bibliothèque de Saint-Marc, lat. class.X, n°478, fol. 141, ayant appartenu à Bessarion), du xve siècle, que le cardinal Pitra lui avait signalé et qu’il avait fait venir à Paris par la voie diplomatique. De son côté, le P. Denifle le publiait comme inédit, dans son Archiv für Literatur und Kirchengeschichte des Mittelalters, 1888, t. iv, p. 270-276, ainsi qu’un extrait sur la Genèse, ibid., p. 475-476; S. Berger reproduisait l’édition de Denifle, Quam notitiam, etc., p. 12-14; Mgr Mercati, qui avait découvert à Parme un manuscrit de la version latine du Psautier, Alcune note di letteratura patristica (extrait des Rendiconti del R. Ist. Lombardodi sc. e lett., IIe série, 1898, t. xxxi), p. 43-51, réunissait tous les renseignements connus jusqu’alors surNicolas Maniacoria. Specimen d’un Dizionario bio-bibliografico degli scrittori italiani, série 1re, n° 4. Enfin, le P. Van den Gheyn signalait un second manuscrit du Suffraganeus et d’une partie de la version latine du Psautier hébraïque à la bibliothèque royale de Bruxelles, n° 5 4031-4033, fol. 1-32. Nicolas Maniacoria, correcteur de la Bible, dans la Revue biblique, 1899, t. viii, p. 289-295. Sur les instances et aux frais de Constance, la fille de Roger II, roi de Sicile, et l’épouse de l’empereur Henri VI, devenue religieuse, le diacre romain composa sa Bibliothèque. Ayant constaté la diversité desmanuscrits latins, il rechercha quels étaient ceux quiétaient d’accord avec le texte hébreu et il n’en trouvaaucun. Comparant donc les exemplaires latins avec lesmanuscrits hébreux, il en retrancha les additions superflues, réforma les transformations apportées au texteet réintégra les passages omis. Il donne ensuite desexemples de trois sortes de fautes qui corrompent lesmanuscrits apponendo, commutando et subtrahendo.Ses observations critiques s’étendent de la Genèse auxPsaumes, mais la fin de son traité manque. Il s’estservi des Quæstiones hebraicæ in Genesim de saintJérôme et des Quæstiones hebraicæ in libros Begum, attribuées à saint Jérôme, mais dont l’auteur était uncontemporain de Raban Maur. Le juif, que Nicolas avaitconsulté, connaissait bien la Bible hébraïque et lestraditions juives, telles que nous les révèle Raschi(† 1105). Nous ignorons l’influence qu’a pu exercer lecorrectoire de Nicolas Maniacoria. Les correctoires duXIIIe siècle nous sont mieux connus depuis les travauxdu P. Denifle.

Les correctoires du XIIIe siècle. — Nous avonsdéjà parlé ici, voir t. ii, col. 1022-1026, du «texte parisien», qui s’est constitué à Paris au début duxin’siècle, que Roger Bacon a jugé si sévèrement etqui a été l’occasion des correctoires entrepris un peuplus tard par les dominicains et les franciscains.Cf. A. Gasquet, English biblical criticism in the thirteenth century, dans Dublin review, janvier 1898, t. cxxii, p. 1-21. Ajoutons seulement que le texte de Paris s’est fusionné avec le texte languedocien du xiiie siècle, dont il a été question précédemment, en un certain nombre de manuscrits signalés par S. Berger, Histoire de la Vulgate, p. 81. Ajoutons encore que le même savant croyait avoir retrouvé un manuscrit (le seul connu) de la Correctio Senonensis de 1236 dans la bible de l’évêque de Strasbourg, Jean de Dürbheim. Sur la part de travail de Thibaut de Saxe, voir t. ii, col. 1464. Le manuscrit unique qui porte la préface de Hugues de Saint-Cher est conservé à Vienne en Autriche, n° 1211. Les correctoires ont réagi sur les manuscrits du texte parisien. Les grattages, les chapitres nouveaux marqués en marge par une seconde main, les préfaces nouvelles ajoutées à la fin du volume en font foi. La réforme du xiiie siècle fut définitivement et universellement acceptée au moins dans les accessoires de la Bible. S. Berger, Les préfaces jointes aux livres de la Bible dans les manuscrits de la Vulgate (mémoire posthume), Paris, 1902, p. 27-31. D’après les notes manuscrites de l’abbé Paulin Martin, conservées à la bibliothèque de l’Institut catholique de Paris, nous pouvons signaler quelques Bibles, reproduisant les notes critiques des Correctoria, à savoir, les mss. latins 20, 22, 28, 31, 10420 de la Bibliothèque nationale de Paris et les Bibles latines, 13 de la bibliothèque Mazarine et A.L.3, de la bibliothèque Sainte-Geneviève de la même ville.

Du XIVe au XVIe siècle. — Cette période de l’histoire de la Vulgate a peu d’importance. Elle se divise en deux époques distinctes, séparées par l’invention de l’imprimerie.

1. Avant l’invention de l’imprimerie. — a) On continuaà transcrire le texte latin de la Vulgate, et lesmanuscrits de cette époque contiennent un texte mêlé de leçons anciennes. On ne connaît qu’un seul essai de correction, qui fut entrepris, dans la première moitié du XVe siècle, au couvent de Windesem (Hollande) de la congrégation de Windesheim, de l’ordre des augustins. Le Chronicon Windeshemense, de l’augustin J. Busch, c. xxvi, édité par Grube, (Geschichtsquellen der Provinz Sachsen, Halle, 1886, p. 3Il sq., nous apprend que les Pères de ce couvent corrigèrent l’Ancien et le Nouveau Testament d’après les anciens manuscrits réunis de diverses bibliothèques, de façon à ramener la traduction de saint Jérôme à sa pureté première. Ils mirent plusieurs années à faire un correctoire, qui indiquait tous les passages à corriger, et le chapitre général de la congrégation ordonna que tous les exemplaires des couvents seraient corrigés d’après le correctoire de Windesem, ainsi que tous les livres quiservaient pour la récitation de l’office ecclésiastique.Grube ne connaissait aucun exemplaire de la Bible, corrigé d’après ce correctoire. Die literarische Tätigkeit der Windesheimer Congregation, dans Der Katholik, 1881, t. i, p. 48-59. La bibliothèque ducale de Darmstadt possède un manuscrit en cinq volumes in-folio, transcrit de 1428 à 1439 par le célèbre Thomas a Kempis et qu’on suppose conforme au correctoire de Windesem. A. Schmidt, dans Zentralblatt für Bibliothekswesen, 1896, t. xiii, p. 379. Cet exemplaire a servi à la lecture publique de la Bible. Cf. F. Falk, Die Bibel am Ausgange des Mittelalters, ihre Kenntnis und ihre Verbreitung, Cologne, 1905, p. 7-10.

b) Si on ne multipliait pas alors les correctoires, onsavait, du moins, que la Vulgate n’était pas parfaite, et ceux qui connaissaient l’hébreu recouraient au texteoriginal pour corriger les fautes du texte latin. Tel, lefranciscain Nicolas de Lyre. Voir le second prologuede sa Postilla. Il publia, du reste, un Tractatus dedifferentia nostræ translationis ab hebraica litterain Vetere Testamento. Voir t. iv, col. 455. Pierre d’Ailly, étant encore simple bachelier en théologie du collège de Navarre, mais déjà professeur, écrivit, probablement en 1378, une Epistola ad novos Hebræos, adressée à Philippe de Maizières. Il y attaquait les vuesde Roger Bacon et il y soutenait que la version desaint Jérôme était absolument parfaite, en s’appuyantsur l’autorité de l’Église, qui l’a approuvée. Devenudocteur, il composa une nouvelle apologie de la Vulgate, Apologeticus Hieronymianæ versionis, contre ledocteur anglais, mais il reconnut avec Roger Bacon lanécessité d’en corriger les exemplaires et il exprimale désir que l’université de Paris entreprît cette correction.Ces deux traités ont été publiés pour la premièrefois par M. L. Salembier, Une page inédite de l’histoirede la Vulgate (extrait de la Revue des sciences ecclésiastiques, 1887, 1889, 1890), Amiens, 1890. Plus tard, l’humaniste Laurent Valla († 1457) rédigea, en 1440, une série de notes sur le Nouveau Testament dans lesquelles il proposait des corrections à faire à la Vulgate surtout au point de vue de la latinité. Annotationes in latinam N. T.interpretationem ex collatione græcorum exemplarium. Érasme les édita, Paris, 1505. Elles se retrouvent dans ses Opera, Bâle, 1540, p. 803 b -895 b. Jacques Revius réédita ce traité: De collatione Novi Testamenti libri duo, Amsterdam, 1638.

La Vulgate perdait ainsi peu à peu de la grande autorité dont elle avait joui durant plusieurs siècles. Les théologiens et les commentateurs recouraient deplus en plus aux textes originaux, hébraïque ou grec.On lui préférait des versions nouvelles, faites directement sur les originaux. Le cardinal anglais Adam Easton († 1397) traduisit l’Ancien Testament, sauf les Psaumes, sur l’hébreu; sa version, qui eut une grande diffusion, est perdue. Par ordre du pape Nicolas V, l’Italien Manetti († 1459) commença une version latine de toute la Bible; il ne traduisit que le Nouveau Testament et une partie des Psaumes. Son œuvre est inconnue. Le Psautier seul fut traduit par le carme Jean Creston de Pavie, en 1480, et par l’humaniste Rodolphe Agricola de Groningue (1485).

2. Après l’invention de l’imprimerie. — a) Les Bibles imprimées. — On sait que l’art de l’imprimerie fut inventé en vue de multiplier les exemplaires de la SainteÉcriture. La première Bible imprimée fut celle deGutenberg, Fust et Schoffer à Mayence, sans indicationde lieu ni de date. La seconde parut à Bamberg chezPfister en 1460. La première qui soit datée est sortiedes presses de Fust et de Schôlfer à Mayence en 1462, sans parler du Psautier daté de 1459. On évalue à prèsd’une centaine les éditions de la Vulgate qui sont antérieures à 1500. W. A. Copinger en a dressé la liste.Incunabula biblica or the first half century of the latin Bible being a bibliographical account of the various editions of the latin Bible between 1450 and 1500 with an Appendix containing a chronological list of the editions of the sixteenth century, in-f°, Londres, 1892.Elle contient 124 éditions, dont 13 sont douteuses. Léopold Delisle en a retranché 12. Journal des savants, 1893, p. 202-218. Il n’en resterait donc plus que 99. De 1501 à 1520, on en compte 57 de certaines. Voir encore G. Vicaire, Les Incunabula biblica de W.A. Copinger et la Bibliographical Society, Paris, 1893; H. F. Moule, Historical catalogue of the printed éditions of Holy Scripture in the library of the british and foreign Bible society, Londres, 1909, t. ii. Mlle Marie Pellechet a dressé la liste de toutes les Bibles imprimées en France avant 1500, qu’elle a vues elle-même. Catalogue général des incunables des bibliothèques de France, 1897, t. i, n. 2263-2386. Cf. F. Falk, Die Bibel am Ausgange des Miltelalters, p. 23-24, 91-97. La plupart de ces éditions n’ont aucune valeur critique. Les imprimeurs ne recouraient pas aux anciens manuscrits antérieurs à Alcuin ni même aux Bibles d’Alcuin, mais à des manuscrits récents, vulgaires, écrits au XIIIe et au XIVe siècle, dont le maniement était facile en raison de leur petit format, et qu’ils publiaient tels quels. J. Wordsworth et White, Novum Testamentum D. N. J. C. latine, Oxford, 1898, t. i, fasc. 5, p. 721. Les premières éditions qui aient donné réellement un texte corrigé d’après les manuscrits sont, en dehors de la Polyglotte de Complute, voir t. v, col. 517-518. celles d’Adrien Gumelli, Paris, 1504, d’Albert Castellani, Venise, 1511, d’Hittorp, Cologne, 1520, de Robert Estienne, de 1528, 1532, 1534, 1540, 1545, 1546, à Paris, de 1555, 1557, à Genève, voir t. ii, col. 1982; la meilleure est celle de 1540. R. Gregory, Textkritik des Neuen Testaments, Leipzig, 1902, t. ii, p. 619. Sur les manuscrits dont s’est servi Robert Estienne, voir J. Wordsworth, OUI latin biblical texts, Oxford, 1883, 1. 1, p. 4754; G. Jacob, Zur Geschichte des Psalmentextes der Vulgata in 16. Jahrhundert, dans Zeitschrift fur aittestamentliche Wissenschaft, 1900, p. 49-80. Nommons encore l’édition de Jean Benoît, qui parut à Paris en 1541 et qui eut onze autres éditions jusqu’en 1569. Sur l’édition de Castellani, voir t. ii, col. 1475. Cf. F. Kaulen, Geschichte der Vulgata, p. 356-378.

b) Les corrections de la Vulgate. — Protestants etcatholiques se mirent aussi à corriger la Vulgate surles textes originaux. And. Osiander publia une éditionainsi corrigée en 1522 à Nuremberg. Un libraire deNuremberg, Jean Petrejus, imprima en 1527 et 1529deux éditions qui étaient corrigées plus complètementet qui furent plusieurs fois réimprimées par d’autres.La Bible de Wittemberg, de 1529, contenait des corrections plus arbitraires encore, et elle fut l’objet de discussions de la part des protestants eux-mêmes. Conrad Pellican mit à la base de ses commentaires uneédition de la Vulgate, corrigée d’après le texte hébreu, 7 in-f°, Zurich, 1532-1640. Les catholiques imitèrent lesprotestants et entrèrent dans cette voie nouvelle decorriger à leur gré la Vulgate. Sur le correctoire dudominicain Jacques de Gouda, voir t. ii, col. 1475. En 1527, J. Rudel publia à Cologne une revision de la Vulgate d’après les textes originaux, qui eut plusieurséditions. En Italie, le chanoine régulier Augustin

Steuchus, plus tard évêque de Gubbio, revisa l’AncienTestament sur le texte hébreu, et son œuvre parut àVenise en 1529. Un peu plus tard, en 1542, le bénédictinIsidore Clarius éditait à Venise une Bible entière corrigée sur les textes originaux. Comme il suivait fréquemment le texte de Sébastien Munster, la Congrégationde l’Index interdit son œuvre qui n’était plus le textede la Vulgate. F. Kaulen, op. cit., p. 322-336.

c) Nouvelles versions de la Bible. — Au début duXVIe siècle, on multiplia les versions de la Bible, directement faites sur les textes originaux. Félix Pratensis, juif converti, traduisit les Psaumes sur le texte hébraïque, en 1515, et Érasme, le Nouveau Testamentsur le grec, 1516. Voir t. ii, col. 1903-1905; A. Bludau, Die beiden ersten Erasmus-Ausgaben des NeuenTestaments, und ihre Gegner, dans Biblische Studien, Fribourg-en-Brisgau, 1902, t. vii, fasc. 5, p. 33-48. L’opposition d’Érasme contre la Vulgate se manifestait dans ses notes. Aussi le capucin Richard du Mans et le futur cardinal Sirlet en entreprirent-ils plus tard une réfutation directe. Voir H. Höpfl, Kardinal Wilhelm Sirlet Annotationen zum Neuen Testament, ibid., 1908, t. xiii, fasc. 2, p. 68-81. Santé Pagnino et le cardinal Cajetan traduisirent la Bible entière. Augustin Giustiniani traduisit seulement le Psautier et Job. Voir t. ii, col. 1476-1477. Les protestants firent aussi des versions latines nouvelles. Il suffit de rappeler celles de Bucer, de Sébastien Munster, de Castelion et de Léon de Juda. Voir F. Kaulen, op. cit., p. 336-356.

Tous ces efforts, faits en des sens divers, eurent pourrésultat de discréditer de plus en plus la Vulgate etde jeter la confusion la plus grande dans le mondechrétien au sujet du texte sacré des Écritures. Il fallaitapporter un remède à cette situation troublée. Seulel’autorité de l’Église catholique pouvait rétablir l’unitéque les travaux des particuliers avaient rompue. L’Églisele fit au concile de Trente.

V. Authenticité déclarée par le concile de Trente. — 1° Rédaction et promulgation du décret. — Laquestion de la Vulgate fut mise en délibération dansles congrégations particulières des théologiens, le1er mars 1546, à propos des «abus concernant les LivresSaints». Il s’agissait notamment de décider quelleversion on adopterait, et d’avoir une édition correcte.Le cardinal de Sainte-Croix, résumant les avis, ditqu’on choisissait la Vulgate, parce que, parmi tantd’éditions, elle est verior et potior. Massarelli, Diarium III, dans S. Merkle, Concilivm Tridentinum, Fribourg-en-Brisgau, 1901, t. i, p. 500, 504, 506, 507; S. Ehses, ibid., 1911, t. v, p. 22, 27. Cf. A. Theiner, Acta genuina ss. cecum. Concilii Tridentini, Agram, 1874, t. i, p. 60-63; Le Plat, Monument, ad historiam concilii Tridentini, Louvain, 1783, t. iii, p. 393. Les délégués furent nommés, le 5 mars, pour rédiger un projet de décret sur les abus en question; ils se réunirent, le 13 mars. Merkle, ibid., p. 508, 509, 512; S. Ehses, t. v, p. 27. Leur projet fut lu à la congrégation générale du 17 mars. «Le premier abus, y est-il dit, est d’avoir des éditions diverses de la Sainte Écriture et de les vouloir employer comme authentiques, dans les leçons publiques, les discussions et les prédications. Le remède est d’avoir une seule édition, à savoir, l’ancienne et vulgaire, que tous emploient comme authentique dans les leçons publiques, les discussions, les commentaires et les prédications et que personne n’ose rejeter ou contredire, sans rien enlever toutefois à l’autorité de la pure et véritable traduction des Septante, dont les Apôtres se sont servis quelquefois, et sans rejeter les autres éditions, autant qu’elles aident à comprendre cette Vulgate authentique.» Le second abus était l’altération des exemplaires de la Vulgate qui étaient en circulation. Le remède était de faire une édition correcte de cette version, qu’on demanderait au pape en même temps qu’une édition correcte des textes hébreu et grec. A. Theiner, op. cit., t. i, p. 64; S. Ehses, t. v, p. 29. Cf. Merkle, op. cit., t. i, p. 36. En congrégation particulière, le 23 mars, deux membres demandèrent que l’approbation de la Vulgate entraînât le rejet des autres éditions. L’êvêque de Fano répondit qu’on recevait la Vulgate, parce qu’elle a toujours été reçue par l’Église et parce qu’elle est ancienne, mais que les autres éditions n’étaient pas rejetées. Quelques-unes sont bonnes; la Vulgate est meilleure et il convient qu’elle seule soit tenue pour authentique dans l’Église. S. Merkle, op. cit., t. i, p. 527; S. Ehses, t. v, p. 37. Cf. A. Theiner, op. cit., t. i, p. 70. Ces objections furent reprises à la congrégation générale du 1er avril, et l’évêque de Fano les résolut de nouveau. L’abus, dit-il, ne consiste pas à avoir plusieurs versions de la Bible, puisque dèsl’antiquité il y en a eu plusieurs; il consiste à en avoir plusieurs qui soient tenues pour authentiques. On n’en veut qu’une seule authentique, et c’est la Vulgate, parce qu’elle est ancienne, et pour que les adversairesde l’Église n’aient pas l’occasion de dire que l’Églisen’a pas eu jusqu’ici de bons textes. Les autres versions, même celles des hérétiques, ne sont pas rejetées pourne pas restreindre la liberté chrétienne. Merkle, op. cit., t. i, p. 42; S. Ehses, t. v, p. 50; Theiner, op. cit., t. i, p. 79. La discussion continua en congrégation générale, le 3 avril. Le cardinal de Trente accepterait une édition authentique en quelque langue que ce soit. Le cardinal de Jæn aurait voulu qu’on rejetât toutes les autres versions, sauf celle des Septante, et qu’on ne reçût la Vulgate qu’après sa correction. Son avis fut adopté par d’autres Pères. Les votes furent, d’ailleurs, assez divergents. Le président, le cardinal del Monte, les résuma ainsi: La majorité semble admettre que la Vulgate soit reçue, mais que le décret soit rédigé de telle sorte que les autres versions ne soient pas tacitement rejetées. Le cardinal Poole étaitd’avis qu’on eût plusieurs éditions de la Bible et qu’ilallait approuver, en même temps que la Vulgate, lesSeptante et les textes hébreu et grec. Celui qui a unvase d’or et un vase d’argent, dit-il, ne brise pas lesecond pour ne se servir que du premier. La questionmise aux voix, tous les membres acceptèrent que laVulgate seule serait reçue, qu’on ne mentionnerait pasdans le décret les autres éditions et qu’on ne rejetteraitpas expressément les éditions des hérétiques. Lamajorité repoussa le projet d’avoir une édition authentique en hébreu, en grec et en latin; elle ne voulait que la Vulgate pour authentique. Theiner, op. cit., t. i, p. 79-83; Merkle, op. cit., t. i, p. 42-44; S. Ehses, t. v, p. 59-66. Le décret fut rédigé en ce sens, lu et unanimement approuvé le 5 avril, enfin solennellement promulgué le 8.

En voici la teneur: «Considérant qu’il pourraitrésulter pour l’Église de Dieu une assez grande utilitéde connaître l’édition qu’il faut tenir pour authentiqueparmi toutes les éditions latines des Livres Saints quiont cours, le même saint concile statue et déclare quec’est l’édition ancienne et vulgate, approuvée par lelong usage de l’Église elle-même pendant tant desiècles, qui doit elle-même être regardée commeauthentique dans les leçons, discussions, prédicationset expositions publiques, et que personne ne doit avoirl’audace ou la présomption de la rejeter sous aucunprétexte.» Enfin, le concile ordonnait que la SainteÉcriture, surtout la vieille édition vulgate, fût impriméele plus correctement possible. Decretum de editione et usu sacrorum Librorum, sess. IV.

Cependant ce décret, quand il fut connu à Rome, souleva de grosses difficultés. Les théologiens du papetrouvaient qu’on avait donné à la Vulgate trop d’autorité et ils refusaient d’approuver le décret en raisondes fautes qui existaient dans la version latine, seuledéclarée authentique. Ils délibérèrent s’il ne fallaitpas retarder l’impression du décret ou en modifier lateneur. Les légats pontificaux durent expliquer parlettres les raisons et le sens du décret. Ils rappelaienten particulier que les traductions et les éditions dela Bible, faites depuis vingt ans en si grand nombreet si divergentes en des points très importants, rendaient nécessaire l’adoption d’une seule versioncomme authentique; qu’aucune version n’aurait puêtre préférée à l’ancienne Vulgate, si estimable enelle-même, et qui n’avait jamais été suspecte d’hérésie.Leur correspondance publiée partiellementpar le P. Vercellone, Dissertazioni accademiche da vario argomento, Rome, 1864, p. 79, et plus complètementpar Druffel-Brandi, Monumenta Tridentina, fasc. 4, Munich, 1897, donna satisfaction à tous lesesprits et décida Paul III à approuver le décret deTrente.

Sens du décret. — Il a été diversem*nt interprétépar les théologiens, les uns entendant l’authenticitéde la Vulgate dans le sens de sa conformité avec letexte primitif des Livres Saints, et les autres reconnaissant seulement dans cette authenticité une autorité officielle qui rendait l’usage de la Vulgate obligatoire dans l’enseignement public et plaçait ainsi cette version au-dessus des traductions privées qui avaient cours à l’époque du concile.

1. Des débats précédemment résumés il résulte queles Pères de Trente, dans leurs délibérations, n’ont pasexaminé la conformité de la Vulgate avec les textesoriginaux, qu’ils n’en ont parlé qu’indirectement etque cette conformité n’a pas été la raison pour laquelleils ont déclaré la Vulgate authentique. Ils voulaientdonner à l’Église un texte officiel des Livres Saints, qui fit autorité dans les écoles, la prédication et laliturgie, à l’exclusion implicite des versions récentes.S’ils ont choisi la Vulgate latine pour en faire ce texteofficiel, c’est à cause de son usage ancien et universeldans l’Église, qui garantissait suffisamment sa fidélitéessentielle aux originaux et son autorité ecclésiastique.L’usage de cette antique traduction était rendu obligatoire dans l’enseignement public, de telle sorte que personne n’était en droit d’en rejeter l’autorité sous aucun prétexte. Le concile ne mettait pas cette version au-dessus ni des textes originaux, hébreu et grec, ni des anciennes traductions qui avaient été en usage dans l’Église et l’étaient encore dans les Églises orientales. Il reconnaissait implicitement le droit de recourir aux originaux et aux anciennes traductions. Il imposait seulement pour l’enseignement public un seul texte, celuiqui avait eu cours dans l’Église depuis tant de siècleset que cet emploi séculaire avait approuvé et consacré.Il n’approuvait pas l’œuvre de saint Jérôme, mais laversion reçue à laquelle il conférait un caractère officiel pour les leçons et les prédications publiques. S’il avait eu en vue l’exactitude de la traduction, il aurait dû l’imposer même pour l’usage privé. Puisqu’il en fait un document public et officiel, il ajoute que personne n’a le droit de le récuser, quand il sera invoqué. Il employait donc le mot authentique dans le sens que lui donnaient alors les théologiens, les canonistes etles juristes.

Tel est le sens qu’ont donné à ce décret les théologiensdu xv(e siècle, qui assistèrent au concile deTrente, et les théologiens récents qui ont étudié lesActes officiels de cette assemblée. Au nombre de cesthéologiens, nous pouvons citer A. Salmeron, Comment. in evangelicam historiam, prolegom. III, Cologne, 1612, p. 24-25; A. Véga, qui rapporte le témoignage du cardinal Cervino, De justificatione, 1. XV, c. ix, Cologne, 1572, p. 692; J. Lainez, dont le témoignage est invoqué par Mariana, Pro editione Vulgata, 21, dans Cursus completus Scripturæ Sacræ de Migne, t. 1, col. 669; le P. Sirlet, qui était le correspondant du cardinal Cervino, voir H. Höpfl, Kardinal Wilhelm Sirlets Annotationen zum N. T., dans Biblische Studien, t. xiii, fasc. 8, p. 4-8; cf. P. Batiffol, La Vaticane de Paul III à Paul V, Paris, 1890, p. 76-80; D. Payva de Andrada, Defensio Tridentinæ fidei, 1. IV. Lisbonne, 1578, p. 257; J. Ravesteyn, de Tielt (Tiletanus), Apologiæ seu defensionis decretorum sac. concilii Tridentini, Louvain, 1568, p. 99; M. Zangerus, Simplicis atque adeo prudentis catholicorum orthodoxiæcum novatorum sectariorumque nostri exulcerati seculi idolomania collatio catholica, c. ii, Cologne, 1580 (qui cite et approuve Tiletanus); Bellarmin, Deverbo Dei, 1. II, c. x- xi; De editione latina Vulgata, édit. Widenhofer, Wurzbourg, 1749 (où il cite la plupart des théologiens précédents); cf. J. de la Servière, La théologie de. Bellarmin, Paris, 1908, p. 18; X. Le Bachelet, Bellarmin et la Bible Sixto-Clémentine, Paris, 1911, p. 5-11, 15, 110-117; Pallavicini, Histoire du concile de Trente, 1. VI, c. xv, trad. franc., édit. Migne, t. ii, col. 90-91; E. Du Pin, Dissertation préliminaire ou prolégomènes sur la Bible, Amsterdam, 1701, t. i, p. 204; Du Hamel, Institutiones biblicæ, c. ix, Louvain, 1740; Jahn, Introductio in libros sacros V. F., 2= édit., Vienne, 1839, p. 64-65; Berti, De theologicis disciplinis, Bamberg et Wurzbourg, 1773, t. v, p. 41; Haneberg, Histoire de la révélation biblique, trad. franc., Paris, 1856, t. ii, p. 446-448; J. Danko, De Sacra Scriptura, Vienne, 1867, p. 230; F. Kaulen, Geschichte der Vulgata, Mayence, 1868, p. 394-419; Einleitung in die Heilige Schrift, 3e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1890, p. 147-148; art. Vulgate, dans Kirchenlexikon, 2e édit., 1901, t. xii, col. 1140; A. Loiay, Histoire du canon de l’A. T., Paris, 1890, p. 210-211; J. Didiot, Logique surnaturelle subjective, 2e édit., Paris, 1894, p. 114-124; J. Corluy, dans la Science catholique, 1894, t. viii, p. 438-445; Lingens, dans Zeitschrift fur katholische Theologie, Inspruck, 1894, p. 759-769; trad. dans la Revue des sciences ecclésiastiques, 1894, t. lxxi, p. 147-151; A. Vacant, Études théologiques sur les constitutions du concile du Vatican, Paris, 1895, t. i, p. 428-429; J. Thomas, Mélanges d’histoire et de littérature religieuse, Paris, 1899, p. 314-321. Léon XIII, dans l’encyclique Providentissimus Deus, du 18 novembre 1893, en recommandant la Vulgate, déclare qu’elle a reçu son authenticité, pour l’enseignement public, du concile de Trente. Cette authenticité consiste donc proprement dans le caractère officiel qui lui a été ainsi accordé et non dans la conformité de la version avec les originaux.

Du reste, les exégètes catholiques du xvie siècle savaient que la Vulgate n’était pas parfaite et recouraient aux textes originaux pour expliquer ses obscurités, ses ambiguïtés et ses inexactitudes. Dans son opuscule De editione latina Vulgata, Bellarmin cite G. von Linden (Lindanvs), De optimo genere Scripturas interpretandi, 1. III, c. i, Cologne, 1558; Sixte de Sienne, Bibliotheca sancta, 1. VIII, Venise, 1566; F. Foreiro, Comment. in Isaiam, præf., Venise, 1563; J. Oleaster, Comment. in Pentateuchum, præf., Lisbonne, 1556;

G. Genébrard, In Psalmos, præf., Paris, 1577. Voir aussi la réponse de Bellarmin à une consultation, dans LeBachelet, op. cit., p. 71-72, 178-179.

2. Cependant, dès le xvie siècle, le décret de Trente a été interprété dans un autre sens par les théologiens qui n’avaient pas assisté au concile, et on en arriva au point que des esprits indépendants, tels que Bannez et Mariana, n’osaient pas se prononcer ouvertement sur la signification de l’authenticité de la Vulgate. Le fondement principal de la nouvelle explication se trouvedans la mention de cette version dans le décret dogmatique du concile De canonicis Scripturis. Il y est ditque les Livres Saints, cum omnibus suis partibus, doivent être reçus pour canoniques prout in veteri Vulgata editione habentur. Il en résulte seulementque la Vulgate contient les Livres sacrés et canoniquesdans leur entier et avec toutes leurs parties. Néanmoins, ce décret a donné lieu à deux opinions différentessur l’autorité de la Vulgate.

a) Une université, dirigée par des jésuites, doutaitdu sens à donner à ce décret et elle demanda à laS. G. du Concile, instituée par Pie IV en 1564, si, envertu de ce décret, on devrait imputer une erreur dansla foi à ceux qui avanceraient quelque chose de contraireà la moindre période et au moindre membre dephrase des livres canoniques, en y comprenant mêmeles passages qui sont omis par la Vulgate, mais qui se trouvent dans les textes hébreu et grec; ou s’il fallaitimputer une erreur contre la foi seulement à ceux qui rejetteraient soit un de ces livres tout entier soit unedes parties dont la canonicité et l’inspiration ont étéautrefois discutées. La S. C. répondit, le 17 janvier1576, qu’on ne pourrait rien avancer qui fût contraireà l’édition latine de la Vulgate, quand ce ne seraitqu’une période, une assertion, un membre de phrase, une parole, un mot ou un iota, et elle reprit sévèrementA. Véga, qui, dans son traité rappelé plus haut, avait tenu un langage audacieux. Cette décision futpubliée par Allatius, qui la croyait inédite, dans Animadversiones in Antiquitatum Etruscarum fragmentaab Inghiramis édita, Paris, 1640, n. 101, p. 179. Elleavait pourtant été éditée, en partie du moins, dansdivers recueils des Déclarations de la S. C. du Concile, dont l’un parut à Francfort en 1608 et d’autres furentpubliés par Vincent de Marcylla, 1609, et par Jean Gallemart, Cologne, 1619. Suarez, De fide, disp. V, sect. iii, n° 10, et Serarius, Prolegomena bibliaca, c. xix, q. xi, Paris, 1704, p. 169, la connaissaient en manuscrit.Cependant les théologiens ont douté longtemps de sonauthenticité, ou ont prétendu au moins que son texteavait été altéré. Mais M. Batiffol découvrit à la bibliothèque Vaticane, lat. 0326, un commentaire du concile de Trente, fait par le cardinal Carafa, qui en 1576 était président de la Congrégation du Concile. Or, ausujet des décrets de la IV session, le cardinal analysela décision de la S. C. P. Batiffol, La Vaticane de Paul III à Paul V d’après des documents nouveaux, Paris, 1890, p. 72-76. L’authenticité de la décision estdonc certaine. J. Thomas, Mélanges d’histoire et de littérature religieuse, Paris, 1899, p. 308, note 1.

Mais quel en est le sens? Elle ne signifie pas, commeon l’a cru, que la Vulgate était absolument parfaite, parce qu’elle interdisait d’en mettre en question lemoindre mot et la plus petite syllabe. Elle n’adoptepas, en effet, le premier sentiment exprimé dans la consultation, d’après laquelle il aurait été de foi quetous les membres de phrase et tous les mots de la Vulgate, du grec et de l’hébreu seraient la reproductionexacte du texte original, inspiré et canonique, etque ce texte n’aurait subi soit dans la Vulgate, soit dans les textes hébreu et grec aucune altération de l’étendue d’une phrase, d’un mot, d’une syllabe ou d’un iota. Pour l’hébreu et le grec, la S. C. renvoie à la troisième règle de l’Index, qui déclare toutes les versions de la Bible non authentiques inférieures à la Vulgate authentique. Quant à la Vulgate, elle dit qu’on ne peut rien avancer contre elle, pas même une phrase ni un iota, parce qu’elle contient l’Écriture inspirée et canonique, les Livres Saints que le concile a reconnus pour sacrés et canoniques et dont il a dressé la liste. Cf. A. Vacant, Études théologiques sur les constitutions du concile du Vatican, Paris, 1895, t. i, p. 435-456.

Bien que la Congrégation du Concile n’ait pas admis l’absolue perfection de la Vulgate, des théologiens, surtout des Espagnols, l’admirent, en se fondant sur lateneur même du décret de Trente, qui déclarait cetteversion authentique. Bellarmin, jeune professeur àLouvain, en parlait déjà dans une lettre qu’il adressaitau cardinal Sirlet, le 1er avril 1575. Le Bachelet, Bellarmin et la Bible sixto-clémentine, p. 5, 104.L. de Tefia, Isagoge in totam sac. Scripturam, Barcelone, 1620, p. 30 b; B. Ponce († 1626), Quæstiones expositivæ, id est, de Sac. Scriptura exponenda, q. iii, dans Cursus completus Sac. Scripturæ de Migne, t. i, col. 878 (qui dit que c’est l’opinion commune de son temps); Jean de Saint-Thomas, In iiam, IIæ, disp. III, a. 3; C. Frassen, Disquisitiones biblicæ, Paris, 1682, t. i. Cf. Mariana, Pro editione Vulgata, dans le Cursus, l. 1, col. 590; Bannez, Scholastica commentaria in Iam partem Sum. theol. S. Thomæ, Salamanque, 1584, q. i, a. 8. Ce sentiment était encore soutenu en 1753 par le P. Frévier, La Vulgate authentique dans tout son texte; plus authentique que le texte hébreu, que le texte grec qui nous restent, Rome (Rouen). Voir Le Bachelet, op. cit., p. 17-19. Cette opinion est évidemment en opposition avec la pensée des Pères du concile de Trente, et elle n’est plus depuis longtemps soutenue par aucun théologien.

b) Dès le XVIe siècle cependant, la plupart des théologiens soutinrent que la Vulgate, en raison de sonlong usage dans l’Église et de son adoption officiellepar le concile de Trente, ne contenait aucune erreurconcernant la foi et les mœurs. Mais ils ne l’estimaientpas si parfaite qu’on n’y remarquât non seulement desfautes de copiste, mais même des erreurs de traductiondans des détails qui ne sont pas du domaine de lafoi et des mœurs, et qu’elle n’empêchât pas de recouriraux textes originaux pour rectifier ses erreurs et expliquer ses obscurités et ses ambiguïtés. Dans une copiedu procès-verbal de la congrégation générale du3 avril 1546, le cardinal de Jæn aurait émis l’avis quela Vulgate devait être reçue quoad mores et dogmata.Mais le procès-verbal officiel ne contient pas ces mots.S. Ehses, Concilium Tridentinum, t. v, p. 59. J. Driedo, De ecclesiasticis Scripturis et dogmatïbus, Louvain, 1550, 1. II, c. i, prop. 2°, l’affirmait expressément. M. Cano, De locis theologicis, Salamanque, 1563, 1. II, c. xiii, et le cardinal Carafa, dans son commentaire cité du concile de Trente, voir P. Batiffol, op. cit., p. 74, n’obligeaient à suivre la Vulgate que dans les passages doctrinaux et moraux. Bellarmin, dès 1575, dans sa lettre à Sirlet, dans ses Controverses professées à Rome dès 1576, De verbo Dei, 1. II, c. x-xi, dans sa dissertation De editione latina Vulgata, dont la seconde rédaction est de 1591, expose et soutient très expressément ce sentiment; il relève les erreurs de traduction de la Vulgate. Cf. J. de la Servière, La théologie de Bellarmin, p. 17-24; Le Bachelet, Bellarmin et la Bible sixto-clémentine, p. 5, 10-16, 104, 107125, 178-179. Ce fut l’opinion de Bonfrére, Præloquia in Sac. Script., c. xv, sect. iii, dans la Cursus completus Scripturæ Sacræ de Migne, 1. 1, col. 196, de Grégoirede Valence, De objecta fidei, q. viii, §43, de Suarez, De fide, disp. V, sect. x, n. 3. On peut dire que c’est le sentiment commun des théologiens catholiques. Les plus récents interprètent même dans ce sens l’authenticité de la Vulgate, qu’ils entendent comme supposant et entraînant la conformité substantielle de la Vulgate avec les textes originaux, conformité affirmée publiquement par l’autorité officielle de l’Église au concile de Trente. Noël Alexandre, Hist. eccl., sæc. iv, diss. XXXIX, a. 5, Paris, 1699, t. iv, p. 406-410; P. Chrismann, Regula fidei, § 64, dans Cursus completus theologiæ de Migne, t. vi, col. 917; H. Reusch, Lehrbuch der Einleitung in das Alte Testament, 4e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1870, p. 210; Id., Erklärung der Decrete des Trienter Concils über die Vulgata, dans Der Katholik, 1860, t. i, p. 641; Franzelin, Tractatus de divina traditione et Scriptura, 3e édit., Rome, 1882, p. 512-514; Mazzella, De virtutibus infusis, Rome, 1879, p. 554-555; Hurter, Theologiæ dogmaticæ compendium, 3e édit., Inspruck, 1880, t. i, p. 165-166; Vigouroux, Manuel biblique, 12e édit., Paris, 1906, t. i, p. 230-237; Gilly, Précis d’introduction générale et particulière à l’Écriture sainte, Nîmes, 1867, t. i, p. 195-198; R. Cornely, Introduclio generalis, 2e édit., Paris, 1894, p. 468-481; C. Chauvin, Leçons d’introduction générale, Paris, 1898, p. 372375; J.-V. Bainvel, De Scriptura Sacra, Paris, 1910, p. 180-192, etc. Toutefois, ces théologiens ne sont pas d’accord au sujet de l’étendue de la conformité de la Vulgate avec les textes originaux, et il y a en ces matières une part d’appréciation qui tient plus ou moins compte des faits et de la critique du texte.

Voir encore Branca, De authentia Vulgatæ Bibliorumeditionis, Milan, 1816; L. von Ess, Pragmaticadoctorum catholicorum Tridentini circa Vulgatamdecreti sensum, nec non licitum textus originalisusum testantium historia, Vienne, 1816; Pagmatisch-kritische Geschichte der Vulgata, Tubingue, 1824; J. Brunati, De nomine, auctore, emendatoribus etauthentia Vulgatæ dissertatio, trad. lat. d’un écrititalien, Vienne, 1827; C. Vercellone, Sulla autenticitàdélie singole parti délia Bibbia volgata secondoil decreto tridentino, Rome, 1866; trad. franc., dansla Revue catholique de Louvain, 1866, p. 641, 687; 1867, p. 5; Ghiringello, dans la Rivista universatede Gênes, février 1867; J. Corluy, dans les Études religieuses, novembre 1876, p. 627-631; dans la Controverse, 15 mai 1885, p. 55-63; 15 mars 1886, p. 379-382; dans la Science catholique, 15 avril 1894, p. 438445; S. di Bartolo, Les critères théologiques, trad. franc., Paris, 1889, p. 238-243; J. Didiot, Commentaire de la IVe session du concile de Trente théologique; dans la Revue des sciences ecclésiastiques, mai 1889, p. 390-419; historique, juin 1889, p. 481518; traditionnel, septembre et novembre 1890, p. 193226, 385-400; A. Durand, dans les Études, 1898, t. lxxv, p. 216-229; Vindex, Zur Frage von der Autenticität der Vulgata, dans Historisch-pblitische Blätter, Munich, 1899, t. cxxiv, p. 102-114; Bonaccorsi, Questione bibliche, Bologne, 1904; E. Mangenot, art. Authenticité, dans le Dictionnaire de théologie catholique, t. i, col. 2587-2590.

VI. La Bible sixto-clémentine. — 1° La revision de la Vulgate confiée au pape par le concile de Trente. — Les Pères du concile savaient que le texte de la Vulgateétait fautif dans les éditions courantes, et en même temps qu’ils déclaraient cette version authentique, ils résolurent de demander au pape d’en faire une édition aussi correcte que possible. Voir les procès-verbaux des délibérations, du 17 mars au 3 avril 1546, dans Theiner, op. cit., t. i, p. 65, 79, 85; .S. Ehses, op. cit., t. v, p. 29, 37, 50, 59-66. Mais le décret, publié le 8 avril, ne mentionnait pas ce détail et ordonnait seulement d’éditer la Vulgate le plus correctement possible. Les théologiens romains remarquèrent cette lacune, et le 17 avril, le cardinal Farnèse écrivit aux légats pontificaux pour leur demander quelle avait été l’intention-du concile à ce sujet. Les légats répondirent, le 26, que le concile les avait chargés de supplier le Saint-Père de faire corriger le plus tôt possible la Bible latine et, s’il se pouvait, la Bible grecque et la Bible hébraïque. Les théologiens romains voyaient bien les difficultés de l’entreprise; ils promirent toutefois de chercher les moyens d’en triompher. Les légats remercièrent le souverain pontife de sa sollicitude et promirent le concours des théologiens duconcile. Voir Vercellone, Dissertazioni academiche, p. 79-84. Cf. Pallavicini, Histoire du concile de Trente, 1. VII, c. xii, édit. Migne, t. ii, col. 192-194. Sur les travaux entrepris à Trente, voir dom Höpfl, Kardinal Wilhelm Sirlets Annotationen zum N. T., p. 9-13, 40; Mercati, dans Theologische Revue, 1909, p. 60-62; Le Plat, Monument., t. iv, p. 104-110.

Éditions privées. — Comme les premiers travauxfurent vite interrompus, des particuliers entreprirentde corriger le texte de la Vulgate. — 1. Éditions deLouvain. — Les théologiens de Louvain y travaillèrentles premiers. Sur l’œuvre du dominicain Jean Henten, voir t. ii, col. 1475. Après la mort de Henten (1566), son édition fut perfectionnée, sous la direction de Luc de Bruges. Elle eut, sous cette nouvelle forme, neuf éditions (1573-1594) et celle de 1583 servit aux correcteurs romains. — 2. Le Nouveau Testament de Zeger. — Un franciscain flamand, Tacite-Nicolas Zeger, publia, de son côté, en 1553, des Scholia et des Castigationes sur le Nouveau Testament, et il se proposait de corriger la Vulgate d’après les leçons des Pères et des manuscrits. Voir Critici sacri, 3e édit., Amsterdam, 1698, t. vii. Dans une lettre du 15 août 1553, ibid., p. xii-xvi, il demandait au pape Jules III d’approuver sa correction et de déclarer authentique son édition. Cf. R. Simon, Histoire critique des commentaires du N. T., Rotterdam, 1693, c. xxxix, p. 573-575; Dissertation critique sur les principaux actes manuscrits du N. T. (à la suite de l’ouvrage précédent), p. 78-79.

La Bible sixtine. — 1. Sa préparation. — Les travaux de correction, entrepris à Rome dès 1546, marchèrent lentement jusqu’en 1554; Sirlet s’occupaitdu Nouveau Testament et Nicolas Majoranus de l’Ancien.H. Höpfl, op. cit., p. 24-25, 37; Mercati, loc. cit. Pie IV qui, avant son élévation au siège pontifical, avait favorisé Majoranus, institua une congrégation de cardinaux et de consulleurs. Quelques manuscrits, notamment le Paulinus, furent collationnés, mais la mort de Færnus en 1561 interrompit les recherches, et le concile de Trente fut clos en 1563, avant que la correction officielle de la Vulgate ne fût terminée. Saint Pie V confirma la congrégation établie par son prédécesseur et nomma de nouveaux membres. On reprit tout ce qui avait déjà été exécuté, afin de profiter des leçons de manuscrits anciens, récemment apportés à Rome. Onavançait si lentement que, du 28 avril au 7 décembre1569, au cours de 26 sessions générales, on n’avait relevéles variantes que de deux seuls livres, la Genèseet l’Exode. Sous Grégoire XIII, à l’instigation du cardinal Perretti et sous sa direction, on édita la version des Septante. Voir col. 1639-1641. Devenu pape sous le nom de Sixte V, le cardinal Perretti, dès la seconde année de son pontificat (1586), fit reprendre activement la correction de la Vulgate. On avait fait venir d’excellents manuscrits latins de différentes bibliothèques de l’Italie, de l’Espagne et de la Flandre. Sixte V stimulait le zèle des correcteurs. Après plus de deux années d’étude, l’œuvre était achevée; elle fut présentée au pape au commencement de 1589. Sixte V revit lui-même le texte entier; il maintint la plupart des corrections faites, mais il en rejeta un certain nombre, malgré l’opposition du cardinal Carafa, et détermina lui-même les leçons qu’il fallait admettre à leur place, comme il s’en était réservé le droit, dès le 22 janvier 1588. Bullarium romanum, Naples, t. viii, p. 996. Il surveilla de très près l’impression, qui fut faite au Vatican, non pas par Paul Manuce, mais par Dominique Basa, de Venise. Voir Mgr Baumgarten, Die Vulgata Sixtina von 1590 und ihre Einführungsbulle, Munster, 1911, p. 1-19, 135. L’impression avait commencé avant que le pape n’eût achevé la revision de l’œuvre des correcteurs. Ainsi, le 3 juin, Sixte V disait à l’ambassadeur de Venise qu’il en était arrivé à l’Apocalypse et que le livre de la Sagesse était sous presse. Ibid., p. 136. Les Avvisi di Roma annonçaient, le 1er novembre, que l’Ancien Testament allait paraître, et le 25, qu’il était entre les mains des cardinaux de la Congrégation de l’Index. Ibid., p. 22. L’impression était terminée le 10 avril 1590. Les Avvisi di Roma annonçaient, le 2 mai, que des exemplaires avaient été distribués aux cardinaux et aux principaux officiers de la cour pontificale, et que la vente était confiée au seul imprimeur du palais, Dominique Basa. Ibid., p. 23. Le 31 mai, Sixte V fit expédier aux princes 25 exemplaires de la nouvelle Bible, avec des brefs, datés du 29. Ibid., p. 24.

2. Sa description. — La Biblia sacra Vulgatæ editionis ad concilii Tridentini prsescriptum emendata a Sixto V P. M. recognita et approbata forme un volume in-f° en trois parties de 1140 pages à deux colonnes. Le texte est imprimé en grands caractères, sans séparation des versets, dont les chiffres sont indiqués à la marge et qui sont différents de ceux de Robert Estienne. L’impression est fort belle et on n’y a compté qu’une quarantaine de fautes typographiques. Le texte est précédé de la bulle Æternus ille, qui promulguait la nouvelle édition. On n’en connaît qu’un petit nombre d’exemplaires: 15 en Italie, 8 en Allemagne, 4 en Autriche, 8 en Angleterre, 3 à la Bibliothèque nationale de Paris (cotés À 216, 216 bis et 216 ter, réserve), 1 à Saint-Pétersbourg, 1 à Madrid et 1 à New-York. Ibid., p. 66-82. On ignore quels sont les détenteurs actuels d’autres exemplaires, dont on a gardé la trace. Ibid., p. 82-85. Leur prix est très élevé. Leurs dimensions ne sont pas les mêmes et le papier est différent. Il y a des exemplaires de luxe. Des fautes d’impression ont été corrigées par des moyens différents et en nombre plus ou moins grand. Le pape lui-même mettait la main à cette correction. Ibid., p. 24, 95; Le Bachelet, op. cit., p. 193-194.

3. Sa publication. — On a prétendu que Sixte Vn’avait pas attribué à sa Bible une autorité définitiveet qu’il ne la considérait que comme un essai. Cetteopinion n’est plus soutenable. En effet, l’original de labulle Æternus ille, qui promulgue l’édition sixtine etdéclare qu’elle représente la Vulgate reconnue authentiquepar le concile de Trente-, a été retrouvé aux archives du Vatican (registre des Epislolæ ad principes, t. xxii), avec deux épreuves successivement corrigées, et deux exemplaires d’une édition spéciale, tirée le 22 août 1590. L’original contient l’attestation des cursores, qui avaient affiché la bulle le 10 avril 1590 aux lieux fixés par le droit. La bulle est datée du 1er mars 1589, mais aussi de la cinquième année du pontificat de Sixte V, qui avait commencé le 24 avril 1585, par conséquent du 1er mars 1590, selon notre manière actuelle de compter les années à partir du 1er janvier, tandis que, à cette époque, la cour romaine faisait débuter l’année ecclésiastique au 25 mars. Cf.Mgr Baumgarten, Biblische Zeitschrift, 1907, t- v, p. 189-191; Die Vulgata Sixtina von 1590, p. 28-39. Dans les brefs aux princes, dont Mgr Baumgartenconnaît douze exemplaires, le pape affirme qu’il adécidé par une constitution perpétuelle, déjà éditée, que sa Bible corrigée doit être reçue par tous. Lestémoignages opposés, recueillis par le P. Le Bachelet, op. cit., p. 81-88, perdent ainsi toute valeur, et l’hypothèse d’une anticipation de la promulgation de la bulle, hypothèse imaginée par le P. Azor, entraînerait la falsification d’un acte apostolique, soumise dès lors auxpeines tes plus graves. Mgr Baumgarten, Die Vulgata Sixtina von 1590, p. 96-134. Pour une édition diplomatique et critique de la bulle, voir Biblische Zeitschrift, 1907, t. v, p. 337-354; Die Vulgata Sixtina von 1590, p. 40-65. Dans les derniers jours de sa vie, Sixte V avait l’intention de faire imprimer une sorte

de correctoire, qui contiendrait toutes les modifications, les omissions et les additions de sa Bible et àl’aide duquel chacun pourrait corriger son propreexemplaire de la Vulgate. Mgr Baumgarten, op. cit., p. 25-26.

4. Son sort. — Sixte V mourut le 27 août 1590. Lescritiques, que les membres de la congrégation, dont iln’avait pas admis toutes les corrections, avaient soulevées, de son vivant, contre sa Bible, redoublèrentaprès sa mort. Le 5 septembre, les Avvisi di Romaannonçaient que les cardinaux, chargés de l’administrationde l’Église pendant la vacance du Saint-Siège, avaient suspendu la vente de la nouvelle Bible et del’édition séparée de la bulle de Sixte V. Ibid., p. 96.Le 26 septembre, ils rapportaient l’interdiction absoluede vendre la Bible sixtine. Ibid., p. 97. Cette interdictionentraînait, de fait, la suppression de l’éditioncorrigée. À cette date, les dispositions de la bulleJSternus ille n’étaient pas encore obligatoires dansl’Église universelle, puisque Sixte V avait fixé un délaide quatre mois, expiré le 10 août, pour l’Italie, et dehuit mois, non encore expiré, pour les pays transalpins.En effet, du vivant du pontife, l’inquisiteur deVenise avait voulu appliquer aux libraires de cetteville les dispositions de cette bulle. Le doge fit présenterpar son ambassadeur Badoer des observations au pape, qui déclara que l’inquisiteur faisait du zèle et n’avaitpas alors le droit d’interdire la vente des anciennesBibles. Ce fait prouve nettement, ainsi que d’autresdépêches du même ambassadeur qui se trouvent auxarchives d’État de Venise, que Sixte V avait fait uneœuvre définitive et qu’il n’avait pas l’intention de lacorriger. Voir F. Amanu, Die Bibel Sixtus V, dansThéologie und Glaube, Paderborn, 1912, p. 401-402.En outre, dès le mois de février 1591, Grégoire XIVconfia à la Congrégation de l’Index le soin de réformerla Bible sixtine. Ce pape, ne voulant pas condamnerl’œuvre de son prédécesseur, employa l’expédient quelui avait suggéré Bellarmin. Le Bachelet, op. cit., p. 37-38.

Sur la demande de Bellarmin, Clément VIII ordonna, le 15 février 1592, de racheter tous les exemplaires dela Bible sixtine, qu’on pourrait retrouver. Le noncede Venise en rapporta plusieurs, le 24 août. Au moisde février 1593, on s’occupait de ceux que les jésuitesavaient rachetés. Il était encore question de nouveauxrachats, au mois de janvier et d’avril 1594. Le Bachelet, op. cit., p. 54-56, 150-152, 198-199; Mgr Baumgarten, op. cit., p. 99-10-1.

5. Sa valeur. — La Bible sixtine était loin d’êtredépourvue de valeur critique. Les changements, queSixte V avait faits de sa propre autorité, n’étaient pasregrettables comme le prétendaient les adversairesde sa Bible. Ceux qu’a relevés Bellarmin, Loca prsecipuain Bibliis Sixti V mutata, dans Le Bachelet, op. cit., p. 130-134, cf. p. 44-45, sont peu importants. Voird’autres reproches d’un censeur anonyme, ibid., p. 6162. Sixte V avait appliqué des principes critiques unpeu différents de ceux qu’avait suivis la congrégationprésidée par le cardinal Carafa; il n’avait pas fait demodifications arbitraires dans le texte sacré. Si parfoisil a choisi une leçon moins bonne, il a édité néanmoinsun bon texte de la Vulgate, et sa Bible est le fruit d’untravail réellement scientifique. E. Nestlé, Ein Jubilâumden Lateinischen Bibel zum 9 november 1892, Tubingue, 1892, p. 17, et J. Wordsworth, Novum TestamentumD. N. J. C. latine, Oxford, 1898, t. i, p. 724, ont expressément reconnu les mérites critiques de laBible sixtine.

4° La Bible clémentine. — 1. Sa préparation. —D’après les Avvisi di Roma, Baumgarten, op. cit., p. 98, Grégoire XIV chargea la Congrégation de l’Indexde ramener la Bible sixtine à son ancienne forme, en

y introduisant les leçons qu’avait adoptées la congrégationprésidée par le cardinal Carafa et que Sixte Vavait rejetées. Dans la première réunion, tenue le7 février 1591, on traita de la méthode à suivre, et onfixa cinq règles dans les séances suivantes. On en fitensuite l’application, mais la revision avançait lentement, faute d’entente entre les consulteurs: on mit40 jours à corriger la Genèse seule, et on commençal’examen de l’Exode, le 18 mars. Bellarmin écrivitprobablement vers cette époque un mémoire De rationeservanda in Bibliis corrigendis, édité par le P. LeBachelet, op. cit., p. 126-129. Il proposait de confierla revision de la Bible latine à un petit nombre desavants, qui l’exécuteraient rapidement. Le pape instituaune congrégation spéciale de deux cardinaux et dehuit consulteurs, qui se retira à Zagarolo dans lamaison de campagne du cardinal Marc-AntoineColonna, son président, et qui paracheva le travail en19 jours. Le 23 juin, les Avvisi di Roma annonçaientce rapide achèvement. Baumgarten, op. cit., p. 98. Cf.Le Bachelet, op. cit., p. 40-44. "

2. Sa publication. — On s’occupa aussitôt à Romede décider si l’on publierait la nouvelle correction etcomment. Sur la demande du pape, Bellarmin rédigeason avis, que le P. Le Bachelet a édité, p. 137-141. Cf.p. 45-48. Conformément à cet avis, la correction futpubliée, mais sous le nom de Sixte V: Biblia sacraVulgatse editionis Sixti Quinti Pont. Max. jussurecognita atque édita. Ce ne fut qu’en 1604 que lenom de Clément VIII fut ajouté dans le titre à celuide Sixte V. Baumgarten, op. cit., p. vii-vih. La nouvelleéditionne devait pas d’abord être déclarée obligatoireet les anciennes éditions latines devaient continuerà être vendues. Bellarmin avait fait un secondmémoire à ce sujet. Voir le texte dans Le Bachelet, p. 142-144. Le 26 juin, les Avvisi di Roma annonçaientcette décision, en ajoutant que la congrégation netiendrait plus de séance ordinaire avant l’apparitionde la nouvelle Bible. Baumgarten, p. 98-99. Toutefois, rien ne fut entrepris avant le pontificat de Clément VIII.Peu après son élection (30 janvier 1592), il chargeales cardinaux Frédéric Borromée et Auguste Valieravecle P. Tolet de préparer le texte pour l’impression. LeP. Tolet fit seul le travail. Baumgarten, p. 136-137. Ilavait fini le tout, le 28 août. Les cardinaux désignésdonnèrent leur approbation. Le 18 novembre, les Avvisidi Roma annonçaient la prochaine apparition de lanouvelle Bible, mais, le 25, ils expliquaient le retard, en disant que le pape avait voulu la revoir par lui-mêmeet l’amender encore. Ibid., p. 101. L’impressionétait surveillée par le P. Tolet, ibid., p. 104, note; ellefut exécutée rapidement, et la nouvelle Bible parutavant la fin de l’année 1592.

3. Sa description. — Cette Bible est un beau volumein-folio, imprimé avec les mêmes caractères que lasixtine et par le même imprimeur, Dominique Basa.La préface, qui est de la main de Bellarmin, exposeque cette nouvelle édition réalise un projet de Sixte V, qui avait voulu retoucher sa première œuvre dont iln’était pas satisfait. Voir Le Bachelet, p. 53, 146-149; Baumgarten, p. 108-110. Une bulle de Clément VIII, datée du 9 novembre 1592, pourvoyait à la conservationdu nouveau texte corrigé. Sans condamner les anciennesBibles, il réservait à l’imprimerie vaticane pendantdix ans le monopole de la nouvelle édition. Ce laps detemps écoulé, tout imprimeur avait le droit de la reproduire, purement et simplement. On avait, repris ladivision ordinaire des versets et on avait reproduit, endehors de la série des livres canoniques, le III* et leIVe livre d’Esdras et la Prière de Manassé, queSixte V avait omis. Les fautes de typographie sontnombreuses, tant l’impression avait été précipitée. VoirVercellone, Biblia sacra, in-4°, Rome, 1861, p. v-vil. 4. Sa valeur. — Bellarmin, dans la préface, reconnaît que la nouvelle Bible n’est pas parfaite, et qu’on y avait laissé à dessein des choses qui semblaient devoir être corrigées. Du reste, le travail des correcteurs n’apas toujours été exactement reproduit, par l’incuriede l’imprimeur. Les protestants ont violemment attaquéà diverses reprises la revision pontificale de la Vulgate.En 1600, Thomas James a publié à Londres un pamphletintitulé: Bellum papale sive concordia discors Sixti Vet Clementis VIII circa hieronymianam editionem, dans lequel il relevait environ 2000 différences entreles deux Bibles. Une seconde édition parut en 1606, etCox a réimprimé encore ce livre en 1840 et en 1855.L’argument est sans valeur, puisque les divergencessignalées étaient volontaires, et le P. Henri de Bukentopen comptait 2134. Lux de luce l. III, Bruxelles, 1706. Le P. Vercellone en a remarqué 50 autres, de minime importance, il est vrai, rien que dans le Pentateuque. En 1906, le P. Hetzenauer reprenait la comparaison des deux textes et aboutissait au chiffre total de 4900 divergences, p. 367. Les protestants prétendaient aussi que les éditeurs des Bibles sixtine et clémentine n’avaient fait que choisir des leçons différentes parmi les variantes des Bibles de Louvain. Cereproche n’est pas fondé. Bien qu’ils aient utilisé lesBibles de Louvain, les correcteurs romains ont recourudirectement aux manuscrits, aux textes originaux et aux citations bibliques des Pères, et des leçons qu’ils ont adoptées la dixième partie seulement se trouvait dans les éditions louvaniennes. Pour les Évangiles, la Bible sixtine est le plus souvent d’accord avec l’édition de Robert Estienne de 1538, tandis que la Bible clémentine se rapproche surtout de l’édition de Henten, imprimée en 1548. Cf. J. Wordsworth, op. cit., t. I, p. 721-723. Les critiques actuels sont unanimes à reconnaître que la Bible clémentine est le fruit d’un travail sérieux, aussi parfait qu’on pouvait le faire alors avec les ressources critiques dont on disposait. Quoique son texte ne soit pas absolument pur et qu’il ait conservé des leçons qui n’appartenaient pas à l’œuvre primitive de saint Jérôme, il est meilleur que celui des éditions qui l’ont précédé au XVIe siècle. Il est aussi en progrès sur celui de la Bible sixtine. C’est donc une édition, qui est bonne en elle-même, très bonne pour l’époque, sans être parfaite. Cf. C. R. Gregory, Textkritik des Neuen Testaments, Leipzig, 1902, t. ii, p. 621.

5. Ses éditions. — a) Éditions romaines. — Envertu du décret de Clément VIII, l’imprimerie vaticane devait publier seule, pendant dix ans, la Bible nouvelle. On en lit, en 1593, une seconde édition, dans laquelle on corrigea un certain nombre des erreurs typographiques de la première; mais celles qui furent reproduites et les nouvelles qui furent commises dépassèrent le chiffre de la première. Une troisième édition sortit des mêmes presses en 1598; elle ne corrigea qu’une partie des fautes précédentes et surpassa les deux premières éditions en négligence. Pour porter remède à un mal qui empirait, on imprima en appendice unetriple liste d’errata des trois éditions de 1592, 1593 et1598, dont devaient tenir compte les imprimeurs postérieurs. Mais cette triple liste n’était pas complète de sorte que, pendant longtemps, des fautes de cette nature se sont perpétuées dans les Bibles subséquentes.En 1603, Luc de Bruges releva sur les éditions romainesles principales divergences pour faciliter aux imprimeurs, et notamment à Plantin d’Anvers, l’impression, correcte de la nouvelle édition: Romanæ correctionis in latinis Bibliis editionis vulgatæ jussu Sixti V Pont. max. recognitis loca insigniora, Anvers, 1603; 2e édit., 1618. En 1906, le P. Hetzenauer a compté 270 différences entre l’édition de 1592 et celles de 1593 et de 1598, 140 entre la seconde et la première et la troisième, 830 entre cette dernière et les deux précédentes. Le Nouveau Testament, imprimé à Rome, en 1607, n’est qu’une reproduction partielle de l’édition de 1598. Le P. Vercellone y a remarqué les mêmes fautes caractéristiques. Une table d’errata, qui y est ajoutée, contient des fautes qui n’ont jamais été corrigées dans les éditions romaines antérieures et postérieures. Celles de 1618 et de 1624 diffèrent à peine de la troisième. Des éditions plus correctes ont paru à Rome en 1671, 1765, 1768 et 1784. Elles ont donné occasion à cette assertion fausse que les souverains pontifes auraient introduit de nouvelles corrections dans la Bible clémentine.

6) Autres éditions. — Celles qui ont paru au xviie et au xviiie siècle sont trop nombreuses pour être mentionnées. Voir Le Long, Bibliothèque sacrée, Paris, 1723, t. i, p. 234, qui en avait dressé une liste, complétée par Copinger. Elles ne présentent pas d’intérêt, parce qu’elles dérivent toutes plus ou moins directement des éditions romaines, surtout de celle de 1598 avec sa triple liste d’errata. Toutefois, les fautes signalées n’ont pas toujours été exactement corrigées, et quelques erreurs se sont perpétuées d’édition en édition. On peut dire qu’aucune n’est absolument pure sous ce rapport. Au cours du XIXe et du XXe siècle, quelques éditeurs ont eu à cœur de viser à une correction plus parfaite. L’édition de Francfort en 1826, quoique louée par Léon XII, est remplie d’un grand nombre de fautes. Trois éditions constituent un progrès sérieux, dans cette voie de correction typographique: celle de Léonard van Ess, Tubingue, 1824, de Valentin Loch, Ratisbonne, 1849, l’édition de Marietti, Turin, 1851; cette dernière a été louée par la S. C. de l’Index pour sa fidélité. Voir Analecta juris pontificii, 1857, col. 2712. Deux autres, extrêmement soignées, sont l’œuvre du P. Vercellone, Rome, 1861 (reproduite par beaucoup d’éditeurs) et du P. Hetzenauer, 2 in-4°. Inspruck, 1906. Voir la préface de l’édition du P. Vercellone.

Travaux particuliers pour l’amélioration de la Vulgate. — Si Clément VIII avait interdit aux catholiques de publier des éditions de la Vulgate, différentes de la correction romaine, et d’ajouter des variantes aux marges de cette édition, il n’avait pas défendu de relever dans les manuscrits les leçons nouvelles, qui pourraient y être découvertes et qui pourraient servir à améliorer le texte officiel de la Vulgate. En 1605, Luc de Bruges publiait les variantes qu’il avait recueillies dans les manuscrits de l’ancienne Vulgate et du texte grec sur les Évangiles: Notarum ad varias lectiones in quatuor Evangeliis occurrentes libellus duplex, quorum uno græcæ, altero latinæ varietates explicantur, Anvers. Cet ouvrage était dédié à Bellarmin. Le cardinal, après avoir promis de le lire, ajoutait: «S’il me paraît certain que le texte sacré puisse être avantageusem*nt modifié quelque part, j’en parlerai au souverain pontife et aux cardinaux intéressés dans la question. Mais vous vous rendez bien compte vous-même qu’il n’est pas facile de faire dans un texte sacrédes changements de cette sorte; il n’en est pas moinsfort utile que les gens doctes soient informés dediverses leçons et de l’avis d’hommes experts commevous et vos semblables.» Lettre du 1er novembre 1606.Cf. Le Bachelet, op. cit., p. 69-70, 170-173. En 1618, Luc de Bruges ajouta à la seconde édition de ses Romanæ correctionis… loca insigniora, un autre petit livrecontinens alias lectionum varietates in iisdem Bibliis latinis, ex vetustis manuscriptis exemplaribus collectæ, quibus possit perfectior reddi, feliciter cœpta correctio, si accedat summi Pontificis auctoritas, Anvers. Ibid., p. 70, 174-185.

Au xixe siècle, un barnabite, le P. Charles Vercellone, encouragé par Pie IX, recueillit dans les documents manuscrits des correcteurs romains, dans les Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1279 H. J. White, The latin versions, dans Scrivener-Miller, Introduction to the criticism of the New Testament, 4e édit., Londres, 1894, t. ii, p. 56-90; C. R. Gregory, Novum Testamentum græce. Prolegomena, Leipzig, 1894, t. ii, p. 971-1108; Id., Textkritik des Neuen Testaments, Leipzig, 1902, t. ii, p. 613-729; 1909, t. iii, -p. 1332-1343; F. G. Kenyon, Handbook to the textual criticism of the New Testament, Londres, 1901, p. 184-203; F. Vigouroux, Manuel biblique, 12e édit., Paris, 1906, t. i, p. 217-251; F. Kaulen, Einleitung in die Heilige Schrift, 3e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1890, p. 135-153; C. Trochon, Introduction générale, Paris, 1886, t. 1, p. 429-448; R. Cornely, Introductio generalis, 2e édit., Paris, 1894, p. 438-501; C. Chauvin, Leçons d’introduction générale théologique, historique et critique aux divines Écritures, Paris, s. d. (1897), p. 335-377.

Encyclopédies et dictionnaires. — B. F. Westcott,art. Vulgate, dans Dictionary of the Bible de Smith, Londres, 1863, t. iii, p. 1696-1718; O. F. Fritzsche, art. Lateinische Bibelübersetzungen, dans Realencyclopädie de Herzog, Leipzig, 1881, t. viii; E. Nestlé, ibid., 3e édit., 1897, t. iii, p. 36-49; à part sous le titre: Urtext und Uebersetzungen der Bibel in übersichtlicher Darstellung, Leipzig, 1897, p. 96-109; F. Kaulen, art. Vulgata, dans Kirchenlexikon, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1901, t. xii, col. 1127-1142; H. J. White, art. Vulgate, dans Dictionary of the Bible de Hastings, Édimbourg, 1902, t. iv, p. 873-890.

E. Mangenot.

Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1281 Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1282 Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1283 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1284 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1285 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1286 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1287 MediaWiki:Proofreadpage pagenum template MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1289 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1290 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1291 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1292 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1293 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1294 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1295 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1296 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1297 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1298 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1299 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1300 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1301 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1302 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1303 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1304 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1305 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1306 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1307

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